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Éditorial
Les zoonoses,
l’avenir de l’infectiologie ?
Zoonose, futur of infectious diseases?
P. del Giudice
(Service d’infectiologie-dermatologie, Centre hospitalier intercommunal de Fréjus-Saint-Raphaël)
P
lus des deux tiers des maladies infectieuses humaines sont communes
aux animaux domestiques ou sauvages (1). La plupart, si ce n’est la
totalité des nouvelles maladies infectieuses humaines sont d’origine
animale, soit par adaptation à l’homme, soit par passage accidentel de
l’animal à l’homme. Les exemples récents sont nombreux, dont certains
plus médiatiques, comme le nouveau coronavirus provenant de la péninsule
arabique, dont le réservoir serait le chameau, l’hépatite E associée au porc,
ou l’épisode de la grippe dite “porcine” due au virus H1N1. Les 3 grands
pathogènes mondiaux que sont le paludisme, la tuberculose et le VIH sont
à l’origine dues à des zoonoses. Il est en effet désormais bien établi que
la pandémie du virus VIH prend son origine dans la population des grands
singes d’Afrique centrale (2). Quant au Plasmodium falciparum, responsable
de la majorité des cas de paludisme et de ses formes graves, considéré
comme strictement humain, des travaux récents suggèrent qu’il existerait
un réservoir animal chez les grands singes (3, 4). Le “franchissement de la
barrière des espèces” est le terme qui caractérise ce moment particulier
où un agent pathogène, jusque-là parfaitement adapté strictement à son
hôte animal, acquiert les spécificités lui permettant d’infecter un autre hôte
animal dont l’homme. Ce franchissement est principalement favorisé par les
diverses modalités de consommation de nourriture et la promiscuité entre
l’homme et l’animal. Dans nos pays européens ou d’Amérique du Nord, de
moins en moins agricoles, cette promiscuité est illustrée par les animaux
de compagnie. Ce numéro d’Images en Dermatologie propose quelques
exemples d’anthropozoonoses.
Il n’est pas illogique de considérer que le meilleur moyen de prévoir et
d’anticiper les maladies infectieuses à venir est de s’intéresser aux agents
infectieux déjà présents chez les animaux. La tâche est colossale, mais c’est
là que réside l’avenir de la prévention des prochaines pandémies.
II
Références bibliographiques
1. Morse SS, Mazet JA, Woolhouse M et al. Prediction and prevention of the next pandemic zoonosis. Lancet
2012;380(9857):1956-65.
2. Keele BF, Van Heuverswyn F, Li Y et al. Chimpanzee reservoirs of pandemic and nonpandemic HIV-1. Science
2006;313(5786):523-6.
3. Duval L, Fourment M, Nerrienet E et al. African apes as reservoirs of Plasmodium falciparum and the origin
and diversification of the Laverania subgenus. Proc Natl Acad Sci U S A 2010;107(23):10561-6.
4. Liu W, Li Y, Learn GH et al. Origin of the human malaria parasite Plasmodium falciparum in gorillas. Nature
2010;467(7314):420-5.
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Images en Dermatologie • Vol. VI • no 6 • novembre-décembre 2013
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