fin de vie en réanimation : le point de vue des patients - JIVD

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FIN DE VIE EN RÉANIMATION :
LE POINT DE VUE DES PATIENTS ET
DES FAMILLES
13 et 14 novembre 2014
Nancy Kentish-Barnes
Sociologue
Groupe de recherche Famiréa
Hôpital Saint Louis, Paris
FIN DE VIE EN RÉANIMATION
Un nombre important de décès
Lieux de décès en France (IGAS 2009) :
27% à domicile
58% établissement
de soins
20% bénéficient de
SP financés
22% en réa, USI,
USC
CHU : 36% en réa,
USI, USC
« Au total, plus d’un malade sur cinq qui décède à l’hôpital, meurt en
réanimation ou soins intensifs (…) Mais la réflexion commune entre soins
palliatifs et réanimateurs n’a pas lieu, et la réconciliation entre la technique
nécessaire et l’humanisation souhaitable ne se produit pas. »
La réa, un contexte particulier
Lieu pour restaurer la vie : espoir
Lieu de haute technicité : techniques invasives et violence symbolique
Locaux conçus pour la haute surveillance
+ efficacité technique : absence d’intimité
Services longtemps fermés aux proches :
évolution importante des pratiques
Présence médicale et paramédicale en continue
Décisions de fin de vie : discussions, négociations, zones grises
COMMENT ABORDER LE POINT
DE VUE DES PATIENTS ET DES
PROCHES
Le point de vue des patients et des
proches
•  Les patients de réanimation : difficulté pour discuter
de la fin de vie et recueillir leur expérience à
réflexion entre termes de souhaits et de besoins
(hors réa et en réa)
•  Les proches : comment les proches construisent
leur expérience a posteriori = donner du sens à la
réanimation, aux techniques, au décès
Approches méthodologiques
Approche quantitative
Ø questionnaires
(satisfaction, besoins)
Ø  échelles (anxiété,
dépression, ETSP, deuil
compliqué, QODD)
Approche qualitative
Ø entretiens
ü  à chaud
ü  à distance
ü  de visu
ü  par téléphone
Approche mixte
complémentarité
LE PATIENT EN FIN DE VIE :
SOUHAITS ET PRIORITÉS
« It’s not that I’m afraid to die. I just don’t
want to be there when it happens »
Woody Allen
Qualité de fin de vie : le point de vue des
patients
Canada
126 participants
(patients dialysés, VIH et en long séjour)
Entretiens qualitatifs
JAMA. 1999de
Jan 13;281(2):163-8.
La qualité
vie des patients en fin de vie :
Quality end-of-life care: patients'
perspectives.
-  augmente
quand perception d’un support émotionnel et d’un soutien des
Singer PA, Martin DK, Kelner M.
5 domaines associés à la qualité de la fin de vie :
soignants
1.  Gestion de la douleur
-  diminue
quand
perception
d’être
un poids
2.  Eviter
toute
prolongation
inutile
de lapour
fin deses
vieproches
« être maintenu
en vie
par une
machine
» dying process.
Tang ST et al. Trajectory
and predictors
of quality
of life
during the
3. Maintenir une marge de manœuvre, de contrôle psychosocial
Support Cancer Care
2014une
(28)voix »
« avoir
4. Ne pas faire porter un poids à ses proches en termes de
- soins physiques
- présence au moment du décès
- décisions de LAT*
5. Renforcer les liens avec les proches :
- communiquer au sujet de la mort pour se sentir moins isolé
- la fin de vie comme opportunité pour renforcer les liens,
créer de l’intimité, se réconcilier et clore les relations
Les questions à se poser
•  La douleur de mon patient est-elle correctement prise
en charge* ?
•  Suis-je en train de prolonger son processus de fin de
Dans une étude portant sur 400 entretiens auprès de 171 patients de
vie ? Quel sens donné aux traitements en place ?
réanimation à fort risque de décès montrent des symptômes de :
•  Est-ce que j’aide mon patient à retrouver une marge
-  douleur chez 40% d’entre eux
de manœuvre ? Quelle importance est-ce que
-  dyspnée chez 44%
j’accorde à sa voix ou à celle de son proche?
-  soif chez 71%
•  Est-ce que j’aide mon patient à renforcer ses liens
avec ses proches ?
Puntillo KA, et al. Symptoms experienced by intensive care unit patients
at high risk of dying. Crit Care Med 2010 38:2155–2160
Qualité de fin de vie : le point de vue des
patients
Steinhauser KE, Christakis NA, Clipp EC, McNeilly M,
McIntyre L, Tulsky JA.
