É D I T O R I A L Recommandations pour l’omnipraticien sur l’utilisation du donépézil par Paul Coolican, M.D., CCFP P our un omnipraticien, la prise en charge de patients atteints de démence peut poser un problème de taille. Il doit se fier à plusieurs sources d’information, c’est-à-dire le patient, ses proches, des voisins et des amis, pour essayer d’évaluer la fonction cognitive du patient. Souvent, les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer (MA) ne sont pas en mesure de décrire fidèlement leurs antécédents. Quant à l’aidant, au parent ou au voisin, ils sont parfois obnubilés par un événement particulier, ce qui les empêche d’apprécier l’état du malade. Ils diront, par exemple : « Il s’est égaré en ville! Ça fait 50 ans que nous vivons ici! » Dans ces circonstances, le mini-examen de l’état mental de Folstein (MMSE) et lecallout questionnaire sur l’évaluation de la capacité allout callout fonctionnelle (FAQ) sont des instruments utiles, mais le jugement clinique joue néanmoins un rôle primordial dans les décisions thérapeutiques. Chez le patient atteint principalement d’une démence légère ou modérée de type Alzheimer, le donépézil peut ralentir la progression des symptômes de cette maladie dégénérative. Dans la MA, le déclin des fonctions cognitives est en général insidieux et lent – il s’étend sur des années. Le donépézil produit un déplacement de la courbe, mais il ne semble pas en modifier la pente. Sur le plan clinique, on peut observer l’amélioration ou la stabilisation de la fonction cognitive pendant les premiers 9 à 12 mois. Toutefois, le déclin cognitif reprend graduellement. Dans un tel contexte, il est difficile d’évaluer l’efficacité du traitement. Néanmoins, le donépézil peut aider de façon importante à prolonger l’autonomie du malade et à retarder la progression de la maladie jusqu’au stade motivant le placement en centre de soins de longue durée (CSLD). La réponse au traitement par le donépézil peut varier beaucoup, sans compter que les aspects bénéfiques du traitement peuvent être difficiles à évaluer aussi bien par le malade que par l’aidant et par le médecin. Les docteurs Dalziel et Bouchard décrivent dans leur article une démarche pragmatique pour prendre en charge les patients atteints de la MA qui sont des candidats à un essai thérapeutique par le donépézil. Élaborées par un groupe d’experts et révisées par deux groupes C d’omnipraticiens, ces recommandations proposent une stratégie simple et facile à appliquer en médecine générale. Elles devraient aider tous les protagonistes à s’occuper adéquatement du patient atteint de la MA prenant le donépézil. Selon le rapport de la Conférence canadienne de consensus sur la démence,1 il est important d’évaluer régulièrement l’état du patient et de noter au dossier les signes de stabilisation, d’amélioration ou de déclin continu pour déterminer s’il est opportun de poursuivre ou non le traitement. Les recommandations décrites par les docteurs Dalziel et Bouchard proposent un algorithme simple, conforme aux lignes directrices consensuelles canadiennes. Les seuls mots de « placement en institution » sèment l’effroi. D’abord, chez le malade qui doit quitter pour toujours son foyer; ensuite, chez l’aidant parce qu’il se sent coupable de ne pas tenir sa promesse de s’occuper de son conjoint ou de sa conjointe, de son père ou de sa mère jusqu’à la fin. De plus, chacun appréhende la progression inéluctable de la maladie. Les aspects négatifs du placement en CSLD suscitent des émotions qui font oublier les bienfaits réels pour le malade. Madame Lily Katofsky nous présente un aperçu général de la démarche pour placer un malade en nous expliquant chaque étape, tant du point de vue du patient que de l’aidant. L’omnipraticien, pour qui les « étapes » du placement sont compliquées par les exigences de la bureaucratie et des formulaires à remplir, jettera un regard neuf sur la signification de cette démarche. Le programme TriAD a pour but d’offrir de l’information et des ressources aux patients atteints de la MA, aux aidants, aux médecins et aux autres professionnels de la santé. Madame Linda Leduc présente les résultats d’une enquête menée auprès des aidants qui se sont inscrits à ce programme. Ces derniers semblent démontrer l’utilité des mesures renseignant les aidants sur la prise en charge d’une personne atteinte de MA. 1. Patterson, C. J. S., Gauthier, S., Bergman, H. et coll. Le traitement de la démence : Conclusions de la Conférence canadienne de consensus sur la démence. JAMC 1999; 160(12 suppl.). La revue canadienne de la maladie d’Alzheimer • Juillet 2000 • 3