CHAPITRE 3 : L'ÉVOLUTION DE LA BIODIVERSITÉ Introduction La biodiversité est définie comme l'ensemble des écosystèmes, des espèces et de la variabilité observée au sein des espèces. Il s'agit du produit d'une évolution mais n'en constitue qu'une étape que nous voyons actuellement. Cette variabilité a pour origine les mécanismes génétiques (mutations, duplication, hybridation, transfert de gène etc…) étudiés dans les chapitres précédents. Néanmoins, pour qu’il apparaisse ces modifications génétiques dans une population, il faut que cette innovation, apparue chez quelques individus, puisse se répandre dans celle-ci et donc il faut que la fréquence des allèles nouveaux augmente. Problème : Quels sont les mécanismes qui permettent une modification de la fréquence des allèles ? 1. L'action de l'environnement sur la diversité des populations A. La sélection naturelle. Exemple 1 : La phalène du bouleau La phalène du bouleau (Biston betularia) est un papillon, fréquent en Europe du Nord, qui vole la nuit et se repose le jour dans les bouleaux. Cette espèce a été très étudiée depuis le XIXème siècle car elle présente deux formes principales: l'une claire (typica) et l'autre sombre ou mélanique (carbonaria) : 2 phénotypes alternatifs, dont les fréquences ont considérablement varié dans les populations naturelles au cours des 150 dernières années. J'observe qu'en 1830, il existe uniquement la forme claire des Phalènes. Par contre, en 1950, on observe l'existence de la forme sombre majoritairement dans les zones industrielles. Il semble y avoir une corrélation entre ces zones, et la pollution qu'elles engendrent, et l'apparition de la forme sombre de la Phalène. Le document 2 nous indique que la coloration de la Phalène est due à un gène existant sous deux allèles : l'allèle carbonaria permettant la mise en place de la couleur sombre dominant sur l'allèle typica permettant la mise en place de la couleur claire. Forme [Carbonaria Forme Dorset 1955 C] = sombre [Typica]=claire Nombre de papillons 190 190 exposés aux oiseaux Nombre de papillons 164 26 capturés par les oiseaux % d’individus capturés par 86 13.5 les oiseaux Birmingham 1955 Nombre de papillons exposés aux oiseaux Nombre de papillons capturés par les oiseaux % d’individus capturés par les oiseaux Forme [Carbonaria C] = sombre Forme [Typica]=claire 190 190 49 140 26 74 Dans la région du Dorset (peu industrialisée), on observe que la forme sombre est plus facilement capturée par les oiseaux que la forme claire (86% contre 13.5%) alors que dans la région de Birmingham (très industrialisée), on observe le résultat inverse. L'action des oiseaux prédateurs explique ces résultats. La forme défavorisée est plus facilement capturée par les oiseaux. Comment expliquer l'action des oiseaux sur une forme plutôt qu'une autre ? Année Fréquence de la forme sombre Fréquence de la forme claire Fréquence de l’allèle c Fréquence de l’allèle C 1960 1995 0,94 0,18 0,06 0,82 0,245 0,906 0,755 0,094 Dans les années 1950, la GrandeBretagne appliqua une législation anti-pollution qui eut pour effet de réduire considérablement les émissions de dioxyde de soufre dans l’air. Les lichens de couleur claire se développèrent à nouveau sur les troncs d’arbres. On observe nettement que la forme sombre majoritaire dans les années 60 devient minoritaire en 1995. Cette augmentation de fréquence en faveur de la forme claire est corrélée au changement de la fréquence de l'allèle c (forme typica). L'application de la législation anti-pollution modifie donc la répartition des fréquences alléliques des deux formes. Mais comment ???? Tronc d'arbre sans lichen, région de Birmingham en 1950 Tronc d'arbre avec lichen, région de Birmingham en 1990 L'utilisation massive du charbon dans les régions industrialisées a provoqué une pollution importante de l'air à l'origine de la