HRT - CEFO-P-SD

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CEFO-P-SD
Liège, le 24 octobre 2013
Docteur Elahe Aghayan
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La ménopause est un tournant dans la vie
d’une femme souvent associée à une altération
de la qualité de vie.
L’espérance de vie de la femme est passée de
50 ans vers la fin XIXème siècle à 84 ans
actuellement en Belgique  40% de leur vie
dans la période de ménopause !
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Durant des siècles, la physiologie et le
mécanisme de la ménopause ont été le fruit
d’hypothèses étranges…
Les propositions thérapeutiques pour soulager
les femmes de leurs symptômes étaient aussi
empiriques que variées: fumigations, injections
vaginales d’urine d’âne, des saignées, des
feuilles de chou macérées…
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Dans les années 1920, va apparaître le terme
œstrogène
Dès 1942, sont commercialisées aux Etats-Unis
les œstrogènes de substitution issus de l’urine
de juments gravides  enfin les femmes
allaient être soulagées de leurs symptômes!!
Mais commence alors une période d’euphorie,
le traitement hormonal est prescrit tous
azimuts, même chez des femmes ménopausées
depuis longtemps
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Pour aider les symptômes liés à la ménopause
Pour la prévention de l’ostéoporose
Pour la prévention des maladies cardiovasculaires
Pour la prévention des démences séniles
Women’s Health Initiative
(WHI)
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16 608 femmes agées entre 50-79
Evaluation du rapport
risques /bénéfices du HRT
(CEE+ MPA) en prévention primaire
 Des affections cardiovasculaires
 Cancer du sein
 Cancer colorectal
 Fractures
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Événements négatifs
(risque attribué/
10 000 fe par an) :
+ 6 infarctus
+ 8 AVC
+ 18 thrombophlébites
+ 8 cancers du sein
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Événements positifs
( /10 000 fe par an):
- 5 fractures de
hanche
- 6 cancers colorectal
- 1 cancer
endométrial
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Moyenne d’âge : 67 ans
BMI > 30kg/m2 : 34%
Tabagisme : 50%
HTA : 36%
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Réduction voire abandon du HRT
Remise en cause de l’intérêt réel à court ou long
terme
Tendance aux faibles doses
Besoin des médecins d’être « rassurés » par une
« evidence based medecine » avec nos
traitements et dans notre population!
WHI , malgré toutes les critiques de l’étude, a mis
en lumière un ratio risques/bénéfices défavorable
au HRT
>>la ménopause est un état certes physiologique,
mais entraînant des conséquences sur la qualité de
vie et l’état de santé.
>>notre challenge , à nous médecins , est de trouver
un moyen d’optimaliser ce ratio R/B en faveur du
HRT pour soulager nos patientes:
1.
Par le choix du traitement
2.
Par le choix du progestatif
3.
Par le choix de la dose
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HRT et risque de cancer du sein
HRT et risque cardiovasculaire
HRT et ostéoporose
HRT et démence sénile
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Avec HRT : RR 1.26
Obèses : RR 1.26
Grandes consommatrices de graisse : RR 4
Atcd de cancer de l’endomètre ou du colon :
RR 8
Alcool ou tabac : RR 1.32
1ère grossesse tardive ou nullipare : RR 3
Génétique familial : RR 3.4
WHI, 2002 : sur 1000 fe (50-70 ans) ne prenant
pas de THS et suivies pendant 5 ans, 3 cas