Factors considered important at the end of life by
patients, family, physicians, and other care providers.
JAMA. 2000 Nov 15;284(19):2476-82.
Steinhauser KE, Clipp EC, McNeilly M, Christakis NA,
McIntyre LM, Tulsky JA.
In search of a good death: observations of patients,
families, and providers.
Ann Intern Med. 2000 May 16;132(10):825-32.
Steinhauser KE, Christakis NA, Clipp EC, McNeilly M,
Grambow S, Parker J, Tulsky JA.
Preparing for the end of life: preferences of patients,
families, physicians, and other care providers.
J Pain Symptom Manage. 2001 Sep;22(3):727-37.
USA
12 Focus-group :
-  3 groupes de patients
-  1 groupe de familles endeuillées
-  1 groupe de médecins
-  1 groupe d’infirmiers
-  2 groupes de travailleurs sociaux
-  1 groupe d’aumôniers
-  1 groupe de soignants de SP
Qualité de fin de vie : le point de vue des
patients
Composantes d’une « bonne mort »
Chez le patient en particulier
Gestion de la douleur
Anticiper la peur de la douleur
Processus décisionnel clair
Marge de manœuvre-« empowerment »
Satisfaction - Confiance
Préparation au décès
Plus peur d’une « mauvaise mort »
que de la mort elle-même : pas de
préparation, pas d’adieux, abandon
(Back)
Sentiment d’accomplissement
Inscrire sa fin de vie dans une
trajectoire
Contribuer au bien être des autres
Poursuivre des interactions de qualité
avec ses proches / Réciprocité
Affirmation de la personne dans son
intégrité
Etre reconnu en tant que Personne
En réa, des souhaits spécifiques ?
Communication et empathie
Décisions focalisées sur la Personne
Prise en charge du patient
dans son intégrité
Adaptation de la structure
aux besoins du patient et de ses proches
(horaires, intimité, livrets…)
Nelson JE et al. In their own words:
patients and families define
high quality palliative care in the ICU,
Crit Care Med, 2010, 38(3): 808-818
Confiance
Empathie
Qualité de la communication
Anticiper et discuter la fin de vie et ses peurs
en présence de ses proches
Renforcer les liens avec ses proches
Ne pas être un poids pour ses proches
Etre impliqué dans les décisions
Douleur contrôlée
Heyland DK, Dodek P, Rocker G et al,
What matters most in end of life care:
perceptions of seriously ill patients
and their family members,
CMAJ, 2006, 174(5)
Le leitmotiv des patients : la communication
Concept central = la communication
Parler de la fin de vie avec le patient : anticipation, préparation
Parler de la douleur avec le patient
*Donner une place au patient dans les décisions qui le concernent
(directives anticipées)* = respect de la volonté des patients
Ne pas réduire la personne à la maladie : inscrire, avec le patient, la
maladie dans sa trajectoire, son histoire de vie
Encourager et permettre la communication avec les proches : clôture
Placer le patient en fin de vie dans une relation de réciprocité
« J’ai pas peur de la mort. Je ne veux pas autre chose. C’est ma décision.
L’importance du relationnel et des émotions
Ca c’est moi,
c’est
je suis,hyper-technique
ça me correspondde» la réanimation
dans
le qui
contexte
(patient ayant refusé une trachéotomie)
Des évidences ?
•  « Prendre soin » ?
ü  Prendre
soin jusqu’au bout de la vie, au delà de la
technicité du geste : abolir les frontières entre curatif
et palliatif = un seul soin (Rapport CCNE)
•  Le besoin de formation :
ü  Compétences techniques
ü  L’approche relationnelle (accueil, écoute,
communication verbale et non verbale)
ü  L’approche « culturelle » (croyances et déroulement
de la fin de vie)
Cook D, Roecker G. Dying with dignity in the ICU. NEJM 2014
Rapport du CCNE sur le débat public concernant la fin de vie, 2014
FIN DE VIE EN RÉANIMATION :
L’EXPÉRIENCE DES PROCHES
« La mort des hommes est davantage
l'affaire des survivants que la sienne ».
