Cannabis en Médecine

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Cannabis en Médecine
AVERTISSEMENT DE L’ÉDITEUR
Cet ouvrage est la traduction du titre original en langue allemande
Hanf als Medizin, déjà traduit et disponible en plusieurs langues en
Europe (Espagnol, Italien, Tchèque). Pour cette édition française, le
texte original a été enrichi par l’auteur des dernières références et
résultats d’études, de recherches et de rapports de cas connus en 2009.
Les informations contenues dans cet ouvrage ne sauraient en aucun
cas se substituer aux conseils de professionnels de la santé. De plus, il
incombe à chacun de respecter la législation relative au cannabis en
vigueur dans le pays où il réside.
Titre original : Hanf als Medizin, ein praktischer Ratgeber zur Anwendung
von Cannabis und Dronabinol
Copyright © 2004 AT Verlag, Baden und München (tous droits réservés)
Couverture : Christian Rätsch, Hamburg
Copyright © 2009 Éditions Indica, Sélestat
Révisions, corrections et traductions des mises à jour Éditions Indica
Traduction du texte original de l’édition 2004 Irène Veau-Birchler
Pour des raisons légales certains passages de l’ouvrage original ne figurent
pas dans cette édition
Tous droits réservés
ISBN 978-2-9534898-0-4
Le code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou les reproductions destinées à une
utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque
procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue
une contrefaçon sanctionnée par les articles L335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
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Cannabis en Médecine
Pour Christiane.
F. G.
À Arthur et Amélie.
L. B.
Docteur en Médecine Franjo Grotenhermen
Un guide pratique des applications médicales du
cannabis et du THC
Éditions Indica
Sommaire
Préface
10
Histoire des applications médicales du cannabis
12
Chine
Inde
Autres civilisations anciennes
Europe jusqu’au XIXe siècle
Europe et Amérique du XIXe siècle
Début du XXe siècle
12
14
16
19
22
33
Les principes actifs thérapeutiques
38
Cannabinoïdes
Autres principes actifs
Biochimie des cannabinoïdes
Quelques indications concernant l’utilisation des
cannabinoïdes
Préparation des drogues à base de cannabis
39
41
42
43
Comment les cannabinoïdes agissent-ils sur
l’organisme ?
46
Récepteurs cannabinoïdes
Endocannabinoïdes
Comment le système endocannabinoïde se modifie-t-il
lors d’une maladie ?
Autres effets
Développement de nouveaux médicaments
Les applications médicales des produits issus
du cannabis
Maladies psychiatriques
44
46
47
48
48
50
52
55
Dépression
Angoisses et troubles de stress post-traumatiques
Psychoses affectives, dépressions endogènes et
troubles bipolaires
Troubles du comportement liés à la maladie
d’Alzheimer
Autisme
Impuissance sexuelle et dysfonction érectile
Troubles du sommeil et insomnies
Accoutumance à l’alcool, aux opiacés et aux
somnifères
Maladies neuropsychiatriques
Trouble Déficit de l’Attention / Hyperactivité (TDAH)
Trouble Obsessif Compulsif (TOC), pensées,
impulsions et tendances impératives
Syndrome de Gilles de la Tourette
Maladies neurologiques
Spasticité, sclérose en plaques et paraplégie
Troubles de la motricité liés à une hyperkinésie
Maladie de Parkinson
Epilepsie
Douleurs physiques
Céphalées
Troubles gastro-intestinaux
Ulcère gastroduodénal et brûlures de l’estomac
Diarrhée
Syndrome de l’intestin irritable
Nausées et vomissements
Chimiothérapie anticancéreuse
VIH/sida
Autres maladies accompagnées de nausées
Perte d’appétit et amaigrissement
Cancers
Sida
Maladie d’Alzheimer
Inflammations et allergies
Inflammations
Allergies
Démangeaisons
Toux et asthme
Asthme
Toux
56
58
60
62
63
64
65
67
68
68
70
72
74
74
79
83
85
86
93
94
95
95
96
97
98
103
103
104
107
107
108
108
109
113
114
116
116
117
Glaucome
Diverses autres maladies
Hoquet
Nystagmus
Acouphène (perception auditive anormale)
Vision scotopique
Aide à l’accouchement
Cancers
Sclérose latérale amyotrophique
Hémodilution
Lupus érythémateux multisystémique
Ostéoporose
Troubles respiratoires
Accident vasculaire cérébral et traumatisme crânien
Maladies cardio-vasculaires
Effets secondaires
Risques liés au cannabis
Effets secondaires aigus
Effets psychoactifs
Effets secondaires physiques
Effets secondaires à long terme
Risques associés à la fumée de combustion
Psychisme et facultés intellectuelles
Développement d’une tolérance
Accoutumance
Effet rebond
Système immunitaire
Système hormonal et fertilité
Grossesse
Effets secondaires du statut d’illégalité
Comparaison entre le cannabis et les autres drogues
Contre-indications et précautions d’emploi
Contre-indications absolues
Contre-indications relatives
117
121
121
122
122
123
124
124
125
126
126
127
128
128
129
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133
134
134
134
135
135
136
137
138
139
140
110
142
142
143
146
146
146
Comment utiliser les produits à base
de cannabis ?
149
Différents modes d’absorption
Voie respiratoire
Voie orale
Voie sublinguale
Autres modes d’absorption
Comment tester et définir le dosage approprié ?
Que faire en cas de surdosage ?
Interactions du cannabis avec d’autres médicaments
149
149
152
154
154
155
157
159
Recommandations sur l’utilisation du cannabis
et du Dronabinol
161
Manger et boire du cannabis
Inhalation du Dronabinol
Préparation de teinture à base de cannabis
Et si les troubles s’intensifient ?
Acheter du cannabis à l’étranger
Produits issus du cannabis chez l’enfant
Chènevis, huile et farine de chanvre
Principes nutritifs de base
L’acide gamma-linoléique
L’utilisation thérapeutique des acides gras essentiels
et de l’huile de chanvre
Neurodermite
L’huile de chanvre pour les soins corporels
Acide gamma-linoléique et autres maladies
Maladies cardio-vasculaires
Arthrite rhumatoïde et autres maladies inflammatoires
Syndrome prémenstruel
Glossaire
Bibliographie
Informations complémentaires et coordonnées
À propos de l’auteur
Du même auteur
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169
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173
173
174
174
175
175
175
177
181
210
211
212
Préface
De nombreux patients qui utilisent du cannabis à titre médical
décrivent celui-ci comme le meilleur médicament qu’ils aient
utilisé. Certains trouvent finalement un soulagement par l’usage
de cannabinoïdes alors que tous les autres traitements ont
échoué. Néanmoins, le cannabis et les cannabinoïdes ne sont
pas un médicament miracle. En effet, beaucoup d’autres
patients sont déçus parce que les produits issus du cannabis ne
les aident pas ou parce que les effets secondaires sont trop
importants pour eux. Les personnes qui souffrent d’une maladie
ou de symptômes pour lesquels le cannabis ou le THC
(Dronabinol) apportent un intérêt thérapeutique, doivent essayer
et trouver dans quelle mesure elles tirent profit des produits
issus du cannabis. Elles doivent s’armer de patience pour
déterminer leur dosage individuel.
L’utilité médicale du cannabis, et des cannabinoïdes pris
séparément, est maintenant très largement acceptée par la
communauté scientifique. En revanche, la perception qui en est
faite par les médecins et les politiciens varie considérablement
en fonction des pays. Alors que dans beaucoup de pays comme
la Canada, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne, 13 États des
États-Unis, la République Tchèque, l’Autriche et Israël, le large
potentiel thérapeutique du cannabis ainsi que son accès sont
acceptés et reconnus, le climat et la situation légale restent
difficiles pour les patients d’autres pays comme la France, la
Grèce ou la Suède. Des débats rationnels commencent
seulement dans ces pays qui accusent un retard de près de
15 ans par rapport aux autres pays.
Grâce à ses informations pratiques, adressées notamment aux
patients et aux médecins, j’espère que ce livre permettra d’aider
au débat. Les patients qui utilisent des produits issus du
cannabis, quelque soit leur pays, ne devraient jamais être traités
comme des criminels à partir du moment où ils sont atteints de
malades graves ou qu’ils éprouvent un soulagement grâce aux
cannabinoïdes.
10
Je me réjouis de voir qu’une version française est maintenant
disponible après les éditions allemandes, italiennes, espagnoles
et tchèques. Beaucoup de nouvelles recherches, menées ces
dernières années, ont été intégrées à cet ouvrage ainsi qu’à la
liste des références présentées dans la partie Bibliographie.
Pour l’essentiel, elles ne font que confirmer un peu plus les
résultats déjà présentés dans la version originale.
J’aimerais remercier André Fürst et Irène Veau-Birchler pour la
traduction de l’allemand au français, ainsi que L.B. des Éditions
Indica pour la parution de cette version française.
Rüthen (Allemagne), juillet 2009
Docteur en Médecine Franjo Grotenhermen
11
Histoire des applications médicales du cannabis
Depuis très longtemps, l’homme utilise le chanvre (nom latin:
Cannabis Sativa L.) pour ses fibres et ses graines (chènevis).
Ces dernières entrent dans la préparation d’aliments à grande
valeur nutritive. On suppose aujourd’hui, la culture du chanvre
remonte à plusieurs milliers d’années en Chine. Avant notre ère,
l’Asie Mineure constitue le point de départ de la diffusion du
cannabis vers les continents africain et européen, puis, aux
XVIe et XVIIe siècles, vers l’Amérique.
En Chine, les premiers papiers (une invention longtemps gardée
secrète) furent fabriqués avec du chanvre, plusieurs centaines
d’années av. J.-C. Mais ce n’est qu’au IXe siècle que les Arabes
l’introduisirent en Occident, où il remplaça le papyrus et les
tablettes d’argile. La première Bible de Gutenberg, comme tous
les autres livres de l’époque, fut imprimée sur du papier à base
d’un mélange de chanvre et de lin. Depuis longtemps, les fibres
de chanvre, réputées pour leurs multiples possibilités d’emploi,
servent à confectionner des vêtements, des tissus et des cordes.
Les Phéniciens, qui sillonnèrent la Méditerranée il y a 3000 ans,
ainsi que les Égyptiens aux temps des Pharaons, utilisaient ce
matériau très résistant pour confectionner leurs voiles de
bateaux et leurs filets de pêche.
Les propriétés psychotropes du cannabis étaient également
connues avant l’ère chrétienne et déjà utilisées lors de rites et de
cérémonies de guérison. Le chanvre est qualifié de plante sacrée
dans les Véda (Inde, 1500–1300 av. J.-C.) et dans le Chu-tzu
(Chine, env. 300 av.J.-C.). Quant aux nombreuses propriétés
thérapeutiques, aujourd’hui redécouvertes, elles étaient surtout
connues en Asie centrale, d’où nous ont été transmises les
traditionnelles applications pour traiter certaines maladies
neurologiques.
Aujourd’hui encore, nous pouvons apprendre de ces expériences vieilles de plusieurs centaines, voire milliers d’années.
Chine
La première mention d’une application médicale du cannabis
se trouve dans un traité de pharmacologie de la médecine
12
traditionnelle chinoise, le Shen Nung Ben Ts’ao. D’après la
légende, l’ouvrage fut écrit en quelques jours seulement, en
2737 av. J.-C., par le légendaire père de la médecine chinoise,
l’empereur Shen Nung. Une transcription sauvegardée jusqu’à
nos jours de cet ouvrage, est datée d’un siècle après. J.-C.
Dans le Shen Nung Ben Ts’ao, sont décrites les applications de
300 plantes, dont le cannabis (nom chinois : Ma). Le terme Ma
n’est pas sans connotation péjorative, ce qui laisse à penser que
les effets secondaires psychotropes étaient connus et souvent
qualifiés d’effets indésirables. Le cannabis fut utilisé pour
traiter les douleurs d’origine rhumatismale, la goutte, les
« absences mentales », les maladies de la femme, le paludisme
et le béribéri. Puisque le paludisme est souvent accompagné de
céphalées et que le béribéri, causé par une carence en vitamine
B1, s’associe à des troubles neurologiques, il est possible que le
cannabis fût utile pour lutter contre ces maladies. Quant aux
maladies de la femme, il s’agit vraisemblablement des règles
douloureuses.
Lors d’opérations chirurgicales, le célèbre chinois Hua T’o
(env. 140-200 ans après. J.-C.) se servait du cannabis comme
anesthésiant. Nul doute que les quantités de Ma-yo, un mélange
de résine de cannabis et de vin, devaient être particulièrement
importantes afin d’entraîner un état d’inconscience suffisant
pour empêcher la souffrance du patient. Le Ben Ts’ao Kang Mu,
écrit par Li Shih-Chen du temps de la dynastie Ming, est un
ouvrage médical en 50 volumes d’une exhaustivité remarquable. Pendant plusieurs siècles, il fit référence dans la
médecine chinoise. Dans cet ouvrage, le chanvre est recommandé pour traiter les douleurs, les règles douloureuses,
l’hémorragie après l’accouchement, le diabète, les rhumatismes,
les diarrhées, la présence de vers intestinaux et la fièvre. Et pour
ce qui est de l’effet antiémétique du cannabis, redécouvert de
nos jours, il était également déjà connu en Chine et en Inde.
C’est au XIVe siècle de notre ère qu’apparurent pour la
première fois en Chine des indications relatives à l’emploi
médical des graines de chanvre, ou chènevis. Une consommation régulière de chènevis assurait la longévité et une
constitution saine. Ces graines furent utilisées lors de règles
13
douloureuses, de constipation, d’atonie intestinale, de
nausées, d’intoxications ou de diarrhée. L’application externe
d’huile de chènevis ou d’extraits obtenus par pression des
feuilles, pour traiter les maladies de la peau, les abcès, la lèpre
ou encore les plaies était également très répandue.
Raphael Mechoulam, professeur à l’université hébraïque de
Jérusalem, estime que la transmission des applications
traditionnelles du cannabis comme remède contre la lèpre et
comme vermifuge, mériterait des recherches scientifiques
supplémentaires. En effet, du suc de cannabis, combiné avec de
l’huile de chaulmoogra (Taraktogenos kurzii, que l’on ne trouve
qu’en Asie), fut utilisée pour traiter la lèpre. Les principes actifs
– dont les acides gras – des deux plantes présentent quelques
similitudes chimiques intéressantes. De plus, dans de nombreuses civilisations, l’utilisation de cannabis fut décrite comme
vermifuge, et il est intéressant de constater aujourd’hui que la
structure chimique des cannabinoïdes ressemble étrangement à
celle de l’hexylrésorcine, un composé moderne de lutte contre
les parasites.
Inde
Dans le quatrième livre des Véda, l’Atharvaveda, écrit entre
1500 et 1200 av. J.-C., le cannabis est décrit comme une plante
magique et guérisseuse. Les Véda sont l’ensemble des textes
religieux des traditions hindoues et védiques. L’Atharvaveda
contient des formules magiques destinées notamment à la
guérison des maladies. Il y est également question de bhang,
susceptible de calmer la peur et de chasser les mauvais esprits.
Bhang est le nom donné aux feuilles de cannabis séchées
(plantes mâles et femelles) ou encore à une boisson à base de
feuilles. Le Bhang était présenté en offrande aux Dieux et en
particulier à Baldev, l’aîné des frères du Dieu Krishna. En
dehors du cannabis, le bhang contient du sucre ainsi que
différentes épices (poivre, cardamome, cannelle, etc.), parfois
du lait ou du jus de fruits.
Aujourd’hui, outre le bhang, on consomme en Inde également
la ganja (fleurs et feuilles supérieures de la plante femelle) et le
14
charas (préparation cannabique la plus puissante, caractérisée
par une concentration élevée en cannabinoïdes).
Les préparations à base de cannabis sont aussi mentionnées
dans le grand traité de médecine Súsruta-Samhitã, probablement rédigé au cours des derniers siècles avant notre ère et
qui prit sa forme actuelle au VIIe siècle. D’après cet ouvrage, le
cannabis fut utilisé comme remède contre le flegme, la gastroentérite accompagnée de diarrhées et la fièvre provoquée par
des troubles de la vésicule biliaire. À l’époque, le flegme avait
une signification beaucoup plus large qu’aujourd’hui où il
caractérise essentiellement l’attitude d’une personne qui garde
son sang-froid: il faisait partie, entre autres, de l’un des trois
éléments principaux du corps.
La médecine traditionnelle hindoue, l’enseignement ayurvédique, n’a guère évolué au cours de notre époque et elle
constitue aujourd’hui encore le principal système de soins en
Inde. Dans différents ouvrages de cette médecine, la ganja et le
bhang sont décrits comme étant des moyens efficaces pour
stimuler l’appétit et pour traiter la lèpre. De plus, les
préparations à base de cannabis améliorent la qualité du
sommeil, permettent de retrouver la bonne humeur, renforcent
l’énergie vitale et possèdent des propriétés aphrodisiaques.
Dans la médecine ayurvédique indienne, le cannabis fait partie
des plantes médicinales les plus utilisées.
Les effets positifs du cannabis sur le système nerveux sont
connus en Inde depuis de nombreux siècles. Ainsi, on
administrait du cannabis en cas d’épilepsie, de céphalées,
d’hystérie, de névralgies, de douleurs de l’ischion et de
contractions tétaniques. Son application était particulièrement
répandue pour traiter les douleurs et les états fiévreux. Il était
consommé soit par voie orale soit en application cutanée locale.
Des cataplasmes étaient posés sur les zones inflammées et
douloureuses. Dans les dents cariées, on introduisait du charas
afin de diminuer l’intensité de la douleur. On administrait le
cannabis par voie orale non seulement pour atténuer les
douleurs des règles et des contractions lors de l’accouchement,
mais également pour effectuer de petites interventions
chirurgicales. Les maladies respiratoires (le rhume des foins, la
15
bronchite, l’asthme et la toux) étaient aussi traitées avec des
préparations à base de cannabis.
C’est dans la pharmacopée indienne Rajnijunta, qui date
probablement du XIIIe siècle de notre ère, que fut décrite pour
la première fois l’utilisation du cannabis en tant que substance
psychotrope.
Autres civilisations anciennes
Des textes anciens, mentionnant l’application du cannabis à
des fins thérapeutiques, nous ont été transmis de l’Égypte
ancienne, d’Assyrie, de Perse, du Tibet, d’Azerbaïdjan, de la
Grèce antique, de Palestine/Israël et des Pays arabes.
La riche bibliothèque du roi assyrien Assourbanipal (env. 669626 ans av. J.-C.) de Ninive comportait de nombreuses tablettes
d’argile dont les origines remontent à environ 2000 ans av. J.-C.
Sur celles-ci, l’azallû (les graines de chanvre), associé à
d’autres remèdes, est employé pour traiter les femmes d’un mal
inconnu ou pour soulager les contractions lors d’un
accouchement difficile. En application externe, l’azallû était
supposé être utile en cas de gonflements, de contusions et de
troubles oculaires; par voie orale pour traiter les dépressions,
l’impuissance, les calculs rénaux ainsi que pour combattre la
sorcellerie.
Le Zend Avesta, livre sacré des Perses du temps de Zarathoustra, enseignait la première religion dans la Perse antique.
De nos jours elle est toujours pratiquée par près de 200 000
croyants, principalement en Inde. Ces écrits renferment des
passages sur les propriétés psychoactives du banga, que le
traducteur James Darester (1895) a identifié comme étant du
cannabis. Cependant, l’application médicale du cannabis reste
incertaine. De même, les avis sont partagés en ce qui concerne
la période à laquelle vécut Zarathoustra ; celle-ci pouvant varier
entre 4000 et 600 ans av. J.-C.
Le Papyrus d’Ebers, datant de l’Égypte pharaonique, est
aujourd’hui conservé à la bibliothèque de l’université de
Leipzig. Il constitue le plus précieux témoignage sur la
médecine du temps de l’ancienne Égypte, remontant à l’époque
du règne d’Amenhotep Ier (aussi connu sous le nom d’Amé-
16
nophis Ier, env. 1514-1493 av. J.-C.). Il s’agit d’un rouleau de
papyrus de 9 m de long et de 30 cm de large. D’après ce
document, le cannabis (smsm-t) fut utilisé par voie orale, rectale
et vaginale. Ainsi, par exemple, un passage à propos de
l’utilisation du cannabis pour soulager les contractions lors de
l’accouchement dit: « encore un: smsm-t ; le fond dans du
miel ; introduit dans son vagin ; c’est une contraction. Passage
821».
Il semblerait que le cannabis fut également utilisé en
Palestine/Israël pour soulager les douleurs de l’accouchement.
Ainsi une tombe a été découverte renfermant le squelette d’une
jeune fille de 14 ans et quelques pièces de monnaie datant du
IVe siècle. La jeune fille était visiblement morte en couche
parce que son bassin trop étroit ne permettait pas le passage de
la tête du bébé. Au niveau du ventre, une matière de couleur
grise contenant des traces de cannabis fut retrouvée. Dans un
article publié dans le magazine spécialisé Nature, les auteurs de
la découverte supposaient que « les cendres trouvées dans la
tombe proviennent de cannabis qu’on faisait brûler dans un
récipient. Ainsi inhalé, il devait soulager la jeune fille pendant
le travail difficile de l’accouchement. »
Le large éventail des applications médicales traditionnelles du
cannabis, dans tout l’espace arabo-musulman, s’étendant de la
Perse jusqu’en Espagne, a été transmis dans de nombreux écrits.
C’est aux environs de l’an 1000 de notre ère que la médecine
arabe atteignit son point culminant. Tandis que pendant
l’Antiquité, l’opium occupait encore la première place parmi les
substances médicinales et psychotropes, il fut alors détrôné par
le cannabis sous forme de haschich. Le plus célèbre des
médecins arabes, Ibn Sina (981-1037 ap. J.-C.), plus connu sous
le nom latin Avicenne, né près de Boukhara, ancienne capitale
des principautés musulmanes sur la route de la soie dans
l’actuel Ouzbékistan, mentionne la plante dans son ouvrage alQanun at-Tibb. Il fut rédigé vers l’an 1000 et sa partie
principale comporte cinq volumes. Au XIIe siècle, l’ouvrage fut
traduit en latin (Canon medicinae) et du fait de son exhaustivité,
il était considéré jusqu’au XVIIe siècle comme un ouvrage
médical de référence. Dans le domaine des applications
17
médicales du cannabis figuraient entre autres les maladies
neurologiques, telles que l’épilepsie et la migraine, ainsi que les
problèmes des règles douloureuses et des accouchements
difficiles.
De plus, des indications faites par des médecins relatent que
depuis 1000 ans, la consommation abusive de haschich était
répandue dans l’ensemble des pays arabes.
À l’époque de Bouddha (env. 560-483 av. J.-C.,) vivait au Tibet
le médecin Jivaka, élevé plus tard au rang de saint patron de la
médecine tibétaine. Il semblerait qu’il pratiquait déjà à l’époque
d’importantes interventions chirurgicales (au niveau du crâne et
de l’estomac) et qu’il utilisait le cannabis comme anesthésiant.
En outre, on suppose que chez les Romains et les Grecs, le
cannabis n’était pas utilisé à des fins psychotropes, bien que son
effet enivrant fût connu. Selon Démocrite (460-371 av. J.-C.), le
cannabis était consommé occasionnellement, mélangé à du vin
et de la myrrhe, afin de provoquer des hallucinations. Le
philosophe et historien grec Plutarque (env. 45-125 après J.-C.)
témoigne dans ses écrits qu’il n’était pas rare, qu’après le repas,
les habitants de Thrace, une région hellénophone située dans les
Balkans, jetaient les parties supérieures d’une plante semblable
à l’origan dans le feu. Ils s’enivraient ensuite avec la fumée
inhalée et trouvaient alors le sommeil.
Aux alentours du début de notre ère, le cannabis fut introduit
comme médecine en Grèce. Pline l’Ancien (mort vers 79 après
J.-C.) rapporte que le suc de la plante de chanvre « fait sortir
des oreilles les vers et tous les insectes qui ont pu y entrer », et
qu’il régulait le travail des intestins. Il ajoute « que les racines
cuites dans de l’eau bouillante diminuent les crampes des
articulations ainsi que la goutte et d’autres douleurs similaires.
On peut l’appliquer tel quel sur les brûlures en veillant
toutefois à renouveler le produit avant qu’il ne sèche ». On
trouve également des indications concernant les applications
médicales du cannabis dans les écrits de Dioscoride, un
contemporain de Pline l’Ancien, dont l’ouvrage occupa pendant
plus de 1500 ans une place majeure dans la littérature médicale
en Europe.
18
Dioscoride (vers 50 après J.-C.) écrit dans son manuel de
pharmacie Chanvre engraissé « Le cannabis – que certains
nomment Kannabion, Schoinostrophon ou Astérion – est une
plante aux nombreuses utilisations dans la vie courante, avec
laquelle on tresse les cordes les plus résistantes. Il comporte
des feuilles qui sentent mauvais comme celles du frêne, une
longue tige simple et un fruit rond, qui, lorsqu’on en abuse,
anéantit la procréation. Son suc vert obtenu par pression et
distillé est un excellent remède contre les maladies des
oreilles ».
Selon Galien (129-199 après J.-C.), l’un des médecins les plus
réputés durant l’Antiquité qui faisait mention du cannabis dans
deux de ses ouvrages, le cannabis faciliterait la digestion et –
contrairement à l’avis de Dioscoride – possèderait des propriétés aphrodisiaques. Il recommande également le cannabis en
cas de douleurs aux oreilles.
Europe jusqu’au XIXe siècle
Les premières indications sur l’usage du cannabis à des fins
thérapeutiques en Europe datent de plus de 1000 ans et se
rapportent surtout aux graines de chanvre (chènevis). Les
herboristes du Moyen Âge faisaient la différence entre le
chanvre engraissé (cultivé), utilisé par exemple contre la toux et
la jaunisse, et le chanvre bâtard (naturel), appliqué
empiriquement contre les nodosités et les tumeurs (indurées et
autres). L’abbesse allemande Hildegard von Bingen (10981179) écrivit dans son traité sur la nature et les plantes
médicinales Physica (env. 1150) À propos du chanvre « Le
chanvre est chaud. Il pousse alors que l’air n’est ni trop chaud
ni trop froid et ainsi en va-t-il également de sa nature. Sa
graine apporte la santé et constitue pour l’homme sain une
nourriture équilibrée, facilement assimilée dans l’estomac, car
elle aide à retenir le mucus hors de l’estomac et elle est digérée
aisément. Elle diminue les mauvais jus et renforce les bons. Qui
souffre de douleurs dans la tête ou qui a la tête qui résonne
verra son état s’améliorer lorsqu’il mangera du chanvre. Pour
celui qui est sain et jouit de toute sa tête, aucun désagrément
n’est à craindre. À qui la tête résonne, la consommation du
19
chanvre entraîne une douleur dans la tête. Il n’endommage
nullement une tête saine et un cerveau intègre. Un chiffon de
chanvre appliqué sur les abcès ou les plaies fait du bien car la
chaleur en lui est tempérée ».
Ce texte, quelque peu déconcertant, laisse entendre que le
cannabis agit différemment selon l’individu qui le consomme. Il
s’accorde en cela avec les recherches actuelles, selon lesquelles
le cannabis peut aussi bien soulager les maux de têtes ou les
migraines tout comme il peut, dans certains cas, les provoquer.
Il est possible que l’expression « douleurs dans la tête »,
provoquées par le cannabis, avait un sens beaucoup plus large
qu’aujourd’hui, et qu’elle englobait par exemple les effets
psychiques désagréables pouvant se manifester lors de la
consommation de cannabis.
La plus ancienne
représentation du
cannabis en Europe,
issue du
« Manuscriptum
Dioscorides
Constantinopolitanus »,
datant du 1er ou 2ème
siècle après J.-C.
L’illustration fut
accompagnée plus tard
par des commentaires
en langue arabe. Musée
britannique de
Londres.
20
Du Moyen Âge jusqu’au XVIIIe siècle, on favorisa
principalement l’usage externe des préparations cannabiques en
Europe. Ainsi peut-on lire dans un traité de botanique du XIe
siècle (Old English Herbarium) à propos des applications du
cannabis sur la poitrine écorchée : « Frottez le cannabis avec de
la graisse, enduisez-en la poitrine, cela fera disparaître la
grosseur ; s’il y a en plus une accumulation de causes pouvant
provoquer une maladie, celles-ci seront éliminées également ».
Le cannabis est aussi mentionné dans les principaux manuels
d’herboristerie et dans les traités de médecine des siècles
suivants, par exemple dans le Contrafayt Kreüterbuch de Otto
Brunfels (1488-1534), le Kreütterbuch de Hieronymus Bock
(1498-1554), le New Kreüterbuch de Leonard Fuchs (15011566) et le Neu vollkommen Kräuterbuch de Jacobus Theodorus
Tabernaemontanus (1520-1590). En 1485, l’herboriste Peter
Schoofer indique dans son manuel que le cannabis était
appliqué en cas de ballonnement du ventre, d’hydropisie, de
douleurs anales et comme pansement sur les abcès ou les
furoncles. Il soulagerait les douleurs causées par des blessures
et la décoction de racines et graines de chanvre, mélangée avec
de l’huile de rose, serait bénéfique dans le traitement de
l’érysipèle, une maladie infectieuse de la peau. Les inhalations
soulageraient les maux de tête. Le médecin et philosophe
Paracelse (1493-1541) décrit le cannabis dans un grand nombre
de ses travaux. C’est notamment dans l’un de ses ouvrages Das
Neunte Buch in der Arznei, qu’il mentionne le cannabis comme
un des composants du Arcana compositum, médicament auquel
il accorde une place de tout premier choix.
John Parkinson (1640), médecin du roi d’Angleterre, cite des
herboristes des siècles précédents tout en ajoutant quelques
idées nouvelles : les graines de chanvre bouillies dans du lait
aideraient en cas de toux sèche et chaude. Il ajoute également,
« en cas de jaunisse, en particulier au début de la maladie,
quand elle est encore accompagnée de frissons, elles réduisent
le blocage de la vésicule biliaire (…). Elles soulagent aussi les
douleurs des coliques. Elles diminuent le liquide désagréable
émanant des intestins (…). On les considère comme très utiles
pour tuer les vers qui infestent l’homme et les animaux,
21
également les vers dans les oreilles ou pour faire partir toute
autre créature qui y serait entrée (…). On dit qu’une décoction
des racines soulage les maux de tête et qu’une autre partie de la
plante (…) réduit les douleurs causées par la goutte, les
tumeurs indurées, les nodosités des articulations, la contraction
des tendons et diverses autres douleurs comme celles au niveau
de la hanche. C’est aussi bon aux endroits brûlés par le feu, si
on mélange son extrait frais avec un peu d’huile ou du beurre. »
Dans son ouvrage Apparatus medicaminum tam simplicium
quam praeparatorum et compositorium, le professeur de
Göttingen, John Andreae Murray (1776-1789) consacra douze
pages à l’étude du cannabis. Il le recommande comme
analgésique et anesthésiant ainsi que pour traiter la gonorrhée
(blennorragie) et la jaunisse. Le père de l’homéopathie, Samuel
Hahnemann, écrit en 1797 que « si jusqu’à présent ce ne sont
que les graines qui sont utilisées, il semble que d’autres parties
de la plante soient encore plus efficaces et méritent également
de gagner en considération ». Le Cannabis Sativa L. figurait
parmi les premières plantes utilisées en homéopathie.
Europe et Amérique du XIXe siècle
Au XVIIe siècle, les Européens qui ont voyagé dans les pays
arabes et l’Asie ont découvert du cannabis avec des teneurs en
THC, le principal composé actif, bien plus élevées que chez
eux. Le terme de chanvre indien fut introduit pour la première
fois par le naturaliste allemand Georg Eberhard Rumpf (16271702). Toutefois, avant le XIXe siècle, le chanvre indien n’était
que peu utilisé en médecine, en Europe comme en Amérique, et
la plupart du temps, il soulevait un certain scepticisme. Ainsi,
en 1777, Johan Friedrich Gmelin dans son ouvrage Histoire
générale de la toxicité des plantes (Allgemeine Geschichte der
Pflanzengifte) mettait en garde : « Aussi bien les graines,
l’écorce et les feuilles, ou mieux, le suc et les extrémités
florifères de la plante sont quelque peu anesthésiantes ; le bang
d’Orient, généralement adouci avec un peu de miel, est utilisé
lorsque quelqu’un souhaite se mettre dans un état agréable
d’ivresse ou avoir l’esprit embrouillé. Bien que je ne doute pas
une seconde qu’une consommation prolongée de tels produits
22
Gravure sur bois issue du
« Contrafayt Kreüterbuch » de Otto
Brunfels (1532).
puisse être mortelle, je ne connais à ce jour aucun cas le
prouvant. »
En 1823, l’illustre Hufeland-Journal publia un article sur le
succès de l’utilisation du chanvre indien dans le traitement de la
coqueluche : « L’extrait de cannabis fut utilisé à la polyclinique
de Berlin pour traiter en urgence un patient pris de toux
convulsive. Le même extrait en poudre, mélangé avec du sucre,
à un dosage de 4 grans (environ 190 grammes), fut prescrit
quotidiennement ». En 1830, les applications médicales du
chanvre indien furent décrites en détail, pour la première fois en
Europe, par Theodore Friedrich Ludwig Nees Von Esenbeck,
professeur de pharmacologie et de botanique à Bonn :
« Certains médecins, dont Hahnemann, prescrivent l’extrait de
cannabis pour traiter de nombreux cas présentant des troubles
nerveux. Autrement, on utiliserait de l’opium ou de la
23
jusquiame, mais ces derniers, tout en offrant les mêmes résultats, provoquent davantage de bouffées de chaleur dues à la
forte amertume des substances ».
L’écossais Sir William Brooke O’Shaughnessy, médecin,
scientifique et ingénieur, était le véritable pionnier en terme
d’utilisation thérapeutique du cannabis en Europe occidentale,
en particulier de l’utilisation de ses substances psychotropes.
En 1833, en tant qu’employé de la British East India Company,
il se rendit pour la première fois en Inde. Il avait alors trentetrois ans. Très rapidement, il s’intéressa au potentiel
thérapeutique du cannabis et publia en 1839 une synthèse de ses
expériences, qui fut accueillie avec beaucoup d’intérêt en
Grande-Bretagne. D’abord, il rendit compte des différents
emplois traditionnels et thérapeutiques de la plante en Inde et
réalisa ensuite des études sur les animaux et sur l’homme afin
de bien comprendre son action et de mieux évaluer ses effets
secondaires. Suite à ses premiers résultats, il en vint à la
conclusion, qu’en raison de la « parfaite innocuité de la résine
de cannabis, une étude complète devrait être menée sur des cas
cliniques où les qualités manifestes de la plante promettent un
meilleur bénéfice thérapeutique ».
C’est ainsi que des teintures de cannabis (extraits de cannabis
dans un solvant d’alcool éthylique), dosées entre 65 et
130 mg, furent prescrites à des patients atteints de rhumatismes,
de tétanos, de la rage, de spasmes infantiles, du choléra et de
delirium tremens. Sur trois cas traités pour des rhumatismes,
deux furent « presque guéris en trois jours », bien que
l’administration de ces doses élevées provoqua d’importants
effets secondaires, tels que des paralysies totales et des
comportements incontrôlables. Quant au troisième cas, aucune
réaction au traitement n’avait pu être observée ; ce ne fut que
bien plus tard que le patient avoua qu’il consommait
régulièrement du cannabis - les premières indications sur le
développement d’une tolérance.
D’autres études menées avec des doses plus faibles conduisirent
à des conclusions similaires : « Réduction de l’intensité des
douleurs chez la plupart des patients, stimulation notoire de
l’appétit chez tous, effets aphrodisiaques indubitables et
24
sentiment de grand bonheur spirituel. Tous suivirent la même
évolution, et aucun cas ne présenta des maux de tête ou des
nausées en réponse au traitement ».
Les convulsions et spasmes induits par la rage ou par le tétanos
furent contrôlés grâce à l’administration de cannabis à un
dosage élevé. Dans le cas du tétanos, le cannabis permit d’agir
positivement sur l’évolution de la maladie et fut administré à
des doses de l’ordre de 650 mg pour les cas qualifiés comme
« sans espoir ». O’Shaughnessy observa une décontraction des
muscles ainsi qu’un arrêt de la « tendance convulsive ». De
même, les observations faites sur les spasmes infantiles furent
encourageantes. Quant au traitement du choléra, des résultats
excellents furent obtenus, plus souvent chez les européens que
chez les Indiens, consommateurs réguliers de bhang.
O’Shaughnessy reconnut également les effets antiémétiques du
cannabis. Grâce aux rapports publiés par cet illustre pionnier,
l’utilisation du cannabis se développa en Europe et en
Amérique où il se transforma rapidement en médicament
largement reconnu. Nombreux furent alors les nouveaux
médecins qui exposèrent leurs expériences.
Le médecin britannique Clendinning rapporta en 1843 ses essais
conduits sur plusieurs cas cliniques : « Je n’hésite pas à
confirmer que la prescription de cannabis s’avère en général, et
à l’exception de quelques cas notoires rares, avoir des effets
très nets comme somnifère ou agent hypnotique pour provoquer
l’endormissement ; comme antalgique (…) ; comme antispasmodique pour calmer la toux et les crampes ; comme
neurostimulant pour faire disparaître la lassitude et
l’anxiété, comme cardiotonique et stimulant de la bonne
humeur. Tous ces effets ont été observés aussi bien en cas de
troubles aigus ou chroniques, chez les jeunes comme chez les
personnes âgées, chez l’homme comme chez la femme ».
Donavan décrit en 1845 l’efficacité du cannabis dans le
traitement des douleurs névralgiques aigues dans les bras et les
doigts, des inflammations des articulations du genou, des
névralgies faciales, des douleurs du nerf sciatique au niveau du
bassin, du genou et jusqu’aux pieds. En outre, il observa des
effets stimulateurs de l’appétit. La même année, Corrigan décrit
25
plusieurs cas de chorée de Huntington (danse de Saint Guy) et
de névralgies qui pouvaient être traités avec succès par l’usage
de teinture de cannabis. À l’instar d’autres médecins, il nota une
importante variabilité de l’efficacité du principe actif pouvant
être attribuée, aujourd’hui, aux différentes concentrations en
THC des plantes. Dans un seul cas, l’administration de
20 gouttes de cette teinture « a conduit à une perte passagère
du tonus de la quasi-totalité des muscles, suivie d’endormissements, tandis que dans un autre cas, un patient ayant reçu
pendant une semaine, trois fois par jour, un dosage similaire,
nous avons constaté que le traitement était efficace sans effet
secondaire ».
D’autres médecins anglais, tels Churchill (1849), Christison
(1851), Grigor (1852), Dobell (1863), Silver (1870), Brown
(1883), Batho (1883), Fox (1897) et Birch (1889) rapportèrent
également les propriétés antalgiques du cannabis dans le
traitement de rhumatismes, de sciatiques, de migraines, de
douleurs d’origines diverses, de crampes musculaires, de crises
d’asthme, d’insomnies, de contractions utérines lors de l’accouchement mais aussi pour calmer les hémorragies utérines et
l’écoulement menstruel (ménorragie) ainsi que pour traiter la
dépendance aux opiacés et à l’hydrate de chloral. Selon Birch,
le chanvre indien calmerait immédiatement « l’envie de chloral
ou d’opium » et stimulerait l’appétit.
À son époque, Sir John Russel Reynolds, illustre professeur de
médecine à Londres et médecin personnel de la reine Victoria, à
laquelle il prescrivait tous les mois du cannabis pour traiter ses
troubles menstruels, résumait en 1890 ses expériences
recueillies pendant plus de 30 ans avec les préparations
médicinales à base de cannabis : « Le chanvre indien, à
condition de l’administrer pur et avec précaution, est l’un des
médicaments les plus précieux dont nous disposons ». Il précisa
que le cannabis pouvait être utilisé avec succès contre
l’insomnie du troisième âge, et cela « pendant des mois, voire
des années, sans avoir besoin d’augmenter le dosage ». Il
ajoute que « le cannabis est de loin le médicament le plus
efficace pour traiter presque toutes les maladies accompagnées
de douleurs. En revanche, pour soigner la folie, il est plus
26
qu’inutile ». Ce professeur souligna l’utilisation du cannabis
pour traiter la névralgie du trijumeau ainsi que d’autres douleurs
névralgiques, bien qu’en cas de douleurs sciatiques, provoquées
par le mouvement, le traitement restait inefficace. De nombreux
patients souffrant de migraines parvenaient à maîtriser les
phénomènes de crise en utilisant du cannabis « dès l’apparition
des premiers signes ou dès le tout début de la maladie ». De
plus, le cannabis serait également très bénéfique « en cas de
crampes nocturnes chez des personnes âgées ou chez les
malades de la goutte, tout comme pour les règles douloureuses ». Quelques asthmatiques souffrant de spasticité auraient
aussi tiré un bénéfice de ce traitement.
Aux États-Unis, l’utilisation du cannabis à des fins théra-
Page de
présentation de la
thèse de doctorat
de Georg Martius
d’Erlangen
(Allemagne)
datant de 1855 :
« C’est ainsi que
j’expose le
chanvre, avec son
histoire naturelle
qui a offert de
nombreuses
erreurs et
obscurités et qui,
au cours de ces
dernières années,
a attiré de plus en
plus l’attention du
monde médical ».
Extrait des Études
sur le Chanvre
(Studien über den
Hanf).
27
peutiques était également répandue. Dans la pharmacopée
américaine datant de 1854, ses propriétés thérapeutiques furent
décrites ainsi : « L’extrait de cannabis est un puissant
narcotique entraînant des sensations de gaieté, d’ivresse,
d’hallucinations accompagnées de délires, de somnolence et
d’engourdissement mental, avec seulement des effets faibles sur
la circulation sanguine. Il offre également des propriétés
aphrodisiaques, stimulatrices de l’appétit et, dans certains cas,
génératrices d’état cataleptique. Lors de troubles organiques, il
peut causer l’endormissement, atténuer les spasmes, calmer la
nervosité et réduire l’intensité de la douleur. Du point de vue
des effets, le cannabis ressemble quelque peu à l’opium, bien
qu’il s’en distingue parce qu’il ne coupe pas l’appétit,
n’empêche pas les secrétions et ne constipe pas. Ses effets sont
moins prévisibles que ceux de l’opium ; mais dans le cas où
l’opium est contre-indiqué parce qu’il provoque la constipation
et des nausées, mieux vaut alors administrer du cannabis. On
l’utilise spécifiquement pour traiter les névralgies, la goutte, le
tétanos, la rage, le choléra épidémique, la chorée de
Huntington, l’hystérie, la dépression, les délires et l’hémorragie utérine. Le docteur Alexander Christison d’Edimbourg lui
attribuait l’effet déclencheur et intensificateur des contractions
lors de l’accouchement et, à cet effet, il l’utilisa avec succès.
Les propriétés thérapeutiques du cannabis agissent rapidement
et sans action anesthésiante, bien qu’il semble que cet effet se
produise dans certains cas ».
Mac Kenzie désigna en 1887 le cannabis comme le meilleur
médicament de tous ceux qu’il connaissait pour traiter les
céphalées. Plusieurs articles soulignèrent ses propriétés
antiémétiques. Ainsi, Wright (1863) rapporta les effets positifs
contre les nausées du matin. Aulde (1890) trouva des effets
bénéfiques contre les vomissements liés au delirium tremens,
mais aussi dans le traitement d’autres formes de nausées et de
vomissements.
