place aux QUESTIONS Texte rédigé par Maude Villeneuve, B. Pharm., M. Sc. Texte original soumis le 18 avril 2005. Texte final remis le 12 juillet 2005. Révision : Geneviève Duperron, B. Pharm., et Caroline Potvin, B. Pharm., M. Sc. Quels sont les choix de traitement de la pelade ? La pelade, ou alopécie areata, est une forme courante d’alopécie non cicatricielle, localisée et non inflammatoire qui touche environ 2 % de la population1,3. L’arsenal thérapeutique actuel comprend le minoxidil, les corticostéroïdes, l’anthraline, l’immunothérapie topique et la photochimiothérapie (PUVA)1,7. Leur efficacité est limitée et l’agent de choix dépend principalement de la gravité et de l’étendue de la maladie. Tous ces traitements stimulent la croissance des cheveux, mais n’en préviennent pas la perte et ils n’influencent probablement pas le cours de la maladie1,4. La pelade affecte également les hommes et les femmes et peut apparaître à tout âge, quoiqu’elle soit plus fréquente chez les enfants et les jeunes adultes1,2,4-6,8. Son étiologie est encore mal connue, mais la plupart la considère comme auto-immune1,7. C’est une anomalie du cycle de croissance des cheveux qui semble être en cause. Le follicule pileux reste intact et normal. Ainsi, il y a toujours espoir pour la repousse des cheveux1,7,8. On rencontre plus souvent les maladies thyroïdiennes, le vitiligo, l’atopie, l’anémie pernicieuse, le syndrome de Down ainsi que la maladie d’Addison chez les patients atteints de la pelade que chez le reste de la population1,4-6. La pelade se caractérise le plus souvent par une ou plusieurs plaques d’alopécie rondes ou ovales sur le cuir chevelu (ou parfois sur les cils et les sourcils), mais sa présentation peut varier en gravité et elle peut, dans certains cas, s’étendre à tout le cuir chevelu (alopécie totalis) ou, plus rarement, à tout le corps (alopécie universalis). Le cours naturel de la maladie est imprévisible et ponctué de rémissions spontanées et de récurrences1,8. Généralement, la perte initiale des cheveux est subite : une perte progressive ou chronique des cheveux est généralement l’apanage des formes plus graves associées à un pronostic moins favorable2,6,7. Le choix du traitement dépend de l’âge du patient et de l’étendue de l’alopécie1,2,4,6,8 (tableau I). Les différents traitements accessibles stimulent plus ou moins efficacement la croissance des cheveux. Les formes légères de pelade répondent beaucoup mieux aux traitements1,2,7,8. Au départ, on suggère l’observation, particulièrement chez les enfants, où le taux de rémission après un premier épisode est élevé (95 % en 6-12 mois)3. Par contre, si la repousse tarde de même que chez la majorité des adultes, un traitement médicamenteux est indiqué. Les traitements qui stimulent la croissance des cheveux nécessitent une application continue pendant plusieurs mois, soit jusqu’à ce qu’il y ait une rémission spontanée ou que la repousse des cheveux soit suffisante pour camoufler les plaques résiduelles1,4. Les corticostéroïdes Les injections intralésionnelles de corticostéroïdes, notamment de triamcinolone acétonide 10 mg/mL, sont 498 Québec Pharmacie vol. 52, no 8, septembre 2005 probablement le traitement le plus fréquent de l’alopécie areata. C’est le traitement de choix pour les atteintes limitées de pelade (perte de cheveux de moins de 50 %)1,7. On l’injecte dans de multiples sites de la région atteinte, à des distances de 1 cm. On répète le traitement aux quatre à six semaines en respectant une dose maximale de 10 à 20 mg par visite1,2,4,6,7. En injectant un petit volume (0,1 mL) de solution à chaque site et en évitant les injections trop superficielles, on minimise les risques d’atrophie locale de la peau, l’effet indésirable le plus fréquent avec ce traitement1,6. La croissance des cheveux peut être visible après quatre semaines. Si toutefois on n’observe aucune repousse après trois mois, on devrait cesser le traitement1,2,7. Les corticostéroïdes topiques (en solution ou en lotion) sont beaucoup moins efficaces1,4. On les favorise toutefois en première ligne de traitement chez les enfants qui, généralement, tolèrent mal les injections intralésionnelles1,5. Chez les adultes, on les emploie en association avec d’autres traitements (injections, minoxidil, anthraline), car ils offrent certains bénéfices additionnels1,4. En cas de besoin, on recommande l’application topique deux fois par jour de corticostéroïdes de puissance modérée ou élevée sur les régions atteintes4,6,7. Les corticostéroïdes par voie orale sont très efficaces, mais généralement réservés aux cas de pelade progressive ou grave, car leurs effets indésirables lors d’une administration chronique limitent leur utilisation1,3,4,7. Le régime habituel consiste en une dose de départ de 40 mg de prednisone une fois par jour, qui sera graduellement sevrée sur une période de six semaines1,4,5,7. Le minoxidil On emploie le minoxidil 5 % pour l’alopécie areata en plaques ou ses formes plus étendues. Le minoxidil peut également être utile lorsque les sourcils ou la barbe sont atteints1. On peut observer une croissance dès trois mois d’utilisation biquotidienne avec un effet maximal à un an1,7. On devrait noter à ce moment-là une repousse acceptable chez 20 % à 45 % des patients qui, au début, présentaient une atteinte de 25 % à 99 % du cuir chevelu1,4,7. Le degré d’amélioration dépend de la gravité de la pelade et l’efficacité est supérieure lorsque la région Quels sont les