cancer de sein. Groupe des 1000 fe sous HRT
(même âge et même suivi à 5 ans) : moins de 1
cas supplémentaire.
 Risque reste minime
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
10 739 femmes en post ménopause et
hystérectomisées sous CEE
Follow-up 11,8 ans : diminution du risque du
cancer sein
Incidence cancer sein 0,27% v/v 0,35% placebo
Cohorte 80 377 femmes post-ménopausées
( étude épidémiologique prospective, questionnaires:
identifier type HRT, durée HRT et survenue cancer du
sein)
 Suivi 8,1 ans
 Moyenne d’âge 53 ans ( au début du suivi)
 Conclusions :
1- Risque du cancer du sein < type de progestatifs
2- Pas d’augmentation du risque du cancer sein avec la
progestérone naturelle ni avec la dydrogesterone
3- Toutes les autres combinaisons ont un risque relatif
augmenté.
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Étude sur 472 femmes post ménopause avec
mutation BRCA 1 v/v placebo : HRT associé
ou pas à une augmentation du risque de
cancer du sein.
Intérêts de l’étude : ovariectomie
prophylactique fréquente vers 40 ans
(réduction 50% cancer sein et 80% cancer
ovaires)
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Suivi : +/- 4 ans
236 cas v/v 236 sujets contrôle ( 58 ans)
Pas d’augmentation du risque du cancer du
sein chez les patientes porteuses de la mutation
BRCA1 : E seul ou EP
Majorité (68%) cancers sein associés à la
mutation : ER-Négative
(HRT accélère le développement de tumeurs
préexistantes ER-positives )
HRT aurait un effet protecteur : différenciation
des précurseurs des cellules cancéreuses et
empêcherait le développement du cancer.
Tamoxifene et ovariectomie : protecteur aussi ?!
 Action sur un stade plus tardif de la
cancérisation
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Œstrogène seul : pas toxique, protecteur
Certains métabolites E deviennent toxiques
sous l’effet de substances provoquant un stress
oxydatif ( tabac, lupus…)
Certains Pg peuvent augmenter le risque du
cancer sein ( MPA, norethitestosterone) : dosedépendant et concentration œstrogénique
intracellulaire ( sein).
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
Avantage d’un HRT low –dose ( 1mg) voire
ultra-low dose ( 0,5 mg) : pas d’augmentation
de la densité mammaire
Choix d’un progestatif neutre : naturel ou
dydrogesterone
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Article de Paul F. Bray , al.
American journal of cardiology, 2008
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Il s’agit d’une sous-analyse de la WHI
Comprendre et expliquer les résultats
alarmants de la WHI concernant l’impact d’un
HRT sur les accidents cardio-vasculaires
Patientes avec des taux élevés :
 LDL
 Cholestérol/HDL
 LDL/HDL
 augmentation d’accidents cardiovasculaires en prenant CEE+MPA
 Patientes avec des taux bas
 pas d’augmentation d’accidents cardiovasculaires en prenant CEE+MPA
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
LDL/HDL < 2.5 : pas augmentation du risque
de maladies cardio-vasculaires avec la prise
CEE associé ou non à la MPA.
LDL/HDL ≥ 2.5 : nette augmentation du risque
de développer un accident cardio-vasculaire
sous CEE associé ou non à la MPA.
WHI : -12,7% LDL et +7,3% HDL mais +6,9%
triglycérides
 Étude suisse , randomisée , placebo ( Willy
Hänggi et al., 1997, BJ):
- E2 2mg, oral ou transdermique 50µg /jour,
continu
+ 10mg dydrogesterone , 14j/mois ( n=35)
- Tibolone ( n=35)
- Placebo (n= 35)
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


