Revue des politiques d`aménagement du territoire en Europe

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Revue des politiques d’aménagement du territoire en Europe
Document EoRPA 12/1
Négociation du budget de l’UE et de la politique de la cohésion
Document EoRPA 12/4
Carlos Mendez, Fiona Wishlade et John Bachtler
L’accès au crédit dans les régions défavorisées : le rôle de l’ingénierie
financière
Document EoRPA 12/6
Colin Mason, Rona Michie et Fiona Wishlade
Synthèse des rapports
Ces documents ont été préparés pour la rencontre du Consortium européen pour la recherche
sur les politiques régionales (EoRPA), organisée à Ross Priory sur les rives de Loch Lomond du 7
au 9 octobre 2012.
European Policies Research Centre
Université de Strathclyde
40 George Street
Glasgow G1 1QE
Écosse, Royaume-Uni
Tél. : +44-141-548-3333
Fax : +44-141-548-4898
http://www.eprc.strath.ac.uk/
L’université de Strathclyde est une institution charitable, enregistrée en Écosse sous le numéro SC015263.
Synthèses des documents EoRPA
Revue des politiques d’aménagement du territoire en Europe
Document EoRPA 12/1
SYNTHÈSE
Introduction
L'objectif de ce rapport est d'examiner l'évolution récente des politiques régionales
nationales en Europe, en se concentrant sur les changements intervenus durant la période
2011-2012. Le rapport comporte trois sections principales couvrant : une analyse des
problèmes économiques régionaux et des tendances en Europe sur différentes périodes ;
une typologie pour comprendre les différentes réponses politiques régionales ; et un
examen des récents changements politiques régionaux survenus dans 29 pays.
Le rapport est basé sur les conclusions de travaux menés dans différents pays européens et
ayant fait l'objet d'une série de rapports nationaux, publiés séparément (cf. document
EoRPA 12/2). Ce document s'appuie par ailleurs sur une série de tableaux comparatifs
résumant les principaux instruments de politique régionale (voir également le document
EoRPA 12/3 à ce sujet).
Un contexte difficile pour la politique régionale en Europe : problèmes à court terme et
tendances à plus long terme
En 2011-2012, le développement économique régional en Europe a été largement façonné
par la crise financière et le ralentissement économique. Les PIB par habitant et le taux de
chômage en 2011-12 ne sont, dans de nombreux cas, pas encore revenus aux niveaux
d'avant la crise, en particulier dans les pays qui ont été fortement touchés par l'incertitude
macroéconomique, une perte de confiance des entreprises et des contraintes fiscales. Dans
certains pays européens, cependant, des conditions économiques relativement bénignes et
une baisse des taux de chômage en 2011 et durant la première moitié de 2012 ont créé un
contexte plus favorable au développement socio-économique régional. Bien qu'il existe des
variations entre les pays, la plupart montrent une corrélation entre la hausse (et la baisse)
des taux de chômage nationaux et la chute (et hausse) de la dispersion des taux de
chômage régionaux en 2010-12, en raison de changements disproportionnés survenus dans
les régions ayant au départ un faible taux de chômage.
Les effets de la crise et la récession sont au cœur des débats et peuvent apparaître comme
des tendances socio-économiques régionales dominantes actuellement mais les facteurs et
processus structurels continuent à modeler des perspectives de développement à plus long
terme. Au niveau international, deux ensembles d'influences à plus long terme continuent à
gagner en importance, à savoir le rééquilibrage économique partout dans les macro-régions
du monde d'une part, et les défis posés par le changement climatique et les contraintes
imposées par les ressources non renouvelables d'autre part. Ensemble, ces deux processus
ont le potentiel de restructurer radicalement le contexte du développement régional en
Europe.
