Quel est l`impact d`une variation de coûts sur le - prepa-bl

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Quel est l'impact d'une variation de coûts sur le comportement des
entreprises ?
Pour une entreprise, la lutte contre les coûts peut se faire au moyen de la technique du "cost killing", ainsi les
licenciements boursiers au sein du groupe Sanofi en France. Les entreprises sont ainsi très sensibles aux coûts au point de
vouloir les modifier.
Les entreprises sont des organisations qui combinent des facteurs de production dans le but de produire des biens ou
des services qui sont vendus sur le marché, lui assurant un profit (π) maximal, où π = p.Q – CT, avec p le prix unitaire, Q la
quantité vendue, CT le coût total. Le profit est lié aux coûts. Ils sont fondamentaux dans la compréhension des
comportements des entreprises. Les coûts peuvent être de différentes natures : les coûts de production (coûts liés aux
facteurs, économie d'échelle par exemple) ; les coûts d'organisation (comme certains coûts de transaction) ; les coûts
stratégiques.
Les entreprises cherchent ainsi à lutter contre ces coûts et ne sont pas que des machines passives, en particulier face aux
coûts stratégiques. De quelle manière une variation des coûts influence-t-elle le comportement des entreprises ?
I. les coûts de production
(1) à court terme : seuls les coûts du travail sont variables.
Les salaires sont des prix dont la variation peut faire varier le niveau de production. Q 0, Q1 et Q2 sont les isoquants, pour
la même quantité de K, L1 > L2 → lorsqu'on diminue la quantité de travail, suite à l'augmentation de son coût – i.e. du
salaire - , sur le graphique de L1 à L2, la production diminue également, puisqu'on
passe de Q1 à Q0, avec Q0 < Q1. Les salaires sont donnés à court terme, les
entreprises ajustent leur offre par les quantités en diminuant leur offre de travail, i.e.
en licenciant. Toutefois demeure un coût, le coût social, qui peut avoir une
répercussion négative sur l'image de l'entreprise. En outre, il existe des rigidités du
travail, au moins pour 2 raison : la législation du travail, notamment les lois
concernant les licenciements ; l'existence d'un salaire minimum. Ce sont autant
d'effets qui contribuent à faire passer les coûts du travail comme des coûts fixes à
court terme. L'ajustement direct par les quantités devient beaucoup plus difficile, ce
qui peut conduire ultimement à la faillite de l'entreprise. Par ailleurs, il convient
L2
L1
également de prendre en compte le coût d'opportunité de l'embauche, ce qui
conduit à la notion de coût prévisionnel des entreprises. Pour le dire autrement, le salaire n'est pas le seul prix du travail. Il
existe ainsi des variables d'ajustement mais également des rigidités.
(2) à long terme : tous les coûts sont variables.
À long terme, les coûts du travail ne connaissent plus de rigidités, tout comme les coûts liés aux capitaux (i.e. leur prix, la
rente), qui sont manipulables. Il est alors possible de changer d'échelle, ainsi le PT et les innovations diminuent les coûts
du capital. Le TMST (taux marginal de substitution technique) suppose que les différents facteurs sont substituables, ce
qui n'est pas toujours le cas, mais indique également que les rendements d'échelle sont croissants. Or ceux-ci peuvent
être décroissants, les firmes doivent alors les prendre en compte dans leurs stratégies : par la concentration afin de
changer les échelles de productions, ou par la création de nouvelles unités de production (comme PSA). En outre, les
coûts liés à la technologie entraînent l'irréversibilité des choix des entreprises. Cf Paul David "Path dependency".
→ arbitrage entre le court terme et le long terme pour les entreprises, qui dépend de la structure de l'entreprise. Est-il
possible d'investir pour changer les combinaisons ? Oui dans le cas des grandes entreprises, non pour la majorité des
PME : augmentation des coûts fixes → augmentation du coût total, diminution du profit à court terme, diminution de la
compétitivité à plus long terme.
II. les coûts d'organisation
(1)W. Coase : les coûts de transaction et d'organisation
Pourquoi existe-t-il des entreprises, et surtout de différentes tailles ? Cela tient à l'arbitrage des entrepreneurs entre les
coûts de transaction et d'organisation. Les 1 er sont liés aux coûts sur le marché : coûts liés aux contrats, à la recherche
d'information → la création de l'entreprise permet de tenter d'intégrer ces coûts pour les réduire. Toutefois, l'existence du
2nd type de coûts tient à la firme elle-même : coûts de coordination, de transmission de l'information. Face à ces coûts,
l'entreprise peut alors avoir différents comportements : la concentration, qu'elle soit verticale – pour réduire les coûts
avant et après le processus de production principal, horizontale – afin d'augmenter le pouvoir de marché de la firme, i.e.
de réduire la concurrence, ou par agglomération – afin de diversifier les activités et les risques ; ou au contraire
l'externalisation, lorsque les coûts d'organisation augmentent trop fortement, et qu'il est possible d'externaliser.
