Nutrition entérale et parentérale Emmanuel Pardo Réanimation Chirurgicale Digestive Département d’Anesthésie-Réanimation Hôpital Saint-Antoine Assistance Publique - Hôpitaux de Paris Université Pierre et Marie Curie-Paris 6 NUTRITION • Les nutriments représentent la source unique d’énergie, indispensable à la vie humaine • Ensemble des processus par lesquels un être vivant transforme des aliments pour assurer son fonctionnement • L’énergie est une propriété de la matière de se transformer en générant un travail DÉNUTRITION • Problématique actuelle +++ • Programme de sensibilisation national - 2010 • Ministère de la santé • Société Française Nutrition Clinique et Métabolisme DENUTRITION EPIDEMIOLOGIE • 45 % à 60% des patients hospitalisés sont dénutris • la dénutrition présente à l'admission s'aggrave au cours de l'hospitalisation DENUTRITION HOSPITALIERE: CAUSES • Médicales : 50% • Logistiques et organisationnelles : 50% • restauration hospitalière = restauration de collectivité réactivité et adaptabilité sont difficiles • Aide et surveillance à la prise des repas compliquées DENUTRITION HOSPITALIERE: CAUSES 1- Carences d’apports • • • • • • Entourage (précarité, absence d’aide aux repas …) Mauvais état dentaire Régime prescrit Atteinte du tube digestif (médicale, chirurgicale) Anorexie (AEG) Diminution de l’appétence (traitements, modification du goût) A l’hôpital : 73 % des adultes ne consomment pas la quantité de calories dont leur organisme a théoriquement besoin et 85 % d’entre eux ont des apports protéiques insuffisants DENUTRITION HOSPITALIERE CAUSES 2- Augmentation des besoins métaboliques • Situation de stress, inflammation, post-opératoire, réanimation, pathologie (chronique ou aiguë) • Augmentation de la dépense énergétique, du catabolisme protéique et des synthèses protéiques Augmentation des besoins métaboliques Les aléas de la vie… Traumatisme / Chirurgie / infection sévère Réponse Hormonale • Cortisol • Glucagon • Catécholamines • Hormones thyroïdiennes • Insuline • Hormones de croissance Réponse neurologique • Activation orthosympathique • Hypothalamohypophysaire Réponse inflammatoire • Cytokines Réorientation des priorités métaboliques pour répondre au besoin catabolique Conséquences métaboliques de l’agression Lipolyse - Insulinorésistance Néoglucogenèse Glycogénolyse Glycérol GLUCOSE AA Protéolyse Pyruvate Lactate Glycolyse - Agression Insulinorésistance Catabolisme protéique en réanimation: Le patient agressé perd du muscle ! 1 jour de jeûne: - Perte de 1500 kcal - Perte de 70 à 120g de protéines - 220 à 240 g de tissu maigre 7 jours de jeûne: -Déficit énergétique = 10500 kcal -Perte cumulée de 500 à 700 g de protéines - soit perte d’environ 3 kg de muscles DENUTRITION HOSPITALIERE: CAUSES 3- Augmentation des pertes • Malabsorption digestive post-opératoire (résection étendue du grêle, gastrectomie totale, DPC,...) • Diarrhées (mécanique, infectieuse, médicamenteuse) • Insuffisance rénale, diabète, syndrome néphrotique, cirrhose DENUTRITION HOSPITALIERE: CAUSES 4- Dysfonctionnements logistiques et organisationnels • • • • • Heures des repas Températures des repas « chauds » Respect des menus et souhaits culinaires Adaptation des repas Etc… DENUTRITION HOSPITALIERE: CAUSES 4- Dysfonctionnements logistiques et organisationnels • • • • • Heures des repas Températures des repas « chauds » Respect des menus et souhaits culinaires Adaptation des repas Etc… CONSEQUENCES DE LA DENUTRITION • Peau • Retard de cicatrisation • Escarres • Muscles • Diminution de la force musculaire • Immunodépression • Carences vitaminiques associées • Augmentation de la durée de séjour à l’hôpital • Altérations de la qualité de vie Augmentation morbidité et mortalité CONSEQUENCES DE LA DENUTRITION PRISE EN CHARGE • DEPISTAGE DEPISTAGE DE LA DENUTRITION INDICE DE MASSE CORPOREL POIDS (Kg) 2 TAILLE (m) DEPISTAGE DE LA DENUTRITION Nutritional Risk Index de Buzby (NRI) • NRI = (1,519 x Alb) + 0,417 x (poids actuel/ poids habituel) x 100 NRI > 100 : patients non dénutris NRI > 97,5 : faiblement dénutris NRI 83,5 – 97,5% : modérément dénutris NRI < 83,5% : sévèrement dénutris Il faut apporter des nutriments • GLUCIDES • LIPIDES • PROTEINES Besoins énergétiques: 25-30 Kcal/kg/j APPORTS ENERGETIQUES Glucose • Principale source d’énergie pour le métabolisme cellulaire • Le glucose est le seul sucre directement assimilable par toutes les cellules • Comburant obligatoire pour: cerveau, reins… 1 g = 4 kcal Apport standard = 3 – 4 g/kg/j Les apports glucidiques doivent représenter 50 à 70% de l’apport énergétique total APPORTS ENERGETIQUES Lipides 1g = 9 kcal Apport standard = 1 – 2 g/kg/j Les lipides doivent couvrir 30 à 50% de l’apport énergétique APPORTS ENERGETIQUES Apports azotés 1 g d’azote = 6,25g d’acides aminés = 30g de muscle Apport standard en azote = 0,2 – 0,3 g/kg/j = 1,2 à 2g/kg/j de protéine LA NUTRITION ARTIFICIELLE • Nutrition entérale • Nutrition parentérale LA NUTRITION ARTIFICIELLE LA NUTRITION ENTERALE • Alimentation artificielle visant à apporter à l’organisme les éléments nutritifs et liquidiens indispensables par voie digestive • au niveau de l’estomac ou de l’intestin grêle • Administrée de manière continue ou discontinue • Indication : Alimentation orale insuffisante ou impossible • Contre-indications : Occlusion. Péritonite. Ischémie intestinale. Coma sans protection VAS. Grêle court. Hémorragie digestive. NUTRITION ENTERALE La nutrition entérale est la voie de choix et doit être privilégiée ESPEN 2009 ASPEN 2009 SFAR/SFNEP 2011 SFAR/SRLF 2013 NUTRITION ENTERALE • Sites d’administration NUTRITION ENTERALE : Sites d’administration Sonde nasogastrique (SNG) : • Elle est posée pour une durée prévisible < 1 mois. La mise en place est un geste infirmier. C'est une sonde en polyuréthane ou silicone, de petit calibre (1012 F). • Pour la surveillance, avant chaque administration, on positionne un repère (attention au retrait accidentel de la sonde et au risque d'inhalation). Sonde nasojéjunale : • autopropulsée – lestée, positionnement endoscopique, scopique NUTRITION ENTERALE : SNG Article R. 4311-5 • Dans le cadre de son rôle propre, l'infirmier ou l'infirmière accomplit les actes ou dispense les soins suivants visant à identifier les risques et à assurer le confort et la sécurité de la personne et de son environnement et comprenant son information et celle de son entourage : • Surveillance de l'hygiène et de l'équilibre alimentaire ; • Administration de l'alimentation par sonde gastrique, sous réserve des dispositions prévues à l'article R. 4311-7 et changement de sonde d'alimentation gastrique ; • Soins et surveillance de patients en assistance nutritive entérale ou parentérale ; Article R. 4311-7 • Pose de sondes gastriques en vue de tubage, d'aspiration, de lavage ou d'alimentation gastrique ; NUTRITION ENTERALE : Sondes • Sonde gastrique semirigide (sonde de Salem) : • Plusieurs calibres. Répères. Radioopaque. • Sonde d’alimentation souple siliconée : • Souple. Plus fin. Lestée ou non. +/- Radioopaque. NUTRITION ENTERALE : Pose • Patient assis ou demi-assis • Mesure préalable : distance nez-lobe de l’oreille + distance nezxyphoïde. • Introduction narine. • Au niveau de l’oropharynx, demandez au patient de déglutir. • Fixation. • Contrôle : Seringue de gavage + Stéthoscope et/ou radioTx. En pratique : La prescription médicale Vérification du produit, du volume et de la date limite de conservation SNG: COMPLICATIONS • Mauvaise position : Contrôle stétho + Rx • Epistaxis. Sinusite. • Cutané. • Vomissement, Régurgitation : Augmentation progressive des volumes. • Inhalation : Patient demi-assis. • Fausse route intracrânienne (trauma crânien). SURVEILLANCE DE LA NUTRITION ENTERALE • En cas de vomissement, il faut : • arrêter l'administration d'aliments • faire une aspiration • mettre la sonde avec poche de recueil en déclive • La sonde doit être remplacée en cas de dysfonctionnement ou de retrait partiel ou total. NUTRITION ENTERALE : Sites d’administration Sonde de gastrostomie percutanée endoscopique (GPE) : • Elle est posée pour une NE > 1 mois. C'est un acte médical invasif avec des risques de saignements (= acte chirurgical). • Evaluation bénéfice-risque. • L'accord du patient et/ou de la famille et l'information des risques. NU T RI T I ON - Nutrition entérale et parentér ale, indications, techniques et surveillance REGULATEUR DE DEBIT • Administration fractionnée ou continue sur 24h. • Débit et quantité prescrite. • PAS DE RATTRAPAGE +++ SOLUTÉ DE NUTRITION ENTÉRALE QUELS MÉLANGES? • Mélanges polymériques: • Isocalorique (1kcal/ml) légèrement hypo-osmolaire • Mélange hypercalorique hyperprotidique (hyperosmolaire) • Mélange hypocalorique (hypo-osmolaire) • Mélanges semi-élémentaires (Peptamen HN, Réabilan) Indiqué chez les patients avec syndrome du grêle court ou malabsorption sévère. • Eléments traces et vitamines • Avec ou sans fibre NUTRITION PARENTERALE Administration de nutriment (glucose, TG, AA) par voie intraveineuse au moyen d'une voie veineuse centrale ou périphérique . Mesure d’exception. Elle ne doit être prescrite que lorsque l’alimentation orale et/ou la nutrition entérale sont contreindiquées, impossible ou insuffisantes NUTRITION PARENTERALE : Voie d’abord • Voie veineuse périphérique. • Capital veineux • Durée < 7 jours. • Débit de perfusion faible. • Apport limité (1500kcal = 2,5L) • Changement régulier de la voie. • Mélanges pour perfusion PERIPHERIQUES : Osmolarité du mélange < 800 mOsm/l NUTRITION PARENTERALE : Voie d’abord. • Voie veineuse centrale • PAC • PICC line • KTC • Osmolarité du mélange > 800 mOsm/l possible • Contrôle radiologique • ASEPSIE CHIRURGICALE MÉLANGES TERNAIRES – POCHES TRICOMPARTIMENTÉES GLUCIDES AA LIPIDES Ne contient jamais d’oligo-éléments ou de vitamines EN PRATIQUE NUTRITION PARENTERALE : En pratique • Etat du soluté : avant et après la préparation (intégrité de la poche, limpidité ...). • L’ajout d’éléments est déconseillé (risque de contamination septique) • Débit continu sur 18 ou 24h (pompe volumétrique) et pas d’arrêt brutal : risque d’hypoglycémie • Soins de KTC : asepsie lors de manipulation, de la connexion de lignes. Pansement occlusif stérile, au mieux transparent (surveillance point de ponction). • Recherche régulière de signes infectieux locaux (rougeur, inflammation, écoulement) NUTRITION PARENTERALE : Complications • Liées au cathéter : Embolie gazeuse (manipulation en décubitus dorsal), thrombose, Infections (flore cutanée, manipulations…), Mécaniques (pneumothorax), Position du cathéter, Obstruction. • Métaboliques : Hypo/Hyperglycémie, troubles électrolytiques, surcharge volémique. • Hépatobiliaires : Stéatose, cholestase (diminution de la production