disparition des lichens qui donne la couleur blanche au tronc du Bouleau. Ainsi, les Phalènes blanche posées sur ces troncs sont très visibles et facilement repérées par les prédateurs. La forme sombre étant "camouflée", la forme claire est défavorisée. En 1995, c'est l'inverse, les lichens ont refait leur apparition car la pollution a diminué, les troncs sont redevenus clairs et donc c'est la forme claire qui est favorisée. La forme sombre étant facilement repérée par les oiseaux. En résumé C’est ce qu’on appelle la sélection naturelle : Sous la pression du milieu (oiseaux – pollution), les individus les mieux adaptés ont plus de chance de survie et de transmettre leurs allèles (carbonaria ou typica). C'est bien l'environnement qui sélectionne les individus Exemple 2 : La drépanocytose L'hémoglobine est codé par deux allèles : l'allèle βA qui code pour la forme normale de l'hémoglobine et l'allèle βs codant pour une forme anomale provoquant la drépanocytose. L'état homozygote pour l'allèle muté entraîne la mort précoce de l'individu non pris en charge ce qui aurait dû, au fil des générations, éliminer presque totalement l'allèle S. Or, on s'aperçoit que dans les zones ou le paludisme est important, l'allèle S se maintient à des fréquences importantes (parfois de l'ordre de 15 à 20 %) La paludisme semble donc favoriser l'allèle S. Ce document montre que dans les régions atteintes de paludisme, les personnes décédées ne sont pas (ou très peu) de génotype A/S Document 3 : Le paludisme ne sévit pas aux Etats Unis. Chez les populations noires américaines transplantées d'Afrique au cours des XVII et XVIIIe siècles, la fréquence de l'allèle S est aujourd'hui de 0.04. De plus, les personnes provenant des régions atteintes du paludisme et transportées aux Etats-Unis voient la fréquence de l'allèle S se maintenir à une fréquence très faible. Mais alors, que se passe-t-il dans les régions atteintes de paludisme qui explique cette fréquence de l'allèle S élevée. ? Dans ces régions, lorsque qu'une personne est A / A , elle a des risques élevés d'être atteinte de paludisme et donc de décéder prématurément. Dans ce cas, l'allèle A voit sa fréquence diminuer. Par contre, les personnes A / S sont protégées du paludisme. Ainsi l'allèle S se maintient dans la population a une fréquence plus importante que la normale. C'est donc parce que l'allèle A diminue de fréquence et que l'allèle S se maintient que la fréquence de S est plus élevée. Inversement, dans les régions sans paludisme, l'allèle A se maintient à un niveau important diminuant d'autant la fréquence de l'allèle S. C’est encore un exemple de la sélection naturelle : Sous la pression du milieu (paludisme), les individus les mieux adaptés ont plus de chance de survie et de transmettre leurs allèles. ( dans ce cas, les individus A / S ) Exemple 3 : Les moustiques de Montpellier On observe que dans les zones traitées par les insecticides depuis 1977, les moustiques résistent aux insecticides (85% de survivants et fréquence des résistants de 0.8 à 1). Inversement, dans les zones non traitées, il y a peu de moustiques résistants (10 % de survivants et fréquence des résistants de 0.6 à 0.2) De plus, cette résistance n'existait pas en 1968. Les moustiques résistants correspondent aux chiffres entourés sur le document. Les tâches noires sont d'autant plus grandes qu'il y a la présence d'estérases en quantité importante. Les estérases permettent de dégrader les insecticides et procurent donc une résistance à ceux qui en produisent. On observe bien que tous les moustiques résistants fabriquent une quantité d'estérase bien plus importante que les moustiques sensibles. Pourquoi les moustiques résistants fabriquent-ils plus d'estérases ? Une étude avec anagène des gènes de l'estérase dans ces deux populations de moustiques montre que le gène de l'estérase