Chambre implantable versus cathéter central inséré par voie périphérique pour l’administration d’une chimiothérapie adjuvante dans le cancer du sein : étude rétrospective de 448 patientes et lancement d’une étude prospective Mémoire de DES d’Oncologie option Radiothérapie Laureline LEFEBVRE sous la direction du Dr Florian Clatot Soutenu le 5 Juin 2015 1 ETUDE RETROSPECTIVE I. Introduction ....................................................................................................................... 3 1) Epidémiologie et place de la chimiothérapie adjuvante pour la prise en charge du cancer du sein localisé ............................................................................. 3 2) Intérêt des Cathéter à Chambre Implantable (CCI) et des Cathéter insérés par voir périphérique (PICC) pour l’administration de chimiothérapie ................................................................................................................. 4 a) Avantages et inconvénients du CCI .................................................................... 4 b) Avantages et inconvénients du PICC ................................................................. 5 3) Etats actuels des connaissances sur les CCI et les PICC dans l’administration de chimiothérapie chez des patients atteints de cancers non hématologiques ....................................................................................................... 5 II. Patients et méthodes .................................................................................................... 7 1) Méthode ............................................................................................................................. 7 2) Objectif principal ........................................................................................................ 8 3) Objectif secondaire .................................................................................................... 8 4) Description des dispositifs ...................................................................................... 9 a) Description des CCI et des procédures de pose et de retrait ..................... 9 b) Description des PICC et des procédures de pose et de retrait .................. 9 5) Traitements prophylactiques ................................................................................ 10 6) Analyse statistique ................................................................................................... 10 III. Résultats ....................................................................................................................... 10 1) Description de la population incluse ................................................................. 10 2) Objectif principal ...................................................................................................... 12 3) Objectif secondaire .................................................................................................. 13 IV. Discussion .................................................................................................................... 16 1) Interprétation des résultats .................................................................................. 16 2) Limites de cette étude ............................................................................................. 16 3) Comparaison aux données de la littérature .................................................... 17 V. Conclusion ..................................................................................................................... 22 ETUDE PROSPECTIVE EPIC I. Protocole ............................................................................................... 23 II. Autorisations administratives et financements ..................................... 23 III. Etat d’avancement .............................................................................. 23 IV. Références .......................................................................................... 24 ANNEXES 2 ETUDE RETROSPECTIVE I. Introduction 1) Epidémiologie et place de la chimiothérapie adjuvante pour la prise en charge du cancer du sein localisé : En Europe, le cancer du sein est le plus fréquent avec une incidence en 2012 de 464 000 cas, devant le cancer colorectal (447 000 cas) et le cancer de la prostate (417 000 cas). Il est la troisième cause de décès par cancer (131 000 décès) après le cancer du poumon (353 000 décès) et le cancer colorectal (215 000 décès) (1). En France métropolitaine, le nombre de nouveaux cas estimés en 2012 était de 48 763 avec un âge moyen au diagnostic de 63 ans. Après avoir augmenté de manière constante entre 2000 et 2005, des données publiées en 2008 suggèrent une diminution de l’incidence du cancer du sein depuis 2005, possiblement en raison de la diminution de la prescription de traitements hormonaux de la ménopause (2). Malgré tout, il reste le cancer le plus fréquent en France après le cancer de la prostate (53 465 cas) et le cancer le plus fréquent chez la femme. Le nombre de décès par cancer du sein en 2012 était estimé à 11 886. La survie des patientes diagnostiquées entre 1989 et 2004 est de 97% à 1 an, 86% à 5 ans et 76% à 10 ans (donnés Institut National du Cancer). Au-delà de ces données générales, il existe en fait une grande variété de situations cliniques et biologiques rencontrées. En France 60% des cancers du sein sont diagnostiqués au stade localisé, 33% à un stade localement avancé et seulement 7% sont diagnostiqués au stade métastatique (données Institut National du Cancer). Les stades localisés sont accessibles à un traitement à visée curative. En fonction du stade TNM initial et du souhait de la patiente le traitement débute par une chirurgie première ou par un traitement systémique néoadjuvant (hormonothérapie, chimiothérapie) quand une chirurgie première ne permettrait pas un traitement conservateur. Après la chirurgie, le traitement adjuvant est discuté en Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) en tenant compte des caractéristiques tumorales, ganglionnaires, de l’état général de la patiente et de son souhait. Plusieurs modalités thérapeutiques peuvent être combinées : chimiothérapie, radiothérapie, Trastuzumab en cas de surexpression d’Her2 et hormonothérapie en cas de présence de récepteurs hormonaux au niveau de la tumeur. La chimiothérapie adjuvante a pour but de de diminuer le risque d’évolution métastatique de 25% environ (3)(4). Les facteurs de risque de rechute orientant vers la réalisation d’une chimiothérapie adjuvante sont la surexpression de l’oncogène Her2 et/ou l’absence d’expression des récepteurs hormonaux, une taille tumorale élevée, un grade SBR élevé, un envahissement ganglionnaire ou un Ki67/UPA ou PAI1 élevés en cas de 3 grade intermédiaire. Les tests génomiques tels que l’Oncotype DX® ou le Mammaprint® peuvent orienter la décision mais ne sont pas recommandés en pratique courante en France pour le moment. La chimiothérapie adjuvante repose sur une polychimiothérapie comportant le plus souvent une association entre une anthracycline et un taxane selon un schéma séquentiel ou concomitant. Cependant, l’administration de ces molécules expose à des toxicités rendant indispensable l’utilisation de voies veineuses centrales. 