Thomas Mann
La communication au cœur de
l’expérience de fin de vie
•  Aujourd’hui : place réelle des proches dans les services de réa :
Ø  Ne sont plus de simples visiteurs
Ø  Rôles à jouer
ü Auprès du patient
ü Auprès des équipes
•  Adaptation de la structure aux proches
•  Adaptation de la communication, particulièrement importante
dans les situations de fin de vie (anxiété, dépression)
La conférence de fin de vie
V
A
L
U
E
Acknowledge
Value
Listen
Understand
Elicit questions from families
Bénéfices mis en avant par les familles :
-  Augmente la compréhension
-  Augmente la satisfaction
-  Permet d’être reconnu en tant qu’acteur de la situation
-  Opportunités d’expression du proche et les opportunités d’écoute du médecin
-  Rassurance : abandon et souffrance du patient
-  Médecin plus empathique
Curtis Chest 2008
Les études quantitatives
Quality Of Dying and Death
•  Equipe de R Curtis: outil QODD pour mesurer la qualité de la fin de
vie du point de vue des proches du défunt et des soignants
•  QODD-31 et QODD-23 spécifique à la réa
•  Qualité du mourir définie comme « le degré de correspondance entre
les souhaits du patient en termes de fin de vie et le processus réel, tel
qu’il s’est déroulé aux yeux des observateurs ».
•  Elle se différencie de la qualité de vie en fin de vie et de la qualité de
la prise en charge médicale en fin de vie.
… le proche est-il capable d’une distance critique ?
… l’échelle est-elle adaptée à la population européenne de
réanimation?
Curtis et al. J Pain Symptom Manag 2002
Curtis et al. Chest 2013
Les études quantitatives
Quality Of Dying and Death
—  Score de satisfaction : 12 / 20
—  Facteurs associés au score :
ü  La prise en charge de la
douleur (47%)
ü  La marge d’action du patient:
Ø  Capacité à contrôler les
évènements et ce qui se
passe autour de lui
Ø  Capacité à maintenir sa
dignité et son « self respect »
Ø  Capacité à être à l’aise avec
l’idée de mourir : être préparé
à la mort / anticipation
Mularski Chest 2005
—  Scores de QODD plus élevés
associés à (dossier médical) :
ü  L’existence de directives
anticipées
ü  L’abs de réa
cardiorespiratoire dans la
dernière heure de vie
ü  Le retrait de la sonde
d’alimentation
ü  La présence du proche au
DC
ü  L’organisation d’une
conférence de fin de vie
Glavan CCM 2008
Fin de vie : satisfaction des proches
Revue de la littérature (Hinkle, Chest, 2014)
Facteurs associés à la satisfaction des proches du
déroulement de fin de vie en réa :
à Qualité de la communication
à Soutien au moment du processus décisionnel de
LAT (évaluation de leur volonté de participer)
à Présence au moment du décès
à Extubation avant le décès
Les études qualitatives – 1
Emilie Legrand – Quand la réanimation échoue: l’expérience des familles,
Sciences Sociales et Santé, 2010
Le fatalisme
L’espoir
La déconstruction de
l’espoir
- Situations
Situationde
de trajectoires
mort rapide (<48h)
descendantes :
-  Pronostic des médecins clairs
-  Discours pessimiste / pas d’espoir
-  Pour les familles : déconstruire l’espoir
- 
- - 
- 
Pour donner du sens à l’hospitalisation en réa
Un
moyen
de supporter
gravité : qualité de
Rôle
déterminant
deslasoignants
En lien avec les actions entreprises par les
soignants
l’information
-  Renforcé
par l’image de la toute puissance de la
médecine technique
-  Si espoir maintenu : échec des soignants
Le glissement de la perception
-  Dégradations successives du patient
dans le travail
de(«lamouroir
mort du
-  Interactions
avecde
lessocialisation
autres proches
»)
-  Changement de sens donné aux techniques : de
l’espoir
la détresse,
déshumanisation
patientàà
suspicion des proches
-  Mort sociale du patient
« De toute façon je ne cherche même plus
savoir inapproprié
puisque de toute façon ils nous disent ce qu’ils veulent,
Unàespoir
-  on
Prb
compréhension