est dupliqué chez les moustiques résistants (par exemple, 8 copies pour l'allèle B1 du gène de l'estérase chez les moustiques résistants) On peut supposer que dans la population de moustiques en 1970, il y avait déjà des moustiques possédant des duplications des allèles du gène de l'estérase. L'utilisation massive d'insecticide a sélectionné ces moustiques résistants. Ils ont pu se reproduire et transmettre cette particularité aux moustiques de la génération suivante.. C’est encore un exemple de la sélection naturelle : Sous la pression du milieu (insecticide), les individus les mieux adaptés ont plus de chance de survie et de transmettre leurs allèles. ( dans ce cas, les individus possédant les allèles dupliqués du gène de l'estérase) 1. L'action de l'environnement sur la diversité des populations B. La concurrence entre les êtres vivants Le document 1 montre que la taille du bec a une influence sur l'efficacité dans la prise de nourriture. Un Pinson à gros bec brise plus facilement les fruits et récolte davantage de graines en un temps réduit qu'un Pinson à bec moyen. Le document 2 indique qu'en 1976, la majorité des Pinsons avait un bec de taille moyenne de 9.4 mm de hauteur, la population était importante. En 1978, la majorité des Pinsons ont un bec de taille moyenne de 9.9 mm pour une population bien plus réduite qu'en 1976. Cette observation est confirmée par le document 4. En 1977, il y a eu une sécheresse exceptionnelle. On peut supposer que celle-ci est à l'origine de la sélection des Pinsons possédant un bec un peu plus grand. En 1977, année de la sécheresse, on observe une augmentation de la dureté des graines et une diminution de leur abondance. Cette observation confirme l'hypothèse, en effet, la diminution de l'abondance en graines a entraîné une compétition accrue entre les individus pour la nourriture, or les individus possédant un bec de taille supérieure ont la capacité de se nourrir plus facilement et donc de survivre davantage. Ainsi, on trouve plus de Pinsons à gros bec en 1978 car ils ont pu se nourrir davantage en 1977 que les Pinsons à bec plus petit dont la population s'est donc réduite. C'est un exemple qui illustre l'évolution d'une population à cause d'une variation de l' environnement (la sécheresse) et de la concurrence entre les êtres vivants (accès à la nourriture) Un autre exemple : l'Euplecte à longue queue Les expériences montrent qu'un Euplecte à la queue raccourcie ou à la queue coupée puis recollée visite moins de nids qu'avant ce traitement. Or un mâle visite un nid si il contient une couvée de ses descendants. On peut donc en déduire, qu'ils se sont moins reproduits après le traitement. Inversement, un mâle à la queue rallongée visite plus de nids, il s'est donc davantage reproduit. On peut supposer que la longue queue est un atout de séduction pour les mâles. C'est donc un exemple de concurrence entre les êtres vivants pour la reproduction cette fois, au même titre que les Paons par exemple… 1. L'action de l'environnement sur la diversité des populations C. L'influence du hasard Fin du TP6 : Les mutations sans avantage sélectif Exemple de l'évolution des formes alléliques (couleurs) au bout de 12 générations pour une population de 10 individus. Au bout de 12 générations, une couleur est devenue majoritaire, les autres ont disparu au hasard des transmissions d'une génération à une autre. Exemple de l'évolution des formes alléliques (couleurs) au bout de 12 générations pour une population de 100 individus. Cette fois, aucune des formes n'a disparu. On observe une augmentation de fréquence pour certaines formes et une diminution pour d'autres. Là aussi, la transmission au hasard des allèles d'une génération à une autre explique cette évolution des fréquences mais comme la population est dix fois plus nombreuses, statistiquement, il est plus rare