choix de traitement de la pelade ? atteinte est moindre. Le minoxidil semble inefficace dans les cas d’alopécie totalis7. La solution topique de minoxidil à une concentration de 2 % est généralement inefficace1,7,8. L’anthraline (dithranol) L’anthraline est un immunomodulateur non spécifique sécuritaire et efficace pour le traitement de la pelade1,4,6,7. C’est un bon choix chez les enfants et chez les patients présentant une atteinte étendue (plus de 50 % du cuir chevelu ou alopécie totalis)1,4,6,7. On peut observer la nouvelle croissance des cheveux deux à trois mois après le début du traitement1,2. On note une repousse acceptable chez 20 % à 30 % des patients après six mois1,4,7. On applique la crème d’anthraline (0,5 % ou 1 %) une fois par jour sur les régions atteintes du cuir chevelu pour une période de 20 à 60 minutes, puis il faut rincer avec de l’eau tiède et laver avec du savon1,4,7. De l’irritation, de l’érythème ou du prurit peuvent survenir. On suggère alors d’appliquer une plus petite quantité de crème ou de diminuer le temps de contact1,7. La photochimiothérapie ou PUVA7 La PUVA consiste en une application de psoralène et une irradiation par les ultraviolets A répétées deux à trois fois par semaine. La perte de cheveux lors de l’arrêt du traitement, le faible taux de rémission durable (15 %) et ses effets indésirables (nausées, brûlures, carcinome basocellulaire) en font un traitement peu utilisé. L’association de deux ou plusieurs de ces agents semble offrir des bénéfices additionnels, c’est pourquoi on les rencontre souvent en pratique7. À peu près toutes les associations sont possibles1,7. Dans les cas les plus graves ne répondant pas au traitement pharmacologique, on peut envisager une prothèse capillaire. La prise en charge des patients aux prises avec la pelade devrait toujours comporter l’évaluation des répercussions psychologiques1,3,5. Il existe des groupes de soutien (Fondation de l’alopécie areata du Québec, National Alopecia Areata Foundation) auxquels ils peuvent être adressés8. ■ L’association de deux ou plusieurs de ces agents semble offrir des bénéfices additionnels. Références L’immunothérapie topique L’immunothérapie topique est le traitement le plus efficace pour les formes chroniques graves de pelade1,2,4,6,7. Ce traitement consiste à appliquer localement des allergènes de contact sur le cuir chevelu. On connaît mal le mécanisme d’action, mais ces agents sensibilisateurs induiront une dermatite de contact qui semble nécessaire à la repousse des cheveux dans ce contexte1,7. Le diphénylcyclopropenone (DPCP) est l’agent le plus souvent utilisé. Lorsque la perte de cheveux est étendue (50 %-99 %), 40 % à 60 % des patients auront une repousse acceptable1,6,7. Dans les cas de perte totale des cheveux et des poils (alopécie totalis ou universalis), seulement 25 % des patients bénéficieront d’une repousse acceptable1,6. Ce traitement délicat doit être administré hebdomadairement dans le cabinet du médecin. Tableau I 1. Price VH. Treatment of hair loss. NEJM 1999; 341(13) : 964-73. 2. Shapiro J, Wiseman M, Lui H. Practical management of hair loss. Can Fam Phys 2000; 46 : 1469-77. 3. Powell J. Les alopécies chez l’enfant. Comment ne pas perdre la tête... Le médecin du Québec 2004; 39(12) : 55-61. 4. Thiedke CC. Alopecia in women. Am Fam Phys 2003; 67(5) : 1007-14, 1017-8. 5. Swanson LN, Butz LM. The mystery of alopecia. U.S. Pharmacist 1997; 22(4) : www.uspharmacist.com/oldformat.asp?url= newlook/ files/Feat/ACF2EEC.cfm&pub_id=8&article_id=31 6. Springer K, Brown M, Stulberg DL. Common hair loss disorders. Am Fam Phys 2003; 68(1) : 93-102, 107-8. 7. Meidan VM, Touitou E. Treatments for androgenetic alopecia and alopecia areata : current options and future prospects. Drugs 2001; 61(1) : 53-69. 8. National Alopecia Areata Foundation. (Page consultée le 17 avril 2005) Adresse URL : http://www.naaf.org Choix de traitement de la pelade ou alopécie areata Formation continue Chez les enfants (≤ 10 ans) • Observation • Corticostéroïdes topiques • Solution topique de minoxidil 5 % • Anthraline Veuillez reporter votre réponse dans le formulaire de la page 574 Chez les adultes (> 10 ans) Étendue de la perte de cheveux < 50 % du cuir chevelu • Injections intralésionnelles de corticostéroïdes (triamcinolone acétonide) • Solution topique de minoxidil 5 % • Corticostéroïdes topiques (en association) • Anthraline Étendue de la perte de cheveux ≥ 50 % du cuir chevelu • Solution topique minoxidil 5 % ± corticostéroïdes topiques • Immunothérapie topique • Corticostéroïdes oraux (doses décroissantes) • PUVA • Prothèse capillaire Atteinte des sourcils ou de la barbe • Injections intralésionnelles de corticostéroïdes (triamcinolone acétonide) et/ou solution topique de minoxidil 5 % 2) Parmi ces énoncés, lequel est vrai ? A Le finastéride est le traitement de choix pour la pelade lorsque l’atteinte touche uniquement le cuir chevelu. B La photothérapie (PUVA) est le traitement le plus efficace pour les formes étendues d’alopécie areata. C L’association de différents agents médicamenteux ne semble pas offrir de synergie dans le traitement de la pelade et devrait être évitée. D Pour éviter l’atrophie locale de la peau du cuir chevelu, les injections intralésionnelles de corticostéroïdes doivent être très superficielles. E Le choix de traitement pour la pelade dépend de l’étendue de la perte de cheveux et de l’âge du patient. Québec Pharmacie vol. 52, no 8, septembre 2005 499