Arthro-ciné-IRM de l’épaule: mise au point et intérêt dans les instabilités de l’épaule C.Viard, M-L Barrière, C. Muraro, N. Mathy, M-L Despeyroux-Ewers, N. Sans, J-J. Railhac Imagerie Centrale Toulouse - Purpan Introduction • L’intérêt de l’IRM pour l’exploration de la pathologie ostéo-articulaire est acquise par tous. • La tentation est forte de vouloir rendre «dynamique » l’IRM afin de mieux explorer les pathologies articulaires qui sont habituellement révélées par un trouble de l’exécution du mouvement. • Cette communication expose un travail qui a consisté en l’amélioration et la mise au point de séquences dynamiques appliquées au cas de l’épaule. Historique • Notre équipe s’intéresse depuis 1994 aux techniques d’IRM dynamiques pour l’exploration de l’épaule. • En 1996, une étude concernant 20 volontaires sains a permis d’évaluer l’aspect sémiologique normal de l’articulation gléno-humérale lors d’un mouvement de rotation par une technique positionnelle. Kinematic MR Imaging of the shoulder: Normal patterns. N.SANS, G.RICHARDI, JJ.RAILHAC, J.ASSOUN, D.FOURCADE, M.MANSAT, J.GIRON, H.CHIAVASSA. AJR; 167; December 96: 1517-1522 Revue de la littérature • Les techniques d’IRM dynamique sont développées depuis plus de 10 ans. • La plupart des équipes ont étudié l’articulation de l’épaule au cours de la réalisation d’un mouvement de rotation du bras et ont conclu à l’intérêt de ces techniques pour l’exploration du complexe labro-capsulo-ligamentaire. • Seules des séquences acquises selon la technique positionnelle sont utilisées à la recherche du meilleur compromis entre la résolution spatiale et le reflet du mouvement. • Cette technique possède une limite: – elle n’est pas le reflet direct du mouvement mais n’en donne que l’illusion. Technique L’IRM dynamique peut être obtenue par 2 types de techniques: 1. La technique positionnelle avec incrémentation du mouvement 2. Les méthodes d’acquisition en temps réel avec la technique du « Gating articulaire » d’une part et les techniques d’imagerie ultra-rapides d’autre part. Méthode positionnelle • Elle correspond à l’acquisition séquentielle des images à chaque niveau d’incrément du mouvement, environ tous les 20 degrés. • La séquence est ensuite reconstruite dans un second temps grâce à un logiciel de type « cine-loop ». Méthode en temps réel: le « gating » articulaire • L’acquisition des images se fait pendant un temps précis appelé « temps porte », qui est fonction de la position articulaire. • Cette technique nécessite un appareillage lourd et une synchronisation parfaite entre l’acquisition des images et la position articulaire. Elle est donc difficile à mettre en œuvre, contrairement à son application pour l’exploration cardiaque où le temps porte peut facilement être synchronisé avec les données d’un enregistrement ECG. Méthodes en temps réel d’imagerie ultra-rapide • Elles correspondent à toutes les séquences ultra-rapides développées sur les imageurs de dernières génération. • Selon les constructeurs, elles portent des acronymes différents: – séquences en écho de spin rapide (RARE, Haste, Single Shot) – séquences en écho de gradient rapide (FGRE) – séquences en écho de gradient rapide avec destruction de l’aimantation (FSPGR) – techniques d’imagerie instantanée et en particulier les séquences en écho planar imaging qui sont les séquences les plus rapides existantes. • Certaines options disponibles sur les imageurs permettent également d’améliorer la mise au point des séquences rapides comme les options I Drive, multiphase ou séquentiel. Mise au point de l’arthro-cinéIRM de l’épaule 2 objectifs de travail 1. Amélioration de la séquence de ciné-IRM positionnelle 2. Mise au point d’une séquence de scopie-IRM qui soit le meilleur compromis entre: • • le reflet fidèle du mouvement articulaire conservation d’une bonne résolution anatomique Objectif n°1: amélioration de la séquence positionnelle • Mise au point d’une séquence en écho de spin rapide présentant les caractéristiques suivantes: TE=spins en phase, TR=350ms, FOV=18*18, matrice=256*192. • 5 coupes de 3mm sont disponibles à chaque niveau de rotation avec un temps d’acquisition de 34s. • La séquence est reconstruite à chaque niveau de coupe dans un second temps. • 8 à 12 paliers de 20° sont réalisés. L’incrémentation du mouvement est facilitée par l’utilisation d’un système mécanique amagnétique. Des ergots et une manette permettent de guider le mouvement de rotation du bras qui est stoppé tous les 20° de rotation pour permettre l’acquisition de la séquence. Ci-dessous: schéma de l’appareillage utilisé poignée cavités d’interruption 20° tige s tige boîte languette cylindrique face inférieure du cylindre tige et cylindre vus de face rotation cylindre vu en coupe imbrication rotation