En 1891, Mattisson considéra le cannabis comme « un médicament d’une valeur exceptionnelle » et le recommanda en cas
de douleurs, de rhumatismes, de règles douloureuses, de
migraines, de douleurs à l’estomac, d’asthme, d’insomnie ou
28
encore de dépendance à la morphine. Tout comme le britannique Reynolds, il souligna la possibilité de prévenir les crises
de migraine dès les premiers signes. Il écrivit à l’intention de
ses jeunes confrères: « Poussés par le désir d’obtenir rapidement des effets thérapeutiques, certains fauteurs de troubles
utilisent sans hésiter de la morphine en injection sous-cutanée,
et en même temps ils oublient les effets secondaires provoqués
par l’administration inconsidérée d’opiacés. (…) Certes, le
cannabis n’est pas la panacée : il ne réussit pas à tous les
coups, ce qui est également le cas de beaucoup d’autres
médicaments. Mais les nombreux cas pour lesquels il est
fortement bénéfique justifient pleinement la confiance durable
que l’on peut lui témoigner ». Toutefois, au moment où
Mattison rédigea son article, l’utilisation médicale du cannabis
commençait déjà à décroître.
Certes, les variations dans la composition chimique de la plante
contribuaient à l’observation de multiples cas de surdosage,
mais sans jamais avoir de conséquences graves. « Un surdosage
n’a jamais entraîné la mort ni d’un homme ni du moindre
animal. Aucun cas n’a pu être rapporté selon lequel le cannabis, ou une de ses préparations, aurait tué quiconque »,
écrivit Robinson en 1912. À l’époque, tout comme aujourd’hui,
un tel niveau d’innocuité thérapeutique n’était pas forcément
valable pour d’autres médicaments disponibles.
En France, les médecins n’étaient pas les seuls à s’intéresser
aux effets de la drogue : l’intérêt était partagé par les artistes. Le
poète Théophile Gautier décrivit en détail une longue ivresse
cannabique dans un article intitulé « Le Club des Haschischins », publié en 1843 dans le journal parisien La Presse.
Parmi les membres de ce club figuraient également des
écrivains et artistes comme Alexandre Dumas (qui laissa
transparaître ses expériences avec le cannabis dans son roman le
Conte de Monte Christo), Charles Baudelaire, Honoré Daumier
et Eugène Delacroix. Le psychiatre Jacques Joseph Moreau de
Tours, qui dirigeait depuis 1840 la clinique psychiatrique
d’Ivry, considéra le haschich comme le principal remède en
psychiatrie. Il traita sept patients atteints de différents troubles
psychiatriques avec du cannabis : cinq d’entre eux guérirent.
29
Publicité pour le Cannabis
U.S.P. (American Cannabis),
1932.
Du côté de l’Allemagne, c’étaient entre autres Freudenstein,
Beron, von Kobylanski, Fronmüller et Martius qui rapportèrent
leurs expériences avec le cannabis. Seulement deux ans après la
publication révolutionnaire d’O’Shaughnessy, c’est-à-dire en
1841, parut à l’université de Marburg la thèse de Georg
Freudenstein De Cannabis Sativae usu ac viribus narcoticis,
traitant des aspects culturels et pharmacologiques de la plante
médicinale.
En 1852, le médecin bulgare Basilus Beron étudia dans sa thèse
A propos du tétanos et du chanvre indien comme remède
efficace contre celui-ci (Über den Starrkrampf und den
indischen Hanf als wirksames Heilmittel gegen denselben),
publiée à l’université de Würzburg, l’application du cannabis
dans le traitement du tétanos : « Ayant essayé sans succès la
quasi-totalité des antitétaniques connus, j’étais vraiment heureux de voir guérir mon patient grâce à l’administration de
cannabis (…) ce dernier est donc fortement recommandé pour
traiter le tétanos ». La même année et dans la même université
parut la thèse de Franz von Kobylanski intitulée À propos du
chanvre indien et en particulier de son effet stimulant sur les
contractions lors de l’accouchement (Über den indischen Hanf
mit besonderer Rücksicht auf seine wehenbefördernde
Wirkung).
30
Bernhard Fronmüller, médecin à l’hôpital de Fürth, médecin
royal et médecin du district en Bavière, publia en 1869 des
travaux qui ont suscité un grand intérêt : Études cliniques sur
les effets somnifères des narcotiques (Klinische Studien über
die schlafmachende Wirkung der narkotischen Arzneimittel),
rassemblant ses expériences auprès de mille patients qui, pour
des raisons diverses, souffraient d’importants troubles du
sommeil. Dans un premier temps, Fronmüller administra à tous
ses patients divers médicaments. Les résultats montrèrent que le
cannabis était très efficace dans 53 % des cas, partiellement
efficace dans 21,5 % des cas et peu ou pas du tout efficace dans
25,5 % des cas. En même temps, Fronmüller étudia les
propriétés analgésiques du cannabis et nota en plus un effet
anti-inflammatoire et stimulant de l’appétit. Dans un rapport sur
le Cannabis Indica, élaboré par le comité de la Société médicale
de l’Ohio (Etats-Unis) sous la direction de McMeens,
Fronmüller fut cité comme suit : « J’ai eu recours au cannabis
des centaines de fois pour soulager des douleurs locales aussi
bien d’origine inflammatoire que névralgique. A mon avis, le
cannabis doit être classé dans la catégorie des narcotiques,
comme l’opium. Il est efficace mais moins puissant que ce
dernier. Il empêche les sécrétions en moindre mesure que
l’opium. Il ne trouble pas la digestion. Il stimule l’appétit, plus
qu’il ne le coupe. Il ne provoque ni des nausées ni de la
constipation. Le cannabis peut donc être utilisé pour traiter les
inflammations. L’ensemble de ses effets sont beaucoup moins
agressifs que ceux de l’opium, conduisent à un sommeil naturel
et ne perturbent pas les fonctions des organes internes. Par
conséquent, et bien qu’il ne possède pas la puissance d’action
ni la fiabilité des opiacés, il est préférable d’administrer du
cannabis. Une utilisation alternée d’opium et de cannabis
semble être recommandée, surtout dans les cas où l’opium
n’offre pas tous les effets souhaités ».
Dans l’hebdomadaire médical allemand Deutsche Medizinische
Wochenschrift, le parisien See rapporta en 1890 ses
observations concernant les traitements à base de cannabis
contre les troubles digestifs et la perte de l’appétit. « De faibles
doses ne conduisent pas à des effets secondaires désagréables,
31
réduisent l’intensité de la douleur, stimulent l’appétit et calment
les vomissements ainsi que les crampes d’estomac; de plus il
agit sur des symptômes annexes (…) les vertiges, la migraine,
l’hypersomnie ou l’insomnie ». Plus loin il écrit: « J’ai vu des
malades (…) chez qui la sensibilité gastrique était si grande
qu’ils n’osaient même plus manger et se contentaient seulement
de quelques gorgées de lait. Immédiatement après avoir pris les
premières doses du médicament, ils éprouvaient un tel
soulagement, qu’ils recommençaient à manger, sans la moindre
incommodité, de la viande crue, cuite ou hachée, des purées de
légumes secs, des œufs. (…). Les effets du cannabis ne varient
pas ni pour calmer les douleurs ni pour retrouver l’appétit,
indépendamment de l’origine du trouble. (…) La digestion est
stimulée par le cannabis lorsque celle-ci est ralentie par un état
de paralysie névrotique ou rendue douloureuse par
l’hyperacidité gastrique. (…). L’absorption intestinale s’améliore également grâce aux propriétés apaisantes du cannabis.
(…). En bref, le cannabis est un véritable sédatif pour
l’estomac, sans aucun des effets indésirables attribués aux
narcotiques, tels que l’opium ou le chloral ».
Vers la fin du XIXe siècle, la reconnaissance des produits à
base de cannabis comme médicaments étaient répandue en
Europe et en Amérique. L’entreprise pharmaceutique allemande
Merck de Darmstadt était le premier producteur de préparations
cannabiques en Europe, dont le cannabinum tannicum, commercialisé en 1882, le cannabinon en 1884 et le cannabin en
1889. On administra ces médicaments comme somnifères,
analgésiques, aphrodisiaques, antinévralgiques, antirhumatismaux, antidépresseurs mais également comme traitements
contre l’hystérie, le delirium tremens et les psychoses.
En Grande-Bretagne apparurent les préparations prêtes à
l’emploi de Bourroughs, Wellcome & Co. ; aux États-Unis
celles de Squibb (New York), Parke, Davis & Co (Detroit) et
Eli Lilly & Co. Parmi tous ces médicaments à base de cannabis,
disponibles sur le marché à la fin du siècle, la majorité était
administrée par voie orale, environ un tiers constituait des
préparations à usage externe et quelques unes devaient être
inhalées (comme des cigarettes contre l’asthme).
32
Publicités pour les cigarettes indiennes de l’entreprise Grimault & Cie., vers
1880.
À cette époque, la consommation récréative de cannabis était
peu connue en Europe. Ainsi, A J. Kunkel, professeur de
Würzburg, souligna en 1899 dans son manuel de toxicologie :
« L’abus chronique de préparations à base de cannabis, ou
cannabisme, semble être largement répandu en Asie et en
Afrique. (…) Il n’a pas été observé en Europe. En revanche, en
Inde, les médecins font souvent état de tels cas ».
Début du XXe siècle
La première moitié du XXe siècle fut marquée par des
tendances contradictoires. Le discrédit porté sur la consommation récréative de cannabis conduisit à la régression de
son utilisation médicale. En outre, le développement acharné de
médicaments synthétiques, dont l’aspirine, l’hydrate de chloral,
le bromural, les barbituriques et les dérivés opiacés, contribua à
la mise à l’écart des produits naturels.
La composition chimique des extraits de cannabis variait de
telle sorte que leur dosage en principe actif était incertain et
l’intensité des effets imprévisible. Par ailleurs, il n’était pas rare
que des différences très nettes au niveau des réactions, c'est-àdire de la réactivité au médicament, apparaissent d’une
personne à l’autre. Ensuite, il fallait attendre jusqu’à une heure
33
ou plus, après une prise par voie orale de l’extrait, pour que les
premiers effets se fassent sentir. Contrairement à la morphine,
le cannabis n’était pas soluble dans l’eau et il n’était donc pas
possible de préparer des solutions injectables.
En 1925, le cannabis fut intégré à la première Convention
Internationale de l’Opium signée à La Haye en 1912, qui
incluait initialement l’opium, la morphine, l’héroïne et la
cocaïne. Dès lors, le cannabis fut globalement considéré de la
même façon que ces substances. Dans l’Amérique des années
30, l’hystérie du mouvement des « anti-cannabis » était tout
particulièrement florissante. Selon ses partisans, des meurtres
auraient été commis sous l’emprise du cannabis et ce produit
conduirait à la folie. Les journaux de l’époque se disputaient la
surenchère des révélations de scènes d’horreur sensationnelles.
Harry
J. Anslinger, premier Commissaire du Federal Bureau of
Narcotics (USA), qui depuis la levée de la prohibition de
l’alcool cherchait manifestement un nouveau champ d’action,
contribua considérablement au phénomène de la folie du fumeur
(Reefer Madness). En 1937, Anslinger rédigea un article pour
l’American Magazine, intitulé la marijuana, assassin de la
jeunesse. Dès lors, tout comportement pouvant se rapporter à la
passion incontrôlée, au fanatisme, à l’anarchie ou à la violence
fut associé au cannabis.
Mais, parallèlement, on trouvait aussi des consciences plus
éclairées. En 1938, M. La Guardia, maire de New York, créa
une commission scientifique composée de médecins internes, de
psychiatres, de pharmacologistes, de spécialistes de l’hygiène et
de la santé publique, de représentants des organismes sanitaires,
des hôpitaux et de la justice. Cette commission avait pour
objectif d’étudier la question de la marijuana à New York. Elle
entra en fonction en 1940 et publia un rapport très détaillé
quatre années plus tard. Voici les principaux points : « Le fait
de fumer de la marijuana n’entraîne pas une dépendance au
sens médical du terme. La vente et la distribution de cannabis
ne sont pas du ressort d’un seul et même groupe organisé. La
consommation de marijuana ne conduit pas à une dépendance à
la morphine, à l’héroïne ou à la cocaïne, et il n’existe pas
34
d’intention de création d’un marché pour ces drogues qui
développerait la consommation de marijuana. La marijuana ne
fait pas office de facteur déterminant pour commettre un crime.
Fumer de la marijuana n’est pas largement répandu chez les
écoliers. La délinquance juvénile n’est pas associée à la
consommation de marijuana. Les campagnes publicitaires new
yorkaises, centrées sur les effets catastrophiques liés à la
consommation de marijuana fumée, sont infondées ».
À la fin des années 40 et au début des années 50, les travaux
d’Adams, de Todd, d’Allentuck et de Loewe, suscitèrent un
regain d’intérêt pour les applications médicales du cannabis.
Walter Siegfried Loewe enseigna la pharmacologie dans
plusieurs universités allemandes avant d’émigrer aux États-Unis
en 1934, à cause de la montée du nazisme. En 1936, il entreprit
des recherches sur le cannabis. Dans une synthèse, parue en
1950 intitulée Les principes actifs du cannabis et la
pharmacologie du cannabinol, Loewe résume les connaissances
de l’époque sur la chimie des cannabinoïdes. Dès 1942, il fut
prouvé que le premier principe actif était une substance à
laquelle les scientifiques donnèrent le nom de tétrahydrocannabinol, en abrégé THC. Sa structure chimique exacte
n’était pas encore connue. En revanche, le mécanisme
biologique de la synthèse du cannabidiol au cannabinol via le
THC avait déjà été identifié avec exactitude. Dans ses travaux,
Loewe indique, entre autres, que les effets réducteurs de
crampes et apaisants de la douleur sont attribuables au THC.
Dans les années 40, le THC fut utilisé pour la première fois
dans un traitement médicamenteux. Ainsi, Samuel Allentuck
rapporta au début des années 40 le succès d’un traitement à base
de THC sur le syndrome de manque causé par la dépendance
aux opiacés. À la même époque, les premiers cannabinoïdes de
synthèse furent fabriqués et testés au cours d’études cliniques.
Dans la liste de ces substances, le pyrahexyl (synhexyl) était le
principal dérivé synthétique du THC.
Thompson et Proctor signalèrent en 1953 une utilisation réussie
du synhexyl et de substances analogues pour traiter le syndrome
de sevrage alcoolique. Ils observèrent un effet plus faible, bien
que manifeste, lors du sevrage des opiacés. Sur 70 patients
35
alcooliques, 59 ont noté des effets bénéfiques avec le synhexyl
pour combattre les symptômes de sevrage, 11 patients n’ont pas
signalé d’amélioration de leurs symptômes. Sur 12 patients
dépendants au domerol (un opiacé), 10 ont réussi le sevrage en
une semaine, sans avoir recours à d’autres médicaments. Chez
quelques cas de dépendance aux barbituriques, on constata
également une amélioration des symptômes de sevrage.
À la fin des années 40, Stockings prescrivit du synhexyl à
50 patients dépressifs. Chez des sujets en bonne santé, un
dosage de 5 à 15 mg provoquaient des états euphoriques tandis
que chez des sujets dépressifs, le même état n’était atteint
qu’avec un dosage de 60 à 90 mg. Il conclut que « généralement, chez l’homme, les effets consistent en un sentiment de
bonheur et d’euphorie accompagné d’un état notoire de bien
être physique et de gain d’assurance. Il y avait également une
libération des tensions et des angoisses et le seuil de tolérance
aux sentiments désagréables était nettement relevé ».
En 1948, Pond reconduisit cette même étude sans qu’aucun
effet antidépresseur notable n’ait pu être constaté. Or, les doses
utilisées étaient plus faibles, allant de 20 à 40 mg de synhexyl.
De même, Parker et Wrigley, au cours d’une autre étude menée
en 1950 auprès de 62 patients, ne purent confirmer les
observations de Stockings.
Davis et Ramsey étudièrent à la fin des années 40 le potentiel
antiépileptique d’un autre dérivé synthétique du THC, le DMHP
(dimethylheptyl de l’acide 11-THC). Cinq enfants atteints
d’épilepsie sévère, pour qui la maladie ne pouvait être maîtrisée
de manière satisfaisante avec du phénobarbital et du dilantin,
reçurent un traitement à base de DMHP pendant 3 à 7 semaines.
Trois enfants réagirent de façon quasiment identique à la
thérapie précédente, le quatrième fut presque rétabli et le
cinquième complètement débarrassé des crises. Les auteurs des
recherches demandèrent des études supplémentaires sur le
DMHP, qui finalement n’ont pu être réalisées.
L’intérêt porté aux recherches sur le cannabis s’éveilla à
nouveau en 1964 avec l’identification exacte de la structure
chimique du delta-9-tétrahydrocannabinol, ou en abrégé, delta9-THC (∆9-THC ou THC) par les chercheurs israéliens, Gaoni
36
et Mechoulam. Dès lors, les recherches dans le domaine de la
chimie, des processus du métabolisme et des effets potentiels
positifs ou négatifs du cannabis et des nombreux cannabinoïdes,
connurent une grande période d’effervescence. Une deuxième
grande période, plus importante encore, eut lieu au début des
années 90, après la découverte dans l’organisme du système
cannabinoïde endogène, des récepteurs cannabinoïdes ainsi que
des cannabinoïdes produits naturellement par l’organisme
humain, les cannabinoïdes endogènes, ou endocannabinoïdes.
37
Les principes actifs thérapeutiques
À ce jour, environ 500 constituants naturels du chanvre (nom
latin : Cannabis Sativa L.) ont été découverts. La plupart de ces
substances chimiques se trouvent également dans beaucoup
d’autres végétaux et animaux, bien que leurs effets pharmacologiques restent généralement faibles, voire inexistants. Parmi
les éléments composant la plante de cannabis, on compte des
acides aminés, des protéines (albumine), des sucres, des
terpènes, des cannabinoïdes, des flavonoïdes, des vitamines, des
hydrocarbures, des alcaloïdes, des aldéhydes, des cétones, des
acides gras, des pigments et bien d’autres familles de substances. Près de 120 de ces composés appartiennent à la seule
famille des terpènes, plus généralement connue sous le nom
d'huiles essentielles. Chaque plante, prise individuellement, ne
contient qu’une partie de l’ensemble de ces 500 molécules
naturelles, notamment en fonction de sa variété.
Il y a quelques années, on pensait que les cannabinoïdes,
constituants naturels caractéristiques, n’existaient que dans le
cannabis. Des scientifiques japonais ont découvert récemment
la présence de substances analogues dans deux mousses
(Radula perrottetii et Radula marginata), appartenant à la
classe végétale des Bryophytes (mousses et hépatiques), mais
qui ne poussent pas à l’état naturel en Allemagne. Le schéma
structurel de base de l’acide perrottétiténique, dont on ne
connaît pas encore les effets pharmacologiques sur l’homme,
est très proche de celui du delta-9-THC.
Cannabidiol (CBD).
Delta-9-Tétrahydrocannabinol
(THC, Dronabinol).
Les principaux cannabinoïdes du cannabis sont le delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD). En médecine, le THC est aussi
dénommé Dronabinol.
38
Cannabinoïdes
À ce jour, environ 75 types de cannabinoïdes ont été
identifiés. Ils se répartissent, pour la plupart d’entre eux, et
d’après leur structure chimique de base, en dix grands groupes,
dont les cinq principaux sont : cannabigerol (CBG),
cannabichrome (CBC), cannabidiol (CBD), delta-9-THC (THC)
et cannabinol (CBN). Les cinq autres sont : delta-8-tétrahydrocannabinol (delta-8-THC), cannabicyclol (CBL), cannabielsoin (CBE), cannabinodiol (CBND) et cannabitriol (CBTL).
Outre ces constituants, des groupes de constituants ont été
définis. Chacun de ces groupes intègre plusieurs types de
cannabinoïdes qui se distinguent entre eux notamment par la
longueur de la chaîne carbonée constituant ces molécules. Par
exemple, neuf types de cannabinoïdes appartiennent au groupe
delta-9-THC (THC).
En règle générale, seulement trois ou quatre types de cannabinoïdes différents sont présents en concentration significative
dans une seule plante, tandis que les autres types ne sont
présents qu’en quantités infimes, voire en quantités de traces.
Les variétés de cannabis dit psychotropes, dont sont extraits la
marijuana et le haschich, révèlent de fortes teneurs en delta-9THC allant de 1 à 25 %. Dans le chanvre destiné au textile, en
revanche, le taux de cannabidiol (CBD) varie en moyenne
entre 0,5 et 1 %. Pour cette variété, et afin d’éviter tout usage à
des fins psychotropes, l’Union Européenne autorise un taux de
THC maximum de 0,2 %.
Le delta-9-tétrahydrocannabinol (delta-9-THC, communément
THC) possède un large spectre de propriétés. Ainsi, on lui
attribue des effets psychoactifs, mais également la plupart des
propriétés médicales concernant ses produits dérivés. Parmi
elles, on compte notamment l’effet euphorisant, relaxant des
muscles, antiépileptique, antiémétique, sur l’appétit,
antibiotique, fébrifuge, bronchodilatateur, tranquillisant,
analgésique et réducteur de la pression oculaire. Dans de
nombreux pays, notamment en Allemagne, en Autriche, aux
États-Unis, au Canada, aux Pays-Bas, en Suisse et dans
beaucoup d’autres, les médecins sont autorisés à prescrire du
THC, sous sa dénomination pharmacologique internationale
39
Les effets du delta-9-THC (Dronabinol)
Psychisme et perception : sédation, légère euphorie, sensation
de bien-être, montée d’angoisses, apaisement d’angoisses,
accentuation de la perception sensorielle, distorsion de la
perception du temps (il semble que le temps passe plus lentement),
hallucinations (en cas de dosage élevé).
Travail intellectuel : troubles de la mémoire et de la
concentration, association d’idées, développement de la créativité.
Activité motrice : troubles du langage et de la coordination
motrice, amélioration de la coordination motrice.
Système nerveux : diminution des douleurs, relaxation des
muscles, augmentation de l’appétit, nausées, calmant des nausées
et des vomissements.
Fièvre : baisse de la température du corps et de la fièvre.
Système cardio-vasculaire : augmentation du rythme
cardiaque, vasodilatation, chute de tension artérielle parfois
accompagnée de vertiges si la personne se lève brusquement,
légère hypotension en position allongée, trouble de la coagulation
des plaquettes sanguines.
Yeux : rougissement de la conjonctive, diminution de
l’écoulement des larmes, baisse de la pression oculaire.
Voies respiratoires : dilatation des bronches, réduction de la
sécrétion de salive et sensation de bouche sèche.
Système digestif : diminution des contractions musculaires de
l’estomac et ralentissement du transit gastrique, trouble de la
production de suc gastrique.
Système
hormonal :
risque
d’influence
hormonale
(éventuellement en cas de dosage élevé).
Système immunitaire : diminution des inflammations, effet
antiallergique, trouble de la réponse immunitaire.
Développement de l'embryon et du fœtus : éventuellement
atteinte à la performance intellectuelle.
Patrimoine génétique et cancers : effet anti-cancérigène.
Les effets du Dronabinol (THC) sont en partie fonction du dosage, de l’état
ainsi que du contexte dans lequel se trouve la personne. Par conséquent, selon
la personne et la situation, le Dronabinol peut par exemple agir sur les
angoisses, soit en les provoquant, soit en les calmant. Très souvent, il exerce
une action bénéfique sur les nausées et les vomissements, mais il peut parfois
les provoquer chez certaines personnes.
40
Dronabinol sur un carnet à souche spécial réservé aux produits
du tableau B. Le dosage recommandé est de l’ordre de 5 à
30 mg de Dronabinol par jour.
Le cannabidiol (CBD) ne présente aucun effet psychoactif. Par
contre, et à condition d’un dosage suffisamment élevé, il agit
contre les propriétés psychoactives du THC. D'autres actions
bénéfiques lui sont également attribuées, comme l’effet sédatif,
anti-inflammatoire, antiépileptique, anxiolytique, antipsychotique et réducteur de la pression oculaire. Associé au principe
actif THC, il renforce les effets analgésiques de ce dernier. Au
cours de différentes études, les dosages typiques variaient entre
200 et 1500 mg de cannabidiol par jour. Comme le CBD, la
plupart des cannabinoïdes ne possèdent pas d’effet psychoactif,
ou seulement très réduit. D’autres types de cannabinoïdes,
comme le cannabinol (CBN), le cannabigerol (CBG) et le cannabichrome (CBC) offrent un potentiel pharmacologique qui,
pour l’instant, n’a pas encore été suffisamment étudié.
Autres principes actifs
Le THC (Dronabinol) et en second lieu le CBD (cannabidiol) figurent parmi les principaux principes actifs du
cannabis. De nombreux autres éléments du cannabis ont été
identifiés, dont des huiles essentielles (terpènes) et des
flavonoïdes. Tous deux sont également très bénéfiques d’un
point de vue médical.
Dans le cannabis, on compte 21 types de flavonoïdes différents,
dont la plupart se trouvent également dans d’autres végétaux. Ils
appartiennent à la classe des métabolites secondaires, au même
titre que les vitamines, les minéraux et les fibres. Les
flavonoïdes protègent entre autres les plantes contre les effets
néfastes des rayons ultraviolets, ou agissent en tant que
colorants végétaux, comme c’est par exemple le cas pour les
cerises ou autres baies. Dans l’organisme humain, certains types
de flavonoïdes présents dans le cannabis possèdent un effet
anti-inflammatoire, comme l’apigénine et le cannaflavin A.
D’autres, comme le quercetin, sont des substances fortement
antioxydantes, qui, par conséquent, protègent les cellules des
effets destructeurs des radicaux libres. De plus, l’apigénine
41
possède des effets anxiolytiques.
Les huiles essentielles sont responsables de l’odeur que dégage
chaque plante. Ainsi, et puisqu’elles s’évaporent naturellement,
elles pénètrent très facilement à l’intérieur de notre nez, quand
on se penche pour sentir une plante. Les propriétés thérapeutiques des terpènes sont surtout connues pour lutter contre
l’inflammation du nasopharynx. C’est la raison pour laquelle,
depuis longtemps, on pratique des bains de vapeur à base de
camomille ou d’autres plantes ayant un taux élevé en huiles
essentielles. L’eugénol, qui est un des terpènes présent dans le
cannabis, offre des propriétés anti-inflammatoires et antibactériennes. Le 1,8-cinéol augmente le flux sanguin dans le
cerveau et le linalol possède un effet anxiolytique et calmant.
Puisque pour une utilisation médicale, seulement de petites
quantités de cannabis sont recommandées, c’est-à-dire allant de
moins de un à quelques grammes de cannabis seulement, les
quantités de terpènes et de flavonoïdes absorbés sont infimes,
laissant à penser que les effets pharmacologiques de ces
substances sont relativement faibles.
Biochimie des cannabinoïdes
À l’origine, le terme cannabinoïde ne se rapportait qu’aux
cannabinoïdes naturels du cannabis. Aujourd'hui, il englobe
également les substances de synthèse possédant une action
analogue à celle des cannabinoïdes naturels issus de la plante.
Les différents cannabinoïdes naturels se présentent sous de
multiples formes dont seulement quelques-unes possèdent des
propriétés médicales. Leur principale forme est acide, comme
par exemple l’acide THC de la famille des acides
carboxyliques, à qui l’on attribue des propriétés anti-inflammatoires et analgésiques. Les phénols correspondants peuvent
développer d’autres effets pouvant être recherchés. Ils sont
faciles à obtenir à partir de ces acides, notamment en les
chauffant. Dans nos régions centrales de l’Europe, le
pourcentage de phénols dans les plantes de cannabis, représente
moins de 10 % du total du contenu en THC. En revanche, dans
les régions chaudes d’Afrique ou d’Asie, ce taux peut dépasser
les 30 %. Dans la résine de cannabis, ou haschich, le taux de
42
THC sous sa forme phénolique peut dépasser les 50 %. C'est la
raison pour laquelle le haschich peut être très bénéfique en
médecine. Il peut présenter des effets pharmacologiques
lorsqu’il est ingéré directement sans être chauffé.
Quelques indications concernant l’utilisation des
cannabinoïdes
Au moyen d’une cuisson rapide, les acides carboxyliques
non-actifs peuvent être transformés en phénols actifs possédant
des propriétés thérapeutiques. C’est pourquoi il est conseillé de
chauffer les produits avant de les consommer afin de pouvoir
profiter pleinement de leurs effets pharmacologiques. Ceci est
possible par exemple en fumant une cigarette de cannabis, dit
joint, en confectionnant des gâteaux ou en préparant du thé à
base de cannabis. En cas de cuisson prolongée pendant
plusieurs heures, les cannabinoïdes se dégradent en substances
non-actives.
En principe, le THC ne se dissout pas dans l’eau, mais il est
soluble dans l’alcool et les matières grasses comme l’huile. Il
est donc conseillé d’ajouter un peu d’huile, de crème ou de lait
dans un thé (infusion ou décoction) préparé avec du cannabis
pour une dissolution optimale des cannabinoïdes. En ce qui
concerne la confection de pâtisseries, il suffit d’intégrer du
beurre ou de la margarine de cannabis aux préparations habituelles.
À une température de 0 °C, la consistance du THC est résineuse
et ne devient une sorte d’huile qu’à partir de 20 °C. Au dessus
de 140 °C à 150 °C, les cannabinoïdes s’évaporent. Ainsi, au
moyen de vaporisateurs commercialisés, il est possible de faire
évaporer du Dronabinol (THC) et les autres substances
présentes dans le cannabis, sans les brûler. Ce n’est qu’à partir
de 230 °C que ces dernières sont calcinées et que, comme
lorsque le cannabis est fumé, des produits de combustion
cancérigènes sont également inhalés.
43
Préparation des drogues à base de cannabis
Les drogues sont fabriquées à partir des produits récoltés sur
les plantes de cannabis en fin de floraison. Les plantes femelles
sont considérablement plus riches en THC que les plantes
mâles. Les différentes appellations des drogues préparées à
partir du cannabis sont le haschich et la marijuana. Des noms
d’origine anglaise, tels que grass, shit et pot sont également
couramment utilisés. Dans les années soixante, une chanson a
été dédiée au cannabis, sous le titre de Mary Jane. En espagnol,
la marijuana est couramment désignée par le prénom Maria.
D’autres noms issus de diverses cultures sont bhang, charas,
dagga, kif, gras, diamba, maconha et canapa.
Le haschich et la marijuana sont obtenus respectivement par la
récolte des plantes et le passage au tamis de la résine, et par la
coupe des sommités florifères au début du processus de
fructification. C’est dans les bractées et dans la résine que la
concentration en THC est la plus élevée.
Le mot haschich (résine de cannabis) est d'origine arabe et
signifie herbe. Avant, il servait de terme générique pour les
différentes qualités de drogues. Aujourd’hui, il est utilisé pour
désigner les préparations riches en résine, généralement
proposées sous forme de plaques compressées. Il est possible de
connaître la provenance du produit final grâce aux différentes
méthodes de récolte de la résine. Ainsi, le haschich d’origine
méditerranéenne (Maroc, Turquie, Liban) présente une teinte
tirant plutôt sur le vert ou le rouge (libanais rouge ou turc vert)
tandis que le haschich d’origine asiatique (Afghanistan,
Pakistan, Népal, Inde) est plus sombre (afghan noir). La teneur
en THC du haschich est très variable, allant de 1 à 30 %.
Comparé à la marijuana, il présente souvent aussi une
concentration plus élevée en cannabidiol (CBD).
Le terme de marijuana (herbe de cannabis) vient du mexicain. Il
désigne les feuilles et les sommités de la plante. Il y a environ
trente à quarante ans, la teneur en THC de la marijuana était
significativement plus faible que celle du haschich.
Aujourd’hui, il existe des variétés de cannabis pouvant atteindre
des concentrations en THC de 10 à 25 %. C’est la raison pour
44
laquelle il est possible de trouver aujourd’hui de la marijuana
contenant 10 à 25 % de THC.
L’huile de cannabis, dont le taux de THC peut dépasser les
40 %, offre la plus forte concentration en THC. Elle est obtenue
par extraction dans un dissolvant ou par distillation à partir de la
résine ou des feuilles. Son aspect est celui d’un liquide visqueux
de couleur marron foncé.
45
Comment les cannabinoïdes agissent-ils sur
l’organisme ?
Les cannabinoïdes naturels du cannabis agissent sur l’organisme de manière similaire aux endocannabinoïdes, substances
endogènes qui exercent une multitude de fonctions dans le
corps humain. Ces endocannabinoïdes (du grec endo qui
signifie dedans) ou cannabinoïdes endogènes se retrouvent chez
les êtres humains, ainsi que chez les vertébrés (mammifères et
oiseaux) et un grand nombre d’autres animaux. Les cannabinoïdes naturels, tout comme les endocannabinoïdes, se lient à
des sites spécifiques présents à la surface de nombreuses
cellules pour déclencher les effets connus. Ces sites spécifiques
sont appelés les récepteurs cannabinoïdes. Ensemble, les
endocannabinoïdes et les récepteurs cannabinoïdes forment le
système cannabinoïde endogène (ou endocannabinoïde) qui
joue un rôle important, notamment dans la régulation de
l’appétit, dans la perception des informations sensorielles ou
celles relatives à la douleur ainsi que dans la coordination des
mouvements.
Récepteurs cannabinoïdes
En 1987, il a été démontré pour la première fois que la
plupart des effets attribués aux cannabinoïdes sont dus à leur
liaison à des récepteurs spécifiques. Les récepteurs cannabinoïdes identifiés à ce jour, les récepteurs cannabinoïdes de
type I (CB1) et de type II (CB2), se situent principalement sur
les membranes des cellules du cerveau et de la moelle épinière.
Ils sont également présents sur les cellules du cœur, de
l'intestin, des poumons, des voies urinaires, de l’utérus, des
testicules, des glandes internes, de la rate et des globules blancs.
Selon l’endroit où se trouvent ces récepteurs, leur activation va
provoquer des effets très différents, par exemple une inhibition
des voies nerveuses véhiculant la douleur, une inhibition du
processus inflammatoire, une modification de la perception du
temps, un sentiment d’euphorie ou beaucoup d’autres effets.
46
Endocannabinoïdes
Le premier cannabinoïde endogène a été découvert en 1992.
Il a été baptisé anandamide, du sanscrit ananda qui signifie
bonheur suprême et amide, du fait de sa structure chimique.
Plus tard, d’autres endocannabinoïdes ont été isolés, mais les
noms qui leur ont été donnés sont moins poétiques et se
rapportent davantage à la chimie. Par exemple : 2-arachidonoyl
glycérol (2-AG) et éther de noladine. Les endocannabinoïdes
font partie des substances qui jouent un rôle de messagers
naturels. Ils transmettent des informations concernant l’état de
l’organisme aussi bien dans le cerveau que dans d'autres
organes, provoquant ainsi des réactions au niveau des cellules.
Ils appartiennent au groupe des principaux neurotransmetteurs
d’inhibition et jouent un rôle important, par exemple comme
frein à la libération excessive de glutamate dans le cerveau lors
d’un manque d’approvisionnement en oxygène de ce dernier.
C’est la raison pour laquelle, au stade actuel des recherches,
l’une des principales fonctions attribuée aux endocannabinoïdes
est la fonction protectrice des cellules nerveuses. D’autres
neurotransmetteurs agissent sous l’influence des endocannabinoïdes comme les GABA, la glycine, la noradrénaline,
la sérotonine, la dopamine, l’acétylcholine ainsi que les
neuropeptides (enképhaline et endorphine). Souvent, les
propriétés médicales du cannabis s’expliquent par l’effet
interactif de ces messagers. Par exemple, l’inhibition de la
libération de la sérotonine calme les nausées et les vomissements et l’influence exercée par les endocannabinoïdes sur
l’acide GABA et sur l’acétylcholine est bénéfique dans le
traitement de troubles neuromusculaires comme les spasmes ou
les crampes.
Anandamide (arachidonoyl éthanolamide)
2-arachidonoyl glycérol (2-AG)
O
O
H
N
CH2 OH
OH
O
OH
Les deux endocannabinoïdes (ou cannabinoïdes endogènes) les plus étudiés à
ce jour sont l’anandamide et le 2-arachidonoyl glycérol (2-AG).
47
Comment le système endocannabinoïde se modifie-til lors d’une maladie ?
Au cours de certains troubles physiques, la production
moyenne d’endocannabinoïdes et de récepteurs aux cannabinoïdes augmente afin de compenser le déséquilibre. Ainsi, la
concentration en anandamide augmente dans certaines régions
cérébrales, responsables de la gestion de la douleur, afin de
calmer ces dernières. Dans le cas de sous-alimentation, cette
production s’accroît également pour mieux stimuler l’appétit.
Des recherches menées sur des animaux ont démontré que la
quantité d’anandamide dans l’intestin se multipliait si les
animaux étaient privés de nourriture pendant un certain temps,
et que ce taux se normalisait à nouveau s’ils se réalimentaient
suffisamment. Il a également été mis en évidence que la
production d’endocannabinoïdes dans l’organisme se multipliait
lors de crampes musculaires, manifestement pour calmer ces
contractions douloureuses. Dans le cas de douleurs causées par
des névrites ou des inflammations chroniques de l’intestin, le
nombre de récepteurs aux cannabinoïdes avait également
augmenté considérablement.
Le système endocannabinoïde s’adapte donc aux situations liées
à une manifestation pathologique. Une telle multiplication du
nombre de récepteurs aux cannabinoïdes dans certaines parties
du corps et au cours de certaines maladies peut avoir pour
résultat une meilleure efficacité des cannabinoïdes naturels
exogènes. C’est la raison pour laquelle les fonctions naturelles
du système endocannabinoïde sont sérieusement étudiées depuis
plusieurs années, avec l’espoir de trouver de nouveaux
médicaments issus grâce à une meilleure compréhension de ce
système complexe.
Autres effets
Certains effets des cannabinoïdes ne résultent pas de
l’activation des récepteurs cannabinoïdes, mais sont le produit
d’autres mécanismes. Par exemple, les cannabinoïdes, tout
comme les vitamines C et E, sont des capteurs puissants de
radicaux libres. Les radicaux libres sont des molécules
hautement réactives capables de provoquer des lésions
48
cellulaires.
De même, certains produits de dégradation biochimique du
THC possèdent des propriétés médicales très intéressantes.
Alors que les activités exercées sur l’organisme par le
11-hydroxy-THC et le THC sont comparables, celle du
11nor-9-carboxy-THC (THC-COOH) est différente. Cette
substance est recherchée dans les urines des automobilistes et
des sportifs soupçonnés d’avoir consommé du cannabis.
Le mécanisme de l’action anti-inflammatoire et analgésique du
THC-COOH est comparable à celui de l’acide acétylsalicylique (aspirine). Il agit par inhibition de l'enzyme
cyclooxygénase. Cependant, le THC-COOH agit plus spécifiquement, c’est-à-dire sans provoquer les effets secondaires de
l’aspirine, tels que les troubles gastriques ou rénaux. Le THCCOOH se lie également faiblement aux récepteurs CB1. D’une
manière générale, les produits de dégradation biochimique des
cannabinoïdes issus du cannabis contribuent à l’ensemble des
propriétés médicales recherchées.
THC-COOH
11-OH-THC
(11-nor-9-carboxy-THC).
(11-hydroxy –THC).
CH2OH
COOH
OH
OH
O
O
Les deux principaux produits de dégradation biochimique du THC pris parmi
une centaine d’autres (également appelés produits métaboliques ou métabolites).
49
Développement de nouveaux médicaments
Des recherches sont en cours ayant pour objet de tester
l’intérêt thérapeutique, non seulement du cannabis naturel et de
certains cannabinoïdes, mais également de nombreuses autres
substances qui, chacune à leur manière, exercent une influence
soit sur les récepteurs cannabinoïdes, soit sur le taux d’endocannabinoïdes de l’organisme.
Voici les principales idées qui guident actuellement ces
recherches :
 Poursuivre la voie, déjà empruntée avec succès,
concernant l’utilisation des cannabinoïdes, naturels ou
synthétiques, en vue de l’activation les récepteurs cannabinoïdes. À ce sujet, les recherches se tournent maintenant vers la
question de savoir comment améliorer la tolérance. Il est prouvé
par exemple que le cannabidiol (CBD) atténue les effets
psychoactifs du THC, et de ce fait, son association pourrait
améliorer l’effet général de ce dernier. À ceci s’ajoutent des
études qui suggèrent une association appropriée entre le
cannabis et d’autres médicaments. Les effets peuvent
s’améliorer par synergie. Il est également probable que des
cannabinoïdes synthétiques ne traversant pas la barrière
hématoencéphalique soient développés pour que leur champ
d’action ciblée ne touche pas le cerveau. Ainsi, ils ne pourront
pas provoquer d’effets secondaires psychotropes.
 Mener des recherches et développer des cannabinoïdes
sans effet psychotrope. Certains cannabinoïdes synthétiques,
comme le dexanabinol ou l’acide ajulémique, ne modifient pas
l’état de conscience, tout en offrant des propriétés antiinflammatoires, analgésiques ou neuroprotectrices. En parallèle,
il est probable que l’intérêt de l’industrie pharmaceutique porte
moins sur le cannabidiol naturel (CBD), qui offre pourtant les
trois mêmes propriétés thérapeutiques que le THC, c’est-à-dire
celles de calmer les inflammations et les douleurs, ainsi que de
protéger les nerfs. Pour être efficace, le CBD doit néanmoins
être administré quotidiennement à des dosages élevés.
50
 Augmenter la concentration des endocannabinoïdes de
l’organisme par des substances agissant soit au niveau de leur
dégradation biochimique, soit au niveau de leur transfert
cellulaire. Le principal avantage de tels procédés, comparés à
ceux d’un apport exogène de cannabinoïdes, pourrait être
d’obtenir des effets thérapeutiques dans une partie du corps où
la production d'endocannabinoïdes est déjà fortement stimulée.
 Envisager une éventuelle utilisation thérapeutique
d’inhibiteurs des récepteurs cannabinoïdes (antagonistes).
Puisque les cannabinoïdes causent parfois des troubles accrus
de la mémoire et des crises d’angoisse, il est possible de
concevoir d’utiliser leurs antagonistes pour traiter ces
symptômes ainsi que de les utiliser pour leur effet anorexigène.
Les antagonistes des récepteurs cannabinoïdes inhibent l’effet
des endocannabinoïdes. Par exemple, un antagoniste aux
récepteurs CB1, le rimonabant, fût disponible dans certains pays
européens pour le traitement de l’obésité, mais fût retiré du
marché à cause de ses effets secondaires psychologiques
potentiellement graves (principalement anxiété et idées
suicidaires).
51
Les applications médicales des produits issus du
cannabis
Le cannabis et le Dronabinol, grâce à leur large spectre d’applications thérapeutiques, peuvent être bénéfiques pour traiter une
multitude de maladies et de symptômes. Bien que divers
médicaments efficaces pour le traitement de nombreuses
indications soient déjà disponibles aujourd’hui, ils ne soulagent
pas toujours suffisamment l’ensemble des patients et
provoquent parfois des effets secondaires indésirables, voire
inacceptables.
Par exemple, nous avons à notre disposition des analgésiques
très puissants, comme l’aspirine ou la novalgine, mais que de
nombreux patients ne tolèrent plus à cause des troubles digestifs
qu’ils provoquent. De même, chez certaines personnes, les
opiacés (par exemple la morphine) provoquent des nausées,
voire une forte constipation, tandis que chez d’autres, les
analgésiques courants ou d’autres pratiques comme le TENS
(électro-neurostimulation transcutanée) ou l’acupuncture, ne
permettent pas d’obtenir des résultats suffisants.