2) Intérêt des Cathéter à Chambre Implantable (CCI) et des Cathéter insérés par voir périphérique (PICC) pour l’administration de chimiothérapie : Les produits de chimiothérapie peuvent être vésicants (anthracyclines, taxanes) ou irritants (fluoro-uracil). Leur emploi sur les veines périphériques expose à un risque élevé de lésions veineuses voire d’extravasation (fuite de produit en dehors du lit vasculaire). C’est pourquoi l’administration d’une chimiothérapie postopératoire ne peut s’envisager qu’après la pose d’un dispositif intraveineux (DIV) positionné dans une veine centrale (5)(6). De plus, ces dispositifs mis en place au début du traitement permettent d’éviter les ponctions veineuses à répétition durant les chimiothérapies et améliorent ainsi le confort du patient (7). Plusieurs types de cathéters peuvent être utilisés, le CCI étant actuellement le plus répandu. a) Avantages et inconvénients du CCI : Les premières utilisations de CCI dans l’administration de chimiothérapie remontent aux années 80 (8). Il s’agit d’un boîtier inséré sous la peau en dessous de la clavicule, ou plus rarement au niveau du bras, en général sous anesthésie locale. Ce boitier est constitué d’un cadre en plastique et d’une membrane en silicone dans laquelle l’aiguille de perfusion est mise en place. Cette pose a lieu au bloc opératoire et est réalisée par un chirurgien ou un anesthésiste. Ce boîtier est connecté à un cathéter qui est positionné dans une veine (sous-clavière ou jugulaire interne), et dont l’extrémité se situe à la limite entre la veine cave supérieure et l’oreillette droite. Ce cathéter est constitué de silicone ou de polyuréthane. Le CCI présente l’avantage d’être entièrement sous la peau, ce qui est discret sur le plan esthétique et autorise la prise de douche ou de bain. Aucun soin particulier n’est à réaliser lorsque le CCI n’est pas utilisé. Des mesures très strictes d’asepsie sont en revanche à respecter lors des perfusions sur le boîtier (risque de contamination par la flore cutanée lors du passage de l’aiguille). De plus, la mise en place de l’aiguille dans le boitier peut-être douloureuse et nécessite une antalgie locale souvent réalisée grâce à de l’Emla® (patch ou crème). La pose de CCI et son utilisation exposent à des risques hémorragiques ou d’hématome (4,5%), de pneumothorax (2 à 3,4%), d’infections locales (0,5 à 4%) et à distance (0,8 à 6%), de thrombose (1 à 5%) et de complications mécaniques (1,5%) (9)(10)(11)(12). Son retrait est réalisé 4 de façon chirurgicale au bloc opératoire et impose au patient de revenir à l’hôpital après la fin de ses traitements. b) Avantages et inconvénients du PICC : Initialement les PICC ont été utilisés dans le cadre d’alimentation parentérale au long cours à partir de l’année 1975. Ils ont commencé à être utilisés dans l’administration de chimiothérapie en 1979 (13). Le PICC est un cathéter inséré dans une veine périphérique du bras (veine basilique ou brachiale) sous contrôle échographique et remonté jusqu’à la jonction entre la veine cave supérieure et l’oreillette droite. Dans les premières études ces cathéters étaient en silicone, ils sont actuellement en polyuréthane. Ce dispositif est largement utilisé en soins intensifs, pour l’administration d’antibiotiques ou d’antalgiques (14)(15). Son intérêt pour la réalisation d’un nombre limité de cures de chimiothérapie réside dans sa facilité de pose et de retrait par rapport à un CCI. En revanche, le PICC est un dispositif transcutané, ce qui nécessite une occlusion permanente par un pansement et interdit toute immersion. Un nettoyage du point d’insertion, un rinçage du cathéter et une réfection du pansement occlusif doivent être réalisés au moins une fois par semaine, que le cathéter soit utilisé ou non (recommandations du constructeur, Bard®). Son ablation est simple et peut être réalisée au lit du patient par une infirmière. Le PICC expose à des risques infectieux (2 à 7%), thromboemboliques (7 à 10%) et à des complications mécaniques (15%) (14)(15)(16)(17)(18). Si en France ce dispositif est pour le moment moins utilisé que le CCI pour l’administration de chimiothérapie, il est en revanche plus répandu en Amérique du Nord et en Asie. 3) Etats actuels des connaissances sur les CCI et les PICC dans l’administration de chimiothérapie chez des patients atteints de cancers non hématologiques : Les taux de complications cités ci-dessus sont difficilement applicables à la problématique de la chimiothérapie adjuvante. En effet, les études publiées en oncologie concernent souvent des groupes hétérogènes de patients comprenant tous types et tous stades de cancers solides ou hématologiques, ainsi que différents types de traitements : chimiothérapie (dont le caractère adjuvant ou non n’est pas précisé), autogreffe, antibiothérapie etc.… (15)(19)(20). Il n’y a que très peu de données comparatives entre ces deux dispositifs mais celles-ci suggèrent de plus fort taux de complications chez les patients porteurs de PICC. Ainsi en 2010 Kim et al. ont montré dans une étude prospective observationnelle que les patients porteurs de PICC présentaient significativement plus de complications mécaniques que les CCI (p<0,001). L’utilisation des cathéters et les taux exacts de complications selon le type 5 de cathéters n’étaient pas détaillés, ne permettant pas de comparaison avec le reste de la littérature (21). En 2011 Saber et al. ont retrouvé dans une méta-analyse basée sur 5636 patients atteints de cancer que le CCI était un facteur protecteur de thrombose liée au cathéter comparativement au PICC (OR=0,43 IC95% [0,23-0,80] p=0,008). A noter que les patients étaient inclus quelque soit le primitif, le stade de la maladie et le motif d’utilisation des cathéters (22). La méta-analyse de Chopra et al. portant sur 29 503 patients et publiée en 2013 a confirmé ces résultats avec un plus haut taux de thromboses chez les patients porteurs d’un PICC (OR=2,55 IC95% [1,54-4,23] p<0,0001) comparativement aux autres voies veineuses centrales, surtout chez les patients atteints de cancers. Une étude rétrospective plus récente du même auteur, portant sur 747 patients et ayant pour objectif de définir les facteurs de risque de thromboses liées au cathéter chez des patients porteurs d’un PICC, retrouvaient qu’un diagnostic récent de cancer et que l’administration de chimiothérapie étaient associés à un plus fort taux de thrombose (analyse bivariée). En analyse multivariée le diagnostic récent de cancer était associé aux thromboses (OR=1,95 IC95%1,01-3,76]). Les autres facteurs de risque identifiés dans cette étude étaient le nombre de lumières et le diamètre du PICC, ces paramètres confirmant des résultats publiés dans d’autres articles, y compris chez les patients non atteints de cancer (23). Récemment, une étude prospective randomisée conduite par Patel et al. a comparé PICC et CCI dans l’administration de chimiothérapie pour des cancers solides (tout primitif et tout type de chimiothérapie autorisés). Soixante-dix patients ont été inclus et il a été retrouvé que les CCI étaient associés à un plus faible taux de complications que les PICC (OR=0,25 IC95% [0,09-0,86] p=0,038) (24). Dans ce contexte, les recommandations récentes (mais précédant l’étude de Patel et al.) de l’American Society of Clinical Oncology précisent que du fait de l’hétérogénéité des populations étudiées, de la variabilité des stades de la maladie, des différences de protocoles d’insertion et des différents dispositifs testés, les données de la littérature ne permettent pas de proposer de recommandations concernant les PICC (25). Au Centre Henri Becquerel environ 170 patientes reçoivent chaque année une chimiothérapie adjuvante pour un cancer du sein. Cette chimiothérapie était habituellement administrée grâce à des CCI posés au bloc opératoire par des chirurgiens ou des anesthésistes. Leur retrait était réalisé plusieurs années après la fin des traitements, sur demande de la patiente. Depuis 2010, en raison des avantages cités au chapitre 2b, l’utilisation des PICC est devenue de plus en plus fréquente pour l’administration de chimiothérapies considérées de courte durée, comme la chimiothérapie adjuvante du cancer du sein (4 mois et demi de traitement environ). Cependant, ces deux dispositifs n’ont jamais été comparés directement dans cette indication. De plus, si la pose et le retrait d’un PICC semblent moins invasifs que pour un CCI, les contraintes d’entretien et l’aspect du cathéter (extériorisé au niveau du bras) peuvent être moins 6 satisfaisants pour la patiente et peuvent altérer sa qualité de vie en cours de chimiothérapie. C’est pourquoi nous avons souhaité comparer ces deux dispositifs au Centre Henri Becquerel, aussi bien en termes de complications qu’en termes de confort et de qualité de vie. Pour cela une étude prospective randomisée (EPIC « Etude