E2 oral : +7% HDL = idem avec transdermique
- 11,8% LDL
Tibolone : -26% HDL
- 11,8% LDL
Augmentation du taux de triglycérides dans les
3 groupes
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
•
•

Les estrogènes ont des effets positifs sur le système vasculaire
 Les estrogènes stimulent la synthèse de NO (Nitric oxide)
NO est considéré comme le composant vasodilatateur endogène
le plus important
NO possède des propriétés anti-aggrégantes, antiprolifératives,
anti-inflammatoires et anti-oxydatives
La progestérone naturelle et la Dydrogestérone
N’INHIBENT PAS la synthèse de NO
 effets oestrogéniques préventifs

Meta-analyse: effet du HRT sur les différents paramètres du
syndrome métabolique chez des femmes en postménopause.
CONCLUSIONS:
1.
HRT reduit obésité abdominale, insulino- résistance, nouveaux
cas de diabète, lipidémie, PA et les facteurs procoagulants chez
les non-diabétiques
2.
HRT reduit l’ insulino-résistance et la glycémie à jeun chez les
diabétiques de type 2
3.
Voie orale affecte défavorablement la CRP et la protéine S (1er
passage hépatique) à l’inverse des voies transdermiques
Mais pour des dosages élevés >>>pas de différence pour des
dosages < 1,5 mg !!
Mais HRT  tous les autres marqueurs inflammatoires ( IL6,
homocystéine…) ( Cornelius Kluft, Denmark 2011)
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Réduction LDL : v. orale > v. transdermique
Augmentation HDL :v. orale >v. transdermique
Effet sur les triglycérides : CEE  par le 1er passage
hépatique de cette hormone qui a une durée de vie
intracellulaire plus élevée. Voie orale ( autre que
CEE) : effet 1er passage minime. Voie
transdermique 
Certains progestatifs diminuent cet effet positif des
E : MPA, Pg androgéniques .
Métabolisme glucidique : v. orale améliore
l’insulino-résistance , v. transdermique a un effet
neutre
Répartition de la graisse : voie orale réduit
l’obésité abdominale, voie transdermique pas
 Effet complexe des œstrogènes sur la
coagulation:  activité pro-coagulante et
fibrinolytique.
Voies orale et transdermique
 Certains facteurs pro-coagulants (fibrinogène,
facteur VII)
 Certains facteurs anti-coagulants
(antithrombine)

>>> Initiation d’un HRT peut causer un « déséquilibre
» transitoire entre coagulation et fibrinolyse
>>>responsable d’une augmentation du risque de
thrombo-embolique pendant les 6 – 12 premiers
mois.
Mais cet effet est dose-dépendant
étude Collins et al, 2006 : E2 1mg + NETA 0,5
mg>>> aucun effet sur la coagulation
étude Renoux et al.BMJ 2010 : >900 000 fe , aucune
augmentation avec faibles doses ( <2mg)
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Effet d’un HRT low-dose sur la progression de
l’athérosclérose
727 femmes, âgées de 42-58, 3 ans postménopause
CEE voie orale 0.450 mg v/v TTS 50µg v/v
placebo + Pg micronisée ( 12j/mois)
Suivi : 4 ans
Conclusion : pas d’augmentation du risque de
VTE ou AVC
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
1.
2.
3.
4.

Œstrogènes : rôle protecteur au niveau des artères (formation de
l’athérosclérose)
Cet effet protecteur dépend
Précocité d’instauration du HRT
Présence ou non de facteurs de risque et d’antécédents
cardiovasculaires
Type de progestatif : MWS et E3N
Dose –dépendant : préférer la plus petite dose efficace
Instauration tardive d’un HRT sur des artères déjà « abîmées »
augmente le risque d’AVC
Prévention de l’ostéoporose : 40% diminution
des fractures vertébrales après 5 ans HRT
Mais quel dosage est efficace?
1- Etude Gambacciani et al, Maturitas, 2008 : BMD
évaluée chez 3 groupes de femmes
ménopausées : low-dose ( 1mg E2+0,5mg
NETA) / ultra-low-dose (0,5mg E2+0,25 mg
NETA) /pas HRT ( Calcium chez toutes)
Résultats BMD à 2 ans:
 Pas HRT :  2,8% BMD
 Low-dose :5 % (colonne) et 2,8% ( hanche)
 Ultra –low-dose :  2%

2- Etude Prestwood et a, 2003 : randomisée,
double-aveugle versus placebo , 4 ans suivi
chez 167 patientes post-ménopause ( >65 ans à
l’inclusion), n=83 : 0,25 mg E2 +Pg micronisée
100mg ou pas , n= 84 : placebo
Résultats :
Nette augmentation de la BMD à différents
niveaux ( hanche, colonne, squelette) et
diminution significative des marqueurs du
turnover osseux et des phosphatases alcalines
Chez la femme après 65 ans
 20% de femmes atteintes après 80 ans
 Cause inconnue: on constate dans le cerveau une
anomalie de la protéine (tau) dans les neurones et
des dépôts de substances amyloïdes
 Athérosclérose : responsable à 70 %
 Etude publiée en 2011 :
 4 ans HRT après 65 ans (athérosclérose) :double nb
de patientes atteintes
 Avant 60 ans : diminution de 40 à 60 %!
Heidi D. Nelson , al.
Annals of Internal Medecine, May 2012
E seul et EP : diminuent le risque de fractures
MAIS augmentent le risque d’AVC, d’accidents
thromboemboliques !!!
EP augmentent le risque du cancer du sein ,
des démences
E seul : diminue le risque du cancer du sein!


