DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT DES CORPS ÉTRANGERS

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DIAGNOSTIC ET
TRAITEMENT DES CORPS
ÉTRANGERS VÉGÉTAUX
INTRA-ORBITAIRES
à propos de 3 cas
F Lafitte, S Prazeres, PA Jacomet, F Héran,
P Koskas, O Berges, JD Piekarski
Fondation Rothschild. Paris - France
Patient n°1
• Homme de 43 ans
• Antécédent de plaie palpébrale inférieure
droite par objet contondant en bois 4 mois
auparavant
• Suppuration chronique de la paupière
inférieure droite, qui apparaît épaissie avec
une fistule cutanée
• Examen ophtalmologique normal par
ailleurs
TDM orbitaire
image linéaire
spontanément
hyperdense
siégeant dans
l’espace extraconique, entre la
paroi orbitaire et le
muscle droit latéral
qui est par ailleurs
augmenté de
volume
aspect
inflammatoire de
l’espace
extraconique, au sein
duquel on
individualise une
image linéaire en
hyposignal relatif sur
toutes les séquences,
correspondant à un
corps étranger
végétal
IRM orbitaire
Traitement et suivi du patient
• Intervention :
– décollement de la paroi externe de
l’orbite
– Extraction de deux corps étrangers
• Récidive de suppuration avec
fistule cutanée 1 mois après
– Reprise chirurgicale avec
extraction de 2 nouveaux corps
étrangers
• Suites satisfaisantes sans
séquelle
Patiente n°2
• Femme de 37 ans
• Chute de bicyclette 5 mois
auparavant
• Ptosis gauche posttraumatique
• Limitation de l’élévation de
l’œil gauche avec diplopie
verticale dans le regard
vers le haut
• Examen ophtalmologique
normal par ailleurs
TDM orbitaire
séquelle de
fracture du toit de
l’orbite (avec
défect osseux)
séquelle de
fracture de la
lame papyracée
incarcération musculaire
du muscle droit interne
TDM orbitaire
image linéaire
spontanément
hyperdense
siégeant dans
l’espace extraconique, entre la
paroi orbitaire et le
muscle droit latéral
qui est par ailleurs
augmenté de volume
IRM orbitaire (séquence T2)
image arciforme en
coupe frontale, en
hyposignal net,
correspondant au corps
étranger
Granulome intracérébral avec œdème
périphérique
IRM orbitaire (séquence T1 Fat-Sat Gd)
le corps étranger apparait en hyposignal (flèche) et est entouré
d’une prise de contraste de contours flous correspondant à un
granulome orbitaire, se prolongeant en intra-cérébral (méninge
basifrontale) via le foyer fracturaire (l’examen neurologique
était cependant normal).
Traitement et suivi du patient
• L’intervention a été réalisée
par voie neurochirurgicale
avec abord coronal et
réalisation d’un volet frontal
au dessus du rebord
orbitaire. Après fraisage du
toit de l’orbite, on retrouvait
en fait deux corps étrangers
végétaux qui ont été retirés
sans difficulté.
L’évolution post-opératoire était satisfaisante avec régression
progressive à 1 mois du ptosis ainsi que des troubles oculo-moteurs.
Patient n°3
• Homme âgé de 69 ans
• consulte en ophtalmologie pour une inflammation
orbitaire droite liée à un abcès orbitaire secondaire
à un traumatisme par une branche d’arbre en
janvier 2004.
• Ce patient a subi antérieurement deux interventions
chirurgicales en février 2004 avec draînage du pus
de l’abcès et extraction d’un morceau de bois de 6
mm.
• L’exérèse s’est cependant avérée incomplète avec
persistance sur l’IRM de petits fragments de corps
étrangers siégeant dans l’angle inféro-interne de
l’orbite au contact du nerf optique.
Examen clinique
•
•
•
•
AV : 3/10e
tonus oculaire : 15 mm Hg.
défect pupillaire afférent.
motricité oculaire normale.
• chémosis conjonctival important (flèche)
• phakosclérose
• FO : œdème papillaire
Traitement et suivi du patient
• Réintervention avec réalisation d’une incision
conjonctivale et dépose du muscle droit interne.
• Résection d’une masse fibreuse avec néo-cavité
remplie de pus et contenant de multiples corps
étrangers végétaux.
• l’examen histologique montrait un aspect de
granulome inflammatoire à corps étranger.
• Le patient a récupéré une AV de 6/10e après la
chirurgie. Il persiste une légère hypotropie de 2
dioptries et une très légère limitation de l’œil en
abduction et adduction sans diplopie.
Discussion
• La détection d’un corps étranger végétal intraorbitaire est parfois difficile, principalement dans
les cas
– où l’histoire du traumatisme orbitaire n’est pas claire
– où l’examen ophtalmologique est apparemment normal
– ou chez les patients qui consultent plusieurs mois après
le traumatisme.
• Les corps étrangers végétaux intra-orbitaires
peuvent cependant entraîner des complications
orbitaires et intracrâniennes potentiellement graves
Discussion
• La tomodensitométrie et l’échographie
orbitaires
– Sont les examens à réaliser en première
intention
– Mais ils peuvent être faussement négatifs : en
particulier, l’hypodensité du corps étranger en
bois à la tomodensitométrie peut être confondu
avec de l’air.
• En outre, des fragments de corps étranger
mobiles ou friables peuvent persister même
après plusieurs interventions.
Discussion : intérêt de l’IRM
• Peut être utile dans un contexte de
traumatisme quand un corps étranger
végétal est suspecté
– notamment si les autres examens sont négatifs
– ou si une atteinte intracrânienne est suspectée
• Un CE de nature métallique doit être
auparavant éliminé par les radiographies ou
la tomodensitométrie
• Pour une meilleure résolution, on peut
utiliser une antenne de surface
Discussion : intérêt de l’IRM
• Les CE végétaux apparaissent en hyposignal par apport à la
graisse sur les séquences T1 et T2
• Les séquences pondérés en T1 sont plus sensibles que les
séquences pondérées en T2 car le contraste entre le bois et la
graisse est plus marqué
• le niveau d’intensité du signal dépend également du type de bois
et du délai par rapport au traumatisme
– l’IRM soit serait moins performante pour détecter des corps
étrangers en bois frais ou en bois sec hydraté (après être
restés plusieurs jours ou semaines dans l’orbite)
• L’injection de Gadolinium est utile pour dépister un granulome
ou une cellulite associés : le corps étranger apparait alors
comme un défect en hyposignal
• la présence d’air dans l’orbite peut gêner l’interprétation.
Conclusion
• Il est primordial que les ophtalmologistes soient bien
informés des conséquences sérieuses d’un CEV retenu
dans l’orbite
– pour l’œil
– Et pour le système nerveux central (en cas de
pénétration intracrânienne secondaire).
• La suspicion clinique de CEV doit donc encourager des
examens ophtalmologiques et radiologiques répétés.
• L’association des données cliniques, d’une bonne
interprétation des examens complémentaires et d’une
équipe chirurgicale expérimentée est la clé pour conduire
au diagnostic de CE végétal intra-orbitaire
• La conduite à tenir est résumée sur la diapositive suivante
Histoire: traumatisme orbitaire avec corps étranger végétal (CEV)
Clinique: plaies des paupières ± conjonctive
Suspicion de CEV intra-orbitaire
TDM
positive
hypodensité type “air”
négative
IRM ± échographie
Exploration orbitaire +
chirurgie d’exérése CEV +
prélemevents bacteriologiques
positive
négative
surveillance
amélioration
surveillance
aggravation
aggravation
Réexploration
chirurgicale
amélioration
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