ils peuvent nous dire n’importe quoi après
nede
le saura
pas. Mais aujourd’hui j’ai l’impression qu’on a tué
-  Interprétations des proches
mon père tellement j’ai d’incompréhension et de haine »
-  L’incertitude des médecins
Les études qualitatives – 2
Fins de vie en contexte hypertechnique
Façonner les attentes
des familles
JE Seymour
Optimisme et décès :
- absence de sens
(techniques, décès)
- sentiment de
déshumanisation
Pessimisme et décès:
- sens donné
(techniques, décès)
- humanisation de la fin
de vie
Construire le sens des
techniques employées
J Slomka,
S Timmermans
Massage cardiorespiratoire :
- dernier espoir
- agression
Respirateur :
- prolonger la vie
- prolonger la mort
Construire le sens des
techniques et des
procédures = un travail
collaboratif soignants +
proches
Les études qualitatives – 3
K Kirchhoff
•  Fin de vie en réa : un tourbillon, une spirale descendante
Incertitude
Se sentir « déchiré » entre la technique et les choix individuels
Responsabilité = protéger le patient
Manque d’informations
Une communication effective = le meilleur remède face à l’incertitude
Besoin d’une opportunité pour faire ses adieux
AJRCC 2002 11(3)
Points clés pour les proches
•  La marge de manœuvre du patient : capacité à agir
en tant que personne autonome
•  La qualité de la communication :
ü Le sens des mots employés dès l’admission en réa
(attentes)
ü Donner du sens aux techniques employées
ü Donner du sens aux décisions prises
ü Anticipation et préparation au décès
• 
Maintenir le lien affectif avec le patient : inscrire la
fin de vie dans l’histoire relationnelle à clôre la
relation
LE DEUIL APRÈS UN
DÉCÈS EN RÉANIMATION
… ou ce que l’après nous apprend sur l’expérience en
réanimation
« J’ai l’impression qu’une partie de moi est morte.
La partie droite d’ailleurs, j’ai l’impression que mon
côté droit est mort, il me manque la moitié de moi »
(épouse)
L’importance de la communication, encore et toujours
Famiréa
22 services de réanimation
126 proches de patients en fin de vie
Groupe contrôle
Entretien « normal »
avec les proches
Groupe interventionnel
Livret +
Conférence de fin de vie
Value
Acknowledge
Listen
Understand
Elicit questions from families
HADS
Anxiété = 45%
Dépression = 67%
IES (ESPT) = 69%
3 mois après le décès
HADS
Anxiété = 29%
Dépression = 56%
IES (ESPT) = 45%
Lautrette A. New Engl J Med. 2007
Post ICU burden
Décès en
réanimation
PTSD (14-70%)
Anxiété, dépression
(25-70%)
Maladies psychiatriques
(stress aigu, trouble
panique etc.)
34%
Deuil compliqué
(5-50%)
Facteurs de risque en lien avec l’hospitalisation en réanimation :
- qualité de la communication
- rôle dans les décisions de LAT (discordance rôle souhaité/rôle réel)
- médecin jugé non réconfortant
- pas de soutien de l’équipe
Deuil compliqué
•  Peu de connaissances sur le processus de deuil après un décès en
réanimation
6 mois
Deuil compliqué
Le deuil peut être bloqué à différents stades,
rendant le processus plus long et pouvant
générer une mortalité, une morbidité et/ou
une psychopathologie excessive.
Facteurs de risque :
En lien avec l’endeuillé : personnalité, âge, état de santé,
statut professionnel, lien avec le défunt
En lien avec la cause du décès : décès brutal, inattendu
En lien avec le déroulement du décès : annonce du décès
mal vécue, qualité du soutien reçu jugée mauvaise, impossibilité
de visualiser le corps
E Kübler-Ross, Les chemins du deuil
Etude Famiréa 16 CAESAR
41 services de réanimation
PHRC 2010
Investigateurs
Paris : D. Reuter (St Louis), A. Cariou (Cochin),M. Garrouste
(St Joseph), F. Fieux (St Louis), L. Chalumeau-Lemoine (IGR)
Région parisienne : S. Legriel (Versailles), M. Thirion (Argenteuil),
V. Das (Montreuil), N. Rolin (Melun), L. Lecuyer (Evry)
Lille : M. Jourdain, C. Dédrie
Caen : A. Seguin, G. Viquesnel
Marseille : M. Adda (Hôpital Nord), E. Hammad (Hôpital Nord),
