6|7 THEMA Les personnes âgées plus souvent victimes de soucis dentaires Le processus carieux est d’autant plus vir ulent si la quantité de salive diminue Une personne âgée sur deux connaît, à divers titres, des problèmes bucco-dentaires. Il est donc important de sensibiliser les personnes âgées et les professionnels de santé sur ce problème trop peu médiatisé, et sur les conséquences des maladies bucco-dentaires: douleurs, mauvaise haleine, blessures des muqueuses, perte d’autonomie, pathologies cardiaques et articulaires, perte du goût, baisse de l’estime de soi, repli social... La prévention dentaire se complique encore pour les personnes âgées malades ou n’étant plus en mesure d’avoir une bonne hygiène dentaire. Pour ces personnes, un suivi approprié de la part du médecin-dentiste est indispensable. Avec l’âge, de nombreux patients se rendent plus rarement chez le médecin-dentiste. Une bonne prévention vaut pourtant la peine à tout âge: certaines maladies buccales touchent davantage les personnes âgées que les jeunes. Moins de salive, donc moins de protection. Chez les personnes âgées, les caries attaquent plutôt les collets dentaires dénudés; la gencive se rétracte et les restes de nourriture s’accumulent au niveau des collets. Dans une récente publication, la SSO rappelle que le processus carieux est d’autant plus virulent si la quantité de salive diminue; ce phénomène physiologique normal s’accentue encore avec la prise de médicaments. La salive n’assure plus son rôle protecteur pour les dents et pour les muqueuses également: celles-ci deviennent sujettes aux inflammations, ce qui intensifie les douleurs à la mastication et à la déglutition. En outre, il faut savoir que la lubrification des prothèses se fait par la salive. En cas de sécheresse buccale, le port d’une prothèse devient pénible. Malheureusement, aucun traitement n’est encore disponible. Divers substituts salivaires et moyens d’humidification peuvent néanmoins atténuer les symptômes. Un apport quotidien en liquides en quantité suffisante peut aussi stimuler la sécrétion de salive. Avec l’âge, un parodonte en mauvais état est un facteur important de la perte des dents. La cause réside principalement dans des soins dentaires insuffisants. Il ne s’agit pas d’une négligence: le maniement de la brosse à dents est souvent devenu difficile. Les brosses à dents à gros manche ou à manche ergonomique facilitent l’entretien et l’hygiène dentaire. Des visites régulières chez le médecin-dentiste aident à conserver des gencives saines. Dans les EMS, le personnel se charge souvent de l’hygiène dentaire des personnes âgées. Mais pour les soignants, c’est un travail fastidieux: ils ne sont pas tous bien formés à cette tâche, ont peu de temps. Et souvent, les pensionnaires refusent qu’on leur prodigue les soins d’hygiène bucco-dentaire. Quand un patient a besoin de nombreux soins, le médecin-dentiste se pose la question de savoir s’il ne vaudrait pas mieux extraire la dent plutôt que de procéder à une reconstruction longue et coûteuse. Les expériences de la Société suisse des médecins-dentistes, la SSO, montrent que chez les patients âgés, si l’on tient compte de leur état de santé et de leur état psychologique, il convient parfois de s’écarter des concepts de traitements purement académiques. Selon les circonstances, une personne malade aura une meilleure qualité de vie avec une simple prothèse amovible qu’avec une réhabilitation prothétique fixe de haute qualité, mais difficile à entretenir. Au dentiste donc de veiller à toujours proposer un traitement adapté au patient. jft « Il ne s’agit pas de négligence. » 8|9 THEMA Prothèse: le bon geste La prothèse dentaire du bas ne doit jamais être tenue dans le creux de la main. Lorsque vous voulez la nettoyer, il est préférable de ne tenir qu’une partie, soit le rebord gauche ou droit. Certaines personnes ont plus de difficultés que d’autres à conserver leur prothèse propre : celles qui fument, qui boivent du café, du thé ou du vin, ou même celles qui ont une salive très acide. Certains médicaments peuvent aussi avoir un effet sur la propreté des prothèses. Après chaque repas, utilisez une brosse à dents pourvue de soies molles, et lavez à l’eau et au savon. Vous pouvez aussi utiliser une pâte en gel. Pour en connaître davantage sur l’entretien de votre prothèse dentaire, n’hésitez pas à consulter votre dentiste. δ Les problèmes de ntaires occultés par les problèmes médicaux Seule une minorité de perso nnes âges