n° 210 mai /juin 2010 BIMESTRIEL / 10 € 6 NUMEROS PAR AN L’accueil des tout-petits au coeur des preoccupations 5 mai • Entretien avec Yves Bur, Député du Bas-Rhin et rapporteur du PLFSS • Rencontres ESCP Europe Table ronde : « Loi HPST – Quelles places pour la coopération et le management médico-administratifs ? » 7 mai • Réunion de travail DGCS – établissements FEHAP GCS expérimentaux 10 mai • Rencontre FO-Santé Social (révision de la CCN51) 11 mai • ARS PACA, rencontre avec Dominique Deroubaix, DGARS de la région PACA 1er juin • Signature de l’accord de branche Croix Rouge Française - FEHAP - SYNEAS relatif à l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés 2011 - 2015 » tous, pour une santé sans préjugés» (Maison de la Chimie) 18 mai • Inauguration d’hôpital expo 19 mai • Rencontre avec Didier Charlanne, DG de l’ANESM 14 juin • Réunion campagne budgétaire 2010 20 mai • Hôpital expo (Porte de Versailles) intervention à la table ronde : « Quelle participation pour les acteurs de la santé et de l'autonomie ? » 17 juin • Rencontre annuelle des secrétaires régionaux UNIFED • Réunion CNR EDITO 2 juin • CA du CNEH • Audition IGAS • Dialyse EPO 3 juin • Journée ANESM 3 et 4 juin • AG du Comité Dialyse 7 juin • Séminaire de rencontre de la DGOS sur les GCS expérimentaux au Ministère de la Santé 17 mai • RDV avec Olivier Legall, • Audition par la mission directeur de cabinet Fourcade, Comité d’évaluation de Roselyne Bachelot de la mise en œuvre HPST 10 juin • Soirée /débat CNAMTS : « Pour une offre de soins pour • Comité directeur UNIFED 25 mai • Audition IGAS sur l’évaluation des conditions d’hospitalisation des personnes âgées mai-juin 2010 15 juin • Journée Parlementaire du Privé Non Lucratif à l’Assemblée Nationale 22 juin • RDV avec Marie-Thérèse Hermange, Sénatrice de Paris 24 juin • HCAAM • AG FISAF 30 juin • Colloque organisé par 26 mai Les Echos Conférences sur • RDV avec le Président et le thème de « Economie de le Directeur du SYNEAS l’Hopital. Quel premier bilan (Evolution de la CCN51) de la mise en œuvre de 27 mai la loi HPST ? ARS, retour • Bureau de la FEHAP à l’équilibre… » 31 mai • Conseil scientifique • RDV avec le Président de l’IFSCD et le Directeur de la FEGAPEI • Rencontre des DG des (Evolution de la CCN51) Fédérations hospitalières Directeur de Publication : Yves-Jean Dupuis Rédactrice en Chef : Ingrid Arnoux Comité de Rédaction : Philippe Braun, Jean-Marie Creff, Coralie Cuif, Benoît Dolle, Jean-Claude Guillermet, Michel Hedouin, Bruno Heinry, Simone Timar Ont contribué à ce numéro: Antoine Audouin, Julie Boraud, Aude Chevallier, Fanny Douhaire, Philippine de la Fayolle, Martine Labrousse, Christine Léal, Florence Leduc, Alain Mor, Stéphane Piffre, Jean-Louis Sechet, Emmanuelle de Vaublanc. Conception graphique : Polen Réalisation graphique : Atelier des grands pêchers Correctrice : Muriel Chalancon Image de couverture : Michel Pellaz Antoine Dubout, Président de la FEHAP La question de l’accueil des tout-petits est au cœur des préoccupations des jeunes parents mais aussi des élus qui font souvent de l’ouverture de places en crèche un élément de campagne. Au cours de l’année 2009, la FEHAP a connu un grand nombre d’adhésions émanant de structures d’accueil de la petite enfance représentant un quart des nouveaux adhérents en 2009. Ceci n’est pas surprenant tant ces structures sont en pleine mutation et au cœur de l’actualité. Ainsi, elles ont souhaité se fédérer et rejoindre notre Fédération afin de mieux faire entendre leur voix. La FEHAP leur a ouvert la porte. C’est donc avec une grande attention que la rédaction de votre revue s’est concentrée sur les problématiques de ces structures qui sont en pleine évolution. Par ailleurs, nous venons de nous rassembler en Assemblée générale. Nous vous ferons parvenir ultérieurement la retranscription de cette journée. Le choix de dissocier l’Assemblée Générale annuelle du Congrès n’a pas amoindri l’importance ni la fréquentation de cette journée. Il est donc maintenant temps d’inscrire dans nos agendas les dates du congrès. Réservez d’ores et déjà les 7 et 8 octobre 2010, dates auxquelles nous nous retrouverons à la Cité internationale des congrès de Nantes autour du thème « Investir les territoires ». Cet événement sera sans nul doute aussi capital que l’AG, nous nous devons donc d’y être nombreux car comme j’ai l’habitude de le dire et de l’écrire dans ces colonnes, c’est ensemble que nous faisons une FEHAP plus forte et c’est par chacune de ses manifestations que nous montrons le rayonnement et l’influence de notre Fédération, de ses valeurs et du rôle primordial que jouent les établissements Privés Non Lucratifs dans notre système de protection sociale. Autres Crédits photos : Dr, Communauté européenne, Fotolia, Charles Delcourt Imprimeur : Imprimerie Pierre Trollé Chemin de la Houssoye 62 870 Buire-le-Sec Tél. : 03 21 84 46 60 Régie publicitaire : Mistral Média / Contact : David Bichot 365, rue