de voir un allèle disparaitre. Ces allèles ne sont pas soumises aux pressions de sélection du milieu, elles vont donc se répandre au hasard dans la population, c'est la dérive génétique 2. La notion d'espèce A. L'évolution du concept au cours du temps Dans l'antiquité, c'est la théorie du créationnisme qui domine. « Les organes sont créés dans un but précis, c’est parce que l’individu doit voir que l’ œil existe.» Aristote (-384 à -322) Pas de notion de temps !!! Perdure jusqu'au 18ème siècle Quels sont les individus appartenant à la même espèce ? Antoine-Belfroy Exemple de réponse : Ces individus appartiennent à la même espèce car ils se ressemblent. Critère morphologique / phénotypique Antoine-Belfroy EN EFFET, C'EST LA DÉFINITION UTILISÉE XVIIIÈME SIÈCLE… AU « Une espèce est un ensemble d’individus qui engendrent, par reproduction, d’autres individus semblables à eux-mêmes.» Carl Von Linné (1707- 1778) Naturaliste suédois Critère de ressemblance et critère de reproduction à l’identique Antoine-Belfroy Toute variation par rapport au type « idéal » est considérée comme une anomalie. L’espèce représente donc une entité permanente et stable. « Nous comptons aujourd’hui autant d’espèces qu’il y a eu au commencement de formes diverses créées ». Linné Pour les scientifiques de l’ époque, les espèces ont été créées par la divinité. Antoine-Belfroy LINNÉ A RÉPERTORIÉ, NOMMÉ ET CLASSÉ DE MANIÈRE SYSTÉMATIQUE L'ESSENTIEL CONNUES À SON ÉPOQUE DES ESPÈCES VIVANTES . Toutes les espèces sont nommées en latin, selon le système binominal inventé par Linné: un nom de genre suivi d’un qualificatif d’espèce. Ex: Homo sapiens Image extraite du film « Espèces d'espèces », 2009 Antoine-Belfroy Et pourtant... Loxodonta africana (éléphant de la savane) Loxodonta cyclotis (éléphant de la forêt) Coccinella magnifica Coccinella septempunctata Ce sont des espèces différentes Orgyia recens Orgyia antiqua Antoine-Belfroy UNE MÊME ESPÈCE OU DEUX ESPÈCES DIFFÉRENTES? Merle Sphinx Dynaste hercule Pied de chat dioïque La même espèce … mais des cas de dimorphisme sexuel! Antoine-Belfroy Une même espèce ou des espèces différentes? Reine entourée de ses ouvrières Castes chez les termites Antoine-Belfroy Une même espèce... mais des individus morphologiquement très différents : un cas de POLYMORPHISME Une même espèce ou deux espèces différentes? Adulte Larve Une même espèce, le Tenebrio molitor (Ténébrion meunier) Mais… des stades différents de développement. Antoine-Belfroy ON NE PEUT DONC PAS UNIQUEMENT SE FONDER SUR LA RESSEMBLANCE MORPHOLOGIQUE POUR DÉFINIR L’ESPÈCE: IL PEUT Y AVOIR RESSEMBLANCE SANS PARENTÉ OU PARENTÉ SANS RESSEMBLANCE Antoine-Belfroy SELON DARWIN… Au 19ème siècle, Darwin révolutionne l’approche du concept d’espèce: - Il se fonde sur la théorie de l’évolution et introduit l’idée d’une parenté entre les espèces. -La diversité du monde change et les espèces apparaissent comme des entités limitées dans l’espace et dans le temps. - La variabilité est une propriété essentielle du Vivant et non plus une anomalie. Charles Darwin (1809- 1882) Naturaliste anglais Antoine-Belfroy Un critère biologique important… Le critère d’interfécondité « Une espèce est une population ou un ensemble de populations dont les individus peuvent effectivement ou potentiellement se reproduire entre eux et engendrer une descendance viable et féconde dans des conditions naturelles. » (Ernst Mayr , 1942) Ernst Mayr (1904-2005) Biologiste et généticien allemand Antoine-Belfroy QUELQUES HYBRIDES Zébrane (zèbre Ligre (lion x tigresse) x âne) X Phalaenopsis violacea Mulet ( âne x jument) Phalaenopsis sumatrana Orchidée hybride Phalaenopsis gersenii Antoine-Belfroy UN AUTRE CRITÈRE BIOLOGIQUE…. Formica paralugubris Formica lugubris se ressemblent et étaient considérées comme une seule et même espèce jusqu’en 1996. Mais de récentes