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Synthèses des documents EoRPA
D'un point de vue national et européen, le développement régional continue également
d'être façonné par des facteurs bien reconnus d'inégalité géographique. La tension qui
existe entre développement économique national et régional constitue la principale
caractéristique des disparités géographiques dans la plupart des pays en phase de
convergence. Les importantes modifications sectorielles qui sont inhérentes au processus de
rattrapage ajoutent quant à elles à cette tension. En outre, tous les pays ont à faire face à
des problèmes relatifs effets d'agglomération et d'étendue, ces problèmes étant
généralement plus aigus dans les régions les moins accessibles. Qui plus est, le potentiel de
capital humain, public, social et de connaissance façonne largement les perspectives de
développement à plus long terme, notamment en représentant les capacités et le potentiel
d'évolution ascendante. Enfin, les politiques du gouvernement ont une influence
considérable sur les disparités socioéconomiques régionales,
par le biais des politiques
régionales explicites, de la redistribution interpersonnelle et de l'égalisation des
mécanismes fiscaux ainsi que par des stratégies, des politiques et des cadres plus étendus
qui façonnent l'accessibilité régionale et le potentiel de capital.
La réponse politique : une typologie des politiques régionales en Europe
En réponse aux tendances et enjeux territoriaux, les gouvernements nationaux ont mis au
point différents types de politique régionale en Europe. Bien qu'ils partagent des
caractéristiques communes, leurs formes d'intervention sont très différentes en ce qui
concerne les objectifs, les stratégies, les priorités, la gouvernance et les instruments
utilisés.
Les objectifs de la politique régionale sont couramment discutés pour savoir si leur
orientation primaire consiste à promouvoir « l'efficacité » ou l'« équité » bien que la
définition de ces termes varie grandement. En termes de politique régionale, on définit
généralement un objectif d'efficacité comme visant à maximiser la contribution des régions
à la croissance à l'échelle nationale, alors que l'objectif d'équité exprime le plus souvent
une volonté de réduire les différences socio-économiques entre les régions. Dans la
pratique, les différences ne sont pas aussi nettes : une stratégie visant à réduire les
disparités en exploitant le potentiel sous-exploité dans les régions en retard, ou
l'amélioration de la productivité, sont de nature à améliorer globalement l'efficacité
nationale. Ainsi, les politiques régionales de nombreux pays comportent un mélange
d'objectifs d'efficacité et d'équité et comprennent différents éléments ou interventions
destinés à atteindre différents objectifs.
Afin de comprendre les différences entre les politiques régionales des pays européens, il est
possible d'établir une typologie des pays dotée de catégories en fonction de leur : enjeux
territoriaux ; engagement politique en faveur du développement territorial ; et de leurs
approches nationales en matière de politique régionale. Les rôles que jouent les politiques
européennes en matière de cohésion et de concurrence en ce qui concerne le contrôle des
aides d'État sont également importants.
La première catégorie comprend les pays - la Finlande, l'Allemagne, l'Italie, la Norvège,
l'Espagne, la Suède - où il existe un ordre juridique national ou un engagement
constitutionnel en faveur de la réduction des disparités régionales. Dans les pays dans
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lesquels les différences régionales proéminentes sont acceptées comme l'axe principal de
politiques différenciées dans l'espace, il existe des politiques régionales nationales bien
financées
Deuxièmement, il existe des pays - Belgique, France, Royaume-Uni - dont les enjeux
territoriaux sont variés (ancienne zone industrielle en cours de restructuration,
développement rural, régénération urbaine, gestion des zones périphériques, etc.). Une
importance limitée est accordée aux disparités régionales à l'échelle des pays comme
l'Allemagne ou l'Italie, bien qu'il existe certaines mesures ciblées portant sur des régions en
difficulté. L'accent principal est mis sur la compétitivité régionale ou sous-régionale
(locale) du point de vue du renforcement de la croissance à l'échelle nationale (à
l'exception de la Belgique), et sur une gamme de programmes et instruments relativement
à petite échelle, partiellement mis en œuvre par les autorités autonomes régionales.
