ESAIM: Control, Optimisation and Calculus of Variations URL: http://www.emath.fr/cocv/ Juin 1998, Vol. 3, 251-261 SUR LES VARIATIONS NORMALES D'UN DOMAINE D. BRESCH ET J. SIMON Resume. Les variations normales d'un domaine de reference sont fre- quemment utilisees dans les problemes d'optimisation de forme. On montre que de telles variations ne preservent pas la regularite du domaine. Plus precisement, on exhibe un domaine borne de classe Lipm , m entier, et une variation de classe C1 telle que + n ne soit pas de classe C m;1 . La variation peut ^etre choisie aussi petite que l'on desire. Ceci montre que l'utilisation des variations normales dans une methode iterative d'approximation pour la recherche d'un domaine optimal entra^ne une perte de regularite a chaque iteration, de sorte qu'il est preferable d'utiliser les variations transverses qui, elles, conservent la regularite du bord. 1. Introduction. Dans les problemes d'optimisation de la forme d'un domaine et dans les problemes de frontiere libre, on est amene a deformer un domaine de reference . J. Hadamard 12] a considere, des 1907, les hhvariations normales ii, de la forme n, ou est une fonction scalaire denie sur le bord ; de et ou n est le champ de vecteurs unitaire normal a ; (oriente vers l'exterieur). Le domaine deforme a alors pour frontiere (voir gure 1) : ; + n = fz + (z ) n(z ) : z 2 ;g : Cette methode a ete utilisee par de nombreux auteurs, citons C. Bandle 1], C. Bardos et O. Pironneau 2], R.H. Ghallagher et O.C. Zienkiewicz 9], T. Masanao et N. Fujii 14], B. Morel 17], O. Pironneau 19] et egalement P.{A. Raviart 20]. L'objet du present travail est d'etablir que cette methode ne conserve pas la regularite du bord : Si ; est un graphe local qui est Lipm , m entier, en general ; + n n'est pas mieux que C m;1 (les lettres a double baton servent ici a noter la regularite des surfaces, denie ci-dessous, donc C n'est pas l'ensemble des complexes). On le montre sur un exemple avec de classe C1 et arbitrairement petit. On prouve egalement que, en dimension deux, seules les variations normales d'amplitude constante preservent la regularite. Didier Bresch, Jacques Simon : Universite Blaise Pascal and C.N.R.S., Laboratoire de Mathematiques Appliquees, 63177 Aubiere cedex, France. Email: [email protected], [email protected]. Recu par le journal le 7 decembre 1997. Revise les 26 fevrier et 20 avril 1998. Accepte pour publication le 5 mai 1998. c Societe de Mathematiques Appliquees et Industrielles. Typeset by TEX. 252 D. BRESCH ET J. SIMON Une alternative : les variations transverses. L'optimisation de forme avec utilisation de methodes iteratives conduit a des deformations successives du domaine. Par des variations normales assez nombreuses, on s'exposerait a perdre toute la regularite (lorsqu'elle est d'ordre ni). Il est donc preferable d'utiliser des variations scalaires portees par un champ de vecteurs w dierent de la normale. Le domaine deforme a alors pour frontiere ; + w (voir gure 2). Pour conserver la regularite de la frontiere il sut que w soit aussi regulier que ; (et que soit regulier et pas trop grand) et pour pouvoir atteindre toute forme voisine de ; il sut que w lui soit hhtransverse ii (c'est-a-dire qu'il ne soit nulle part tangent a ;). On peut utiliser un champ w deni seulement sur ;, par exemple une approximation reguliere de la normale. On peut aussi utiliser un champ deni dans tout l'espace, par exemple un champ radial si est etoile, ce qui permet de le conserver lors de variations successives, tant qu'il reste transverse. Γ+αw Γ+αn Γ Γ Figure 1 : Variations normales. Figure 2 : Variations transverses. Les variations reparties. Au lieu de variations scalaires portees par un champ donne, on peut aussi representer les variations par un champ de vecteurs u. La frontiere du domaine deforme est alors ; + u = fz + u(z ) : z 2 ;g. Lorsque u est deni dans tout l'espace, un puissant outil de demonstration est fourni par le changement de variable I + u qui permet de ramener le domaine variable + u au domaine xe , cf. 18] et 22]. Ces variations preservent la regularite, comme on le precisera a la n du paragraphe 5. Elles ont ete utilisees par de nombreux auteurs, en particulier J. Bello, E. Fernandez{Cara, J. Lemoine et J. Simon 3], O. Bodart et P. Demeestere 4], D. Chenais, J. Monnier et J.{P. Vila 6], M. Chouilli et A. Henrot 7], P.R. Garabeddian et M.M. Schier 10], E. Fernandez{ Cara 8], P. Guillaume 11], M. Masmoudi 15], F. Mignot, F. Murat et J.{P. Puel 16], F. Murat et J. Simon 18], B. Rousselet 21], J. Simon 22] voir aussi, A. Henrot et M. Pierre 13]. 2. Perte de regularite pour un ouvert Lipm . On dit que ; 2 C m s'il est localement le graphe d'une fonction de classe Cm . Plus precisement on le denit de la facon suivante. Definition 2.1. Soit ; Rd et m 0 un reel. ESAIM: Cocv, Juin 1998, Vol. 3, 251-261 SUR LES VARIATIONS NORMALES D'UN DOMAINE 253 (i) On dit que ; 2 C m s'il existe a > 0 et b > 0 tels que, pour tout v 2 ;, il existe : | des coordonnees cartesiennes (z1 : : : zd ) d'origine v , auxquelles on associe z? = (z1 : : : zd;1 ) et un cylindre " = fz 2 Rd : jz? j < a jzd j < ag de section "? = fz? 2 Rd;1 : jz? j < ag | une fonction # 2 Cm ("? ) telle que #(0) = 0, k#kCm b et, 8z 2 ", z 2 ; () zd = #(z? ) : (ii) On dit que ; 2 Lipm , si # 2 Lipm ("? ). u t Une fonction est dite Lipm pour m entier si elle est m ; 1 fois dierentiable a derivees lipschitziennes. Notons que ; 2 C m est equivalent a ; est une variete Cm , si m 1, et ; 2 Lipm est equivalent a ; est une variete Lipm , si m 2. Par contre, ; 2 Lip1 est plus fort que ; est une variete Lip1 (cf. 18] p. II{43, ou l'on trouve un exemple d^u a M. Zerner). Le resultat principal de ce travail est le suivant. Theoreme 2.2. Soit m entier, m 1. Il existe ; 2 Lipm tels que : 8t > 0, 2 C1 (Rd) ; + t n 2= C m;1 : u t Ce theoreme donne en particulier ; + n 2= C m;1 : Cette propriete seule ne serait pas probante car on ne peut esperer de regularite de ; + n que si est hhassez petit ii (par exemple si, en chaque point de ;, j j est inferieur au rayon de courbure de ;). La non regularite pour chaque t > 0 enoncee au theoreme 2.2 montre qu'on ne peut esperer mieux que C m;1 , quelle que soit la hhtaille ii de la variation normale, a savoir t . Demonstration du theoreme 2.2. Il sut de construire un exemple en dimension 2. Le resultat general, en dimension d, s'en deduit en considerant ;d = ;2 Rd;2 et d (z1 z2 : : : zd ) = 2 (z1 z2 ). En dimension 2, on choisit ; egale au graphe de la fonction f denie par 0, f (x) = 0xm =m sisi xx 0, (2:1) et (x y ) = 1 + x. Evidemment, ; 2 Lipm . Pour m = 