Il en va de même pour de nombreuses autres maladies et
médicaments. Le cannabis ne soulage pas dans tous les cas. De
nombreux patients pensaient que les préparations à base de
cannabis seraient leur médicament de la dernière chance et sont
ensuite déçus en s’apercevant que l’effet attendu n’est pas
obtenu ou bien que des effets indésirables apparaissent.
Néanmoins, beaucoup d’exemples ont démontré que le cannabis
et le Dronabinol représentent bien parfois cette dernière chance
et que les principes actifs agissent efficacement tout en étant
souvent parfaitement bien tolérés par beaucoup de patients.
Les produits issus du cannabis peuvent souvent être associés
efficacement à d’autres médicaments afin de réduire le dosage
de ceux-ci. Par exemple, le Dronabinol et les opiacés sont
complémentaires en ce qui concerne leurs propriétés analgésiques. De plus, le Dronabinol atténue les nausées provoquées
par les opiacés. Il est également possible de réduire le dosage
des ces derniers afin de diminuer leur action constipante. C’est
ce qu’ont décrit en 2003 le Dr Mary Lynch et ses collaborateurs
52
de l’université de Halifax (Canada) dans une revue spécialisée.
L’article relate le cas de 3 patients souffrant de douleurs
chroniques (sclérose en plaques, neuropathies associées à une
infection VIH, douleurs au dos et aux jambes suite à un
accident) et qui ont pu réduire significativement le dosage de
leurs préparations à base d’opiacés en fumant du cannabis
(Lynch, 2003). Le patient souffrant de neuropathies liées à une
infection VIH prenait une préparation de morphine à durée
d’action prolongée à un dosage élevé de 360 mg par jour. Au
bout de quatre mois, à compter du début de l’association avec le
cannabis, il a réduit les doses de moitié, et au bout de cinq mois
supplémentaires, il a entièrement arrêté son traitement aux
opiacés.
D’autres médicaments se laissent moins bien combiner avec le
cannabis. Ils sont traités en détail dans le chapitre Interactions
du cannabis avec d’autres médicaments. Toutefois, des effets
secondaires dangereux pour la santé, voire pour la vie, comme
ceux décrits pour de nombreux autres médicaments, comme par
exemple le Viagra® utilisé dans les dysfonctions érectiles, n'ont
jamais été rapportés pour les produits issus du cannabis.
Voici les applications thérapeutiques possibles du cannabis et
du Dronabinol pour les affections et les symptômes suivants :
Nausées et vomissements : effets secondaires liés à une
chimiothérapie contre le cancer, VIH/sida, hépatite C, vomissements de la grossesse, nausées causées par la migraine.
Pertes de l’appétit et amaigrissements : VIH/sida, cancers
avancés, hépatite C.
Spasticité, crampes et durcissements musculaires : sclérose
en plaques, paraplégie, sclérose latérale amyotrophique, spasticité après une attaque cérébrale, céphalée (tension artérielle),
maux de têtes induits par des tensions, hernies discales,
lumbagos.
53
Troubles du mouvement : syndrome de Gilles de la Tourette,
dystonie musculaire, dyskinésie induite par lévodopa, dyskinésie tardive, maladie de Parkinson, tremblements.
Douleurs : migraine, céphalée vasculaire de Horton, douleurs
du membre fantôme, névralgie, règles douloureuses, paresthésie
(picotement, fourmillement, douleur cuisante), douleurs induites
par le diabète ou le sida, hyperalgésie (sensibilité excessive à la
douleur), crampe musculaire, arthrose, arthrite, colite ulcéreuse,
impatience des jambes, fibromyalgie.
Allergies, démangeaisons et inflammations : asthme, arthrite,
colite ulcéreuse, maladie de Crohn, allergies aux poussières
domestiques, rhume des foins, forte démangeaison induite par
une maladie du foie, neurodermite, pyrexie.
Maladies psychiatriques : dépression, anxiété, troubles
bipolaires (maniaco-dépressions), troubles de stress posttraumatique, hyperactivité (TDAH), impuissance, dépendance à
l’alcool, aux opiacés ou aux somnifères, insomnie, troubles du
comportement (signes de la maladie d’Alzheimer).
Troubles gastro-intestinaux : gastrite, colite ulcéreuse,
maladie de Crohn, entérite.
Troubles de la pression intraoculaire : glaucome.
Troubles auditifs, vertiges et perte d’équilibre : acouphènes,
nystagmus, maladie de Ménière.
Asthme et troubles respiratoires.
Épilepsie.
Hoquet.
Accouchement : stimulateur des contractions.
Les effets du cannabis et du Dronabinol s'appliquent très
54
souvent à plusieurs symptômes d’une seule maladie, comme l’a
rapporté en 1998 l’Institut de Médecine des États-Unis suite à
une étude d’envergure conduite sur les effets de la marijuana :
« Dans tous les cas où une multitude de symptômes
apparaissent, il est possible qu’une association avec les
propriétés actives du THC puisse créer l’interaction thérapeutique recherchée. Par exemple, des personnes amaigries
atteintes du sida pourraient profiter d’un traitement qui agirait
à la fois sur leurs angoisses, douleurs et nausées et qui serait en
même temps stimulateur de l'appétit ».
Maladies psychiatriques
«Une heure plus tard, une sensation d’émerveillement et
de magnificence, à peine descriptible, m’envahit tout à coup.
Les mots qui me viennent alors à l’esprit pour le décrire sont
bien, extraordinaire et sublime. Cette sensation indescriptible
est complètement subjective (...). L'idée d’être en parfaite
harmonie avec la nature et avec tout l'univers prend forme. Ni
le corps physique, ni l’individu n’existent. (....) Ce qui est
présent, c’est un monde fait de merveilleuses images colorées
où dominent le bleu, le pourpre et le vieil or, le tout
accompagné d’effets d’ombres extrêmement délicats. (…) Peu à
peu, le sommeil m’a envahi et j’ai très bien dormi jusqu’à
l’heure à laquelle je me lève d’habitude. Au réveil, pas de
sensation particulière à signaler. Je me sens, tout au plus,
mieux reposé que les autres jours. Toutes les sensations
décrites ont complètement disparu. Par contre, les souvenirs
liés à ces expériences vécues sont très précis et bien présents à
l’esprit ».
Robert Walton, professeur à l’université de médecine en
Caroline du Sud (États-Unis) a publié en 1938 un traité
s’intitulant Description de l’expérimentation du haschich, dont
est extrait le récit ci-dessus, rapporté par un jeune médecin qui
avait consommé intentionnellement une très forte dose de
cannabis.
Suite à une prise de cannabis, au-delà des sensations de
bonheur, qui par ailleurs sont très bénéfiques pour traiter les
dépressions, des manifestations désagréables peuvent également
55
apparaître, comme la peur, la panique et l’angoisse de la mort,
notamment dans le cas d’un dosage trop élevé ou chez des
consommateurs peu expérimentés. C’est la raison pour laquelle
toute utilisation médicale des produits dérivés du cannabis doit
être soigneusement accompagnée afin d’éviter les effets
indésirables, notamment psychotropes. Toutefois, une légère
euphorie apparaît souvent peu après une prise, même à faible
dosage, sans modification perceptible de la conscience.
Dépression
Des études menées aux États-Unis sur l’utilisation du Dronabinol, chez des patients atteints du sida ou de cancers, ont révélé
que de nombreux sujets ont ressenti non seulement une
réduction de leurs souffrances physiques, mais également une
amélioration de leur état dépressif provoqué par ces maladies
graves (Beal, 1995 ; Regelson, 1976).
Lors d’une enquête commune (britannique et américaine)
conduite en 1997 auprès de patients souffrant de sclérose en
plaques, environ 90 % des personnes interrogées ont signalé que
le cannabis leur était bénéfique pour soulager non seulement les
divers troubles physiques, mais également leur état dépressif
(Consroe, 1997). Une enquête similaire, menée auprès de
personnes atteintes du sida, a été présentée en 2003 lors du
Congrès de la Société Américaine de Psychologie. Là encore,
les patients ont révélé que la consommation de cannabis calmait
leurs troubles physiques, tels que la perte de l’appétit et les
douleurs. En parallèle, 57 % d’entre eux ont répondu en disant
qu’ils en fumaient pour des raisons psychologiques.
Grâce à son action psychoactive, le cannabis permet de soulager
provisoirement des souffrances à la fois physiques et
psychiques. Ainsi il fait entrer un peu de bonheur dans la vie
des patients. Or, il est connu que la joie et la volonté de vivre
ont un effet bénéfique sur l’évolution de nombreuses maladies,
tandis que le découragement et le désespoir ont l’effet inverse.
Grâce au dosage on peut contrôler l’effet psychotrope du
cannabis. Au cours des enquêtes citées ci-dessus, de légers
effets antidépresseurs ont été observés même à des dosages
relativement faibles, sans effet perceptible sur l’état psychique
56
des patients.
Un patient atteint de leucémie (leucémie myéloïde chronique,
LMC) s’est fait prescrire du Dronabinol pour mieux faire face à
la perte de l’appétit et aux nausées, deux des effets secondaires
de la chimiothérapie. Comme de nombreux autres patients, il a
également découvert les effets antidépresseurs du cannabis.
« Depuis novembre 2001, je reçois un traitement à base de
Dronabinol, à un dosage moyen de 500 mg par mois. Entre
juillet 2001 et septembre 2002, la LMC a pu être stabilisée
grâce à un traitement de 260 µg d’interféron par semaine.
Depuis octobre 2002, en tant que substitut, je prends 400 mg
d’imatinib par jour. Quand en novembre 2001, j’ai pris pour la
première fois du Dronabinol, l'effet a été complètement
libérateur. Tout à coup, je m’intéressais de nouveau à ce qui se
passait dans le monde, je voulais et je pouvais à nouveau
écouter de la musique et lire le journal. C’est sans aucun doute
le Dronabinol qui m’a aidé à surmonter le gouffre fait de
souffrances physiques et psychologiques et qui à rendu plus
agréables mes journées jusqu’alors gâchées par les effets
secondaires de l’interféron. Mais finalement, le Dronabinol n’a
pas été suffisamment fort pour avoir l’efficacité de l’interféron,
et à mon avis, même une augmentation des doses de THC n’y
aurait rien changé. (… ) En revanche, depuis que j'ai fini le
traitement à base d'interféron, je prends de nouveau du
Dronabinol. Je préfère 20 mg de Dronabinol par jour à 150 mg
de Zoloft® ».
Certaines expériences avec du Dronabinol faites par des
médecins praticiens allemands démontrent que le THC n’est pas
seulement bénéfique pour traiter les dépressions réactionnelles,
souvent liées à des maladies graves, mais également les
dépressions dites névrotiques c'est-à-dire celles où la personne a
le sentiment d’être abattue, de manquer d'entrain et de joie de
vivre sans raison particulière et cela pendant plusieurs semaines
voire plusieurs mois. C'est dans ce contexte que j'aimerais
apporter un exemple extrême, le cas d’une jeune femme qui
prenait régulièrement treize médicaments différents (voire
davantage, si besoin), dont des neuroleptiques, des antidépresseurs, des analgésiques et des tranquillisants. Aujourd’hui,
57
une seule ordonnance, parfaitement adaptée à son cas, lui suffit.
Elle comprend la prescription de trois fois 5 mg de Dronabinol
et d’un antidépresseur. La Caisse Fédérale d’assurance maladie
d’Autriche, a refusé le remboursement du Dronabinol. Ce sont
ses parents qui paient le traitement.
Voici un autre témoignage qui m’est parvenu par courrier. Suite
à un déménagement, un homme était obligé de changer de
médecin. Ses nouveaux médecins étaient persuadés que la
consommation de cannabis est à l’origine des problèmes
psychologiques de leur patient. « Comme vous pouvez le
constater en consultant le rapport médical ci-joint, je souffre
depuis de nombreuses années de dépressions, de myalgies ainsi
que d’autres troubles somatiques, qui, jusqu’à ce jour, n’ont
toujours pas pu être soignés malgré les multiples thérapies que
j’ai suivies. Un jour, chez une personne de mon entourage,
l’occasion s’est présentée de goûter au cannabis. C’est alors
que je me suis aperçu que je pouvais ainsi soulager
considérablement mes souffrances. Mes angoisses, ma
mélancolie d’origine dépressive, mes douleurs musculaires et
les nausées, c’est-à-dire l’ensemble des symptômes liés à ma
maladie psychologique, se sont ostensiblement atténués. C’est
bien grâce au cannabis que j’ai pu retrouver la joie de vivre.
Mais les problèmes ont ressurgi lorsque j’ai déménagé de XX à
YY. Mes nouveaux médecins affirment que mes troubles
psychologiques viennent de la consommation de cannabis. Or,
ce n’est pas le cas ».
Angoisses et troubles de stress post-traumatiques
Parfois, les effets psychotropes aigus des produits dérivés de
cannabis peuvent provoquer des crises d’angoisse voire des
accès de panique. En revanche, dans le cas d’angoisses
chroniques ou de peurs paniques à répétition, sans cause
extérieure apparente, le cannabis peut au contraire être tout à
fait bénéfique.
D’après l’article d’un psychiatre des Services de Santé
Canadiens aux Armées d’Ottawa, le cannabinoïde synthétique
Nabilone a été efficace pour traiter les symptômes de troubles
de stress post-traumatique. Le Nabilone a présenté des effets
58
similaires au cannabinoïde naturel Dronabinol (THC) (Fraser
2009). L’étude a porté sur 47 patients diagnostiqués qui
présentaient des cauchemars continuellement malgré les
traitements conventionnels aux sédatifs et antidépresseurs. Ces
patients reçurent un traitement de Nabilone et furent ensuite
examinés dans une clinique psychiatrique spécialisée entre 2004
et 2006. La majorité des patients (72 %) traités au Nabilone ont
vu leurs cauchemars cesser ou être réduits considérablement.
Une augmentation du temps et de la qualité du sommeil, ainsi
qu’une réduction des flashbacks et des sueurs nocturnes ont
aussi été rapportés par certains patients. Cette étude clinique est
la première à relater l’usage des cannabinoïdes dans le traitement des troubles de stress post-traumatiques.
Les vertus anxiolytiques des produits dérivés de cannabis
s’expliquent par l’influence exercée sur la mémoire. En 2002,
des scientifiques de l’Institut de psychiatrie Max-Planck de
Munich (Allemagne) ont mené une étude qui a révélé le rôle
primordial joué par le système cannabinoïde endogène dans
l’effacement des souvenirs désagréables (Marsicano, 2002). Au
cours des tests, les souris ayant reçu un inhibiteur des récepteurs
aux cannabinoïdes, afin d’empêcher les endocannabinoïdes de
s’y lier, ont révélé une diminution de leur capacité à effacer la
peur de leur mémoire. Ces animaux, préalablement conditionnés à associer une note de musique à un électrochoc, ont
manifesté des réactions de peur qui ont duré bien au-delà du
temps où la note de musique n’était plus associée à un
électrochoc. Les souris non préparées ont rapidement cessé leur
réaction de peur face à la note de musique une fois qu’elle
n’était plus associée au choc, contrairement aux souris ayant
reçu le bloqueur de sites CB1. Une fois que les souris ont
commencé à oublier leur réponse conditionnée aux chocs, les
chercheurs ont découvert que des endocannabinoïdes avaient
fortement imprégné une région du cerveau, l’amygdale, qui joue
un rôle important dans la fonction de mémorisation des
souvenirs d’événements à forte composante émotionnelle
comme la peur.
Des chercheurs de l’université de Yale (États-Unis) se sont
demandés pourquoi de nombreux schizophrènes étaient aussi
59
des consommateurs de cannabis. Selon eux, la réponse se
trouverait justement dans l’atténuation des angoisses et du stress
(Krystal, 1999). Malgré un potentiel aggravant des symptômes
de la schizophrénie lié à la prise de cannabis, ce dernier permet
néanmoins aux personnes concernées d’oublier plus facilement
leurs expériences négatives.
Psychoses affectives, dépressions endogènes et troubles
bipolaires
Les troubles affectifs ou psychoses affectives, tout comme la
schizophrénie, appartiennent à la famille des psychoses.
Contrairement à d'autres maladies psychiatriques, ces troubles
modifient profondément la personnalité des patients. Les
psychoses affectives sont souvent associées à des phantasmes,
des hallucinations, des sentiments d'angoisse ou de grandes
peurs. Dans la plupart des cas, les personnes atteintes ne
reconnaissent pas le fait d’être réellement malade, et tiennent
des causes extérieures pour responsables.
Dans le groupe des psychoses affectives figurent également les
dépressions endogènes ainsi que les troubles maniaco-dépressifs
ou bipolaires.
Contrairement à la dépression réactionnelle, la dépression
endogène n’est pas liée à une cause réellement perceptible. Elle
se développe pour ainsi dire à l’intérieur et agit considérablement sur les sentiments, la façon de penser et le
comportement du patient. Les symptômes de cette dépression
englobent entre autres la perte de centres d’intérêt, de joie de
vivre et de l’appétit ainsi que la tristesse, le sentiment de
culpabilité, le manque de concentration, l’état d’abattement
profond, la fatigue chronique et l’insomnie. Il n’est pas rare que
des troubles physiques, comme des céphalées ou des troubles
digestifs, s’ajoutent à cette liste. À ce sujet, certains patients ont
témoigné d’effets bénéfiques du cannabis. Cependant, les
bénéfices thérapeutiques potentiels des produits à base de
cannabis dans le traitement des dépressions endogènes sont
difficiles à évaluer à ce jour à cause du manque de résultats
issus de la recherche médicale.
Dans le cas des troubles bipolaires, de nombreuses personnes
60
ont également rapporté des bienfaits thérapeutiques grâce au
cannabis. La psychose bipolaire, également appelée psychose
maniaco-dépressive ou dépression maniaque, se caractérise par
des phases de dépression endogène qui alternent avec des
phases maniaques. Celles-ci sont accompagnées d’euphorie,
d’idées extraordinaires, de sentiments d’invincibilité, d’hyperactivité, de manque de concentration et de pensées et paroles
précipitées. Une publication scientifique de 1998 a présenté de
nombreux cas, qui, grâce au cannabis, ont réussi à traiter soit
leurs manies, soit leur état dépressif, voire les deux à la fois
(Grinspoon, 1998). Certains patients ont utilisé du cannabis en
combinaison avec du lithium, médicament commun dans les
traitements des troubles bipolaires. Ils ont ainsi réussi à réduire
le dosage de lithium ou à atténuer les effets secondaires de
celui-ci.
Une vaste étude portant sur 3459 patients souffrant de bipolarité
a été mené sur les effets du cannabis sur l’évolution des
troubles. Après 12 mois de traitement, les consommateurs de
cannabis ont présenté plus de complaisance et une sévérité
accrue des troubles, manies et psychoses que les non
consommateurs (Van Rossum, 2009).
J’ai reçu un courrier électronique de Californie où sont tolérés
des buyers clubs, dispensaires distribuant du cannabis aux
patients. En effet, malgré le refus du gouvernement fédéral
américain, l’État californien autorise aux membres de ces
associations de se procurer du cannabis. « Je m’appelle Derek
D. Je m’occupe de l’association des patients de la côte nord, ici
à XY, en Californie. J’ai assisté, en même temps qu’un de mes
collègues, à l’évolution extraordinaire de l’état d’un de nos
membres de San Francisco, atteint de troubles bipolaires. En
effet, il y a une semaine, son état est passé d’une psychose
bipolaire post-traumatique avec désorientation grave, à un état
de lucidité totale et une cohérence neurologique complète, suite
à deux inhalations d’huile de cannabis à 20 % de THC. Une
telle métamorphose a été carrément miraculeuse », a écrit un
membre d’une de ces associations.
Divers résultats d’études relatent des effets aggravants de la
consommation de cannabis sur l’évolution de multiples
61
psychoses schizophréniques, et ceci en dépit des nombreux
témoignages de schizophrènes défendant l’usage du cannabis. Il
semble qu'à long terme, le cannabis soit responsable de la
plupart des rechutes. Par conséquent, l’application de produits
dérivés de cannabis est généralement déconseillée pour le
traitement de la schizophrénie.
Le cannabis peut néanmoins aider un nombre limité de patients.
Des scientifiques du Centre Psychiatrique Rockland d’Orangeburg, New York, ont relaté l’amélioration des symptômes de
schizophrénie chez 4 patients ayant reçu du Dronabinol
oralement (Schwarcz, 2009). L’étude avait été demandée après
une amélioration remarquable constatée chez l’un des patients.
Les chercheurs ont également remarqué que 3 des 5 patients
sévèrement atteints, résistants aux traitements habituels, avaient
par le passé rapporté des effets positifs du cannabis et du THC.
Ils sélectionnèrent les patients réfractaires à tout traitement et
pour qui le risque était inférieur aux améliorations escomptées.
Sur 200 patients atteints de psychoses chroniques, 5 ont été
choisis. Un traitement au Dronabinol a été prescrit : 2,5 mg
deux fois par jour, puis 5 mg deux fois par jour la deuxième
semaine, et enfin 10 mg deux fois par jour la troisième semaine.
Il a fallu huit semaines à l’un des patients pour ressentir une
amélioration alors que les autres réagirent plus rapidement. Les
chercheurs ont noté que « ces améliorations semblent se
produire chez trois patients sur quatre au cœur du processus
psychotique et pas seulement au niveau calmant ». Ces résultats
suggèrent que « le rôle des cannabinoïdes dans les psychoses
pourrait être plus complexe que supposé au départ. Ils ouvrent
une nouvelle voie quant au rôle des cannabinoïdes dans le
traitement de la schizophrénie ».
Troubles du comportement liés à la maladie d’Alzheimer
Une étude sur l’utilisation de Dronabinol chez des patients
souffrant de la maladie d’Alzheimer refusant de s’alimenter a
été publiée en 1997 (Volicer, 1997). Au départ, les chercheurs
qui ont conduit cette étude voulaient analyser uniquement
l’action du Dronabinol sur l’appétit et sur le poids. Les patients
avaient effectivement grossi pendant les trois semaines de
62
traitement avec du Dronabinol, comparés aux patients qui
avaient pris un placebo. L’intensité des troubles du
comportement avait également diminué avec le Dronabinol. En
revanche, pour tirer des conclusions plus larges, l’étude
conduite avec seulement 15 sujets se révèle insuffisante, bien
que les chercheurs restent persuadés que le Dronabinol
représente « un nouveau moyen thérapeutique fortement
prometteur » dans la lutte contre les troubles du comportement
chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer.
En 2003, une étude similaire a été présentée devant le congrès
de la Société américaine de gériatrie. Parmi 9 patients testés,
tous atteints de la maladie d’Alzheimer, le traitement avec du
Dronabinol a réduit considérablement l’agitation chez 6 patients
et a augmenté les facultés intellectuelles chez 3 patients. Au
début de l’essai, le Dronabinol a été administré à un dosage de
deux fois 2,5 mg par jour. Ensuite, les doses ont été augmentées
jusqu’à un maximum de deux fois 5 mg par jour. En parallèle,
chaque patient a poursuivi son traitement initial.
Une étude conduite par des scientifiques de l’université de
Londres a démontré que les cannabinoïdes pouvaient protéger
les cellules nerveuses de l’effet toxique des beta-amyloïdes
(Milton, 2002). Des dépôts anormaux, également appelés des
dépôts de plaquettes, ont été observés dans le cerveau des
personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Les protéines
impliquées dans ces dépôts sont les protéines beta-amyloïdes et
les protéines tau. Il est probable qu’un taux élevé de ces betaamyloïdes dans le cerveau pourrait conduire à la formation de
ces plaquettes, probablement responsables des lésions
cérébrales. « L’hypothèse sur laquelle je me base est que la
protéine beta-amyloïde arrive dans le cerveau où elle est
phosphorylée et où elle tue les cellules. Ces effets toxiques sont
inhibés par les cannabinoïdes », a déclaré lors d’un communiqué de presse Nathaniel Milton, directeur de l’étude.
Autisme
L’autisme est un trouble du développement complexe qui se
manifeste de façon caractéristique dans les trois premières
années de la vie. Il s’agit à la base d’un trouble neurologique
63
qui influence le fonctionnement cérébral. Les autistes ont
généralement de sévères difficultés de communication et
d’intégration sociale.
Un médecin praticien m’a rapporté l’exemple d’un essai de
traitement sur un jeune homme autiste âgé de 17 ans. Suite à
des administrations de 5 à 7,5 mg de Dronabinol par jour, le
patient se montrait moins agité, à l’intérieur tout comme à
l’extérieur, et la qualité des contacts avec son environnement
s'était améliorée. Il aimait prendre son médicament, bien que la
plupart du temps, les autistes refusent de prendre leur
traitement. Au cours des deux premières semaines, le jeune
homme dormait beaucoup, et la question s’était posée s’il ne
valait pas mieux interrompre le traitement. C’est à ce moment
que l’effet calmant indésirable du Dronabinol a commencé à
s’atténuer et que des effets autrement positifs se sont produits.
Depuis, ce médecin a rassemblé de nouveaux résultats auprès
d’autres autistes. Il va néanmoins falloir attendre que des études
cliniques complémentaires soient menées avant de pouvoir se
prononcer définitivement en faveur des produits à base de
cannabis pour le traitement de l’autisme.
Impuissance sexuelle et dysfonction érectile
La dysfonction érectile est souvent liée à une cause psychologique, comme, par exemple, la peur de l’impuissance.
Cependant, au cours des dernières années, l’impuissance
sexuelle de l’homme a de plus en plus souvent été associée à
des causes physiques comme des troubles de la pression
artérielle ou des taux d’hormones.
Là encore, les effets anxiolytiques et calmants du cannabis sur
l’état physique et psychologique peuvent apporter un bénéfice
thérapeutique. De plus, le Dronabinol produit un effet dilatateur
des vaisseaux sanguins et ses propriétés psychoactives augmentent la sensibilité, par exemple au toucher. De nombreuses
femmes apprécient également les produits dérivés de cannabis
pour leur effet amplificateur de la libido.
Au travers des civilisations et des âges, le cannabis a été
consommé pour ses vertus aphrodisiaques. Il est donc tout à fait
pensable que le mythe, ainsi que la diabolisation, du cannabis
64
ont largement, ou du moins en partie, contribué à son usage
dans le domaine de la sexualité (Abel, 1981). Traditionnellement, le cannabis est retrouvé dans le tantrisme (forme de
l’hindouisme) et en médecine ayurvédique. Les préparations à
base de cannabis sont réputées pour stimuler le plaisir sexuel.
Dans les traditions arabes, le cannabis est synonyme
d’aphrodisiaque et la littérature, ainsi que la poésie, en
témoignent largement.
Au cours des trente dernières années, de nombreuses enquêtes
ont été menées dans les pays occidentaux. Ainsi, en 1974, selon
les témoignages de 345 étudiants américains, le cannabis a
augmenté davantage le désir sexuel chez les femmes que chez
les hommes (58 % contre 39 %) (Koff, 1974). En revanche, les
hommes ont été plus nombreux à noter un plaisir sexuel plus
intense (60 % contre 43 %). En outre, il a été découvert que
l’effet était variable avec le dosage. En effet, une plus grande
libido et une augmentation du plaisir ont été rapportées lors de
consommations de cannabis modérées plutôt que fortes.
Dans un article paru en 1982 dans une revue scientifique,
l’auteur, en parlant des drogues psychoactives, a souligné que le
cannabis exerçait de toute évidence un effet stimulant sur la
sexualité des personnes. « En définitive, il est paradoxal que ce
soient plutôt les jeunes adultes qui consomment du cannabis
pour augmenter leurs désirs sexuels. Par contre, les personnes
qui se trouvent dans la tranche d’âge nettement au-dessus, et
qui auraient souvent plus besoin d’aide pour mieux vivre leur
sexualité, en consomment moins. Il n’est donc pas logique, qu’il
y ait une telle différence entre besoin et utilisation », a-t-il
ajouté en soulignant que paradoxalement, les personnes d’un
certain âge qui auraient donc plus besoin de stimuli, consommaient moins de cannabis que les jeunes (Cohen, 1982).
Troubles du sommeil et insomnies
Il existe de nombreuses preuves montrant l’amélioration de
l’endormissement et de la qualité du sommeil par les
cannabinoïdes. Lors d’une étude conduite dans un centre de
soins sur plusieurs semaines, les personnes consommatrices
régulières de cannabis ont été moins actives et ont dormi
65
davantage lorsqu’elles consommaient beaucoup de cannabis,
par rapport aux jours où elles en consommaient moins
(Babor, 1976). Les propriétés somnifères du cannabis sont
connues depuis plusieurs siècles et sont utilisées pour traiter les
troubles du sommeil. Cependant, il faut souligner que les
résultats varient selon les personnes. C’est ainsi que Bernhard
Fronmüller, médecin-chef à l’hôpital de Fürth (Allemagne),
avait présenté une étude en 1869, conduite auprès de 1000
patients souffrant de divers troubles du sommeil. Les sujets ont
reçu des traitements à base de diverses substances narcotiques,
dont le cannabis. Les résultats concernant un produit extrait du
cannabis ont révélé 53 % d’effets positifs, 21,5 % de bienfaits
partiels et 25,5 % sans aucun effet. Au cours du XIXe siècle,
des produits à base de cannabis étaient déjà prescrits sans
hésitation contre l’insomnie du troisième âge.
Les propriétés sédatives des cannabinoïdes sont souvent
qualifiées d’effets secondaires indésirables. Par exemple, dans
une étude californienne, conduite auprès de patients souffrant
de nausées et de vomissements liés à une chimiothérapie contre
le cancer, 52 % des sujets qui ont reçu du cannabis et 64 % de
ceux ayant pris du Dronabinol (THC), ont signalé l’apparition
d’états de fatigue comme un effet secondaire du traitement
(Musty, 2001). Les auteurs d’une synthèse d’études sur le
bénéfice antiémétique des cannabinoïdes ont désigné certains
des effets secondaires comme étant des « effets secondaires
fortement utiles », notamment les effets sédatifs, engourdissant
et euphoriques. Très souvent des agitations intérieures et des
insomnies sont induites par une maladie grave (Tramer, 2001).
Selon ces résultats, on peut conclure que les effets sédatifs se
manifestent chez près d’un consommateur de cannabis sur deux.
Cependant, en choisissant un moyen thérapeutique pour lutter
contre les troubles du sommeil, il est préférable de n’avoir
recours tout de suite ni aux somnifères, ni au cannabis, mais
plutôt d’essayer de résoudre le problème différemment, par
exemple au moyen d’une meilleure hygiène de vie, de méthodes
de relaxation ou d’autres pratiques. Dans le cas contraire,
l’habitude d’utiliser ces substances s’installent rapidement,
tandis que les problèmes à la base ne sont toujours pas résolus.
66
Accoutumance à l’alcool, aux opiacés et aux somnifères
Depuis plus d’un siècle, il est fréquemment question de
l’utilisation des produits dérivés du cannabis pour le sevrage
des personnes dépendantes à l’alcool, aux opiacés ou aux
somnifères. Récemment, ces effets positifs sur les symptômes
de sevrage aux opiacés ont pu être confirmés sur des animaux.
Cependant, il faut considérer que la toxicomanie est une
maladie qui, en premier lieu, nécessite une véritable prise en
charge socio-psychologique. Le cannabis ne peut qu’apporter
un soutien complémentaire.
En 1970, une revue spécialisée a publié un rapport du
psychiatre californien, le Dr Tod Mikuriya, sur la cure d’une
alcoolique âgée de 49 ans (Mikuriya, 1970). Son médecin avait
remarqué qu’elle buvait moins d’alcool lorsqu’elle fumait du
cannabis. Il s’est alors décidé à encourager sa patiente à utiliser
du cannabis chaque fois qu’elle ressentait le besoin de boire.
Ensemble, ils ont essayé de trouver un dosage approprié pour
que, d’un côté elle arrête la consommation d’alcool, et que de
l’autre côté, elle reprenne peu à peu une vie sociale active. « Au
bout de cinq mois de traitement avec du cannabis comme
produit de substitution, la capacité de discernement de la
patiente s’est améliorée et elle a pu de nouveau sortir et se
rendre aux endroits publics où, avant, elle buvait excessivement
et où elle était systématiquement prise dans un cercle infernal.
Maintenant, à la place de boire, elle fume du cannabis afin de
ne pas perdre le contrôle de sa volonté. En même temps, son
état physique s’est amélioré et elle se trouve moins irritable et
pense avoir plus de facilités pour réfléchir et pour se
concentrer », explique son médecin en parlant de ce résultat
encourageant.
Un homme de 25 ans souffrant de paralysie spasmodique à la
suite d’un accident survenu il y a plusieurs années, lui lésant les
nerfs moteurs, m’a raconté comment, avec l’aide de son
médecin et du cannabis, il a pu surmonter son accoutumance au
tétrazépam (Musaril®), médicament prescrit pour lutter contre
la spasticité. Aujourd’hui, il n’utilise que du cannabis et il
ajoute que cela lui convient parfaitement.
Voici un autre témoignage, d’un homme âgé de 45 ans : « En
67
janvier 1986, j'ai essayé pour la troisième fois d’arrêter de
boire de l’alcool. J’avais des hallucinations et je me suis décidé
à essayer de nouveau seul. Au moment où les tremblements ont
commencé, j'ai fumé du haschich, ce qui a eu un effet atténuant.
Pareil pour la montée d’angoisse, des peurs et les crampes.
C’est grâce au haschich que j'ai réussi à me remettre sur pied
relativement vite. Après environ une semaine, j’allais
suffisamment bien pour quitter mon lit. Depuis, je n’ai plus
jamais bu une seule goutte d’alcool ».
Maladies neuropsychiatriques
Les troubles, appartenant à la famille des maladies
neuropsychiatriques, sont relativement fréquents, notamment le
Trouble Déficit de l’Attention (TDA) et le Trouble Déficit de
l’Attention avec Hyperactivité (TDAH) qui sont observés chez
près d’un enfant sur vingt (5 %) ainsi que chez l’adulte. Le
syndrome de Gilles de la Tourette, en revanche, est une maladie
beaucoup moins fréquente. Il se caractérise par des mouvements
involontaires, appelés couramment des tics. En dernier lieu
figure un groupe de troubles supplémentaires caractérisés par
des intrusions de pensées, des impulsions réprouvées ou des
tendances impératives comme par exemple se laver les mains
souvent (trouble obsessionnel compulsif ou TOC).
Trouble Déficit de l’Attention / Hyperactivité (TDAH)
Aux États-Unis, les médias ont largement relayé un fait
divers de décembre 2001. Le juge d’un tribunal californien avait
en effet rejeté la demande déposée par les services des affaires
sociales qui demandait de retirer l’autorité parentale à une mère,
dont ils avaient appris qu’elle confectionnait des gâteaux
contenant du cannabis pour soulager les troubles importants
dont souffrait son fils de huit ans. Les services sociaux
jugeaient que cette mère n’était pas capable de s'occuper
correctement de son enfant. Elle s’était défendue en déclarant
qu’elle lui administrait du cannabis sur le conseil de son
pédiatre car les médicaments classiques n’étaient pas
suffisamment efficaces. Après avoir essayé le cannabis, elle
avait constaté d’importants changements dans le comportement
68
de son fils : ses troubles d’humeur avaient diminué, sa capacité
de concentration s’était améliorée et il s’était lié d’amitié avec
d’autres enfants.
Des scientifiques du Département de Médecine Routière et
Légale de l’Université de Heidelberg, Allemagne, ont étudié les
effets du cannabis sur les fonctions de conduite routière d’un
homme âgé de 28 ans atteint de TDAH (Strohbeck-Kuehner,
2007). Il avait été verbalisé à plusieurs reprises et son permis de
conduire lui avait été retiré pour conduite sous l’effet du
cannabis. Il présentait un comportement impulsif et manquait
d’attention lors du premier examen avec un psychiatre. Il fut
autorisé à suivre un test de conduite routière sous l’influence du
Dronabinol (THC) que son médecin lui avait prescrit pour
soulager ses symptômes. L’examinateur s’attendait à ce qu’il ne
soit pas capable de conduire sous l’influence du médicament à
base de cannabis. A la seconde consultation, son comportement
était beaucoup moins impulsif. Les résultats aux tests de
réactions, attention soutenue, orientation visuelle, perception de
la vitesse et attention divisée se sont avérés dans la moyenne
voire au-dessus. Une prise de sang, réalisée après le test, a
révélé un taux de THC très élevé dans le sérum sanguin (71
ng/ml). Le patient avoua par la suite qu’il avait fumé du
cannabis à la place de prendre son traitement de Dronabinol,
celui-ci étant trop coûteux et non remboursé. Les scientifiques
ont noté que « statistiquement, les personnes atteintes de TDAH
violent plus souvent le code de la route, commettent plus
souvent des actes criminels, et sont plus souvent impliqués dans
des accidents de la route mortels » et conclurent que « chez les
personnes atteintes de TDAH, il est nécessaire de prendre en
compte les effets atypiques du cannabis, notamment sur
l’amélioration de la conduite routière ».
Les premiers symptômes du TDAH peuvent apparaître dès la
scolarisation, voire avant, et être accompagnés ou non
d’hyperactivité. Les personnes souffrant de TDAH rencontrent,
entre autres, des difficultés à rester assises tranquillement, à agir
méthodiquement, à terminer un travail commencé ou à être
pleinement conscientes de ce qui se passe autour d’elles. Vu de
l’extérieur, elles apparaissent comme des coups de vent,
69
totalement désordonnées. Les symptômes d’hyperactivité disparaissent souvent à l’adolescence mais certains adultes continuent, souvent sans le savoir, de souffrir de divers troubles dans
leur vie quotidienne.
En 2008, j'ai reçu le message d'un patient français atteint de
TDAH. Après une psychanalyse de 4 années, le patient avait
finalement été diagnostiqué TDAH par plusieurs psychiatres.
Voici son témoignage : « Il y a quelques mois, j'ai consulté un
septième psychiatre, dit comportementaliste, et celui-ci m'a
diagnostiqué un trouble de l'hyperactivité TDAH. Plus tard, ce
trouble m’a été confirmé par un autre pédopsychiatre
spécialisé. J'avais déjà ce trouble étant enfant mais celui-ci
était totalement refoulé, créant chez moi, en grandissant, de
multiples symptômes, incluant des tendances alcooliques,
suicidaires et dépressives, ainsi qu'une très forte anxiété et un
profond mal-être. J'ai aussi développé divers problèmes de
gestion émotionnelle qui, sous l'effet des alcools forts et du
Valium®, m'ont conduit une semaine en hôpital psychiatrique.
Le diagnostique de mon trouble m'a permis de comprendre
pourquoi je consommais du cannabis depuis près de 14 ans. Le
cannabis a en réalité de multiples effets bénéfiques sur moi. Il
m’aide principalement à lutter contre les tendances dysphoriques et une hyper-anxiété (onychophagie) que je ressens chaque
jour dès le matin. Ensuite, il permet, lorsque je sens monter
mon taux d'adrénaline et mon agressivité, de me calmer très
rapidement. Enfin, comme je fonctionne trop vite, et que j'ai
souvent trop d'idées en tête, il calme mon trop plein d'activité
cérébrale et je peux alors mieux me focaliser et travailler plus
efficacement. Pour autant, bien que consommant depuis
longtemps entre 1 et 2 g de cannabis par jour, j'estime ne pas
souffrir d'effets secondaires qui justifieraient de changer pour
un autre traitement comme des psychostimulants ».
Trouble Obsessionnel Compulsif (TOC), pensées,
impulsions et tendances impératives
Parmi les symptômes du Trouble Obsessionnel Compulsif
(TOC), à la fois des plus troublants et des plus inquiétants,
figurent les intrusions persistantes de pensées ou d’impulsions
70
que le sujet réprouve, également connues sous le nom
d’obsessions. De même, les tendances impératives, ou
compulsions, qui consistent à accomplir et à renouveler sans
cesse certains rituels, peuvent provoquer d’importantes
situations de stress. De plus, elles monopolisent de nombreuses
heures au cours d’une journée. Les pensées ou impulsions
réprouvées concernent par exemple la peur d’attraper une
maladie contagieuse ou d’être sujet à d’autres menaces
inventées, la sexualité, les mœurs ou le besoin de disposer ou
d’orienter des objets d’une certaine manière. Parmi les
tendances impératives figurent les rituels du lavage et de
l’hygiène, le comptage d’objets, la vérification répétée de faits,
comme par exemple une porte fermée à clé.
Des chercheurs de Berlin, Allemagne, ont rapporté dans la
revue scientifique American Journal of Psychiatry deux cas de
TOC traités efficacement avec du Dronabinol. Les deux
patients, une femme et un homme âgés respectivement de 38 et
36 ans, étaient réfractaires à tous les traitements neuroleptiques
et antidépresseurs conventionnels (Schindler, 2008). Un patient
informa sont médecin que ses symptômes étaient réduits par
l’usage de cannabis fumé. Il lui fut alors prescrit 10 mg de
Dronabinol trois fois par jour en plus de son traitement au
clomipramine. Les symptômes furent réduits au bout de dix
jours. Le second patient reçut aussi du Dronabinol jusqu’à
10 mg deux fois par jour également en plus du traitement en
cours. Une réduction significative des symptômes fut notée au
bout de deux semaines. Les troubles obsessifs compulsifs sont
des troubles psychiatriques de l’anxiété qui se caractérisent la
plupart du temps par des pensées obsessives, envahissantes et
douloureuses accompagnées de rituels (manies) qui visent
inconsciemment à neutraliser les obsessions. Beaucoup de
patients réagissent mal aux traitements conventionnels qui
causent parfois des effets secondaires importants. Compte tenu
de l’efficacité du THC dans le traitement du syndrome de Gilles
de la Tourette d’une part, et de la relation génétique entre les
TOC et le syndrome de Gilles de la Tourette d’autre part, les
chercheurs ont conclu que le THC pourrait également améliorer
efficacement les symptômes liés aux troubles obsessifs
71
compulsifs.
Syndrome de Gilles de la Tourette
Sous la direction du Dr Kirsten Müller-Vahl de la faculté de
Médecine de Hanovre (Allemagne), plusieurs études ont été
menées au cours de ces dernières années traitant de l’efficacité
du Dronabinol chez des patients atteints du syndrome de Gilles
de la Tourette. En effet, certains de ces patients, qui se rendaient
régulièrement au service des consultations spécialisées externes,
avaient déclaré avoir observé des améliorations de leur état de
santé grâce à la consommation de cannabis. Entre 1994 et 1996,
des enquêtes menées systématiquement auprès de 47 patients
ont révélé que 13 patients consommateurs de cannabis ont
observé une action bénéfique sur les symptômes de leur maladie
(Müller-Vahl, 1998). D’autres auteurs ont également publié
quelques articles dans la presse spécialisée sur des cas isolés et
qui relatent des expériences similaires (Hemming, 1993 ;
Sandyk, 1988).
Le syndrome de Gilles de la Tourette est une maladie neuropsychiatrique complexe qui apparaît généralement au cours de
l’enfance ou de l'adolescence. Il est caractérisé par des tics, des
sortes de contractions musculaires involontaires, surtout au
niveau du visage, du cou et des épaules (crispation de la
bouche, mouvements saccadés de la tête). Dans la plupart des
cas, en plus d’éventuels troubles du comportement, comme
l’automutilation et l’hypersexualité, le syndrome est souvent
accompagné de tics vocaux consistant involontairement en des
sons voire des insultes. Des déficits de l’attention et de
l’hyperactivité, similaires au TDAH, des pensées obsessionnelles et des compulsions sont souvent observés en
parallèle.