Troisièmement, il existe des petits pays européens prospères - l'Autriche, le Danemark, le
Luxembourg, les Pays-Bas et la Suisse - dont les disparités régionales sont limitées. La
priorité est donnée au renforcement de la compétitivité nationale en mettant fortement
l'accent sur la cohésion sociale et en soutenant fortement les entreprises. Cependant, les
politiques sont principalement centrées sur les problèmes localisés et le développement
équilibré est considéré comme un aspect important.
La quatrième catégorie regroupant Chypre, la Grèce, l'Irlande, Malte, le Portugal et la
Slovénie couvre les pays ayant d'importants problèmes d'ordre géographique dans le
contexte de l'UE (éloignement, insularité) ou interne (îles, zones de montagne, régions
isolées, domination par la capitale). Il s'agit principalement des petits pays dont le PIB par
habitant se situe juste en dessous de la moyenne de l'UE. L'objectif de la politique de
développement économique porte sur le développement national et la compétitivité bien
que certaines disparités internes puissent revêtir une certaine importance et bénéficier
d'une attention croissante au sein des politiques.
Enfin, il existe des pays, tous en Europe centrale et orientale (Pologne, Bulgarie,
République tchèque, Estonie, Hongrie,
Lettonie, Lituanie, Roumanie, Slovaquie) où
l'accent a été mis depuis deux décennies sur la croissance et le développement au niveau
national. Ces pays sont moins prospères, par rapport aux moyennes de l'UE, et ont vu se
creuser les disparités territoriales, en particulier entre les régions métropolitaines et les
autres régions. Les politiques régionales mises en place au niveau national étaient
précédemment peu étendues. Les priorités de développement régional et le financement
étaient en effet entraînés par politique de cohésion de l'UE mais cette situation est en train
de changer dans certains pays comme la Pologne.
Au travers de ces cinq catégories et des 29 pays inclus dans l'étude, le rôle des politiques
de cohésion et de concurrence de l'UE en ce qui concerne les aides d'État sont d'une
importance cruciale dans tous les pays en dehors de la Suisse. La politique de cohésion de
l'UE est une importante ressource financière dans de nombreux pays de l'UE12. Par ailleurs,
l'envergure des dépenses est marginale au niveau national, mais le Fonds peut conserver
une grande importance au niveau régional, en tirant parti du financement. La politique de
la concurrence de l'UE a longtemps exercé des contrôles rigoureux sur l'utilisation des aides
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Synthèses des documents EoRPA
d'État à finalité régionale dans les pays de l'EEE et a eu une influence notable sur la forme
des initiatives d'incitations destinées aux entreprises, leur valeur en termes de taux d'aide,
et par dessus tout sur l'étendue de la couverture des régions bénéficiant de ces aides. Dans
la plupart des pays d'Europe centrale et orientale, l'ensemble du territoire à droit à une
aide régionale, avec seulement de modestes différences entre les régions en termes de
taux maximum d'attribution. En revanche, les cartes d'aides régionales ont tendance à être
de plus en plus limitées dans d'autres endroits, les décideurs nationaux étant contraints à
faire des choix politiques quant aux zones à inclure. Étant donné que la carte ci-dessus
détermine surtout la disponibilité des aides à l'investissement des grandes entreprises, ces
choix reflètent parfois autant la nécessité impérieuse d'investissements dans une telle zone
que la gravité des disparités régionales.
Période turbulente : développements récents de politiques régionales en Europe, 201112
S'agissant enfin de la façon dont la politique régionale a évolué au cours de la période 201112, dans le contexte de faible croissance ou de stagnation économique et de troubles
politiques y afférents, on comprend que la préoccupation majeure de tous les
gouvernements européens soit d'échapper à la crise économique et de stimuler la
croissance. En particulier dans certaines des régions les moins développées de l'UE où
l'accent est mis sur la situation macro-économique au détriment des politiques et des
interventions visant à traiter la cohésion économique et sociale ; les modifications
apportées à la politique de la Hongrie et la réduction sévère des budgets de politique
régionale en Espagne sont des exemples évidents à cet égard.