(2) Williamson : "le problème de l'incomplétude des contrats"
A partir de la théorie de l'agence (Jensen et Meckling), il montre qu'il existe des coûts supplémentaires car les contrats ne
sont pas parfaits : coûts d'information et de contrôle. → coûts d'opportunité à faire appel à une relation d'agence. Il existe
ainsi des coûts d'organisation du fait de l'incomplétude des contrats (cf Michel Crozier les "zones d'incertitude"). Les
entreprises sont ainsi incitées à orienter leur comportement vers un plus grand contrôle des pairs, par exemple avec la
multiplication des équipes.
III. Les coûts stratégiques
(1) Les marchés contestables (Baumol, Panzar et Willig)
Ce qui détermine le degré de concurrence et le comportement des entreprises sur un marché c’est moins leur nombre
que la possibilité, plus ou moins grande, pour des firmes extérieures au marché d’y pénétrer et de contester la position
acquise par les entreprises en place. Un marché est contestable si : la liberté d’entrée est totale ; la possibilité de sortie
après une tentative d’entrée ratée ne suppose pas des coûts excessifs autres que l’amortissement normal des moyens de
production engagés. Autrement dit, l'existence de coûts fixes et leur importance a une grande influence sur le
comportement des entreprises : plus ceux-ci sont élevés et plus l'entreprise aura du mal à les récupérer → faible
concurrence → situation de monopole → rente de situation → comment conserver ce monopole ? (Ex des industries de
réseau).
(2) l'entreprise en situation de monopole
Prix
Coûts
Cm
a = Em
p*
a
Ec
CM*
Q*
monopole.
Le monopoleur compare les coûts et leurs évolutions : supposons en
t1 que Rm=Cm, i.e. le profit du monopoleur est maximal. Supposons
qu'entre t1 et t2
le coût marginal varie : si Rm>Cm alors
CM
l'augmentation de la production augmente la recette plus que les
coûts ; Lorsque Rm<Cm, la diminution de la production diminue les
Recette moyenne coûts plus que la recette (justification graphique) (toutes choses
ou droite de
égales par ailleurs).
demande
Recette
marginale
Q
Par ailleurs, il existe des coûts liés à la défense des monopoles, par
exemple des coûts de marketing, afin de fidéliser la clientèle, des
coûts de lobbying, afin d'éviter des législations défavorables. Ces
nouveaux coûts peuvent conduire à diminuer le profit lié à la rente de
Les coûts liés au marketing sont très important de la cas de la concurrence monopolistique, telle qu'identifiée par
Chamberlin. Selon celui-ci, les entreprises sont en situation de concurrence, mais les produits ne sont pas homogènes, les
entreprises détiennent un monopole de fait sur leur marque, ce qui rend possible l'existence de coûts liés à la promotion
de la marque.
(3) le contrôle de la demande
Galbraith, Le nouvel Etat industriel, 1967 : la filière inversée, i.e. la demande est déterminée par l'offre, puisque celle-ci est
caractérisée par l'existence de monopole ou d'oligopole. Les entreprises diminuent ainsi les coûts liés aux variations de la
demande, tout comme elles diminuent les coûts liés à la concurrence.
Conclusion :
Les coûts semblent ainsi intrinsèques aux firmes, lesquelles consacrent beaucoup de temps et de moyens à leur
réduction, i.e. la lutte contre les coûts représente un certain coût. Toutefois, on peut supposer que ce dernier n'est présent
qu'à court terme, et les revenus supplémentaires liés à la diminution des coûts permettent de compenser les coûts de
réduction. La variation des coûts, lorsqu'il augmentent, conduisent globalement dans un premier temps à la diminution
des bénéfices de la firme, puis celle-ci cherche à les réduire, i.e. à se restructurer afin de les réduire, ou bien à changer sa
position sur un ou plusieurs marchés.
R. Coase, « The Nature of the Firm », Economica, 1937.
M. Jensen and W. Meckling, « Theory of the Firm : Managerial Behavior, Agency Cost, and Ownership
Structure », Journal of Financial Economics, 1976.
O. Williamson, Les institutions de l’économie, 1985.
W.J Baumol, J.C Panzar et D. Willig, Contestable Markets and Theory of Industry Structure, 1982
Edward Chamberlin The theory of monopolistic competition, 1933.
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