Back to 2002 traumatism?



Methodologie :
revue de la littérature sur Medline ( janvier
2002 à novembre 2011)
Études randomisées , versus placebo, publiées
en anglais, sur la prévention primaire du HRT
sur certaines pathologies chroniques
(cardiovasculaires…)
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
9 études incluses : la plupart des résultats
viennent de la WHI ( 11 ans de suivi, cohorte
importante) !!
Autres études : petites cohortes ( effet HRT sur
BMD/ hyperplasie de l’endomètre…),
interrompues pendant le recrutement, suivi
court et beaucoup d’abandons.

Revue de la littérature = résultats WHI
 rien de nouveau , les mêmes biais de cohorte
 Études randomisées : HRT 
 Initiation tardive HRT
 Dose et type d’E
 Dose et type de Pg
 Athérosclérose et thrombose



Études observationnelles : HRT 
Initiation proche de la ménopause
Patientes en bonne santé
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







Allège ou supprime la majorité des
symptômes:
Bouffées de chaleur
Sècheresse , atrophie vaginale
Sècheresse cutanée et ophtalmique
Arthralgies
Troubles de l’humeur
Troubles du sommeil
Perte de la libido
…




Prévention de l’ostéoporose : 40% diminution
des fractures vertébrales après 5 ans HRT
Prévention cardiovasculaire : réduction de
l’épaississement de la paroi artérielle par les
œstrogènes
Prévention du cancer colorectal : étude (USA)
sur 57 000fe suivies pendant 15 ans :
diminution de 45% après 5 ans de HRT
Prévention de la démence d’Alzheimer
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Instauration tôt à la ménopause
Pas > 5 ans après l’installation de la ménopause
Bilan santé préalable : exclure syndrome métabolique (
importance du bilan lipidique, diabète…), diabète type
1
Anamnèse personnelle et familiale
Privilégier la plus petite dose efficace quelque soit la
voie d’administration
Voie orale, faiblement dosée, présente de nombreux
avantages dont la compliance et la précision de la dose
administrée
A long terme : privilégier low-dose 1mg( risques
thrombo-phlébites) voire ultra-low 0,5 mg
Traitement personnalisé
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


Permet d’optimaliser le ratio R/B en faveur du
HRT
En préservant l’efficacité du HRT sur les
symptômes liés à la ménopause, sur la
prévention cardiovasculaire, sur la prévention
de l’ostéoporose, sur la prévention de la
maladie d’Alzheimer
En réduisant les risques thromboemboliques
En réduisant la densité mammaire





Préférer un progestatif neutre tel que la
progestérone naturelle ou la dydrogesterone
Innocuité mammaire
Innocuité cardiovasculaire
Innocuité sur le syndrome métabolique
Ne diminuent pas les effets positifs des
œstrogènes

1.
2.
3.
4.
La posologie , les modalités de prise sont à
évaluer au cas par cas
Prise en combiné continu
Prise en combiné discontinu
Prise en séquentiel continu
Prise en séquentiel discontinu
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Si patientes sans ou à faible risque cardiovasculaire : pas d’importance, low –dose
( < 1.5mg)
Si patientes à haut risque : transdermique
HTA : transdermique ( système angiotensine)
Diabète type 2: voie orale : insulinorésistance
Diabète type 1 : HRT contre-indiqué
Cancers ( vulve, vagin, col) : HRT
Cancer endomètre : type
Cancer ovaires : type
IMS recommandations ( Climateric 2011) :
après 5 ans , si pas de CI ( évaluation R/B)
>>> poursuivre HRT
Avec une surveillance annuelle.
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EMAS (European Menopause and
Andropause Society) : très long terme en
l’absence de risques et avec une évaluation
annuelle.
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

Malgré le bénéfice démontré
Aucune obligation à prendre un THS
Contre-indications au THS
Solutions alternatives : phyto-œstrogènes
…prudence
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