de bile, toxicité et excès d’apport en TG et glucose). QCM QCM 1 • Parmi les propositions suivantes concernant l’indice de masse corporelle (IMC) , laquelle est vraie ? • A. IMC = POIDS X TAILLE • B. IMC = TAILLE / POIDS 2 • C. IMC = POIDS / TAILLE • D. IMC = TAILLE X TAILLE • E. IMC = POIDS / TAILLE 2 QCM 1 • Parmi les propositions suivantes concernant l’indice de masse corporelle (IMC) , laquelle est vraie ? A. IMC = POIDS X TAILLE B. IMC = TAILLE / POIDS 2 C. IMC = POIDS / TAILLE D. IMC = TAILLE X TAILLE E. IMC = POIDS / TAILLE 2 E QCM 2 • Parmi les propositions suivantes lesquelles sont vraies ? A. La nutrition entérale consiste à administrer des nutriments par voie digestive B. La nutrition parentérale est exclusivement réalisée à partir d’une voie veineuse centrale C. Besoins énergétiques recommandés quotidiennement sont de 25-30 Kcal/kg. D. La pose d’une sonde de gastrostomie est un geste infirmier E. Un contrôle radiologique doit être réalisée avant de débuter une nutrition artificielle après la pose d’une sonde gastrique d’alimentation QCM 2 • Parmi les propositions suivantes lesquelles sont vraies ? A. La nutrition entérale consiste à administrer des nutriments par voie digestive B. La nutrition parentérale est exclusivement réalisée à partir d’une voie veineuse centrale C. Besoins énergétiques recommandés quotidiennement sont de 25-30 Kcal/kg. D. La pose d’une sonde de gastrostomie est un geste infirmier E. Un contrôle radiologique doit être réalisée avant de débuter une nutrition artificielle après la pose d’une sonde gastrique d’alimentation ACE QCM 3 • Parmi les propositions suivantes lesquelles sont vraies ? A. l’Index de Masse Corporel normal est situé entre 25 et 30. B. Un patient hospitalisé dénutri à plus de risque de complications qu’un patient hospitalisé non dénutri. C. Des mélange de nutrition parentérale > 800 mOsm/L peuvent s’administrer sur une VVP. D. La nutrition parentérale est la voie à privilégier. E. Il est recommandé d’installer le patient en position demiassise lors de l’administration de nutrition entérale. QCM 3 • Parmi les propositions suivantes lesquelles sont vraies ? A. l’Index de Masse Corporel normal est situé entre 25 et 30. B. Un patient hospitalisé dénutri à plus de risque de complications qu’un patient hospitalisé non dénutri. C. Des mélange de nutrition parentérale > 800 mOsm/L peuvent s’administrer sur une VVP. D. La nutrition parentérale est la voie à privilégier. E. Il est recommandé d’installer le patient en position demi-assise lors de l’administration de nutrition entérale. BE NUTRITION ENTÉRALE/NUTRITION PARENTÉRALE Nutrition Entérale + - •Plus physiologique • Meilleure absorption des nutriments •Maintient le rôle de barrière et la fonction immunitaire du tube digestif. Lutte contre l’atrophie villositaire. •Moins de complications infectieuses •Moindre coût •Intolérance digestive •Pneumopathie d’inhalation •Apports réels inférieurs aux apports prescrits Nutrition Parentérale •Utilisable en cas de contre-indication à la NE •Exclusive ou en complément de la voie entérale ou orale •Complications thrombotiques •Risques infectieux •Obstruction des cathéters •Complications métaboliques •Complications hépato-biliaires : stéatose/cholestase. •Ajouter vitamines et oligo-éléments •Côut journalier 3 à 6 fois > Nutrition entérale CONCLUSION • Dépistage de la dénutrition +++++++++++ • IMC pour « tous » les patients • INFORMATION DU PATIENT • Nutrition entérale première • SNG: pose, surveillance et entretien • Nutripompe • Nécessité de protocoles Merci de votre attention