études moléculaires montrent qu’il n’y a aucun échange génétique entre elles alors qu’elles peuvent se rencontrer: ce sont deux espèces distinctes ! Etude de flux de gènes entre des populations ACTUELLEMENT… Une espèce peut être considérée comme un ensemble d’individus suffisamment isolés génétiquement des autres populations. Ceci implique une incapacité à s’accoupler suite à des différences dans les parades nuptiales ou une incompatibilité des organes génitaux ou un isolement géographique etc… Antoine-Belfroy UN PREMIER (Aythya ferina) Fuligule milouin EXEMPLE... (Aythya fuligula) Fuligule morillon Pour les ornithologues : ces deux canards qui ne se ressemblent pas et ont des habitats différents sont deux espèces différentes. Cependant, pour les généticiens : ils peuvent se reproduire et donner une descendance fertile donc c'est une même espèce. Des habitats différents entraînent des divergences génétiques. Vers 2 nouvelles espèces…? Antoine-Belfroy Un deuxième exemple : Le pouillot verdâtre Le document 1montre que lors de migrations d'une population d'origine de Pouillot verdâtre (P. trochiloides) dans deux directions différentes (est et ouest du plateau tibétain), il y a une variation graduelle des caractères des deux groupes de Pouillot. Au nord du plateau tibétain, les deux populations de Pouillot se sont modifiées suffisamment pour qu'elles ne puissent plus s'accoupler entre elles (P. Viridanus et P. plumneitarsus) Elles sont donc considérées comme deux espèces différentes. L'émergence d'une nouvelle espèce est due au mécanisme de spéciation par isolement géographique (temporaire dans ce cas) Impossibilité d'accouplement d'origine génétique ou comportementale ? Analysons les sonogrammes de ces différentes populations de Pouillot. Sonogrammes proches entre deux espèces voisines et interfécondes Sonogrammes différents entre deux sous-espèces géographiquement proches mais ne s'accouplant pas Sonogrammes proches entre deux espèces voisines et interfécondes L'impossibilité d'accouplement est donc d'origine comportementale. Des chants trop différents empêchent la reconnaissance entre mâle et femelle. Viridanus Plumbeitarsus Itidus Obscuratus Trochiloïdes Néanmoins, l'analyse de l'ADN mitochondrial de P. Viridanus et P. plumbeitarsus montrent une divergence génétique de ces deux populations qui se confirment dans les différences de plumage. C'est donc bien un exemple montrant la création de deux espèces (on parle de sous espèces) due à des différences génétiques et comportementales dont l'origine provient d'une séparation géographique entre les deux populations. Un troisième exemple… DEUX PAPILLONS TRÈS SEMBLABLES MORPHOLOGIQUEMENT Zerynthia polyxena MAIS AVEC DES ORGANES REPRODUCTEURS NON COMPATIBLES EMPÊCHANT TOUTE INTERFÉCONDITÉ! Deux espèces différentes… …expliquées là aussi par leur histoire Zerynthia kassandra Antoine-Belfroy … Leur histoire… 1 2 3 Antoine-Belfroy 1- Une aire de répartition d’une espèce ancestrale Zerynthia unique avant la dernière glaciation du quaternaire. 2- Pendant la période glaciaire, deux aires au climat plus doux coupées en deux par une zone très froide. 3- Deux aires qui s’élargissent et finissent par se rejoindre mais deux populations trop longtemps isolées qui ont divergé par accumulation de modifications génétiques. FULIGULE, POUILLOT, ZERYNTHIA: TROIS EXEMPLES DE SPÉCIATION: Spéciation: mécanisme par lequel un nouvel ensemble s’individualise à l’origine d’une nouvelle espèce. Habitats différents sans isolement géographique Isolement géographique Antoine-Belfroy SANS EN DONNER UNE DÉFINITION FORMELLE, DARWIN ILLUSTRE LA NOTION D’ESPÈCE PAR LE SCHÉMA SUIVANT: Extinction Espèce 4 Doc2 p.68 Espèce 4 Espèce 5 Espèce 3 Espèce 2 spéciation Espèce 1 D’après « Biologie évolutive » Editions de Boeck Chaque boule est un individu qui peut se reproduire avec