Dans de nombreux pays d'Europe centrale et orientale, la politique régionale a été
synonyme de politique de cohésion de l'UE, comme on l'a noté ci-dessus. Les fonds
structurels et de cohésion se sont fait les garants des dépenses au titre des priorités de
développement régional depuis leur adhésion à l'UE. Toutefois, ce n'est que depuis 2-3 ans
que les stratégies de développement régional ont commencé à émerger, notamment en
Pologne, Slovénie, Slovaquie, Bulgarie et Roumanie, voire peut-être en République
Tchèque où une possible nouvelle politique régionale est en cours de discussion. Ces
documents de politique expriment clairement, parfois pour la première fois, une
perspective nationale en matière de développement régional qui informera la rédaction des
accords de partenariat et des programmes opérationnels de financement au titre de la
politique de cohésion en 2014-20.
Au sein de l'UE15, les politiques régionales ont été établies pour beaucoup plus longtemps bien qu'une grande partie du financement soit toujours tributaire de la politique de
cohésion dans des pays comme l'Espagne, la Grèce et le Portugal. Les tendances sont très
différentes en matière de politique régionale. Aux Pays-Bas et au Royaume-Uni
(Angleterre) une compression des effectifs a eu lieu entraînant l'arrêt de certains
instruments de politique et l'abolition des organismes régionaux de développement. En
France, par contraste, les politiques visant à mettre en place un développement durable et
équilibré pourraient gagner en importance après les élections de 2012. Les changements de
politique ont été importants en Finlande, où les réformes ont inclut d'importantes
réductions des dépenses publiques et, en ce qui concerne la politique de développement
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Synthèses des documents EoRPA
régionale, de nouveaux objectifs pour la période 2011-2015 mais en mettant l'accent sur les
services sociaux et le « renouvellement régional continu » ainsi que sur la rétention de
l'innovation régionale comme point central de la politique. La politique régionale de l'Italie
a également subi de grands changements institutionnels dont notamment la révision du
cadre juridique de la politique de cohésion territoriale et la création de la Banque pour le
Sud (Banca del Mezzogiorno).
À une époque où les pressions sont importantes sur les finances publiques, les questions de
performance/efficacité ont été mises en avant dans certains pays (par ex. en Finlande,
France, et Allemagne), remettant en question certains instruments de politique. En
Finlande par exemple, des réformes récentes ont mis la pression sur toutes les institutions
impliquées dans la politique régionale pour améliorer les performances de leurs mesures et
la responsabilité en découlant.
Les préparatifs en vue d'une nouvelle phase politique à partir de 2014 constituent une
tendance commune à tous les États Membres de l'UE. Les changements des cadres de l'UE
qui relèvent des politiques de cohésion et de concurrence en matière de contrôle des aides
d'État (Lignes directrices pour les aides à finalité régionale) ont une influence majeure sur
la politique à l'égard des priorités stratégiques, du financement, des cartes d'aides
institutionnelles et des cartes d'aides. Toutefois, dans la plupart des cas, les modifications
se font sous une forme qui n'est pas encore claire étant donné que les cadres
réglementaires sont encore en cours de négociation au niveau de l'UE. Dans l'intervalle,
l'utilisation du financement issu de la politique de cohésion pour la partie restante de la
période 2007-13 constitue une préoccupation majeure pour de nombreux États Membres de
l'UE.
Les défis persistants posés par la coordination et la
gouvernance de la politique font
largement partie des modifications de la politique régionale de tout un éventail de pays.