de phase II randomisée, Comparant la tolérance des PICC et des Chambres implantables chez les patientes opérées d’un cancer du sein et recevant une chimiothérapie adjuvante », NCT 02095743) a été débutée en Février 2014, et est actuellement en cours d’inclusion (détails du protocole prospectif à la partie « Protocole Prospectif »). Afin d’obtenir des données sur lesquelles baser nos calculs statistiques, un recueil rétrospectif a été réalisé sur les 6 mois précédents la rédaction du protocole (de Mars à Août 2012) puis étendu jusqu’au moment de l’introduction des PICC au Centre (janvier 2010). Dans l’attente des résultats de l’étude prospective, nous pouvons d’ores et déjà nous intéresser aux résultats de l’analyse rétrospective, basée sur le traitement de 448 patientes. Cette étude rétrospective a donc eu pour objectif de comparer les complications des CCI et des PICC chez des patientes recevant une chimiothérapie adjuvante pour un cancer du sein. II. Patients et méthodes 1) Méthode : Il s’agit d’une étude rétrospective monocentrique conduite au Centre Henri Becquerel de Rouen. Tous les patients ayant bénéficié d’une pose de CCI ou de PICC entre Janvier 2010 et Août 2012 pour la prise en charge adjuvante d’un cancer du sein ont été screenés. Les critères d’inclusion étaient : sexe féminin, âge > 18 ans, cancer du sein histologiquement prouvé, Her2 non amplifié, indication à une chimiothérapie adjuvante (selon la RCP sénologique) par 6 cures de FEC 100 (5 Fluoro-Uracile 500mg/m², Epirubicine 100mg/m², Cyclophosphamide 500mg/m²) ou 3 cures de FEC 100 puis 3 cures de Docétaxel (100mg/m²). Les critères d’exclusion étaient : antécédents d’irradiation thoracique ou de curage axillaire bilatéral, traitement par anticoagulant au moment du diagnostic, INR >1,5, taux de plaquettes < 60G/L, TCA > 1,5, insuffisance rénale (MDRD < 60 mL/min/1, 73m²) contre-indication à la chimiothérapie, grossesse ou allaitement, maladie psychiatrique. Pour chaque patiente, un CCI ou un PICC était posé pour l’administration de la chimiothérapie. Le choix du type de dispositif était laissé à la discrétion du médecin réalisant la pose et en accord avec la patiente. Cette étude a été approuvée par le Conseil Scientifique et par le Comité de Recherche Clinique du Centre. 7 2) Objectif principal : L’objectif principal était de déterminer le nombre de patients présentant une complication majeure liée au dispositif veineux central entre la pose du dispositif et son ablation. A noter que les CCI n’étant pas retirées à la fin du traitement adjuvant, nous nous sommes limités aux complications survenant jusqu’à 1 mois après la dernière administration de chimiothérapie (soit 150 jours). Une complication était considérée comme liée au dispositif veineux central si elle répondait à au moins un des critères suivants : complications de pose (pneumothorax sur la radiographie de contrôle, hématome du site opératoire confirmé par échographie, ponction artérielle, lésion nerveuse, infection locale ou bactériémie avant la première utilisation), infection locale ou bactériémie liée au cathéter (d’après la définition du Comité National des infections nosocomiale et des infections liées aux soins, Mai 2007, Cf annexe 1), thrombose sur cathéter confirmée par au moins une modalité d’imagerie, douleur au niveau du dispositif évaluée par une échelle visuelle analogique et par le pallier antalgique utilisé, extravasation de produit de perfusion, complication mécanique (retrait accidentel du cathéter, rupture ou migration du cathéter, occlusion du cathéter malgré un protocole utilisant de l’héparine ou de l’urokinase®). Une complication était considérée comme majeure si elle répondait à au moins l’un des critères suivants : complication de grade 3 de la CTCAE 4.0, report de la chimiothérapie supérieur à 7 jours, remplacement du dispositif, toute complication menaçant le pronostic vital ou nécessitant une hospitalisation ou une prolongation d’hospitalisation, douleur nécessitant un traitement antalgique de pallier 3. Si une patiente présentait plusieurs complications majeures, seule la première était prise en compte dans l’analyse statistique. Le recueil des données a été réalisé grâce aux comptes-rendus réalisés systématiquement lors de la consultation médicale précédant chaque cure de chimiothérapie ou aux comptes-rendus d’hospitalisation. Dans notre Centre, tous les éléments du dossier médical sont informatisés ce qui a facilité le recueil rétrospectif des données. 3) Objectif secondaire : L’objectif secondaire était de déterminer le nombre de patients présentant une complication mineure liée au dispositif veineux central entre la pose du dispositif et son ablation. Une complication mineure étant définie comme une complication liée au dispositif mais ne répondant pas aux critères de complication majeure cités ci-dessus. 8 4) Description des dispositifs : a) Description des CCI et des procédures de pose et de retrait : Le matériel utilisé était des X-Port isp® Implantable Port avec cathéter veineux simple lumière 6 French ChronoFlex®, de Bar Access System Inc®. Les CCI étaient posés au bloc opératoire par un chirurgien ou un anesthésiste, le plus souvent sous anesthésie locale, mais parfois sous anesthésie générale pendant le geste chirurgical au niveau du sein. Le cathéter était introduit après ponction d’une veine sous-clavière ou jugulaire interne sous contrôle échographique. Il était ensuite poussé jusqu’à la jonction entre la veine cave supérieure et l’oreillette droite. La position du cathéter était contrôlée grâce à un amplificateur de brillance. Le boîtier de la chambre était placé sous la peau sous la clavicule, après réalisation d’une loge par décollement des plans cutanés. Le dispositif était testé par une injection de sérum physiologique en pression pulsée puis un pansement compressif était laissé en place 1h. Cette procédure durait approximativement 30 à 45 min. Une radiographie de contrôle était réalisée le jour même afin de s’assurer de la bonne position de l’extrémité du cathéter et de l’absence de pneumothorax. En cas d'antécédent d'irradiation, ou de pathologie cutanée unilatérale, la pose du CCI était faite au niveau de l'hémi-thorax sain. En l'absence d'irradiation antérieure ou de pathologie cutanée, la pose du CCI était faite préférentiellement du côté opposé au sein opéré pour le cancer actuel. Le CCI était ensuite utilisé selon le protocole fourni par le fabricant. Le retrait était réalisé au bloc opératoire sous anesthésie locale par un interne de chirurgie, à la demande de la patiente et en général plusieurs années après la fin des traitements. b) Description des PICC et des procédures de pose et de retrait : Le matériel utilisé était des kits PowerPICC SOLO® de Bard Access Systems Inc®, de diamètre 4 French à simple lumière. La pose était réalisée par un anesthésiste, selon les recommandations du fabricant. La veine basilique était ponctionnée en première intention (la veine brachiale était ponctionnée en cas d’échec) sous échographie. La position du cathéter était contrôlée par amplificateur de brillance. Une fois le cathéter en place, il était testé et purgé en pression pulsée. Un pansement semiperméable transparent était réalisé à la fin de la pose. La durée de l’intervention était de 15 à 30 minutes. En cas de curage axillaire (ancien ou récent), la pose du PowerPICC® était faite du côté contro-latéral au curage. En l'absence de curage, le côté de pose du PowerPicc® était choisi en fonction des préférences du patient. Un pansement et un rinçage du PowerPICC® étaient réalisés une fois par semaine par une infirmière diplômée d'état et formée à la technique, en Hôpital de jour ou à domicile. Le pansement était effectué du point de ponction vers l’extrémité du cathéter en respectant les phases de détection, rinçage, séchage par tamponnement et antisepsie. Le cathéter était fixé dans un nouveau Statlock® et un film de protection était collé à la peau. Puis 9 deux pansements obturateurs transparents type Opsite® étaient posés au niveau du point d’insertion et du Statlock®. Un rinçage pulsé avec 10mL de sérum physiologique était réalisé de façon stérile au moins une fois par semaine (après vérification de la présence d’un retour veineux) avant le pansement mais aussi avant et après chaque utilisation du cathéter. Le PICC était ensuite utilisé selon les recommandations du fabricant. Le retrait était réalisé par une infirmière en hôpital de jour après le rinçage suivant l’administration de la sixième cure de chimiothérapie. Un pansement simple était ensuite appliqué sur le point de ponction. 