FICHE SUR LE SECTEUR DE L’EAU La région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) est la plus pauvre en eau du monde. Tandis que la quantité moyenne d’eau disponible au niveau mondial avoisine les 7 000 m3 par an et par habitant, elle n’atteint que 1 200 m3 dans la région MENA. La moitié des habitants vivent en situation de stress hydrique. Et, avec une population qui devrait passer d’environ 300 millions d’habitants aujourd’hui à quelque 500 millions en 2025, les quantités disponibles par habitant devraient diminuer de moitié à l’horizon 2050. La provenance de l’eau varie en fonction des pays. L’Égypte et l’Irak par exemple dépendent pour l’essentiel des eaux de surface des grands fleuves internationaux qui les traversent. D’autres pays, comme le Yémen, Djibouti et les États arabes du Conseil de coopération du Golf (CCG) tirent leurs ressources en eau presque exclusivement des nappes souterraines et de la désalinisation, tandis que d’autres encore utilisent à la fois les eaux superficielles et souterraines. La plupart des pays absorbent la quasi-totalité des eaux de surface disponibles et une grande partie des principaux cours d’eau n’atteignent pas l’océan. L’eau dans la région MENA constitue, plus que partout ailleurs, un enjeu du développement. Aussi, au cours des dernières décennies, les pays de la région ont-ils investi dans l’infrastructure pour faire face à la pénurie d’eau. La couverture des réseaux d’alimentation en eau a augmenté de façon remarquable. Plus de 75 % des habitants des pays emprunteurs de la région MENA ont maintenant accès à de l’eau salubre et à des systèmes d’assainissement améliorés, même si ces services sont souvent intermittents. De nombreux pays ont effectué des investissements majeurs dans les infrastructures de stockage de l’eau et ont beaucoup investi pour étendre leurs réseaux d’irrigation. En outre, la région est à la pointe dans le monde pour l’utilisation de techniques novatrices en matière de désalinisation et de réutilisation des eaux usées. Mais ces investissements, qui n’ont pas toujours été accompagnés des réformes nécessaires au niveau des institutions et de l’action publique, ne génèrent pas la plupart du temps de rendements économiques optimums. Les problèmes liés à une utilisation inefficiente de l’eau trouvent leur source dans des politiques autres que celles de l’eau : l’agriculture, par exemple, utilise 85 % de l’eau de la région tandis que les subventions énergétiques encouragent dans certains pays une exploitation non durable des eaux de surface. Principales difficultés dans le secteur de l’eau Un usage de l’eau excessif et inefficient. Sept pays de la région utilisent plus d’eau que leurs ressources renouvelables ne le leur permettent, et nombre d’entre eux gaspillent l’eau dont ils disposent. Dans les pays du Golf, la consommation d’eau à usage domestique par habitant est la plus élevée du monde – et s’élève à 50 % de plus qu’États-Unis. Les fuites dans les systèmes d’eau urbains entraînent souvent des pertes de 40 à 50 %, et plus de la moitié des quantités d’eau prélevées pour l’agriculture n’atteignent pas les cultures qu’elles devraient irriguer. Des politiques inefficaces. Les politiques axées sur la sécurité alimentaire et le maintien de l’emploi dans les zones rurales ont conduit à la mise en place de mécanismes tarifaires et non tarifaires visant à protéger l’agriculture. De ce fait, l’agriculture absorbe quelque 85 % de la consommation d’eau, pour cultiver parfois des produits agricoles que les pays auraient plutôt intérêt à importer. L’eau détournée pour les besoins agricoles nécessite souvent des investissements coûteux pour pourvoir aux besoins de la consommation d’eau à usage domestique et commerciale. Les politiques de tarification de l’eau menées par de nombreux pays à des fins sociales tendent en outre à empêcher le recouvrement des coûts, à réduire l’entretien, à aggraver la qualité des services et à compromettre la viabilité financière des services d’utilité publique. La dégradation de la qualité de l’eau. L’insuffisance des équipements d’assainissement a contaminé les eaux superficielles et souterraines, entraînant des conséquences préjudiciables sur l’environnement et la santé publique. En Iran, par exemple, les maladies et les décès imputables aux déficiences de la collecte et du traitement des eaux usées ont coûté à peu près 2,2 % du produit intérieur brut (PIB) en 2002. Un recours excessif aux fonds publics. Les dépenses publiques consacrées à l’eau comptent pour 1 à 5 % du PIB dans la région et pour 25 % des dépenses publiques d’investissement. Cependant, une grande partie de ces dépenses ne génèrent pas toujours les bénéfices attendus. Les investissements sont parfois mal programmés (par exemple, des barrages sont construits sans les infrastructures d’irrigation qui vont avec pour exploiter l’eau retenue), et ils pâtissent dans certains cas de problèmes techniques. Dans les zones qui connaissent une baisse des précipitations par rapport aux décennies passées, les infrastructures de stockage de l’eau sont devenues surdimensionnées par rapport à la quantité d’eau désormais disponible. Par ailleurs, l’approvisionnement intermittent des réseaux d’eau urbains accélère la dégradation des équipements. Alors que la région ne compte que deux pays où les services d’utilité publique