Bois de Châtaigniers C.B. – 41.9 C.B. – 41.9 C.B. – 41.9 ● ● NOMENCLATURES Lo Parvi Code Nom français CORINE Biotope 41.9 Bois de Châtaigniers Natura 2000 ND Non désigné CBNA CS3 Chênaies et charmaies-chênaies sessiliflores (et souvent châtaigneraie de substitution) acidiphiles à Anémone des bois PHYTOSOCIOLOGIE Classe Querco roboris-Fagetea sylvaticae Forêts caducifoliées de l'Europe tempérée Ordre Quercetalia roboris Communautés acidiphiles collinéennes atlantiques et continentales Alliance Quercion roboris Communautés nord-atlantiques, continentales Association A préciser ● PRESENTATION DE L'HABITAT Boisements de feuillus purs dont la strate arborée est totalement dominée par le Châtaignier (Castanea sativa) accompagné de Bouleau verruqueux (Betula pendula), Chêne sessile (Quercus petreae), Hêtre (Fagus sylvatica), Chêne pédonculé (Quercus robur) et Tilleul à petites feuilles (Tilia cordata). La strate arbustive est peu fournie, présence de quelques espèces acidiphiles. La strate herbacée est souvent caractérisée par un tapis de ronces qui est généralement recouvrant et très développé notamment dans les stades de taillis (jeunes) récemment exploités et dont les rejets sont jeunes en raison d’une meilleure luminosité. Le tapis de ronce à tendance à régresser avec l’ombrage croissant. Cet habitat se situe sur des pentes variables et semble apprécier les expositions fraîches. On le retrouve sur des collines molassiques (83%) ou des dépôts morainiques. Il est essentiellement situé le long de coteaux boisés dans le sud de notre zone d’étude. Il est organisé linéairement et forme souvent de grands ensembles. Il peut se retrouver également en petites tâches éparses dans certaines zones. Le Châtaignier a été introduit il y a plusieurs centaines d’années, aujourd’hui il est traité principalement en taillis ce qui a tendance à le favoriser. Il constitue des boisements typiquement inféodés aux zones acides qui entrent en compétition avec certains habitats comme les chênaies et les hêtraies acidiphiles. Le bois de Châtaignier peut être considéré comme un faciès résultant de la dégradation de la chênaie acidiphile notamment par des coupes d’exploitation très fréquentes. Cette formation abrite parfois quelques gros arbres présentant souvent des cavités, la faune y est particulièrement présente et notamment des espèces d’oiseaux cavernicoles et de chiroptères, ainsi que des insectes xylophages. Bois de Châtaigniers C.B. – 41.9 ● Lo Parvi CARACTERISTIQUES STATIONNELLES Géologie Topographie Calcaires secondaires 100% 0-10% 60% 40% 50% Eboulis Moraines ou alluvions fluvioglaciaires 0% 20% 50-100% 0% Formations molassiques tertiaires Sans exposition 25-50% Exposition Nord 80% Nord-Est 60% 40% Est ► Topographie : habitat préférant les pentes moyennes comprises entre 10 et 50%. 0% Ouest Sud-Ouest ● ► Géologie : habitat presque exclusivement sur des formations molassiques tertiaires. ► Sol : sur sol acide. 20% Nord-Ouest 10-25% Sud-Est ► Exposition : habitat préférant les expositions nord. Sud VEGETATION ET ESPECES PATRIMONIALES Strate arborée Bouleau verruqueux - Betula pendula Charme - Carpinus betulus Châtaignier - Castanea sativa Chêne pédonculé - Quercus robur Chêne sessile - Quercus petraea Frêne commun - Fraxinus excelsior Hêtre - Fagus sylvatica Merisier - Prunus avium Tilleul à petites feuilles - Tilia cordata Strate arbustive Houx - Ilex aquifolium Néflier d’Allemagne - Mespilus germanica Noisetier - Corylus avellana Fréquence 6.4% 53.6% 98.4% 5.6% 29.6% 47.2% 31.2% 26.4% 4% 54.4% 3.2% 68% Espèces patrimoniales Faune : Busard St-Martin, Couleuvre verte et jaune, Rainette verte, Lucane cerf-volant, Bondrée apivore, Grenouille agile, Barbastelle d’Europe, Murin de Bechstein, Murin à oreilles échancrées, Grand rhinolophe. Strate herbacée Fougère aigle - Pteridium aquilinum Fougère des Chartreux - Dryopteris carthusiana Fougère mâle - Dryopteris filix-mas Fragon petit Houx - Ruscus aculeatus Germandrée scorodoine - Teucrium scorodonia Luzule des bois - Luzula sylvatica Luzule poilue - Luzula pilosa Maianthème à deux feuilles - Maianthemum bifolium Muguet - Convallaria majalis Ortie royale - Galeopsis tetrahit Ronce commune - Rubus fruticosus aggr. Sceau de Salomon multiflore - Polygonatum multiflorum Fréquence 20% 5.6% 14.4% 12% 3.2% 19.2% 8.8% 6.4% 32.8% 6.4% 92% 28.8% En gras : espèces indicatrices de l’habitat. Fréquence : pourcentage de présence de l’espèce sur la totalité des placettes. Nombre de placettes pour cet habitat : 127 ► Strate arborée : composée presque uniquement de Châtaignier habituellement dominant accompagné parfois du Charme (50% des placettes). ► Strate arbustive : dominée par le Houx et le Noisetier. ► Strate herbacée : composée essentiellement de ronces souvent très recouvrantes et de Muguet avec la présence de Luzules. Bois de Châtaigniers C.B. – 41.9 Lo Parvi ● LES DIFFERENTS SYLVOFACIES EN ISLE CREMIEU Le bois de Châtaignier présente plusieurs sylvofaciès en lien principalement avec les espèces en présence et leur abondance-dominance. Les principaux sylvofaciès rencontrés en Isle Crémieu sont : - le faciès à Chêne. Présence de différentes essences de Chênes assez abondantes, mais le Châtaignier est toujours dominant. C’est une phase de transition entre la chênaie acide (C.B 41.57) et le bois de Châtaignier issue de la dégradation de la chênaie ou de la reconquête par le Chêne de taillis de Châtaignier. - le faciès à Hêtre. Présence du Hêtre qui peut être assez abondant, mais toujours dominance du Châtaignier. C’est une phase de transition entre la hêtraie acidiphile (C.B. 41.11) et le bois de Châtaignier. - le faciès à Robinier faux-acacia. Concurrence entre les deux essences, si le Robinier fauxacacia est dominant alors c’est un Taillis de Robinier (C.B. 83.324). ● RISQUES DE CONFUSIONS EN ISLE CREMIEU L’identification peut parfois poser des problèmes, il est possible de le confondre avec d’autres habitats forestiers souvent assez proches dans leur forme et leur composition. Certains caractères que nous énumèrerons par la suite permettent de trancher entre les différentes possibilités. Il est possible de confondre notre habitat avec : - la hêtraie collinéenne à Luzules (C.B. 41.11). Dans cette formation le Hêtre domine largement, le Châtaignier n’est là qu’en accompagnement. - la chênaie acidiphile médio-européenne (C.B. 41.57). Dans cette formation le Chêne domine et le Châtaignier n’est là qu’en tant qu’espèce accompagnatrice et reste subordonnée. - le taillis de Robinier (C.B. 83.324). Le Châtaignier et le Robinier faux-acacia sont deux espèces en compétition, l’abondance de l’un ou de l’autre permettra de déterminer l’habitat dominant. ● HABITATS ASSOCIES EN ISLE CREMIEU Deux grands types d’habitats peuvent être associés ou en contact avec les bois de Châtaigniers : 1> les milieux forestiers : ▪ Chênaies-charmaies à Stellaire subatlantique (C.B. 41.24). ▪ Chênaies-charmaies et frênaies-charmaies calciphiles (C.B. 41.27). ▪ Taillis de Robinier (C.B. 83.325). 2> les autres milieux : ▪ Les pelouses préforestières ▪ La végétation de trouées, chablis ou coupes. Bois de Châtaigniers C.B. – 41.9 Lo Parvi ● DYNAMIQUE DE L’HABITAT EN ISLE CREMIEU Schéma d’évolution du bois de Châtaigniers Chênaie acide Chênaiecharmaie Hêtraie acide Substitution d’essence consécutive à une exploitation soutenue en taillis Bois de Châtaigniers Coupe en taillis Traitement en futaie, ralentissement de la fréquence des coupes ou abandon d’exploitation Phase transitoire (retour très progressif des essences forestières initiales) Chênaie Hêtraie Bois de Châtaigniers C.B. – 41.9 ● REPARTITION GEOGRAPHIQUE Lo Parvi ► Répartition nationale : naturelle en Corse et fréquent