un autre et engendrer une descendance elle-même fertile. Si un groupe d’individus ne se croise plus avec un autre, alors les deux branches divergent et peuvent former deux espèces distinctes. Antoine-Belfroy 2. La notion d'espèce A. L'évolution du concept au cours du temps • La définition de l'espèce est délicate et peut reposer sur des critères variés qui permettent d'apprécier le caractère plus ou moins distinct de deux populations (critères phénotypiques, interfécondité, etc.). • Le concept d'espèce s'est modifié au cours de l'histoire de la biologie. Une espèce peut être considérée comme une population d'individus suffisamment isolés génétiquement des autres populations. Une population d'individus identifiée comme constituant une espèce n'est définie que durant un laps de temps fini. 2. La notion d'espèce B. De l'individu à la population et de la population à l'espèce On appelle spéciation les processus à l'origine d'une nouvelle espèce. Lors d’une migration, les émigrants emportent un échantillon aléatoire des allèles de la population de départ, par conséquent, la fréquence des allèles dans la nouvelle population ne sera pas la même que dans la population de départ. S’il y a « isolement reproducteur » par exemple par isolement géographique, cette population finit par ne plus avoir de contacts avec la population de départ : il n’y a plus échanges d’allèles par reproduction (isolement génétique). Chaque population continue d’évoluer séparément : • sous l’effet du hasard : accumulation d’innovations génétiques comme des mutations ou bien par dérive génétique • sous l’effet de la sélection naturelle, c’est à dire de la pression sélective exercée par les facteurs environnementaux. On dit qu'une espèce disparaît si l'ensemble des individus concernés disparaît ou cesse d'être isolé génétiquement. Une espèce supplémentaire est définie si un nouvel ensemble s'individualise. LES MÉCANISMES DE LA SPÉCIATION Sur son aire de répartition une espèce est généralement divisée en sous populations dans lesquelles les individus se reproduisent facilement entre eux. Les différentes sous-populations ne sont pas isolées car des individus peuvent passer de l'une à l'autre en assurant des croisements. Un allèle nouveau d'un gène qui apparaît dans une sous-population pourra se répandre dans toutes les populations. Des échanges génétiques existent donc entre les populations. L'isolement génétique Si maintenant une barrière infranchissable s'interpose entre certaines populations les échanges se trouvent rompus. Les deux ensembles accumulent indépendamment des allèles différents, ils divergent génétiquement et s'adaptent aux conditions de milieux auxquels ils sont soumis. Disparition de l'isolement Après disparition de la barrière, son franchissement accidentel ou son contournement, ces deux ensembles reviennent en contact. Les différences génétiques sont devenues telles que les croisements entre leurs individus donnent une descendance stérile. La sélection naturelle favorise alors le développement de mécanismes qui préviennent les accouplements entre membre des deux ensembles. Ces mécanismes sont généralement de nature éthologique : reconnaissance du partenaire, reproduction à des moments différents de l'année, alimentation à des heures différentes de la journée... Deux nouvelles espèces Finalement les deux ensembles coexistent simultanément sur un même territoire sans aucun échange : la spéciation est terminée nous avons deux espèces indépendantes. Modifications génétique par sélection naturelle et/ou dérive génétique et/ou mutations : l'origine de la spéciation Augmentation de l'allèle par dérive génétique Barrière géographique Chaque carré représente un lot d'allèles de la population d'origine Sélection naturelle favorisant les allèles et Echanges génétiques impossible donc deux espèces différentes