LA DERNIERE CURE DE CHIMIOTHERAPIE DOIT

publicité
« LA DERNIERE CURE DE
CHIMIOTHERAPIE
DOIT-ON LA FAIRE? »
D. GEDOUIN
03/04/2015
LA DERNIERE CURE DE CHIMIOTHERAPIE
DOIT-ON LA FAIRE?



Situation palliative;
Maladie évolutive;
Après plusieurs lignes de traitement

Doit-on envisager

Si nouvelle ligne
Une nouvelle ligne?
Un arrêt des soins spécifiques?
Que peut-on espérer objectivement?
Qu’en attend le patient (et sa famille)?
DECISION PARTAGEE - DEFINIR LE/LES OBJECTIFS
LA DERNIERE CURE DE CHIMIOTHERAPIE
Nous marchons sur une ligne de crête
Obstination déraisonnable ?
HUMAINE
ETHIQUE
Perte de chance?
LA DERNIERE CURE DE CHIMIOTHERAPIE
QUE PEUT-ON ESPERER?

Réduction tumorale

Stabilisation
Diminution des symptômes
 Impact sur la QUALITE DE VIE :
- elle s’améliore;
- elle se maintient;
- la dégradation se ralentit.


Mais quelle est la part
 De l’effet PLACEBO?
 Des soins de SUPPORT prescrits parallèlement?
LA DERNIERE CURE DE CHIMIOTHERAPIE
QUE PEUT-ON ESPERER?
- Réponse (très faible)
- Stabilisation
symptômes
QDV
survie (≈ 0)
- Toxicité
- Contraintes (sauf VO)
- Coût
- Ré-hospitalisation
- Faux-espoir
(pas de préparation au décès)
LA DERNIERE CURE DE CHIMIOTHERAPIE
CRITERES DE DECISION

Etat général: PS;

Dénutrition;

Nombre de métastases;

Qualité de vie;

Réponse aux lignes de traitement antérieures;

Bilan biologique (albumine, créatinine…);

Sujet âgé => Comorbidité (troubles cognitifs, G8, fragilité psychosociale).
LA DERNIERE CURE DE CHIMIOTHERAPIE
CRITERES SUBJECTIFS
- Oncologue 
Arsenal thérapeutique augmente

Sous-estimation de la toxicité (voie orale);

Surestimation de l’espérance de vie;

Surestimation de l’efficacité (survie);

Il garde en mémoire les « bonnes réponses »;

Attachement aux patients;




Evolution longue
Identification (âge, passions…)
Proximité (famille, collègues…)
Difficulté à aborder la fin de vie (défaut de formation?).
LA DERNIERE CURE DE CHIMIOTHERAPIE
CRITERES SUBJECTIFS
- Patients 
Surestimation du pronostic

Surestimation de l’efficacité des traitements

Demandeurs de traitements qui allongent leur survie

Besoin d’ESPOIR +++
Réflexion entendue par les ID à l’hôpital de jour :
« Tant que le Dr GED… aura des traitements à nous proposer, nous nous battrons… »

Les patients sont demandeurs +++ d’informations (diagnostic, toxicité…)
MAIS:
- tous ne souhaitent pas avoir un rôle actif dans la décision
« C’est vous Docteur qui savez… »
- tous ne souhaitent pas une information précise sur le pronostic sauf peut-être
quand on arrête les traitements spécifiques
« Il m’en reste pour combien de temps?... »
LA DERNIERE CURE DE CHIMIOTHERAPIE
CRITERES SUBJECTIFS
- Proches 
Rôle central dans la vie quotidienne

Témoins des symptômes et de l’AEG

Souffrance psychologique certaine

Source de préoccupations pour le malade

Pas le même rythme que le patient et les soignants

Besoin d’information sur le pronostic

Eviter le décalage entre l’information donnée au patient et celle donnée à
ses proches pour ne pas nuire à la relation et la communication en fin vie
LA DERNIERE CURE DE CHIMIOTHERAPIE
FREQUENCE

20% des femmes avec un cancer du sein métastatique
reçoivent une chimiothérapie dans leur dernier mois de vie.
(étude en Finlande, Australie, Amérique du Nord)

Tous cancers confondus, 37% des patients reçoivent une
chimiothérapie dans leur dernier mois de vie.
(étude portugaise)
LA DERNIERE CURE DE CHIMIOTHERAPIE
OU L’ARRÊT DES TRAITEMENTS SPECIFIQUES
Comment faire?