B. Eon (La Timone), D. Mokart (Institut P Calmettes)
Lyon : JM. Robert (E. Herriot), B. Floccard (E. Herriot),
V. Leray (Croix Rousse)
S. Cayot-Constantin (Clermont-Ferrand)
B. Philippon-Jouve (Roanne)
R. Chouquer (Annecy)
M. Badet (Chamberry)
JY. Lefrant (Nîmes)
J. Carr (Montpellier)
J. Durand-Gasselin (Toulon)
O. Guisset, (Bordeaux)
C. Cracco (Angoulême)
A. Mathonnet (Orléans)
I. Vinatier (La Roche-sur-Yon)
A. Roquilly (Nantes)
E. Lebas (Vannes)
A. Renault (Brest)
M. Ramakers (St Lô)
JP. Rigaud (Dieppe)
C. Dédrie (Roubaix)
PE. Bollaert (Nancy)
F. Tamion (Rouen)
Deuil compliqué après un décès en réa
Famiréa 16 – CAESAR : Etude multicentrique sur le déroulement de la fin de vie
en réanimation
475 inclusions
à  J21 : 430 proches (90,5%)
(échelle CAESAR)
Taux de deuil compliqué et de stress post
traumatique
70%
à  J90 : 386 proches (81,3%)
(HADS, IES-R)
60%
à  J180 : 282 proches (59,4%)
(ICG, IES-R)
30%
à  J360 : 215 proches (45,2%)
(ICG, IES-R)
50%
40%
20%
52,1%
53%
43,6%
10%
0%
Deuil compliqué Deuil compliqué
6 mois
12 mois
ESPT 6 mois
36,2%
ESPT 12 mois
Kentish-Barnes, ERJ, in press
Deuil compliqué et déroulement de la fin
de vie en réa
Deuil compliqué
Significativement associés aux deux outcomes
ESPT
Patient décédé intubé
Le proche n’a pas fait ses adieux
Le proche est présent au moment du décès
Le proche est une femme
Le proche vit seul
Significativement associés à un seul outcome
Médecin diplômé avant 2009
Communication avec médecins n’est pas satisfaisante
Le patient a refusé des thérapeutiques
Le patient respirait mal (dyspnée)
0.1
0.5
1
2
10
Augmente
le risque
Diminue
le risque
OR (95%CI)
0.1
0.5
1
2
10
Augmente
le risque
Diminue
le risque
OR (95%CI)
Liens entre pratiques de fin de vie et deuil
compliqué
•  La préparation et l’accompagnement du décès:
v  encourager les proches à faire leurs adieux
v  préparation/accompagnement si présence au moment du décès
•  Qualité de la communication médecins-proches
•  La prise en charge du mourir :
v  dyspnée
v  intubation / extubation
•  Autonomie du patient : facteur de protection du deuil
compliqué
Ce que disent les familles
présence
au moment
du décès : ambiguïtés, nombreuses difficultés mais important
• LaFaire
ses
adieux
pour les proches
C’est les
dur,proches
c’est atroce, c’est terrible. Mais c’est terriblement
à  «
préparer
le deuil. La personne ne vous est pas arrachée
à  important.
accompagnerPour
les proches
à  brutalement
poser des questions
aux proches, leur permettre de verbaliser leurs ressentis
» (sœur)
L’importance
de faire au
ses moment
adieux
•  La présence
du décès
« C’était très important qu’on soit là [au moment du décès]. Pour lui,
à Être encouragé par les soignants (chez le patient conscient et inconscient)
on était vraiment // mais bon, pour nous, je sais pas. Moi, ça a
à Les adieux
étéde
très
dur. au
Dedécès
le voir
partir comme ça tout
§ vraiment
un moyen
se très
préparer
(anticipation)
qu’il
s’éteigne
comme ça
nous,
il fallait
§ doucement,
un moyen de
permettre
la continuité
du devant
processus
de fin
de viequ’on
et nonsoit
la
là, rupture
mais moi
je endeuillés
ne pense =pas
quede
je fort
devrais
voir ça. C’est trop dur.
(chez
besoin
de continuité)
J’aurais
à  Les
adieux préféré qu’il s’endorme et qu’on soit pas là. En plus, je
§ culpabilise
un moment
réconciliation,
confirmation
d’un lien
ded’expression
dire ça (…)(pardon,
Je n’étais
pas préparée
à ça » (fille)
profond)
§  par la parole mais aussi les gestes, les regards
Ce que disent les familles
•  La communication
« En deux jours, j’ai vu trois médecins. Le dernier médecin, je ne l’ai pas
à informations claires et cohérentes
apprécié. « Est-ce que vous comprenez la situation ? » Il nous a répété la
à  communication
formelle
et informelle
(attitudes
deavez
distance
et de
question
10 fois, on n’est
pas idiot.
