QU’EST-CE QU’UN PATIENT A RISQUE? A RISQUE DE QUOI? Karine Faure Unité des Maladies Infectieuses Service de Gestion du Risque Infectieux et des Vigilances INSERM U 1019 - CNRS UMR 8204 Tout patient ne serait-il pas à risque? Le risque est la prise en compte d'une exposition à un danger, un préjudice ou autre événement dommageable, inhérent à une situation ou une activité. Le risque est défini par la probabilité de survenue de cet événement et par l'ampleur de ses conséquences (Daniel Bernoulli, 1738: valeur moyenne des conséquences d'événements affectés de leur probabilité). Il peut être appliqué à un individu, à une population. Distinction entre Risque et Incertitude : des probabilités mathématiques peuvent être assignées à un risque, mais pas à une incertitude. Le risque est une notion importante notamment dans les domaines de l'industrie, de l'environnement, de la finance, de la santé Le facteur de risque est un élément présent susceptible de causer un risque. Gestion du risque: Perception, Identification, Evaluation, Gestion Prévention des risques Tolérance zéro Identifier les risques et mener des actions préventives Canicule: « pensez à vous hydrater » Trajet en voiture: « si vous êtes fatigué, pensez à vous reposer » Alerte météorologique: « reportez votre déplacement » Risque infectieux: devenu une priorité dans notre société 2009 Préambule: Les erreurs sont commises par des personnes sérieuses et appliquées Ne plus chercher « qui » mais « quand » Actions: Mettre en place des dispositifs de prévention Politique du « no blame » (ex: programmes qui traquent les erreurs de prescription) Place pour une autre politique (« just culture ») Applications: hygiène des mains • • • • • • • Il y a plus de 10 ans: 20% Introduction des SHA, campagnes de promotion et de formation: 30 à 70% Problème institutionnel, ignorance? Plus d’actualité Problème de responsabilité, de conviction! Conséquence d’une transgression à une mesure administrative (financière): sanction, pénalités Conséquence d’une transgression à une « mesure clinique »? Pour les IAS, décès Exemples dans d’autres entreprises A risque de quoi? de risque infectieux … Le patient à « risque infectieux » L’immunodéprimé, de BMR, … le patient en choc septique, le patient porteur Définir le type de risque Infections plus fréquentes Infections plus graves Infections à des pathogènes particuliers Pas d’infection mais risque « épidémiologique » Définir les situations à risque Liées au patient (susceptibilité individuelle) Liées à l’environnement Liées à la situation Susceptibilité aux infections Situations identifiées: Immunodépression Splénectomie Valvulopathie, valve mécanique Grossesse … Situations non identifiées: Situation identifiée méconnue Facteurs de risque méconnus Polymorphisme génétique? Place de la virulence du pathogène? Facteurs de risque méconnus W Meersseman, K Lagrou, J Maertens, Eric Van Wijngaerden CID 2007; 45 Invasive Aspergillosis in the Intensive Care Unit Glucocorticoïdes et pneumonie à pneumocoque Etude prospective sur 13 ans 1041 patients, 114 choc septique Debard AL, CID 2005 15 ans, pas d’antécédent Purpura fulminans, 2 arrêts cardiaque, Ins rénale, SDRA, amputation des extrémités Méningocoque sérogroupe Y 6 mois plus tard, … idem Recherche de déficit immunitaire: Pour elle: déficit C7 + déficit d’expression de FcgRIII sur les neutrophiles (gravité de l’infection) 1 frère de 14 ans: déficit en C7 Polymorphisme génétique Choc septique Terrain prédisposant Diabète, Cirrhose, Cancer, Dénutrition, Corticothérapie, Immunosuppression Polymorphisme Promoteur génétique du TNF-α (Mira, JAMA 1999; 282(6): 579-81) Promoteur de CD14 (Gibot, Crit Care Med 2002) Mira JP, JAMA 1999 Etude multicentrique française Polymorphisme dans le promoteur du TNF-α: augmentation de la production de TNF Objectif: fréquence du polymorphisme TNF2 et lien avec le pronostic 89 chocs septiques, 87 volontaires sains Fréquence de polymorphisme différente entre groupe contrôle et groupe choc septique, uniquement sur l’allèle TNF2 Fréquence de polymorphisme < chez