Lors de la première étude dirigée par le Dr Kirsten Müller-Vahl,
à la faculté de Médecine de Hanovre, les patients participants
ont reçu une dose unique de l’ordre de 5 à 10 mg de Dronabinol
(THC) sous forme de gélules (Müller-Vahl, 2002). Les observations ont révélé la réduction des tics et des symptômes
72
Intensité des tics avant et après
traitement
10
Placebo
THC
0
-10
Nombre de visites
-20
2
3
4
5
6
Évolution de l’intensité des tics chez sept patients souffrant du syndrome de
Gilles de la Tourette au début pendant et à la fin de l’étude. Les patients ont
reçu pendant six semaines soit un traitement de 7,5 à 10 mg de Dronabinol
(THC), soit un placebo. (Reproduction avec l’aimable autorisation de MüllerVahl et al., Journal of Clinical Psychiatry, 2003 ; 64(4) :459-465).
obsessionnels et compulsifs. Certains sujets ont signalé des
effets secondaires de courte durée comme des maux de tête, des
nausées, des vertiges, des peurs, de l’euphorie, des
tremblements, des sensations de bouche sèche et des bouffées
de chaleur. Le traitement à base de Dronabinol à la posologie
citée n’a pas eu d’effet significatif sur l’humeur, ni sur les
facultés de concentration des patients.
Dans une deuxième étude menée auprès de 17 patients,
l’efficacité et la tolérance du Dronabinol ont été testées pendant
six semaines (Müller-Vahl, 2003). Le Dronabinol a été
administré soit au petit déjeuner, soit au repas de midi. La
posologie initiale a été fixée à 2,5 mg de Dronabinol pour être
augmentée de 2,5 mg tous les trois jours jusqu’à une dose
maximale de 10 mg par jour. Comme lors de la première étude,
les symptômes de la maladie ont pu être significativement
réduits et, dans l’ensemble, sans provoquer d’effet secondaire
notable, même au dosage maximal. Un seul patient, à une
posologie de 5 mg de Dronabinol, a développé des peurs
pendant vingt-quatre heures.
73
Maladies neurologiques
Grâce à leurs propriétés relaxantes et antispasmodiques
musculaires, les produits naturels à base de cannabis sont utilisés avec succès dans les traitements des maladies accompagnées
d’hypertonie musculaire et de crampes, notamment dans le cas
de paraplégie ou de sclérose en plaques (SEP). Dans ces cas
précis, les effets analgésiques du cannabis offrent un intérêt
thérapeutique supplémentaire. Comme pour le syndrome de
Gilles de la Tourette, qui a été traité au chapitre précédent,
quelques personnes présentant des troubles de la motricité,
atteintes par exemple de la maladie de Parkinson, de la dystonie
musculaire, de la dyskinésie ou de tremblements ont également
pu tirer profit des effets des produits dérivés de cannabis.
D’autres maladies neurologiques peuvent également être
atténuées par l’utilisation de ces produits, par exemple
l’épilepsie, la borréliose, la maladie de Friedreich, la syringomyélie, la paralysie spastique d’origine spinale, la sclérose
latérale amyotrophique, l’apoplexie et la spasticité à la suite
d’un traumatisme cérébral.
Spasticité, sclérose en plaques et paraplégie
La paralysie spastique, c’est-à-dire la spasticité d’origine
organique, est caractérisée par une plus grande résistance du
muscle à un mouvement passif. Au départ, elle peut être
provoquée par un infarctus cérébral (attaque cérébrale), mais
elle peut également apparaître à la suite de lésions (paraplégie),
l’anoxie du nouveau-né à la naissance (infirmité motrice
cérébrale infantile - IMC) ou lors de maladies dégénératives du
système nerveux (sclérose en plaques SEP). On distingue la
spasticité d’origine cérébrale, provoquée par une lésion
cérébrale (attaque cérébrale, IMC infantile) de la spasticité
d’origine spinale, provoquée par une lésion de la moelle
épinière (paraplégie ou SEP).
Les symptômes de spasticité se traduisent par un affaiblissement musculaire, des maladresses et des troubles de l'activité
motrice fine ainsi que par une augmentation du tonus, des
douleurs et des contractions involontaires (spasmes) des
muscles.
74
L’infirmité motrice cérébrale infantile est principalement traitée
au moyen d’une rééducation thérapeutique. En revanche, pour
d’autres types de spasticité, on utilise des médicaments visant à
décontracter les muscles, notamment les benzodiazépines
(tétrazépam et baclofène). Dans de nombreux cas, ces médicaments ne soulagent pas suffisamment ou alors au prix d’effets
secondaires parfois insupportables pour les patients. En ce qui
concerne l’insuffisance motrice cérébrale, les médicaments
actuellement disponibles sur le marché n’ont quasiment pas
d’effet bénéfique sur la maladie.
Voici le témoignage d’un homme souffrant de sclérose en
plaques : « Je suis atteint d’une maladie du système nerveux
central, à ce jour toujours incurable, qui évolue depuis près de
dix ans et dont les symptômes sont, entre autres, des
contractions irrégulières et douloureuses des muscles
(spasmes). Il s’agit de la sclérose en plaques,… Lors d’un
moment de désespoir, j’ai décidé de fumer une pipe d’herbe de
cannabis. J’ai été surpris de découvrir que lorsque je tendais
mes bras, mes mains ne tremblaient plus et que les spasmes
douloureux s’étaient considérablement calmés. Suite à cette
découverte, et pendant un certain temps, j’ai testé de façon
méthodique si le cannabis fumé pouvait effectivement être
bénéfique contre ma maladie. J’en ai conclu que le THC peut
être très utile pour soulager les symptômes de la sclérose en
plaques ».
Selon une enquête menée en 1997 auprès de 112 patients
américains et britanniques, atteints de SEP et qui ont consommé
du cannabis de façon illégale pour se sentir mieux, les résultats
ont confirmé une amélioration d’un grand nombre de
symptômes, dont la spasticité, les tremblements, les douleurs,
les troubles de la sensibilité et l’angoisse (Consroe, 1997). Or,
de nombreux patients atteints de SEP ou paraplégiques
souffrent également de problèmes de contrôle de la vessie et du
rectum qui aggravent leur état et qui restent difficiles à traiter
avec les médicaments actuels. Grâce au témoignage de
nombreux patients, cette enquête a également relaté une
réduction de la gêne urinaire, de la rétention d’urine, de
l’incontinence urinaire et fécale.
75
Deux études cliniques, présentées en octobre 2001 à Berlin lors
du congrès de l’Association International pour le Cannabis
Médical, ont confirmé l’effet positif du cannabis sur les troubles
du fonctionnement de la vessie. Une étude dirigée par le Dr
Ulrike Hagenbach du centre de réadaptation (REHAB) de Bâle
(Suisse) a été conduite auprès de 15 patients souffrant de
paraplégie spastique et qui ont reçu soit un traitement à base de
Dronabinol, soit un placebo (Hagenbach, 2001). Une
amélioration de certains paramètres de l’activité vésicale a été
enregistrée, notamment celui du volume maximal de
remplissage, qui, grâce au Dronabinol, a pu être augmenté. Sous
la direction du Dr Ciaran Brady et du professeur Claire Fowler
de l’Hôpital national de Neurologie et de Neurochirurgie de
Londres, une autre étude a été menée avec des patients atteints
de SEP en stade avancé, accompagnée de problèmes de
l’activité vésicale. L’administration du Dronabinol s’est faite
par voie sublinguale avec un spray à base de cannabis
(Brady, 2001). Dans cette étude, la capacité maximale de
remplissage de la vessie a été augmentée et la fréquence à
laquelle la vessie demandait à être vidée a été diminuée, de jour
comme de nuit. Le problème de la fréquence avec laquelle le
besoin d'uriner apparaît, et qui se pose souvent aux patients
SEP, est lié à l’hypertonie musculaire qui touche la vessie.
Le système cannabinoïde endogène (endocannabinoïde) semble
jouer un rôle important dans les troubles de spasticité. C’est ce
que des chercheurs britanniques ont découvert chez le modèle
animal (souris) de la SEP accompagnée de spasticité. Chez ces
souris, la concentration en endocannabinoïdes, ou cannabinoïdes endogènes est considérablement plus élevée que la
normale (Baker, 2000). Il semblerait que l’organisme essaie de
répondre à la spasticité en produisant et en libérant une plus
grande quantité de cannabinoïdes endogènes. L’apport exogène
de THC a permis de réduire la spasticité.
Aux États-Unis, une enquête menée en 1982 auprès de patients
atteints de lésions de la colonne vertébrale, a révélé que 22 des
43 patients interrogés consommaient du cannabis pour réduire
leurs crampes musculaires (Malec, 1982). Depuis, le bénéfice
thérapeutique des préparations à base de cannabis s’est fait une
76
réputation parmi les patients souffrant de spasticité d’origine
organique. Ainsi, dans de nombreux centres de réadaptation
pour paraplégiques, situés dans les pays germanophones, fumer
du cannabis est devenu une pratique souvent tolérée par les
médecins.
L’efficacité du THC pour traiter les différents types de
spasticité d’origine organique a été démontrée grâce à des
études conduites individuellement ou en petits groupes. Parmi
9 patients SEP, 7 patients ont déclaré avoir remarqué une
première amélioration significative avec une posologie de
5 à 10 mg de Dronabinol par voie orale (Petro, 1981). 3 patients
atteints d’une forme tonique de spasticité ont également pu
constater les mêmes effets. En revanche, chez les patients
présentant une lésion du cervelet aucune amélioration de leur
état n’a pu être observée (Petro, 1981). Dans une autre étude, le
traitement à base de Dronabinol a apporté une amélioration
visible de la coordination musculaire chez 2 personnes sur les
8 patients (Clifford, 1983). Dans une étude suisse, conduite
auprès de 2 patients (un patient SEP et un patient paraplégique),
une amélioration significative de la spasticité a pu être observée
dans les deux cas ainsi qu’une atténuation des douleurs dans
l’un des cas (Brenneisen, 1996). Les 2 patients ont reçu des
gélules dosées à 10 ou 15 mg de Dronabinol et des suppositoires de 2,5 ou 5 mg.
Une étude de six semaines a été menée auprès de 15 personnes
paraplégiques au centre de réadaptation pour paraplégiques et
victimes de traumatismes cérébraux (REHAB) de Bâle (Suisse).
Les patients ont reçu des gélules à base de THC selon une
posologie adaptée individuellement. Suite à la première phase
des essais, ayant pour objet de définir les doses appropriées à
chaque cas, une posologie moyenne de 30 mg de THC par jour
a été réalisée, permettant une réduction significative des
symptômes de spasticité (Hagenbach, 2003). Une deuxième
phase ouverte de six semaines a consisté à administrer des
suppositoires contenant du THC à 7 patients. La spasticité a
aussi pu être réduite. Finalement, une troisième phase avec un
groupe témoin a été réalisée avec 13 patients ayant reçu soit du
THC, soit un placebo. Sous l’influence du THC, les symptômes
77
de spasticité ont diminué de façon extraordinaire
(Hagenbach, 2003).
La plupart du temps, la constatation objective d’une amélioration des symptômes de spasticité et de la coordination
musculaire a lieu avec un dosage en dessous du seuil de l’effet
psychotrope. En Suisse, dans une étude individuelle, le juriste
Rudi P. a été traité efficacement pendant plusieurs années avec
un traitement à base de THC à faible dosage sans que la
moindre diminution de l’efficacité du médicament n’ait pu être
observée (Maurer, 1990). De plus, le cannabis, contrairement à
tous les autres médicaments antispasmodiques, offre un effet
anti-ataxique, ce qui signifie qu’il peut améliorer les troubles de
la coordination motrice des mouvements. Une étude supplémentaire a permis de démontrer que les tremblements des mains
d’un patient SEP ont ainsi pu être réduits de manière
significative (Meinck, 1989).
Il faut néanmoins ajouter que le cannabis ne garantit pas une
amélioration dans tous les cas. Par exemple, chez certains
patients, il peut parfois aggraver provisoirement les symptômes
de spasticité. Cela est également valable pour quelques patients
SEP, chez qui la balance organique peut être davantage
déséquilibrée (Greenberg, 1994).
C’est ainsi qu’un homme de 51 ans, atteint de SEP, a témoigné
qu’il était dans l’ensemble satisfait des effets bénéfiques sur
l’intensité des spasmes, en fumant ou en mangeant occasionnellement 0,1 g de cannabis. Selon lui, l’effet relaxant durait
quatre heures, mais parfois la spasticité retrouvait un peu plus
de vigueur le lendemain matin.
Voici un autre témoignage d’un homme âgé de 59 ans qui,
depuis 1989, date à laquelle il a subi une intervention
chirurgicale sur une tumeur bénigne du cerveau, est atteint
d’une paralysie, de multiples douleurs, de crampes musculaires,
de déficits moteurs, de vertiges et de troubles de l’équilibre.
« Le cannabis contribue à calmer mes problèmes musculaires,
à atténuer mes douleurs, à améliorer mon humeur, à me
stimuler, à augmenter mon appétit, à me sentir mieux en
général et à améliorer la qualité de mon sommeil. Pour le
consommer, je confectionne des biscuits en ajoutant du
78
cannabis dans la pâte. Je fais très attention au dosage puisque
je réagis mieux à de petites doses, qui me suffisent. Il arrive
qu’au début des sensations de vertiges et de perte de
l’équilibre, accompagnées de tensions musculaires s’accentuent, mais elles diminuent ensuite rapidement ». Au cours des
derniers mois, cet homme a pu réduire considérablement la
posologie d'un analgésique puissant et il a arrêté complètement
l’un des deux antidépresseurs qui lui étaient prescrits : « C’est
vraiment formidable quand on peut remplacer un produit
chimique par un produit naturel. Pour moi, le cannabis est un
médicament sans aucun effet secondaire indésirable », a-t-il
ajouté.
Troubles de la motricité liés à une hyperkinésie
Les déficiences neuro-motrices font partie du groupe des
troubles liés soit à une hyperkinésie, soit à une hypokinésie.
L’hyperkinésie est caractérisée par un excès de mouvements
involontaires comprenant :
 des tics, par exemple dans le syndrome de Gilles de la
Tourette
 des tremblements musculaires (tremblements essentiels)
 de la dystonie musculaire
 de la dyskinésie tardive
 de la myoclonie
 de la chorée
L’hypokinésie se traduit par une réduction de l’activité motrice,
par exemple dans la maladie de Parkinson.
Tics : les bénéfices des produits à base de cannabis dans le
traitement des tics ont déjà été évoqués dans le paragraphe
relatif au syndrome de Gilles de la Tourette. En conclusion, les
effets sont positifs.
Tremblements : certains patients atteints de SEP témoignent
d’une réduction de leurs tremblements musculaires. En 1983,
lors d’une étude menée auprès de 8 patients SEP, à qui l’on
avait administré un traitement de 5 à 15 mg de Dronabinol, une
79
amélioration considérable des importants tremblements a été
observée chez deux d’entre eux. Chez les 6 autres patients,
aucune amélioration notable n’a pu être constatée
(Clifford, 1983). Lors d’une étude plus récente, menée en
Grande-Bretagne, auprès de patients SEP souffrant de
tremblements, l’administration par voie orale d’un produit
extrait du cannabis n’a pas non plus apporté de bénéfice
thérapeutique significatif. Il semblerait que peu de patients
présentant ce symptôme répondent à cette forme de traitement.
En revanche, aucune étude clinique n’est disponible à ce jour
pour répondre à la question de savoir si les produits dérivés du
cannabis présentent un bénéfice thérapeutique contre les
tremblements. Ces troubles sont principalement observés chez
des personnes âgées dont une main tremble de façon
ininterrompue rendant quasi impossible le simple fait de tenir
une tasse. Il y a quelques années, une patiente SEP âgée, qui
prenait un traitement à base de Dronabinol, m’a raconté que sa
sœur avait essayé une de ses gélules de 2,5 mg de Dronabinol,
et qu’ensuite les tremblements continuels avaient diminués
progressivement. L’effet qui s’est produit vers midi a duré
jusqu’au soir.
Dystonies : sous le nom de dystonie, on regroupe les troubles
qui se traduisent par des crampes musculaires à intervalles
rapprochés. Parmi ce groupe figurent la contraction spastique
des paupières (blépharospasme), la torsion du cou (torticolis) et
le spasme médian de la face, appelé également dystonie faciale
(syndrome de Meige). Certains patients présentent des
symptômes, comme la contraction des lèvres ou d’autres
mouvements de la langue, tandis que d’autres développent des
contractions s’étendant jusqu’aux épaules. Les traitements
consistent soit en des injections locales de toxine botulinique,
qui ont un effet paralysant et décontractant, soit en un
traitement à base de médicaments, par exemple des
benzodiazépines. En règle générale, les résultats obtenus avec
ces traitements ne sont pas satisfaisants.
Dans des tests sur animaux (hamsters et rats), les cannabinoïdes
ont pu calmer des mouvements dystoniques (Richter, 1994).
80
Amélioration de
l’état général, de
la spasticité et du
besoin d’uriner
au cours de la
nuit (énurésie)
chez un patient
SEP, suite à des
administrations
alternées de
Dronabinol
(Nabilone) ou
d’un placebo.
(Reproduction
avec l’aimable
autorisation de
Martyn et al.,
Lancet 1995 ;
345 : 579)
Chez l’homme, en revanche, il n’y a pas encore suffisamment
de résultats disponibles issus d’études cliniques. Toutefois,
deux scientifiques ont rapporté que la prise de 200 mg de
cannabidiol (CBD) a réduit les symptômes chez un patient
souffrant du syndrome de Meige (Snider, 1984). En 1986, un
autre groupe de travail a révélé les résultats de ses recherches
menées auprès de 5 patients atteints de diverses formes de
dystonie. Les sujets avaient reçu un traitement à base de 100 à
600 mg de cannabidiol (CBD) par jour pendant six semaines
(Sandyk, 1986). Grâce à ce traitement, les symptômes ont pu
être diminués entre 20 et 50 %. En revanche, lors d’une étude
en 2002, aucune amélioration des diverses formes de dystonie
testées n’a pu être enregistrée avec un traitement à base de
Nabilone, un dérivé synthétique du THC (Fox, 2002).
Au cours de la même année, une revue spécialisée a relaté le cas
d'une canadienne, souffrant depuis plus de dix ans de
dystonie et de fortes douleurs au niveau de l’hypothalamus.
Malgré des traitements à base d’opiacés et d’autres
analgésiques, elle n’arrivait pas à calmer suffisamment ses
douleurs (Chatterjee, 2002). En revanche, en fumant les
81
Intensité des
tremblements chez un
patient atteint de SEP
avant et après avoir
fumé une cigarette de
cannabis.
(Reproduction avec
l’aimable autorisation
de Meinck et al .,
Journal of Neurology
1989 ; 236 : 120-122)
Ecriture et
tremblements d'un
patient SEP avant et
90 minutes après une
prise orale de 5 mg de
THC. (Reproduction
avec l’aimable
autorisation de
Clifford, Annals of
Neurology 1983 ; 13 :
669-671)
cigarettes de cannabis, elle a réussi à réduire considérablement
ses souffrances.
Dyskinésie tardive : elle apparaît souvent comme effet
secondaire d’un traitement à base de neuroleptiques (prescrits
notamment dans des cas de schizophrénie). Ces effets
secondaires s’étendent même une fois le traitement arrêté, voire,
souvent, ils s’intensifient. Les symptômes habituels de
dyskinésie tardive se caractérisent par des mouvements
involontaires au niveau des mâchoires, de la langue et de la
bouche, rappelant la mastication ou la grimace, mais aussi de
82
mouvements rythmés des mains et du torse. De plus, la maladie
peut également entrainer une affection respiratoire. De manière
générale, les résultats des traitements avec les médicaments
disponibles sont insatisfaisants. Quant aux traitements à base de
cannabis, aucune étude clinique n’a été réalisée à ce jour. Je
pourrais néanmoins témoigner des expériences positives d’un
patient, mais puisqu’il s’agit d’un cas isolé, il n’est pas prudent
de vouloir déjà en tirer des conclusions générales pour d’autres
patients.
Myoclonie : elle se traduit par des apparitions brèves de
contractions musculaires involontaires et irrégulières d’un
muscle, ou d’un groupe de muscles. La myoclonie peut être
déclenchée par une intoxication, une lésion cérébrale infantile
ou une sclérose en plaques. Des patients SEP ont relaté que les
produits à base de cannabis leur sont bénéfiques.
Chorées : parmi les diverses chorées, c’est la chorée de
Huntington, ou chorée rhumatismale, qui est la plus répandue.
Elle est caractérisée par de rapides contractions involontaires et
irrégulières de groupes musculaires, répandues dans tout le
corps. De plus, le psychisme du patient tend à se modifier. À la
faculté de Médecine de Hanovre (Allemagne), une patiente
atteinte de la chorée de Huntington a reçu un traitement à base
de Dronabinol (Müller-Vahl, 1999). Au cours des heures qui
ont suivi la prise du médicament, les symptômes de la maladie
se sont aggravés. Dans une autre étude, le Nabilone s’est avéré
avoir des effets positifs (Curtis, 2006). De ce fait, le rôle des
cannabinoïdes dans la maladie de Huntington demande à être
mieux précisé.
Maladie de Parkinson
La maladie de Parkinson se traduit par un ralentissement des
mouvements, une rigidité musculaire et des tremblements au
repos. Les traitements actuels consistent à prescrire des doses de
médicaments, par exemple du lévodopa, ou, plus rarement, à
réaliser une intervention chirurgicale au niveau du cerveau.
Certains patients souffrant de la maladie de Parkinson (ou
83
parkinsonisme) ont fait savoir à leur médecin que le cannabis
avait un effet bénéfique sur les symptômes de leur maladie.
Cependant, les chercheurs qui ont conduit une étude en 1990
auprès de 5 patients ayant fumé du cannabis, n’ont pu relever
aucune amélioration des symptômes (Frankel, 1990).
Une enquête menée par des scientifiques de l’université de
Prague, auprès de patients atteints de la maladie de Parkinson,
met en lumière le fait que, dans le cas spécifique de ce trouble,
et contrairement à d'autres maladies neurologiques, les effets
bénéfiques du cannabis ne se manifestent qu’après une certaine
durée. En 2002, cette enquête a été présentée aux États-Unis
lors du Congrès international sur la maladie de Parkinson. Pour
la réaliser, les chercheurs ont demandé à l’ensemble des patients
atteints de parkinsonisme, suivis dans un service du centre
médical à Prague, de répondre à un questionnaire. Parmi 630
formulaires envoyés, 339 ont été retournés. Voici les résultats
de cette enquête : 25 % des patients ont déclaré consommer du
cannabis, principalement par voie orale (feuilles fraîches ou
séchées). Parmi eux, 46 % (39 personnes) ont observé une
atténuation des symptômes de la maladie de Parkinson. 31 %
ont signalé une diminution des tremblements au repos et 45 %
ont ressenti une amélioration au niveau de la rigidité motrice.
Quant au durcissement musculaire, un effet bénéfique a été
observé par 38 % des patients et 14 % ont déclaré avoir ressenti
une amélioration de la dyskinésie provoquée par le traitement à
base de lévodopa. Les améliorations ont pu être observées en
moyenne 1,7 mois après la première utilisation du cannabis.
Parfois, le traitement à la lévodopa provoque une dyskinésie
chez les patients atteints de parkinsonisme. Le cas d’un patient
isolé a été rapporté en 1985. Grâce à un traitement à base de
cannabidiol (CBD) il a pu atténuer sa dyskinésie (Snider, 1985).
Lors d’une étude conduite en 1998 auprès de 7 patients
souffrant de dyskinésie liée à la lévodopa, le traitement à base
de Dronabinol a également réduit significativement les
dysfonctionnements dont souffraient les patients, sans pour
autant aggraver l’ensemble des symptômes de la maladie de
Parkinson (Sieradzan, 1998).
Globalement, il apparaît que les cannabinoïdes offrent un intérêt
84
thérapeutique pour les troubles du mouvement (dyskinésies),
effets secondaires induits par le lévodopa. En revanche, les
résultats se sont révélés contradictoires pour la maladie de
Parkinson. Il est possible qu’une telle contradiction soit liée au
fait que les traitements à base de cannabis, contrairement à
d’autres thérapies, doivent être utilisés longtemps avant qu’un
effet thérapeutique soit mesurable.
Épilepsie
Les cannabinoïdes endogènes, ou endocannabinoïdes,
semblent jouer un rôle dans l’inhibition naturelle des crampes
musculaires. C’est ce qu’ont suggéré les résultats d’une étude
sur animaux (Wallace, 2002). Cette étude a révélé que, dans le
modèle animal (souris) de l’épilepsie, les endocannabinoïdes
étaient des substances fortement efficaces pour inhiber les
contractions musculaires. De plus, en cas d’inhibition des
récepteurs cannabinoïdes, la fréquence d’apparition des crises
augmentait de nouveau.
L’épilepsie figure parmi les plus anciennes utilisations thérapeutiques des produits naturels du cannabis. Aujourd’hui,
certains patients utilisent du cannabis avec succès pour traiter
leurs crises d’épilepsie, bien que les résultats issus de la
recherche soient toujours insuffisants. Quelques études ont
rapporté que le cannabidiol (CBD), à une posologie de 200 à
1200 mg, avait un effet réducteur de la fréquence des crises,
bien que les résultats restent parfois contradictoires (Trembly,
1992 ; Cunha, 1980). Dans un résumé sur les effets des drogues
et de l’alcool dans le cas de l’épilepsie, il est écrit que
« quelques références sont disponibles sur les effets antiépileptiques du cannabis et de ses principes actifs, les
cannabinoïdes. Mais il est possible qu’ils n’agissent que
spécifiquement dans le cas de crises partielles ou toniquescloniques ». (Gordon, 2001).
Le professeur Paul Consroe et son équipe ont rapporté le cas
d'un jeune homme de 24 ans, atteint d’une épilepsie généralisée,
et qui, malgré un traitement avec des médicaments
conventionnels (phénobarbital et diphényl-hydantoïne), n’arrivait pas à contrôler sa maladie (Consroe, 1975). L’inhalation
85
complémentaire de cannabis a apporté des résultats satisfaisants
quant à la réduction des crises. En 1994, Grinspoon et Bakalar
ont également relaté le cas de 2 épileptiques, dont un homme
âgé de 53 ans. Ce dernier arrivait à contrôler sa maladie
généralisée uniquement grâce à plusieurs médicaments
(phénytoïne, primidone, phénobarbital), au prix d’effets
secondaires sévères le conduisant à de fortes dépressions. En
1976, cet homme a suivi le conseil d’essayer un traitement à
base de cannabis, ce qui lui a permis de diviser par deux ses
doses de médicaments. Il a pu ainsi diminuer considérablement
les effets secondaires indésirables et en même temps la
fréquence des crises.
En 1997, au Canada, un juge du Tribunal de Toronto a accordé
à un patient, Terence Parker, le droit d’utiliser légalement du
cannabis à des fins thérapeutiques. Ce patient, alors âgé de 42
ans, souffrait d'épilepsie. Il a lutté pendant vingt ans pour
l’utilisation du cannabis. En 2002, en Italie, un juge de Rome
avait reconnu le même droit à un épileptique de 44 ans, lui
permettant ainsi de diminuer significativement les fortes doses
de son traitement initial à base de barbituriques.
Douleurs physiques
En Allemagne, 5 à 7 millions de personnes souffrent de
douleurs chroniques. Parmi elles, entre 500 000 et 650 000
présentent des douleurs complexes et difficiles à traiter. Au
moins un patient sur deux ne dispose pas d’assez de moyens de
traitement antidouleur. Souvent, on remarque que les patients
développent une résistance, voire une tolérance, aux antalgiques
habituels. Par conséquent, le recours à d’autres médicaments
devient impératif.
Les produits issus du cannabis sont utilisés dans le traitement de
multiples douleurs. Bien que les opiacés, comme la morphine et
le tramadol, soient des antidouleurs plus puissants, dans certains
cas le cannabis et le Dronabinol sont plus efficaces. Toutefois, il
convient d’ajouter que leur effet thérapeutique reste relativement imprévisible. Cela signifie que l’on ne sait souvent pas
pourquoi le Dronabinol présente un effet thérapeutique chez un
patient et pas chez un autre. Je peux également témoigner
86
personnellement de plusieurs cas de patients souffrant de fibromyalgie, dont certains ont pu profiter de l’effet thérapeutique du
cannabis, tandis que d’autres non.
En 2001, l’Association allemande pour le Cannabis Médical a
réalisé une enquête auprès de ses membres. Elle a montré que
les produits dérivés de cannabis et le Dronabinol ont été utilisés
avec succès dans le traitement des maladies suivantes
(Grotenhermen, 2003) :
 arthrose/arthrite
 hernie discale
 bébé thalidomide
 fibromyalgie
 sensibilité aux agresseurs chimiques (MCS
multiple chemical sensitivity)
 règles douloureuses
 migraine et autres céphalées
 affaiblissement musculaire (maladie de
Werdnig-Hoffmann)
 névralgie
 neurofibromatose
 lésion du plexus brachial
 douleur postsozerienne
 douleur thalamique
 hernie hiatale
 lumbago
Parmi les participants à cette enquête, près d’une personne sur
quatre utilise du cannabis dans le cadre d’un traitement de la
douleur. Aux États-Unis, des enquêtes similaires menées auprès
de plusieurs milliers d'utilisateurs de cannabis ont démontré que
le traitement des douleurs chroniques comptait parmi les
principales causes d’usage médical du cannabis (Gieringer,
2001).
Dans les années soixante-dix, une étude conduite aux ÉtatsUnis a révélé que chez 36 patients atteints de cancer,
l’administration de 10 et de 20 mg de Dronabinol (THC) a été
aussi efficace contre les douleurs liées à la maladie que
87
l’administration de 60 et de 120 mg de codéine (Noyes, 1975).
Le Dronabinol en tant qu’antalgique moins puissant, s’est donc
avéré tout aussi bénéfique. Toutefois, en ce qui concerne l’état
psychologique de certains patients, des effets secondaires, tels
qu’apaisement, euphorie et angoisse ont été constatés. Les
auteurs de cette enquête pensent qu’une association du THC
avec d'autres antalgiques pourrait offrir davantage de résultats
thérapeutiques.
Des essais sur animaux ont également mis en lumière qu’une
interaction entre opiacés et THC augmente le bénéfice
thérapeutique. En Grande-Bretagne, dans une étude de cas
individuel, un patient souffrant de douleurs abdominales aigues,
induites par la fièvre méditerranéenne, a pu réduire la dose de
morphine en prenant, réparties sur la journée, cinq gélules
d’extrait de cannabis dosées à 10 mg de THC (Holdcroft, 1997).
En plus du THC, l’extrait contenait du CBD (cannabidiol) et du
CBN (cannabinol). En 2003, la revue spécialisée Journal of
Pain and Symptom Management a publié des résultats similaires
issus d’études conduites au Canada (Lynch, 2003).
De nombreux patients témoignent que le cannabis leur est
bénéfique pour atténuer les neuropathies, c'est-à-dire les
douleurs induites par une lésion nerveuse. Cette lésion peut
avoir diverses causes, par exemple une maladie métabolique
(comme le diabète sucré), un traitement médicamenteux, un
traumatisme subi lors d’un accident ou bien d’autres encore.
Dans une étude pilote dirigée par le professeur Donald Abrams
de l'université de Californie, 16 patients atteints de neuropathies
liées à une infection VIH ont reçu soit du cannabis, soit un
placebo. Pour 3 de ces patients, les problèmes neurologiques
étaient dus à la maladie elle-même, pour 8 autres au traitement
antiviral et pour les 5 patients restant, probablement des deux à
la fois. Une atténuation de plus de 30 % de la douleur a pu être
enregistrée par 10 patients sur les 16 personnes participant au
test (Abrams, 2003).
Un médecin spécialiste de la douleur de Thüringen (Allemagne)
m’a rapporté le cas d’un homme âgé de 62 ans chez qui
l’interaction d’opiacés et de THC a été très bénéfique. Le THC
a permis de réduire les effets secondaires indésirables des
88
opiacés. Le patient souffrait d’une neuropathie du nerf honteux
interne (probablement suite à une intervention chirurgicale sur
une tumeur du gros intestin) provoquant des douleurs insupportables au niveau des intestins ainsi que des sensations
désagréables dans les cuisses. Suite à l’opération, le patient était
suivi dans un centre antidouleur avec des traitements à base
d’opiacés (morphine et Durogesic®) et divers autres médicaments (Saroten®, Katadolon®, Celebrex® et des infusions à
base de procaïne). Les opiacés lui déclenchaient de fortes
nausées et il a fallu diminuer leur dosage ce qui, par
conséquent, a de nouveau augmenté l’intensité des douleurs.
Pour cette raison, le recours au Dronabinol a été très utile. En
fin de traitement, le dosage correspondait à 30 mg de
Dronabinol en deux prises quotidiennes. Après la disparition
des nausées, l’administration de Durogesic® a pu être
augmentée de nouveau. Quand le patient a quitté le centre, il ne
souffrait plus que de douleurs légères et supportables.
À Berlin, une patiente qui souffrait de fortes douleurs provoquées par un cancer des os (plasmocytome) a évoqué les
multiples effets bénéfiques et complémentaires du cannabis par
rapport à sa maladie. « Je consomme du cannabis de la même
manière que la morphine. Je sais que j’ai besoin des deux : la
morphine calme les douleurs de mes os et le cannabis aide à
relaxer le raidissement des muscles provoqué par la douleur.
Le cannabis permet de réduire, voire même de supprimer, les
antalgiques, tels que Novalgine® et proxène, que je prends en
plus de la morphine. En revanche, je ne peux pas modifier aussi
facilement le dosage de la morphine, parce que cela me
provoquerait des symptômes de manque. La maladie, dont je
suis atteinte, évolue constamment sans pouvoir réellement l’en
empêcher. Pendant les phases de traitement par chimiothérapie
et rayons, mon système immunitaire est effondré et ma vie ne
tient plus qu’à un fil. L’état dépressif qui s’installe alors
ressemble à une véritable crise existentielle. C’est grâce au
cannabis que j’aperçois la sortie du tunnel, que s’installe en
moi une vision optimiste de la vie et que je retrouve ma bonne
humeur. N’étant pas spécialiste en matière de drogues, je me
suis laissée dire que le risque d’accoutumance était élevé et que
89
d’importants effets secondaires pouvaient apparaître. Mon
expérience personnelle est toute autre. Tout ce que je peux dire
est qu’aujourd’hui, sans consommation de cannabis, je n’aurais
plus que la peau sur les os, tellement le traitement à base de
morphine, en plus de la maladie, me coupe l’appétit. Le
cannabis m’aide à retrouver l’envie et le plaisir de manger un
peu. Un avenir sans cannabis m’est devenu inimaginable ».
En 2001, des médecins du service antidouleur du CHU de
Cologne (Allemagne) ont publié les premiers résultats sur
l’application médicale du Dronabinol chez 6 patients souffrant
de douleurs (Elsner, 2001). Jusqu’alors, aucun traitement
n’avait pu les soulager suffisamment, ni opiacés, ni d’autres
antalgiques puissants. Sur 3 des 6 patients, le Dronabinol à un
dosage de 2,5 à 10 mg par jour a eu pour résultat « l’atténuation
satisfaisante de la douleur ». Parmi les 3 patients chez qui le
traitement à base de Dronabinol a été appliqué avec succès, une
personne souffrait de paraplégie traumatique. Dans son cas
précis, une première administration de 5 mg de THC est restée,
outre la fatigue, sans effet apaisant. Après une augmentation du
Taux moyen
d’atténuation
de la douleur
suite à
l’administration
de THC, de
codéine ou d’un
placebo chez
des patients
souffrant de
douleurs liées
au cancer.
(Extrait : Noyes
et al. ,Clinical
Pharmacology
and
Therapeutics
1975 ; 18 : 8489)
90
dosage à 10 mg de THC par jour, une réduction des douleurs a
pu être constatée pour la première fois. Cet effet s’est prolongé
tout au long des dix mois du temps d’observation. Quant à
l’effet de fatigue, il a disparu au cours du traitement. Pour les 2
autres patients, souffrant de douleurs liées à un traumatisme
médullaire, un dosage de 2,5 et de 5 mg de THC par jour a été
suffisant pour atténuer les douleurs. En plus du Dronabinol, un
des patients a reçu un médicament pour relaxer les muscles
(baclofène). Le Dronabinol n’a pas montré d’effet bénéfique sur
les 3 autres patients, dont l’un souffrait de douleurs cuisantes
chroniques du côté droit de la tête, un autre souffrait de
douleurs cuisantes neuropathiques au niveau de l’appareil
génito-urinaire et rectal, et le troisième , paraplégique, souffrait
depuis cinq ans de vives douleurs chroniques. Chez ce dernier
patient, l’administration de 5 à 15 mg de THC par jour avait,
dans un premier temps, atténué les douleurs et amélioré
l’humeur. Mais cet effet positif s’est estompé au bout de deux
mois de traitement.
Un homme âgé de 37 ans a témoigné de ses douleurs du
membre fantôme dont il souffrait depuis vingt ans, suite à
l’amputation d’une jambe. Selon lui, en dehors du cannabis,
aucun médicament n’a pu calmer ses douleurs de manière
satisfaisante. « J’ai le sentiment qu’un couteau est planté dans
mon mollet, que mon muscle est entaillé violemment du haut
vers le bas et qu’on m’arrache les ongles des orteils. (…).
Quant aux différents modes d’utilisation du cannabis,
j’aimerais ajouter que, dans mon cas, c’est le cannabis fumé
qui est le plus efficace. Premièrement, parce que les effets
thérapeutiques sont très rapides, facteur essentiel pour
combattre la douleur, et deuxièmement, parce que c’est ainsi
que je sais le mieux doser. Troisièmement, je constate une sorte
d’effet à retardement qui me permet, le lendemain, de passer
une journée quasiment sans douleur. D’ailleurs, je tiens à
préciser qu’avant l’amputation je n’avais jamais utilisé de
cannabis. Je répartis le dosage de l’ordre de 2 g par jour, en 3
à 6 joints par jour. C’est au cours de trois à cinq mois de
traitement que ce dosage s’est révélé le plus efficace. Des effets
secondaires sous forme de fortes transpirations pendant la nuit,
91
sont apparus pendant les deux et trois premières années. En
revanche, depuis le début, l’effet antalgique du cannabis est
resté constant. »
L’exemple suivant montre parfaitement les problèmes et les
conséquences de l’illégalité en matière d’utilisation de cannabis
à usage médical. En octobre 1995 à Berlin, lors du premier
symposium allemand sur le potentiel thérapeutique du cannabis,
le Dr Andreas Ernst, spécialiste de la douleur, a relaté le cas
d’un homme de 30 ans, paraplégique à la suite de blessures au
niveau de la colonne vertébrale et de la moelle épinière
contractées pendant une opération militaire dans son pays natal.
Ce patient souffrait de fortes douleurs et de spasmes dans les
jambes. « Ce patient a reçu tous les traitements médicamenteux possibles, allant des anticonvulsivants à la morphine par
voie orale. Même à un dosage faible de la morphine orale, il a
réagi par une intolérance. Nous avons donc commencé par lui
injecter des opiacés (morphine) à faible dose directement dans
le canal rachidien. Ainsi, pour la première fois, ses douleurs
ont disparu pendant quelque temps. C’est pourquoi nous avons
procédé à l’implantation d’une pompe auto-stimulante avec un
cathéter vers la moelle épinière. Actuellement, il reçoit de la
morphine à un dosage de 10 mg par jour avec ce moyen. Or,
depuis six mois (il suit ce traitement depuis près de deux ans), il
nous parle d’apparitions de plus en plus fortes de spasmes
sévères, auxquels quasiment aucune thérapie ne peut répondre.
Je lui ai demandé ce qu’il faisait alors pour supporter de telles
douleurs. Avec un sourire malicieux il m’a répondu qu’il fumait
du haschich, une pratique courante dans son pays d’origine.
Ainsi, il se sentait bien pendant plus d’une demi-journée. Mais
souvent, vers le soir, il fallait encore fumer pour se débarrasser
à nouveau de la douleur. Lors d’une autre consultation, il a
reparlé de ses douleurs insupportables. Alors, je lui ai demandé
pourquoi il ne fumait plus de haschich ? Il m’a raconté qu’il y a
peu de temps, une perquisition avait eu lieu chez lui parce qu’il
était soupçonné de trafic de cannabis, ce qui, à mon avis, doit
être plutôt difficile pour quelqu’un qui est cloué dans un
fauteuil roulant ».
92
Céphalées
Une autre application des produits dérivés du cannabis peut
être le traitement de la migraine et d'autres types de céphalées,
dont la céphalée vasculaire de Horton. Cependant, en ce qui
concerne cette dernière, il convient d’ajouter qu’aucune étude
clinique n’est disponible à ce jour, bien que de nombreux
patients tirent profit des effets du cannabis. La migraine se
caractérise par une douleur intense n’affectant souvent qu’un
seul côté et qui persiste pendant des heures, voire des jours. Elle
peut être accompagnée de troubles de la vision, de nausées et de
vomissements. Chez de nombreuses personnes souffrant de
migraines, les crises s’annoncent par des signes précurseurs,
appelés également aura. C’est surtout grâce à des témoignages
du XIXe siècle que nous savons que l’utilisation du cannabis est
très efficace dans le traitement de la migraine, notamment
quand il s’agit d’empêcher une crise dès l’apparition des
premiers signes. « Avant la découverte de l’antipyrine et de ses
équivalents, c’étaient la teinture de gelsemium et la teinture
d’extraits de cannabis qui étaient les remèdes les plus efficaces
pour traiter la migraine », a décrit le professeur Hobart Amory
Hare dans un manuel paru au début du XXe siècle (Hare, 1922).
Dans une étude conduite en 1985, Volfe et al. ont démontré que
le THC empêchait la libération de la sérotonine des plaquettes
sanguines chez un patient en pleine crise de migraine. En
revanche, en dehors des crises, aucune présence d’antagoniste
de la sérotonine n’a pu être relevée. L’équipe a donc supposé
que le cannabis, en plus de son effet analgésique, pouvait être
bénéfique dans le traitement des migraines. Chez 60 à 85 % des
patients atteints, une libération anormale de la sérotonine a été
observée. A cela s’ajoute la propriété antiémétique du cannabis,
également très bénéfique dans de nombreux cas. Le témoignage
suivant m’a été envoyé par une personne souffrant de
migraines. « Depuis mon enfance, je souffre de crises migraineuses avec aura, sans autre symptôme particulier. (…) À l’âge
de 18 ans, j’ai fumé pour la première fois du cannabis. Pour
tester si l’état de relaxation alors ressenti pouvait se reproduire
lors d’une de mes crises, j’ai fumé au moment où une forte crise
migraineuse s’annonçait. Au bout de la troisième inhalation, un
93
léger affaiblissement de l’aura et du phénomène lumineux s’est
produit, bien que d’habitude ces deux signes persistent parfois
au-delà des maux de tête. Au bout d’une heure, j’ai remarqué
que la crise était nettement moins intense. Comparée aux crises
habituelles d’environ dix heures, celle-ci n’a duré que quelques
heures. Quel miracle! Je suis sceptique de nature et je ne crois
pas aux miracles ! Alors j’ai essayé de renouveler l’expérience.
Aujourd’hui, c’est-à-dire quelques années plus tard, je peux
affirmer que le cannabis diminue non seulement l’intensité mais
aussi la durée de mes accès migraineux. Je consomme
régulièrement du cannabis en fin de journée et depuis deux,
voire trois années, la fréquence des crises migraineuses a
diminué de plus de la moitié. Par contre, lorsque j’ai
interrompu pendant six mois mon traitement avec le cannabis,
les crises se sont à nouveau amplifiées ».
