50 mm (France) ou 55 mm (anglo-saxons) : quel est le diamètre qui justifie la prise en charge? F. MANTZ, C. DELAY, N. CHAKFE STRASBOURG UK, USA, Europe du Nord France AAA = diamètre aorte abdominale > 30 mm Croissance annuelle : 1 à 3 mm/an INDICATIONS OPÉRATOIRES : symptômes reliés à l’anévrisme* croissance > 10 mm /an* Diamètre > 55 mm Diamètre > 50 mm* Anévrisme sacciforme évolutif* *RECOMMANDATION HAS 2009 Pourtant, la mortalité par rupture est très faible si le diamètre est < 55 mm : % survie sans rupture en fonction du temps selon le diamètre initial de l’AAA* *D’après Becquemin in réalités cardiologiques 291-jan-fev-2013, 15-20 Etude UKSAT* : importance de la surveillance * The Lancet vol 352,1998 Groupe témoin: 527 patients. Suivi 6 ans Diamètre 40-55 mm Décès par rupture : 15/527 =1% par an MAIS : -contrôlés tous les 6 mois pour 40 à 49 mm -contrôlés tous les 3 mois pour 50 à 54 mm Le dépistage systématique est nécessaire : 4 études randomisées (127891 hommes,9342 femmes) ont prouvé que le dépistage échographique est efficace pour réduire la mortalité par rupture (SVS practice guidelines 2009) Le dépistage fait baisser la prévalence : En France : 5 à 10% chez l’homme ( > 65 ans < 80 ans) en 1980 3,2% en 2012 (Etude VESALE 2012) En Suède (homme>65 ans) : 2,2% en 2011 Première raison pour une prise en charge dès 50 mm = en France : pas de dépistage systématique de l’AAA HAS : recommande le dépistage unique, ciblé, opportuniste (novembre 2012). Un anévrisme non dépisté ne peut être suivi Un anévrisme de 50 mm, découvert fortuitement, sera-t-il surveillé tous les 3 mois? Évolution naturelle de l’AAA en fonction du diamètre initial : groupes témoins des études randomisées % opérés pour symptôme, augmentation > 1cm/an ou AAA > 55 mm Etude UKSAT ADAM Effectif groupe 489 567 CAESA R 178 PIVOTAL 362 Follow up Diamètre initial 4 - 6 ans 40-55 4,9 ans 40-44 45-49 50-54 3 ans 41-44 45-49 Effectif opérés % opérés 385 78,7 412 140 72 78,6 50-54 20 mois 40-50 % sous groupes 27% 53% 81% 23,3% 57,6% 90% 112 30,9 Étude CAESAR : groupe « surveillance » : % opérés en fonction du temps et du diamètre initial (Eur J Vasc Endovasc Surg (2011)41, 13-25) Deuxième raison pour une prise en charge dès 50 mm : 80 à 90% des anévrismes de 50 à 54 mm dépasseront 55 mm dans les 3 ans, et le patient aura vieilli d’autant. Evolution de la morphologie de l’anévrisme : du simple… … au compliqué Impact de la taille de l’anévrisme Étude ACE : (J Vasc Surg 2011 ;53:1167-73) : anévrismes > 50 mm (> 45mm chez la femme) 53,4% ont eu un tube aortique. Étude CAESAR ( Eur J Vasc End ovasc Surg (2011)41, 13-25) : anévrismes de 41 à 54 mm eligibles EVAR : perte de faisabilité EVAR = 16,4% après 3 ans (1 sur 6) Registre RETA : (Eur J Vasc Endovasc Surg (2005)29, 563-570 ) endoprothèse aorto uni iliaque + croisé (AUIC) plus fréquente qu’endo prothèse bifurquée (BI) si diamètre >60 mm (p<0,001). AUIC : conversion en chirurgie ouverte (p=0,001), complications post op (p=0,006), mortalité (p=0,001) plus fréquentes que BI. Troisième raison pour une prise en charge dès 50 mm Qu’il s’agisse de chirurgie ouverte ou d’EVAR, un anévrisme plus petit est plus facile à traiter. en dessous de 50 mm (45 chez la femme), le