parviennent à couvrir leurs coûts opérationnels et de gestion, les autres pays sont caractérisés par l’insuffisance des investissements consacrés à l’entretien. Les recommandations de la Banque mondiale Préparer la transformation inévitable de l’usage agricole de l’eau. La croissance de la population et les changements climatiques vont inévitablement réduire le volume d’eau disponible pour l’agriculture. Soit les agriculteurs attendront pour s’adapter que les nappes aquifères soient épuisées et les eaux de surface devenues aléatoires, soit il est possible de gérer et d’atténuer dans une certaine mesure cette transition par la mise en œuvre de politiques visant à augmenter la productivité de l’eau et à accroître les investissements dans des systemes d’irrigation modernes et des ressources en eau non conventionnelles, et de les accompagner d’une meilleure diffusion des connaissances sur les ressources disponibles afin de permettre une planification hydraulique plus réaliste et durable. Les pays devront aussi prévoir des mécanismes de protection sociale pour les ménages pauvres des zones rurales. Améliorer les services de distribution d’eau et d’assainissement en milieu urbain. L’essor des populations urbaines va exercer une pression croissante sur les opérateurs pour qu’ils étendent les services d’approvisionnement en eau et de collecte et traitement des eaux usées. L’amélioration des résultats dans ce secteur relève essentiellement des institutions. Les pays vont devoir améliorer la réglementation, la coordination intersectorielle et la gouvernance, et ouvrir le secteur à la société civile. Les activités de prêt et d’analyse-conseil de la Banque mondiale La Banque mondiale lance ou développe des activités dans la région MENA (i) en axant ses efforts sur les pays prioritaires dans le cadre des Objectifs de développement pour le Millénaire (Maroc, Égypte, Cisjordanie et Gaza, Irak, Yémen et Djibouti) ; (ii) en approfondissant le dialogue sur la politique sectorielle dans les pays avec lesquels elle a noué des partenariats de longue date (Maroc, Cisjordanie et Gaza, Yémen) ; (iii) en restaurant les services de base et en renforçant les capacités des pays en conflit ou post-conflit (Iraq, Cisjordanie et Gaza). Le dialogue porte principalement sur les thèmes suivants : Extension des services aux pauvres des zones rurales. La Banque a mis en œuvre plusieurs projets de développement municipal, de réhabilitation (Maroc, Tunisie et Yémen) et d’infrastructures communautaires (Jordanie). Décentralisation de la fourniture des services. La Banque continue de promouvoir la décentralisation de la fourniture des services d’approvisionnement en eau en aidant à la création de compagnies publiques indépendantes responsables des services destinés aux petites villes et aux villes de taille moyenne (au Yémen, en Algérie et en Jordanie). Développement des services de collecte et de traitement des eaux usées. De nombreux pays de la région centrent actuellement leur action dans le secteur sur l’amélioration des conditions sanitaires des zones urbaines grâce à la collecte et au traitement des eaux usées (Yémen, Maroc, etc.). Élargissement de l’accès des zones rurales aux services d’eau et d’assainissement. Le secteur de l’eau et de l’assainissement en milieu rural est le moins bien servi en termes d’investissement, et le soutien qu’il reçoit sur ce plan passe généralement par des programmes multisectoriels dans le secteur agricole ou des fonds sociaux. Amélioration de la performance du secteur. La Banque accorde une importance particulière aux réformes des services publics et au renforcement des finances du secteur, essentiellement via le développement de partenariats public-privé. Des opérations d’approvisionnement en eau et d’assainissement en milieu urbain sont en cours dans sept des douze pays de la région. Des contrats de gestion ont été mis en place avec succès en Jordanie, en Cisjordanie et à Gaza ; d’autres sont à l’étude pour le Yémen, où l’introduction d’un mode d’exploitation commerciale dans les services d’eau et d’assainissement donne de bons résultats. Gestion efficace des ressources en eau. Plusieurs projets de gestion des ressources en eau ont été lancés, en particulier sur les questions de gestion des eaux souterraines, de gestion des besoins en eau, de suivi, de planification au niveau des bassins ou des aquifères, de protection de l’environnement et de coordination intersectorielle. Amélioration de l’efficacité de l’irrigation. Des projets dans plusieurs pays (Égypte, Yémen, Maroc, Tunisie et Iraq) portent notamment sur l’efficacité de l’utilisation de l’eau et de l’énergie dans l’irrigation, la décentralisation des responsabilités de gestion aux associations d’agriculteurs, les politiques de prix et la réutilisation des eaux usées après traitement. Portefeuille Vingt-neuf projets dans huit pays ont le secteur de l’eau pour objet principal, soit 2,1 milliards de dollars d’engagements au total. Environ 64 % de ce montant est consacré aux problèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement, tandis que le reste concerne la gestion des ressources en eau, l’irrigation et d'autres domaines connexes. Septembre 2010 Tous les montants en dollars sont des équivalences en dollars U.S. Pour toute information, veuillez contacter : À Washington : Najat Yamouri, [email protected]