de Vaugirard 75 015 Paris Tél. : 01 40 02 99 00 Abonnements FEHAP : 179, rue de Lourmel 75 015 Paris Emmanuelle de Vaublanc Tél. : 01 53 98 95 21 - Fax : 01 53 98 95 02 Abonnement à l’année civile - Possibilité de souscrire en cours d’année Abonnement France : 60 euros TVA : 2,10% (port inclus) En cas de changement d’adresse, merci de nous adresser par courrier ou télécopie le changement de coordonnées. CPPAP : N°0709 G 84064 - ISSN : 0757-0481 - Dépot légal à publication 3 SOMMAIRE n°210 Mai-juin 2010 Actualites en bref p. 4 Echos des regions p. 14 Les rendez-vous p. 23 Droit et sante p. 48 Généraliser le Conseil de la Vie Sociale en EHPAD ? Oui, mais… Relations du travail p. 50 Les revirements de jurisprudence Dossier : Petite enfance p.24 SI p. 52 L’identification de la personne, premier acte de sa prise en charge La grande question de l’accueil des tout-petits L’objectif du Gouvernement est d’obtenir un équilibre entre l’accueil collectif et individuel Les crèches : un nouvel afflux d’adhérents à la FEHAP La crèche : le mode de garde de prédilection Débat européen et directive services : quel avenir pour l’accueil collectif de la Petite Enfance ? Le groupe « Crèches » à la FEHAP L’application sécurisée de la CCN 51 par les structures d’accueil d’enfants de moins de 6 ans Enquête sur l’activité 2008 des structures d’accueil pour la Petite Enfance FEHAP Mobilisation de la Formation au service de la Petite Enfance Des crèches aux hautes valeurs ajoutées L’Ile aux enfants : un multi-accueil en Alsace Des activités intergénérationnelles Protection de l’enfance : deux acteurs majeurs du Haut-Rhin Culture p. 55 Art et Handicap « Dis-moi, Docteur ! », un guide-santé SPARADRAP disponible en librairie ! Un nouveau plan de formation pour l’année 2010 avec Hi.culture 5 Actualités en bref Elections au Conseil d’Administration de la FEHAP Lors de l’Assemblée Générale de la Fédération, le 23 mars dernier, le Conseil d’Administration a été renouvelé. Il s’est réuni pour la première fois avec sa nouvelle configuration le 28 avril et a procédé à l’élection de son Bureau: Antoine Dubout a été réélu Président à l’unanimité Philippe Remer : Commission Vie associative Didier Tabuteau, Ghyslaine Wanwanscappel, Alain Carrée et Dominique Montégu ont été réélus Vice-présidents Alain Carrée : Commission Formation Vincent Renault a été élu Vice-président Philippe Remer a été réélu Secrétaire général Francis Morel a été élu Trésorier. A cette occasion, ont également été élus les Présidents des Commissions nationales de la FEHAP : Jean Louis Garcia: Commission CCN 51 Marc Tranchat : Commission de Conciliation Vincent Renault : Commission Personnes âgées Philippe Jourdy : Commission Adultes handicapés Claude Meunier : Commission Enfance et Jeunesse Dominique Montégu: Commission MCO Benoît Dolle : Commission SSR Bernard Lecat : Commission Santé mentale. Inauguration ministérielle d’une maison de retraite PNL LA FEHAP SALUE LE PREMIER DÉPLACEMENT, le 8 avril 2010, d’Eric Woerth dans le cadre de ses nouvelles attributions au ministère du Travail, de la Solidarité et de la Fonction Publique, et de Nora Berra, secrétaire d’Etat chargée des Aînés, au sein d’un établissement Privé Non Lucratif à Beauvais géré par l’Association La Compassion, adhérente de la FEHAP. Cet établissement inaugurait un nouveau bâtiment dans le cadre d’une opération de rénovation réalisée en partenariat entre le Conseil général de l’Oise, l’organisme HLM et l’Etat. Caroline Cayeux, Maire de Beauvais, Yves Rome, Président du Conseil général de l’Oise, Alain Vasselle, Président de l’organisme HLM cofinanceur, Sénateur et Conseiller général de l’Oise, Christophe Jacquinet, Directeur général de l’Agence Régionale de Santé de Picardie, Philippe Grégoire, Préfet du département de l’Oise, Philippe de Boissieu, Président de l’Association La Compassion, et Jean-Luc Hamiache, Directeur général de l’établissement, ont accompagné Eric Woerth et Nora Berra au cours de l’inauguration. La FEHAP salue plus particulièrement l’action de l’Association La Compassion et de tous les établissements qu’elle rassemble, notamment pour la démarche d’amélioration continue de la qualité de l’accueil des résidents. Ces différentes actions rejoignent la dynamique de cet ensemble d’établissements sociaux et médico-sociaux traduite par le passage en tarif global et la conclusion d’un Contrat Pluriannuel d’Objectifs et de Moyens. Autant d’éléments témoignant de l’intérêt des établissements et services PNL à se rassembler pour constituer des entités cohérentes, à la hauteur des enjeux et du contexte des nombreuses réformes dans le domaine de l’accueil et de l’accompagnement des personnes âgées. 