1, la normale n etant discontinue a l'origine, ; + t n est composee (voir gure 3) de deux morceaux qui ne se raccordent pas de sorte qu'il n'est m^eme pas C 0 . Pour m 2, ; + t n est la courbe parametree denie par ; + t n = f(X (x) Y (x)) : x 2 Rg ESAIM: Cocv, Juin 1998, Vol. 3, 251-261 254 avec D. BRESCH ET J. SIMON 8 <x X (x) = : x ; tp(1 + x)xm;1 1 + x2m;2 8 < t(1m + x) Y (x) = : x + p t(1 + x) m 1 + x2m;2 si x 0, si x 0, (2:2) si x 0, si x 0. Quand m = 2, ; + t n 2= C 1 car la pente de cette courbe est discontinue au point parametre par x = 0 (voir gure 4). En eet, la pente vaut t a gauche et t=(1 ; t) a droite car, quand x ! 0+ , on a Y (x) ; Y (0) tx et X (x) ; X (0) (1 ; t)x. Γ+tαn Γ+tαn Γ Γ tα tα Figure 3 : Cas m = 1 (t = 1=2). Figure 4 : Cas m = 2 (t = 1=2). Quand m 3, ; + t n est, au voisinage du point parametre par x = 0, le graphe de la fonction F denie par Y (x) = F (X (x)): Excepte au point parametre par x = 0, F est indeniment derivable et sa derivee d'ordre k 2 vaut, comme on le veriera au lemme 4.1 ci-dessous, ; dk;1 X dY dk Y dY dk X dk F X = Pk dX dx : : : ;dxk;1 dx : : : dxk ; ; dx dxk (2:3) dX 2k;1 dX k+1 dX k dx dx ou Pk est un polyn^ome. En x = 0, les derivees d'ordre 1 a m ; 2 de X et les derivees d'ordre 1 a m ; 1 de Y sont continues mde;1 sorte que le premier terme du second membre est continu. Par contre ddxm;X1 est discontinu : il dY vaut 0 a gauche et ;t(m ; 1)! a droite. De plus, dX dx (0) = 1 et dx (0) = t. Pour k = m ; 1 le second membre est donc discontinu en x = 0, puisqu'il est la somme d'un terme qui est continu et md'un ;1 F autre qui ne l'est pas. Comme d X est localement un homeomorphisme, dX m;1 est lui aussi discontinu en 0, c'est-a-dire que F n'est Cm;1 dans aucun voisinage de 0. Il en resulte que ; + t n 2= C m;1 . En eet, comme F 2 Lip1 , le lemme 6.1 ci-dessous montre que dans aucun repere cette courbe ne peut ^etre le graphe d'une fonction Cm;1 au voisinage de 0. u t Domaine borne. On a construit, dans la demonstration du theoreme 2.2, un domaine ; qui n'est pas borne. On peut en construire un qui soit borne, en ESAIM: Cocv, Juin 1998, Vol. 3, 251-261 SUR LES VARIATIONS NORMALES D'UN DOMAINE 255 modiant la surface construite en dehors du voisinage de 0, ou se trouve la singularite. Optimalite. Le theoreme 2.2 donne la perte de regularite la plus elevee possible par des variations normales. En eet, on a la propriete suivante : Soient ; 2 Lipm et 2 Lipm;1 (Rd) ou m 2. Alors, pour tout t assez petit, ; + t n 2 Lipm;1 : (2:4) Plus precisement, il sut qu'en tout point z de ; on ait tj (z )j < jR(z )j, ou R(z) est le rayon de courbure (ordinaire si d = 2, hhminimal ii si d 2) de ; en z . 3. Perte de regularite pour un ouvert C m . On peut completer le theoreme 2.2 par le resultat suivant, dont une demonstration abregee a ete donnee dans 5]. Theoreme 3.1. Soit m reel, m 1. Il existe ; 2 Cm 2 C1 (Rd) tels que : 8t > 0, 8" > 0, ; + t n 2= C m;1+" : u t Notons qu'ici m n'est pas necessairement entier. Dans le cas entier, le theoreme 2.2 est plus fort car Lipm+" C m Lipm : Signalons que pour 1 m < 2, on peut construire un domaine ; 2 Lipm tel que, pour tout t > 0, ; + t n ne soit m^eme pas un graphe (et donc ; + t n 2= C 0 ). Demonstration. On se ramene, comme au theoreme 2.2, a la dimension 2. Le cas m > 2 non entier. On