Résultat obtenu Objectif n°2 • Plusieurs essais ont été réalisés pour obtenir la séquence considérée comme optimale. Essai n°1: utilisation de l’option I drive • L’option I drive permet de réaliser une acquisition en temps réel avec une cadence d’image élevée. • Elle n’offre pas la possibilité d’explorer les tissus selon leurs caractéristiques en temps de relaxation longitudinal T1. • Le traitement du signal est immédiat dès que l’ensemble du plan de Fourier est rempli. • Quand l’image est acquise, elle est instantanément affichée sur l’interface utilisateur. • Cette option est compatible avec les séquences en écho de gradient rapide (FGRE) et les séquences en écho de gradient rapide avec destruction de l’aimantation (FSPGR). I drive FGPRE FSPGR Essai n°2: utilisation de l’option Multi Phase • Cette option permet d’imager dans le temps les mêmes emplacements de coupes. • Une fois l’option activée, l’acquisition d’une série de coupes peut être relancée à plusieurs reprises et de façon identique sans qu’il soit nécessaire de réinitialiser la séquence. • Elle a été testée sur des séquences FGRE et sur des séquences FSPGR. Option Multi Phase 2a: FGRE 2b: FSPGR Essai n°3: utilisation de l’option Spiral • L’option Spiral correspond à une séquence d’impulsion bidimensionnelle en écho de gradient ou en écho de gradient avec destruction de l’aimantation, compatible avec l’option I drive. Elle autorise la collecte des données dans le plan de Fourier selon une trajectoire en spirale. • Elle présente toutefois un inconvénient, puisqu’elle est à l’origine d’une perte des données correspondant aux angles les plus éloignés de l’espace k et ainsi à une baisse de la résolution spatiale. Option Spiral FGRE Option « Spiral » Option « I Drive » Essai n°4: Echoplanar imaging • Il s’agit de la séquence la plus rapide existante. Elle s’appuie sur une séquence en écho de gradient rapide. • Les temps d’acquisition sont minimaux du fait de l’application répétée d’un gradient bipolaire. Un seul train d’écho permet la formation d’une image car le nombre d’échos produits au cours d’une impulsion de radiofréquence est égal au nombre de lignes du plan de Fourier. Echoplanar imaging Solution retenue: essai n°2a FGRE option Multiphase Aperçu initial ci contre Avantages: permet de réaliser l’exploration en temps réel présente des images de qualité acceptable L’acquisition réalisée, un logiciel informatique permet la visualisation des images en dynamique sur l’interface utilisateur. Après optimisation… • Plusieurs artifices ont été appliqués afin d’essayer d’améliorer la qualité des images obtenues. • Les améliorations effectuées sont les suivantes: – diminution de la bande passante afin d’atténuer le bruit – application de l’option ZIP*512 pour améliorer la résolution apparente de l’image – application de l’option SCIC pour homogénéiser le contraste – augmentation de la taille de la matrice afin d’augmenter la résolution spatiale des images – application d’un champ de vue rectangulaire afin de diminuer le temps d’acquisition Résultat obtenu Discussion A propos de l’option I Drive • Même si ce n’est pas la technique choisie, cette option est « performante » pour l’exploration des articulations. L’intérêt de l’optimisation des séquences apparaît incontestable si l’on compare à gauche l’image « brute », au résultat obtenu après traitement à droite. Le résultat obtenu après injection intra-articulaire de Gadolinium (à droite) du fait de la distension capsulaire permet l’analyse fine des structures labro-capsuloligamentaires. L’analyse de la définition anatomique ne permet pas de retrouver de différence significative entre la séquence obtenue par méthode positionnelle (à gauche) et la séquence de Scopie-IRM mise au point (à droite). En revanche, seule la séquence de Scopie-IRM obtenue en temps réel est le reflet direct du mouvement de rotation de l’épaule. Application à l’exploration de l’instabilité gléno-humérale • Les séquences dynamiques sont réalisées en complément des séquences statiques classiques. • Elles permettent d’étudier: – le centrage de la tête humérale lors de la rotation du bras – la distension capsulaire – l’intégrité des structures capsulo-ligamentaires Conclusion Ce travail a permis de mettre au point une séquence dynamique de Scopie-IRM, reflet direct du mouvement articulaire possédant une bonne résolution anatomique. Cette séquence semble intéressante dans le cadre du bilan lésionnel des instabilités gléno-humérales en complément d’une arthro-IRM standard, compte tenu de sa faisabilité. Il semble également exister des perspectives d’avenir quant à l’application de ces séquences sur des IRM à aimant ouverts permettant une exploration des instabilités glénohumérales lors de mouvements à l’armé du bras.