5) Traitements prophylactiques : Aucun traitement prophylactique antibiotique ou anticoagulant, local ou systémique n’était utilisé. Les cathéters n’étaient pas imprégnés d’antibiotique ou d’anticoagulant. 6) Analyse statistique : La comparaison entre les deux groupes de patientes a été réalisée grâce au test du Chi² ou de Fischer. La méthode de Kaplan-Meier a été utilisée pour établir les courbes de survenue d’une complication en fonction du temps. Le test du log rank a été utilisé pour calculer la différence entre les deux courbes. L’analyse multivariée des facteurs prédictifs de complications a été réalisée par un modèle de Cox avec la méthode backward. Les analyses statistiques ont été effectuées avec le logiciel médical MedCalc® (Ostend, Belgique). III. Résultats 1) Description de la population incluse : Quatre cent quarante-huit patientes ont été incluses. L’âge moyen au diagnostic était de 54 ans. Les caractéristiques des patientes sont décrites dans la Table 1. Les deux groupes étaient comparables, sauf pour le type de geste chirurgical mammaire et ganglionnaire. Deux cents quatre vingt patientes avaient un CCI (64,7%) et 158 avaient un PICC (35,3%). 10 Table 1 : Caractéristiques démographiques des patientes CCI n = 290 PICC n=158 Test du Chi² ou de Fischer Age (années) < 60 ≥ 60 196 (68%) 94 (32%) 91 (58%) 67 (42%) p = 0,04 IMC (kg/m²) < 25 25 to 30 ≥ 30 139 (48%) 88 (30%) 63 (22%) 79 (50%) 48 (30%) 31 (20%) p = 0,9 Envahissement oui Ganglionnaire non 169 (58%) 121 (42%) 80 (51%) 78 (49%) p = 0,1 T T0 T1 T2 T3 T4 1 (0.3%) 170 (59%) 102 (35%) 17 (5.8%) 0 0 102 (65%) 49 (31%) 7 (4%) 0 p = 0,6 Histologie CCI1 CLI2 CCI+CLI Autres 246 (85%) 25 (9%) 8 (3%) 9 (3%) 135 (85%) 16 (10%) 5 (3%) 2 (1%) p = 0,7 Expression RH3 + - 225 (78%) 65 (22%) 127 (80%) 31 (20%) p = 0,5 Her 2 + - 0 (0%) 0 (0%) 290 (100%) 158(100%) p=1 Chirurgie Tumorectomie Mastectomie Geste ganglionnaire Curage axillaire Ganglion sentinelle Chimiothérapie 6FEC 3FEC3Docétaxel 184 (63%) 106 (37%) 116 (73%) 42 (27%) p = 0,03 91 (31%) 99 (63%) p < 0,002 199 (69%) 59 (37%) 100 (34%) 190 (66%) 55 (35%) 103 (65%) p = 0,9 1 Carcinome Canalaire Invasif 2Carcinome Lobulaire Invasif 3Récepteurs Hormonaux 11 2) Objectif principal : Trente et une patientes ont présenté au moins une complication majeure liée au cathéter : 13 parmi les 290 patientes du groupe CCI (4,5%) et 18 parmi les 158 patientes du groupe PICC (11,4%), cette différence est statistiquement significative (p=0,01, test du chi²). A noter que 2 patientes du groupe PICC ont présenté 2 complications majeures. L’une a présenté 2 thromboses sur 2 cathéters différents ; l’autre a présenté une infection locale sur un premier cathéter puis une thrombose sur le deuxième cathéter. Les différents types de complications majeures sont reportés dans la Table 2. Ces complications ont conduit à l’initiation d’un traitement anticoagulant dans 18 cas (7 dans le groupe CCI et 11 dans le groupe PICC), à un report de chimiothérapie dans 8 cas (4 dans le groupe CCI et 4 dans le groupe PICC), à une hospitalisation dans 6 cas (2 dans le groupe CCI et 4 dans le groupe PICC), et à un remplacement du dispositif dans 16 cas (6 dans le groupe CCI et 10 dans le groupe PICC). La médiane de survenue d’une complication majeure se situait à la première cure de chimiothérapie, et 30 jours après la pose. Le risque de survenue de complication majeure était significativement plus élevé pendant les 3 premières cures que pendant les 3 dernières. En effet, 25 complications majeures (81%) se sont produites avant la quatrième cure contre 6 (19%) après la quatrième cure, cette différence est statistiquement significative (p=0,0017, test du chi²). En analyse univariée, avoir un PICC était le seul facteur associé de façon significative à une fréquence plus importante de complication majeure avec un Hazard Ratio (HR) à 2,83 (IC95% [1,3-6], p=0,0027). Il y avait une tendance à un risque plus élevé de complication majeure pour les patientes âgées de plus de 60 ans et pour les patients présentant un IMC > 25 (p=0,058 pour ces 2 facteurs de risque). Le type de chirurgie mammaire ou ganglionnaire n’était pas un facteur de risque en analyse univariée. En analyse multivariée, avoir un PICC était le seul facteur de risque de complications majeures avec un HR à 2,89 (IC95% [1,4-8], p=0,004) (Figure 1). Les résultats des analyses univariées et multivariée sont détaillés dans la Table 3. 12 Table 2 : Différents types de complications majeures liées au cathéter en fonction du type de voie veineuse centrale CCI n = 290 PICC n = 158 Complication de pose 1 5 Majeure Mineure 0 1 0 5 Infection/inflammation locale 4 10 Majeure Mineure 1 3 2 8 Bactériémie (Majeure)1 1 1 Thrombose (Majeure)1 6 10 Thrombophlébite suppurée (Majeure)1 1 1 Douleur 2 1 Majeure Mineure 1 1 0 1 Extravasation 1 0 Majeure Mineure 0 1 Complication mécanique 8 7 Majeure Mineure 3 5 3 4 Allergie au pansement 0 6 Majeure Mineure 0 0 0 6 Autres 1 2 Majeure Mineure 0 1 1 1 Total 25 (8,6%) 43 (27,2%) Majeure Mineure 13 (4,5%) 12 (4,1%) 18 (11,4%) 25 (15,8%) 13 3) Objectif secondaire : Trente-sept patientes ont présenté au moins une complication mineure liée au cathéter veineux central : 12 parmi les patientes avec un CCI (4,1%) et 25 parmi les patientes avec un PICC (15,8%). Les différents types de complications sont décrits dans la Table 2. Les complications mineures les plus fréquentes étaient les complications mécaniques dans le groupe CCI (1,7% des patientes) et l’infection ou inflammation locale dans le groupe PICC (5,1% des patientes). En analyse univariée, le PICC était le seul facteur significativement associé à la survenue de complications mineures avec un HR à 3,9 (IC95% [2-7,8], p<0,0001). Un âge supérieur à 60 ans, un IMC > 25 et le type de chimiothérapie n’étaient pas significativement associés à la survenue de complications mineures. En analyse multivariée, le PICC était le seul facteur de risque de complications mineures liées au dispositif intraveineux avec un HR à 3,9 (IC95% [2-7,8], p=0,0001). Figure 1 : Probabilité de survenue d’une complication majeure en fonction du temps 14 Table 3 : Facteurs pronostiques de complications majeures (résultats des analyses univariée et multivariée) PICC Analyse univariée HR IC95% p Analyse multivariée HR IC95% p 2,83 [1,3-6] 0,003 2,89 [1,4-8] 0,004 Age>60 1,9 [0,9-4] 0,06 0,5 [0,2-1,1] 0,08 IMC>25(VS<25) 2 [1-4,2] 0,06 NI1 NI 3FEC3TXT (VS 6FEC) 1,7 [0,6-2,8] 0,45 NI NI Mastectomie (contre tumorectomie) 1,6 [0,8-3,4] 0,2 NI NI 0,4 NI NI Curage axillaire 1,4 (contre [0,6-2,9] ganglion sentinelle) 1 Non inclus par le modèle Backward. 15 IV. Discussion 1) Interprétation des résultats : Notre étude est la première qui compare les CCI et les PICC dans l’administration adjuvante de chimiothérapie dans le cancer du sein. Dans cette cohorte, avoir bénéficié de la pose d’un PICC était le seul facteur de risque de complications majeures et mineures liées au cathéter. Toutes complications confondues, 8,6% des patientes avec un CCI ont présenté au moins une complication contre 27,2% pour celles avec un PICC. 4,5% des patientes du groupe CCI ont présenté au moins une complication majeure contre 11,4% dans le groupe PICC. Les thromboses étaient les complications majeures les plus fréquentes dans les deux groupes (Cf Table 2). Ces complications sont survenues en grande majorité au début du traitement. Comme ce traitement débute toujours par 3 cures de FEC 100, la majorité des complications a eu lieu pendant ces cures. Seulement 19% des complications majeures (6 évènements) sont survenus durant les cycles de Docétaxel (quatrième cure et suivantes). On pourrait supposer que le FEC joue un rôle favorisant dans la survenue de complications par rapport au Docétaxel. Cependant, il n’y avait pas plus de complications parmi les 155 patientes (34,6%) traitées par 6FEC au lieu de 3FEC-3 Docétaxel, d’après les analyses univariées et multivariée (Cf Table 3), ce qui laisse supposer que dans notre étude le type de chimiothérapie n’a eu que peu d’impact sur la probabilité de survenue d’une complication. Ainsi, nos résultats suggèrent que la probabilité de survenue de complications diminue avec le temps et que les PICC pourraient être un facteur de risque chez ce type de patient, y compris pour des utilisations de cathéters de courte durée. 