Le « Est-ce
que vous
compris
? »,
c’était
trop. C’est
systématique, ils vous posent tous la même question, on
proximité,
empathie)
n’est pas des abrutis ! Mais bon, c’est dans le protocole, alors… Il faudrait
à  communication
verbale
verbalepour s’adapter à nous » (fille)
qu’ils
apprennent aussi
à sortiretdunon
protocole,
•  La participation du patient
« Il a demandé l’arrêt des soins plus lourds. Quand mon mari m’a dit qu’il ne
Intégrer
patient
au projet
de soin
voulaitleplus
se battre,
j’ai craqué.
Et :puis je me suis ressaisie et j’ai dit aux
: « Neun
tenez
pasau
compte
de nous.de
Vous
à lemédecins
patient reste
Sujet
coursde
dumoi,
processus
fin tenez
de viecompte de
mon mari, de ce qu’il vous dit ». C’était bien à lui de prendre la décision, pas
à intégrer
la patient aux décisions (DA) = donne du sens au décès
à nous. C’est bien qu’on n’ait pas eu de grande décision à prendre, c’est
(pour
les proches)
quand
même une grande paix qu’on vit dans le deuil. » (épouse)
L’après-réanimation
•  Rapport de l’IGAS, recommandation n°22 : Prévenir les deuils
pathologiques
•  L’accompagnement des familles ne doit pas s’arrêter avec le décès de leur
proche:
-  le décès ne signifie pas la fin des relations de la famille avec l’établissement
-  la qualité de l’accompagnement des familles dans les plus proches instants qui
suivent la mort est déterminante pour prévenir les deuils pathologiques.
-  la qualité de l’accompagnement participe également à l’image que l’institution
hospitalière laissera d’elle-même
•  Maintenir un lien entre l’équipe de réanimation et les proches
endeuillés : un souhait des proches
Un appel ?
-  Une consultation post-réa ?
-  Une lettre de condoléances ? (Famiréa 22)
- 
Conclusions
Pour les patients et les proches :
•  L’absence de douleur
•  La prise en compte de la personne
•  La qualité de la communication tout au long de
l’hospitalisation
•  Construire un sens ensemble : sens de la réa,
des techniques employées, de la mort
•  L’accompagnement : avant (préparation), pendant
(moment du décès), après (deuil)
Conclusions
•  La fin de vie au sein du service
à Adaptation aux patients et aux proches : culture de service
•  Et le point de vue des soignants ?
à  L’expérience du patient et des proches est indissociable de l’expérience
des soignants et du contexte dans lequel se déroule la fin de vie
à  Agir sur la culture et les soignants pour améliorer le vécu des patients et
des proches
à  La formation des soignants
à Approche holistique
•  « (…) La communication verbale était difficile mais on pouvait se comprendre par les
yeux, le toucher, c’est important. On a moins de remord si on a pu lui parler à notre
proche. Il a fini sa fin d’homme debout, conscient. Il a eu une certaine maîtrise de ce qui
se passait, dans l’affection des siens et pas dans la souffrance. Il était lucide. C’est ça
qui comptait pour lui, pouvoir partir debout avec ceux qu’il aimait. Il était présent comme
il était d’habitude. L’entourage a besoin de ça. Chacun a pu lui dire ses petites choses.
Après il a été sédaté, il s’épuisait vraiment, il a été moins réactif. Mais tout doucement.
Il avait une conscience diminuée mais il avait des réactions. Il avait encore une certaine
présence. Puis il s’est endormi petit à petit (…) Ils ont arrêté l’oxygène doucement
parce qu’il résistait, mais petit à petit, progressivement. Ça a été progressif. Le fait qu’il
n’y ait pas eu quelque chose de brutal, pas d’images physiquement traumatisantes (…)
Petit à petit, le cœur a ralenti puis ça s’est arrêté comme ça. On a pu profiter de lui et
de le voir partir comme ça, ça nous a beaucoup aidé. On est très heureux qu’il ait fini sa
vie dans cette réa là. C’est quand même malgré tout un passage (…) vous voyez, c’est
quand même exceptionnel. C’est à la fois tellement médicalisé et à la fois
personnalisé. »
Merci de votre attention
•  [ Recherche ] « J’ai accepté parce que ça me paraît très important d’essayer
d’améliorer cet aspect relationnel qui est à mon avis crucial dans ce milieu d’hyperstress. On a besoin de savoir la vérité, il nous faut du temps et pour le soignant aussi.
On n’avait pas deux sons de cloche et ça, c’est fondamental. »
Fils du patient
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