Troubles gastro-intestinaux
Les produits naturels issus du cannabis exercent de
nombreuses actions bénéfiques et fortement utiles dans le
traitement des troubles gastro-intestinaux. Parmi ces actions
figurent la stimulation de l’appétit, la réduction des nausées et
des vomissements, l’atténuation des contractions musculaires de
l’estomac et de l’intestin ainsi que la diminution de la
production d’acides et d’autres sécrétions gastriques. Par
ailleurs, de nombreux récepteurs cannabinoïdes et cannabinoïdes endogènes sont situés dans l’appareil gastro-intestinal.
L’utilisation de produits à base de cannabis peut être efficace,
non seulement dans le traitement des nausées et de la perte
d’appétit, domaine d’application médical courant du Dronabinol
(THC), mais également dans le traitement de divers autres
troubles comme des ulcères ou des brûlures d’estomac (troubles
du reflux gastro-œsophagien), le syndrome de l’intestin
irritable, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin
(maladie de Crohn, colites ulcéreuses) et les diarrhées.
Les troubles comme les nausées, les vomissements et la perte
d’appétit sont traités dans un chapitre à part. Les maladies
inflammatoires chroniques figurent dans le paragraphe traitant
des inflammations.
94
Ulcère gastroduodénal et brûlures d’estomac
En 1999, des scientifiques italiens ont évalué l’action
stimulatrice des cannabinoïdes sur la production de suc
gastrique. Pour cela, des rats ont reçu de la pentagastrine
comme stimulus. Certains de ces animaux ont reçu en plus le
cannabinoïde WIN55,212. Cette molécule se fixe aux
récepteurs CB1 de la même manière que le THC. Les chercheurs ont observé que le cannabinoïde a réduit de 80 % la
production de suc gastrique stimulée artificiellement, une
réaction qui ne se produit pas sur la sécrétion naturelle ou non
stimulée. Cela signifie que le THC et le cannabis peuvent
empêcher une production trop importante de suc gastrique,
comme c’est le cas lors de brûlures ou d’ulcères de l’estomac.
Les brûlures d’estomac sont, entre autres, un symptôme de
reflux gastrique. Il s’agit de renvois de suc gastrique vers
l’œsophage déclenchant ainsi une inflammation chronique et
des douleurs en bas de la poitrine. Ce reflux est fréquent lorsque
le muscle constricteur entre l’estomac et l’œsophage ne
fonctionne pas correctement. Il est conseillé aux patients
souffrant de brûlures d’estomac d’éviter les aliments qui
stimulent la production de suc gastrique, comme l’alcool, le
chocolat ou le tabac. La plupart des traitements médicamenteux
sont à base de substances qui inhibent la production d’acides
gastriques ou qui les neutralisent. Dans certains cas, une
intervention chirurgicale est réalisée afin d’améliorer la
fonction du muscle constricteur.
En 1978, Sofia et al. ont mené des essais sur des rats afin de
tester l’efficacité du THC dans le traitement d’ulcères de
l’estomac. Lors de ces tests, le THC a effectivement réduit la
formation de l’ulcère, mais son efficacité a été moins
importante que celle obtenue avec des médicaments utilisés
spécialement à cet effet.
Diarrhée
Le THC, tout comme les autres cannabinoïdes qui se lient
aux récepteurs CB1, ne bloque pas seulement la production de
suc gastrique. Il bloque aussi celle d’autres sucs produits dans
les intestins. Il réduit également l’intensité des contractions
95
musculaires du colon (Shook, 1989), ayant pour effet de ralentir
le transit intestinal. Dans le traitement des diarrhées, les deux
actions sont recherchées.
Dans une étude, des scientifiques italiens de l’université de
Naples, ont administré de l’huile de croton (croton tiglium) à
des souris afin de leur provoquer des diarrhées et des
inflammations intestinales (Izzo, 2001). Dans cette étude, les
cannabinoïdes ont réduit de manière significative l’intensité des
diarrhées. En effet, après l’administration de l’huile de croton,
la concentration des endocannabinoïdes et des récepteurs
cannabinoïdes dans l’intestin des animaux a augmenté de façon
remarquable. Les scientifiques ont conclu que, dans le cas où
l’intestin était enflammé, le traitement à base de cannabinoïdes
était plus efficace que dans le cas d’un intestin sain où l’effet
n’était que faible et ne s’exerçait que sur les contractions
musculaires.
Comme ici au niveau des intestins, on observe très
fréquemment que les effets des cannabinoïdes s’exercent de
manière plus marquée chez les sujets malades que chez les
personnes en bonne santé. Cela est aussi valable pour le
traitement des douleurs (Siegling, 2001), de la sclérose en
plaques (Baker, 2001), de la sous-alimentation (Di Marzo,
2001) et des nausées (Darmani, 2001). De toute évidence,
lorsque l’organisme cherche à se défendre contre une maladie, il
augmente le nombre de récepteurs aux cannabinoïdes ou la
concentration d’endocannabinoïdes dans certaines régions du
cerveau ou du système nerveux. Cette réaction permet aux
cannabinoïdes d’être plus efficaces, car elle leur offre un plus
grand nombre de sites de liaison sur lesquels se fixer. Dans les
cas de douleurs chroniques, l’augmentation des récepteurs et
des endocannabinoïdes concerne par exemple les centres
nerveux situés dans le cerveau ainsi que dans la moelle épinière.
Syndrome de l’intestin irritable
Le syndrome de l’intestin irritable, ou du colon irritable, est
caractérisé par une fragilité du gros intestin face à divers effets
nocifs, souvent liés à une inflammation de ce dernier. Le
syndrome se traduit par des troubles fonctionnels du gros
96
intestin, résistants à tout traitement, qui sont accompagnés de
douleurs spasmodiques, de sensations de ventre plein, de
gargouillements, de flatulences, de selles irrégulières où
diarrhées et constipation se succèdent. « Il y a six mois, j’ai
essayé pour la première fois du cannabis. Les diarrhées et les
nausées ont cessé immédiatement. L’idée de faire cette
expérience m’est venue parce que j’avais entendu dire que le
cannabis était efficace dans le traitement des nausées et des
vomissements liés aux chimiothérapies contre le cancer.
Depuis, j’en utilise chaque fois que les crampes et les nausées
commencent à se manifester », a témoigné une patiente
souffrant du syndrome.
Bien que les produits issus du cannabis soient légèrement
constipants, ils peuvent également être bénéfiques dans le cas
de la constipation liée au syndrome de l’intestin irritable. C’est
ce qu’un patient âgé de 36 ans a constaté: « Je souffre de
constipation chronique, ce qui préoccupe mon esprit du matin
au soir. Plus je suis constipé, plus je deviens angoissé et plus je
suis angoissé, plus je deviens constipé. C’est un véritable cercle
infernal. Quand je consomme du cannabis, je me sens tellement
soulagé, que j’ai parfois envie de crier de joie. Mon estomac se
décontracte et j’ai l’impression que mes intestins
s’assouplissent également ».
Nausées et vomissements
Les nausées et les vomissements sont des symptômes liés à
diverses causes. Parmi elles figurent certains médicaments,
notamment les opiacés et les remèdes utilisés dans les thérapies
anticancéreuses.
En résumé, les produits issus du cannabis sont utilisés avec
succès dans le traitement de nombreuses maladies accompagnées de nausées et de vomissements comme :
 la chimiothérapie anticancéreuse
 le VIH/sida
 l’hépatite C
 les vomissements causés par la grossesse
 la migraine
 l’intolérance à la morphine et à d’autres opiacés
97
Les plus importantes études scientifiques sur l’utilisation
thérapeutique du THC et du cannabis ont été conduites sur les
effets secondaires des chimiothérapies anticancéreuses. En
2002, des tests sur animaux ont révélé que le cannabidiol
(CBD) était également bénéfique dans le traitement des nausées
(Parker, 2002). Cela montre que certains cannabinoïdes,
dépourvus d’effets psychotropes comme le cannabidiol,
pourraient être utilisés contre les nausées liées aux
chimiothérapies.
Chimiothérapie anticancéreuse
Chaque année, on enregistre près de 300 000 nouveaux cas
de cancer en Allemagne. Environ un patient sur trois reçoit un
traitement par chimiothérapie. Cette forme moderne de
médication permet de soigner un grand nombre de patients.
Aujourd’hui, près de 80 % des personnes souffrant d’un cancer
des ganglions lymphatiques peuvent ainsi retrouver une durée
de vie normale, principalement grâce aux médicaments
anticancéreux très efficaces. Cependant, il existe d’autres types
de cancer, comme le cancer de l’estomac ou du rein, qui
répondent très mal aux traitements par chimiothérapie.
Sous le terme de chimiothérapie anticancéreuse, il faut comprendre un traitement à base de diverses substances chimiques,
des cytostatiques, qui ont pour effet de détruire les cellules
cancéreuses, voire de bloquer leur croissance. Le traitement à
base de cytostatiques se pratique le plus souvent de manière
cyclique, c'est-à-dire qu’une phase de traitement de durée
variable est toujours suivie d’une phase sans traitement, afin
que l’organisme puisse récupérer. Ainsi, plusieurs de ces cycles
sont conduits d’une façon suivie, de sorte qu’une chimiothérapie anticancéreuse dure plusieurs mois.
Les principales réactions d’intolérance aux cytostatiques sont
les nausées et les vomissements, la fatigue, l’inflammation des
muqueuses, la perte des cheveux et les affections de la moelle
osseuse.
Lors d’un cycle de chimiothérapie, les vomissements, et les
crampes musculaires qui les accompagnent, peuvent atteindre
une intensité à peine supportable par le patient pendant
98
plusieurs jours. Il y a peu de temps encore, il n’était pas rare de
devoir arrêter un traitement, pourtant prometteur, à cause
d’effets secondaires intolérables. Certaines personnes se sont
demandées s’il était humain de soumettre des patients à de telles
souffrances. Tragiquement, le peu de maîtrise de ces effets
secondaires violents a provoqué le décès de plusieurs patients.
Au début des années soixante-dix, quelques consommateurs de
cannabis ont observé par hasard que le cannabis leur permettait
de réduire les effets indésirables provoqués par la chimiothérapie anticancéreuse. C’est ce qui a incité des chercheurs à
tester le cannabis pour une telle indication. Pour ce faire, ils ont
utilisé principalement des cannabinoïdes purs, dont le THC et
deux cannabinoïdes synthétiques, le nabilone et le lévonantradol.
En 1975, des médecins de Boston ont publié pour la première
fois les résultats d’une étude menée en double aveugle. Dans
cette étude, 22 patients atteints d’un cancer qui n’ont pas pu être
suffisamment soulagés par les médicaments antiémétiques
habituels, ont reçu un traitement à base de THC (Sallan, 1975).
Les résultats ont pu être exploités pour 20 de ces patients.
L’action du THC a été décrite comme étant très efficace
pendant près de 35 % du temps de la chimiothérapie et
moyennement efficace pendant environ 45 % des cycles. Cela
correspond globalement à un taux de réactions positives
d’environ 80 %. En revanche, aucun effet n’a pu être observé
sur les 20 % du temps restant. En outre, l’efficacité du traitement à base de THC était fortement liée aux modifications
psychiques, caractéristiques du cannabis. Pour les patients chez
qui aucun effet psychique n’a pu être observé, le traitement
pour calmer les nausées a également été moins efficace. Selon
les chercheurs cela était dû à une plus faible absorption du THC
dans les intestins.
Au cours des vingt années suivantes, une quinzaine d’études ont
été menées sur le THC (Dronabinol), une vingtaine sur le
nabilone, une dizaine sur le lévonantradol et une sur le delta-8THC, une substance proche du delta-9-THC. Globalement, ces
recherches ont permis de mettre en évidence l’efficacité des
traitements à base de THC pour atténuer les nausées chez les
99
patients qui suivent une chimiothérapie anticancéreuse. Dans les
essais avec le Dronabinol, les doses variaient entre 7,5 et 20 mg
par prise, renouvelées en moyenne tous les quatre heures. La
plupart du temps, le traitement était administré quelques heures
avant la chimiothérapie, et était maintenu tout au long du temps
de la chimiothérapie. Des effets secondaires ont été enregistrés
fréquemment comme de l’euphorie, des vertiges, une sédation
et des baisses de tension artérielle. Certains patients ont
également témoigné d’hallucinations et de sensations désagréables voire angoissantes.
Aux États-Unis, entre les années soixante-dix et quatre-vingts,
des études ont également été conduites avec du cannabis fumé,
dont certaines avaient pour objet de comparer l’effet du
cannabis naturel à celui du THC synthétique. En 1977, Lynn
Pierson, un étudiant âgé de 26 ans, atteint d’un cancer du
poumon, a été entendu par les parlementaires de l’État du
Nouveau-Mexique, ouvrant ainsi le débat sur l’utilisation
médicale du cannabis dans le traitement des effets indésirables
de celles-ci. Après avoir mené une enquête publique auprès de
patients et de médecins sur l’utilisation médicale du cannabis, le
Congrès du Nouveau-Mexique a voté en février 1978 en faveur
de la première loi reconnaissant la valeur thérapeutique du
cannabis. Suite à cette loi, les patients souffrant d’un cancer ont
pu utiliser du cannabis en toute légalité en cas d’efficacité
insuffisante des médicaments antiémétiques conventionnels.
Dans l’État du Nouveau-Mexique, le programme de recherche
Lynn-Pierson a été mis en place, ayant pour objet de comparer
les effets thérapeutiques du cannabis à ceux du THC. Ainsi,
entre 1979 et 1986, 256 hommes et femmes, âgés de 18 à
77 ans, tous atteints d’un cancer, ont participé à l’étude. Lors de
leur chimiothérapie, les patients étaient autorisés à fumer des
cigarettes de cannabis contenant un taux de THC dosé au
préalable. Dans le cas où il leur était impossible de fumer, ou
qu’ils ne le souhaitaient pas, ils pouvaient recevoir du
Dronabinol (THC) sous forme de gélules. L’intensité moyenne
des nausées, représentée sur une échelle de 1 (pas de nausée) à
5 (fortes nausées), a été réduite de 4,5 à 2 grâce à l’effet
bénéfique du cannabis ou du THC. Sur la même échelle,
100
l’intensité moyenne des vomissements a été réduite de 4,3 à 1,7.
Suite à cette première étude et à l’efficacité constatée, près de
95 % des participants ont souhaité poursuivre le traitement à
base de cannabis.
Il fallut peu de temps pour que cinq autres États américains
(New York, Michigan, Géorgie, Tennessee et Californie)
annoncent des programmes de recherche similaires. Ce n’est
qu’en 2001, que le professeur Richard Musty et sa collaboratrice le Dr Rita Rossi, de l’université du Vermont, ont publié
une synthèse exhaustive de l’ensemble de ces programmes de
recherche. Au total, près de 1100 patients y ont participé. Parmi
eux, 748 personnes ont inhalé du cannabis et 345 ont pris des
gélules à base de THC.
Dans les études comparatives entre l’inhalation de cannabis et
l’absorption orale de gélules de Dronabinol, le cannabis fumé
s’est avéré aussi bénéfique, voire plus efficace que les gélules
de Dronabinol. Les critères de participation à l’étude incluaient
que les patients n’aient jamais utilisé d’autres médicaments
conventionnels, comme les cytostatiques connus pour leurs
effets secondaires fortement émétiques. Dans la plupart des cas,
les traitements à base de THC ou de cannabis ont donné des
résultats satisfaisants, voire très satisfaisants. Le niveau de
réaction positive approchait les 80 %. Les effets secondaires
étaient relativement fréquents, mais faibles. Ainsi, dans l’étude
conduite dans le Tennessee, les effets secondaires des
traitements à base de cannabis ont été évalués comme faibles
par 85 % des patients, comme moyens par 11 % et comme
importants pour seulement 3 % d’entre eux.
Au cours des dernières années, les cannabinoïdes ont perdu en
importance dans le traitement des nausées liées à une thérapie
anticancéreuse. Depuis le début des années quatre-vingt-dix, de
nouveaux médicaments, très efficaces en association avec les
traitements anticancéreux, ont été introduits. Il s’agit
d’antagonistes à la sérotonine de type 5HT3, tels que
l’ondansétron et le tropisétron. Ces antagonistes sont souvent
efficaces. Dans beaucoup de cas, ils sont même plus bénéfiques
que les produits naturels issus du cannabis. Cependant, un
certain nombre de patients ne sont pas suffisamment satisfaits
101
de ces nouveaux antagonistes pour atténuer leurs nausées.
Parmi eux se trouvent des personnes qui pourraient être traitées
avec des produits à base de cannabis. Par ailleurs, des résultats
indiquent que le THC pourrait être utilisé en combinaison avec
d’autres médicaments antiémiques en vue de retarder
l’apparition des nausées (Meiri, 2007).
En 1995, Alexander Remmele, fondateur d’une association
d’aide aux malades pour l’utilisation médicale du cannabis à
Berlin, décédé en 1997 à la suite d’une forme maligne de cancer
des ganglions lymphatiques, nous a laissé son témoignage :
« Depuis bientôt deux ans, j’utilise de manière régulière du
cannabis pour combattre d’une part les effets secondaires de la
chimiothérapie comme les nausées, la perte d’appétit et les
vomissements, et, d’autre part, pour stabiliser, voire améliorer
mon état psychique. Mon expérience en tant que consommateur
régulier de cannabis date d’il y a dix ans déjà. À cette époque,
le haschich et le cannabis n’étaient alors pour moi que des
drogues psychotropes, utilisées à des fins récréatives. Au début
de ma maladie, je n’ai rien changé à mes habitudes. J’ai
continué à fumer des joints de temps à autre et j’avoue qu’à
chaque fois, après avoir consommé, je me suis senti mieux.
Aujourd’hui, par contre, je me pose davantage de questions
quant à ma consommation régulière de cannabis et aux risques
potentiels qu’elle présente pour ma santé. J’ai l’impression que
la campagne diffamatoire contre le cannabis, menée depuis
plusieurs décennies, qui représente le cannabis comme une
drogue créant une forte dépendance favorisant la descente
infernale vers les drogues dures, ait laissé des traces malgré
mes propres expériences contraires. Pourtant, même l’attitude
de mes parents a évolué depuis : jadis du côté de l’ennemi pur
et dur, ils sont passés du côté des partisans pour un débat
rationnel sur l’utilisation médicale du cannabis. Mes parents
ont remarqué que, dans mon cas, la consommation de cannabis
a apporté une grande amélioration au niveau de ma qualité de
vie de malade ».
102
VIH/sida
En 2000, lors du cinquième Congrès sur les traitements
médicamenteux des infections par le VIH, les résultats d’une
étude traitant des effets secondaires liés à une thérapie anti-VIH
ont été présentés. Dans cette étude écossaise (Glasgow),
85 % des patients qui, en plus de leur traitement antirétroviral,
ont reçu du Dronabinol pour atténuer les nausées et les
vomissements, ont vu diminuer de moitié l’intensité des leurs
symptômes.
Les nausées et les vomissements figurent parmi les effets
secondaires qui apparaissent fréquemment dus aux traitements
antirétroviraux. Dans l’étude, les patients ont reçu des gélules
de Marinol® contenant un mélange de Dronabinol synthétique
dissout dans de l’huile de sésame. « Le Marinol® s'est révélé
efficace contre les nausées pour les patients en cours de
chimiothérapie. L’étude que nous vous présentons aujourd’hui
révèle que le Marinol® peut également être bénéfique dans le
traitement des nausées et des vomissements que présentent les
personnes qui suivent un traitement anti-VIH. Il s’agit là d’une
découverte de taille, car de nombreux patients ne prennent pas
régulièrement les médicaments antirétroviraux afin d’éviter les
effets secondaires, tels que les nausées ou les vomissements », a
déclaré le directeur de l’étude, le professeur Roger Anderson de
Pittsburgh (États-Unis), lors d’une conférence de presse.
Dans cette étude, 27 patients ont reçu au hasard soit une dose de
2,5 mg de Dronabinol deux fois par jour (une heure avant la
prise du médicament antirétroviral), soit une dose unique de
5 mg de Dronabinol par jour (avant d’aller se coucher). Une
amélioration de plus de 50 % de l’intensité des symptômes
(nausées et vomissements) a été observée par 93 % des patients
ayant reçu deux doses quotidiennes et par 77 % des patients qui
ayant reçu une dose unique le soir. L’intensité des nausées a été
atténuée chez 96 % des patients.
Autres maladies accompagnées de nausées
Comme la littérature ancienne et les expériences cliniques
d’aujourd’hui le laisse suggérer, les produits issus du cannabis
sont également bénéfiques dans le traitement des nausées et des
103
vomissements provoqués par d’autres facteurs, comme les
anesthésies générales. À ce sujet, aucune étude n’est encore
disponible à ce jour. Néanmoins, il semble évident que
l’efficacité des produits issus du cannabis dans le traitement des
nausées dans le cadre d’une chimiothérapie ou dans celui de la
prise de médicaments contre le sida, puisse également
s’appliquer aux autres formes de nausées.
Le témoignage suivant, d’un patient qui a suivi un traitement à
base d’interféron pendant quatorze mois, permet d’illustrer ce
propos. L’interféron est une substance qui est également
produite par l’organisme et qui exerce une fonction naturelle
dans la régulation du système immunitaire. Les thérapies à base
d’interféron sont utilisées pour traiter un certain nombre de
maladies, comme la leucémie myéloïde chronique, l’hépatite C
et la sclérose en plaques. « Au début de mon traitement, j’ai pris
quotidiennement pendant plus de trois mois un médicament
pour calmer mes nausées (Paspertin®), un autre médicament
pour calmer mes douleurs au niveau des os et des articulations
(Vioxx®) et un troisième médicament pour calmer ma
dépression nerveuse (Zoloft®). Ensuite, pendant douze mois,
j’ai pris du Dronabinol pour lutter contre les effets secondaires
de l’interféron, et pendant un mois contre ceux de l’imatinib.
Globalement, j’ai constaté que mon expérience avec le
Dronabinol a été positive ».
Perte d’appétit et amaigrissement
Le manque d’appétit et la perte de poids qui en découle, sont
des symptômes liés à de nombreuses maladies graves comme le
cancer, le sida et l’hépatite C. L’amaigrissement marque une
aggravation de la maladie et affaiblit l’état du patient. Ces
raisons sont suffisantes pour agir, même indépendamment de la
maladie principale.
Pour cela, divers mécanismes sont connus dans lesquels les
cannabinoïdes peuvent être bénéfiques. Le système cannabinoïde endogène, localisé dans l’hypothalamus, fait partie du
système cérébral fortement complexe qui contrôle l’appétit. Les
leptines, hormones protéiques, jouent le rôle réducteur de
l’appétit, contrairement à celui des endocannabinoïdes qui offre
104
des effets stimulateurs de celui-ci. Les leptines sont libérées
dans le tissu adipeux sous l’impulsion du gène responsable de
l’obésité. Ces hormones jouent également un rôle important
dans le trouble de l’obésité.
L’effet stimulateur de l’appétit observé avec les cannabinoïdes
peut être expliqué en partie par le fait qu’ils offrent une
meilleure perception du goût des aliments et, de ce fait, ces
derniers seront consommés avec plus de plaisir. Au cours de
nombreuses maladies, accompagnées d’une perte de l’appétit,
un véritable sentiment de dégoût envers la nourriture est
fréquemment ressenti par les patients. Il est donc intéressant de
constater que de nombreux récepteurs cannabinoïdes se situent
dans les intestins et que, lorsque la sensation de faim se
manifeste, le nombre d’endocannabinoïdes augmente dans cette
partie du corps. En revanche, après avoir mangé, la
concentration d’endocannabinoïdes se normalise de nouveau.
Cela signifie que de tels mécanismes périphériques participent
également à la régulation des sensations physiologiques, comme
la faim ou l’impression de satiété.
L’effet stimulateur du cannabis sur l’appétit est connu depuis
longtemps. Ainsi, le pionnier des recherches sur l’usage médical
du cannabis, l’écossais Sir W. O’Shaugnessy, a décrit « une
augmentation spectaculaire de l’appétit » dans un ouvrage
publié entre 1838 et 1840, comme un effet secondaire chez
l’ensemble des patients ayant reçu un traitement à base de
teinture de cannabis. Quant aux effets du cannabis dans le
traitement des troubles gastro-intestinaux, ils ont été résumés en
1890 par le médecin français, le Dr G. See : « Le cannabis offre
un effet constant de suppresseur de la douleur et de la reprise
de l’appétit, peu importe la cause des troubles ».
Au début des années soixante-dix, les recherches sur les effets
du cannabis se sont amplifiées en raison du phénomène
croissant de consommation de cannabis parmi les adolescents et
les jeunes adultes. Quelques-unes de ces études ont révélé
également l’effet stimulateur sur l’appétit du cannabis et les
chercheurs se sont mis à en rechercher les causes. Une étude a
été réalisée sur l’action du cannabis sur la prise de poids et sur
l’assimilation des calories chez deux types de consommateurs
105
de cannabis, des consommateurs réguliers et des consommateurs occasionnels (Greenberg, 1976). Au sein des deux
groupes, les observations ont révélé une prise de poids chez
tous les sujets, notamment au cours des cinq premiers jours
d’observation, sur une durée totale de vingt-et-un jours. Lors
d’une étude menée sur vingt-cinq jours, une autre équipe de
recherche a rapporté une meilleure assimilation des calories
chez les consommateurs de cannabis, surtout lorsqu’ils
prenaient de petites collations entre les repas et que les sujets se
trouvaient dans un contexte social favorisant la consommation
de cigarettes de cannabis.
Par ailleurs, de nombreux témoignages de consommateurs de
cannabis soulignent que le goût des aliments et des boissons est
meilleur sous l’influence du cannabis et que même la nourriture
de tous les jours peut se transformer en véritable délice
culinaire.
Certains auteurs pensaient que le THC du cannabis était à
l’origine d’une baisse du taux de glycémie stimulant ainsi
l’appétit. Une étude conduite il y a plus de cinquante ans auprès
de 62 volontaires, a montré que le cannabis n’influençait pas de
manière significative, le taux de glycémie (Allentuck, 1944).
Parmi les personnes testées, 18 personnes n’ont enregistré
qu’une faible baisse du taux de glycémie, 36 une légère
augmentation et 8 autres aucune variation. Par conséquent, le
mécanisme par lequel le cannabis augmente l’appétit n’est pas
encore connu avec certitude. Il est néanmoins probable que le
THC agisse au niveau des centres nerveux régulant le sentiment
de faim et de satiété.
Une telle stimulation de l’appétit peut aussi être utilisée dans le
traitement de diverses maladies. Dans le cas de cancers avancés,
les besoins énergétiques, tout comme les exigences
métaboliques, augmentés par la croissance des tumeurs, sont
épuisants pour l’organisme. Les malades du sida souffrent
plutôt d’un manque d’appétit qui est à l’origine de l’important
amaigrissement. On parle alors du syndrome d’amaigrissement
lié au sida, ou Aids-Wasting-Syndrom. Chez ces mêmes
malades, on pourra également rechercher l’effet calmant exercé
par le THC sur les nausées et les vomissements.
106
Cancers
La première étude clinique sur l’effet stimulateur de l’appétit
chez des personnes atteintes d’un cancer a été publiée en 1976
(Regelson, 1976). Dans cette étude, 54 personnes ont reçu trois
fois par jour des doses de 2,5 à 5 mg de THC ou un placebo.
Sous l’effet du THC, une prise de poids comprise entre 200 et
400 g a été enregistrée tandis qu’avec le placebo, une perte de
poids comprise entre 600 g à 1 000 g a été observée.
Au début des années quatre-vingt-dix, plusieurs autres études
ont été menées auprès de patients atteints d’un cancer ou du
sida. Dans ces études, les traitements à base de THC pour lutter
contre la perte de poids ont enregistré des succès similaires
(Beal, 1995 ; Gorter, 1992 ; Plasse, 1991 ; Wadleigh, 1990 et
autres). L’effet stimulant sur l’appétit et la prise de poids à un
dosage quotidien de seulement 5 mg de THC a également été
mis en évidence. En revanche, une étude d’envergure, conduite
en Allemagne en 2002, a révélé que le traitement à base de
THC et d’un extrait de cannabis à un dosage de seulement 2,5
mg deux fois par jour, était insuffisant pour faire évoluer
significativement le poids des patients.
Sida
Une étude menée pendant six semaines auprès de
139 malades du sida a permis d’étendre les applications du
Marinol® (préparation à base de THC autorisée aux États-Unis)
pour lutter contre la perte de l’appétit (anorexie) ou la maigreur
extrême (cachexie) des patients (Beal, 1995). Comparé au
placebo, le Marinol® a stimulé l’appétit et a réduit la perte de
poids. De plus, il a atténué les nausées et amélioré le moral des
participants à l’étude.
Une enquête menée par l’Association allemande d’aide aux
malades du sida a permis d’étudier 136 autres cas. Sur la
question de leurs expériences personnelles en matière de
consommation de cannabis, 55 % des personnes interrogées ont
déclaré avoir une grande expérience, 16 % peu d’expérience et
29 % aucune expérience (Barsch, 1996). Parmi les consommateurs de cannabis expérimentés, 72 % ont jugé l’effet du
cannabis positif, 21 % parfois positif et parfois négatif et
107
7 % seulement négatif. En résumé, les patients atteints du sida
utilisent surtout du cannabis pour réduire les angoisses et les
tensions, pour retrouver de l’appétit et du poids ainsi que pour
atténuer les douleurs.
Maladie d’Alzheimer
En 1997, une première étude a été publiée sur l’effet du
Dronabinol sur 15 patients atteints de la maladie d’Alzheimer
(Volicer, 1997). Il s’agit d’une maladie dégénérative du cerveau
entraînant une détérioration des facultés cognitives, comme la
mémoire et le sens de l’orientation, et parfois aussi des états
dépressifs ou d’autres symptômes. Les 15 patients choisis pour
participer à cette étude refusaient tous de se nourrir. Au cours
des six semaines de durée de l’étude, les patients ont reçu soit
une préparation à base de THC, soit un placebo. Les résultats
globaux ont révélé une prise de poids plus importante avec le
THC qu’avec le placebo. Les effets secondaires observés ont été
faibles, comprenant, entre autres, des états euphoriques ou de la
fatigue.
Une deuxième étude, menée auprès de 9 patients d’une
moyenne d’âge de 83 ans, a obtenu des résultats similaires. Elle
a été présentée en mai 2003 lors du Congrès annuel de la
Société américaine de gériatrie. Avant l’étude, tous les patients
avaient maigri suite à la perte de l’appétit. Après le traitement à
base de THC, tous avaient repris du poids.
Inflammations et allergies
Les actions du THC sur le système immunitaire sont
extrêmement complexes et, à ce sujet, de nombreuses
recherches sont actuellement en cours. En cas d’hyperactivité
(ou hypersensibilité) du système immunitaire, les produits issus
du cannabis peuvent jouer le rôle d'antagonistes. Aucune étude
clinique chez l’homme n’est disponible à ce jour. Néanmoins,
des témoignages de nombreux patients, souffrant de divers
troubles immunologiques et chez qui les traitements à base de
THC ont été bénéfiques, similaires à ceux observés dans la
recherche fondamentale, sont présentés dans ce chapitre. Parmi
ces troubles figurent l’asthme, la polyarthrite, la colite
108
ulcéreuse, la maladie de Crohn, les allergies aux poussières
domestiques, le rhume des foins et la neurodermite. À cette
liste, il faut ajouter la sclérose en plaques, du fait de l’action du
cannabis sur le ralentissement du processus inflammatoire de la
maladie.
Inflammations
Le professeur Grinspoon de l’université de Harvard a
rapporté en 1994 le cas d’une patiente atteinte de la maladie de
Crohn. Le cannabis , en plus d’un effet calmant sur les douleurs
abdominales, a également permis de réduire la posologie du
traitement anti-inflammatoire.
La maladie de Crohn, tout comme la colite ulcéreuse, consiste
en une inflammation chronique de l’appareil digestif, dont la
cause reste encore mal connue. L’inflammation peut porter sur
n’importe quel organe du système gastro-intestinal. Le plus
souvent, elle se localise sur la partie située entre l’intestin grêle
et le gros intestin. Des diarrhées fréquentes, parfois accompagnées de crampes intestinales, notamment du côté droit du basventre, caractérisent cette affection. Après plusieurs années de
maladie, la plupart des patients développent des complications,
telles que des occlusions et des ulcérations intestinales rendant
une intervention chirurgicale souvent nécessaire. Le traitement
habituel est basé sur des médicaments anti-inflammatoires, par
exemple la cortisone, ainsi que des médicaments antidiarrhéiques.
En 2004, un patient atteint de la maladie de Crohn a été acquitté
par une cours de justice en Allemagne. Il est aujourd’hui
autorisé à utiliser du cannabis pour traiter ses symptômes. Selon
ses témoignages, il s’agit pour lui du meilleur médicament pour
réduire les crampes intestinales, ouvrir l’appétit et traiter le fond
de son inflammation chronique. En 2002, avec d’autres patients,
il s’est confié au magazine allemand Stern. Tous les patients
étaient considérés comme des consommateurs illégaux de
cannabis.
En outre, un traitement à base de produits issus du cannabis
peut également être bénéfique pour les patients souffrant de
colites ulcéreuses ou d’arthrite (inflammations des articu-
109
lations).
Les maladies inflammatoires sont très souvent accompagnées
d'autres troubles. « J’avais constamment la diarrhée, j’étais
dépressif et sans entrain et je maigrissais lentement, mais
sûrement. J’avais perdu l’appétit. D’ailleurs, je ne pouvais
avaler quelque chose qu’après avoir consommé du cannabis. Il
y avait des jours avec et des jours sans. Chaque matin je me
demandais, si j'allais ou non passer toute ma journée aux
toilettes. L’effet le plus spectaculaire du cannabis a été pour
moi celui exercé sur mes intestins. Parfois le matin, je ne
pouvais même pas rester au lit parce qu’il me fallait aller à la
selle tous les quarts d’heure. En revanche, après avoir
consommé du cannabis, je retournais encore une fois aux
toilettes et puis j'étais tranquille pendant plusieurs heures.
Dans mon cas, le THC est bénéfique pour traiter le colon
irritable tout comme les crampes musculaires. Grâce à lui, je
peux me passer des médicaments antispasmodiques (atropine)
qui, de toute façon, n'avaient pas beaucoup d’effets », a
témoigné un homme atteint de la maladie de Crohn.
J’aimerais encore ajouter un autre témoignage. Il m’est parvenu
par courrier électronique, de la part d’un homme qui a observé
des effets positifs du cannabis pour prévenir l’épisclérite, une
maladie inflammatoire des yeux qui cause d’importants désagréments. « Pendant huit ans, je souffrais d'apparitions de plus
en plus fréquentes d’épisclérite. Au début seulement deux à
trois fois par an, et puis cinq à huit fois. Les deux dernières
années, les sclérites nécessitaient même des traitements à base
d’ultracortenol à fortes doses (une préparation à base de
cortisone) parce que les gouttes d’antibiotiques ne suffisaient
plus. Le traitement à base du nouveau médicament miracle
allemand, l’ecolicin, (un antibiotique à base d’érythromycine)
provoquait même une progression galopante du processus
inflammatoire. Aucun médecin n'a réussi à me guérir
complètement. Je représente le type même du sujet atopique :
allergies à divers pollens, acariens et moisissures, eczéma
séborrhéique et crises d’asthme de faible intensité. Les
ophtalmologistes étaient à bout de leur science. L’hémogramme ne donnait aucune indication médicale supplémentaire pour
110
expliquer mon cas. Pareillement pour les médecins généralistes. J’ai donc entrepris des recherches approfondies sur
internet où j’ai appris que le cannabis a aidé plusieurs
personnes atopiques à soulager leurs problèmes de santé. J'ai
décidé de l'essayer également. Depuis maintenant exactement
deux ans, je n'ai plus eu d'épisclérite. Je fume du cannabis une
fois par semaine, bien que je pense qu’une cigarette tous les
quinze jours serait suffisante. Une fois, j’ai arrêté ma
consommation de cannabis pendant trois mois et l’inflammation des yeux est apparue de nouveau. Mais cette fois, j’ai pu
stopper rapidement le processus inflammatoire en fumant une
cigarette de cannabis et en appliquant pendant toute une
journée des gouttes d’inflaneran ».
Dans les années soixante-dix et quatre-vingts, les propriétés
anti-inflammatoires du THC et des produits extraits du cannabis
ont été expérimentées sur les animaux. En 1973, Sofia et al. ont
été les premiers à découvrir que, dans un modèle animal, le
THC réduisait les réactions inflammatoires de cinq substances
sur onze testées (Sofia, 1973). Globalement, le THC n’a pas
obtenu autant de bons résultats que les deux autres substances
anti-inflammatoires (aspirine et cortisone). Par contre, dans
certaines formes d’inflammations, le THC a été plus efficace
que l’aspirine et dans un cas a montré des résultats équivalents à
la cortisone.
Beaucoup d’études expérimentales ont démontré le potentiel
anti-inflammatoire des cannabinoïdes. Des recherches ont en
effet démontré que le THC exerce une influence sur la
concentration des cytokines. Les cytokines sont des médiateurs
intercellulaires sécrétés par des leucocytes spécifiques, les
lymphocytes T. Elles jouent le rôle de messagers du système
immunitaire dans le cas de certaines réactions allergiques et
inflammatoires (Melamde, 2001). Le THC réduit la quantité de
ces cytokines pro-inflammatoires, tels que le TNF-alpha et
l’interféron-gamma en bloquant une sécrétion anormalement
importante de la part des lymphocytes-T. Un taux trop
important de ces cytokines est observé lors d’arthrites rhumatoïdes et d’inflammations intestinales chroniques comme la
colite ulcéreuse et la maladie de Crohn. Il contribue ainsi au
111
développement du processus inflammatoire. Comme il a déjà
été souligné, le nombre de récepteurs cannabinoïdes augmente
davantage dans un intestin enflammé que dans un intestin sain,
afin de présenter plus de sites de liaison aux cannabinoïdes.
Des propriétés anti-inflammatoires du THC-COOH, l’un des
principaux métabolites du THC, ont également été mises en
évidence (Burstein, 2001). Son mécanisme d’action ressemble à
celui de l’aspirine. Il bloque une enzyme appelée
cyclooxygénase. Toutefois, l’action du THC-COOH est plus
spécifique du fait qu’il n’inhibe pas toutes les formes de
cyclooxygénases, mais uniquement celles qui provoquent
l’inflammation. C’est la raison pour laquelle le THC-COOH
n’entraîne pas les effets secondaires connus de l’aspirine, à
savoir des lésions intestinales pouvant aller jusqu’aux
saignements. Le THC est transformé en THC-COOH dans le
foie. Celui-ci est donc un produit de dégradation biochimique
du THC dont les traces peuvent être retrouvées dans l’urine
après consommation de cannabis ou de THC. Des essais
cliniques avec un produit de synthèse dérivé du THC-COOH,
appelé CT-3 ou acide ajulémique, ont montré que cette
substance réduit les inflammations et les douleurs chez des
patients atteints d’arthrite (Karst, 2003).
À ce jour, il n’est pas encore prouvé que le THC ou d’autres
cannabinoïdes puissent également offrir des bénéfices dans les
traitements du processus inflammatoire chronique de la SEP.
Actuellement (2009) une étude d’envergure sur trois ans est en
cours en Angleterre pour évaluer l’influence du THC sur
l’évolution de la maladie. Dans deux études menées en 2003 sur
le modèle animal de la SEP, l’effet des cannabinoïdes a été
étudié par rapport à l’activité inflammatoire et aux dysfonctionnements neurologiques. Un groupe de travail espagnol
a montré que, sur des animaux, plusieurs cannabinoïdes
synthétiques, présentant des effets en partie similaires à ceux du
THC, réduisent l’activité inflammatoire et les dysfonctionnements neurologiques à long terme (Arevalo-Martin, 2003).
Un autre groupe de chercheurs de Chicago a rapporté une
réduction des troubles neurologiques parallèlement à une baisse
du nombre de cytokines pro-inflammatoires, tels que les TNF-
112
alpha, les interleukine-1-beta et les interleukine-6 obtenue grâce
aux cannabinoïdes (Croxford, 2003).
L’un des modèles animal de la sclérose en plaques est
l’encéphalomyélite allergique expérimentale (EAE). En 1989,
Lyman et al. ont publié une étude conduite sur des rats chez qui
a été introduite artificiellement l’EAE. Ces animaux ont reçu du
THC soit peu avant, soit peu après l’incubation de la maladie.
Tous les animaux du groupe témoin ont développé, dans les dix
à douze jours après l’incubation, une EAE sévère et 98 %
d’entre eux en sont morts en l’espace de deux semaines. Par
contre, les rats qui ont reçu un traitement à base de THC ont
montré peu, voire aucun symptôme d’EAE et 95 % d’entre eux
ont survécu aux tests. Plusieurs années après cette étude, une
autre équipe de chercheurs a répété le protocole avec du delta-8THC et a obtenu des résultats similaires (Wirguin, 1994).
Toutefois, il est encore trop tôt pour savoir si les résultats issus
du modèle animal peuvent s’appliquer à la forme humaine de la
sclérose en plaques. Pour l’instant, mieux vaut rester prudent en
ce qui concerne les attentes dans ce cas particulier.
Allergies
De nombreux patients m’ont fait part de leurs expériences
positives avec des produits issus du cannabis pour traiter
diverses allergies, comme les allergies aux poussières domestiques. En cas d’allergies, les symptômes sont généralement plus
marqués le soir ou pendant la nuit, lorsque le taux naturel de
cortisone est au plus bas de la journée. D’après les témoignages,
quelques bouffées d’une cigarette de cannabis suffiraient pour
éviter ces symptômes.
En janvier 2003, une étude conduite à l’université du Michigan
sur des souris a démontré que les deux cannabinoïdes, le THC
et le cannabinol (CBN), réduisaient la réaction allergique des
animaux, sensibilisés préalablement à une substance à base
d’albumine. Les scientifiques, de manière contrôlée, ont
provoqué chez ces animaux une réaction pro-allergique à une
protéine avant de les vaporiser avec cette même substance. Les
souris ont réagi dans les vingt-quatre heures par une importante
augmentation du nombre de cytokines pro-allergiques dans les
113
poumons ainsi que par d’autres symptômes allergiques comme
un taux élevé d’immunoglobuline E (IgE) dans le sang et dans
le mucus des poumons. L’ensemble de ces symptômes
inflammatoires a donc pu être réduit significativement par le
THC et le CBN. « Les cannabinoïdes offrent un potentiel
thérapeutique dans le traitement des affections respiratoires
d’origine allergique à cause de l’action antagoniste de
l’expression anormale de cytokines par les lymphocytes T et à
l’inhibition du processus inflammatoire associé », ont conclu
les chercheurs dans une revue scientifique.
D’après une étude réalisée par des chercheurs de l’université de
Bonn (Allemagne) sur des animaux, l’application d’une
pommade contenant du THC est capable de réduire les réactions
allergiques de la peau. Le rôle des endocannabinoïdes s’est
avéré être important dans le processus inflammatoire.
L’augmentation du niveau d’endocannabinoïdes réduit les
réactions inflammatoires alors que l’absence de récepteurs
cannabinoïdes les augmente (Karsak, 2007).
