1 Introduction au langage mathématique 1.1 ”et”, ”ou”, ”implique” Exercice 1.1. Soient des propositions P, Q, R, S. Écrire la négation des assertions suivantes P ⇒ Q, P et non Q, P et (Q et R), P ou (Q et R), (P et Q) ⇒ (R ⇒ S). Exercice 1.2. Traduire la phrase : ”Il n’y a pas de fumée sans feu” à l’aide du signe ⇒. Exercice 1.3. Montrer que (1 = 2) ⇒ (3 = 4). Exercice 1.4. Considérons l’énoncé : ”On ne peut voter sans avoir la majorité.” a) Écrire cet énoncé à l’aide du signe ⇒. b) Les raisonnements suivants sont-ils corrects ? – Paul a voté, donc Paul a la majorité. – Pierre n’a pas voté, donc Pierre n’a pas la majorité. – Marie est majeure, donc Marie a voté. Exercice 1.5. Compléter les pointillés par le connecteur logique qui s’impose : ⇔, ⇐ ou ⇒ . 1. x ∈ R x2 = 4 . . . x = 2 ; 2. z ∈ C z = z . . . z ∈ R ; 3. x ∈ R x = π . . . e2ix = 1. Exercice 1.6. Soient A, B, C, D quatre propositions. Montrer l’équivalence suivante : (A ou B) et (C ou D) ⇐⇒ (A et C) ou (A et D) ou (B et C) ou (B et D). Comme application, résoudre le système : (x − 1)(y − 2) = 0 (x − 2)(y − 3) = 0 1.2 Quantificateurs Exercice 1.7. Nier la proposition : “tous les habitants de la rue du Havre qui ont les yeux bleus gagneront au loto et prendront leur retraite avant 50 ans”. Exercice 1.8. Nier les assertions suivantes : 1. tout triangle rectangle possède un angle droit ; 2. dans toutes les écuries, tous les chevaux sont noirs ; 3. pour tout entier x, il existe un entier y tel que, pour tout entier z, la relation z < x implique la relation z < x + 1 ; 1 4. ∀ > 0, ∃α > 0 tel que |x − 7/5| < α ⇒ |5x − 7| < . Exercice 1.9. Sur l’ensemble F des femmes, on considère la proposition P (x, y) : ”x est la fille de y”. Traduisez les phrases suivantes en termes de quantificateurs : 1. On peut trouver deux femmes dont l’une est la fille de l’autre. 2. Il y a une femme qui est la fille de toutes les autres. 3. Toute femme a au moins une fille. 4. On peut trouver une femme mère de toutes les autres. 5. Toute femme a une mère. 6. Toute femme est fille de toute femme. Pour chacune des expresssions obtenues, traduire ce qui se passe quand on remplace P (x, y) par sa négation. Exercice 1.10. Soit f : R → R une fonction donnée. considérons la propriété suivante : ”pour x supérieur ou égal à 2, f (x) est positif ou nul”. a) Écrire cette propriété avec des signes logiques de deux manières différentes, en utilisant le signe ⇒ et sans l’utiliser. b) Comparer leur négation. 2 Exemples de raisonnement Exercice 2.1. par l’absurde a) Soient p1 , p2 , . . . , pr des nombres premiers. Montrer que l’entier N = p1 p2 . . . pr + 1 n’est divisible par aucun des entiers pi . b) Utiliser la question précédente pour montrer par l’absurde qu’il existe une infinité de nombres premiers. Exercice 2.2. par l’absurde Soit X un ensemble et f une application de X dans l’ensemble P(X) des parties de X. On note A l’ensemble des x ∈ X vérifiant x ∈ / f (x). Démontrer par l’absurde qu’il n’existe aucun x ∈ X tel que A = f (x). (Indication : s’il existe un tel x, distinguer le cas où x ∈ A et le cas où x 6∈ A.) Exercice 2.3. par récurrence Comparer 3n et n!. Exercice 2.4. récurrence forte Démontrer par récurrence que tout nombre entier n ≥ 2 est un produit de nombres premiers. Exercice 2.5. Montrer par récurrence que pour tout n ≥ 1 on a 1 1 1 1 + 2 + 2 + ··· + 2 < 2 12 2 3 n (Indication : plutôt que de démontrer que c’est < 2, démontrez que c’est < 2 − 1/n). 2 Exercice 2.6. Soit (un )n∈N la suite définie par u0 = 2, u1 = 3 et ∀n > 2, un = 3un−1 − 2un−2 . Pour tout n ∈ N, on appelle P (n) la propriété ”un = 2n ” et Q(n) la propriété ”un = 2n + 1”. 1. Montrez que les propriétés P (n) et Q(n) sont héréditaires. 2. Montrez que P (n) est toujours fausse et que Q(n) est toujours vraie. 