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CHSA 12/04/2007
Cas cliniques:
L’infection urinaire
Dr Levent .Équipe opérationnelle en hygiène – Référent en antibiothérapie. Centre Hospitalier de
Sambre-Avesnois
1
Aujourd’hui, vous êtes l’urgentiste de garde et voici
qu’arrive…
2
Aujourd’hui, vous êtes l’urgentiste de garde et voici
qu’arrive…
► Mme M… 27 ans , 2° pare, enceinte de 6 mois
► Arrive aux urgences pour fièvre à 38°C
► Symptomatologie: pollakiurie, troubles digestifs, douleurs lombaires
à droite
Diagnostic probable: Pyélonéphrite aigue
3
Quels examens biologiques prescrivez-vous pour étayer cette hypothèse ?




NFS et CRP
3 séries d’hémocultures (aéro-anaérobie à ½ h d’intervalle)
BU
ECBU
4
Qu’elle valeur donnez-vous à la bandelette urinaire (BU) ?
Une simple valeur d’orientation
Qu’attendez-vous comme résultat de la BU dans cette situation?
● Une positivité des nitrites signant la présence de bactéries productrices
de nitrate réductase
● Une positivité des leucocytes témoins d’une réaction de l’hôte à l’infection
Quels sont les pièges de cet examen?
La non détection de certains germes dépourvus de nitrate réductase
comme les cocci G+ et certains BGN comme P.aeruginosa
Quelle est l’indicateur épidémiologique de cet examen et sa valeur?
Sa VPN évaluée à 97%
Quelle est la définition d’une VPN?
5
maladie
+
+
TEST
_
a
VP
b
FP
c
FN
d
VN
_
Sensibilité
Spécificité
Se= a/a+c
Sp= d/d+b
Probabilité que le test
soit positif chez les
malades
Probabilité que la
maladie existe chez un
VPP= a/a+b sujet qui a un test positif
VPN= d/c+d
Probabilité que la
maladie n’existe pas
chez un sujet qui a un
test négatif
Probabilité que le test
soit négatif chez les
non malades
6
L’interne, qui est de garde ce jour là, vous demande quels sont les
antibiotiques à élimination urinaire utilisables durant le 2° trimestre ?
T1
T2
T3
Pénicillines
Céphalosporines
Aminosides
Sulfamides
Nitrofuranes
Quinolones
7
T1
T2
T3
Pénicillines
Oui
Oui
Oui
Céphalosporines
Oui
Oui
Oui
Aminosides
Non
Non
Non
Sulfamides
Non
Non
Non
Nitrofuranes
Non
Oui
Non
Quinolones
non
non
non
8
L’interne insiste…Quel germe doit-on cibler en priorité ?
E.coli
Quels antibiotiques sont utilisables sur ce germe durant le 2°
trimestre pour traiter une pyélonéphrite en 2007 en France et
pourquoi?
Les C3G car:
Les niveaux de résistance en France d’E.coli sont de:
● 40% pour l’amoxiciline
● 20 % pour l’association amoxicilline-Ac clavulanique
● 15-40 % pour le cotrimoxazole
● 5-10 % pour les Q1G
● 3-5 % pour les FQ
● 2-3% pour les C3G
9







Amoxicilline
S
R
R
R
R
R
R
Amoxicilline - Ac clavulanique
S
S
I/R
R
R
R
R
Ticarcilline
S
R
R
S
R
R
R
C1G
S
I
I/R
R
S
R
R
C2G
S
S
S/R
S
S
R
R
C3G
S
S
S
S
S
R
R
Céphamycine
S
S
S
S/R
S
S
R
Céfépime
S
S
S
S
R
S
Imipénème
S
S
S
S
S
S
S
 Phénotype sauvage
 Pénicillinase de bas niveau
 Pénicillinase de haut niveau
 Céphalosporinase
 TRI
 BLSE
 CASE HN
10
Infection urinaire et grossesse: quelques données épidémiologiques






3-8 % vs 1-3 % chez le femme jeune non enceinte
Fréquente dès le 2° mois
Bactériurie asymptomatique (BA) fréquente entre la S9 et S17 et
persistante durant toute la grossesse
Cystite aigue (CA) 2-3%
PNA 1-2% (surtout les 2° et 3° trimestres)
20 à 40% des BA non traitées se transforment en PNA
11
Pour cette patiente, quels sont les principes de votre prise en charge?
Ou, comment, avec quoi, pendant combien de temps ?