Les problèmes consistent à savoir comment s'assurer que les objectifs de la politique
régionale soient coordonnés avec les politiques sectorielles, structurer les relations entre
les différents niveaux de gouvernement et gérer les stratégies de développement. Il n'existe
à ce niveau aucune tendance commune : on trouve d'une part des exemples de la
centralisation et de la localisation des responsabilités en matière de développement
économique (Hongrie, Pays-Bas, Royaume-Uni) et d'autre part des cas de régionalisation
accrue (France, Grèce, Slovénie, Suède).
Pour contrer à plus long terme la tendance au déclin de l'utilisation des aides à finalité
régionale, la crise économique a connu une résurgence d'utilisation des aides d'État, même
si ce n'est que temporairement, pour prendre en charge la survie des entreprises et le
maintien de l'emploi, ainsi que des mesures pour encourager le recours à des instruments
d'investissement. La couverture spatiale des cartes des aides régionales a été relativement
stable, les principales modifications étant due à l'examen de l'effet statistique effectué en
2010 par la Commission sur les régions et à la reclassification ultérieure de certaines
d'entre elles quant à leur éligibilité.
Enfin, des changements de politique sont prévus dans plusieurs pays. Une nouvelle politique
régionale d'initiatives de promotion de l'innovation est en cours de préparation, en
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Synthèses des documents EoRPA
Finlande et en Suède et de grands changements institutionnels et politiques sont en phase
de discussion en France. Ces changements pourraient avoir des implications importantes
pour la politique régionale. En Norvège, un livre blanc va prochainement être présenté au
cabinet à la fin de 2012 et sera débattu par le parlement en 2013. S'agissant de l'avenir, un
groupe de travail a été mis sur pied en Suisse pour développer de nouvelles idées pour
l'avenir de la politique régionale à partir de 2016.
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Synthèses des documents EoRPA
Négociation du budget de l’UE et de la politique de la cohésion
Document EoRPA 12/4
SYNTHÈSE
Introduction
L'objectif de ce rapport est de fournir un bilan des négociations formelles sur le budget de
l'UE et sa politique de cohésion à la suite de la publication des propositions de réforme de
la Commission en 2011. Le contexte est défini par un bref aperçu de la crise qui sévit dans
l'UE et qui constitue un environnement très difficile tant au niveau budgétaire qu'en ce qui
concerne la réforme des politiques. Les progrès réalisés au cours des négociations
budgétaires sur le cadre financier pluriannuel (CFP) sont ensuite examinés, suivi d'une
analyse des incidences de l'admissibilité aux niveaux national et régional et des allocations
financières attribuées au titre de la politique de cohésion de l'UE. Cette analyse se fonde
sur les données les plus récentes disponibles et tient compte des modifications introduites
dans le cadres des négociations ayant eu lieu sous les diverses présidences. Les négociations
du Conseil portant sur les règlements de la politique de cohésion sont ensuite examinées en
mettant en évidence les principaux amendements proposés par les États membres pour
chacun des principaux blocs de négociation. Le document se conclut en proposant des
thèmes de discussion et en soulevant des questions.
Contexte
Le contexte de la réforme a été extrêmement difficile en raison d'une nouvelle phase de
crise sévissant au sein de l'UE au milieu d'un ralentissement de la croissance, d'une remise
en question de l'austérité budgétaire dans de nombreux États membres, de l'effet de
contagion de la dette souveraine et de la crise bancaire, et d'une lente et incomplète suite
données aux faiblesses de conception institutionnelle de l'Euro. La nécessité continue de
renflouement de la zone euro en proie à des difficultés économiques et les appels connexes
à une mise en commun de la dette souveraine au niveau de l'UE ont mis à rude épreuve la
solidarité entre les États membres et rendu les futurs engagements de l'UE en matière de
dépenses hautement controversés.
Négociations sur le Budget
Les progrès réalisés en matière de négociation du CFP se sont avérés plus lents que prévu et
il est hautement improbable qu'un accord sera atteint d'ici décembre 2012, la date limite.