6 Cancer info DEUX NOUVEAUX GUIDES CANCER INFO, édités par l’Institut National du Cancer, viennent de sortir : « Les traitements du cancer du côlon » et « Les traitements des cancers du poumon». Ils ont pour objectif d’accompagner les patients auxquels un diagnostic de cancer vient d’être annoncé. Cancer info est la plateforme d’information de référence à destination des malades et proches, développée par l’Institut National du Cancer, en partenariat privilégié avec la Ligue nationale contre le Cancer. Cancer info constitue la mise en application de la mesure 19.5 du Plan Cancer 2009-2013 qui prévoit de « rendre accessible aux patients une information de référence sur les cancers afin d’en faire des acteurs du système de soins ». Ces nouveaux Guides sont consultables et téléchargeables sur le site : www.e-cancer.fr/cancer-info. Pour les commander gratuitement dans les quantités souhaitées, vous pouvez utiliser le formulaire en ligne sur : www.e-cancer.fr/diffusion Rencontre des métiers de la santé LA 2e RENCONTRE DES MÉTIERS DE LA SANTÉ a eu lieu les 25 et 26 mai 2010 autour du thème du management de la qualité et gestion des risques à Strasbourg. Hélène Logerot, Conseiller médical à la FEHAP, est intervenue sur l’évaluation de près de 700 établissements de santé adhérant à la FEHAP par l’analyse des résultats de l’accréditation certification V2 et V2007 de novembre 2005 à mai 2009. Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 ACTUALITÉS EN BREF Signature de l’accord de branche OETH LA SIGNATURE de « l’Accord de branche Croix-Rouge Française - FEHAP - SYNEAS relatif à l’Obligation d’Emploi des Travailleurs Handicapés (OETH) 2011-2015 » s’est déroulée le 1er juin à La Maison des Arts et Métiers. Yves-Jean Dupuis, Directeur général de la FEHAP, a représenté la Fédération et signé cet accord. Par cet accord, inscrit dans le cadre de la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, la branche sanitaire, sociale et médico-sociale PNL affirme son attachement profond à l’application du principe de non-discrimination et d’égalité de traitement, que ce soit en matière d’accès à l’emploi, de rémunération ou de formation professionnelle. Ce renouvellement permet également de poursuivre les actions d’insertion, de professionnalisation et de maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés, déjà engagées par les établissements. Projet de décret sur les CPOM DANS LE CADRE DE LA CONCERTATION SUR LE PROJET DE DÉCRET relatif aux Contrats Pluriannuels d’Objectifs et de Moyens, la FEHAP, en collaboration avec la FHP et la FHF, a adressé un courrier à Annie Podeur, Directrice générale de la DGOS, afin de lui faire part de l’incompréhension des fédérations hospitalières quant au maintien du dispositif dit des objectifs quantifiés de l’offre de soins. Ce courrier est disponible sur le site Internet de la FEHAP : www.fehap.fr, rubrique « Etablissements de santé ». Accord-cadre CNSA - UNIFAF LE NOUVEL ACCORD-CADRE AVEC LA CNSA donne un coup de pouce à la formation des professionnels intervenant auprès des personnes âgées et handicapées. UNIFAF et la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA) ont signé le 26 mars dernier un accord visant à favoriser la qualification des personnels intervenant dans les Etablissements d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD) et dans les établissements et services pour personnes handicapées. Cet accord CNSA 2010-2012 s’inscrit dans les priorités du Plan Métiers au service des personnes âgées et handicapées en permettant aux établissements et services médico-sociaux de soutenir le développement des compétences et la qualité d’intervention des professionnels accompagnant les personnes âgées et handicapées. Les actions de formations mises en place dans le cadre de cet accord devront permettre à environ 600 salariés de s’engager pour l’année 2010 dans un dispositif de formation conduisant à l’obtention des diplômes d’Etat d’aidesoignant, d’aide-médico-psychologique, d’éducateur spécialisé, de moniteuréducateur et d’infirmier. L’obtention des diplômes pourra intervenir soit par la voie de la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE), soit par la formation complète. Afin de réaliser le cofinancement de ces formations, la CNSA alloue une enveloppe de 2 620 000 euros pour l’année 2010. Ce budget sera renégocié annuellement jusqu’au terme de l’accord en 2012. Les crédits de la CNSA ne doivent en aucun cas couvrir la totalité des charges des parcours de formation. Ils interviennent uniquement en cofinancement, dans la limite de 80 % du coût global de la formation. Notons que cet accord fait suite à un précédent partenariat signé en 2005 entre l’OPCA (UNIFAF) la CNSA et le secrétariat d’Etat aux personnes âgées. En cinq ans, le cofinancement engagé avait permis à plus de 900 professionnels de se qualifier. Pour plus d’informations sur les financements possibles dans le cadre de cet accord, nous vous invitons à contacter la Délégation UNIFAF de votre région. Vous pouvez également contacter Florence Leduc, Directeur du secteur Formation et de la Vie associative de la FEHAP : [email protected] ou Marion Biju, Conseiller Relations du Travail FEHAP : [email