Prise en charge hospitalière au début
Traitement parentéral par une C3G: Claforan® 1g/8h ou Rocéphine®
1g/24h
Traitement secondairement adapté en fonction de l’antibiogramme
Relais PO après 48-72h d’apyréxie pour une durée de 15j-3 semaines
surveillance mensuelle de l’ECBU jusqu’à l’accouchement (récidives)
12
Vous sortez de garde après une nuit difficile, à peine arrivé
chez vous…
Votre voisine, charmante par ailleurs, vous téléphone pour un conseil:
 Elle présente une pollakiurie et des brûlures mictionnelles sans fièvre
depuis 2 jours
 Elle en est à sa 4° cystite cette année.
 Elle a déjà bénéficié par 2 fois d’un traitement antibiotique mais elle ne se
souviens plus du nom des antibiotiques prescrits
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Décrivez les principales formes de cystites possibles
femme jeune (15-65 ans)
 signes urinaires isolés, pas d’uropathie
 évolution favorable, éradication spontannée fréquente
(diurèse)
 risque faible de pyélonéphrite

Cystite simple
au moins 4 épisodes/an
 réinfections itératives à partir des germes périnéaux sans
uropathie
 facteurs de risques: rapports sexuels, boissons insuffisantes,
constipation, mictions rares…

Cystite récidivante
cystite + dysurie et uropathie sous-jacente (résidu mictionnel
Cystite compliquée par obstacle ou dysfonctionnement, lithiase, tumeur…)
 récidives fréquentes
 risque de complication (PNA)