reprend l'exemple utilise lors de la demonstration du theoreme 2.2, a savoir ; est le graphe de la fonction f denie par (2.1). Comme m n'est plus entier, on a maintenant ; 2 C m . On decompose m = e + r ou e est la ;partie entiere et 0; < r < 1. Les expressions (2.2) montrent que X 2 Ce;1 0 1] et Y 2 Ce 0 1] de sorte que (2.3) permet d'ecrire de;1 F X (x) = &(x) + xr #(x) #(x) = t2 (m ; 1) : : : (;m ; e + 1) e dX e;1 (1 + x2m;2 ) dX dx (x) ; ; ou & 2 C1 0 1] . E videmment, 1=# 2 C1 0 1] et 8" > 0, 8a > 0, xr 2= Cr+" (0 a]), ce qui entra^'ne de;1F X 2= Cr+" (0 a]): dX e;1 ESAIM: Cocv, Juin 1998, Vol. 3, 251-261 256 D. BRESCH ET J. SIMON Comme X est un dieomorphisme, il en resulte que F 2= Cm;1+" (0 a]) ce qui, gr^ace au lemme 6.1, prouve que ; + t n 2= C m;1+" . Le cas 1 < m < 2. On choisit a nouveau ; etant le graphe de la fonction f denie par (2.1), par contre on choisit 1. Maintenant m = 1 + r et les expressions (2.2) doivent ^etre remplacees par (x si x 0, X (x) = x ; p txr si x 0, 2r 1 + x 8 si x 0, <t Y (x) = : x1+r + p t si x 0. 1+r 1 + x2r Quand x ! 0+ on a Y (x) ; Y (0) ;tx2r =2 et X (x) ; X (0) ;txr donc le point parametre par x = 0 est un point de rebroussement de la courbe ; + t n. Au voisinage de ce point, elle ne peut pas ^etre un graphe local, ce qui prouve que ; + t n 2= C 0 . Le cas m 2 entier. Le resultat relatif au cas non entier entra^'ne que, 8" > 0, il existe ;" 2 C m+"=2 tel que : 8t > 0, 8 > 0, ;" + t n" 2= C m;1+ +"=2 : En prenant = "=2 c'est presque ce qu'on veut, sauf que ; depend ici de ". On construit ; independant de " de la facon suivante. On divise 0 1] en une suite d'intervalles 2;k;1 2;k ] et on choisit une fonction f de classe Cm telle que 4 ;k ;1 ;k;1 si x 2= ]0 1, f (x) = 0(x ; 4 2;k;1 )m+2;k sisi 24 2;k;1 x x 3 25 2;k;ou 1. 3 3 3 La demonstration du cas non entier montre que la portion ;de courbe k+1 ; k ; 1 ; k m ; 1+2 relative a l'intervalle 2 2 ] verie ;k + t n 2= C donc, 8" > 0, ; + t n 2= C m;1+" : Le cas m = 1. Il resulte du cas 1 < m < 2. u t 4. Derivees du graphe associe a une surface parametree. On se propose ici de demontrer la formule (2.3). En fait, nous allons demontrer la formule un peu plus precise (4.2) pour les besoins de la proposition 5.1. Lemme 4.1. Soit k entier, k 1. Soit X 2 Ck (;a a]), une fonction croissante telle que X (;a) = ;A0 , X (a) = A et dX dx c > 0. Soit Y 2 Ck (;a a]). On denit une application F 2 Ck (;A0 A]) par : 8x 2 ;a a], ; F X (x) = Y (x): ESAIM: Cocv, Juin 1998, Vol. 3, 251-261 SUR LES VARIATIONS NORMALES D'UN DOMAINE 257 Ses derivees sont donnees par : 8x 2 ;a a], dF X = dX et, pour k 2, dk F X = Qk dX k dY dx dX dx (4:1) dk;k1;X1 dY : : : dk;k;1 Y1 dk Yk dY dk Xk dx : : : dx dx dx dx dx + ; dX k ; ; dx ; dX 2k;1 dX k+1 (4:2) dx dx dx ; dX ou Qk est un polyn^ome homogene de degre k. u t Demonstration du lemme 4.1. D'apres les hypotheses sur la fonction X , elle admet un inverse ' qui, par des formules classiques de derivation, est de classe Ck . Par denition ; F (X ) = Y '(X ) : Les proprietes de derivabilite des applications composees montrent que le second membre est de classe Ck , ce qui prouve que F est de classe Ck sur ;A0 A]. On va demontrer (4.2) par iterations. Commencons par le cas k = 1. En derivant l'egalite Y = F X , il vient dY = ( dF X ) dX dx dX dx ce qui etablit (4.1) puisque dX dx > 0. En derivant l'expression (4.1), on obtient 2 ( d F2 X ) dX = dX dx dY d2 X2 d2 Y2 dx ; dx ; dXdx2 dX dx dx ce qui etablit (4.2), avec Q2 0. Supposons maintenant que (4.2) soit veriee a l'ordre k. En derivant il vient ; dk+1F dX dX k+1; X dx = dk X dY dk Y Rk dX dx : : :; dxk dx : : : dxk dX 2k;1 dx ; Qk dX : : : ddxk;k1;X1 dY : : : ddxk;k1;Y1 ddx2 X2 dx dx ; (2k ; 1) ; dX 2k dx k Y d2 X 2 Y dk X dk+1 Y d d dY dk+1 X dY d2 X2 dk Xk k+1 k dx2 2 dxk + dx dxk+1 dx dx dx dx + (k + 1) dx; dXdxk+2 + ; dX k ; k ; dX k+1 ; ; dX k+1 dx dx dx dx ; ou Rk ( ) = dxd Qk ( ) est homogene de degre k. En divisant par dX dx , on en deduit l'egalite (4.2) a l'ordre k + 1. u t ESAIM: Cocv, Juin 1998, Vol. 3, 251-261 258 D. BRESCH ET J. SIMON 5. Preservation de la regularite. Les resultats ci-dessus montrent, a l'aide de contre-exemples, qu'on peut perdre un ordre de regularite en utilisant des variations normales, mais ils ne nous disent pas si cette perte est systematique. Autrement dit, ne pourraiton pas trouver des variations qui preservent la regularite ? Les seules possibilites hhgenerales ii de la preserver sont, lorsque d = 2 et m 2, les suivantes. | La regularite C1 : si ; est C 1 , alors ; + t n est C 1 pour tout de classe C1 des que t est assez petit. | Les variations d'amplitude constante : si ; est au moins Lip2 , alors ;+ t n est aussi regulier que ; des que t est assez petit. Hormis ces deux cas, les variations normales font perdre de la regularite d'apres le resultat suivant. Proposition 5.1. Soit ; 2 C m dont aucune partie n'est C m+1 , avec d = 2 et m reel, m 2. Les seules fonctions de classe Cm et inferieures au rayon de courbure telles que ; + n 2 C m sont les constantes. u t m On se limite aux variations C car, sinon, on pourrait toujours en trouver une dont l'irregularite compense exactement celle de ; de sorte que ; + n soit C 1 (en eet, etant donne ;1 de classe C 1 et voisin de ;, il existe un et un seul tel que ; + n = ;1 !). Mais une telle variation serait isolee au sens ou aucune variation voisine ne preserverait la regularite de ;. On suppose inferieur au rayon de courbure de ; pour le m^eme motif. Demonstration. Supposons pour l'instant m entier. E tant donne z 2 ;, on choisit un systeme de coordonnees (x y ) d'origine z tel que le plan d'equation y = 0 soit tangent a ; en z . Dans ce repere, ; est le graphe d'une fonction # 2 Cm (;a a]), a > 0. Une portion de la courbe deformee est ; + n = f(X (x) Y (x)) : jxj < ag ou 0 X (x) = x ; pe(x)# 0(x) 2 Y (x) = #(x) + p e(x)0 2 1 + j# (x)j 1 + j# (x)j et e(x) = (x #(x)). Comme (z ) est inferieur au rayon de courbure en z , il existe un intervalle ;a a] dans lequel X 0 c > 0. De plus X et Y sont Cm;1 et (m) (m) #0 X (m;1) = Sm1 ; (1 + je##0(x)j2 )3=2 Y (m;1) = Sm2 ; (1 +ej# #0 (x)j2)3=2 ou Smi designe une fonction C1 dependant des derivees d'ordre 1 a m ; 1 de e et #. Il resulte donc du lemme 4.1 que ; + n est le graphe d'une fonction F 2 Cm;1 (;A A]). L'egalite (4.2) donne F (m;1) X = Sm3 + e #(m) (5:1) ou = (Y 0 ; X 0 #0 )(1 + j#0 (x)j2);3=2 (X 0 );m . Par hypothese, #(m) n'est C1 dans aucun voisinage de 0. Au contraire, e et sont C1 , donc F (m;1) ne peut ^etre C1 dans un voisinage de 0 que si ESAIM: Cocv, Juin 1998, Vol. 3, 251-261 SUR LES VARIATIONS NORMALES D'UN DOMAINE 259 e(0) ou (0) = 0. Cette derniere condition se reduit a Y 0(0) = 0 (puisque #0 (0) = 0) qui elle-m^eme donne e0 (0) = 0. Ceci ne peut ^etre satisfait pour tout point z de ; que si y est constant. Reciproquement, quand est constant, (0) = 0 donc (5.1) montre que F (m;1) est derivable en 0, d'ou ; + n 2 C m . Lorsque m n'est pas entier, on remplace dans (5.1) m par sa partie entiere M . Comme #(M ) n'est Cm;M dans aucun voisinage de 0, F (M ;1) ne peut ^etre C1 que si, a nouveau, e(0) ou e0 (0) = 0. u t Cette demonstration montre donc que la regularite n'est preservee qu'aux points de ; ou ou sa derivee tangentielle est nulle. Dans les autres points, on perd exactement un ordre de regularite. Observons qu'en dimension d 3, le resultat de la proposition 5.1 n'est plus vrai. En eet, si ; est de la forme ;2 Rd;2, les variations independantes de z1 et z2 preservent sa regularite. Pour la generaliser, il faudrait imposer que ; ne soit C m+1 dans hhaucune direction ii. Rappelons, pour ^etre complet, que les variations reparties preservent la regularite. Plus precisement on a le resultat suivant, cf. 18] : Soient ; 2 C m , m 1, et u 2 Cm (Rd Rd) tels que ju(z) ; u(z0 )j c jz ; z0 j avec c < 1. Alors, ; + u 2 C m: Dans ce resultat C m et Cm peuvent ^etre remplaces respectivement par Lipm et Lipm moyennant, lorsque m = 1, cf. 3], l'hypothese supplementaire c c; (; a alors la propriete du c^one uniforme, et on peut choisir c; = 1=(1 + 2 )1=2 ou est la pente du c^one). 6. Annexe L'objet du resultat suivant est de demontrer que l'ordre de regularite de la fonction # ne depend pas du systeme de coordonnees utilise, pourvu que l'on se place dans un repere ou # existe et est lipschitzienne (par contre la fonction #, elle-m^eme, varie avec le repere). Lemme 6.1. Soient m 1, ; 2 C m , des coordonnees cartesiennes (zi ) d'origine v 2 ;, un cylindre " = fz : jz?j < a jzd j < ag et une fonction # 2 Lip1 ("?) tels que : 8z 2 ", z 2 ; () zd = #(z? ): Alors il existe b > 0 tel que # 2 Cm ("? (b)): u t Demonstration. La denition 2.1 fournit un systeme de coordonnees (zbi ) d'origine v , un cylindre "b = fzb : jzb? j < ba jzbd j < bag et une fonction #b 2 Cm ("c? ) tels que : 8 zb 2 "b , zb 2 ; () zbd = #b (zb?) ESAIM: Cocv, Juin 1998, Vol. 3, 251-261 260 D. BRESCH ET J. SIMON Les proprietes ci-dessus etant conservee par tout changement de variable qui preserve zbd , on peut se ramener au cas ou zb2 = z2 : : : zd d;1 = zd;1 : On peut alors ecrire : zb1 = z1 cos + zd sin zbd = ;z1 sin + zd cos : La propriete z 2 ; \ "(ba) est donc equivalente a &(z ) = 0 ou &(z ) = ;z1 sin + zd cos ; #b (z1 cos + zd sin z2 : : : zd;1 ): Par hypothese, elle est aussi equivalente a zd ; #(z? ) = 0 si z 2 "(a). Donc ; & z? #(z? ) = 0 ; @ z #(z) pour tout z? 2 "? (b) ou b = inf(a ba). Comme # 2 Lip1 ("? ), @z d ne s'annule pas dans "? (b). Les proprietes de derivabilite de la solution d'une equation implicite montrent alors que # 2 Cm ("? (b)). u t Bibliographie 1] C. Bandle : Existence theorems, qualitative results and a priori bounds for a class of non-linear Dirichlet problems. Arch. Rational Mech. Anal., 58 1975, 219{238. 2] C. Bardos, O. Pironneau : Petites perturbations et equations d'Euler pour l'aeroelasticite. M 2 AN, 28, 1994, 463{497. 3] J. Bello, E. 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