COLLECTION THEMA RÉSEAUX D’ÉLEVAGE POUR LE CONSEIL ET LA PROSPECTIVE DURABILITÉ DES SYSTÈMES EN AGRICULTURE BIOLOGIQUE Réseaux d’élevage des Pays de la Loire et Deux-Sèvres Social Dans le cadre du dossier sur la Durabilité des élevages bovins viande des Pays de la Loire et Deux-Sèvres, les réseaux d’élevage ont évalué les différents systèmes bovins viande sur la question de la durabilité et sur les principaux critères de 3 axes : économie, social et environnement. Les systèmes biologiques apparaissent ici comme bien situés sur les 3 axes et plus particulièrement sur celui de l’environnement. Equitable Viable Durable Environnement Vivable Economique MÉTHODE À partir d’une grille d’évaluation de la durabilité adaptée aux élevages de viande bovine de la région, les Réseaux d’élevage des Pays de la Loire – DeuxSèvres se sont intéressés aux systèmes spécialisés bovin viande en agriculture biologique de la région. Grâce à un échantillon de 7 élevages, les informations obtenues permettent de décrire et repérer l’efficacité des systèmes ou pratiques mis en place par les éleveurs et de pouvoir définir des marges de progrès. Les exploitations ont été diagnostiquées durant l’hiver 2010/2011, c'est-à-dire dans un contexte de hausse des charges et un impact légèrement défavorable sur les revenus. L’ensemble des critères a été jugé en ferme par réponse directe des éleveurs. Les exploitations en agriculture biologique sont des exploitations très herbagères et importante en surface. Il s’agit d’élevage ayant un chargement assez élevé (1,21 UGB/ha de SFP) et l’herbe représente la totalité des fourrages consommés. La production principale est celle de broutards, de veaux sous la mère et de femelles finis avec assez peu de concentrés. LA DURABILITÉ DANS LES ÉLEVAGES BIOLOGIQUES > Figure 1 : Note générale et note par axes pour les systèmes en agriculture biologique Social 20 15 10 11,7 5 0 12,5 Environnement 19,2 > Tableau 1 : Caractéristiques des élevages biologiques (7) UMO 1,5 SAU (ha) 108 SFP (ha) 97 % SFP/SAU SH (ha) 90 % 96 UGB 115 Chargement (UGB/ha de SFP) 1,21 Nombre de vêlages Production de viande (kgvv) 73 28 346 Productivité (kgvv/UGB) 247 Quantité de concentrés distribués (kg/UGB) 208 N épandu (unités/ha de SFP) Economie Moyenne générale 14,3/20 Dans le cas des élevages en agriculture biologique, la note moyenne générale obtenue avec ce diagnostic est de 14,3/20, soit un positionnement plus favorable que les autres systèmes (naisseur, naisseurs-engraisseurs et engraisseurs). C’est principalement lié aux bonnes notes obtenues sur la partie environnement (19,2/20) où toutes ont plus de 15/20 ! Les notes obtenues sont également supérieures aux autres types d’exploitations sur l’axe économique. Cela s’explique par une conjoncture globalement plus favorable pour les éleveurs engagés dans l’agriculture biologique. Concernant l’axe social, la note obtenue n’est pas significativement différente des autres systèmes. 0 Pays de la Loire - Deux-Sèvres 1 DURABILITÉ DES SYSTÈMES EN AGRICULTURE BIOLOGIQUE PILIER ÉCONOMIQUE DANS LES ÉLEVAGES AGRICULTURE BIOLOGIQUE Le pilier économique s’intéresse au degré d’autonomie des exploitations vis-à-vis des aides, leur endettement et leur rentabilité, mais aussi la sensibilité aux fluctuations des prix du marché. Avec une note moyenne de 12,5/20, les systèmes en agriculture biologique apparaissent favorablement sur l’axe économie. En fait, 75 % des fermes enquêtées ont une note moyenne supérieure ou égale à 10/20, soit plus que pour les systèmes conventionnels. Il y a toutefois une grande hétérogénéité entre les élevages. Dans le détail, Le volet économique de la durabilité est mesuré au travers de 7 composantes comme l’illustre le graphique ci-contre. > Figure 2 : Note globale et des composantes de l’axe économie pour les systèmes en agriculture biologique Marché Mar ché filière e et filièr Performances P erformances erf ormances techniques 14/20 Maîtrise charges des charges 15/20 18/20 Economiquement viable viab le V Vulnérabilité ulnérabilité économique 8/20 12,5/20 Valorisation V alorisation des produits produits 11/20 Revenu Re venu 11/20 In Investissement vestissement et transmissibilité 7/20 