Pas de solution…
Chaque situation est unique
Quelques recommandations

Un référentiel publié par les équipes SOS

L’abstention thérapeutique est reconnue comme une alternative
médicale à part entière
ABSTENTION ≠ ABANDON

Respect de la liberté du malade dans une décision partagée
RECOMMANDATIONS SUR LA DECISION
D’ARRET DES SOINS SPECIFIQUES
(accords de professionnels)
COMMENT ?
information progressive
- adaptée aux capacités d’intégration
psychiques et au rythme du patient dans un
climat de confiance avec questions ouvertes
-
-conscient
de l’importance de la
communication NON verbale
-
l’oncologue doit être attentif aux émotions du
patient
RECOMMANDATIONS SUR LA DECISION
D’ARRET DES SOINS SPECIFIQUES
(accords de professionnels)
CONTENU ?
-
Caractère incurable de la maladie - « maladie
chronique » (dès que possible)
-
Éviter les mensonges et la banalisation
-
Proscrire les STATISTIQUES
-
Respecter l’ESPOIR du patient
-
Faire place à l’incertitude honnête sur l’espérance
de vie
-
Anticiper les événements négatifs probables et
l’improbabilité d’événements positifs
LA DERNIERE CURE DE CHIMIOTHERAPIE
OU L’ARRÊT DES TRAITEMENTS SPECIFIQUES
Quand?



Lors du colloque singulier : Médecin référent – Malade
Le plus souvent lors d’une consultation externe entre
l’oncologue et « son » patient, si possible en présence d’un
proche
(Sentiment de SOLITUDE)
Après présentation du dossier



RCP d’organes
Staff d’oncologie
RSP SOS ou SP (réunions pluri professionnelles)
- rarement, sauf pour malade hospitalisé
LA DERNIERE CURE DE CHIMIOTHERAPIE
OU L’ARRÊT DES TRAITEMENTS SPECIFIQUES
Décision finale : recherche d’un accord
POURSUITE DE LA CHIMIO
- bien redéfinir les objectifs (symptômes, qualité de vie…)
- bien repréciser la toxicité, la surveillance… avec poursuite des
soins de support
ARRET DE LA CHIMIO
- trop de toxicité (risques)
- inefficacité (CHIMIORESISTANCE)
- nécessité de récupération (après les nombreuses lignes thérapeutiques)
-L’arrêt d’un traitement INACTIF ne modifie pas d’évolution
SOINS DE SUPPORT +++ SOINS PALIATIFS
CONTINUITE DU SUIVI ONCOLOGIQUE
CAS CLINIQUE 1
Mme LEC…, 61 ans:
- 2000 : cancer du sein droit à l’âge de 49 ans : chirurgie, radiothérapie, pas de
chimio.
- sept. 2008 : récidive locale + métastases ganglionnaires : hormonothérapie
- avril 2011 : métastases hépatiques : chimio:
- échec 1ère chimio au bout de 4 mois
- réponse au 2ème traitement pendant 8 mois (alopécie)
- stabilisation avec 3ème traitement pendant 5 mois
- oct. 2012 : progression hépatique et métastases cérébrales :
- refus radiothérapie cérébrale
- pronostic évoqué avec la patiente : quelques mois
- accepte nouvelle chimio : 3 cures
- échec, troubles digestifs, état dépressif mais refus des antidépresseurs
- 4 déc. 2012 : décision conjointe d’arrêter la chimio avec poursuite exclusive des
soins de support
- patiente revue en consultation le 20 décembre, le 20 janvier et le 12 mars
avec proposition d’HAD car désir de mourir à domicile
- 5 avril 2013 : décès au domicile près de 5 mois après la dernière cure
CAS CLINIQUE 2
Mlle GUI…:
- juil. 2004 : 32 ans, cancer du sein droit localement évolué : mammectomie, chimio,
radiothérapie, hormonothérapie
- juin 2005 : insuffisance cardiaque majeure : constitutionnelle + séquelle de la chimio
- sept. 2007 : métastases pleurales, hormonothérapie, suppression ovarienne + 1cp/j
- sept 2009 : métastases osseuses :
- radiothérapie des métastases
- 3 lignes de chimio
- janv. 2011 : hospitalisation car :
- douleurs, cachexie, gène respiratoire +++
- soins de support : oxygène, hypnovel, durogesic
- patiente demandeuse d’une nouvelle chimio +++ d’où une consultation 15 jours après
la sortie du service
- la patiente et sa mère souhaitent la poursuite d’une chimio. La cachexie, l’échec des
traitements précédents rendent dangereux un tel traitement.
- une perfusion d’un placebo et perfalgan est réalisée toutes les 3 semaines : amélioration
psychologique indiscutable, douleur stabilisée
- hospitalisation le 24 mars pour une 4ème chimio non faite en raison de l’AEG+++ et décision
d’une hospitalisation
- la patiente décède le lendemain, 25 mars.
Préserver le patient du
désespoir de l’oncologue
Téléchargement