14
Quels sont les principes de la prise en charge d’une cystite récidivante ?
Mesures générales


Si l’anamnèse n’est pas contributive, il semble judicieux de proposer à
votre voisine un bilan urologique et ou gynécologique
De conseiller des mesures d’hygiène complémentaires: miction postcoïtales, diurèse abondante, régularisation du transit…
Mesures spécifiques
Réalisation d’un ECBU
Schéma thérapeutique
► Antibiothérapie curative au cas par cas
► Schéma long: 5-10 jours
► Schéma court possible en cas de germe « facile » à traiter et avec
plusieurs ECBU isolant la même souche (décision sur bandelette)
15
Comment interpréter les données de l’ECBU ?
 L’examen direct apporte une orientation
 certitude devant une leucocyturie et une bactériurie significatives
Quel est le seuil significatif de la leucocyturie ?
≥ 104 éléments/ml ou 10 éléments/mm3
Quel est le seuil significatif de la bactériurie ?
 ≥ 103 UFC/ml pour les cystites aigues à coliformes
 ≥ 104 UFC/ml pour les pyélonéphrites et prostatites
 ≥ 105 UFC/ml pour les cystites aigues à non coliformes
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Votre voisine, charmante par ailleurs mais qui commence à devenir pénible,
vous téléphone 10 mn plus tard car elle a retrouvé les résultats du dernier
ECBU qui date de 3 semaines et qui isole un E.coli dont la sensibilité est la
suivante:
Amoxicilline
R
Amoxicilline - Ac clavulanique
S
Ticarcilline
R
C1G
I
Céfotaxime
S
Gentamicine
S
Triméthoprime-sulfaméthoxazole
S
Noroxine 800 mg/j
Ac nalidixique
R
Norfloxacine
S
Nitrofurandoine
S
● En cas d’échec il faut lui conseiller de
refaire un ECBU en lui rappelant les
précautions à respecter lors du
prélèvement
Quel est votre attitude thérapeutique ?
● on initie d’emblée un traitement sur la
base de ce résultat
● on choisi un traitement long (5-10j)
● on privilégie une FQ non systémique:
17
Si votre voisine devait à nouveau présenter une récidive, quel serait votre
prise en charge (à part déménager) ?
Une antibioprophylaxie peut être proposée:
● au long cours
● Posologie inférieure aux doses curatives
● réduction de l’inoculum et diminution de l’adhésion bactérienne
Produits
Posologie (mg)
Cotrimoxazole (Bactrim)
80/400
Nitrofurantoine (Furadantine)
50-100
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Vous profitez enfin de votre après-midi pour aller rendre
visite à votre grand-mère qui est hospitalisée en SSRLD…
► Elle est agée de 84 ans
► Sondée à demeure (sondage urinaire clos)
► Apyrétique le jour de votre visite
► Le gériatre, à temps très partiel, n’est pas là cette après-midi et l’infirmière
vous connaissant vous montre l’ECBU de votre grand-mère réalisé il y à 5
jours car les urines semblaient sales…
► Résultat de l’ECBU:
● Bactériurie supérieure à 106 germes/ ml à K.pneumoniae CTX-R
● leucocyturie 104 / ml
Quel est votre diagnostic et quelles sont les consignes à faire passer ?
19
Diagnostic ?
Infection urinaire sur sonde asymptomatique
Qu’elle est votre attitude pratique devant le tableau clinique et les
résultats de l’ECBU ?
► Abstention thérapeutique: il s’agit d’une colonisation du matériel de drainage
sans impact clinique dans ce cas précis
► Il faut placer cette patiente en isolement contact car elle est porteuse d’une
bactérie multirésistante à fort potentiel épidémique (il s’agit d’une EBLSE)
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BLSE
CASE
Amoxicilline
R
R
Amoxicilline - Ac clavulanique
R
R
Ticarcilline
R
R
C1G
R
R
Céphamycines
S
R
Céfotaxime
R
R
Ceftazidime
R
R
R-I
S
Imipénème
S
S
Gentamicine
R
R
Amikacine
S
S
Triméthoprime-sulfamétoxazole
S
S
Péflacine
R
R
Ciprofloxacine
R
R
Céfépime
Interprétation de
l’antibiogramme en fonction
du mécanisme de résistance
21
Quelques remarques…




La leucocyturie n’à aucun intérêt chez le patient sondé
La BU ne peut pas être utilisée chez le patient sondé
Qui traiter en cas de colonisation urinaire:
► neutropénique, immunodéprimé, femme enceinte
► patient en situation pré-opératoire(chirurgie et exploration
urologique…)
► patients porteurs de prothèse articulaire, vasculaire ou cardiaque
lors de manœuvre invasive
Incidence journalière d’acquisition d’une IUN sur sonde: 3-10%/j de
sondage, 100% à J30
22
La journée tire enfin à sa fin, vous vous installez confortablement
devant « question pour un champion », quand soudain…
► vous présentez des frissons, une T° à 38°C
► une sensation de pesanteur sus-pubienne
► des brûlures mictionnelles discrètes
► vous vous souvenez que depuis 3-4 jours vous êtes fatigué et que cette
pesanteur pelvienne semble augmenter
Quel est votre auto-diagnostic ? (je vous rappelle que vous êtes
un homme…un vrai!)
Une prostatite aigue
23
Rappels cliniques de la prostatite aigue
Forme typique: signes fonctionnels urinaires, un syndrome infectieux, une
prostate douloureuse au TR
Formes moins évocatrices:
► syndrome infectieux isolé
► forme atténuée peu ou pas fébrile
► forme à TR normal
► forme associée à une pyélonéphrite
24
Quels sont vos arguments paracliniques pour confirmer le diagnostic ?