Points forts : • Maîtrise des charges : ces élevages utilisent très peu d’intrants (aliments et engrais) et globalement ont une bonne maîtrise des charges de mécanisation. • Marché et filière : les éleveurs valorisent une majorité des animaux en filière biologique ou en vente directe. Points faibles : • Vulnérabilité économique : la part des aides sur les produits en agriculture biologique est élevée ; cela les rend dépendant de l’évolution de la PAC. • Investissement et transmissibilité : la capacité à transmettre et donc à pérenniser l'exploitation est un des arguments importants de la durabilité. Elle est estimée à partir de 2 critères : le montant de l’actif par UTA (note de 5/20) et le pourcentage de l’EBE sur actif avec une note de 10/20. Ce dernier autorise une annuité plus importante. Méthode Détail des composantes de l’axe économie • Revenu : objectif de revenu et revenu par UTA. • Maîtrise des charges : parts des intrants sur le produit, efficacité économique (%EBE sur le produit), poids des charges de mécanisation. • Performances techniques : productivité du troupeau. • Valorisation des produits : prix moyen des réformes. • Vulnérabilité économique : indépendance par rapport aux aides, poids des annuités sur le revenu. • Marché et filière : part des ventes sous cahier des charges... vente directe. • Maîtrise des investissements et transmissibilité : niveau d’actif par UTA, efficacité du capital (EBE sur l'actif net) (hors foncier). 2 DURABILITÉ DES SYSTÈMES EN AGRICULTURE BIOLOGIQUE PILIER ENVIRONNEMENT DANS LES ÉLEVAGES AGRICULTURE BIOLOGIQUE Le pilier environnemental implique notamment une bonne gestion des ressources naturelles, la limitation de l’impact des pratiques agricoles sur le sol, l’air et l’eau (gestion rigoureuse de la fertilisation azotée, diversité culturale, gestion des écoulements...), un maintien ou un enrichissement de la biodiversité. C’est sur l’axe environnement que les systèmes agriculture biologique obtiennent les meilleures notes, bénéficiant ainsi de leur caractère herbagé et valorisant de l’espace. La note moyenne est de 19,2/20 et 100 % des exploitations ont une note supérieure à 18/20. Le volet environnemental de la durabilité est mesuré au travers de 7 composantes : > Figure 3 : Note globale et des composantes de l’axe environnement pour les systèmes agriculture biologique Qualité de l’eau 20/20 Gestion des déchets 19/20 Energie et CO 2 19,5/20 Respectueux de l’environnement l’en vironnement Irrigation Ir rigation et gestion de l’eau gestion 20/20 19,2/20 Potentiel P otentiel des sols 20/20 Gestion des effluents 17/20 Biodiversité Biodiversité 20/20 Points forts : • Qualité de l’eau : les exploitations sont respectueuses de la qualité de l’eau grâce à l’absence de l’utilisation de produits de synthèse. Le niveau de l’excédent du bilan apparent est très limité même en prenant en compte l’azote symbiotique des légumineuses. • Biodiversité : dans ces systèmes de bocage, la grande part de prairie permanente et l’importance du linéaire de haies contribuent à l’importance de la surface en équivalent topographique (SET). Points faibles : • Energie et CO2 : du fait des faibles consommations d’intrants et d’énergie, cet ensemble est plutôt favorable. Cependant, la faible productivité des ateliers viande et leur caractère herbager renforce leur attitude à contribuer au gaz à effet de serre. Ce qui pèse le plus dans le bilan carbone, ce sont les émanations de méthane entérique des bovins. Elles représentent plus de 60 % des émissions d’équivalent CO2 des bovins viande et ne sont compensées en partie que par captation naturelle du carbone par l’herbe au cours d’un cycle assez long. Mais c’est aussi un volet où l’éleveur possède peu de marge de manœuvre. Méthode Détail des composantes de l’axe environnement • Qualité de l'eau : % de la SAU non traitée avec des produits phytos, bilan azoté, phosphore apporté. • Gestion de l'eau – irrigation : volumes prélevés. • Biodiversité : part de surface en équivalent topographique rapportée sur la SAU, diversité des cultures (nombre de cultures différentes). • Indépendance énergétique et impact CO2 : consommations d'énergie en équivalent fuel par ha SAU, émissions de CO2 (entérique + énergétique) par actif, production d'énergie renouvelable. • Gérer le potentiel des sols : surface travaillée sur ha SAU (avec labour), couverture hivernale des sols. • Gérer les effluents : surface recevant de la MO/SPE dont part de surfaces en herbe. • Gérer les déchets : gestion des déchets. 