Dans le traitement des affections des voies respiratoires, les
propriétés antiallergiques du THC peuvent également présenter
d'autres effets thérapeutiques. Ainsi, l’effet broncho-dilatateur
du THC a eu du succès dans une étude clinique chez un certain
nombre d'asthmatiques. Il existe une autre action thérapeutique
du THC, qui, pour l’instant, n’a pu être prouvée que sur des
animaux, mais qui mérite un certain intérêt. En effet, une étude
conduite en 2000 a démontré que les cannabinoïdes endogènes
empêchent la toux et les contractions douloureuses au niveau
des voies respiratoires (Calignano, 2000). Les endocannabinoïdes ont exercé un effet relaxant sur les muscles à chaque fois
que ceux-ci se contractaient sous l’effet du stimulus capsaïcine.
Démangeaisons
Divers troubles peuvent causer des démangeaisons, en
dehors bien sûr de la présence de parasites, tels que des puces
ou des acariens. Il s’agit entre autres de neurodermite, de
diabète, d’allergies, de maladies du foie ou de leucémie. Dans le
cas d’une neurodermite par exemple, l’altération de la peau
provoque les démangeaisons et dans le cas des maladies
114
internes, le trouble est causé par des taux anormaux de
substances irritantes dans le sang.
Parmi ces substances figure l’acide biliaire, qui, chez les
personnes en bonne santé, est transporté en même temps que la
bile dans les intestins afin de stimuler la digestion. Dans
certaines maladies du foie, cet acide passe dans le sang. Il
devient alors souvent très difficile de traiter ces formes de
démangeaisons.
En 2002, une étude conduite à l’université de Floride a eu pour
objet d’étudier l’efficacité du Dronabinol dans le traitement de
démangeaisons induites par une hépatite choléstatique,
jusqu’alors résistantes à tout autre traitement (Neff, 2002). Pour
cette étude, 3 patients ont été choisis. Tous avaient déjà suivi
différentes thérapies, notamment à base de médicaments,
comme la rifampicine, le phénobarbital, la naltrexone, la
cholestyramine, la diphénhydramine et la doxépine, ainsi que de
multiples lotions, des radiothérapies et des plasmaphérèses
(formes d’hémodialyses). Pour ces personnes, les fortes
démangeaisons ont causé une détérioration considérable de leur
qualité de vie, des insomnies, des dépressions, des idées
suicidaires en plus d’une inaptitude au travail. Au début, ils ont
reçu un traitement dosé à 5 mg de THC en allant se coucher.
Les 3 patients ont rapporté une atténuation des démangeaisons
et une amélioration considérable de la qualité de leur sommeil.
2 patients ont également vu disparaître leur état dépressif. Un
patient a remarqué l’apparition de troubles de la coordination.
Même après avoir été réduit à un dosage de 2,5 mg de
Dronabinol, le traitement est resté efficace. Chez les
3 patients, l’effet antiprurigineux a duré entre quatre et six
heures. A part des témoignages de patients et de médecins, il
n’existe aucune étude clinique sur d’autres formes de
démangeaisons. Le professeur Grinspoon a rapporté le cas d’un
homme âgé de 52 ans qui souffrait d’une neurodermite
importante (Grinspoon, 1994). Sous automédication à base de
cannabis, ce patient a pu calmer significativement ses
démangeaisons et ses symptômes inflammatoires. A chaque fois
qu’il arrêtait son traitement, les symptômes reprenaient avec la
même intensité qu’avant le traitement. Selon d’autres
115
témoignages, recueillis par l’Association Internationale pour le
Cannabis Médical (IACM), le cannabis est aussi utilisé avec
succès dans le traitement d’autres types de démangeaisons, par
exemple chez des malades atteints du sida.
Les démangeaisons importantes étant liées à des causes très
différentes, il est peu probable que les produits issus du
cannabis soient systématiquement efficaces dans le traitement
de toutes les formes de démangeaisons.
Toux et asthme
Le Dronabinol (THC) et d’autres cannabinoïdes psychotropes possèdent des propriétés broncho-dilatatrices. Notamment
dans le traitement de l’asthme, les préparations à base de
cannabis se sont assuré une place importante dans la
pharmacopée de la médecine occidentale à partir du milieu du
XIXe siècle. Entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, les
cigarettes contre l’asthme, contenant notamment des produits
issus du cannabis (appelé à l’époque chanvre indien), étaient
très largement utilisées. En Inde, le cannabis est utilisé
couramment depuis de nombreux siècles pour calmer la toux.
Asthme
Dans les années soixante-dix, des études cliniques ont été
conduites avec du THC et d’autres cannabinoïdes auprès
d’asthmatiques et de sujets bien portants. Dans une de ces
études, des réactions asthmatiques ainsi que des contractions
douloureuses des bronches ont été provoquées après inhalation
chez huit patients (Tashkin, 1975). Dans les dix minutes qui ont
suivi l’inhalation de cannabis, les spasmes se sont atténués.
Néanmoins, il n’est pas recommandé de fumer du cannabis à
cause de son effet irritant sur les muqueuses. En revanche, il
peut très bien être utilisé par voie orale, par exemple en thé ou
mélangé dans des gâteaux. Puisque dans le traitement de
l’asthme, le mécanisme d’action du THC est différent de celui
des remèdes communs, il est tout à fait possible d’associer le
THC à d’autres formes de traitement. En 1984, une étude a
révélé que l’effet thérapeutique reste constant à un dosage de 20
mg de THC oral pendant vingt jours. Cela démontre qu’il est
116
possible d’administrer le THC même à long terme (Gong,
1984).
De plus, les actions antiallergiques et anti-inflammatoires du
THC peuvent également être très bénéfiques dans le traitement
de l’asthme.
Toux
En l’an 2000, un groupe de chercheurs a découvert la raison
pour laquelle, chez de nombreuses personnes, le cannabis
provoque la toux tandis que chez d’autres, il la calme en même
temps qu’il réduit les spasmes douloureux des bronches.
Dans un article paru dans le journal scientifique Nature, il est
relaté que chez des rats et des cochons d’Inde, l’endocannabinoïde anandamide exerce une action calmante sur les
muscles respiratoires uniquement quand ces derniers ont été
préalablement contractés par une stimulation à la capsaïcine
(Calignano, 2000). En revanche, si les muscles de l’appareil
respiratoire sont initialement décontractés, l’anandamide peut
au contraire provoquer un accès de toux. « Nous pensons
pouvoir soigner des toux liées à différentes causes grâce aux
effets du THC sur les récepteurs cannabinoïdes présents dans
les voies respiratoires supérieures », a expliqué lors d’une
interview le professeur Daniele Piomelli, un des chercheurs de
l’université de Californie participant à l’étude. « Cette découverte est fondamentale puisqu’aujourd’hui la plupart des
traitements habituels se focalisent sur une seule région du
cerveau qui est le centre de la toux et qui réagit au contact de
la codéine et d’autres médicaments similaires ».
Glaucome
En Allemagne, près de trois millions de personnes présentent
une pression intraoculaire trop élevée et 800 000 personnes
souffrent de glaucome. La fréquence d’apparition du glaucome
augmente avec l’âge : dans la tranche d’âge des plus de 40 ans,
environ une personne sur quarante est concernée tandis que
chez les plus de 75 ans, il s’agit d’une personne sur quinze. Près
117
Amélioration de la capacité respiratoire après inhalation de 100 µg de
salbutamol (ligne continue) ou de 200 µg de THC (ligne discontinue).
(Reproduction Wiliams et al., Thorax 1976; 31 (6) : 720-723.
de 10 % des cécités acquises sont dues à une perte de la vue
induite par le glaucome. En Allemagne, cette maladie est la
deuxième cause de cécité.
Les différents types de glaucome sont caractérisés par une
dégradation lente du nerf optique. Ce processus se déroule de
façon insidieuse et la plupart du temps sans douleur. C’est la
raison pour laquelle le glaucome est souvent diagnostiqué
tardivement, à un moment où le nerf optique est déjà fortement
endommagé et où la fonction visuelle est déjà considérablement réduite.
La dégradation du nerf optique liée au glaucome est souvent
causée par une augmentation de la pression intraoculaire. Chez
les sujets sains, cette pression varie entre 10 et 21 mm de
mercure. Une pression oculaire au-delà de 21 mm de mercure
est souvent liée à un dysfonctionnement de l’élimination du
liquide à l’intérieur du globe oculaire. La pression intraoculaire
peut atteindre 30 à 40 mm de mercure, voire plus. Cette augmentation peut se produire de façon progressive, ou plus
118
rarement en l’espace de quelques heures seulement à la suite
d’une inhibition accrue de l’évacuation du liquide intraoculaire.
Dans le deuxième cas, on parlera de crise aigüe de glaucome
qui est généralement accompagnée de fortes douleurs au niveau
de l’œil. La pression anormalement élevée est transmise au nerf
optique, via le corps vitré, une masse aqueuse qui est
responsable de la forme arrondie de l’œil. Ainsi, une forte
pression exercée sur le nerf optique peut, à terme, endommager
voire détruire ce dernier.
Parmi les personnes atteintes de glaucome, entre 30 et 40 % des
patients présentent une lésion du nerf optique sans qu’une
augmentation anormale de la pression intraoculaire en soit la
cause. Dans ce cas là, on parlera de glaucome sans tension, ou
maladie de Von Graefe. Pour ce type de glaucome, la véritable
cause de la lésion nerveuse reste inconnue. Néanmoins, on
suppose que l’un des facteurs majeurs dans l’expression de ce
trouble est une mauvaise circulation sanguine dans les petits
vaisseaux qui alimentent le nerf optique en oxygène et en substances nutritives.
Les traitements possibles du glaucome sont les collyres ou une
intervention chirurgicale, éventuellement par laser, afin
d’améliorer l’évacuation du liquide intraoculaire. Cependant,
les médicaments ne sont pas toujours tolérés et l’intervention
chirurgicale ne réussit pas systématiquement. C’est pourquoi,
en Allemagne, un certain nombre de patients atteints de
glaucome recherchent les effets positifs du Dronabinol ou du
cannabis.
En menant des recherches sur l’effet du cannabis sur l’œil au
début des années soixante-dix, le Dr Robert Hepler et le Dr Ira
Frank de Los Angeles ont découvert par hasard que l’inhalation
de cannabis diminuait la pression intraoculaire. Lors de ces
études, chez les onze volontaires ayant consommé du cannabis à
un dosage de 18 mg de THC, la pression intraoculaire a diminué
en moyenne de 25 % une heure après l’inhalation (Hepler,
1971). Chez deux participants pratiquement aucune
modification n’a pu être observée, tandis que chez les autres,
une diminution significative, pouvant atteindre 45 % a été
constatée. Par conséquent, l’action du THC sur la pression
119
intraoculaire peut agir différemment selon les personnes. Ce
constat a déjà été fait dans d’autres applications thérapeutiques
du cannabis. Je connais personnellement 2 patientes chez qui
l’application d’un dosage de seulement 5 mg de Dronabinol par
jour, depuis plusieurs années, offre un effet thérapeutique
considérable pour réduire une pression intraoculaire trop élevée.
Chez d’autres patients aucun effet n’a pu être enregistré, même
à un dosage plus important. D’autres essais ont été conduits
avec le THC sous forme de collyres, puisque de nombreux
récepteurs cannabinoïdes se trouvent au niveau des yeux. C’est
d’ailleurs au travers de l’application locale par gouttes que l’on
peut empêcher au mieux les effets psychotropes du cannabis. Or
le THC, tout comme d’autres cannabinoïdes, n’est pas solubles
dans l’eau et il est difficile de trouver un excipient adapté. Les
essais d’applications locales n’ont pas eu le succès thérapeutique escompté. Actuellement aucun traitement de ce type n’est
disponible.
Des études ont pourtant révélé que le THC réduit la production
du liquide intraoculaire tout comme il augmente l’écoulement
de ce dernier. En plus de l’effet réducteur de la pression
intraoculaire, les cannabinoïdes offrent également d’autres
effets bénéfiques permettant de préserver la capacité visuelle
(Pate, 2001). En effet des récepteurs cannabinoïdes sont
localisés sur les vaisseaux sanguins. Les cannabinoïdes ont un
effet dilatateur de ces petits vaisseaux permettant ainsi une
meilleure irrigation sanguine. Ils jouent également le rôle de
capteur de radicaux libres et d’antagoniste de la libération de
glutamates protégeant ainsi les nerfs (Hampson, 2001). Le
glutamate est l’un des neurotransmetteurs libéré en grande
quantité lors d’une mauvaise circulation sanguine, accompagnée d’un manque d’oxygène et de substances nutritives
pouvant conduire à une intoxication de l’organisme, et par
conséquent, à une dégénérescence progressive du nerf optique
(neurotoxicité). C’est la raison pour laquelle, les cannabinoïdes
offrent également un bénéfice thérapeutique considérable en cas
de glaucome dit sans tension. Dans ce cas, il est toujours
conseillé de baisser préventivement la pression intraoculaire,
même si elle se situe à un niveau normal.
120
Diverses autres maladies
Le cannabis et le Dronabinol sont utilisés avec succès pour
traiter de nombreuses maladies qui n'ont pas été évoquées dans
les paragraphes précédents. Dans tous les cas, aucune étude
clinique sur l’efficacité des produits issus du cannabis n'est
disponible à ce jour. En revanche, il existe de nombreux
témoignages écrits, sans négliger pour autant quelques
indications issues de la recherche fondamentale sur les possibles
applications thérapeutiques du THC. Toutefois, ces indications
doivent être interprétées avec précaution. D’un côté, il peut
s’agir de cas isolés et qu’en réalité, seulement peu de patients
atteints du même trouble pourront bénéficier des mêmes effets
positifs ; de l’autre côté, il ne faut pas négliger ces témoignages
et expériences. De nombreuses études cliniques ont été
conduites à partir d’expériences personnelles et les résultats ont
souvent été confirmés plus tard par d’autres patients présentant
la même symptomatologie.
En ce qui concerne d’autres maladies, comme le lupus
érythémateux ou la sclérose latérale amyotrophique, les
symptômes peuvent varier considérablement d’un patient à
l'autre. Dans ces cas précis, l’efficacité des produits à base de
cannabis dépend fortement des symptômes à traiter.
Hoquet
Il y a quelques années, la revue spécialisée Lancet a publié
un article sur un patient souffrant d’une infection fongique de
l’œsophage et qui, à la suite d’une intervention chirurgicale, a
développé un hoquet persistant (Gilson, 1998). Le patient a
suivi divers traitements médicamenteux (chlorpromazine,
nifédipine, acide valproïque), qui se sont montrés peu, voire pas
du tout efficaces. L’acupuncture, les sixièmes et neuvièmes
jours après l’apparition du hoquet, a permis de faire disparaître
ce dernier pendant une heure. Le huitième jour, le patient avait
fumé une cigarette de cannabis pour la première fois de sa vie et
le hoquet a disparu jusqu’au lendemain. Le dixième jour, le
patient a renouvelé l’expérience et le hoquet a aussitôt disparu
et n’est jamais réapparu. « Puisque le hoquet réfractaire aux
traitements est une maladie rare, il est peu probable qu’un jour
121
une étude clinique contrôlée sur l’utilisation du cannabis pour
cette pathologie soit menée. Bien que la législation interdise
l’utilisation du cannabis, ce cas devrait permettre de prendre
sérieusement en compte le potentiel thérapeutique des produits
à base de cannabis dans le traitement du hoquet des personnes
chez qui tous les autres médicaments ont pas été inefficaces »,
ont conclu Gilson et Busalacchi, les auteurs de l’article.
Nystagmus
Des neurologues d’une clinique de Londres ont rapporté
dans la revue spécialisée Neurology le cas d’un patient atteint
de sclérose en plaques souffrant de nystagmus pendulaire
(Schon, 1999). Il s’agit d’un trouble de la motricité des yeux,
caractérisé par une succession de mouvements involontaires et
généralement rythmés, des globes oculaires. De telles
oscillations des yeux handicapent fortement les personnes
concernées. Le patient cité a remarqué qu’en fumant deux
cigarettes de cannabis, les symptômes diminuaient significativement et que l’effet durait entre quatre et cinq heures. Les
médecins britanniques ont pu enregistrer pendant plusieurs
jours ces effets, notamment à l’aide d’une caméra vidéo. Grâce
aux moyens techniques, ils ont également observé une
amélioration de l’acuité visuelle du patient. Avec les cigarettes
de cannabis, le nystagmus n’a pas disparu, mais l’intensité des
mouvements oculaires a pu être réduite considérablement. En
revanche, un dosage élevé, allant jusqu’à 40 mg de Dronabinol
par jour n’a pas apporté une amélioration plus importante des
symptômes.
Acouphène (perception auditive anormale)
Je connais personnellement deux patients qui ont pu
bénéficier des effets des produits à base de cannabis pour
traiter l’acouphène. L’un des deux a indiqué qu’après avoir
fumé du cannabis il était débarrassé des perceptions auditives
anormales pendant plus de vingt-quatre heures, c’est-à-dire bien
au-delà de la durée de l’effet psychoactif du cannabis. Un
troisième patient, également concerné par ce trouble, m’a
envoyé en novembre 2002 un courrier électronique. « Depuis au
122
moins trois ans, je souffre d’acouphène chronique. Fumer du
cannabis me donne l’impression que les sifflements disparaissent. De plus, les troubles du sommeil causés par ces
désagréments incessants ont également disparus. Auriez-vous
plus d’informations pour confirmer mes suppositions ? »
D’autres médecins, intéressés par l'utilisation thérapeutique du
cannabis, ont également rapporté quelques succès isolés dans le
traitement des acouphènes. Cette maladie est liée à toute une
série de facteurs et il est probable que seulement un petit
nombre de patients puissent bénéficier des effets positifs des
produits issus du cannabis.
Dans un modèle animal du tinnitus, le nombre de cellules
nerveuses présentant des récepteurs CB1 est apparu en plus
faible quantité dans une région particulière du cerveau (nucleus
cochlée ventral). Cette région du cerveau joue un rôle important
dans le processus auditif. Des chercheurs de Nouvelle Zélande
ont conclu de leurs résultats que « les récepteurs CB1 du
nucléus cochlée peuvent jouer un rôle important dans les
fonctions auditives » et « qu’une sous régulation des récepteurs
CB1 du nucleus cochlée ventral peut expliquer le développement des symptômes de la maladie » (Zheng, 2007).
Vision scotopique
Le Dr Ethan Russo (États-Unis), conjointement avec des
collaborateurs espagnols et marocains, a dirigé une étude sur
l’effet possible du THC et du cannabis sur l’amélioration de la
vision nocturne (Russo, 2003). Cette étude avait été soulevée
par des pêcheurs jamaïcains et marocains qui, indépendamment
les uns des autres, ont témoigné qu’après avoir fumé du
cannabis ils pouvaient mieux voir la nuit quand ils pêchaient.
L’étude a démontré que le cannabis fumé et le THC, consommé
oralement à un dosage de 2,5 à 20 mg de Dronabinol,
amélioraient la capacité visuelle scotopique (vision nocturne)
en fonction du dosage. Ainsi, les médecins envisagent une
application thérapeutique du cannabis pour traiter
l’héméralopie, ainsi que d’autres maladies similaires. Un article,
paru en 1998 dans le magazine Nursing Standard a relaté le cas
d’un patient atteint de rétinite pigmentaire, une maladie des
123
yeux, pour qui l'inhalation de cannabis a considérablement
amélioré la fonction visuelle.
Aide à l’accouchement
De nombreuses civilisations, ainsi que la médecine
occidentale du XIXe siècle, ont reconnu les effets des produits
naturels issus du cannabis pour activer les contractions lors de
l’accouchement. À ce jour, aucune étude clinique n’a été
menée. Toutefois, des résultats remarquables, issus d’essais
dirigés par des scientifiques de l’université de Floride, ont été
présentés en 2001 lors du Congrès de l’Association Internationale pour le Cannabis Médical (Berkley, 2001). Selon eux,
les cannabinoïdes ont d’une part inhibé l'activité vésicale et
d’autre part stimulé l’activité utérine.
« Peu avant la naissance de mon fils (c’est-à-dire dès
l’apparition régulière des contractions), j’ai commencé à fumer
volontairement du cannabis. Le travail à l’accou-chement a
duré plus de douze heures. Pendant tout ce temps, je n’ai eu
besoin d’aucun analgésique. J’ai ainsi vécu la naissance de
mon fils comme un événement merveilleux. Le cannabis n’a pas
supprimé les douleurs, mais il a réduit leur intensité », a
témoigné une femme sur les effets antidouleurs des
cannabinoïdes.
Cancers
Diverses études révèlent l’efficacité du THC et d’autres
cannabinoïdes pour ralentir l’évolution de certains cancers.
Ainsi, lors d’un test in vitro, les cannabinoïdes ont empêché la
reproduction des cellules cancéreuses (Melck, 2000). Dans un
essai sur le modèle animal d’une tumeur maligne du cerveau
(rats), le glioblastome multiforme, le THC a pu guérir
entièrement un tiers des animaux et allonger considérablement
la durée de vie d’un autre tiers (Galve-Roperh, 2000). Dans cet
essai, le THC a été introduit directement dans la tumeur par une
simple intervention chirurgicale.
On ne sait toujours pas si les résultats obtenus chez les animaux
peuvent être généralisables pour l’homme, ou en d’autres
termes, si une thérapie anticancéreuse à base de cannabinoïdes
124
sera bientôt disponible. À ce jour, les connaissances pour
déterminer les cancers qui pourraient répondre à certains types
de traitement et avec certains dosages, restent insuffisantes.
La première étude clinique avec du THC pour traiter des
patients atteints d’un cancer du cerveau a été menée à l’hôpital
de Ténériffe, Espagne. Les résultats ont été publiés dans la
revue scientifique British Journal of Cancer en 2007. Les
patients souffraient de glioblastome, une tumeur du cerveau très
agressive, contre laquelle toutes les thérapies conventionnelles
avaient échouées (chirurgie et radiothérapie). Le temps de
survie moyen des patients était de 24 semaines et près de deux
ans pour deux d’entre eux. Le THC a été administré directement
dans la tumeur au travers d’un petit cathéter. La dose initiale de
20 à 40 mg par jour a été augmentée de 80 à 180 mg par jour.
Les patients ont été traités de 10 à 64 jours et ce traitement était
très bien toléré. Les tumeurs des neufs patients présentaient des
niveaux de récepteurs CB1 et CB2 différents qui ne purent être
mis en corrélation avec la durée de survie. En raison du
protocole de l’étude, il n’a pas été possible de faire de
corrélation entre les effets du THC et le temps de survie. Un
groupe témoin de personnes sans traitement, ou avec un
traitement différent, aurait été nécessaire au protocole. En
comparant les résultats de cette étude avec d’autres études et
d’autres traitements, un effet bénéfique du THC peut être
supposé. Les chercheurs ont indiqué que le THC « ne facilite
pas le développement de la tumeur et ne réduit pas le temps de
survie ». Ils suggèrent de mener d’autres études plus approfondies sur les effets des cannabinoïdes, utilisés seuls ou en
combinaison avec d’autres médicaments, sur ces tumeurs, ainsi
que sur d’autres types de tumeurs cancéreuses (Guzman, 2006).
Sclérose latérale amyotrophique
La sclérose latérale amyotrophique (SLA) est une maladie
neurologique caractérisée par la dégénérescence musculaire et
l’affaiblissement progressif de l’ensemble des muscles.
Souvent, les personnes concernées ne peuvent plus se déplacer,
ni se servir de leurs mains, et parler leur devient difficile. Dans
75 % des cas, l’espérance de vie, suite au diagnostic, ne dépasse
125
pas trois à cinq ans. Des personnalités, comme Mao Tsé-toung
et l’astrophysicien britannique Steven Hawking, par exemple,
ont développé cette maladie.
Comparée à la sclérose en plaques, caractérisée par une
paralysie spastique des muscles, la paralysie de la SLA se
présente dans la plupart des cas par un ramollissement
musculaire. C’est la raison pour laquelle, le cannabis n’apporte
généralement pas de bénéfice thérapeutique, à moins que la
maladie ne soit accompagnée de raidissements musculaires, de
spasticité ou de douleurs locomotrices. D’autres symptômes
possibles de la SLA peuvent être réduits avec les produits à
base de cannabis comme les difficultés respiratoires, les sécrétions salivaires trop abondantes, les pertes d’appétit et les
troubles du sommeil. Les effets antispasmodiques, antalgiques,
bronchodilatateurs, sur l’appétit et réducteurs de la salivation du
cannabis peuvent alors être très utiles. Dans une moindre
mesure, les produits naturels du cannabis pourraient aussi être
appliqués pour lutter contre les causes de la SLA (Carter, 2001).
Il semblerait en effet que la surproduction des neurotransmetteurs glutamates et la sécrétion de radicaux libres
jouent un rôle majeur dans la dégénérescence des nerfs liée à la
SLA. Le cannabis offre justement des effets inhibiteurs sur la
production de ces deux substances.
Hémodilution
Plusieurs cannabinoïdes naturels, comme le CBG et le CBD,
et dans une moindre mesure le THC et le CBN, empêchent la
coagulation des plaquettes sanguines (Formukong, 1989). Grâce
à cette propriété, il est possible de modifier la viscosité du sang
et améliorer la circulation sanguine. Toutefois, l’efficacité reste
relativement faible.
Lupus érythémateux multi systémique
Le lupus érythémateux disséminé (LED), ou multi systémique, figure parmi les maladies auto-immunes les plus
sévères. Le LED se caractérise par la fixation des complexes
auto-immunitaires circulants sur la paroi des vaisseaux
sanguins, déclenchant ainsi le processus inflammatoire des
126
tissus ainsi que d’autres troubles, tels que des lésions cutanées
ou des troubles articulaires et rénaux. Les patients souffrent de
perte d’appétit, d’amaigrissement, d’affaiblissement général, de
fièvre, de dépression et de douleurs. « Après avoir entendu
parler du cannabis à plusieurs reprises, il y trois ans, j'ai
décidé d'essayer pour la première fois. Quand je fume du
cannabis, mes douleurs articulaires, musculaires et osseuses
disparaissent, je veux dire qu’elles sont toujours là, mais elles
deviennent supportables. De plus, les diarrhées et les crises de
panique ont totalement disparu. Je me sens de nouveau en
forme et je peux quitter mon lit. Mes douleurs à l'estomac se
sont également atténuées et mon appétit est revenu », écrit une
patiente. Un témoignage supplémentaire d'un autre patient LED,
qui souffrait également de fréquents besoins d'uriner pendant la
nuit, a aussi énuméré un grand nombre de symptômes qui ont
pu être traités avec succès grâce au cannabis. Ce patient
souffrait, entre autres, de troubles fonctionnels des reins et de la
vessie, l’obligeant à se lever plusieurs fois dans la nuit pour
uriner. Il explique que le cannabis lui a permis à nouveau de
dormir toute la nuit sans devoir se lever.
Ostéoporose
Des observations récentes révèlent une stimulation de la
formation de matière osseuse par les endocannabinoïdes
(Mechoulam, 2003). Chez des souris ayant reçu régulièrement
l’endocannabinoïde 2-AG, la formation osseuse a augmenté
proportionnellement au dosage du traitement. Pour mener cet
essai, des scientifiques se sont inspirés du fait que la leptine
joue un rôle régulateur, d'une part de l'activité des endocannabinoïdes sur l'appétit et sur la sensation de faim et, d’autre
part, de l'activité des ostéoblastes, les cellules bâtisseuses des os
(Di Marzo, 2001). Pour l’instant, il serait prématuré de conclure
si ces observations peuvent valider, à elles seules, une
utilisation future des cannabinoïdes pour prévenir ou traiter
l’ostéoporose. La leptine est une protéine quasi antagoniste des
endocannabinoïdes lors du processus de la formation osseuse ou
de la faim.
127
Troubles respiratoires
L’apnée du sommeil est un trouble respiratoire qui se
caractérise par de brefs arrêts de la respiration pendant le
sommeil. Ces pauses apnéiques sont presque toujours alternées
par des phases de ronflements, bien que les personnes qui
ronflent ne souffrent pas systématiquement d’apnée du
sommeil. Ces fréquentes interruptions du sommeil profond et
récupérateur conduisent souvent à un état de fatigue marquée au
cours de la journée. Elles peuvent parfois être associées à des
battements irréguliers du cœur, de l’hypotension, des crises
cardiaques ou des attaques cérébrales.
Des chercheurs du Centre des troubles du sommeil et de la
ventilation de l’université de Chicago dans l’Illinois ont mené
des études sur des animaux (rats) pour suivre les effets du THC
et d’un endocannabinoïde sur le sommeil, le schéma respiratoire
ainsi que l’apnée du sommeil (Carley, 2002). Les auteurs des
essais ont découvert que les deux cannabinoïdes stabilisaient la
respiration pendant toutes les phases du sommeil et réduisaient
le phénomène d’apnée. Par conséquent, les cannabinoïdes
endogènes pourraient jouer un rôle important dans le maintien
de la stabilité du sommeil. De plus, la découverte de l’effet du
THC et de l’endocannabinoïde sur l’atténuation de l’apnée du
sommeil est prometteuse dans la mise au point de nouveaux
traitements des troubles du sommeil liés à des difficultés
respiratoires.
Accident vasculaire cérébral (AVC) et traumatisme crânien
Les cannabinoïdes bloquent le processus de dégénérescence
des cellules nerveuses lors de la phase aigüe d’un accident
vasculaire cérébral (AVC) ou d’un traumatisme crânien. En
Allemagne, chaque année près de 150 000 personnes subissent
de tels accidents graves. Parmi elles, 50 000 personnes meurent
à la suite de l’accident et 50 000 personnes restent handicapées
à vie. Les traitements médicamenteux disponibles à ce jour pour
limiter les effets graves sur la santé n’offrent pas de résultats
satisfaisants. Il faut noter que les heures et les jours qui suivent
l’accident cérébral sont décisifs quant à l’évolution de la
maladie et aux séquelles.
128
La libération excessive de glutamates, les principaux
neurotransmetteurs excitateurs, joue un rôle primordial dans la
dégénérescence des cellules. Les conséquences sont, par
exemple, la sur-activation des divers récepteurs et la libération
de nombreux enzymes. On pourrait même dire que les cellules
s’activent à l’extrême. D’autres facteurs, comme le processus
inflammatoire et la production de radicaux libres, participent au
développement de la dégénérescence cellulaire. Outre des
troubles de la circulation sanguine, accompagnés localement par
un manque d’oxygène et de substances nutritives (par exemple
lors d’un AVC), on doit aussi ajouter des réactions en chaîne
provoquées par toutes les étiologies aboutissant à une ischémie
cérébrale : un arrêt cardiaque, un manque d’oxygène localisé en
cas d’arrêt respiratoire ou ses équivalents, une lésion cérébrale
traumatique.
Si des cellules nerveuses en culture sont mises en contact avec
une concentration élevée de glutamate, les lésions cellulaires
provoquées sont plus importantes que si on y ajoute en plus un
cannabinoïde comme le CBD ou le THC (Hampson, 2001). Les
cannabinoïdes offrent notamment un important effet antioxydant capable de protéger le matériel génétique, les protéines
et les membranes cellulaires de la forte puissance destructrice
des radicaux libres des structures cellulaires essentielles
(Hampson, 2001).
Maladies cardio-vasculaires
Un autre domaine de recherche sur les cannabinoïdes
concerne les maladies cardio-vasculaires. Des scientifiques de
l’université de Würzburg (Allemagne) ont mené des tests sur
des rats chez qui un infarctus du myocarde avait été déclenché.
Plusieurs symptômes liés à l’insuffisance cardiaque ont pu être
évités chez ces animaux grâce à l’administration quotidienne
d’un cannabinoïde (Wagner, 2003). L’insuffisance cardiaque est
une conséquence grave possible d’une crise cardiaque ou
d’autres maladies du cœur. Elle se manifeste lorsque le cœur
perd progressivement sa fonction de pompage. Chez les rats,
elle s’est développée en moyenne au cours des douze semaines
qui ont suivi la crise cardiaque. Le traitement à base de canna-
129
binoïdes, après un infarctus du myocarde, a empêché une chute
de la tension artérielle ainsi qu’un dysfonctionnement des
artères (dysfonctionnement endothélial). En parallèle, ce
traitement a augmenté la pression de remplissage du ventricule
gauche, qui, si elle reste trop faible, peut avoir à long terme des
conséquences néfastes sur la santé. « En conclusion, le système
endocannabinoïde et les cannabinoïdes peuvent être utiles dans
la perspective d’une thérapie après un infarctus du myocarde »,
a-t-il été conclu dans un article paru dans le British Journal of
Pharmacology au sujet de l’étude menée par les chercheurs de
Würzburg.
Des chercheurs anglais et américains travaillent également sur
des substances pouvant être utilisées à des fins thérapeutiques et
qui influenceraient le système cannabinoïde naturel pour traiter
les maladies cardio-vasculaires. Un domaine prometteur
concerne l’usage des cannabinoïdes dans le traitement de
l’hypertension. D’après une étude menée à l’université de
Nottingham, Angleterre, publiée en 2009, l’endocannabinoïde
anandamide et un cannabinoïde synthétique (WIN55,212-2) ont
réduit l’hypertension chez des rats hypertendus artificiellement
par l’administration d’une substance nocive. Ces effets ont été
associés à une vasodilatation des artères. Chez les rats normaux,
les cannabinoïdes n’ont provoqué aucune de baisse de tension
artérielle (Ho, 2009).
Un membre de l’Association pour le Cannabis Médical, qui a
d’abord fait l’expérience des effets antalgiques du cannabis, a
témoigné à ce sujet. « Depuis environ dix ans, je consomme du
cannabis pour lutter contre les douleurs au niveau des
articulations talo-calcanéennes (articulatio talocalcanea) et du
genou. Après avoir observé une atténuation de mes douleurs,
j’ai arrêté le cannabis pendant plus d’un an. Une tension
artérielle supérieure à la normale m’a alors été diagnostiquée.
J’avais fréquemment 27/16 de tension. Malgré de nombreux
traitements conventionnels (ebrantil, cynt, beloc, nebilet, delix,
norvasc) ainsi qu’un régime alimentaire adapté, ma tension
restait toujours élevée à 16/10. C’est alors que j’ai recommencé
à consommer du cannabis. Je le fume, j’en fais du thé et, de
temps en temps, je le mélange aux ingrédients quand je
130
confectionne des gâteaux. Grâce aux effets du cannabis, ma
tension s’est stabilisée à 13,5/7,5. Je mes sens de nouveau bien
et hormis quelques restrictions, j’ai pu reprendre le travail.
Quant aux traitements médicamenteux, j’ai pu réduire
considérablement les doses depuis, et je suis persuadé que dans
quelques temps, je n’en aurai plus besoin du tout ».
En règle générale, la prudence est de mise face à des
témoignages comme celui-ci puisqu’il n’est pas exclu qu’une
réelle baisse de la tension aurait pu se produire sans
consommation de cannabis. Des études futures nous diront si
les cannabinoïdes représentent une alternative thérapeutique
intéressante dans le domaine des maladies cardio-vasculaires.
131
Effets secondaires
Les effets thérapeutiques du cannabis ne sont pas ciblés mais
affecte l’ensemble de l’organisme. Cela signifie que l’effet
recherché dans un cas, peut être considéré comme étant
indésirable dans un autre cas. Par exemple, une personne qui
recherche uniquement l’effet relaxant sur les muscles, sans
vouloir prendre du poids, peut ressentir l’effet stimulateur sur
l’appétit comme un effet secondaire. Dans d’autres cas, les
propriétés sédatives ou modificatrices de l’humeur peuvent
également représenter des effets indésirables. C’est ce qui se
produit souvent lorsque des doses élevées de cannabis sont
nécessaires pour obtenir les effets thérapeutiques recherchés. Il
devient alors indispensable d’évaluer chaque dosage
individuellement, au moyen d'essais, afin de définir le
compromis le mieux adapté pour le patient.
« Le cannabis n’est pas une substance entièrement bénigne.
C’est un médicament puissant qui offre un large spectre
d’effets. Cependant, à l’exception des effets négatifs associés
aux produits de combustion, les effets secondaires indésirables
du cannabis restent comparables aux effets tolérés d'autres
médicaments », a déclaré en 1999 l’Institut de Médecine des
États-Unis sur le potentiel des effets secondaires du cannabis.
Cet avis est aujourd’hui largement partagé et explique que le
cannabis n’est effectivement ni très dangereux, ni complètement
inoffensif pour la santé.
Le principal avantage d’un traitement à base de cannabis est sa
grande sécurité. Selon des estimations issues de tests sur
animaux, le rapport dose létale/dose thérapeutique par voie
orale est de 20 000/1 et au minimum 1000/1. Néanmoins, le
cannabis est déconseillé chez des personnes souffrant de
troubles cardiaques, à cause de son action sur le système cardiovasculaire qui peut provoquer une accélération du rythme
cardiaque ou une baisse de la tension artérielle. Si ces personnes
désirent utiliser les produits issus du cannabis, il est
indispensable qu’elles prennent toutes les précautions nécessaires et qu’elles commencent le traitement à un dosage très
faible en ne l’augmentant ensuite que progressivement afin
132
d’éviter au maximum d’éventuels effets secondaires indésirables.
Le cannabis offre l’avantage de ne pas troubler le fonctionnement physiologique de l’organisme et de ne pas léser les
organes internes, à condition que le dosage soit modéré. Une
personne qui ne manifeste pas immédiatement une intolérance
aux produits issus du cannabis ne court aucun risque de santé
même lors d’un traitement sur plusieurs années.
Risques liés au cannabis
Le niveau de tolérance au cannabis à long terme est
démontré ici au moyen d’un exemple issu de d’expérimentations sur des animaux. Au début des années quatre-vingtdix, des scientifiques américains ont conduit des tests sur des
rats. Pendant deux années, les animaux ont reçu quotidiennement 50 mg de THC par kg de masse corporelle, ce qui
correspond à un dosage très élevé (équivalent à 3500 mg de
THC par jour pour une personne de 70 kg). À la fin des tests, la
durée de vie était considérablement plus élevé chez les animaux
traités avec du THC (taux de survie de 70 %) que chez les
animaux non traités (45 %). Le taux de survie plus élevé des
animaux traités au THC a surtout été expliqué par un plus faible
taux de cancers. Cette étude a été le point de départ des
premières recherches sur les propriétés anti-cancérigènes des
cannabinoïdes.
Dans des études épidémiologiques chez l’homme, aucune
relation entre une importante consommation de cannabis et un
taux de mortalité plus élevé n’a pu être mise en évidence à ce
jour. Cela signifie que les gros consommateurs de cannabis
présentent la même espérance de vie que les non consommateurs.
Entre 1999 et 2001, l’Association allemande pour le Cannabis
Médical a mené auprès d’utilisateurs deux enquêtes sur les
effets secondaires des traitements à base de Dronabinol ou de
produits naturels de cannabis auprès d'utilisateurs. 70 %
(75 % en 2001) des patients interrogés ont déclaré n’avoir
observé aucun effet secondaire, 20 % (25 % en 2001) ont parlé
d’effets secondaires moyens et 1 % (3 % en 2001) d’effets
133
secondaires importants. Quant à la question sur l’intensité du
syndrome de sevrage, les résultats de l’enquête sont
pratiquement similaires.
Effets secondaires aigus
Les effets secondaires aigus du cannabis concernent
principalement le psychisme et les facultés intellectuelles des
personnes. Quant aux effets physiques aigus, ils touchent
surtout le système cardio-vasculaire.
Effets psychoactifs
Les consommateurs de cannabis récréatifs, en bonne santé,
recherchent en premier lieu des effets psychoactifs agréables.
Les effets psychotropes du cannabis sont généralement décrits
comme des expériences relaxantes accompagnées d’une légère
euphorie (high), de bien-être, d’un état proche de celui du rêve,
de modifications de la perception temporelle avec l’impression
que le temps dure plus longtemps, d’associations d’idées parfois
associées à des troubles de la mémoire à court terme et de
perceptions sensorielles accrues. Or, surtout suite à un dosage
élevé de cannabis, il n’est pas rare que des effets désagréables
se produisent, tels que des peurs et de l’anxiété pouvant parfois
provoquer des crises de panique. Des phases de grand bien-être
peuvent succéder à des phases de fort mal-être. Certains consommateurs témoignent d’effets de fatigue et de sommeil,
tandis que d’autres rapportent des effets stimulants.
Le cannabis et le THC provoquent des troubles de la mémoire,
de l’attention, de la réactivité, de la motricité fine et de la
coordination locomotrice, diminuant ainsi considérablement la
capacité d’effectuer un travail physique complexe, comme
conduire un véhicule ou effectuer des tâches nécessitant un
important effort intellectuel.
Effets secondaires physiques
Parmi les possibles effets secondaires physiques aigus
figurent la réduction de la salivation accompagnée de sensations
de bouche et de gorge sèches, l’accélération du rythme
cardiaque, le rougissement des yeux et la baisse de la tension
134
artérielle en position debout. Cette dernière peut également
provoquer des sensations de vertige pouvant être réduites en
s’allongeant. L'accélération du rythme cardiaque et la baisse de
la tension artérielle peuvent représenter des effets dangereux
pour des personnes souffrant de troubles cardiaques graves. Une
attention toute particulière doit être apportée à ces personnes si
elles consomment du cannabis.
La plupart des patients qui utilisent du cannabis ne ressentent
pas, ou peu, l’effet sur la circulation sanguine car les dosages
utilisés habituellement pour les applications thérapeutiques ne
modifient que très légèrement la tension artérielle et le pouls.
De plus, l’organisme s’adapte rapidement et crée généralement
un phénomène de tolérance aux effets cardio-vasculaires en
quelques jours seulement. Ainsi, en cas d’usage régulier, il est
possible d’observer un rythme cardiaque plutôt lent. Les
apparitions de céphalées, de nausées ou de vomissements sont
très rares.
Effets secondaires à long terme
De nombreux effets sur le système immunitaire, les
hormones, les voies respiratoires, le psychisme et la faculté de
penser ont déjà été décrits. Des effets nocifs sur les voies
respiratoires apparaissent uniquement si des cigarettes de
cannabis sont fumées. Les effets indésirables sur le système
immunitaire et hormonal sont minimes.
Risques associés à la fumée de combustion
Le risque majeur d’apparition d’éventuels troubles chroniques n’est pas lié au cannabis en lui même, mais à la manière
dont il est consommé de nos jours, sous forme de cigarettes
appelées joints. Les produits de combustion qui résultent du
matériel végétal brûlé, qu’il s’agisse de tabac ou de cannabis,
sont susceptibles d’endommager les muqueuses. C’est ainsi
qu’une toux chronique, voire un cancer, peut se développer. Au
cours du XIXe siècle, l’utilisation médicale du cannabis, de
même que son usage récréatif, consistait principalement en une
absorption par voie orale, sous forme de teinture par exemple.
Lorsqu’on veut évaluer les risques du cannabis pour la santé, il
135
est essentiel de faire la différence entre les composants
végétaux et leurs produits de combustion. Bien qu'à ce jour les
conséquences de la consommation de cannabis fumé sur la
santé ne soient pas suffisamment connues, il faut considérer que
la fumée de cannabis est aussi nocive pour la santé que celle du
tabac. Selon la méthode utilisée par le consommateur (avec ou
sans filtre, en gardant la fumée plus ou moins longtemps dans
les poumons), une cigarette de cannabis équivaudrait à quatre
cigarettes de tabac. Un grand consommateur de cannabis, qui
fume tous les jours cinq joints, est alors exposé aux mêmes
risques pour la santé que le consommateur de tabac qui fume un
paquet de cigarettes par jour. Néanmoins, jusqu’à aujourd’hui
aucune étude ne démontre que le cannabis fumé augmente le
risque de cancer. En 2005, la plus vaste étude jamais réalisée a
porté sur 611 patients atteints d’un cancer du poumon,
601 atteints d’un cancer de la tête ou du cou, et 1040
volontaires en bonne santé. Les résultats n’indiquent pas
d’augmentation du risque de cancer du poumon après un usage
prolongé de cannabis. Le Dr Donald Tashkin de l’université de
Californie, Los Angeles, a déclaré au magazine Scientific
American : « Nous pensions trouver chez les gros usagés de
cannabis, ayant consommé entre 500 et 1000 joints, une
augmentation du risque de cancer réduisant leur espérance de
vie de quelques années à plusieurs dizaines d’années ». Les
scientifiques ont noté que même les personnes qui avaient fumé
plus de 20 000 cigarettes de cannabis dans leur vie ne
présentaient pas d’augmentation de risque de développer un
cancer du poumon (Hashibe, 2006).