Les esprits sont nettement divisés entre les États membres et les institutions de l'UE quant
aux montants des dépenses du CFP 2014-2020. Néanmoins, le climat d'austérité fiscale et
les demandes des contributeurs nets suggèrent qu'un compromis du Conseil nécessitera une
réduction du budget proposé par la Commission, budget qui devrait être pris en charge par
les réductions de tous les domaines de la politique. Au deuxième rang des plus grosses
dépenses du CFP, la politique de cohésion constitue une cible de premier choix pour les
réductions et ce en dépit de la résistance issues de la coalition des soi-disant « amis de la
cohésion ».
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Synthèses des documents EoRPA
Éligibilité et attributions relatives à la Politique de cohésion
Étant donné l'appui universel donné à une concentration des fonds sur les pays et les
régions les moins avancés, la pression à la baisse sur le budget de la politique de cohésion
est plus susceptible d'affecter la catégorie des nouvelles régions en transition - auxquelles
un certain nombre d'États membres s'opposent - ainsi que les régions plus développées.
Cependant, d'importantes réductions des attributions à ces régions peuvent à long terme
réduire le soutien en faveur d'une approche englobant toutes les régions réduisant ainsi
l'engagement en faveur d'une politique de cohésion solide et bien financée. D'autres
questions controversées de négociation ayant des implications importantes pour le flux des
fonds vers les pays et régions concernent l'importance accordée au coefficient de
prospérité nationale des régions de la catégorie moins développée ou la prime chômage de
toutes les régions ; la forme et le niveau des « filets de sécurité » visant à minimiser
l'impact des réductions du financement accordé aux pays et régions par rapport à la période
précédente ; l'équité du « plafond d'absorption » liée aux niveaux du PIB, en particulier
pour les pays qui seraient financièrement défavorisés en raison d'une faible croissance au
cours des dernières années ; et la mesure dans laquelle un traitement spécial devrait être
accordé aux pays et aux régions ayant des enjeux territoriaux spécifiques.
Négociations réglementaires de la Politique de cohésion
Le développement législatif de la réglementation a atteint un stade avancé au cours de
l'année 2012. Des accords partiels ont été conclus sur les principaux blocs de négociation
sous la présidence danoise et les blocs et questions en suspens doivent être traités dans le
cadre de la présidence chypriote. Les principes généraux et les priorités des propositions de
réforme de la Commission sont restés intacts pendant les négociations du Conseil.
Néanmoins, certaines modifications importantes ont été apportées dans un certain nombre
de domaines clés en vue de permettre davantage de flexibilité aux États membres et sans
doute de mener à une dilution des propositions de la Commission. Cela s'applique en
particulier à la concentration thématique et au nouveau cadre de performance.
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Synthèses des documents EoRPA
L’accès au crédit dans les régions défavorisées : le rôle de
l’ingénierie financière
Document EoRPA 12/6
SYNTHÈSE
Le soutien accordé aux PME et à l'entrepreneuriat constitue un aspect important de la
politique de développement économique et les entreprises à forte croissance ont pu
bénéficier d'un soutien croissant. Le rôle de l'accès au financement a attiré l'attention des
responsables politiques, en partie parce que des entreprises nouvelles et ambitieuses
mentionnent l'accès au financement comme une contrainte, et en partie à cause du rôle
que le capital-risque privé est considéré comme ayant joué dans le développement des
entreprises de haute technologie dans en certains endroits - comme c'est le cas dans la
Silicon Valley et en Israël - et dans le développement de certaines entreprises prestigieuses
telles que Google et Facebook.
Au niveau européen ces considérations ont conduit à diverses réglementations et initiatives
politiques et notamment à des « nouveaux » instruments financiers par le biais de JEREMIE.