3 DURABILITÉ DES SYSTÈMES EN AGRICULTURE BIOLOGIQUE PILIER SOCIAL ET TERRITOIRE DANS LES ÉLEVAGES AGRICULTURE BIOLOGIQUE Points forts : • Impact sur les autres économies : les éleveurs en agriculture biologique sont sensibles aux critères de choix des approvisionnements : proximité, environnement, éthique. Ils sont également sensibles à la qualité et à la destination de leurs produits. • Paysage et cadre de vie : ces éleveurs de bovins viande obtiennent la même note que les éleveurs conventionnels. Ils s’investissent dans l'intégration des bâtiments dans le paysage et beaucoup d’éleveurs souhaitent entretenir voire rénover le vieux bâti. Points faibles : • Implication locale et liens marchands : ces éléments tiennent plus aux éleveurs qu’au système. Dans ce groupe, les éleveurs enquêtés sont peu engagés dans de la vente directe et car ils produisent d’abord pour les filières organisées. La vente directe, fréquente en agriculture biologique, est vecteur de lien social. > Figure 4 : Note globale et des composantes de l’axe social pour les systèmes agriculture biologique Conditions travail vail de tra 12/20 Création Cr éation d’emplois 12/20 Paysage Paysa ysag ge et cadre de vie cadre 15/20 Liens sociaux 6/20 Socialement équitab le équitable 11,7/20 Liens marchands mar chands 5/20 Implication locale 9/20 Impact sur les autres autres économies 15/20 Méthode Détail des composantes de l’axe social et territoire • Maintien ou création d’emploi : dimension, évolution des UTH sur 5 ans, formation. • Conditions de travail : congés par UTA, heures de travail par semaine par UTA, sécurité. • Liens créés par des activités marchandes : sur la ferme, hors la ferme. • Liens créés par des activités non marchandes : sur la ferme. • Implication locale : activités professionnelles ou extra professionnelles. • Intérêt aux autres économies : origine des produits achetés, destination des produits vendus. • Paysage et cadre de vie : intégration des bâtiments, entretien des corps de fermes, relations voisinage. Pour en savoir plus • Hubert Filatre Chambre d’agriculture de Loire-Atlantique Tél. 02 53 46 63 15 • Bertrand Galisson Chambre d’agriculture du Maine-et-Loire Tél. 02 41 94 74 05 • Philippe Carteron - Romain Guibert Chambre d’agriculture de Mayenne Tél. 02 43 67 38 57 • Philippe Dimon Chambre d’agriculture de Sarthe Tél. 02 43 29 24 32 • Pascal Bisson Chambre d’agriculture de Deux-Sèvres Tél. 05 49 81 24 50 • Jacques-Martial Bouet Chambre d’agriculture de Vendée Tél. 02 51 36 82 72 Coordination régionale : • Patrick Sarzeaud Institut de l’Elevage Tél. 02 23 48 29 20 LES RÉSEAUX D’ÉLEVAGE Les Réseaux d’Élevage sont un dispositif partenarial associant des éleveurs et des ingénieurs des Chambres d’agriculture et de l’Institut de l’Élevage. LES PARTENAIRES FINANCEURS Ce document a reçu l'appui financier du Conseil régional des Pays de la Loire, de FranceAgriMer et du Casdar. Mars 2013 Document édité par l’Institut de l’Élevage - 149 rue de Bercy, 75595 Paris cedex 12 www.idele.fr - PUB IE : 0012 55 035 - ISBN : 978-2-36343-353-4 4 Création : Bêta ¨Pictoris - Réalisation : Corinne Maigret (Institut de l’Elevage) - Crédit photo : CRAPL/idele. Le piler social et territoire intègre le niveau de vie des exploitants, le maintien d’une population et d’une qualité de vie en zone rurale, rendue possible par la création d’emplois dans les exploitations, le volume de production par actif ainsi que la multifonctionnalité de l’agriculture. Sur cet axe, les élevages atteignent une note globale de 11,7 sur 20, ce qui n’est pas significativement différent des autres systèmes. La variabilité est cependant très importante ; elle varie de 9 à 15. Cela s’explique par une cer taine diversité d’implication des éleveurs dans leur environnement social et économique, mais aussi par dans certains cas, des conditions de travail contraignantes.