Psychisme et facultés intellectuelles
Des études très précises montrent que le cannabis peut
déclencher une schizophrénie, ou psychose schizophrénique,
chez des personnes prédisposées à ce type de trouble. Elles
suggèrent également que les adolescents sont plus particulièrement concernés. La consommation de cannabis peut
aggraver l’évolution de la schizophrénie.
En parallèle, il faut également évaluer dans quelle mesure un
certain nombre de troubles psychologiques comme la
136
dépression, la peur, l’apathie et le repli sur soi, présents chez
des consommateurs réguliers de cannabis, représentent des
conséquences de leur consommation , des symptômes concomitants à d’autres troubles, ou plutôt une forme d’automédication.
Des résultats issus de recherches dans le domaine de la
neuropsychologie ont fourni des indications sur les personnes
consommant du cannabis de manière intensive et régulière et
qui, en fonction de la durée ou de l’intensité de la consommation, présenteraient de légers troubles de la mémoire, de
l’attention et de la faculté d’organiser des informations
complexes. Plusieurs études ont révélé qu’après trois à quatre
semaines d’arrêt de cannabis, les facultés intellectuelles
redevenaient normales. En revanche il peut en être
différemment chez les enfants et les adolescents pour qui les
effets du cannabis peuvent durer plus longtemps.
Développement d’une tolérance
Le développement d’une tolérance a été observé et décrit
pour l’ensemble des effets du cannabis, incluant les effets
physiques comme la tachycardie, psychiques et thérapeutiques.
Le développement d’une tolérance signifie une baisse de
l’intensité des effets d’une substance lorsque son dosage reste
inchangé dans la durée. C’est donc la réponse du système
nerveux autonome qui se trouve modifiée : accélération du
processus de dégradation des cannabinoïdes, augmentation du
seuil de stimulation des récepteurs cannabinoïdes et, parallèlement, diminution du nombre de récepteurs aux cannabinoïdes.
Dans un contexte de consommation prolongée de cannabis, il
est question de neuro-adaptation, c'est-à-dire d’une adaptation
du système nerveux aux nouvelles conditions.
Toutes ces modifications sont entièrement réversibles une fois
que la consommation de cannabis est arrêtée. En quelques
semaines, l’organisme se réadapte aux nouvelles conditions et
rétablit l’état initial avec un nouvel équilibre. Avec certains
médicaments, comme les somnifères, il existe une tolérance
croisée partielle. Cela signifie que le développement d’une
tolérance à une substance se produit partiellement à cause d’une
autre substance. Cela est valable pour de nombreux produits,
137
comme l’alcool et les benzodiazépines. En revanche, cette
tolérance n’existe pas pour les amphétamines, ni pour les
opiacés, ni les hallucinogènes comme le LSD ou la mescaline.
Le développement d’une tolérance pour le cannabis est
relativement faible. Celle-ci est fonction du dosage et de la
durée de la consommation. Dans le cas de nombreux usages
thérapeutiques, par exemple la relaxation des muscles ou l’effet
stimulateur de l’appétit, où des dosages faibles sont suffisants, il
n’y a quasiment pas de développement d’une tolérance, même
après plusieurs mois de traitement.
Lors d’une enquête menée par l’Association pour le Cannabis
Médical auprès d’utilisateurs de Dronabinol ou d’autres
produits issus du cannabis à des fins thérapeutiques, 76,9 % des
personnes interrogées ont déclaré ne pas avoir modifié le
dosage de leur traitement au cours des trois mois précédents
l’enquête, 15,4% de l’avoir réduit et 3,5% de l’avoir augmenté.
Accoutumance
Le risque d’accoutumance au cannabis est faible. Néanmoins, après une consommation prolongée, des syndromes de
sevrage sous forme de troubles du sommeil, de rêves, de
sudation excessive et d’irritabilité d’origine nerveuse peuvent
apparaître pendant quelques jours. Une dépendance psychique
est possible si la personnalité du consommateur montre une
fragilité à ce sujet.
En matière de propriétés psychotropes du cannabis, les effets
recherchés par les consommateurs concernent principalement
une satisfaction précise ou une perception plus large à un
moment donné.
Concernant l’usage de cannabis à des fins médicales, les risques
de dépendance psychique sont faibles. Les modifications du
psychisme, le recul face à la souffrance et à la douleur, le
sentiment de bonheur, même obtenu artificiellement, sont des
facteurs qui permettent aux personnes atteintes de maladies
graves de reprendre des forces et donner à nouveau un sens à
leur vie.
Globalement, même si le cannabis est consommé pour ses effets
psychotropes, le nombre de personnes qui risquent d’importants
problèmes d’accoutumance est peu élevé. À la demande du
138
ministère fédéral allemand de Santé publique, le professeur
Dieter Kleiber et al. de Berlin, a conduit en 1997 une étude sur
les risques d’accoutumance au cannabis. Parmi les 1458
consommateurs de cannabis de l’étude, testés sur la manière et
la fréquence de leurs prises, seulement 2 à 10 % des consommateurs ont été considérés comme étant dépendants du
cannabis. De plus, si les personnes consommaient en plus
d’autres drogues, le taux d’accoutumance augmentait alors
considérablement. La durée de la consommation n’a pas joué un
rôle significatif par rapport à la probabilité de réussite du
sevrage lors d’un arrêt du cannabis. Cela signifie donc que le
risque d’accoutumance n’est pas fonction de la durée de la
consommation.
Effet rebond
En médecine, l’effet rebond (nom anglais : rebound effect)
signifie l’intensification des symptômes après l’arrêt d’un
médicament. La plupart des médicaments qui agissent sur le
système nerveux central provoquent des effets rebond. Par
exemple, il est fréquent qu’après l’arrêt de somnifères, les
insomnies deviennent plus importantes pendant quelques jours
ou qu’après l’arrêt d’un médicament pour calmer les peurs,
celles-ci s’intensifient de nouveau.
Les phénomènes de rebond sont également connus du cannabis.
Par exemple, le cannabis baisse la pression oculaire. Dans le cas
de gros consommateurs de cannabis qui arrêtent leur consommation, il est possible qu’ils observent les jours suivant une
légère augmentation de cette pression, qui, au bout de quelques
temps, redevient normale. Après l’arrêt de cannabis, il est
également possible que la spasticité, alors traitée avec succès,
réapparaisse.
Les effets rebonds sont comparables aux effets de tolérance et
tout comme ces derniers sont fonction du dosage. En cas de
consommation importante et prolongée de cannabis, les risques
de voir apparaître des phénomènes de rebond sont, par
conséquent, plus élevés.
139
Système immunitaire
Des recherches menées sur des cellules en culture, ainsi que
sur des animaux ont révélé que le THC influence le système
immunitaire de plusieurs façons. Chez l’homme, même en cas
d’importante consommation de cannabis, cette influence reste
faible posant une fois de plus la question du niveau de risque
réel sur la santé. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a
résumé en 1997 les effets des cannabinoïdes sur le système
immunitaire de la manière suivante : « Nombreux de ces effets
semblent être relativement faibles et totalement réversibles
après disparition des cannabinoïdes. Ils sont uniquement
provoqués par une consommation à des concentrations et des
dosages plus élevés que nécessaires pour obtenir les effets
thérapeutiques ».
Vu l’importance des effets immunosuppresseurs du THC, des
conséquences aggravantes seraient à attendre sur l’évolution des
infections virales comme le VIH (sida) ou d’autres maladies
infectieuses. Or ce n’est pas le cas. En revanche, il est possible
que certains effets puissent avoir une utilité clinique pour des
personnes souffrant d’immuno-déficience. Il semble que l’effet
immunosuppresseur du THC soit plus marqué dans les cas
d’inflammations chroniques au cours desquelles le système
immunitaire est déjà fortement stimulé. Cet effet peut être
intéressant en vue d’applications thérapeutiques du THC.
Système hormonal et fertilité
Des tests sur animaux ont révélé l’effet du cannabis et du
THC sur un grand nombre de processus hormonaux, sur la
production de nombreuses hormones comme les hormones
sexuelles ainsi que sur le métabolisme du sucre. Quelques
études, conduites auprès de consommatrices de cannabis, ont
indiqué une légère perturbation du cycle des règles, d’autres
études ont révélé le contraire. Dans le cas de consommation
importante de THC chez la femme, des effets passagers et
généralement faibles sur certaines hormones (prolactine,
hormone lutéinisante) ont été constatés, tandis que sur d’autres
hormones (hormone folliculostimuline, progestérone, œstrogène) l’effet a été inexistant. Chez l’homme, à la suite d’une
140
consommation plus importante de THC, aucun effet significatif
sur les taux hormonaux n’a été observé. Même à un dosage
élevé, le développement d’une tolérance s’est produit contre les
effets du THC sur les hormones. C’est la raison pour laquelle
les femmes et les hommes qui consomment régulièrement du
cannabis présentent des taux hormonaux pratiquement normaux
qui varient peu avec les prises de cannabis.
Dans des essais sur animaux, à la suite d’une prise élevée de
THC, une légère baisse de la qualité du sperme a été constatée.
Lors d'une autre étude, menée auprès de participants volontaires
ayant fumé entre huit et dix cigarettes de cannabis par jour
pendant plusieurs semaines, une légère diminution du nombre
de spermatozoïdes a été observée sans pour autant modifier ni
leur fonction, ni le taux de spermatozoïdes anormaux.
À ce jour, aucune indication ne prouve que le cannabis, ou le
THC, puisse troubler la fertilité chez la femme ou chez
l’homme.
Dans une étude menée en Inde, 150 hommes mariés, ayant
commencé à consommer du cannabis soit avant, soit peu après
leur mariage, ont été comparés au même nombre de consommateurs d'opium et de non-consommateurs de drogues. Voici le
résultat du nombre d’hommes restés sans enfants : 1 % chez les
non-consommateurs, 2 % chez les consommateurs de cannabis
et 10 % chez les consommateurs d’opium. De manière
significative, la stérilité, avec un taux de 0,4 %, était plus faible
chez les consommateurs de bhangs (feuilles de cannabis),
consommant en moyenne 150 mg de THC par jour (ce qui
représente une dose relativement élevée) que chez les nonconsommateurs de drogues. En revanche, elle était de 5,7 %
chez les consommateurs de ganja et de charas (sommités
fleuries et résine), consommant en moyenne 300 mg de THC
par jour.
Un autre groupe de chercheurs a étudié les effets du cannabis
sur la fertilité féminine. Selon eux, le nombre de consommatrices de cannabis stériles était légèrement plus élevé que
celui des non-consommatrices. Or le risque était plus élevé
seulement chez des consommatrices occasionnelles et non pas
chez les grandes consommatrices. Dans une étude complé-
141
mentaire, 2817 femmes ont été suivies à partir du moment où
elle exprimait leur désir d’avoir un enfant jusqu'au moment où
elles étaient enceintes. Les premières à être enceintes étaient les
consommatrices régulières de cannabis, en moyenne après 3,7
mois. Chez les femmes qui ne consommaient aucune drogue, la
durée moyenne était de 4,3 mois et chez les fumeuses de tabac
de 5,1 mois.
Grossesse
Plusieurs études menées à ce jour auprès d’enfants dont les
mères ont consommé du cannabis pendant la grossesse, ont
révélé l’absence de risque de malformations chez les nouveaunés liées à la consommation de cannabis. Tout au plus, quelques
études ont démontré que les nouveau-nés de mères consommatrices de cannabis pesaient un peu moins lourd à la
naissance. D’autres études ont révélé le contraire. Il faudrait en
réalité se poser la question de la pertinence d’une différence de
poids de 50 à 100 g à la naissance.
De légers troubles du développement du cerveau, accompagnés
de troubles de la faculté intellectuelle chez les enfants de mères
consommatrices de cannabis ont fait l’objet de publications.
Dans ce domaine, l’opinion des chercheurs est très divisée. Les
uns sont persuadés d’un effet nocif, tandis que d’autres pensent
qu’aucun effet nocif important ne peut être directement attribué
au cannabis. Toutefois, il semble que les troubles intellectuels
associés au cannabis ne se manifestent que lorsque les enfants
sont scolarisés. Quant aux effets nocifs causés par la consommation de cannabis pendant la grossesse, ils sont sans doute
moins graves que ceux causés par la consommation d’alcool et
de tabac.
Effets secondaires du statut d’illégalité
Dans la plupart des pays, les produits naturels issus du
cannabis sont considérés comme des substances illicites. Très
souvent, d’un point de vue législatif, aucune distinction n’est
faite entre la consommation récréative et l’utilisation thérapeutique, bien qu’au cours des dernières années, de véritables
changements positifs aient commencé à s’amorcer.
142
Les principaux effets indésirables associés à l’utilisation
médicale du cannabis sont aujourd’hui à ramener sur le plan
juridique, c’est-à-dire vers l’illégalité de toute consommation de
cannabis. Les cas se sont répétés où la justice n’a interprété
l’utilisation médicale du cannabis que comme un prétexte pour
un usage à des fins récréatives, créant ainsi de sérieux
problèmes juridiques aux patients concernés.
Or, les problèmes ne portent pas uniquement sur les problèmes
juridiques associés aux délits, mais également sur la dangerosité
pour la santé des produits achetés sur le marché noir, sur
l’impossibilité de doser correctement la substance afin d’obtenir
l’effet médical recherché ainsi que sur le manque de recherche
sur le potentiel thérapeutique du cannabis.
Le cannabis et le haschich, achetés sur le marché noir,
présentent des concentrations de THC très variables. C’est la
raison pour laquelle le consommateur maîtrise difficilement le
dosage des produits consommés. Il n’est donc pas rare que des
patients consomment involontairement des doses provoquant
d’importants effets psychoactifs, tandis qu’au départ, seul
l’effet relaxant des muscles était recherché, effet que l’on sait
obtenu à un dosage en dessous du seuil psychotrope. Au XIXe
siècle, les médecins évoquaient déjà le problème du dosage.
Aujourd’hui, il est facile d’écarter cette difficulté grâce aux
produits à base de cannabis à teneurs en Dronabinol (THC)
standardisées.
Comparaison entre le cannabis et les autres drogues
Diverses études ont tenté de comparer les risques liés aux
drogues les plus consommées, qu’elles soient légales ou
illégales. Une grande attention a été portée au fameux rapport
Roques, réalisé en 1998 par le professeur Roques et ses
collaborateurs à la demande du ministère français de la Santé et
à une étude préparée en vue du dernier rapport de l'OMS,
conduite sous la direction du professeur australien Wayne Hall,
et dont l’ouvrage a été publié en 1999. Les deux rapports sont
arrivés aux mêmes conclusions. Parmi les drogues les plus
communément consommées, le cannabis, même à fortes doses,
comporte moins de risques pour la santé que les autres drogues
143
Opiacés
Cocaïne
Alcool
Benzodiazépines
Cannabis
Tabac
.....
.....
..
....
.....
.....
...
....
..
..
....
.....
..
....
....
-
-
-
....
....
....
.
.
.....
.....
....
..
..
Dépendance
physique
Dépendance
psychique
Troubles
neurologiques
Toxicité
globale
Risques
sociaux
-
- : effet nul . : effets très faibles .. : effets faibles ... : effets moyens
.... : effets importants ..... : effets très importants
Tableau comparatif des risques liés aux drogues (Source : Rapport du
professeur Bernard Roques à la demande du secrétaire d'Etat à la santé,
Paris, 1998).
Marijuana
Alcool
*
**
**
*
*
**
*
Accidents de la route et autres accidents
Violences et suicides
Mort par overdose
VIH et maladies du foie
Cirrhose du foie
Troubles cardiaques
Troubles des voies respiratoires
Cancers
Maladies psychiatriques
Dépendance/toxicomanie
Risques pour le développement du foetus
*
*
*
**
*
* : effet moins importants ou moins bien établis
*
**
**
**
Tabac
Héroïne
*
**
**
**
**
**
**
*
**
*
** : effets très importants
Tableau comparatif des effets nocifs des drogues (Source : W. Hall, R. Room,
S. Bondy; « Comparing the health and psychological risks of alcohol,
cannabis, nicotine and opiate use » ; publié dans H. Kalant, W. Corrigan, W.
Hall, R. Smart, eds. dans The health effects of cannabis, Tronto, Ed. Addiction
Research Foundation, 1999).
144
légales ou illégales. Selon Hall et all., toutes les drogues testées
peuvent d’une certaine manière conduire à une accoutumance.
Dans le cas des personnes qui ne consomment que du cannabis,
les risques majeurs pour la santé restent faibles, exceptées peutêtre pour les personnes qui consomment du cannabis quotidiennement pendant plusieurs années. Les risques associés sont
alors le développement du syndrome d’accoutumance, la
bronchite chronique ainsi que le risque d’être impliqué dans un
accident de la circulation si un véhicule est conduit sous
l’influence d’une consommation exagérée. Ce dernier risque
concerne aussi les consommateurs occasionnels de cannabis.
145
Contre-indications et précautions d’emploi
En médecine, on distingue les contre-indications absolues qui
indiquent que certains médicaments sont à proscrire absolument
et les contre-indications relatives qui préconisent un médicament seulement sous certaines conditions.
Contre-indications absolues
Le THC et le cannabis sont à proscrire en cas d’allergie au
cannabis, bien que cette dernière soit un phénomène rare.
Cependant, des réactions allergiques à d’autres composants du
cannabis, comme le pollen, peuvent se produire.
Contre-indications relatives
Parmi les contre-indications relatives d’une thérapie à base
de produits issus du cannabis figurent les troubles psychiatriques graves, principalement la psychose schizophrénique, à
cause d’une possible aggravation des psychoses. En particulier
chez les jeunes patients, les cannabinoïdes doivent être utilisés
avec précaution. Le cannabis peut néanmoins présenter des
effets bénéfiques pour certaines personnes atteintes de graves
troubles psychologiques comme les troubles bipolaires
(maniaco-dépression).
Pour les femmes enceintes ou qui allaitent les produits issus du
cannabis doivent être utilisés avec réserve. Les éventuels
risques sur la santé des nouveaux nés sont faibles. Néanmoins
toute consommation de médicaments ou de drogues doit être
évitée pendant la grossesse et le temps de l’allaitement. En
revanche, pour traiter les vomissements de la grossesse, la perte
d'appétit ou d'autres symptômes répondant positivement aux
produits issus du cannabis, je conseillerais cependant un
traitement à base de cannabis approprié à chaque patiente. Dans
ces cas précis, le cannabis et le Dronabinol apportent un
bénéfice thérapeutique. Cette utilité pour la santé prévaut
probablement sur les risques minimes encourus par le fœtus.
Un chercheur du Département de Neurologie de l’université du
Michigan, États-Unis, a présenté le cas d’une femme, âgée de
24 ans et atteinte d’un trouble hyperkinétique des mouvements
146
rare dû à un dysfonctionnement cellulaire (cytopathie
mitochondriale) qui utilisait des produits issus du cannabis.
L’usage de cannabis fumé, ainsi que de Dronabinol administré
oralement (5 mg trois fois par jour), se sont avérés efficaces.
Elle présentait une tumeur, une dystonie généralisée et un
trouble kinétique moteur. Elle avait de la difficulté à maintenir
son poids au dessus de 36 kg principalement dû à la dépense
calorique liée aux mouvements hyperkinétiques combinés à une
perte modérée de l’appétit.
À l’âge de 26 ans, elle est devenue enceinte. Du Dronabinol
(THC) a été utilisé comme moyen de contrôle des mouvements
hyperkinétiques involontaires et pour favoriser la prise de poids
pendant la grossesse. Les autres médicaments qui auraient pu
être utilisés étaient contre-indiqués pendant la grossesse. Elle
constata l’amélioration de ses troubles grâce à l’usage régulier
de Dronabinol, sans présenter de signes de tolérance ni de
besoins d’augmenter la dose. Le Dronabinol s’est avéré efficace
sur la stimulation de l’appétit et la prise de poids. Durant sa
grossesse, elle a finalement pris 20 kg durant sa grossesse et
accouché d’un bébé en bonne santé ne présentant aucune
complication (Farooq, 2009).
Dans le cas d’une maladie du cœur, comme l’artériosclérose
coronaire (coronaropathie), de troubles faisant suite à un
infarctus du myocarde, de troubles du rythme cardiaque ou
d’insuffisance cardiaque, il faut éviter des doses élevées. En
règle générale, des effets nocifs sur le système cardio-vasculaire
n’apparaissent pas lorsque le dosage reste modéré, compris
entre 5 et 15 mg de THC. Toutefois, certaines personnes
réagissent à partir d’un dosage très faible. Par exemple, une
personne qui, en marchant un à deux kilomètres, ressent déjà
des douleurs au niveau du cœur ou qui observe des troubles de
la circulation sanguine, doit être très vigilante si elle décide
d’entreprendre une thérapie à base de produits issus du
cannabis.
Les patients âgés sont parfois plus sensibles aux effets
psychotropes du cannabis. Ainsi, il n’est pas rare que des effets
psychiques désagréables apparaissent déjà après une seule prise
à un dosage relativement faible de 2,5 à 5 mg de THC. La
147
faculté de conduire des machines ou des véhicules est fonction
de la dose et de la personne. Pour cette raison, il est conseillé de
prendre des précautions particulières jusqu'au moment où la
personne maîtrise l'intensité des effets et leur évolution. La
tolérance à la thérapie est atteinte lorsque le patient peut
reprendre des activités sans encourir de risque lié au traitement.
Chez des patients atteints de la chorée de Huntington (chorée
rhumatismale), une dégradation passagère de l’état du patient
peut être observée à la suite d’une consommation de THC ou de
cannabis. C’est ce qu’a révélé une étude conduite à la faculté de
médecine de Hanovre (Allemagne). Dans cette étude, les
symptômes d’une patiente se sont considérablement aggravés
après une prise unique de nabilone (Müller-Vahl, 1999). En
revanche, dans un autre cas, le nabilone s’est avéré bénéfique
sur cette maladie (Curtis, 2006).
Deux études épidémiologiques réalisées en France et aux
États-Unis ont montré que l'usage régulier de cannabis
pourrait augmenter le risque de fibrose du foie chez des
patients atteints du virus de l'hépatite C (Ishida, 2008 ;
Hezode, 2005). D'un autre côté, le cannabis pourrait
réduire les effets secondaires et améliorer l'efficacité des
médicaments habituellement utilisés pour le traitement de
ce virus (Sylvestre, 2006). Cela indique que l'utilisation de
cannabinoidoïdes pour le traitement de cette affection doit
être bien évaluée, notamment au niveau de la balance
bénéfice/risque.
148
Comment utiliser les produits à base de
cannabis ?
En ce qui concerne l’administration de produits à base de
cannabis, les novices rencontrent souvent de nombreuses
incertitudes. Le rôle de ce chapitre est d’exposer la meilleure
façon d’absorber du cannabis afin d’éviter au mieux les effets
secondaires indésirables. En règle générale, il est conseillé de
commencer le traitement à un dosage modéré, voire faible,
avant de l’augmenter progressivement, chaque jour, voire tous
les deux jours, jusqu’à l’obtention de l’effet recherché. Cette
phase exploratoire est indispensable pour tirer le meilleur
bénéfice thérapeutique du cannabis et l’appliquer de la façon la
plus sûre.
Différents modes d’absorption
Les produits dérivés du cannabis sont généralement ingérés
(voie orale), assimilés sous la langue (voie sublinguale), fumés
ou inhalés (voie respiratoire). Il existe d’autres moyens
d’absorption, peu communs et seulement étudiés dans le cadre
d’essais cliniques, comme les suppositoires, la perfusion, les
applications cutanées ou le collyre dans le traitement du
glaucome.
Voie respiratoire
Après avoir fumé ou inhalé du cannabis, les effets se
manifestent beaucoup plus rapidement qu’après l’avoir ingéré.
C’est la raison pour laquelle la plupart des patients choisissent
ce mode d’absorption, qui leur permet notamment de mieux
doser l’effet du cannabis. Cet effet se manifeste au bout
d’environ cinq minutes. Il atteint son maximum vingt à trente
minutes après le début de la prise et disparaît environ après
deux à trois heures. Un avantage supplémentaire de l’absorption
par voie respiratoire par rapport à la prise orale est celui d’une
meilleure absorption thérapeutique des cannabinoïdes. Si le
cannabis est fumé, près de 15 à 25 % du THC contenus dans la
cigarette passent par le sang, le reste étant perdu par les voies
149
parallèles et lors du processus de combustion.
Le principal inconvénient de fumer est l’irritation et la lésion
des muqueuses par les produits de combustion du matériel
végétal brûlé.
Le cannabis peut être fumé soit en roulant une cigarette de
cannabis (appelée également joint) soit en utilisant une pipe ou
de nouveaux appareils spécialement conçus à cet effet. Lorsque
la personne fume une cigarette de cannabis, elle absorbe une
quantité importante de substances toxiques. L’utilisation d’un
filtre à cigarette ne protège malheureusement pas des produits
nocifs puisqu’il retient davantage les cannabinoïdes que le
goudron. Les cigarettes de cannabis sont souvent constituées
d’un mélange de tabac, de cannabis sous forme végétale, ou de
haschich. Ce mélange est ensuite roulé dans du papier à
cigarette ordinaire ou dans des feuilles plus grandes conçues
pour cet usage.
Lorsqu’une pipe à eau est utilisée, la fumée, avant d'être
inhalée, traverse l'eau qui permet de la refroidir pour l’inhaler
ensuite plus profondément. Comme c’est le cas avec les filtres à
cigarettes, la quantité de produits nocifs est réduite, mais
également la concentration en cannabinoïdes. De plus, la
cigarette de cannabis simple, sans filtre, offre un meilleur
rapport cannabinoïdes/carcinogènes que la pipe à eau, c'est-àdire est moins cancérigène.
Du point de vue de la santé, la solution de la petite pipe, qui
permet de fumer le cannabis pur, semble être la moins nocive.
Grâce à son utilisation, moins de produits toxiques sont inhalés
puisque le cannabis, ou le haschich, sont fumés purs. Ces pipes
spéciales permettent de réduire la concentration en substances
toxiques. Ces dernières se déposent sur le métal dont est
fabriquée la pipe. Le nettoyage des parois est très facile. Il suffit
d’essuyer les parois avec un bout de coton imbibé d’acétone ou
de mettre la pipe dans le lave-vaisselle.
En règle générale, la fumée est inhalée par une inspiration
profonde. De nombreux consommateurs de cannabis, après
avoir inhalé la fumée profondément, retiennent leur respiration
pendant quelques secondes en augmentant ainsi la pression au
150
Effet
subjectif
10
9
8
7
6
5
4
3
2
1
0
0
1
2
3
4
5
6
Temps après la prise (heures)
…. Intraveineuse
---- : fumé
___: voie orale
Durée des effets subjectifs selon les trois modes d’absorption. Les participants
aux études ont évalué l’intensité des effets psychiques sur une échelle de 1 à
10. (Source : Hollister et al., Journal Clin. Pharmacol. 1981; 21(8-9 Suppl) :
171S-7S; Ohlsson et al., Clinical Pharmacol. Therapy 1980; 28(3) : 409-16).
niveau des poumons. De cette manière, ils espèrent obtenir un
meilleur effet thérapeutique. En médecine, cette technique
s’appelle la manœuvre de Valsalva. Je la déconseille pour trois
raisons. Premièrement, elle ne favorise que faiblement
l’absorption du THC ; deuxièmement, elle augmente la quantité
de toxines déposées dans les poumons ; et, troisièmement elle
peut provoquer un éventuel pneumothorax, ou affaissement
partiel du poumon. Ce dernier se traduit par l’éclatement d’une
alvéole pulmonaire laissant s’engouffrer l’air entre la face
interne de la cage thoracique et la face externe du poumon. Un
pneumothorax avec collapsus pulmonaire nécessite des soins
hospitaliers.
En termes de santé, la meilleure technique consiste finalement à
inhaler le cannabis à l’aide d’un inhalateur (ou vaporisateur).
Des appareils spéciaux sont disponibles dans le commerce
depuis quelques années. Le cannabis est chauffé à environ
180°C à 200°C, permettant l’évaporation et l’inhalation des
151
cannabinoïdes et des huiles essentielles sans brûler la matière
végétale. La combustion de celle-ci ne se produit qu’à partir de
230°C. Grâce à cette technique innovante, on évite la formation
de produits de combustions fortement nocifs. Il est important de
veiller à ce que l’appareil atteigne et maintienne réellement
180°C à 200°C au niveau du réservoir. D’importantes variations
de température ont été observées avec différents appareils,
notamment à cause de la circulation de l’air lors du processus
de vaporisation.
Voie orale
Lorsque le cannabis est absorbé par voie orale, les effets se
manifestent plus tard que lorsqu’il est fumé ou inhalé, au bout
de trente à quatre-vingt-dix minutes, parfois même après deux
heures. Les effets durent cependant plus longtemps, près de
quatre à six heures, et plus longtemps encore si le dosage est
très élevé. L’intensité des effets diminue ensuite progressivement.
Bien qu’absorbé en premier lieu par l’estomac et les intestins
(une partie sera détruite par le suc gastrique), la majeure partie
du THC administré par voie orale passe dans le sang avant
d’atteindre le foie, où il est rapidement dégradé, sans pouvoir ni
atteindre les sites de liaison spécifiques, comme les récepteurs
aux cannabinoïdes sur les cellules nerveuses, ni agir efficacement. Le sang qui irrigue l’estomac et l’intestin grêle transite
d’abord par le foie avant d’atteindre le cœur, puis les autres
organes. Ainsi, seulement environ 5 à 10 % du THC absorbé
arrivent aux autres organes, ce qui signifie une biodisponibilité
systémique de 5 à 10 % bien inférieure à celle du cannabis
absorbé par voie respiratoire (15 à 25 %).
Le mode d’absorption habituel du Dronabinol est celui par voie
orale, sous forme de gouttes ou de gélules. Une goutte, issue
d’une solution huileuse de Dronabinol à 2,5 %, contient environ
0,83 mg de Dronabinol, trois gouttes environ 2,5 mg, et ainsi de
suite. Les teneurs en Dronabinol des gélules disponibles
existent en 2,5 mg, 5 mg et 10 mg.
152
Voie respiratoire
Voie orale
Biodisponibilité
systémique
10 – 30 %
5 – 10 %
Dosage seuil pour les
effets psychoactifs
1 - 3 mg
5 – 15 mg
Dosage pour les effets
psychotropes forts
10 – 20 mg
30 – 40 mg
Début des effets
2 – 8 mn
30 – 90 mn
Effet maximal
20 – 30 mn
2–4h
Durée de l’effet
psychoactif
2–3h
4 – 8 h et plus
Quelques différences entre l’utilisation du THC fumé ou inhalé (voie
respiratoire) et celle du THC ingéré (voie orale). Le dosage seuil pour obtenir
des effets psychiques et psychotropes est, entre autres, fonction de la durée
d’utilisation. Le début et la durée des effets dépendent notamment du dosage.
Les produits naturels du cannabis peuvent être consommés, par
exemple, sous forme de thé (infusion ou décoction avec ou sans
matières grasses) ou des gâteaux. Il est également possible
d’élaborer des teintures à base de cannabis, d’en manger
mélangée à du yaourt ou de l’utiliser dans d’autres boissons
chaudes, telles le cacao ou le bouillon. Avant de consommer ces
produits naturels, il est conseillé de les chauffer ; les
cannabinoïdes se présentent principalement sous la forme nonactive d’acides carboxyliques, qui, grâce à l’action de la
chaleur, se transforment en phénols actifs par décarboxylation.
Dans les feuilles de cannabis cultivé en Europe centrale, les
cannabinoïdes se trouvent à plus de 90 % sous forme d'acides.
Les effets sont modérés si elles sont consommées crues. Dans le
haschich, en revanche, il est n’est pas rare de trouver la moitié
des cannabinoïdes déjà transformés en phénols actifs. S’il est
consommé cru ou mélangé à un yaourt, il peut avoir des effets
très bénéfiques. Le haschich est produit différemment selon les
coutumes et les pays. S’il est chauffé, il contiendra plus de THC
phénolique.
153
Voie sublinguale
D’importantes études ont été menées ces dernières années en
Grande-Bretagne avec un produit dérivé du cannabis sous forme
de spray. Ce produit s’appelle Sativex®. Il est disponible sur
prescription médicale au Canada depuis 2005, essentiellement
pour le traitement de la sclérose en plaques. Au moment de
l’écriture de cet ouvrage (2009), la société qui produit ce médicament travaille à l’obtention d’autorisations de mise sur le
marché dans plusieurs pays européens dans le cadre du traitement de la sclérose en plaques. La substance active est
directement vaporisée dans la bouche du patient où elle est
gardée quelques instants avant d’être avalée. Cette méthode
permet notamment une meilleure absorption des cannabinoïdes
par les muqueuses buccales. Il s’agit d’une absorption par voie
sublinguale (du latin : sub = sous et lingua = langue). Ses avantages sont un effet beaucoup plus rapide que lorsque les
produits sont administrés par voie orale (transitant par l’estomac
et les intestins), et une réduction considérable des risques pour
les muqueuses (contrairement au cannabis fumé). Chaque
vaporisation contient une petite concentration de cannabinoïdes
permettant au patient d'adapter facilement le dosage à ses
besoins.
Autres modes d’absorption
Dans certaines études, le THC a été administré sous forme
de suppositoires. Du fait que le sang qui circule dans le rectum
ne passe pas directement dans le foie, mais est conduit dans la
veine cave inférieure au cœur, la biodisponibilité systémique a
pu être multipliée par deux dans certains cas, en comparaison
du THC administré par voie orale. Certains consommateurs de
cannabis m’ont raconté qu’ils avaient chauffé du cannabis dans
du beurre de cacao pour former, une fois le mélange refroidi,
des suppositoires. Leurs témoignages relatent des effets
thérapeutiques bénéfiques de l’utilisation de ces suppositoires.
Dans d’autres études, des cannabinoïdes ont été testés sous
forme de collyres (traitement des glaucomes), de pansements
appliqués sur la peau ou de perfusions. Néanmoins, aucune
forme de ces médicaments à base de cannabinoïdes n’est
154
disponible à ce jour.
Comment tester et définir le dosage approprié ?
La réaction au cannabis et au Dronabinol varie fortement
d’une personne à l’autre. Pour cette raison, il est indispensable
de rechercher individuellement le dosage approprié. Si possible,
et afin d’éviter des effets secondaires indésirables, il est
conseillé de tester les doses de façon progressive. On peut
commencer, par exemple, avec deux fois 2,5 mg de THC par
jour et augmenter les doses de 2,5 mg tous les deux, voire tous
les trois jours. Chez des personnes très sensibles, ou chez des
enfants, il est possible de commencer avec des doses encore
plus faibles, par exemple deux gouttes d'une solution à base de
Dronabinol, correspondant à 1,6 mg. Les doses moyennes
efficaces varient entre 10 et 20 mg de THC par jour, bien que
certaines personnes ne tolèrent qu’un dosage maximum de 5 mg
par jour. En résumé, mieux vaut essayer progressivement.
Quant à la fréquence des prises, elle doit également être définie
au cas par cas. Certains patients préfèreront prendre du
Dronabinol en deux prises quotidiennes, matin et soir. D’autres
préfèreront quatre prises à dosage faible, tandis que d'autres
préfèreront une seule prise plus forte, le soir, pour traiter des
troubles qui apparaissent pendant la nuit.
Le Dronabinol peut être consommé aussi bien à jeun qu’après
un repas. Il semble néanmoins que l’effet soit plus important
lors de prises à jeun, du fait que le transit par l’estomac dure
moins longtemps et que le Dronabinol n’est pas dégradé trop
rapidement par le suc gastrique. Puisque l’absorption du THC
est fonction du mode de consommation et de l’état de
remplissage de l’estomac, il est préférable d’utiliser le cannabis
et le Dronabinol le plus souvent possible dans les mêmes
conditions afin d’obtenir des effets réguliers et répétables.
S’agissant de prises de produits à base de cannabis nonautorisés, il est difficile de connaître la teneur en THC. Il faut
donc commencer avec un dosage très faible afin de ne pas être
surpris par de fortes réactions psychiques. Il est possible de
commencer avec 0,05 ou 0,1 g de cannabis ou de haschich.
Lorsque le cannabis est fumé, il est plus facile de déterminer le
155
dosage que lorsqu’il est consommé par voie orale, car l’effet se
produit plus rapidement. Le cannabis peut être inhalé en petites
quantités, à l’aide d’un vaporisateur. Il suffit d’attendre
quelques minutes pour que l’effet se produise. Si ce dernier est
insuffisant, il est possible d’inhaler de nouveau une petite
quantité. Lorsque le cannabis est consommé comme thé ou dans
des gâteaux, il est indispensable d’effectuer une phase
exploratoire plus longue en augmentant les doses de manière
progressive. Par exemple, il faut faire chauffer 0,5 g de
cannabis dans un demi-litre d’eau. Lors d’un premier essai, il
est conseillé de ne boire, par exemple, que 50 ml de cette
boisson. Si aucun effet ne se produit après plusieurs heures, il
est possible de boire de nouveau 100 ml de la préparation.
Généralement, la méthode qui consiste à rechercher le meilleur
dosage se déroule de la même manière que quand le médecin
prescrit du Dronabinol, c'est-à-dire un dosage faible au début
qui est augmenté progressivement. Une enquête menée parmi
les membres de l’Association pour le Cannabis Médical a révélé
que les consommateurs de cannabis utilisaient des dosages
compris entre 0,05 et 3 g de cannabis par jour.
Le dosage est fonction de la maladie, de la sensibilité de chaque
individu par rapport aux effets secondaires ainsi que de la
réaction à l’effet thérapeutique recherché. Certains effets
secondaires indésirables, comme la fatigue ou la tachycardie,
peuvent disparaître complètement au cours de la thérapie. Des
médecins du service antidouleur de l’université de Cologne
(Allemagne) ont rapporté le cas d’un patient paraplégique,
souffrant de nombreuses douleurs. Un traitement de 5 mg de
THC n’a provoqué aucun effet analgésique, seulement
l’apparition de symptômes de fatigue. Après une augmentation
du dosage à 10 mg de THC, l’intensité des douleurs a pu être
réduite considérablement pour la première fois. Cet effet
antidouleur s’est maintenu tout au long des dix mois
d’observation du patient, tandis que l’effet secondaire
(symptômes de fatigue) a disparu avec le temps.
Un patient âgé, souffrant de rhumatismes, m’a rapporté les
expériences personnelles suivantes : « Des fleurs de cannabis
macérées dans de l’huile de lin, mélangées par exemple à du
156
fromage blanc (honnêtement, pas vraiment un délice), m’ont
permis d’obtenir un faible soulagement supplémentaire. Le
cannabis fumé (joint ou pipe à eau) n’a eu sur moi comme seul
effet une forte quinte de toux accompagnée de maux de tête (il
faut dire que je ne suis pas fumeur). Mais, il y a environ huit
semaines, le pari du succès thérapeutique a pu être gagné grâce
à du thé de cannabis (1 cuillère à café de fleurs de cannabis
d’une teneur en THC d’environ 2 %) ajouté à une tisane
épuratrice et antirhumatismale chauffée avec du sucre. Après
avoir bu cette boisson pour la première fois, un sentiment de
soulagement s’est fait ressentir au niveau de mes
articulations. »
Le dosage peut varier et être adapté selon les jours et l’intensité
des symptômes. Une patiente, qui pratique depuis longtemps
l’automédication, m’a raconté au téléphone que « quand mes
douleurs sont très intenses, je suis obligée d’augmenter les
doses, quitte à subir l’effet secondaire qui me fait tourner la
tête ». Néanmoins de plus grandes quantités ne sont pas
toujours synonymes d’effets thérapeutiques plus importants.
C’est du moins ce qu’a rapporté un patient souffrant de douleurs
chroniques à la nuque à la suite d’un accident lui ayant causé
une rupture des ligaments de l’épaule et une hernie discale au
niveau des cervicales : « J’ai remarqué que le cannabis, à
faible dosage, en-dessous du seuil des effets psychotropes, sous
forme de joint ou de biscuits, a une action relaxante à long
terme sur mes muscles au niveau de la nuque. En revanche, si
j’augmente les doses, les douleurs reprennent ».
Que faire en cas de surdosage ?
En cas de surdosage accidentel, surtout chez des consommateurs de cannabis peu expérimentés, des crises d’angoisse
peuvent se manifester pouvant s’intensifier jusqu’à provoquer
des peurs paniques. Cependant, des manifestations de fortes
peurs peuvent également se produire chez des consommateurs
expérimentés. Souvent, en sentant l’angoisse monter, ces
derniers savent qu’elle ne sera que passagère. La peur de mourir
est une des caractéristiques possibles d’un surdosage de
cannabis. Il peut être utile de se souvenir, à ce moment-là,
157
qu’on ne peut pas mourir d’overdose au cannabis. Charles
Baudelaire, membre du Club des Hachichins fondé à Paris en
1843, n’a pas caché dans ses célèbres écrits sa préférence pour
les grandes quantités : « …gros comme une noix…vous pouvez
avaler sans crainte ; on n’en meurt pas ». Baudelaire a en effet
vécu des ivresses cannabiques qui duraient toute une journée,
pendant lesquels des moments de bonheur absolu alternaient
avec des phases de fortes peurs et d’anxiété.
Certains consommateurs récréatifs absorbent pendant les weekends des quantités de cannabis parfois si importantes qu’elles
provoquent des hallucinations et de l’ivresse durant deux jours.
Dans ces cas là, les prises peuvent dépasser le dosage de
1, voire 2 g de haschich, c'est-à-dire jusqu’à 100 mg de THC ou
plus en une seule prise.
Lors d'un surdosage de cannabis, il est essentiel de garder son
calme ! Les peurs et les sensations de mal-être disparaissent en
général en même temps que l’ivresse. Elles durent rarement très
longtemps. Dans le cas contraire, mieux vaut consulter un
médecin.
Si l’un de vos proches fait l’expérience d’un surdosage de
cannabis, il faut le rassurer et lui parler pour le réconforter. On
peut lui expliquer que l'effet diminuera tout seul avec le temps,
qu’on restera auprès de lui le temps qu’il faudra et les effets
psychiques désagréables disparaîtront bientôt. Si la personne
concernée le souhaite, on peut lui proposer quelque chose à
manger, à boire ou même lui administrer un sédatif. Un
médecin peut éventuellement lui administrer comme calmant un
benzodiazépine, par exemple 5 mg de diazépam par voie
intraveineuse. L’accélération de la fréquence cardiaque peut
être réduite par la prise d'un béta-bloquant, par exemple le
propanolol par voie intraveineuse.