2) Limites de cette étude : Notre étude comporte certains biais du fait de son caractère rétrospectif. Le plus important est le biais de recueil dû aux données manquantes. Dans notre Centre, tous les dossiers des patients sont informatisés, ce qui limite en grande partie ce risque. Concernant les complications majeures, la majorité de ces complications est gérée au Centre et les complications prises en charge dans d’autres Centres (notamment aux Urgences) sont rapportées en détail dans les comptes-rendus des consultations médicales qui ont lieu systématiquement avant chaque cure de chimiothérapie. Par contre, il est probable que les informations sur les complications mineures ne soient pas rapportées de façon aussi systématique et détaillée. Ainsi, le taux de complications mineures a pu être sous-estimé ou biaisé dans notre cohorte. De même, le taux de complications liées au retrait du CCI a pu être sous-estimé puisque 16 certaines patientes n’avaient pas fait retirer leur CCI au moment du recueil de données. Un autre biais important concerne la sélection des patientes ayant reçu un dispositif plutôt qu’un autre. Le choix du dispositif était discuté entre le médecin qui posait le cathéter et la patiente. Dans notre cohorte, le type de chirurgie mammaire et le geste ganglionnaire étaient significativement différents dans les 2 groupes. En particulier, les PICC étaient deux fois plus utilisés en cas de curage axillaire par rapport à la procédure du ganglion sentinelle. Pourtant, le type de chirurgie mammaire ou de geste ganglionnaire n’étaient pas pris en compte par le médecin dans le choix du type de cathéter. Par conséquent seul le hasard nous permet d’expliquer cette différence. Il convient de noter que dans nos analyses univariées et multivariées ces deux paramètres ne ressortaient pas comme des facteurs de risque (Cf Table 3). Enfin, afin d’éliminer un biais lié à la courbe d’apprentissage de pose et d’utilisation des PICC nous avons réalisé une analyse par période qui n’a pas montré plus de complications dans ce bras chez les patientes incluses au début de l’étude (résultats non présentés). 3) Comparaison aux données de la littérature : Seules deux études prospectives dont l’objectif était de comparer les CCI et les PICC chez des patients atteints de cancer ont été publiées. Les critères d’inclusion et les objectifs de l’étude prospective randomisée de Patel et al. étaient très proches des nôtres. En effet, leur étude avait pour but de comparer les PICC et les CCI dans l’administration de chimiothérapie chez des patients atteints de cancers solides. Les patients étaient randomisés pour le type de voie veineuse centrale. Cependant, et contrairement à notre cohorte, tous les types de primitifs et tous les stades pouvaient être inclus. Ainsi, 64% des patients avaient une maladie métastatique, 80% avaient des cancers digestifs et les principales chimiothérapies administrées étaient du FOLFOX (60%) ou du 5FU en continu (21%). Le critère principal de jugement était la survenue d’une complication majeure définie comme une complication nécessitant le retrait du cathéter, les thromboses liées au cathéter nécessitant une anticoagulation, une infection liée au cathéter nécessitant un traitement systémique par antibiotique, pneumothorax, retrait accidentel du cathéter, échec de pose et obstruction du cathéter le rendant inutilisable. Les critères secondaires portaient entre autres sur les complications mineures qui étaient définies comme : complication au point d’insertion ne nécessitant pas le retrait du dispositif (douleur, prurit…), et retrait partiel ou occlusion du cathéter ne le rendant pas inutilisable. Ces définitions (surtout pour les complications majeures) sont très proches de celles de notre étude. 6% des patients du groupe CCI ont présenté une complication majeure contre 20% du groupe PICC (p=0,034) et 12% versus 17% (p=0,085) ont présenté une complication mineure. Ces taux sont légèrement supérieures à ceux observés dans notre cohorte (Cf Table 2) possiblement du fait des schémas de chimiothérapie qui sont plus longs (48h pour le FOLFOX et perfusion continue pour le 5FU contre 2h pour le FEC100 ou le Docétaxel) et plus fréquents (cycles de 14 jours contre 21). De 17 façon inattendue, en analyse multivariée, la maladie métastatique n’était pas un facteur de risque de complication. Par contre, le type de chimiothérapie semble jouer un rôle dans la survenue de complication puisque le 5FU continu était un facteur de risque comparé aux FOLFOX et FOLFIRI. Il est intéressant de noter que les auteurs ne retrouvaient pas de différence de coût entre les deux groupes puisque même si la pose et le retrait des CCI étaient plus onéreux, le coût de la maintenance et des complications liés aux PICC compensait cette différence. La qualité de vie était évaluée par un questionnaire non validé, et n’était pas différente entre les deux groupes. La seconde étude prospective a été publiée par Kim et al. en 2010, mais la qualité méthodologique de l’étude et la présentation des résultats sont limitées. Dans cette étude, il y avait un taux plus élevé de complications avec les PICC comparé aux CCI mais cette différence était uniquement due à un taux plus élevé de migration de cathéters. Il n’y avait pas de différence en termes d’infections, de thromboses ou de saignements. L’absence de différence entre les 2 groupes peut être expliquée par un manque de puissance puisque seulement 24 patients portaient un PICC contre 92 pour les CCI. De plus, les PICC étaient utilisés sur une très courte période (21 jours contre 269 pour les CCI). Ces résultats ne sont pas transposables à notre cohorte puisque 34,5% des patients avaient des pathologies hématologiques et que l’utilisation des cathéters n’est pas détaillée. Les autres études s’intéressant aux PICC chez des patients d’oncologie sont soit rétrospectives soit prospectives mais non comparatives, les plus récentes sont résumées dans la Table 4. La grande majorité de ces études suggère que les PICC sont associés à des taux de complications élevés chez les patients d’oncologie. D’une manière générale, les taux de complications obtenus dans notre cohorte sont cohérents avec ceux de la littérature. Il existe cependant quelques disparités. En effet, dans une étude prospective de 2002 de Walshe et al. (n = 335) (15) 32,8% des PICC ont été retirés en raison d’une complication, contre seulement 6 % dans notre étude. La principale complication amenant au retrait du PICC était l’infection (7,4%). Cependant, dans notre étude le cathéter n’était pas systématiquement retiré en cas de complication et si on s’intéresse au taux global de complications (majeures et mineures) 27,2% des patientes ont présenté une complication sur le PICC, ce qui est relativement proche des résultats de Walshe et al. Par ailleurs, les auteurs soulignent que 38% des PICC ont dû être retirés dans la première semaine suivant la pose, suggérant que les complications sont survenues très précocement, et à une époque où les bonnes pratiques de pose des PICC n’étaient pas abouties. En 2012, dans une étude rétrospective de méthodologie proche de la notre Xing et al. se sont intéressés aux thromboses chez des patients recevant de la chimiothérapie pour un cancer du sein (26). Cent quatre vingt sept