les survivants Concentrations plasmatiques en TNF > (mais pas significatif) Gravité des infections Situations identifiées: Immunodépression Splénectomie Valvulopathie, valve mécanique Grossesse … retard de prise en charge? Situations non identifiées: Situation identifiée méconnue Polymorphisme génétique? Place de la virulence du pathogène? Hotchkiss RS, NEJM 2003 Susceptibilité à des pathogènes particuliers 71 ans, fermier Asthme: triamcinolone acetonide 8mg/j depuis des années Plaie traumatique de la main dans la volière Susceptibilité à des pathogènes particuliers 60 ans, assureur à Sao Paulo Prednisone 20mg/j depuis 3 mois (bronchiolite oblitérante) Situation à risque infectieux Intervention chirurgicale Hospitalisation Epidémie … Darouiche RO et coll., 2010 Rationnel: Recommandations du CDC pour CVC: chlorhexidine 2% Randomisée, USA, 6 hôpitaux, avr. 04 – mai 08 Adultes, chirurgie propre contaminée Objectif principal: ISO dans les 30j postop. Objectif secondaire: type d’ISO 409 patients: groupe Chlorhex 897 patients randomisés 849 patients 440 patients: groupe Povidone Chlorhexidine gluconate 2% + isopropyl alcohol 70% Povidone-iodine 10% aqueuse ATBP Chirurgie Critères diagnostiques ISO: CDC Aveugle pour le médecin qui pose le diagnostic Effets secondaires: idem Facteurs de risque d’ISO: analyse multivariée Chir abdo Cancer Alcoolisme Diabète Cirrhose Chirurgie longue Malnutrition Maladie gastro-intestinale Povidone-iodine Bode et coll., 2010 Rationnel: 80% des IAS à S. aureus sont d’origine endogène Décolonisation efficace pour les patients en dialyse Décolonisation inefficace pour les patients de médecine Manque de données « fiables » en chirurgie Randomisée, double aveugle, contre placebo, multicentrique, oct 05 – juin 07 Dépistage S. aureus par PCR à l’admission ou dans les 7 j précédents Traitement: mupirocine (2x/j) + chlorhexidine savon (1x/j) pendant 5j (puis toutes les 3 sem) 6771 patients dépistés 1251 patients + 917 patients inclus (808 chirurgie) 504 M+C 413 placebo Délai de survenu + court dans le bras placebo Pas de différence quantitative ni qualitative sur les autres microorganismes Pas de différence en mortalité Steinberg JP et coll., Ann Surg 2009 Objectif Déterminer le moment optimal pour administrer l’antibioprophylaxie 29 hôpitaux du programme TRAPE 100 interventions sélectionnées au hasard sur 2 périodes Surveillance ISO: critères NNIS Adéquation des molécules (SCIP): 90% 113 ISO Réinjection n= 690; 2ème dose dans 21% des cas NB: Nombre des cas faible Durée de l’ATBP Arrêt fin de chirurgie: 12,7% Durée de 24h post-chir: 47,6% Durée de 48h post-chir: 25,6% Pas de différence sur le risque d’infection après ajustement (hôpital, type d’intervention) Risque épidémiologique SARM E BLSE C. difficile ERG 1 cas / 2 contrôles, hors réanimation Surveillance: écouvillon rectal: culture, PCR (gènes de résistance) et champs pulsé 370 patients, 53 patients + (prévalence 19,7% - 14,4% - 9,5%), E faecium vanA (dont 5 résistant au linézolide) Aucun cas d’infection à ERV Conséquence du risque infectieux Prévention Information du patient, conseils Vaccinations Chimioprophylaxie Am J Gastroenterol 2008 • • • • Addition de formes graves et bénignes Délai entre début des symptômes et administration des ATB non précisé Posologie souvent inadaptée aux variations de pharmacocinétique Durée variable d’une étude à l’autre Petrov MS Am J Gastroenterol 2008 Une utilisation des antibiotiques qui reste importante…. Conviction par la physiopathologie? (contamination par translocation digestive à la phase précoce = SIRS) Pancreatology, 2007 Conséquence du risque infectieux Thérapeutique Infection sévère = urgence thérapeutique Infection sévère n’est pas synonyme de BMR (antibiothérapie à très large spectre) Trt ATB: élimination flore commensale, favorise l’implantation de bactéries résistantes Modèle souris, trt ATB: diminution expression de RegIIIγ = lectine de type C Diminution clairance des ERV Si stimulation de TLR4 par du LPS, augmentation expression de RegIIIγ et récupération de la clairance des ERV