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Psychologie clinique et évaluation fonctionnelle de la démence :
enjeux et questions d’actualité
Julien
1 Laboratoire
1
Ochs ,
Jeanne
1
Tyrrell
inter-universitaire de psychologie (LIP/PC2S), EA4145 , UFR S.H.S, BSHM, Université Pierre Mendès France,
38040 Grenoble cedex 9.
Contact : [email protected] ; [email protected]
2- Enjeux de l’évaluation :
Contexte
a) Meilleure compréhension de la maladie :
Dans le monde, 24 millions de personnes vivent
avec une démence. En France, environ 870 000
personnes sont atteintes de la maladie
d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée, avec
près de 220 000 nouveaux malades par an.
La multiplicité et la diversité des pathologies démentielles peuvent entrainer une
certaine incompréhension de la part des proches des malades.
Des outils standardisés d’évaluation fonctionnelle se développent et sont de plus
en plus accessibles. Ils permettent de mieux appréhender l’impact de la maladie
sur la vie quotidienne, d’apporter une meilleure prise en charge et de mesurer les
évolutions/modifications des capacités fonctionnelles des patients.
La pathologie démentielle est la principale
cause de dépendance chez la personne âgée
(Agüero-Torres et al., 1998).
b) Éviter certains problèmes liés à l’accompagnement d’un proche dément :
La plupart de ces individus continuent de vivre
à domicile, accompagnés le plus souvent par
leur famille.
- Ignorance des déficits existants
- Sur-stimulation de son proche malade
- Surcompensation des déficits en faisant tout à la place du patient
c) Mise en place d’un système de guidance :
Evaluation des activités de la vie
quotidienne dans le champ de la démence
1- Définition et concepts
La dépendance est l’impossibilité partielle ou totale pour un individu
d’effectuer sans aide les actes de la vie quotidienne, et dont l’origine peut
être physique, psychique ou sociale.
Outre l’évaluation des déficits fonctionnels liés aux troubles cognitifs, l’évaluation
fonctionnelle doit évaluer les capacités résiduelles des patients.
L’objectif est double :
-Mettre à profit ses capacités pour que l’individu reste le plus actif possible au
sein de son environnement socio-affectif (Van der Linden et al., 2000).
-Mettre en place des conseils de guidance auprès des aidants familiaux pour
améliorer la communication et le rapport aidant-patient (par ex : fixer des buts
thérapeutiques individualisés, réduire l’apparition de certains problèmes liés à
l’accompagnement d’un proche).
d) Une mesure écologique de la démence :
Le déclin des structures cognitives lié au processus dégénératif de la
démence s’accompagne d’un déclin fonctionnel, qui perturbe insidieusement
la réalisation des actes de la vie quotidienne.
A mesure que la maladie progresse, le niveau d’assistance apporté aux
patients par les aidants familiaux devient insidieusement de plus en plus
important.
Cette prise en charge se manifeste, dans un premier temps, par des rappels
verbaux en cas d’oubli, puis par une supervision totale et une assistance
physique pour initier et/ou accomplir les tâches de la vie quotidienne.
Ceci engendre l’apparition d’un handicap fonctionnel au quotidien (Tyrrell et
Couturier, 2003).
Trois grands domaines d’activités de la vie quotidienne :
Activités de base de la Activités instrumentales Activités sociales de la
vie quotidienne
vie quotidienne
de la vie quotidienne
(AVQ ou BADL)
(AIVQ ou IADL)
(ASVQ ou SADL)
Activités les plus simples
Activités de complexité
Activités faisant référence
(ou de base) de la vie
plus importante quant à
aux rôles et statuts
quotidienne nécessaires à leur réalisation, mettant en sociaux de la personne
l’indépendance du patient
jeu les capacités
(self-care)
d’adaptation du sujet à
son environnement et
gouvernées par des
fonctions cognitives
de plus haut niveau.
Ex : manger, se laver,
s’habiller, etc.
Ex : utiliser les transports,
communiquer (téléphone),
gérer ses finances, etc.
Ex : loisirs, relation avec
les amis ou la famille,
participation aux cultes
religieux, etc.
L’évaluation fonctionnelle peut permettre de combler l’écart parfois observé entre
les résultats aux tests neuropsychologiques et les capacités réelles des patients
au sein de leur environnement familier (Observation directe à domicile ou en
situation réelle (exemple du Kitchen Task Assessment « KTA »)).
Travaux de recherche réalisés, ou en cours
à Grenoble
1- Contexte
Les premiers travaux pour évaluer la dépendance ont débuté dans les années
1960 (Index de Katz, 1963 ; échelle IADL de Lawton et Brody, 1969). Ces outils
n’étaient pas spécifiques au champ de la démence.
En 2008, il existe plus de 200 indicateurs pour mesurer la dépendance, mais très
peu sont disponibles en français.
Depuis les années 1980, les chercheurs, et notamment les psychologues,
développent des outils de plus en plus spécifiques à l’évaluation de la démence.
L’évaluation ne se focalise plus uniquement sur les déficits, mais également sur
les capacités résiduelles des patients.
Le choix des instruments les plus adaptés restent une controverse au niveau
internationale (Paulino Ramirez Diaz, et al., 2005).
2- Recherche en cours à Grenoble
Traduction et pilotage d’instruments spécifiques à la démence auprès des
patients français, en collaboration avec le Pr Couturier au C.H.U de Grenoble :
Depuis 2000, plusieurs outils spécifiques aux démences ont été traduits, puis ont
fait l’objet d’études pilotes afin d’évaluer la faisabilité clinique de leur
introduction au sein des consultations gériatriques à Grenoble:
- Kitchen Task Assessment (Tyrrell et Couturier, 2003)
- Grille d’Evaluation de la Sécurité (Bourgeois, Couturier, Ochs et Tyrrell,
2007)
- Functional Behavior Profile (Ochs, Couturier et Tyrrell, 2007)*
- Instrumental Activities of Daily Living Scale for elderly people (IADL-E,
Ochs, Couturier et Tyrrell, en cours)*.
*travaux financés par le cluster HVN.
Conclusion
Le développement d’instruments sensibles et spécifiques aux troubles causés par les démences permet une mesure plus précise des difficultés et du niveau
d’assistance requis. Il permet également d’indiquer les capacités résiduelles des patients. Ces mesures sont de bons indicateurs du niveau de dépendance.
Bien que le nombre d’outils disponibles augmente dans la littérature scientifique, leur usage clinique reste sous-développé en France. Nos travaux récemment réalisés
sont innovants, dans le sens où il permettent de mettre en évidence la pertinence, les apports et les inconvénients d’outils spécifiques à la démence. Le but est d’évaluer
la faisabilité clinique et les apports de l’introduction, au sein des consultations gériatriques, de ces outils d’évaluation.
References : Demers, L., Oremus, M., Perrault, A., Champoux, N., & Wolfson, C. (2000). Review of outcome measurement instruments in Alzheimer’s disease drug trials : psychometric properties of
functional impairment. Journal of Geriatric Psychiatry and Neurology, 13, 170-180.
Paulino Ramirez Diaz, S. et al. (2005). The need for a consensus in the use of assessment tools for Alzheimer’s disease : the feasibility study (assessment tools for dementia in Alzheimer’s
centre across Europe), a European Alzheimer’s disease consortium’s (EADC) survey. International Journal of Geriatric Psychiatry, 20(8), 744-748.
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