dans le sud et l’ouest, rare dans le nord et nord-est. ► Répartition régionale : présent dans tous les départements de Rhône-Alpes. ► Répartition départementale : sur les zones molassiques dans des expositions fraîches, présent partout dans le département. ► Répartition en Isle Crémieu : ■ Présence essentiellement dans le sud du territoire, dans 12 communes sur 37. ■ Surface : 744.84 hectares. ■ Cet habitat représente environ 5,1 % de la totalité de la surface forestière étudiée dans le cadre du réseau Natura 2000. Bois de Châtaigniers C.B. – 41.9 Lo Parvi ● ETAT DE CONSERVATION ET MENACES EN ISLE CREMIEU Cette formation est présente presque exclusivement dans la partie sud de l’Isle Crémieu molassique, on notera quelques petites surfaces dans d’autres communes. De nombreuses espèces patrimoniales animales et végétales ont été observées dans ce milieu, notamment plusieurs espèces de chiroptères. Dans ce milieu la flore naturelle est en compétition avec deux espèces introduites envahissantes qui sont la Renouée du Japon et le Robinier faux-acacia, mais aussi avec le Châtaignier. Données écologiques sur les placettes Petit bois mort (ø 10-35cm) Nombre de placettes où le petit bois mort est présent 33 94 Nombre de placettes où le petit bois mort est absent Nombre de placettes pour cet habitat : 127 140 120 100 80 60 40 20 0 127 38 8 Nombre de placettes GBM sur pied 16 GBM couché Arbres à cavités GBM = Gros bois mort (ø >35cm) Des vergers de Châtaigniers ont été implantés dès le Moyen-âge, au cours du temps ils ont essaimés naturellement à proximité. Le traitement en taillis soutenu, engendrant de très nombreuses coupes depuis des siècles, a eu raison du Chêne puis des autres essences et enfin du Charme laissant des boisements de Châtaigniers purs. Aujourd’hui le traitement en taillis a tendance à le favoriser. En effet, il rejette très bien. Cette ressource est mobilisée pour produire du bois de chauffage, mais sert aussi à faire des piquets. La régénération naturelle se fait en faveur du Châtaignier (62%). Cet habitat peut être considéré (à échelle humaine) comme stable dans la mesure où le régime des coupes d’exploitation est maintenu et reste intensif. Le petit bois mort est présent sur les trois quarts des placettes inventoriées (carré de 20x20m). Cet élément est bien présent, ce qui va avoir pour avantage de favoriser une grande biodiversité animale. Quand il s’agit de taillis à courte révolution d’exploitation, ces boisements ont un faible potentiel en biodiversité (pas de cavités, jeunes rejets, ronces à 99% en sous-bois…). Les gros bois morts sur pieds ou couchés ainsi que les arbres à cavités vont ainsi augmenter le potentiel écologique de cet habitat (oiseaux cavernicoles, insectes, chiroptères, champignons…). Cet habitat peut retrouver une plus grande naturalité avec l’arrêt de l’exploitation. Il n’est pas particulièrement vulnérable et il n’est pas utile de le préserver coûte que coûte dans la mesure où il évolue vers de la chênaie-charmaie-hêtraie. Il peut être intéressant de préserver de vieux Châtaigniers dans les peuplements en cours de renaturation afin d’augmenter la biodiversité. Ils ont également un intérêt génétique, historique et patrimonial. Il craint aussi certaines maladies comme le chancre ou l’encre. Ajoutons à cela que la litière produite par ces boisements se décompose très lentement ce qui augmente considérablement le risque d’incendie. Représentation de l’habitat en Isle Crémieu par rapport à la surface boisé étudiée Surface de l’habitat compris dans le site d’intérêt communautaire par rapport à la surface totale Natura 2000 Surface forestière (ha) Interprétation 737,72 ha 5,1 % Habitat bien présent en Isle Crémieu, issu de plantations. 