PYRALE DU BUIS, PYRALE INFERNALE Par Daniel MARIN Utilisé

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PYRALE DU BUIS, PYRALE INFERNALE
Par Daniel MARIN
Utilisé depuis plusieurs siècles, le buis est la
star incontestée des jardins à la française, comme le montre
les magnifiques arabesques patiemment entretenues par les
jardiniers du château de Villandry. Facile à sculpter, il
règne en maître dans l'art topiaire et même dans nos petits
jardins il est parfait grâce à son feuillage persistant toujours
vert1, pour créer des haies ou des bordures.
Pourtant, depuis 2008, les amateurs de buis
ont du souci à se faire. Un ravageur, un de plus, vient de faire son apparition. Cydalima perspectalis, la Pyrale du buis,
un petit papillon blanc bordé de noir nous arrive d'Asie orientale, sans doute dans des buis importés de Chine par un
géant horticole néerlandais2. Les Pays-bas importent 1 million de buis par an. Après avoir touché les buis des parcs et
des jardins, la pyrale se répandrait dans les buxaies naturelles. C'est ce que j'ai constaté à La Roche-Guyon, où une
cinquantaine de buis, hauts de 5 ou 6 mètres, perdus dans la forêt en-dessous de la ferme du Chesnay, sont défoliés.
La chenille de ce papillon cause d'importants dégâts aux différentes espèces de buis, buis commun,
buis à feuilles rondes et buis du Caucase. En Europe, jusqu'à présent, elle se satisfait du buis, mais en Chine, elle
s'attaquerait aussi à des espèces proches comme le houx à feuilles pourpres, le fusain du Japon et le fusain ailé.
Le cycle complet du papillon dure 30 jours environ et commence en mars avec les jeunes chenilles
issues des cocons d'hibernation de l'année précédente. Les premiers adultes volent à partir de mai. Les femelles
pondent et donnent naissance à une seconde génération qui
sera suivie d'une troisième qui hibernera.
Les œufs sont déposés par groupe de 5 à 20
sous la face inférieure des feuilles. Une femelle peut
pondre entre 190 et 790 œufs au cours de sa vie 3. Chaque
chenille dévore en moyenne 45 feuilles ainsi que l'écorce
jeune du buis. Celui-ci prend une couleur brunâtre, des fils
de soie parsemés de déjections vertes parsèment son
feuillage,
il devient plus sensible aux attaques de
champignons. Entre chaque invasion de chenilles, les
feuilles du buis tentent de repousser, mais si rien n'est fait,
il finira par mourir.
Quels sont les moyens de lutte ? A petite
échelle, (quelques buis taillés en topiaire par exemple) un contrôle régulier du feuillage à partir du mois de mars
permettra de déceler la présence de chenilles et de les enlever manuellement. Un arrosage puissant au Karcher viendra
à bout des œufs, des chenilles oubliées et des feuilles attaquées, qu'il faudra soigneusement ramasser et détruire.
(Opération à réaliser tous les deux mois).
C'est plus difficile si les buis sont nombreux et des
traitements plus lourds doivent être mis en œuvre :
pulvérisation du Bacille de Thuringe4 ou d'autres produits moins
biologiques et quasiment impossible dans les buxaies naturelles.
Pourtant dans les zones d'origine, une régulation naturelle s'est
mise en place ; il faudra du temps en Europe pour que différents
prédateurs rétablissent l'équilibre. On en connaît au moins un,
c'est le frelon asiatique (Vespa velutina) qui prélève des larves
pour nourrir sa progéniture. Ce n'est pas suffisant. Le meilleur des
prédateurs serait une microguêpe parasitoïde pondant ses œufs
dans ceux du ravageur, empêchant ainsi l'éclosion des chenilles.
La trouver fait l'objet de recherches au sein de l'INRA PACA.
Cette pyrale s'est présentée un soir chez moi.
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Le nom scientifique du buis commun, le plus répandu, est Buxus sempervirens, qui signifie "toujours vert".
Cela ne rappelle-t-il pas l'introduction du frelon asiatique dans le sud-ouest de la France.
Admirez cette précision dans l'imprécision.
Bacillus thuringiensis. Ces bactéries détruisent les chenilles par contact et ingestion.
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