souffre vraiment de ses dents. Mais les cas peuvent être graves Chez les personnes âgées, il serait tentant de croire que la santé bucco-dentaire soit plutôt mauvaise et le nombre de dents fonctionnelles peu élevé. Le problème bucco-dentaire le plus important étant la carie des surfaces radiculaires due à une mauvaise hygiène buccale. En 2002, une vaste étude épidémiologique a été publiée dans la Revue médicale suisse. Ses conclusions allaient bien dans ce sens. Mais en partie seulement. En fait, la réalité est plus nuancés [lire en page 11]. Car, sur la base de critères fonctionnels, une évaluation de la santé bucco-dentaire et des besoins de soins a permis de distinguer trois sous-groupes de personnes âgées. Du fait de l’augmentation de l’espérance de vie et des progrès de la médecine, la majorité d’entre elles est indépendante: elle peut recevoir des soins préventifs et curatifs semblables à ceux administrés aux adultes plus jeunes. Bien que des facteurs socio-économiques puiossent limiter l’accès aux soins dentaires puisque, actuellement, ceux-ci ne sont pas pris en charge par les assurances sociales dans notre pays. Cette catégorie représente 70% de la population âgée. Le deuxième groupe comprend les personnes âgées frêles qui ont perdu une partie de leur indépendance, mais sont encore capables de vivre chez elles grâce aux soins à domicile. Ce groupe constitue environ 20% de la population des personnes âgées. Les facteurs qui limitent des soins bucco-dentaires sont d’ordre économique et social (absence d’une infrastructure de support adaptée). Et le troisième groupe est formé des personnes âgées dépendantes vivant dans des établissements médicalisés (5%) ou chez elles, mais dans l’impossibilité de se déplacer (5%). Les facteurs qui limitent les soins bucco-dentaires appropriés sont une santé générale compromise, une faible demande de soins, un manque de service d’aide à domicile et une situation socio-économique défavorable. On s’en doute, c’est bien dans ces deux dernières catégories que le bâts blesse. Pour les personnes âgées frêles ou dépendantes, l’état de santé bucco-dentaire est influencé par leur santé générale, les médicaments et la situation psycho-sociale. Ainsi, les patients dépendants ne sont-ils pas capables de se brosser les dents eux-mêmes ou de se rendre dans un cabinet dentaire pour y être soignés. Les soins dentaires à domicile sont quasi inexistants et les examens bucco-dentaires systématiques dans les établissements médicalisés sont encore insuffisants. Pourquoi cette négligence? Souvent, les problèmes bucco-dentaires sont occultés par les problèmes médicaux qui sont perçus comme plus urgents et plus évidents par le personnel soignant, voire par les patients eux-mêmes et leur famille. En outre, la cavité buccale est ressentie comme une sphère intime du corps humain. Ainsi, le personnel se montre-t-il plus réservé. D’autre part, on sait aujourd’hui que les infections bucco-dentaires peuvent être liées aux infections cardiaques ou rénales. Plusieurs études suggèrent aussi une relation entre des pneumonies et les bactéries anaérobies provenant de la sphère oro-pharyngée. A titre d’exemple, il a été démontré que la prévalence de pneumonies est plus élevée chez les personnes résidant en homes et présentant un manque d’hygiène buccale. Par ailleurs, des cultures broncho-alvéolaires chez des patients [suite en page 11] 10 | 11 CHX avec l’ Anti Discoloration-System ADS® Deuxième partie: Basso «L’indice de plaque et gingival montre une tendance similaire, tous deux avec un bain de bouche classique à la chlorhexidine et avec un bain de bouche à la chlorhexidine + ADS®.» Etude clinique croisée, randomisée, en double-aveugle, contrôlée effectuée en Italie par Basso (2008).1 THEMA «La prévention porte ses fruits» [suite de la page 9] hospitalisés pour une pneumonie ont révélé une flore anaérobie souvent observée dans la cavité buccale chez des patients atteints de parodontite. En cause? La mauvaise hygiène buccale a permis une colonisation buccale des bactéries pneumo-pathogènes qui, par aspiration, ont pu atteindre les poumons, profitant de la susceptibilité accrue aux infections des voies respiratoires basses de la personne âgée. Il est un autre facteur important susceptible de favoriser l’apparition des caries chez les personnes âgées: c’est la diminution du flux salivaire. L’âge en soi semble Quand vous lisez ADS®, c’est la CHX qui agit. CURASEPT ADS® – le numéro 1 chez plus d’un millier de dentistes suisses: l’efficacité totale de la CHX, quasiment sans effet secondaire, compliance maximale. BASSO ET AL. A modified mouthwash, to reduce the discoloration caused by Chlorhexidine. Dental Cadmos, set 76 (7), 2008. 