Dossier de la saison Pollution, réchauffement climatique… Quel impact sur les allergies aux pollens ? Pollution, changement climatique, urbanisation croissante, autant de facteurs qui ont des répercussions inévitables sur la pollinisation. Le climat a toujours présenté une variabilité naturelle, à laquelle s’ajoute une variation beaucoup plus intense et rapide liée aux activités humaines. L’évolution de la pollinisation : vers un allongement des périodes de pollinisation et une augmentation du potentiel allergénique des pollens. Le réchauffement climatique impacte la date d’apparition des premiers pollens, qui serait de plus en plus précoce dans la plupart des espèces. On estime en effet que les plantes ont vu leur date de floraison avancer de 2,5 jours par décennie en moyenne, ce qui impacte le processus de pollinisation qui commence également de plus en plus tôt chaque année. La période d’exposition au pollen, et donc le risque de pollinose, s’étend donc désormais sur une plus longue durée. Les risques allergiques ont par conséquent tendance à se prolonger, voire à s’amplifier pour certaines espèces. Il existe un lien direct entre température et quantité de pollen libérée par les plantes, avec hausse de la productivité pollinique dès que les conditions climatiques sont plus chaudes. Mais il n’y a pas que les facteurs climatiques qui sont en cause. Certaines pratiques humaines, telles que l’extension des villes, l’évolution des pratiques agricoles, ainsi que la pollution environnementale, vont également rentrer en jeu, aggravant ainsi les conditions actuelles. Le CO2, source organique des plantes, permet la croissance végétale, donc majore la production pollinique, ce qui tend à renforcer l’allergénicité des pollens. De plus, la pollution urbaine, gazeuse ou particulaire, modifie l’allergénicité des pollens en fragilisant la surface des grains et en permettant la libération des protéines allergisantes.(2) Végétaux et pollens : vers une nouvelle géographie ? Le réchauffement climatique est susceptible de modifier la répartition géographique des plantes allergisantes et par la suite faire apparaître de nouvelles allergies dans des régions où elles étaient inconnues jusqu’alors. Ainsi, une élévation de 1°C de la température moyenne annuelle « équivaut », du point de vue thermique, à une extension de la dispersion des pollens d’environ 200 km vers le nord, et/ou d’environ 150 m en altitude. Cependant, Il ne faut pas limiter le changement climatique à ses aspects thermiques, mais tenir également compte de la variabilité du temps qu’il fait et de la fréquence des événements extrêmes. La capacité d’acclimatation naturelle des plantes n’est pas le seul facteur qui modifie la répartition des végétaux. L’homme introduit également des végétaux, volontairement (agriculture, plantes d’ornement) ou involontairement. Ce qui peut modifier l’écosystème existant, en exposant la population locale à de nouvelles espèces aux pollens très allergènes, telles que l’ambroisie. De plus, le réchauffement climatique va probablement favoriser le développement de certains parasites ou d’insectes ravageurs, avec des conséquences encore inconnues, notamment sur les arbres.(3) Quelles sont les conséquences sur la santé de l’homme ? Depuis la fin du XIXe siècle, les allergies au pollen progressent régulièrement, à un rythme voisin de celui de la pollution globale de l’air. Là où cette pollution physico-chimique apparaît ou augmente, notamment en ville, la prévalence des pollinoses se renforce. Il semble donc que le développement de pollinoses ne soit pas imputable uniquement à la présence de pollens dans l’air, mais également à d’autres facteurs comme l’altération de la qualité de l’air. En effet, la pollution provoque une augmentation de l’hyperréactivité bronchique, nasale, oculaire et cutanée pouvant entraîner un abaissement du seuil de sensibilité aux pollens allergisants.(2) Environ 30 % des Français sont concernés par les allergies dues aux pollens. Si rien n’est fait, ce chiffre continuera à progresser dans les années qui viennent.(4) (4) Ce graphique montre l'évolution des problèmes d'allergies depuis 1970. Conclusion : Un enjeu de santé public S’il est manifeste que le changement climatique est responsable de variations dans la saison pollinique, la répartition spatiale des plantes, les quantités de pollen émis ou leur potentiel allergisant, les changements actuellement observés peuvent être avant tout et dans la plupart des cas attribués directement à des modifications apportées dans l’environnement local ou régional par les activités humaines (aménagement du territoire, gestion des zones agricoles, etc). Selon les spécialistes, ces changements excèdent largement la part qui peut être attribuée au changement climatique.(3) L’ANSES* (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) recommande aux collectivités locales urbaines de diversifier le choix de leurs végétaux d’ornement afin de réduire les concentrations locales de pollen. Elle insiste également sur la nécessité d’améliorer l’information sur les allergies au pollen et leur prise en charge.(3) Références 1. Besancenot et al. 2012 - Changement climatique et pollinisation 2. Samuel MONNIER, Michel THIBAUDON, Jean-Pierre BESANCENOT, Nicolas MICHELOT : Pollution pollen et pollinoses _ retour sur l'épisode de mars 2014 3. 2014 _ rapport ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) 4. Docteur Pierrick HORDÉ _ Mars 2016 _ Pourquoi les allergies sont-elles en hausse ?