3 Application en analyse Exercice 3.1. Soient les quatre assertions suivantes : ∃x ∈ R tel que ∀y ∈ R, x + y > 0; ∀x ∈ R, ∀y ∈ R, ∀x ∈ R, ∃y ∈ R tel que x + y > 0; ∃x ∈ R tel que ∀y ∈ R, x + y > 0; y 2 > x. a) Ces assertions sont-elles vraies ou fausses ? b) Donner leur négation. Exercice 3.2. Soit f une application de R dans R. Nier, de la manière la plus précise possible, les énoncés qui suivent : 1. Pour tout x ∈ R f (x) ≤ 1. 2. L’application f est croissante. 3. L’application f est croissante et positive. 4. Il existe x ∈ R+ tel que f (x) ≤ 0. Exercice 3.3. Soient (un ) une suite de nombres réels. Traduire avec des quantificateurs les expressions suivantes : (un ) est bornée, (un ) est majorée, (un ) ne s’annule jamais, (un ) est croissante à partir d’un certain rang, (un ) n’est pas la suite nulle. Exercice 3.4. a) Soit a un nombre réel tel que ∀ > 0, |a| 6 . Montrer que a = 0. b) Soit a et b des nombres réels tels que ∀ > 0, a 6 b + . Montrer que a 6 b. Exercice 3.5. Parmi les assertions suivantes, déterminer celles qui sont vraies : ∀ x ∈ R, x 6 x2 ; ∀ (x, y) ∈ R2 , x2 6 y 2 ⇒ x 6 y; ∀ x ∈ R, ∃ y ∈ R tel que y = x2 ; ∀ n ∈ N, ∃ m ∈ N tel que n < m; ∀ x ∈ R, ∃ y ∈ R tel que y 2 = x; ∃ n ∈ N tel que ∀ m ∈ N, n < m; ∀(a, b, x, y) ∈ R4 , (a 6 b et x 6 y) ⇒ ax 6 by ∀(a, b, x, y) ∈ R4 , (a 6 b et x 6 y) ⇒ a − x 6 b − y ∀(a, b) ∈ R∗ × R∗ , a 6 b ⇒ b−1 6 a−1 Exercice 3.6. Montrer que ∀ > 0, ∃N ∈ N tel que ∀n ∈ N, n≥N ⇒2−< 3 2n+1 n+2 < 2 + . 4 Ensembles Exercice 4.1. Parties d’ensembles. Soit E un ensemble contenant au moins deux éléments. Si A est une partie de E, on note Q(A) l’ensemble des parties de E incluses dans A. Montrer que l’énoncé suivant est faux : ∀A ∈ P(E), ∀B ∈ P(E), Q(A) ∪ Q(B) = Q(A ∪ B). Exercice 4.2. Produits d’ensembles. Montrer que l’ensemble {(x, y) ∈ R2 / x2 + y 2 6 1} ne peut pas s’écrire sous la forme A × B, où A et B sont des parties de R. Exercice 4.3. Fonctions caractéristiques. Soit E un ensemble. Si A est une partie de E, la fonction caractéristique de A est la fonction a : E → {0, 1} définie par a(x) = 1 si x ∈ A et a(x) = 0 sinon. a) Que valent les fonctions caractéristiques de E et de ∅ ? b) Montrer que pour toute fonction a : E → {0, 1} il existe une unique partie A de E dont a soit la fonction caractéristique. c) Soit A et B deux parties de E, dont on note a et b les fonctions caractéristiques. d) Quelles sont les parties de E dont les fonctions caractéristiques sont 1 − a, ab et a + b − ab ? e) Exprimer la propriété ”A ⊂ B” en fonction de a et b. La différence symétrique de A et B est la partie A∆B = (A ∩ B c ) ∪ (Ac ∩ B). f) Montrer que la fonction caractéristique de A∆B est (a − b)2 . g) Montrer que (A ∩ B)c = Ac ∪ B c et (A ∪ B)c = Ac ∩ B c en calculant les fonctions caractéristiques de chacun des membres de ces équations. Exercice 4.4. Soit E un ensemble non vide. Soient A, B et C des parties de E. On note A − B = A ∩ B c la différence de A et B. Démontrer que A ∩ B = A ⇔ A ⊂ B; A ∪ B = B ⇔ A ⊂ B; (A ∪ C ⊂ A ∪ B et A ∩ C ⊂ A ∩ B) ⇔ C ⊂ B; A ∩ B = A ∪ B ⇔ A = B; (A ∩ B) ∪ (B ∩ C) ∪ (C ∩ A) = (A ∪ B) ∩ (B ∪ C) ∩ (C ∪ A); A ∩ (B − A) = A ∪ B; (A − B) ∩ (A ∩ B) ∩ (B − A) = A ∪ B; (A − B) − C = A − (B ∪ C); (A − B) ∩ (C − D) = (A ∩ C) − (B ∪ D). 