L’ECBU standard (2°jet) avec un seuil de bactériurie ≥ 104 CFU/ml
Dosage du PSA non systématique
Echographie des voies urinaires:
► prostatique (éventuel abcès)
► surtout, état des voies urinaires
Echographie endo-rectale si diagnostic hésitant ou T° persistante
(abcès prostatique)
25
Attitude thérapeutique ?
 En théorie, quels sont les ATB à privilégier ?
Niveaux de diffusion
Bêta-lactamines
Sulfamides
Aminosides
Cyclines
Triméthoprime
Quinolones
26
Attitude thérapeutique ?
 En théorie, quels sont les ATB à privilégier ?
Niveaux de diffusion
Bêta-lactamines

Sulfamides

Aminosides
+
Cyclines
+
Triméthoprime
++
Quinolones
++
Mais en phase aigue, l’inflammation locale permet la diffusion des ATB
27
Attitude thérapeutique ?
 Schéma thérapeutiques ?
Formes sévères
Formes moins sévère
C3G parentérale ou FQ systémique
+
Aminoside
FQ systémique orale
► Dans les 2 cas, relais oral (FQ ou cotrimoxazole) même pour
les souches sensibles aux aminopénicillines
► TT minimum de 3 semaines
28
Pour conclure….
Schéma thérapeutiques proposés
29
Bactériurie asymptomatique de la femme
Enceinte
Non enceinte
400mg/j pendant 10j
Pas de traitement
30
Cystite
Dose unique: Monuril 3g ou Monoflocet 400
mg ou Bactrim forte 3 cps en une prise
 TTcourt de 3 jours: Noroxine 800 mg/j

Cystite aigue simple
(femme < 65 ans non enceinte)
Cystite récidivante
TT curatif: Noroxine 800 mg/j ou Oroken 400
mg/j ou Bactrim 1 cp/j pendant 5-10j
 Prophylaxie: Furadantine 50-100 mg/j
Cystite compliquée


(femme >65 ans avec comorbidité)
TT long ≥ 5j
 Oflocet 400 mg/j, Oroken 400 mg/j
L’adaptation à l’antibiogramme est la règle
31
Pyélonéphrite
Durée du TT: 10-21j
 Rocéphine 1g/j ou Claforan 1g/8h ou Oflocet
200mg/8h
 Relai PO après 24-48h d’apyréxie: Oroken
200 mg/12h ou Oflocet 200 mg/12h

Aigue non compliquée
Aigue compliquée
Durée du TT: 21j
 C3G ou Oflocet 200 mg/12h + gentalline 3
mg/kg/j pendant 48-72 h
 Relai PO après 24-48h d’apyréxie: Oroken
200 mg/12h ou Oflocet 200 mg/12h ou autre
molécule en fonction des résultats de
l’antibiogramme

L’adaptation à l’antibiogramme est la règle
32
Prostatite aigue
Durée du TT: 3-6 semaines
 Rocéphine 1g/j ou Claforan 1g/8h ou Oflocet 200mg/8h +
gentalline 3 mg/kg/j pendant 48-72h

Sévère
Non sévère
Durée du TT: 3-6 semaines
 Oflocet 200mg/8h PO ou Bactrim fort 1cp/12h

L’adaptation à l’antibiogramme est la règle
Relais PO après 72h d’apyréxie
33
Infection urinaire sur sonde
Asymptomatique
Symptomatique
Pas de traitement
Durée du TT:
pyélonéphrite: 10j
prostatite: 21 j
 L’adaptation à l’antibiogramme est la règle

34
En l’état actuel des résistance, il faut réserver l’utilisation de la
ciprofloxacine au traitement des infections documentées (ou forte
suspicion) mettant en cause P.aeruginosa.
En effet,la ciprofloxacine possède les CMI les plus basses vis à vis de
P.aeruginosa.
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