patientes ont été incluses, quelque soit le stade de la maladie. Les auteurs ont retrouvé un faible taux de thrombose (2,1%). Dans notre étude, 6,9% des patientes portant un PICC ont présenté une thrombose. Cette différence peut-être en partie expliquée par le fait que dans l’étude de Xing et al., 18 certaines patientes ont eu un PICC pour une seule journée et qu’il n’était pas spécifié si une thromboprophylaxie a été utilisée. A l’inverse, Liu et al. (27) trouvaient un taux de thrombose (51,4%) très élevé mais celles-ci étaient systématiquement dépistées par échographie chaque semaine. Deux méta-analyses récentes se sont intéressées aux taux de thromboses liées aux dispositifs d’abord veineux. En 2011, la méta-analyse de Saber et al. (22) portant uniquement sur des études prospectives, randomisées ou non, a étudié les facteurs de risque de thrombose chez des patients atteints de cancer. Seuls 15% des patients portaient un PICC, 75% des patients recevaient une chimiothérapie et 45% avaient un traitement anticoagulant prophylactique. Les CCI comparées aux PICC étaient associées à une réduction de 60% du risque relatif de thrombose. Les caractéristiques des patients portant un CCI ou un PICC n’étaient pas disponibles, notamment la proportion de patients recevant un traitement prophylactique. Finalement, la méta-analyse de Chopra et al. (18) en 2013 retrouve elle aussi un taux plus élevé de thromboses chez les patients porteurs de PICC (OR=2,55 IC95% [1,54-4,23] p < 0,0001). A noter toutefois que toutes les études dans lesquelles des patients avaient des PICC pouvaient être incluses dans cette méta-analyse et que seulement 11,6% des patients étaient atteints de cancer (3430 patients) (18). Parmi ces patients, 6,67% ont présenté une thrombose, ce qui est très proche de nos résultats puisque nous avons retrouvé 6,3% de thrombose dans le groupe PICC. Les complications liées aux CCI chez des patients recevant de la chimiothérapie ont été largement étudiées. La Table 5 résume les publications récentes (5 ans et moins) d’études prospectives ou rétrospectives ayant une cohorte de plus de 200 patients. Aucune étude ne porte exclusivement sur la chimiothérapie adjuvante du cancer du sein. Les taux de complications varient de 8 à 29%. Le taux de complication le plus élevé a été retrouvé par Vandoni et al. (12) et était dû au taux élevé de complications mécaniques (20,1%). En effet, le but de cette étude était de comparer trois matériaux différents de chambre implantable et les auteurs se sont donc particulièrement intéressés aux complications mécaniques. Hormis pour cette étude, les taux de complications sont globalement comparables dans la littérature. Dans notre étude il était retrouvé 0,3% de complications de pose, 1,4% de complications locales, 0,3% de bactériémie, 2,4% de thrombose et 2,8% de complications mécaniques. Ces résultats se situent parmi les plus faibles de la littérature récente et sont similaires à ceux de Hsieh et al. (28), de De Oliveira et al. (29) et de Garajova et al. (30). Il est intéressant de noter que le taux de thrombose de notre cohorte est elle aussi parmi les plus faibles alors qu’aucune thromboprophylaxie n’était utilisée contrairement aux études déjà publiées. 19 Table 4 : Principales études récentes évaluant les complications liées aux PICC chez des patients recevant de la chimiothérapie pour un cancer solide Auteur Dates Méthodologie n Primitifs Stades Prophylaxie Xing (26) 2012 Rétrospective 188 Sein Tous Non précisé Aw (31) 2012 Rétrospective 340 Tous Tous Non Shi (32) 2014 Prospective 188 Tous Tous Li (33) 2014 Prospective 100 Pittiruti (34) 2014 Prospective Patel (24) 2014 Liu 2015 (27) Complications de pose Complications infectieuses Thromboses Complications mécaniques Total 1,06% (systémique) 2,1% - 3,16% - - 5,6% - 5,6% Non précisé - - 6,38% - 6,38% Tous Tous Rinçage héparine 1% (échec de pose) 3% (locale + systémique) 4% 20% 28% 180 Tous Tous Non - 0% 2,8% 2,2% 5% Prospective 36 Tous Tous Rinçage héparine - - - - 29% Prospective 311 Tous Tous Non - - 51,4% - 51,4% 20 Table 5 : Principales études récentes évaluant les complications liées au CCI chez des patients recevant de la chimiothérapie pour un cancer solide. Auteur Dates Méthodologie n Primitifs Stades Prophylaxie Complications de pose Complications infectieuses Thromboses Complication s mécaniques Total Hsieh (28) 2009 Rétrospective 1280 Tous Tous Rinçage héparine 1,1% (comprenant les complications mécaniques) 3% (locales + systémiques) 3,5% 8% Vandoni (12) 2009 Prospective 228 Tous Tous Perfusion héparine (24h) 4,3% (pneumothorax) 4,3% (locales) 0% 1,1% (comprenant les complications de pose) 20,1% 28,6% Biffi (35) 2009 Prospective 403 Tous Tous Remplissage héparine 0,5% 1,7% (locales + systémiques) 8,4% 1,5% 12,1% Ignatov (36) 2009 Rétrospective 550 Sein/Gyné -cologique Tous Non précisé 1,5% 7,6% (locales + systémiques) 5,5% 2% 16,6% Barbetakis (37) 2011 Rétrospective 700 Tous Tous Remplissage héparine 10,7% 4,7% 0,7% 18% De Oliveira (29) 2012 Rétrospective 793 Tous Tous Antibiotique. Thromboprophylaxie 1,1% 4,4% (locales) 0% (systémiques) 1,3%(locales) 4,3% (systémiques) 2,5% 0,8% 10% Garajova (30) 2013 Rétrospective 252 Tous Tous Remplissage héparine 0,39% 1,58% 1,57% 8,7% Prospective 34 Tous Tous Rinçage héparine - 1,19% (locales) 0,39% (systémiques) - - - 12% Patel (24) 2014 21 4) Hypothèse physiopathologique et perspectives : Contrairement aux CCI, les PICC sont insérés par une veine périphérique de petit calibre puis sont montés jusque dans la veine cave supérieure. On peut supposer que les PICC entraînent plus de lésions de la paroi vasculaire du fait de la plus grande longueur de cathéter insérée, du faible espace entre le cathéter et la paroi vasculaire dans une veine de petit calibre et de la mobilité du bras pouvant majorer les frottements entre le cathéter et la veine. L’hypothèse selon laquelle le PICC entraînerait ainsi plus de lésions de l’endothélium et plus de diminution du débit sanguin a déjà été avancée et ce sont ces facteurs qui favoriseraient la formation de thrombus (26)(38). Cette hypothèse est d’ailleurs appuyée par certaines études qui retrouvent que les essais multiples d’insertion du cathéter et le calibre du cathéter sont des facteur de risque de thrombose (22)(39). Dans ce contexte de risque accru d’évènements thrombotiques se pose la question des traitements anticoagulants prophylactiques. Les publications à ce sujet sont contradictoires et concernent peu de patients portant un PICC. Les études les plus anciennes montraient de façon assez fiable (études de phase III randomisées) l’absence d’intérêt de l’anticoagulation prophylactique, y compris dans l’administration de chimiothérapie (40)(41)(42)(43). Cependant, une méta-analyse récente de la Cochrane trouve un bénéfice à une anticoagulation prophylactique par héparine comparée à l’absence de traitement anticoagulant (44). Les études incluses dans cette méta-analyse étaient toutes négatives hormis une seule réalisée par LavauDenes et al. en 2013 qui retrouvaient un RR très faible à 0,26 (IC95%[0,09 ;0,77]) en faveur d’une diminution des thromboses veineuses symptomatiques sous héparine (45). Nos résultats ainsi que ceux des études publiées précédemment sur les PICC suggèrent qu’une anticoagulation prophylactique pourrait être une solution au taux élevé de thromboses. Il serait donc intéressant d’évaluer cette attitude au travers d’essais ultérieurs. V. Conclusion Dans cette étude rétrospective basée sur l’analyse des données de 448 patientes, avoir un PICC était le seul facteur de risque de complications majeures et mineures liées au dispositif intraveineux, en analyse univariée comme en analyse multivariée, pour l’administration d’une chimiothérapie adjuvante dans le cancer du sein. Ces résultats devront être confirmés par une étude prospective randomisée et confrontés à une évaluation de la qualité de vie, ce qui fait l’objet de l’étude NCT02095743 en cours dans notre Centre (Protocole EPIC). Si cette étude prospective confirmait les résultats actuels, la pertinence de l’utilisation des PICC pour la réalisation d’une chimiothérapie adjuvante dans le cancer du sein pourrait être remise en cause. 