protected] Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 Recrutement d’enquêteurs bénévoles pour l’UNISDA DANS LE CADRE D’UNE ENQUÊTE NATIONALE SUR LA DÉTRESSE PSYCHOLOGIQUE DES PERSONNES SOURDES OU MALENTENDANTES, l’Union Nationale pour l’Insertion Sociale des Déficients Auditifs (UNISDA) recherche des enquêteurs bénévoles pour servir de relais auprès des publics sourds ou/et de leurs familles, avec lesquels ils sont en contact (réseau amical ou professionnel). La réussite de cet état des lieux, réalisé pour la première fois en France, dépend de la mobilisation de tous les acteurs pour la réalisation de cette enquête qui sera déterminante pour un premier tour d’horizon de la situation de mal-être et de détresse de ces personnes. Renseignements sur le site Internet de l’UNISDA : http://www.unisda.org/spip.ph p?article317 7 Actualités en bref L’interprofessionnalité dans la filière de soins LES ÉQUIPES DE TROIS ÉTABLISSEMENTS DE SSR SPÉCIALISÉS : le Centre L’ADAPT Les Baumes de Valence (26), le Centre de Bobigny (93) du Centre d’Orientation Sociale (COS), le Centre de Rocheplane de Saint-Martin-d’Hères (38) de la Fondation Métallurgique et Minière pour la Santé (FMMS) se sont retrouvées le 27 mars à Grenoble pour échanger sur leurs pratiques et expériences innovantes qui tendent de plus en plus à positionner l’interprofessionnalité au cœur de la prise en charge des patients et d’un travail en réseau des partenaires. Initiative peu fréquente à cette échelle, ils ont invité l’ensemble des professionnels à s’inscrire dans cette démarche. Ce sont ainsi près de 60 personnes qui ont assisté à cette journée, animée le matin par Victor Scharch, Directeur du Centre Bretegnier (Fondation Arc-enciel) et auteur de plusieurs articles sur ce thème et, l’après-midi, par le Professeur Perennou, titulaire de la chaire MPR du CHU de Grenoble. « L’interprofessionalité et le contrat de soins, outil de management essentiel des établissements » était le thème central de la matinée, illustré par la présentation d’expériences à plusieurs voix (médecins, soignants, rééducateurs, responsables qualité), conduites par les différentes équipes : • « le contrat de soins pour les patients hémiplégiques»au Centre Les Baumes • « la construction d’une interprofessionnalité dans la VAC THERAPIE » (procédé de cicatrisation) au Centre de Rocheplane • « une démarche interprofessionnelle pour la rééducation de l’épaule » dans le même Centre • «la formalisation d’un chemin clinique pour le patient» au Centre de Bobigny. En synthèse, l’animateur a insisté sur l’indispensable concertation entre professionnels dans l’hôpital pour donner du sens à la prise en charge et disposer ainsi d’une vision globale et faire en sorte que le patient devienne acteur de sa rééducation et réadaptation ; au-delà de son séjour dans le centre, avec le suivi réalisé, les professionnels concourent à préparer le patient, avec son entourage, à une nouvelle trajectoire de vie. 8 « L’articulation des différentes composantes de la filière de soins (depuis le court séjour… jusqu’aux actions médicosociales), facteur essentiel d’une qualité de prise en charge et d’accompagnement du patient » a été le thème majeur de l’après-midi, d’une grande actualité avec la mise en place des ARS. Illustré par les interventions de directeurs, médecins, cadres de santé, assistantes sociales, portant sur « la rééducation du bassin » au Centre de Rocheplane ; « l’articulation et la complémentarité SSR et actions médico-sociales » au Centre de Bobigny ; « la gestion et l’animation de la coordination des centres et services de SSR (le CEOR) sur le bassin de santé de Valence » par le Centre Les Baumes. Il a permis des échanges de réflexions qui ont porté sur : • la mise au point et le partage des outils, notamment d’évaluation, entre les professionnels des services de MCO et de SSR, pour assurer une traçabilité et une cohérence dans les interventions successives. • la nécessité de systèmes de prise en charge d’accompagnement, sur le plan territorial, entre les SSR et les actions médico-sociales. Les centres de SSR, ainsi que leurs associations d’appartenance quand elles couvrent les deux champs ont un rôle majeur pour encourager cette dynamique, en mobilisant les nombreuses possibilités prévues par les textes, par exemple la Démarche Précoce d’Insertion (DPI), l’HAD SSR, le SAMSAH, le SAVS, le CAJ, le FAM… Les ARS auront une responsabilité de poids dans ce dispositif. • les coordinations SSR, impulsées en Rhône-Alpes, depuis près de dix ans, apportent progressivement une amélioration qualitative dans l’identification des besoins, les relations entre les acteurs de statuts juridiques et économiques différents, dans les échanges d’informations sur les pratiques des professionnels. Avec leur généralisation à d’autres territoires, il faut veiller à une gouvernance adaptée. soins, s’élargissant à des dynamiques de réseaux pour l’accompagnement médico-social