1 CURADEN International AG 6011 Kriens www.curaprox.com « Les résidents des homes sont plus touchés. » diminuer légèrement la production de salive, mais la cause la plus fréquente d’une bouche sèche est la déshydratation ou la prise de médicaments. Plusieurs facteurs expliquent cette déshydratation: réduction de la perception de soif, affaiblissement de l’état général,diabète,vomissements... Quant aux médicaments qui ont un effet négatif sur la sécrétion salivaire, ce sont les psychotropes, les antihypertensifs, les diurétiques, les anticholinergiques et les antihistaminiques. Enfin, n’oublions pas que les personnes âgées souffrant de maladies psychiatriques sont particulièrement exposées. Leur hygiène bucco-dentaire est parfois très négligée. jft Etude complète en lien sur www.dental-suisse.ch En dix ans, quelle évolution constater auprès des personnes âgées? Le docteur Antoine Roulin, médecin-dentiste fribourgeois régulièrement appelé à intervenir en milieu hospitalier par des institutions, remarque que «la situation a un peu changé. Les séniors sont plus autonomes et ont une meilleure capacité financière en général». Par contre, les personnes âgées prises en charge par le biais d’institutions souffrent de réels problèmes. «Il faut dire, précise Antoine Roulin, que pour elles, leur santé bucco-dentaire n’est pas la priorité. De plus, on est en présence d’une génération qui a souffert de problèmes dentaires jeune déjà. Beaucoup portent des prothèses.» Certes, certains médecins-dentistes se déplacent en institution. Dans le canton de Fribourg, chaque home, à l’initiative de la SSO, dispose d’un praticien référent. Dans les cantons de Vaud et de Genève, un bus visite cliniques ou instituts sur demande. Genève s’est même adjoint le concours d’un spécialiste des soins aux ainés, ce qui peut aider dans la mise sur pied efficace d’une structure de suivi. «Mais, ajoute Antoine Roulin, dans les faits, le fonctionnement est plus difficile... Il y a souvent une certaine réticence de la part des personnes résidentes en EMS ou en instituts. Elles estiment qu’à leur âge, ça ne vaut plus la peine...» Le risque, cependant, c’est qu’en négligeant les soins dentaires, on favorise des pathologies corollaires ou induites. Une idée se- rait, glisse le praticien, d’engager des hygiénistes dentaires ou des assistantes en prophylaxie, qui pourraient dépister les problèmes les plus fréquents: abcès, dentitions décalées, fractures de dents, mycoses buccales dues aux prothèses complètes... Des problèmes qui peuvent aller jusqu’à une extraction totale, en cas de certains cancers par exemple, et qui créent un choc émotionnel de plus. Christopher Zahno, maître techniciendentiste à Villars-sur-Glâne, complète en soulignant qu’au niveau de l’hygiène buccale en général, «on sent que les efforts de prévention commencent à porter leurs fruits parmi les séniors. Les moins âgés d’entre eux portent moins de prothèses, et ont davantage bénéficié de traitements conservateurs. Cette évolution sera encore plus marquée dans 10 ou 15 ans». Problème d’argent? «Non, répond Christopher Zahno; les praticiens se montrent arrangeants s’il le faut.» Les caisses de compensations sont au front. Elles essaient toujours, via leurs médecinsconseils, d’apporter un soutien selon ces trois critères: traitement adéquat, économique, simple. Les services sociaux interviennent aussi. «Ils mettent tous leurs efforts à proposer des solutions, qui ne sont pas toujours évidentes à trouver», assure Antoine Roulin. Des associations très actives dans le social, comme Pro Senectute, allouent parfois une aide ponctuelle et tentent surtout l’impossible quand plus rien n’est possible. jft 12 | 13 THEMA Le suivi bucco-denta ire des personnes diabétiques La prévention des affections de la bouche aurait un effet bénéfique sur l’équilibre glycémique En Suisse, une personne sur 20 est atteinte du diabète de type 2. Et un diabétique sur deux ignore qu‘il est malade. Or, les personnes diabétiques doivent porter une attention particulière à leur hygiène buccale, car ils sont plus sujets à certaines affectations. Le diabète survient lorsque le pancréas ne parvient plus à produire suffisamment d‘insuline pour participer à l‘assimilation des sucres. Indépendamment