22 ETUDE PROSPECTIVE Le protocole de l’étude prospective EPIC est fourni en pièce jointe. I. Protocole Les critères d’inclusion et d’exclusion sont similaires à ceux de l’étude rétrospective. La méthodologie, l’analyse biostatistique et la gestion des données sont assurées par l’Unité de Recherche Clinique du CHU de Rouen. En pratique, les patientes sont informées par le chirurgien de leur possible inclusion dans le protocole, au décours de RCP sénologique. Le recueil du consentement est assuré par l’oncologue médical. En cas d’acceptation, la demande de randomisation électronique est réalisée par l’Unité de Recherche Clinique du Centre, qui prévient l’anesthésiste du résultat, avant sa consultation. Les données sur les complications majeures et mineures sont recueillies par le médecin d’hôpital de jour à chaque cure de chimiothérapie, puis saisies sur un e-CRF. En parallèle, une évaluation de la qualité de vie des patientes est réalisée grâce au questionnaire QLQc30 et de la satisfaction par un questionnaire crée par les médecins du Centre en concertation avec les psychologues. Le protocole prévoit l’ablation des CCI 3 semaines après la fin de la chimiothérapie (avant le début de la radiothérapie) pour toutes les patientes. Les PICC sont retirés à la fin de la sixième cure de chimiothérapie comme dans le protocole rétrospectif. II. Autorisations administratives et financements Avril 2013 : Avis favorable ANSM Juillet 2013 : Accord du comité de protection des personnes Appel d’offre Régional de La Ligue Contre le Cancer 2013 : 38 000 euros (comité de Seine-Maritime), 7 000 euros (comité de l’Eure) Appel à Projet Interne du Comité Scientifique de Becquerel 2012 : 20 000 euros Février 2014 : début des inclusions III. Etat d’avancement 61 patientes ont été incluses au 31 Décembre 2014 (46 semaines d’inclusion). La vitesse d’inclusion était plus faible que prévu, le taux d’acceptation de l’étude n’étant que de 50%. A ce rythme les inclusions devront se poursuivre jusque fin 2017. 23 IV. Références 1. Ferlay J, Steliarova-Foucher E, Lortet-Tieulent J, Rosso S, Coebergh JWW, Comber H, et al. Cancer incidence and mortality patterns in Europe: estimates for 40 countries in 2012. Eur J Cancer Oxf Engl 1990. avr 2013;49(6):1374‑ 403. 2. Allemand H, Seradour B, Weill A, Ricordeau P. [Decline in breast cancer incidence in 2005 and 2006 in France: a paradoxical trend]. Bull Cancer (Paris). janv 2008;95(1):11‑ 5. 3. Early Breast Cancer Trialists’ Collaborative Group (EBCTCG), Peto R, Davies C, Godwin J, Gray R, Pan HC, et al. Comparisons between different polychemotherapy regimens for early breast cancer: meta-analyses of long-term outcome among 100,000 women in 123 randomised trials. Lancet. 4 févr 2012;379(9814):432‑ 44. 4. Roché H, Fumoleau P, Spielmann M, Canon J-L, Delozier T, Serin D, et al. Sequential adjuvant epirubicin-based and docetaxel chemotherapy for node-positive breast cancer patients: the FNCLCC PACS 01 Trial. J Clin Oncol Off J Am Soc Clin Oncol. 20 déc 2006;24(36):5664‑ 71. 5. Boulanger J, Ducharme A, Dufour A, Fortier S, Almanric K, in cooperation with the Comité de l’évolution de la pratique des soins pharmaceutiques (CEPSP) and the Comité de l’évolution des pratiques en oncologie (CEPO). Management of the extravasation of anti-neoplastic agents. Support Care Cancer Off J Multinatl Assoc Support Care Cancer. 26 févr 2015; 6. Ener RA, Meglathery SB, Styler M. Extravasation of systemic hematooncological therapies. Ann Oncol. 6 janv 2004;15(6):858‑ 62. 7. Periard D, Monney P, Waeber G, Zurkinden C, Mazzolai L, Hayoz D, et al. Randomized controlled trial of peripherally inserted central catheters vs. peripheral catheters for middle duration in-hospital intravenous therapy. J Thromb Haemost JTH. août 2008;6(8):1281‑ 8. 8. Gyves J, Ensminger W, Niederhuber J, Liepman M, Cozzi E, Doan K, et al. Totally implanted system for intravenous chemotherapy in patients with cancer. Am J Med. déc 1982;73(6):841‑ 5. 9. Vardy J, Engelhardt K, Cox K, Jacquet J, McDade A, Boyer M, et al. Longterm outcome of radiological-guided insertion of implanted central venous access port devices (CVAPD) for the delivery of chemotherapy in cancer patients: institutional experience and review of the literature. Br J Cancer. 13 sept 2004;91(6):1045‑ 9. 10. Biffi R, Pozzi S, Agazzi A, Pace U, Floridi A, Cenciarelli S, et al. Use of totally implantable central venous access ports for high-dose chemotherapy and peripheral blood stem cell transplantation: results of a monocentre series of 376 patients. Ann Oncol Off J Eur Soc Med Oncol ESMO. févr 2004;15(2):296‑ 300. 11. Biffi R, de Braud F, Orsi F, Pozzi S, Mauri S, Goldhirsch A, et al. Totally implantable central venous access ports for long-term chemotherapy. A prospective study analyzing complications and costs of 333 devices with a minimum follow-up of 180 days. Ann Oncol Off J Eur Soc Med Oncol ESMO. juill 1998;9(7):767‑ 73. 12. Vandoni RE, Guerra A, Sanna P, Bogen M, Cavalli F, Gertsch P. Randomised comparison of complications from three different permanent central venous access systems. Swiss Med Wkly. 30 mai 2009;139(21-22):313‑ 6. 13. Bottino J, McCredie KB, Groschel DHM, Lawson M. Long-term intravenous therapy with peripherally inserted silicone elastomer central venous catheters in patients with malignant diseases. Cancer. 1 mai 1979;43(5):1937‑ 43. 24 14. Safdar N, Maki DG. Risk of catheter-related bloodstream infection with peripherally inserted central venous catheters used in hospitalized patients. Chest. août 2005;128(2):489‑ 95. 15. Walshe LJ, Malak SF, Eagan J, Sepkowitz KA. Complication rates among cancer patients with peripherally inserted central catheters. J Clin Oncol Off J Am Soc Clin Oncol. 1 août 2002;20(15):3276‑ 81. 16. Evans RS, Sharp JH, Linford LH, Lloyd JF, Tripp JS, Jones JP, et al. Risk of symptomatic DVT associated with peripherally inserted central catheters. Chest. oct 2010;138(4):803‑ 10. 17. Maki DG, Kluger DM, Crnich CJ. The risk of bloodstream infection in adults with different intravascular devices: a systematic review of 200 published prospective studies. Mayo Clin Proc. sept 2006;81(9):1159‑ 71. 18. Chopra V, Anand S, Hickner A, Buist M, Rogers MA, Saint S, et al. Risk of venous thromboembolism associated with peripherally inserted central catheters: a systematic review and meta-analysis. Lancet. 27 juill 2013;382(9889):311‑ 25. 19. Kabsy Y, Baudin G, Vinti H, Novellas S, Mannone L, Chevallier P, et al. [Peripherally inserted central catheters (PICC) in onco-hematology. PICC line in onco-hematology]. Bull Cancer (Paris). sept 2010;97(9):1067‑ 71. 20. Bortolussi R, Zotti P, Conte M, Marson R, Polesel J, Colussi A, et al. Quality of Life, Pain Perception and Distress Correlated to Ultrasound-Guided Peripherally Inserted Central Venous Catheters in Palliative Care Patients in a Home or Hospice Setting. J Pain Symptom Manage. 16 avr 2015; 21. Kim HJ, Yun J, Kim HJ, Kim KH, Kim SH, Lee S-C, et al. Safety and Effectiveness of Central Venous Catheterization in Patients with Cancer: Prospective Observational Study. J Korean Med Sci. 2010;25(12):1748. 22. Saber W, Moua T, Williams EC, Verso M, Agnelli G, Couban S, et al. Risk factors for catheter-related thrombosis (CRT) in cancer patients: a patient-level data (IPD) meta-analysis of clinical trials and prospective studies. J Thromb Haemost JTH. févr 2011;9(2):312‑ 9. 23. Chopra V, Ratz D, Kuhn L, Lopus T, Lee A, Krein S. Peripherally inserted central catheter-related deep vein thrombosis: contemporary patterns and predictors. J Thromb Haemost JTH. juin 2014;12(6):847‑ 54. 24. Patel GS, Jain K, Kumar R, Strickland AH, Pellegrini L, Slavotinek J, et al. Comparison of peripherally inserted central venous catheters (PICC) versus subcutaneously implanted port-chamber catheters by complication and cost for patients receiving chemotherapy for non-haematological malignancies. Support Care Cancer Off J Multinatl Assoc Support Care Cancer. janv 2014;22(1):121‑ 8. 