permettant de faire évoluer les pratiques dans le système de santé. La mise en place des ARS devrait conforter cette approche, en associant tous les acteurs, y compris les professionnels libéraux. Afin qu’elles soient en mesure d’assurer les meilleures conditions de prise en charge et d’accompagnement des personnes, elles se doivent de reposer sur les relations interpersonnelles et humaines des professionnels, partageant les projets ; les coordinations entre les acteurs, notamment ceux agissant dans le secteur médico-social, sont à mettre en place dans les territoires. Elles sont facteurs d’économies réelles sur les dépenses médicales et sociales et d’une plus grande qualité d’action auprès des patients par l’optimisation et, par voie de conséquence, la réduction des parcours de soins et d’insertion des personnes ; ces nouvelles dimensions impliquent d’identifier bien plus précisément les besoins, notamment les données sur les pathologies, dans les différentes phases de prise en charge, et d’engager la démarche de projet de soins dès le court séjour. C’est un des enjeux-clés de la mise en œuvre de «TRAJECTOIRE» qui, avec des décideurs et des acteurs informés, constituera un outil partagé afin d’adapter au plus près les réponses. Cette première journée a ainsi répondu totalement à son double objectif de montrer la capacité des établissements du secteur non lucratif, aujourd’hui dénommés ESPIC (Etablissements de Santé Privés d’Intérêt Collectif), à impulser une réflexion en profondeur sur la démarche de soins en SSR et de rapprocher les professionnels des différents établissements afin de mutualiser les innovations mises en place dans chacun des centres. Alain Mor, Chargé de mission Département Développement Innovation L’ADAPT Jean-Louis Sechet, Directeur général de la FMMS En synthèse, l’animateur a insisté sur l’intérêt des démarches de filières de Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 ACTUALITÉS EN BREF Droits et protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques (Communiqué commun dont la FEHAP est signataire, disponible sur le site Internet de la FEHAP : www.fehap.fr) LES USAGERS PATIENTS, FAMILLES ET PROFESSIONNELS DE LA PSYCHIATRIE ont pris connaissance avec la plus grande attention du projet de loi « relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et à leurs modalités de prise en charge ». En effet, chacun en mesure l’importance non seulement pour les usagers en santé mentale, mais pour notre société dans son ensemble. • la possibilité de mettre en oeuvre des soins ambulatoires sans consentement, tous les rapports sur le sujet s’étant également prononcés en faveur de telles modalités (notamment au regard de l’utilisation parfois inappropriée par leur durée de la modalité « des sorties d’essai ») De nombreux rapports ont été consacrés à cette réforme de la loi du 27 juin 1990 attendue depuis plus de dix ans car trop centrée sur l’hospitalisation alors que la grande majorité des patients sont aujourd’hui suivis en ambulatoire (consultations, hospitalisations de jour ou à temps partiel). • l’entrée dans le dispositif de soins sans consentement sous la forme d’une hospitalisation complète initiale de 72 heures au plus, au terme de laquelle est définie la modalité de soins sans consentement (hospitalisation complète, partielle ou soins ambulatoires) ou la levée de la mesure permise par l’atténuation des troubles et l’adhésion aux soins du patient C’est pourquoi, elles constatent avec satisfaction qu’ont été reprises des propositions qu’elles avaient formulées collectivement en 2007, en particulier : • une admission fondée sur un seul certificat médical initial circonstancié et n’excluant plus le psychiatre hospitalier comme certificateur potentiel, pour tenir compte des réalités de terrain et du manque de médecins qualifiés qui ne peut faire obstacle à l’accès à des soins parfois urgents • la possibilité dérogatoire de soins en cas de péril imminent, même en l’absence de tiers, sous réserve de renforcer les garanties pour les patients concernés : possibilité de recours, recherche active de tiers inscrite dans le dossier et intervention obligatoire d’un médecin certificateur n’exerçant pas dans l’établissement • le renforcement des CDHP par la mise en place d’un secrétariat permanent pour les rendre plus opérantes, réactives et inscrire leur travail dans la continuité. Il faut ici souligner que les garanties offertes aux malades par cette instance seraient d’ailleurs grandement confortées en confiant sa présidence à un magistrat. Actualités en bref Vous souhaitez faire partager vos réalisations avec l’ensemble des acteurs de la santé ? LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN ET DÉCISION SANTÉ organisent la 4e édition du Prix du Management des ressources humaines en santé. Le PRIX distingue celles et ceux qui, par leurs actions originales et exceptionnelles, dynamisent et mettent à l’honneur la gestion des ressources