d‘une prédisposition génétique à cette maladie, la manière de s‘alimenter joue un rôle important, par exemple par les excès de sucres et de graisses. Les jeunes ne sont pas à l‘abri de ce type de diabète, bien au contraire. L‘obésité et le manque d‘exercice physique, souvent liés, favorisent l‘augmentation des risques d‘apparition du diabète. Le diabète est une maladie chronique qui se caractérise par un trouble d’assimilation des glucides, avec une présence de sucre dans le sang et dans les urines. Parmi les complications liées au diabète et qui ont des conséquences néfastes sur la santé, on compte la maladie parodontale. Or, selon certaines études, la prévention des affections dentaires aurait un effet bénéfique sur l’équilibre glycémique et permettrait donc d’améliorer l’état de santé et la qualité de vie des personnes atteintes de diabète. Le diabète touche environ 4,5% de personnes et 7,6% des 35 ans et plus étudiés lors de l´enquête. Sa prévalence augmente fortement avec l’âge (de 1,6% pour les 35-49 ans à 15,5% pour les 70 ans et plus) et les hommes sont plus concernés que les femmes. Les personnes diabétiques sont en outre plus défavorisées que le reste de la population. Les résultats de l´enquête montrent aussi que les personnes diabétiques ne recourent pas plus que les non-diabétiques au dentiste, voire moins. Or, les personnes diabétiques doivent porter une attention particulière à leur hygiène buccale car ils sont plus sujets à certaines affectations. Les complications orales principales Appareil masticateur, nutrition et qualité de vie La collaboration entre médecin et médecin dentiste responsables de personnes âgées est essentielle aussi bien en milieu hospitalier qu'en cabinet privé. La présence de plusieurs pathologies chroniques nécessite une approche pluridisciplinaire et innovatrice. La plupart de ces pathologies font partie d'une réalité clinique de routine des deux domaines, mais leur lien direct avec l'alimentation et l'état nutritionnel engendre des problématiques en cascade et en cercle vicieux. Deux exemples, dont la récurrence est relativement élevée dans la pratique gériatrique, sont révélateurs de la difficulté du médecin dentiste à faire face efficacement à des problèmes simples mais importants pour la qualité de vie. δ « 4,5% de personnes atteintes. » du diabète sont l’infection et la bouche sèche. Ensemble ils peuvent mener à la carie dentaire, aux maladies de gencives et à un retard de guérison suite à une chirurgie. tion qui est douloureuse, et même frustrante, quelquefois décrite comme la sensation de mettre du liquide très brûlant dans la bouche. Lorsque ces problèmes sont diagnostiqués hâtivement, on peut aider la régression de ces symptômes. Mais si on attend trop longtemps, les changements de la maladie peuvent être irréversibles. Les personnes diabétiques sont plus susceptibles aux maladies parodontales, probablement parce qu’elles ont plus de risques de développer des infections, et prennent plus de temps à guérir. Les personnes qui ne contrôlent pas bien leur diabète risquent encore plus d’être atteints de ces maladies, et il devient plus difficile d’en contrôler les dommages. Des recherches ont démontré que la relation entre le diabète et les maladies de gencives va dans les deux sens. Le diabète augmente les risques de contracter les maladies parodontales. Mais celles-ci rendent plus difficile le contrôle du taux de sucre dans le sang chez les personnes diabétiques. L’état de sècheresse dans la bouche est causé par un manque de salive, ou un manque de production de salive par les glandes salivaires. Chez les personnes diabétiques, l’augmentation de sucre dans la salive mène à une diminution de la quantité de celle-ci dans la bouche. Avoir la bouche sèche peut conduire à des complications comme la carie dentaire, parce que la salive contribue au nettoyage naturel des dents. De plus, un manque d’humidité mène à la formation d’ulcères, des infections fongiques et une difficulté de porter des prothèses amovibles. Une autre conséquence de la bouche sèche est la sensation de brûlure dans la bouche ou sur la langue. C’est une condi- C’est alors très important de vérifier l’état de ses gencives de façon régulière, et de traiter les maladies parodontales si l’on est diabétique. Les dentistes et les parodontistes conseillent aussi un nettoyage dentaire tous les trois mois plutôt que tous les six mois, pour éliminer la plaque et le tartre qui nuisent à la santé des gencives. δ