Interactions du cannabis avec d’autres médicaments
Dans de nombreux cas impliquant différentes maladies, le
cannabis et le Dronabinol ont été utilisés en association avec
d’autres médicaments sans que d’importantes manifestations
d’interaction, ni d’intolérance ne se soient produites. Des études
cliniques, datant du début du XIXème siècle, ont souvent
158
démontré que l’association de préparations à base de cannabis
avec d’autres médicaments augmentait le bénéfice thérapeutique des différentes substances administrées. Aujourd’hui,
des concepts thérapeutiques innovants, qui associent le cannabis
et le Dronabinol à d’autres médicaments, pourraient être
bénéfiques pour traiter de nombreuses maladies.
Aujourd’hui, certaines interactions et leurs mécanismes sont
bien connus. Par exemple, quelques interactions du cannabis
avec d’autres médicaments ou drogues se basent simplement
soit sur des effets similaires à ceux obtenus séparément par
chacune des substances, soit sur la manière dont le cannabis, ou
un autre médicament, est dégradé dans le foie. Il est également
possible que l’association avec certains médicaments augmente
les effets bénéfiques du cannabis, ou au contraire, que le
cannabis renforce ou réduise l’effet bénéfique d’autres
substances. De plus, certains effets particuliers peuvent être
amplifiés ou réduits. Des chercheurs ont découvert que, chez
des patients traités par chimiothérapie contre le cancer,
l’association de Dronabinol avec un autre médicament antiémétique (prochlorpérazine) empêchait davantage les nausées et
les vomissements que chacun des médicaments pris séparément.
Parallèlement, la prochlorpérazine a réduit les effets psychiques
du Dronabinol (Lane, 1991).
De nombreux effets d’interaction sont volontairement
recherchés. Ainsi, des opiacés (morphine) peuvent aisément être
utilisés en même temps que le cannabis, car leurs effets
analgésiques sont complémentaires. De plus le cannabis
empêche les nausées qui sont parfois provoquées par les
opiacés. Des médicaments qui relaxent les muscles, qui calment
l’asthme ou qui réduisent la pression oculaire peuvent
également être administrés en association avec le cannabis.
Les plus importantes interactions du cannabis et du
Dronabinol avec d’autres substances :
 meilleur effet calmant et somnifère de substances
sédatives comme les somnifères, les antidépresseurs
tricycliques, les opiacés et l’alcool grâce au THC.
 réduction, par des beta-bloquants, de l’augmentation du
159





rythme cardiaque provoqué par le THC.
augmentation mutuelle de l’effet analgésique des
opiacés et du THC.
meilleur effet antidépresseur de certains médicaments
inhibiteurs de recapture de sérotonine (fluoxétine) grâce
à l’association avec le THC.
augmentation de l’effet antiépileptique des benzodiazépines par le THC.
réduction de la pression oculaire par l’association de
certains médicaments utilisés dans le traitement des
glaucomes avec certains cannabinoïdes.
possibilité de réduire l’action antipsychotique des
neuroleptiques par le THC. Cependant, l’action de ces
substances semble être plus efficace en cas de troubles
de la motricité.
Les associations à éviter avec le cannabis et le Dronabinol :
Tout médicament susceptible d’augmenter le rythme cardiaque.
Parmi eux, on notera les amphétamines, l’adrénaline, la cocaïne
et l’atropine. L’effet accélérateur du pouls peut être amplifié et
devenir gênant lorsque le dosage est relativement élevé. Dans le
cas où aucun trouble cardiaque n’est diagnostiqué, les risques
pour la santé liés à cette association restent généralement
faibles. Cependant, il est déconseillé de trop solliciter le
système cardiovasculaire.
160
Recommandations sur l’utilisation du Cannabis
et du Dronabinol
Dans ce chapitre, j’ai rassemblé quelques conseils pratiques sur
l’utilisation médicale du cannabis et du Dronabinol. D’une part,
ils sont issus de résultats de mes propres expériences, acquis
grâce au travail auprès de nombreux patients et de médecins.
D’autre part, ils proviennent de la littérature scientifique et de
témoignages d'autres personnes ayant des compétences dans ce
domaine. Par exemple, je ne suis pas expert dans les domaines
de la culture, des modes de transformation et de la préparation
du cannabis. Les connaissances d’autres personnes m’ont été
très précieuses dans l’élaboration des chapitres consacrés à ces
domaines précis.
Manger et boire du cannabis
Comme il a été décrit au chapitre précédent, pour une
meilleure utilisation thérapeutique du cannabis administré par
voie orale, il est conseillé de chauffer ce dernier afin de
transformer le THC sous forme d'acide non actif, en THC
phénolique actif. Cette réaction biochimique est appelée la
décarboxylation, du nom des acides THC qui sont des acides
carboxyliques. Or la cuisson détruit également une partie du
THC par oxydation. C’est pourquoi, il est essentiel de choisir la
température et le temps de cuisson les plus appropriés.
De plus, si le cannabis est chauffé sans précaution au-delà de
140°C, l’évaporation des cannabinoïdes commence à se
produire.
Des recherches expérimentales ont été conduites par le service
régional de chimie et le service national de médecine vétérinaire
de Münster (Allemagne) avec l’aide de l’Institut fédéral de la
santé publique, de la protection des consommateurs et de la
médecine vétérinaire, ayant pour objet de déterminer les
meilleures conditions de décarboxylation du THC. Les essais
ont permis de varier des facteurs comme la nature du solvant, la
température et le temps de cuisson. Aucune recette satisfaisante
unique n’a pu être déterminée car, à une température supérieure
161
à 75°C, parallèlement à la transformation des acides THC en
THC phénolique, ces derniers sont également dégradés. Si la
température est inférieure à 75°C, le processus dure près de
quarante-huit heures. Dans ce cas, aucun essai approfondi n’a
encore été mené.
Le professeur Brenneisen (Suisse) a suggéré que les conditions
optimales de décarboxylation consistaient à chauffer le THC
pendant cinq minutes à une température comprise entre 200°C
et 210°C. Ainsi, le THC ne s’oxyde quasiment pas. Le principe
est le suivant : lorsque la température est basse, il faut plus de
temps pour la décarboxylation ; lorsque la température est
élevée (comme c’est le cas à l’extrémité allumée d’une cigarette
de cannabis) quelques secondes suffisent.
Dans les variétés de chanvre cultivées en Europe centrale, plus
de 90 % de la teneur en THC sont présents sous forme d’acides
THC non actifs. Dans les variétés issues des régions situées plus
au sud et plus chaude, par exemple le Maroc ou l’Inde, le THC
phénolique actif est déjà présent dans la plante à plus de 30 %.
C’est la raison pour laquelle, en Inde, des boissons froides
préparées à partir de feuilles de cannabis (bhang) sont déjà très
bénéfiques.
La concentration en THC phénolique peut être encore plus
élevée dans la résine de cannabis, ou le haschich. Ainsi,
certaines analyses ont révélé des taux pouvant atteindre entre
15 et 65 %. C’est pourquoi le haschich ingéré tel quel peut
également offrir d’importants effets, bien qu’en règle générale,
ce soit la chaleur qui permette d’augmenter l’effet recherché.
Conseil pratique:
Si le cannabis est chauffé sans précaution préalable, la
température à l’intérieur du four ne doit pas dépasser 130°C,
afin de procéder au processus de décarboxylation sans
évaporation des cannabinoïdes. Malheureusement, aucune
indication n’est disponible à ce jour sur le temps de cuisson
idéal. Je crois qu’il ne faut pas prolonger la cuisson plus de
vingt à trente minutes.
Pour éviter l’évaporation des cannabinoïdes, il est possible de
protéger les feuilles en les immergeant, une fois émiettées, dans
162
de la graisse fondue ou de l’huile. Ainsi, le THC est retenu dans
la matière grasse et ne peut plus s'évaporer aussi facilement.
Par exemple, on peut chauffer un peu de graisse dans une poêle
avant d’ajouter le cannabis (marijuana ou haschich). Il est
conseillé d’utiliser un produit à point d’ébullition élevé, par
exemple les matières grasses solides qui durcissent au
réfrigérateur, telles que l’huile de palme ou l’huile de coco
(point d’ébullition entre 260°C et 290°C contrairement à celui
du beurre qui est de 150°C). Concernant la température, il est
possible de se repérer à celle recommandée pour la cuisson des
frites et des beignets, c’est-à-dire entre 175°C et 190°C.
Si vous ne possédez pas de thermomètre spécifique, voici une
astuce très simple, bien connue dans le monde des chefs
cuisiniers : placez le manche d’une cuillère en bois dans l’huile
chaude. Quand des bulles commencent à se former rapidement
le long du manche, l’huile est à la bonne température. Attention
aux éclaboussures quand vous ajoutez le cannabis. Un temps de
cuisson de 5 à 10 minutes est alors suffisant. De cette manière,
les conditions optimales suggérées par le professeur Brenneisen
sont quasiment remplies. Pour consommer l’huile ainsi fabriquée, il est possible de l’ajouter à un yaourt parfumé ou à du lait
chocolaté.
Une autre recette facile est celle des Roses des Sables au
cannabis et au chocolat. Pour la réaliser, il suffit d’ajouter le
cannabis dans du chocolat fondu. Intégrer dans cette crème des
pétales de Corn Flakes ou d’autres flocons (flocons d’avoine ou
préparation pour muesli), déposer ce mélange sur une plaque et
laisser durcir. Seulement l’utilisation de haschich, dont le THC
a déjà subi la transformation par décarboxylation, est conseillée
ici.
La confection de truffes au cannabis et au rhum permet de bien
doser le produit. Voici la recette : faire macérer toute une nuit
100 g de raisins secs hachés dans 2 à 3 cuillères à soupe de
rhum. Mélanger dans un saladier 200 g de sucre glace et
200 g de chocolat pâtissier râpé. Faire fondre dans une casserole
100 g d’huile de coco solide et ajouter 5 g de haschich émietté
ou d’herbe de cannabis hachée finement. Faire bouillir le tout
pendant cinq minutes (voir au-dessus). Laisser tiédir ce mélange
163
avant de l’ajouter dans le saladier avec le chocolat et le sucre
glace. Essuyer la casserole avec les raisins secs au rhum afin de
récupérer les restes de graisse et de cannabis pour les ajouter
dans le saladier. Bien mélanger le tout et laisser durcir dans le
réfrigérateur jusqu’à obtention d’une pâte facile à travailler. Il
ne reste plus qu’à former des petites boules et à les rouler dans
200 g de chocolat râpé. Si vous formez 50 truffes, chacune
contiendra 0,1 g de cannabis.
En règle générale, pour confectionner des gâteaux au cannabis,
il suffit de suivre les recettes traditionnelles des gâteaux et petits
biscuits de Noël.
Inhalation du Dronabinol
Certains appareils conçus spécialement pour l’évaporation
(ou vaporisation) et l’inhalation du cannabis permettent
également d’inhaler du Dronabinol. Il est alors préférable que
votre pharmacien vous propose une préparation à base d’alcool
plutôt que du Dronabinol dissout dans de l’huile comme c’est
habituellement le cas. Les gouttes qui contiennent le
Dronabinol, introduites dans le réservoir de l’appareil,
s’évaporent à la température conseillée, entre 160 °C et 200 °C,
et peuvent ainsi facilement être inhalées.
Conseil pratique:
Un patient m’a rapporté une technique très simple pour inhaler
la solution de Dronabinol à base d’alcool, sans avoir recours à
un appareil spécifique. Il utilise une pipe dans laquelle il a
glissé préalablement une grille fine. Il y verse deux gouttes de la
solution à base de Dronabinol et les chauffe à l’aide d’un
briquet. Il inhale en même temps qu’il chauffe la solution. « Je
pratique toujours la technique de pyrolyse avec un briquet, la
plupart du temps avec deux gouttes de Dronabinol dans une
pipe normale, dans laquelle j’ai disposé une petite grille en
acier servant de support aux gouttes. Cette technique
fonctionne toujours sans provoquer de complications, comme la
bronchite. Au bout de quelques mois, un dépôt résineux se
forme à l’intérieur de la pipe, comme dans une pipe à
haschich», a-t-il expliqué dans un courrier.
164
Préparation de teinture à base de cannabis
Les conseils du Dr Manfred Fankhauser, docteur en
pharmacie en Suisse, se basent sur d’anciennes formules de
préparation de médicaments. La préparation de teinture est
idéale si on ne possède pas d’équipement pharmaceutique
spécifique. Prendre dans votre pharmacie entre 3 et 5 parts
d’alcool (par exemple eau de vie ou alcool éthylique de
40 à 70 %) et 1 part de feuilles ou de fleurs de cannabis (par
exemple 25 g de cannabis pour 100 ml d’alcool). Laisser
reposer environ 10 jours dans un lieu à l’abri de la lumière et de
la chaleur. Secouer le mélange de temps en temps. Filtrer à
l’aide d’une passoire. Conserver toujours la teinture ainsi
obtenue dans un endroit sombre et frais (par exemple dans le
réfrigérateur) afin de préserver les principes actifs pendant
plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
Voici une autre recette : émietter le cannabis et le déposer dans
un bocal. Couvrir entièrement d’alcool (alcool éthylique entre
96 à 99 %, disponible en pharmacie). Faire reposer une semaine
dans un endroit frais et à l’abri de la lumière en secouant le
bocal quotidiennement. Filtrer à l’aide d’un filtre à café ou d’un
morceau de tissu. Presser au maximum les gouttes d’alcool
restées dans le matériel végétal. Il est possible de répéter ce
geste plusieurs fois, au moins une fois, mais deux fois valent
mieux. Remettre le cannabis dans le bocal et recouvrir de
nouveau d’alcool. Verser ensuite l’alcool devenu vert dans une
assiette creuse et la poser dans un endroit tempéré et aéré afin
de faciliter l’évaporation de l’alcool et d’augmenter ainsi la
concentration des cannabinoïdes de la teinture. Cela peut
prendre dix jours. Une fois que l’alcool s’est suffisamment
évaporé, verser la teinture dans une bouteille équipée d’un
bouchon compte-gouttes.
Conseil pratique:
Pour obtenir de l’huile de cannabis, il faut laisser évaporer tout
l’alcool jusqu’à obtention d’une sorte de pâte sombre
(ressemblant à du goudron). Il est possible de poser le bocal
dans un endroit chaud afin d’accélérer le processus. Il est
déconseillé de l’exposer directement aux rayons du soleil, car
ces derniers détruiraient rapidement le THC, et de le chauffer
165
afin d’éviter que l’alcool ne s’enflamme. La concentration en
THC de cette huile peut atteindre entre 20 et 50 %.
Et si les troubles s’intensifient ?
Il arrive parfois que l’intensité des troubles ou des
symptômes ne diminue pas, et qu’au contraire, elle augmente.
Ainsi, chez certaines personnes, les produits issus du cannabis
peuvent provoquer des nausées. Chez certains patients souffrant
de douleurs, le mal peut empirer et chez quelques patients SEP,
les spasmes peuvent s'intensifier provisoirement.
L’action des produits dérivés du cannabis dépend également de
l’état du système cannabinoïdes endogène de l’organisme. De
plus, entre le système cannabinoïde endogène et d’autres
systèmes internes, diverses interactions se produisent, provoquant l’inhibition ou la stimulation de ces derniers et qui, selon
l’état initial de ces systèmes, peuvent avoir des réactions très
différentes. Selon mes expériences, toutes les personnes chez
qui une première consommation de cannabis a provoqué des
nausées, ont continué à réagir de cette manière. Par conséquent,
l’administration de cannabis dans ces cas n’est pas conseillée. Il
en va de même lors de certaines douleurs qui s’intensifient à la
suite du traitement. J’ai également rencontré quelques cas, dont
un patient consommateur de cannabis atteint d’une lésion au
niveau de l’épaule qui a observé avec étonnement que ses
douleurs s’intensifiaient sous l’influence du cannabis. Des
observations identiques ont été faites lors de fortes douleurs
chez des paraplégiques. Dans ces cas, il s’agit de douleurs dites
neuropathiques induites par des lésions nerveuses, dont les
traitements à base de produits issus du cannabis sont
généralement très bénéfiques. En revanche, il peut en être
autrement avec l’effet sur la spasticité. Quelques personnes
concernées m’ont confié que dans leur cas, l’effet était fonction
du dosage. C’est au cours de la phase d’essai qu’ils ont
finalement trouvé le dosage idéal avec lequel l’intensité des
spasmes diminuait de manière satisfaisante.
166
Acheter du cannabis à l’étranger
Il est plus facile de se procurer du cannabis aux Pays-Bas ou
en Suisse, qu’en France ou encore en Grèce. Aux Pays-Bas, la
possession d’une petite quantité de cannabis est autorisée. Le
cannabis est d’ailleurs en vente libre dans les fameux coffeeshops, établis dans toutes les grandes villes et où l’on peut
également obtenir de bons conseils. Très souvent, les patients
inexpérimentés en matière de consommation de cannabis et qui
souhaitent essayer, y sont très bien renseignés. Certains coffeeshops vendent du cannabis à moitié prix à tous les patients
pouvant présenter une prescription médicale correspondante,
établie par un médecin néerlandais.
Depuis 2003, les médecins néerlandais sont autorisés à prescrire
du cannabis médicinal à leurs patients. La production de
cannabis, destiné à la vente en pharmacie, est autorisée par le
ministère néerlandais de la Santé Publique et des Sports. Le
gouvernement néerlandais, comme le gouvernement canadien, a
constitué, au sein de son ministère, un Bureau du Cannabis
Médicinal en charge du respect de la réglementation relative à
l’utilisation médicale du cannabis. Les patients de nationalité
néerlandaise sont autorisés à importer en Allemagne une
quantité de cannabis correspondant à un mois de traitement. Par
contre, les patients allemands n’ont pas le droit d’en ramener
même sur prescription d’un médecin néerlandais.
En Suisse et en Allemagne, la réglementation sur les stupéfiants
est similaire.
Conseil pratique:
Un séjour aux Pays-Bas permet d’essayer les produits à base de
cannabis sans crainte de faire l’objet d’une éventuelle poursuite
judiciaire. Ainsi, vous pouvez tester si l’effet médical recherché
peut être obtenu.
Produits issus du cannabis chez l’enfant
Il est essentiel de distinguer l’utilisation thérapeutique des
produits issus du cannabis chez les enfants et les adolescents, de
l’usage récréatif du cannabis comme il est pratiqué par les
jeunes. Sur le plan du développement psychologique des jeunes,
167
le cannabis est en effet fortement déconseillé si sa consommation dépasse le stade occasionnel ou d’essai.
Dans le traitement de certaines maladies, les cannabinoïdes et
les produits naturels du cannabis ont été utilisés avec succès
chez l’enfant. Certains exemples ont déjà été présentés dans les
chapitres correspondant aux troubles pouvant bénéficier d’un
traitement à base de cannabis. Il s’agit principalement de
maladies neurologiques (épilepsie, spasticité d’origines
diverses, accident de noyade, etc.), de syndromes d’hyperactivité (TDAH) et d’effets secondaires de chimiothérapies
anticancéreuses. Le nombre de récepteurs cannabinoïdes dans le
cerveau de l’enfant est inférieur à celui de l’adulte et, de ce fait,
le dosage doit être adapté en conséquence.
Conseil pratique:
Il est conseillé d’utiliser les produits issus du cannabis chez
l’enfant exclusivement pour traiter des maladies graves. Dans
ces cas sévères, le cannabis n’est généralement pas contreindiqué. Il est possible de déterminer le dosage en fonction du
poids. Le Dr Rüdiger Lorenz, pédiatre allemand, a qualifié de
« bien toléré » et de « efficace », un dosage compris entre 0,04
et 0,14 mg de THC par kilo de masse corporelle, chez des
enfants âgés de 3 à 14 ans. Pour un enfant de 20 kg, cela
équivaut à un dosage de 1 ou 2 mg de THC. Ses expériences se
basaient sur des cas d’enfants souffrant entre autres d’épilepsie,
de paraplégie, de spasticité et de spasmes musculaires liés à des
causes inconnues.
168
Chènevis, huile et farine de chanvre
Lorsqu’il est question d’utilisation médicale des produits issus
du cannabis, on pense généralement aux constituants de la
plante qui présentent une forte concentration en cannabinoïdes,
c’est-à-dire aux feuilles et aux fleurs. Les graines de chanvre,
également appelées chènevis, ainsi que l’huile qui en est
extraite par pressage, ne contiennent que des quantités infimes
de THC, insuffisantes pour provoquer des effets psychotropes.
La noix tendre des graines de chanvre ne révèle que des
quantités infimes de THC, raison pour laquelle pendant très
longtemps, on ne savait pas si elle en contenait réellement ou
pas. De plus, des feuilles protectrices, contenant du THC,
pouvaient rester autour des graines, augmentant encore le doute.
Or, ces traces de THC disparaissent quasi totalement lorsque les
graines sont bien nettoyées avant le pressage. La teneur en THC
du chènevis ou de l’huile de chanvre, en vente dans les
magasins d’alimentation diététique ou de produits biologiques,
reste ainsi extrêmement faible et ne peut donc pas provoquer
d’effets pharmacologiques, même en cas de consommation
élevée.
Le chènevis peut être dégusté cru ou grillé, comme les
cacahuètes, ou être utilisé en tant que farine pour la fabrication
de pains ou de gâteaux, voire être mélangés dans du muesli. Le
tourteau pressé, à partir duquel est fabriquée la farine, est
également un aliment très nutritif. Il est constitué des résidus
des graines après pressage et extraction de l’huile. Le tourteau
contient très peu de matières grasses, mais est très riche en
albumines. Comme la farine de chanvre, le tourteau est un
ingrédient idéal pour toutes sortes de pâtes. L’huile de chanvre
est une huile de table de premier choix et de même finesse que
les fameuses huiles de noix ou de noisettes.
Principes nutritifs de base
D’un point de vue botanique, les graines de chanvre sont des
petites noix mesurant seulement quelques millimètres de
diamètre. Elles sont moins allongées, mais plus épaisses que les
graines de tournesols. La noix tendre est protégée par une
169
coquille comestible, fine et croustillante à la fois. Pour
l’extraire, il suffit de décortiquer délicatement la graine. La
teneur moyenne est de 28 à 35 % en matières grasses et de
20 à 24 % en protéines.
Une grande partie de l’intérêt porté aujourd’hui aux graines de
chanvre concerne son huile qui est utilisée autant dans
l’alimentation que dans les produits de soins corporels.
D’ailleurs, la plupart des données analytiques disponibles à ce
jour renseignent sur le large spectre des acides gras des produits
à base de chènevis. Bien que la répartition des acides dépende
fortement de la variété et du mode de culture de la plante, il est
possible de dresser un tableau représentant les caractéristiques
de base de l’huile de chanvre. Ainsi, la teneur en acides gras
essentiels (acide linoléique et acide alpha-linoléique) de
75 à 85 % du total des acides gras contenus est remarquable.
Les principales huiles végétales et leurs teneurs en acides gras
polyinsaturés (%)
Huile végétale
Acide
oléique
Acide
linoléique
(oméga-6)
Acide alphalinoléique
(oméga-3)
Acide
gammalinoléique
(oméga-6)
Chanvre
10 – 16
50 - 70
15 -25
2-4
Lin
13 - 23
17 - 31
44 - 54
-
Olive
64 -86
4 - 15
1
-
Colza
54 - 60
24 – 28
9 - 11
-
Tournesol
30 - 40
50 - 64
Traces
-
Soja
20 - 34
49 - 55
4 - 12
-
Onagre
12 - 20
55 - 65
-
6 - 14
Bourrache
14 - 18
25 - 40
>1
21 - 25
170
L’organisme humain ne peut pas synthétiser les acides gras
essentiels. Ils doivent donc être apportés de l’extérieur par le
biais des aliments. Parmi tous les acides gras contenus dans
l’huile de chanvre, l’acide alpha-linoléique polyinsaturé
(oméga-3) est très présent (15 à 25 %). L’huile de chanvre
contient différents acides gras à longue chaîne, c’est-à-dire des
acides qui sont transformés par l’organisme à partir des deux
acides gras essentiels. Parmi eux, les principaux sont l’acide
gamma-linoléique et l’acide stéarique.
La plupart des huiles de consommation courante (tournesol,
soja, colza et maïs) offrent un apport suffisant en acides
linoléiques. En revanche, seulement l’huile de soja et l’huile de
colza apportent de petites quantités d’acide alpha-linoléique
(oméga-3). L’huile de lin, pourtant riche en cet acide, n’est
adaptée ni à la cuisson, à cause de la grande sensibilité à
l’oxydation de ses acides gras, ni à la consommation froide, à
cause de son goût déplaisant. Puisque ni les viandes, ni les
céréales n’offrent une source suffisante en acides alphalinoléiques, ou en autres acides gras oméga-3 à longue chaîne,
les habitudes alimentaires dans les pays occidentaux sont donc
généralement pauvres dans ces acides. Des indications laissent
suggérer qu’une carence en acide gras oméga-3 peut représenter
un des facteurs responsable de nombreuses maladies chroniques
et aigues aujourd’hui largement répandues. Le rapport acide
linoléique / acide alpha-linoléique (3/1) qui caractérise l’huile
de chanvre, est proche du rapport optimal préconisé par les
chercheurs en nutrition (entre 4 à 1 et 6 à 1). Or, en dehors de
l’huile de colza, la plupart des huiles végétales, habituellement
utilisées en cuisine, ont un rapport bien trop élevé.
De plus, l’huile de chanvre contient des antioxydants de la
famille des vitamines E, de concentrations moyennes à fortes
(entre 100 et 150 mg par 100 g d’huile, dont principalement la
gamma-tocophérol), ainsi que divers autres composants, en
faible concentration, et qui sont également fortement
nécessaires, voire essentiels (phytostérols, phospholipides,
carotènes et divers minéraux).
171
L’acide gamma-linoléique
La présence d’acide gamma-linoléique et de d’acide
stéarique en petites quantités dans l’huile de chanvre offre, en
plus de sa composition optimale en acides gras essentiels (acide
linoléique et acide alpha-linoléique), un bénéfice supplémentaire chez les personnes dont l’organisme ne synthétise pas,
ou insuffisamment, les acides gras essentiels à long chaîne
(trouble génétique, dysfonctionnement nutritif ou autres
causes).
En règle générale, l’organisme en bonne santé n’a pas besoin
d’un apport complémentaire en acide gamma-linoléique puisque
l’enzyme delta-6-désaturase transforme l’acide linoléique en
acide gamma-linoléique.
Pour une parfaite exploitation de l’acide linoléique, il faut que
l’organisme transforme cet acide en d’autres substances. La
transformation de l’acide linoléique en acide gamma-linoléique
par le delta-6-désaturase est la première étape du processus.
Cette étape est longue et représente chez l’homme l’étape
limitante. Si, pour une quelconque raison, l’activité de l’enzyme
delta-6-désaturase est réduite, d’éventuels troubles de santé
peuvent apparaître. Dans ce cas, un apport de ces métabolites
par l’alimentation peut représenter une mesure appropriée pour
rétablir le bon fonctionnement de l’organisme.
La comparaison entre la composition de l’huile de chanvre et
celle des autres huiles végétales révèle la présence d’acide
gamma-linoléique dans l’huile de chanvre. L’huile de bourrache
et l’huile d’onagre, en revanche, offrent des concentrations plus
élevées. D’autres paramètres comme l’instabilité, le goût
désagréable ou le prix, font que ces huiles ne sont pas adaptées
à la consommation courante. Il est néanmoins possible de se les
procurer sous forme de gélules.
Les graines de chanvre, par contre, offrent une huile très
goûteuse, à condition qu’elle soit préparée avec soin et pressée
à froid. Elle est l’ingrédient idéal pour des salades, des
garnitures, des sauces, des soupes et des grillades, mais elle ne
doit être ni cuite, ni frit. La richesse de cette huile s’explique
d’une part dans sa composition quasi idéale avec son rapport
oméga-6/oméga-3 d’environ trois pour un (3/1), avec sa
172
composition riche et complexe tant sur le plan physiologique
que nutritif, sa bonne teneur en acide gamma-linoléique (2 à
4%) et son goût agréable. Toutes ces composantes font de
l’huile de chanvre un aliment fonctionnel qui aura toute sa place
au sein de la nutrition de demain.
Au-delà de la nutrition, grâce à sa composition unique en acides
gras essentiels, l’huile de chènevis est excellente dans le
domaine des soins corporels (pommades et huiles pour la peau).
D’autres huiles végétales riches en acides gamma-linoléiques,
comme l’huile de bourrache ou l’huile d’onagre, ont un rapport
oméga-6/oméga-3 défavorable (environ 30 à 1) qui ne convient
pas à l’épiderme humaine (4 à 1).
L’utilisation thérapeutique des acides gras essentiels
et de l’huile de chanvre
Neurodermite
Les recherches menées entre les années trente et cinquante
ont démontré que les déficiences en acides gras essentiels
oméga-6 provoquent une altération de la peau de nature
inflammatoire chez les animaux comme chez les humains. Plus
tard il a été découvert que chez des personnes atteintes d’une
neurodermite, la concentration en acide linoléique dans le sang
et dans les tissus adipeux était très souvent plus élevée, tandis
que le taux des métabolites de l’acide linoléique était
généralement plus faible que chez les personnes en bonne santé.
Il a également été constaté que la composition des acides gras
dans les globules rouges et dans les cellules mononucléaires
était modifiée. Dans le cas de la neurodermite, il est probable
qu’il s’agisse d’une inhibition de l’activité de l’enzyme delta-6désaturase limitant ainsi le processus de transformation de
l’acide linoléique en acide gamma-linoléique. Par conséquent, il
est possible qu’il s’agisse d’un trouble héréditaire du
métabolisme des acides gras.
Chez des patients atteints de neurodermite, l'administration
d’acides gamma-linoléiques permet d’augmenter, dans les
cellules cutanées, le rapport acides gras insaturés/acides gras
saturés (Schafer, 1991). Une chance pour la prévention des
173
maladies atopiques , c’est ainsi que Melnik a titré un article
traitant du potentiel de l’utilisation thérapeutique des acides
gamma-linoléiques (Melnik, 1990).
Selon les résultats pour la plupart issus d’études cliniques, les
traitements à base d’acides gamma-linoléiques en prise orale
ont un effet très bénéfique pour lutter contre le traitement des
symptômes d’altération de la peau (d’après des études
cliniques), de la rugosité de la peau (d’après des observations
objectives) ainsi que de l’augmentation de la concentration des
catécholamines plasmatiques chez des patients atteints de
neurodermite (Andreassi, 1997 ; Biagi, 1994 ; Fiocchi, 1994 ;
Bordoni, 1988 ; Biagi, 1988 ; sauf Henz, 1999 ; Borrek, 1997).
Dans des études menées en 1997 par Borrek et al., 10 des 24
patients ont ressenti des effets positifs avec ce type de
traitement. Le besoin quotidien en acides gamma-linoléiques,
administrés par voie orale, correspondait, d’après ces études, à
quelques cuillères à café d’huile de chanvre.
De plus, une étude en double-aveugle a été menée auprès de
12 patients souffrant de neurodermite, ayant pour objet le
traitement externe de la neurodermite, avec une pommade à
base d’acides gamma-linoléiques (Anstey, 1990). Après les
quinze jours de la phase de traitement, les patients ont observé
un meilleur effet thérapeutique avec la pommade à base d’huile
d’onagre, qu’avec le placebo.
L’huile de chanvre pour les soins corporels
En plus de son utilisation dans l’alimentation, l’huile de
chanvre est de plus en plus utilisée en tant que composant dans
les produits de soins corporels comme les savons, les crèmes,
les lotions, les shampoings ou les gels douche. Ces produits
offrent une grande souplesse et une parfaite adaptation à la
peau. En application externe, les acides gras polyinsaturés ont
également des vertus calmantes sur les problèmes de peau sèche
et des effets stabilisants sur le processus de vieillissement de la
peau (Leson, 2001).
174
Acide gamma-linoléique et autres maladies
De nombreuses études ont permis d’évaluer l’influence du
processus d’absorption des acides gras sur le développement de
certaines maladies fréquentes dans les pays occidentaux. En
résumé, les résultats démontrent qu’un déséquilibre dans
l’absorption des acides gras oméga-3 et oméga-6, et par
conséquent, un déséquilibre de leurs produits métaboliques, les
prostaglandines, est souvent un facteur responsable de l’apparition de ces maladies.
En plus de la neurodermite, de nombreuses autres applications
thérapeutiques potentielles sont envisageables avec l’huile de
chanvre, particulièrement pour les acides gras polyinsaturés,
notamment les acides alpha-linoléiques (oméga-3) et gammalinoléiques (oméga-6). Voici quelques uns des domaines
d’application potentiels envisageables :
Maladies cardio-vasculaires
Les patients qui ont suivi un régime alimentaire thérapeutique, basé sur des prises quotidiennes d’acides linoléiques
et d’acides gamma-linoléiques, correspondant à 5 cuillères à
café d’huile de chanvre, ont vu leur taux de LDL et de
cholestérol dans le sang baisser rapidement (Guivernau, 1994).
Une autre étude a démontré que la consommation d’acides gras
oméga-3 diminuait considérablement le risque de mort subite
par arrêt cardiaque chez des patients ayant survécu à un
infarctus du myocarde (Sellmeyer, 1998).
Arthrite rhumatoïde et autres maladies inflammatoires
L’acide gamma-linoléique et les prostaglandines possèdent
des vertus anti-inflammatoires. Des études ont montré que des
prises quotidiennes d’acide gamma-linoléique, à un dosage
allant de 1,2 à 1,4 g pendant douze à vingt-quatre semaines, ont
permis de réduire significativement les symptômes de l’arthrite
rhumatoïdes, sans provoquer d’effets secondaires (Leventhal,
1993 ; Pullman-Mooar, 1990).
175
Syndrome prémenstruel
Ce syndrome se manifeste chez de nombreuses femmes lors
des menstruations. Des études ont montré que des femmes
présentant ce syndrome souffrent d’un trouble du métabolisme
des acides gras, qui, de plus, ralentit la transformation des
acides linoléiques en acides gamma-linoléiques et donc en
prostaglandines correspondantes. Dans une étude clinique,
l’administration d’acides gamma-linoléiques, à un dosage
quotidien entre 150 et 200 mg pendant douze semaines, a
conduit à une nette réduction du syndrome (Horrobin et Manku,
1989).
176
Appendice
Glossaire
Anandamide
L’anandamide est l’un des endocannabinoïdes synthétisé
naturellement par l’organisme humain. Son nom provient du
sanscrit ananda qui signifie bonheur suprême. En chimie,
l’anandamide est appelé N-arachidonoyl éthanolamine.
Cannabinoïdes
Les cannabinoïdes sont des substances actives spécifiques à la
plante Cannabis Sativa L. À ce jour, près de 80 cannabinoïdes
différents, propres au cannabis, ont été recensés. D’un point de
vue pharmacologique, le THC (delta-9-tétrahydrocannabinol)
est le cannabinoïde le plus important, suivi du CBD (cannabidiol).
Cannabis Sativa L.
Le cannabis Sativa L., ou plus communément cannabis, est le
nom latin donné au chanvre indien. La plante ressemble de loin
à l’ortie. Le cannabis, tout comme le houblon, appartient à la
famille des cannabinacées.
CBD
Le cannabidiol, ou CBD, est d’un point de vue quantitatif, le
principal cannabinoïde présent dans le chanvre textile. Il agit
contre l’effet enivrant du THC et possède de nombreuses
propriétés médicinales dont des effets anti-inflammatoires,
antipsychotiques et antioxydants. Cependant, pour obtenir ces
effets, des doses relativement élevées sont requises.
Chanvre
Le chanvre est une plante verte qui est, dans la plupart des cas,
une plante annuelle (nom latin : Cannabis Sativa L.). Les
177
plantes femelles ont une concentration en fibres et en THC plus
élevée que les plantes mâles. Les variétés de chanvre pauvres en
THC sont communément appelées chanvre textile. Près de
30 pays dans le monde, y compris l’Allemagne et la France,
autorisent la culture du chanvre industriel. Ce type de chanvre
est utilisé dans l’industrie pour ses fibres et dans l’alimentation
pour ses graines (chènevis). Les variétés de chanvre riches en
THC sont également appelées chanvre psychotrope. Ce sont ces
variétés dont sont extraits la marijuana et le haschich.
Delta-9-tétrahydrocannabinol
Le delta-9-THC ou THC, est le composant actif le plus
important du point de vue pharmacologique. Il est responsable
de l’ivresse cannabique, le high, mais aussi de la plupart des
effets thérapeutiques du cannabis. Il est également connu sous
le nom de Dronabinol.
Dronabinol
Le Dronabinol est une autre appellation du THC, le composant
actif naturel du cannabis. En Allemagne, la prescription
médicale de Dronabinol est autorisée depuis 1998, à condition
que le médecin utilise un carnet à souche spécialement réservé
aux produits inscrits au tableau B. En Autriche et en Suisse, les
médecins sont également autorisés à le prescrire. En Suisse par
exemple, il faut pour cela une autorisation spéciale délivrée par
l’Office Fédéral de la Santé publique. Sur l’ensemble du
territoire germanophone, il est possible de se procurer soit une
préparation à base de Dronabinol provenant des États-Unis
(Marinol®), soit du Dronabinol des laboratoires Bionorica
Ethics ou THC Pharm.
Endocannabinoïdes
Les endocannabinoïdes, ou cannabinoïdes endogènes, sont des
substances produites par l’organisme humain et qui se lient aux
récepteurs cannabinoïdes de la même manière que celles issues
du cannabis. Ils ne sont actifs que pendant quelques minutes.
Parmi les endocannabinoïdes figurent l’anandamide et le
2-arachidonoyl glycérol (2-AG).
178
Haschich
Le haschich, ou résine de cannabis, est le nom commun de la
résine sécrétée par des glandes spécifiques du cannabis. Cette
résine est très riche en THC, avec une concentration pouvant
aller de 3 à 25 %. Ce sont dans les régions chaudes du globe
que les plantes produisent le plus de résine, raison pour laquelle
le haschich est surtout produit dans ces pays. Souvent, le
haschich se présente pressé, sous la forme de tablettes.
Marijuana
La marijuana, ou herbe de cannabis, est composée de feuilles et
de fleurs séchées issues du chanvre psychotrope. Les parties
végétales sont séchées, de la même manière qu'est séché le thé,
et parfois fermentées. La plupart du temps, pour obtenir de la
marijuana, seules les plantes femelles sont utilisées puisqu’elles
sont plus riches en THC (entre 1 et 25 %). Les fleurs présentent
une concentration plus élevée en THC que les feuilles.
Marinol®
Le Marinol® est un médicament de synthèse à base de
Dronabinol commercialisé sous la forme de gélules par le
laboratoire Solvay Pharmaceuticals. Les pharmacies en
Allemagne sont autorisées à importer ce médicament des ÉtatsUnis. Pour simplifier l’importation, les pharmaciens peuvent
s’adresser directement à une société importatrice de médicaments, déjà en possession d’une licence d’importation pour le
Marinol®, accordée par l’Institut fédéral des médicaments et
des dispositifs médicaux.
Les patients français peuvent
également demander une autorisation auprès de l’Agence
Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé
(AFSSAPS).
Récepteurs cannabinoïdes
Les récepteurs cannabinoïdes sont des sites de liaison
spécifiques présents à la surface de nombreuses cellules,
notamment sur les cellules nerveuses et les leucocytes, auxquels
se lient les cannabinoïdes ou les endocannabinoïdes pour
provoquer de multiples effets.
179
THC
THC est l’abréviation de Tétrahydrocannabinol, qui désigne la
plupart du temps la substance végétale naturelle (-)-trans
isomère du delta-9-THC, également connue sous le nom de
Dronabinol.
180
Bibliographie
Cette partie du guide répertorie plus de 300 références
scientifiques dont les plus récentes datent de l’année de parution
de cet ouvrage (2009). Les références incluent des publications
de la presse spécialisée relatives aux études cliniques, aux
recherches et aux rapports d’études de cas sur les traitements à
base de cannabinoïdes et de cannabis, présentés dans le chapitre
« Les applications médicales des produits issus du cannabis ».
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Informations complémentaires et coordonnées
Sur ce site vous trouverez toutes les informations régulièrement mises à jour, notamment sur l’évolution politique et
juridique de l’utilisation médicale du cannabis. Vous pouvez
également vous abonner gratuitement au bulletin d’information
de l’IACM (IACM Bulletin) qui est publié gratuitement en
plusieurs langues tous les quinze jours et également disponible
sur le site internet de l’IACM.
Adresse internet de l’IACM :
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(IACM)
Am Mildenweg 6
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Fax : +49 (0)2952 902 651
E-mail: [email protected]
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À propos de l’auteur
Le Docteur Franjo Grotenhermen est président de l’Association
allemande pour le Cannabis Médical ACM (Arbeitsgemeinschaft Cannabis als Medizin) fondée en 1997 et initiateur de
l’Association Internationale pour le Cannabis Médical IACM
(Internationale Arbeitsgemeinschaft Cannabis als Medizin).
Chercheur à l’Institut Nova de Cologne (unité « matières
premières végétales ») et auteur de nombreux articles et
ouvrages sur le potentiel thérapeutique du cannabis et des
cannabinoïdes, Franjo Grotenhermen est un spécialiste de
renommée internationale, conseiller et expert pour tout ce qui
concerne les aspects pharmacologiques et toxicologiques des
cannabinoïdes. Il est également membre du comité scientifique
de relecture du Journal of Cannabis Therapeutics et éditeur de
la revue Cannabis and Cannabinoids : Pharmacology, Toxicology and Therapeutic Potentials, publiée en allemand, en
anglais et en espagnol, ainsi que de la revue Cannabis,
Straßenverkehr und Arbeitswelt (Cannabis, conduite routière et
au travail).
211
Du même auteur
Grotenhermen F. Cannabis como medicamento. Barcelona,
Spanien: Canamo Verlag, 2007.
Grotenhermen F, Reckendrees B. Die Behandlung mit Cannabis
und THC. Solothurn, Schweiz: Nachtschatten Verlag, 2006.
Russo E, Grotenhermen F, Hrsg. The Handbook of Cannabis
Therapeutics: From Bench to Bedside. Binghamton/New
York: Haworth Press, 2006.
Grotenhermen F, Hrsg. Cannabis und Cannabinoide.
Pharmakologie, Toxikologie und therapeutisches Potential.
Göttingen: Hans Huber, 2001 (1. Aufl.), 2004 (2. erweiterte
und ergänzte Ausgabe).
Grotenhermen F. Hanf als Medizin. Ein praktische Ratgeber zur
Anwendung von Cannabis und Dronabinol. Baden und
München: AT Verlag, 2004.
Grotenhermen F, Russo E, Ricardo Navarrete-Varo, eds.
Cannabis y cannabinoides. Farmacología, toxicología y
potencial terapéutico. Castellar de la Frontera, Spanien:
Castellarte, S.L., 2003.
Grotenhermen F, Karus M, Hrsg. Cannabiskonsum,
Straßenverkehr und Arbeitswelt. Heidelberg: Springer, 2002.
Grotenhermen F, Russo E, eds. Cannabis and cannabinoids.
Pharmacology, toxicology, and therapeutic potential. Binghamton/New York: Haworth Press, 2002.
Grotenhermen F, Huppertz R. Hanf als Medizin. Heidelberg:
Haug-Verlag, 1997. 182 Seiten.
Grotenhermen F, Karus M. Cannabis als Heilmittel: ein
medizinischer Ratgeber. Verlag die Werkstatt, Göttingen
1998.
Grotenhermen F, Karus M. Cannabis als Heilmittel - Eine
Patientenbroschüre. Hürth: nova-Institut, 1995.
212
Éditions Indica
7, Impasse de l’argent
67600 Sélestat, France
E-mail : [email protected]
Internet : www.editions-indica.com
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