humaines dans l’univers de la santé. Le Grand Prix récompense une politique globale de management ayant des effets significatifs sur l’ensemble des fonctions concernées par la gestion des ressources humaines. Le Prix du DRH de l’année: récompense un professionnel «remarquable», sélectionné par un comité d’experts et les rédactions. Six prix catégoriels distinguent des actions innovantes menées dans des domaines particuliers du management: « Innovation en recrutement », « Innovation en formation continue », « Innovation en accompagnement des carrières », « Innovation en communication interne », « Innovation en communication externe », « Innovation dans l’action publique et sociale ». Les prix « Coup de cœur » du Jury. La remise de prix se tiendra au Sénat à la fin d’année 2010. Le Président du jury est le Professeur Claude-François Degos, Vice-président du Conseil national de l’Ordre des médecins, et Yves-Jean Dupuis, Directeur général de la FEHAP fera notamment partie du jury. Date-limite de dépôt des dossiers: le 10 septembre 2010. Toute pièce justificative de votre action peut-être adressée par courrier à : Inscrivez-vous comme candidat auprès de Françoise Millet et retournez le dossier de candidature avant la date-limite par mail à : [email protected] Françoise Millet Prix du Management des Ressources humaines en santé Pour tout renseignement: 01 73 28 13 07 Groupements de coopération sociale et médico-sociale : Antoine Dubout, Président de la FEHAP, adresse une lettre au Premier ministre ANTOINE DUBOUT A ADRESSÉ UNE LETTRE AU PREMIER MINISTRE, afin d’attirer son attention sur certaines dispositions de l’ordonnance du 23 février 2010 de coordination des dispositions issues de la loi HPST du 21 juillet 2009. Ces dispositions concernent les groupements de coopération sociale et médicosociale (GCSMS). En effet, l’article 18 de l’ordonnance du 23 février 2010 a rendu applicables aux GCSMS toutes les dispositions du Code de la santé publique relatives aux GCS, sous réserve des dispositions du Code de l’action sociale et des familles. Ces modifications conduisent à un flou juridique qui risque de porter préjudice au dispositif même du GCSMS, dès lors qu’elles étendent au secteur social et médico-social, des dispositions très problématiques issues de la loi HPST pour les groupements de coopération sanitaire (GCS), qui ont bloqué la dynamique de coopération hospitalière. L’une des difficultés sérieuses induites par les dispositions de l’ordonnance du 23 février 2010 tient au fait que les GCSMS détenteurs d’autorisation dans lesquels les participants sont majoritairement publics, deviennent des établissements publics sociaux et médicosociaux. Dans ces conditions, des institutions privées non lucratives ayant participé à une action de coopération, dans le cadre d’un GCSMS majoritai- 10 21, Rue Camille-Desmoulins 92 789 Issy-les-Moulineaux Cedex 9 rement public qui se verrait attribuer directement une autorisation, perdraient toute participation à la gouvernance de la structure de coopération… Comme la FEHAP l’avait anticipé dès l’été 2008, pour l’avant-projet de loi HPST, concernant les difficultés à prévoir pour les GCS détenteurs d’autorisation promus par la loi HPST dans le secteur sanitaire, ces nouvelles dispositions relatives aux GCSMS vont stopper les coopérations entre le secteur public et le secteur privé dans le secteur social et médico-social. En effet, les gestionnaires privés ne peuvent s’engager dans des dynamiques de coopération sous la menace d’une nationalisation de fait. Ce sont les raisons pour lesquelles, dans le cadre de la discussion au Parlement de la loi de ratification, la FEHAP souhaite la rectification de l’ordonnance de coordination, pour simplifier et clarifier le nouveau droit des GCSMS. La FEHAP demande que la loi de ratification précise que les GCSMS détenteurs d’autorisation sociale et médicosociale ne constituent pas des établissements et services sociaux et médicosociaux, sauf dans les cas où les GCSMS seraient issus d’une fusion entre plusieurs personnes morales gestionnaires. La proposition d’amendement de la FEHAP au projet de loi de ratification est jointe à la lettre adressée au Premier ministre. Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 ACTUALITÉS EN BREF La FEHAP sur Hôpital expo HOPITAL EXPO-INTERMEDICA est un rendez-vous public régulier dans le monde des établissements de santé. Cette édition 2010 qui s’est déroulée du 18 au 21 mai à la Porte de Versailles à Paris a rassemblé plus de 750 exposants et 25 000 visiteurs professionnels pour favoriser le dialogue et partager leurs découvertes dans l’univers des technologies, de l’information et des services de santé. Dans un contexte d’évolution rapide des secteurs sanitaire et médico-social, la FEHAP, avec 30 000 autres acteurs du secteur de la santé, a participé à cet évènement. Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la Santé et des Sports, Alain Juppé, Maire de Bordeaux, et Annie Podeur, Directrice Générale de l’Offre de Soins, se sont notamment rendus sur le stand de la FEHAP. Cette année, le salon HIT s’est articulé autour de la modernisation des technologies de l’information sur le sujet de la santé. Les raisons sont la combinaison de plusieurs avantages : améliorer la performance économique des établissements, améliorer la sécurité et la qualité des soins et garantir la confiance des usagers du système de santé dans les systèmes dématérialisés. Dans cette optique, la FEHAP, en tant qu’initiateur du plan du SI, a régionalisé l’action sur les Systèmes d’Information en cohérence avec le plan stratégique. Les « Awards » A l’occasion de la remise des prix sur le salon Hôpital expo, trois récompenses officielles ont mis à l’honneur des établissements FEHAP : • la 13e édition du Trophée de l'innovation handicap, organisée par la Mutuelle Nationale des Hospitaliers et des professionnels de la santé et du social (MNH), consacrée au thème: « Culture et sport : facteurs d'intégration sociale». Le lauréat dans la catégorie « Culture » a été désigné à un institut pour enfants de l’Association HANDAS situé dans les Vosges, adhérent de la FEHAP, qui a organisé des spectacles chorégraphiques remarquables joués par les enfants et les équipes • les résultats du Prix CNSA - Lieux de vie collectifs & autonomie 2010 ont été dévoilés. La mention spéciale Alzheimer a été décernée à «L’Espérou» du Réjal, unité Alzheimer de l’EHPAD à Ispagnac (Lozère). Ils ont reçu en récompense 10000 euros par la Fondation Médéric Alzheimer • les Awards Développement Durable récompensent les établissements les plus performants et les plus novateurs dans leur démarche écoresponsable. Cette année, 321 volon- Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 taires ayant participé au baromètre du développement durable en établissement de santé se sont vus octroyer un score en fonction de leurs réponses et de la présentation de leurs démarches éco-responsables. Le Prix par statut a été décerné à un établissement SSR adhérant à la FEHAP : le Centre de Médecine Physique et Réadaptation Les Embruns à Bidart (PyrénéesAtlantiques). 11 Actualités en bref MARDI 15 JUIN 2010 « La nouvelle dynamique du secteur Privé Non Lucratif » Immeuble Jacques Chaban-Delmas • 101 rue de l’Université - Paris Le secteur sanitaire, social et médico-social connaît aujourd’hui de profonds changements fonctionnels, institutionnels et financiers. La FEHAP, dans ce contexte de réforme, oeuvre à la reconnaissance et à la pérennité du secteur Privé Non Lucratif (PNL) et propose cette année, après trois éditions au Palais du Luxembourg, un rendez-vous parlementaire sur la nouvelle dynamique du secteur PNL. Animation de la journée par Philippe Pottiée-Sperry, Rédacteur en chef et Hélène Delmotte, Rédactrice en chef adjointe de la Gazette Santé Social. 9h-9h30 1re Accueil et Ouverture Antoine Dubout, Président de la FEHAP Jean-Louis Bancel, Président du Groupe Crédit Coopératif Pierre Méhaignerie, Président de la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée Nationale. table ronde L’origine du PNL : les enseignements d’hier pour demain 9h30-10h Les congrégations religieuses et les "Hôpitaux Privés faisant fonction de Publics" créés avant la Loi de 1838, ou l’invention du service public hospitalier. Le mouvement militant associatif et mutualiste, manifestation de l’autonomie et de la responsabilité de la société civile. Jean-Michel Belorgey, Conseiller d’Etat honoraire, Président de l’ASM 13. 10h-10h30 Le PNL, à l’international : présentation et comparaison des données françaises avec le modèle américain. Jean-Marie Fessler, Consulting Professor, Stanford University, et Conseiller du Président de la MGEN. 10h30-11h15 Débat Yves-Jean Dupuis, Directeur Général de la FEHAP, Père Brice de Malherbe, délégué de l'archevêque de Paris pour les établissements hospitaliers catholiques, Alain Milon, Sénateur du Vaucluse, Jean Canneva, Président de l’UNAFAM. 2e table ronde L’originalité du mode de gestion privé non lucratif : gouvernance, finances et ressources humaines 11h15-11h45 Les nouvelles tendances en matière de gouvernance : Les fondations, les fonds de dotation sont-ils l’avenir des associations ? Maxence Cormier, Avocat au Barreau de Paris, Maître de conférences associé à l’Institut d’Etudes Politiques de Rennes. 11h45-12h15 Intérêt et risques du secteur privé non lucratif face aux enjeux actuels de la protection sociale Yves-Jean Dupuis, Directeur Général de la FEHAP. 12h15-13h Débat Antoine Dubout, Président de la FEHAP, Jean-Marie Rolland, Député de l’Yonne, Jean-François Mattéi, Président de la Croix-Rouge Française, Anne Saint-Laurent, Directrice de l’action sociale d’Agirc-Arrco, Danièle Hoffman-Rispal, Députée de Paris. 