Le terme « instruments financiers » renvoie généralement à des mesures autres que les
subventions, c'est-à-dire les prêts, les participations et les garanties. Ils sont perçus comme
ayant trois attributs importants : ils ont pour effet d'accroître la durabilité des
investissements publics ; ils ont un effet de levier ; et ils permettront aux décideurs de
faire usage des compétences du secteur privé. Au niveau national, ces instruments ne sont
pas considérés comme « nouveaux » : en effet, de nombreux pays utilisent ces instruments
depuis longtemps dans le cadre de leur politique de développement économique et, selon
les termes d'une telle intervention, ces instruments peuvent soulever des questions de
réglementation complexes en ce qui concerne les aides d'État.
Une grande partie du débat, et la plupart de l'attention politique accordée aux instruments
financiers, revêt une dimension résolument horizontale : au cours des dernières années, la
principale préoccupation a été de stimuler les entreprises à forte croissance et leur
contribution potentielle à l'économie nationale ainsi qu'à la croissance de l'emploi. La
disponibilité de capitaux privés et la politique publique de soutien au financement
d'entreprises revêtent toute deux une importante dimension spatiale.
Il existe en effet une base spatiale à l'accès au financement. Cela est vrai pour ce qui est
de la capacité des entrepreneurs à rassembler leurs propres financements (auprès de leur
famille, d'amis ou en les garantissant par des biens), à obtenir des prêts bancaires, à
trouver des business angels et en ce qui concerne le fonctionnement du capital-risque et
des marchés boursiers. Les systèmes financiers sont caractérisés par la complexité des
géographies institutionnelles qui reflètent et influencent leur fonctionnement. Ceci produit
des effets géographiques sur la capacité des entrepreneurs à accéder à du financement,
généralement au détriment des économies périphériques régionales.
En dépit de l'inégalité géographique des financements, les politiques des États membres sur
l'accès au financement sont essentiellement horizontales. Il existe toutefois une dimension
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Synthèses des documents EoRPA
spatiale à l'utilisation d'instruments financiers et quatre grands types d'approche (mais se
chevauchant) peuvent être identifiés.

Les instruments financiers qui sont limités à des régions défavorisées

Les instruments financiers mis en place à l'échelle nationale qui favorisent les
régions en développement

Les instruments financiers mis en place à l'échelle nationale qui sont administrés au
niveau infranational ou affectent des crédits à certaines régions

Des fonds infranationaux qui ne fonctionnent que dans une région donnée
Il existe de solides preuves montrant que la majorité du soutien (ostensiblement sans
discrimination spatiale) proposé aux titres des régimes nationaux va aux régions les plus
développées. Les évaluations montrent cependant que les instruments centrés sur les
régions s'accompagnent d'un certain nombre de limitations, bien que les preuves recueillies
se rapportent essentiellement à du capital-risque.
Pour stimuler
le
capital-risque
dans
les
régions, les
gouvernements
établissent
généralement des fonds hybrides avec les gestionnaires de fonds du secteur privé, un
mélange de fonds publics et d'initiatives d'incitation aux fonds privés qui améliorent les
rendements ou réduisent les risques pour les investisseurs privés. Ces fonds s'avèrent
toutefois généralement insuffisants aussi leurs coûts fixes élevés absorbent une grande part
des fonds et le suivi de l'investissement est limité Des questions subsistent également quant
à savoir si les fonds publics de capital-risque sont aussi « malins » que ceux des entreprises
privées ainsi que des tensions quant à la poursuite de stratégies d'investissements purement
commerciales en même temps que d'objectifs de politique régionale.
Une question importante est de savoir si les variations géographiques de l'activité de
placement reflètent les lacunes qui existent en matière de demande plutôt que d'offre.
Dans toute économie, il n'existe que peu d'entreprises capables de fournir le retour élevé
que recherchent les investisseurs en capital-risque; ces entreprises sont susceptibles d'être
encore moins nombreuses dans les régions non-essentielles. Le problème clé reste sans
doute celui des marchés « faibles » dans les régions défavorisées, et pas seulement celui
d'un marché d'offre et de demande.
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