4 5 Applications Exercice 5.1. Soient E et F deux ensembles finis. On note m et n leurs cardinaux respectifs. a ) Quand existe-t-il une injection f : E → F ? b) Quand existe-t-il une surjection g : E → F ? c) Quand existe-t-il une bijection h : E → F ? Exercice 5.2. Soit E un ensemble et P(E) l’ensemble des parties de E. En vous inspirant de l’exercice 2.2, démontrez par l’absurde qu’il n’existe pas de bijection f : E → P(E). Exercice 5.3. Soient f , g et h trois applications de N dans N définies par ( ( x si x est pair x/2 si x est pair f (x) = 2x, g(x) = , h(x) = 0 si x est impair (x + 1)/2 si x est impair a) Etudier l’injectivité et la surjectivité de ces applications. b) Déterminer h ◦ f et f ◦ h. Exercice 5.4. Soit f : Z × N∗ → Q définie par f (p, q) = p + 1q . Montrer que f est injective, mais qu’elle n’est pas surjective. Exercice 5.5. Exhiber une bijection de Z dans N et expliciter sa bijection réciproque. Exercice 5.6. Soit une application f : X → Y . a) Montrer qu’il existe une application g : Y → X telle que g ◦ f = idX si et seulement si f est injective. A quelle condition sur f l’application g est-elle unique ? b) Montrer qu’il existe une application g : Y → X telle que f ◦ g = idY si et seulement si f est surjective. A quelle condition sur f l’application g est-elle unique ? Exercice 5.7. Soient deux applications i : E → F et s : F → G. Démontrer que : a) s ◦ i est injective ⇒ i est injective. b) s ◦ i est surjective ⇒ s est surjective. c) Etudier les implications réciproques. Exercice 5.8. Soit une application f : E → F . Démontrer que : a) f est injective ssi ∀A ⊂ E, f −1 (f (A)) = A. b) f est surjective ssi ∀B ⊂ F , f (f −1 (B)) = B. c) f est injective ssi ∀A ⊂ E, ∀B ⊂ E, f (A ∩ B) = f (A) ∩ f (B). 5 . 6 Réels et rationnels Exercice 6.1. Dans cet exercice nous allons montrer qu’il existe √ deux nombres irrationnels a et b tels que ab soit rationnel. On rappelle que 2 est irrationnel. √ √2 a ) Le montrer en supposant que √2 est rationnel. √ 2 b) Le montrer en supposant que 2 n’est pas rationnel (on pourra calculer √ √2 √2 ( 2 ) ). √ √2 c) Conclure. Savez-vous si 2 est rationnel ou non ? Exercice 6.2. a) Démontrer que si r ∈ Q et x 6∈ Q alors r + x 6∈ Q. Si de plus r 6= 0, montrer que r.x 6∈ Q. b) En déduire qu’entre 2 nombres √ rationnels il y a toujours un nombre irrationnel. (On pourra partir de 1 < 2 < 2 et montrer dans un premier temps qu’entre deux entiers il y a toujours un nombre irrationnel). Exercice 6.3. Soit x un réel. Montrer que la suite E(nx) n un = converge et calculer sa limite . (E désigne la partie entière et on rappelle que pour tout y ∈ R, E(y) 6 y < E(y) + 1). Exercice 6.4. a) Mettre sous la forme pq les rationnels x dont les dévelopements décimaux périodiques sont donnés par : 0, 200520052005... et 0, 999999... b) Rappeler pourquoi un nombre rationnel admet un développement décimal périodique à partir d’un certain rang. Exercice 6.5. √ a) Existe-t-il un√nombre rationnel juste avant 2, i.e. un nombre rationnel qui √ soit inférieur à 2 et plus grand que tous les nombres rationnels inférieurs à 2 ? b) Une suite de nombres rationnels a-t-elle pour limite un nombre rationnel ? c) Une suite de nombres irrationnels a-t-elle pour limite un nombre irrationnel ? 7 Réels et notion d’ordre Exercice 7.1. Calculer inf A et sup A, ainsi que le plus grand élément et le plus petit élément de A (c’est-à-dire max(A) et min(A)), s’ils existent, dans les cas suivants : 6 A = [−1, 1[, A = Q− , A = {1/n, n ∈ N∗ }, A = {x ∈ Q : x2 < 2} Exercice 7.2. Déterminer (s’ils existent) : les majorants, les minorants, la borne supérieure, la borne inférieure, le plus grand élément, le plus petit élément des ensembles suivants : n o 1 [0, 1] ∩ Q , ]0, 1[∩Q , N , (−1)n + , n ∈ N∗ . n Exercice 7.3. Soit A et B deux parties bornées de R. Vrai ou faux ? 1. A ⊂ B ⇒ sup A ≤ sup B, 2. B ⊂ A ⇒ inf A ≤ inf B, 3. sup A ∪ B = max(sup A, sup B), 4. sup(A + B) < sup A + sup B, 5. sup(−A) = − inf A, 6. sup A + inf B ≤ sup(A + B). Exercice 7.4. Soient A et B deux parties non vides de R telles que pour tout x de A et tout y de B on ait x < y. Démontrer que sup A et inf B existent et que sup A ≤ inf B. Exercice 7.5. Soit A une partie non-vide de R tel que ∀x ∈ A, [x − 1, x + 2] ⊂ A. Montrer que A = R. 7