risque est si faible qu’il n’est pas envisageable de traiter (PIVOTAL) Comparaison EVAR/ chirurgie ouverte : Mortalité à 1 mois selon les études D’après Becquemin in réalités cardiologiques 291-janfev-1013, 15-20 Début de l’étude Nb de centres ETUDE CHIR ouverte EVAR p 1999 37 UK EVAR1 4,7% 1,7% 0,009 2003 30 NE,B DREAM 4,8% 1,6% 0,09 2002 42 USA OVER 3 % 0,5% 0,01 2003 25 FR ACE 0,6% 1,2% ns Facteurs influençant les taux de mortalité dans le cadre d’une chirurgie ouverte D’après Becquemin in réalités cardiologiques 291-jan-fev-1013, 15-20 Age (ans) <69 70-79 80-89 >90 Maladie coronaire Absente Moyenne Modérée Sévère FE<20% Insuffisance rénale Absente Moyenne Modérée Dialyse Insuffisance Respiratoire Absente Moyenne Modérée Sévère Mortalité <2% 2-6% 6-10% >10% Quatrième raison pour une prise en charge dès 50 mm en France : mortalité post chirurgie ouverte =0,6% (ACE) : effet inattendu de l’autorisation tardive de l’HAS pour la diffusion de l’EVAR? En France, l’HAS n’a autorisé l’utilisation élargie d’EVAR qu’en 2009 : avant cette période : 1/ Maintien/amélioration/ transmission d’un savoir faire en chirurgie ouverte 2/ Progrès dans la prise en charge périopératoire (préparation respiratoire, évaluation coronaire, pertes sanguines, protection rénale, » fast track » etc…) : OVER (JAMA, OCT 14, 2009-Vol 302, N° 14, 1535-42), ACE (J Vasc Surg 2011 ;53:1167-73). La formation des chirurgiens ASPECT QUALITATIF : Revue de 3912 AAA opérés (Dimick et al J Vasc Surg 2003 ; 38:739-44) Formation chirurgicale Mortalité post opératoire AAA p vs chir vasculaire Chir générale 5,5% 0,001 Chir cardiaque 4% 0,001 Chir vasculaire 2,2% ASPECT QUANTITATIF : Nombre d’AAA opérés /an Mortalité opératoire US Medicare 1996 <3 7,9% <11 4% Les établissements de santé Le traitement des AAA devrait être réservé aux établissements prenant en charge au moins 50 cas par an , qu’il s’agisse de chirurgie ouverte ou d’EVAR. ESVS 2010 Niveau 2c, Recommendation B Cinquième raison pour une prise en charge dès 50 mm -l’excellente formation des chirurgiens vasculaires et des anesthésistes réanimateurs français, -la qualité et le volume d’activité des établissements de soins publics et privés français, permettent une prise en charge optimale des anévrismes de l’aorte abdominale et rendent possible et défendable le choix de les traiter dès 50 mm de diamètre Conclusion 1: 5 bonnes raisons d’opérer dès 50 mm Première raison = en France : pas de dépistage systématique Deuxième raison = évolutivité dans les 3 ans Troisième raison = un petit anévrisme est plus facile à traiter Quatrième raison = progrès majeurs en chirurgie ouverte avant 2009 Cinquième raison = qualité des équipes et des établissements français Conclusion 2: maintenons nos choix et notre niveau d’excellence -diamètre minimum : 50 mm (45 chez la femme) -évaluation préopératoire soigneuse (cœur/poumon/rein) Conclusion 3 : la possibilité d’un doute recul insuffisant pour évaluer les complications tardives d’EVAR … …entretenons notre savoir faire en chirurgie ouverte Conclusion 4 :la nécessité d’une rigueur • dans l’information du patient non (Auto)évaluation, formation continue..; oui Conclusion 5 : à quand le dépistage systématique? Merci de votre attention