335,3 ha 45,5 % Habitat moyennement pris en compte par le zonage Natura 2000. Bilan de l’état de conservation Favorable Bois de Châtaigniers C.B. – 41.9 Lo Parvi ● - ETAT DE CONSERVATION DE L’HABITAT EN ISERE SELON LE C.B.N.A. (J.C. VILLARET, 2007) Extension de l’habitat en Isère : assez à peu commun et moyennement étendu. Originalité biogéographique : habitat commun et représentatif sur le domaine médio-européen (partie Bas Dauphiné). Originalité phytocénotique et écologique : assemblage classique d’espèces. Présence d’espèces végétales à forte valeur patrimoniale : flore ordinaire ou assez ordinaire. Fragilité et sensibilité : habitat peu fragile aux activités humaines (favorisé par le régime de coupe soutenu). Contexte et menaces potentielles : habitat situé dans un contexte moyennement concerné par les activités humaines. Evolution spatiale depuis un demi-siècle : habitat stable. ► Statut liste rouge des habitats de l’Isère : Non menacé ◄ ● ORIENTATION DE GESTION L’importante proportion de bois mort, d’arbres de gros diamètre et de cavités arboricoles fait de cet habitat un atout très précieux pour la diversité animale. Le Châtaignier forme de gros troncs tourmentés riches en cavités, il offre ainsi de nombreux refuges à la faune et notamment aux oiseaux cavernicoles et aux chiroptères. Il serait intéressant de préserver les anciens vergers et les vieux et très vieux Châtaigniers à gros fruits, ceux-ci faisant partie du patrimoine historico-agricole ancien. Les arbres à cavités et le bois mort ont un rôle essentiel dans le maintien de la biodiversité présente dans cet habitat. Ces boisements ne sont pas favorables pour la biodiversité, il faut essayer de revenir aux peuplements originels, mais il faudra tout de même conserver des vieux et très vieux Châtaigniers jusqu’à ce que des individus d’autres essences puissent les remplacer. Ceci pourrait être fait en créant des îlots de sénescence ou de vieillissement. Dans une optique plus centrée sur les habitats forestiers et le retour à un peuplement originel, il serait intéressant de laisser vieillir ces boisements tout en favorisant une diversité des essences et la régénération naturelle afin de permettre à la chênaie ou la hêtraie acide de se réinstaller. Il serait intéressant de privilégier le traitement en taillis sous futaie, une longue durée de révolution des coupes d’exploitation permettant la diversification forestière. Dans les boisements où l’on trouve encore aujourd’hui des Hêtres et des Chênes, c'est-à-dire des peuplements en transition, des coupes sélectives épargnant les deux essences précitées permettront d’orienter l’évolution du peuplement vers la chênaie-charmaie-hêtraie et de redonner une plus grande valeur écologique à ces forêts. Afin de combiner les deux options citées ci-dessus, nous conseillons plutôt laisser vieillir les boisements où le Hêtre est présent pour que la hêtraie acide gagne en superficie sur le territoire. Le Châtaignier est une essence à fort pouvoir colonisateur, il faudra donc essayer de limiter sa propagation dans les milieux ouverts ou les boisements voisins. Bois de Châtaigniers C.B. – 41.9 ● Lo Parvi BIBLIOGRAPHIE BARDAT J., BIORET F., BOTINEAU M., BOULLET V., DELPECH R., GEHU J.M., HAURY J., LACOSTE A., RAMEAU J.C., ROYER J.M., ROUX G., TOUFFET J. 2004. Prodrome des végétations de France. Muséum national d'Histoire naturelle, Paris. 171 p. (Patrimoines naturels, 61). BESSARD S. 2007. Les habitats forestiers du site Natura 2000 du Massif de la Serre. ONF Agence du Jura, DIREN Franche-Comté. 54 p. BISSARDON M., GUIBAL L., RAMEAU J.C. 1997. Nomenclature CORINE Biotopes, types d’habitats français. ENGREF. 217 p. Centre régional de la propriété forestière Rhône-Alpes. 2006. Synthèse pour les Alpes du Nord et les montagnes de l’Ain – Guide pour identifier les stations forestières de Rhône-Alpes. 132 p. Conservatoire Botanique National Alpin. 2007. 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