25. Schiffer CA, Mangu PB, Wade JC, Camp-Sorrell D, Cope DG, El-Rayes BF, et al. Central venous catheter care for the patient with cancer: American Society of Clinical Oncology clinical practice guideline. J Clin Oncol Off J Am Soc Clin Oncol. 1 avr 2013;31(10):1357‑ 70. 26. Xing L, Adhikari VP, Liu H, Kong LQ, Liu SC, Li HY, et al. Diagnosis prevention and treatment for PICC-related upper extremity deep vein thrombosis in breast cancer patients. Asia Pac J Clin Oncol. sept 2012;8(3):e12‑ 6. 27. Liu Y, Gao Y, Wei L, Chen W, Ma X, Song L. Peripherally inserted central catheter thrombosis incidence and risk factors in cancer patients: a double-center prospective investigation. Ther Clin Risk Manag. 2015;11:153‑ 60. 28. Hsieh C-C, Weng H-H, Huang W-S, Wang W-K, Kao C-L, Lu M-S, et al. Analysis of risk factors for central venous port failure in cancer patients. World J Gastroenterol WJG. 7 oct 2009;15(37):4709‑ 14. 29. De Oliveira EB, Reis MA, Avelar TM, Vieira SC. Totally implantable central venous catheters for chemotherapy: experience with 793 patients. Rev Colégio Bras Cir. juin 2013;40(3):186‑ 90. 25 30. Garajová I, Nepoti G, Paragona M, Brandi G, Biasco G. Port-a-Cath-related complications in 252 patients with solid tissue tumours and the first report of heparin-induced delayed hypersensitivity after Port-a-Cath heparinisation. Eur J Cancer Care (Engl). janv 2013;22(1):125‑ 32. 31. Aw A, Carrier M, Koczerginski J, McDiarmid S, Tay J. Incidence and predictive factors of symptomatic thrombosis related to peripherally inserted central catheters in chemotherapy patients. Thromb Res. sept 2012;130(3):323‑ 6. 32. Shi Y, Wen L, Zhou Y, Tao S. Thrombotic risk factors in patients undergoing chemotherapy via peripherally inserted central catheter. J Int Med Res. 29 avr 2014;42(3):863‑ 9. 33. Li J, Fan Y-Y, Xin M-Z, Yan J, Hu W, Huang W-H, et al. A randomised, controlled trial comparing the long-term effects of peripherally inserted central catheter placement in chemotherapy patients using B-mode ultrasound with modified Seldinger technique versus blind puncture. Eur J Oncol Nurs Off J Eur Oncol Nurs Soc. févr 2014;18(1):94‑ 103. 34. Pittiruti M, Emoli A, Porta P, Marche B, DeAngelis R, Scoppettuolo G. A prospective, randomized comparison of three different types of valved and nonvalved peripherally inserted central catheters. J Vasc Access. déc 2014;15(6):519‑ 23. 35. Biffi R, Orsi F, Pozzi S, Pace U, Bonomo G, Monfardini L, et al. Best choice of central venous insertion site for the prevention of catheter-related complications in adult patients who need cancer therapy: a randomized trial. Ann Oncol Off J Eur Soc Med Oncol ESMO. mai 2009;20(5):935‑ 40. 36. Ignatov A, Hoffman O, Smith B, Fahlke J, Peters B, Bischoff J, et al. An 11year retrospective study of totally implanted central venous access ports: complications and patient satisfaction. Eur J Surg Oncol J Eur Soc Surg Oncol Br Assoc Surg Oncol. mars 2009;35(3):241‑ 6. 37. Barbetakis N, Asteriou C, Kleontas A, Tsilikas C. Totally implantable central venous access ports. Analysis of 700 cases. J Surg Oncol. 1 nov 2011;104(6):654‑ 6. 38. Caine GJ, Stonelake PS, Rea D, Lip GYH. Coagulopathic complications in breast cancer. Cancer. 15 oct 2003;98(8):1578‑ 86. 39. Lee AYY, Levine MN, Butler G, Webb C, Costantini L, Gu C, et al. Incidence, risk factors, and outcomes of catheter-related thrombosis in adult patients with cancer. J Clin Oncol Off J Am Soc Clin Oncol. 20 mars 2006;24(9):1404‑ 8. 40. Couban S, Goodyear M, Burnell M, Dolan S, Wasi P, Barnes D, et al. Randomized Placebo-Controlled Study of Low-Dose Warfarin for the Prevention of Central Venous Catheter–Associated Thrombosis in Patients With Cancer. J Clin Oncol. 20 juin 2005;23(18):4063‑ 9. 41. Verso M, Agnelli G, Bertoglio S, Somma FCD, Paoletti F, Ageno W, et al. Enoxaparin for the Prevention of Venous Thromboembolism Associated With Central Vein Catheter: A Double-Blind, Placebo-Controlled, Randomized Study in Cancer Patients. J Clin Oncol. 20 juin 2005;23(18):4057‑ 62. 42. Young AM, Billingham LJ, Begum G, Kerr DJ, Hughes AI, Rea DW, et al. Warfarin thromboprophylaxis in cancer patients with central venous catheters (WARP): an open-label randomised trial. The Lancet. 20 févr 2009;373(9663):567‑ 74. 43. Karthaus M, Kretzschmar A, Kröning H, Biakhov M, Irwin D, Marschner N, et al. Dalteparin for prevention of catheter-related complications in cancer patients with central venous catheters: final results of a double-blind, placebo-controlled phase III trial. Ann Oncol. 2 janv 2006;17(2):289‑ 96. 44. Akl EA, Ramly EP, Kahale LA, Yosuico VED, Barba M, Sperati F, et al. Anticoagulation for people with cancer and central venous catheters. Cochrane Database Syst Rev. 2014;10:CD006468. 26 45. Lavau-Denes S, Lacroix P, Maubon A, Preux PM, Genet D, Vénat-Bouvet L, et al. Prophylaxis of catheter-related deep vein thrombosis in cancer patients with lowdose warfarin, low molecular weight heparin, or control: a randomized, controlled, phase III study. Cancer Chemother Pharmacol. juill 2013;72(1):65‑ 73. 27 ANNEXES Annexe 1 : Définitions d’une bactériémie/fongémie liée au DIV selon le CTINILS ( Comité technique des Infections Nosocomiales et des Infections Liées aux Soins), Mai 2007. La bactériémie/fongémie liée au DIV (CCI ou PICC) est définie par : 1. L’association d’une bactériémie/fongémie survenant dans les 48 h encadrant le retrait du DIV (ou la suspicion diagnostique d’infection de cathéter si celui-ci n’est pas retiré d’emblée) Et : 2. Soit une culture positive avec le même micro-organisme sur l'un des prélèvements suivants : culture du site d’insertion ou culture du DIV ≥ 103 UFC/ml 3. Soit des hémocultures périphérique et centrale positives au même micro-organisme avec un rapport hémoculture quantitative centrale/hémoculture périphérique > 5 ou un délai différentiel de positivité des hémocultures centrale/périphérique > 2 h, avec une positivité plus rapide pour l'hémoculture centrale. En l’absence de bactériémie le diagnostic d’ILC repose sur : 1. ILC locale : - culture de DIV ≥ 103 UFC/ml - et la purulence de l’orifice d’entrée du cathéter ou une tunnelite, 2. ILC générale : - culture de DIV ≥ 103 UFC/ml - et une régression totale ou partielle des signes infectieux généraux dans les 48 h suivant l’ablation du cathéter. Annexe 2 : Résumé de l’article soumis au Journal of Supportive Care in Cancer. Purpose: We aimed to compare the complication rate between port catheters (PC) and peripherally inserted central catheters (PICC) for the administration of post-operative chemotherapy for breast cancer. Methods: All patients treated from January 2010 to August 2012 at the Centre Henri Becquerel for early breast cancer requiring post-operative 28 chemotherapy were retrospectively screened. The primary endpoint was the occurrence of a major complication related to the central venous catheter. Major complications were defined as any grade 3 event according to CTCAE 4.0, delay in chemotherapy > 7 days, change of the device, life-threating event, event requiring a hospitalization or a prolongation of hospitalization. Results: A total of 448 patients were included; 290 had a PC and 158 a PICC. Overall, 31 major complications related to the central venous catheter were observed: 13 for patients with a PC (4.5%) and 18 for patients with a PICC (11.4%). In univariate analysis, having a PICC was the only factor significantly associated with a higher risk of major complications (HR = 2.83, p = 0.0027). We observed a trend for a higher risk of major complications for patients older than 60 years or with BMI > 25 (p=0.06). In multivariate analysis, having a PICC was the only predictive factor of major complications (HR=2.89, p=0.004). Conclusion: In univariate and multivariate analysis, having a PICC instead of a PC was the only predictive factor of device-related major complication. If confirmed prospectively by the NCT02095743 ongoing trial, this result might modify the management of adjuvant chemotherapy administration. 29 30