13h-14h30 3e Cocktail déjeunatoire Appartements de la Questure de l’Assemblée Nationale, 128 rue de l’Université table ronde L’adaptation du secteur Privé Non Lucratif, face aux évolutions du système de santé et de protection sociale 14h30-15h La dynamique privée non lucrative de coopération et de regroupement de structures sanitaires, sociales et médico-sociales de proximité: l’émergence de groupes privés non lucratifs? Jean-Louis Bancel, Président du Groupe Crédit Coopératif. 15h-15h30 Les établissements privés d’intérêt collectif, où en est-on ? David Causse, Coordonnateur du Pôle Santé-Social de la FEHAP. 15h30-16h15 Débat Adrien Kervella, Président de la Fondation Perharidy et administrateur de la FEHAP, Denis Jacquat, Député de la Moselle, Yves Guiton, Vice-Président du Groupe Hospitalier Diaconesses Croix Saint-Simon, Catherine Génisson, Députée du Pas-de-Calais*. 16h15-17h Clôture * Sous réserve de confirmation 12 Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 ACTUALITÉS EN BREF Europe PAR DÉCISION DE SON CONSEIL D’ADMINISTRATION le 2 décembre 2009, la FEHAP est devenue membre d’HOSPEEM, abréviation anglaise de l’Association européenne des Employeurs hospitaliers et de la Santé. HOSPEEM est reconnue par la Commission européenne comme partenaire social officiel pour les employeurs du secteur hospitalier. Grâce à cette adhésion, la Fédération participe activement aux dossiers européens en étant identifiée comme représentant du secteur sanitaire, social et médico-social à but non lucratif en France. Ainsi, la FEHAP, par l’intermédiaire d’HOSPEEM, a pu faire part de ses réflexions à la Commission européenne sur trois dossiers majeurs. L’impact de l’affaire Stringer en droit du travail français La FEHAP a écrit au Commissaire européen de la Direction générale « emploi, affaires sociales et égalité des chances », Làszlò Andor, pour lui faire part de ses inquiétudes quant à l’arrêt de la CJCE du 20 janvier 2009 (aff. 350/06 et 520/06, Gerhard Schultz-Hoff c/Deutsche Rentenversocherung Bund et Stringer e.a. c/Her Majesty’s Revenue and Customs). Dans cette affaire, la Cour se prononce en faveur de l’ouverture des droits à congés payés sans durée minimale de travail effectif. Cette décision contrevient aux dispositions du code du travail français qui conditionne l’ouverture de ces droits à une période minimale de travail effectif de dix jours. Les absences ne sont pas assimilées à du temps de travail effectif pour l’ouverture des droits, sauf texte spécial ou disposition conventionnelle plus favorable. Il en ressort que, hors exceptions, les absences prolongées empêchent tout accès au congé annuel. L’application de la décision de la CJCE revient à rendre inopérantes les dispositions de la législation française. La FEHAP a fait part de ses inquiétudes quant aux conséquences financières et humaines découlant de la réglementation et de la jurisprudence européennes dans notre secteur. Directive temps de travail La Commission européenne a lancé la première phase de consultation des partenaires sociaux européens sur l’opportunité de révision de la directive temps de travail dont les négociations avaient achoppé sur une série de dispositions du texte. La FEHAP s’est prononcée dans le cadre de son adhésion à HOSPEEM. La Commission examinera les avis recueillis au cours de cette première phase et se prononcera ensuite sur l’opportunité de mener une action au niveau de l’UE. Si elle décide que l’action est justifiée, la Commission lancera une seconde phase de consultation des partenaires sociaux à l’échelle de l’Union. Cette phase portera sur le contenu de toute proposition d’action, conformément à l’article 154, paragraphe 3, du Traité de Fonctionnement de l’UE. Une proposition législative sur la directive temps de travail est attendue d’ici à la fin de l’année 2010. de la main-d’œuvre dans le secteur hospitalier, l’amélioration du recrutement et de la fidélisation du personnel de santé ou encore leur formation. Ces échanges visent à établir un accord commun sur les mesures et actions à mener dans le secteur hospitalier. C’est dans ce contexte que le premier accord-cadre européen a été conclu en 2009 sur la prévention des blessures par objets tranchants pour les travailleurs de la santé (COM (2009) 0577). Une directive du Conseil applique cet accord-cadre dans le secteur hospitalier et sanitaire conclu par l’HOSPEEM et la FSESP (partenaire social européen officiel pour les travailleurs du secteur hospitalier de l’UE). Actuellement, les partenaires sociaux envisagent une action sur le thème du recrutement et de la fidélisation du personnel dans le secteur des hôpitaux. La FEHAP participe activement à ces différents groupes afin de défendre les intérêts de ses adhérents et de faire part des difficultés rencontrées sur le terrain. Dialogue social sectoriel des hôpitaux Les syndicats d’employeurs ainsi que les syndicats de travailleurs se réunissent régulièrement afin d’échanger sur des thèmes, tels que le vieillissement Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 13 Actualités en bref La version 2 de hopital.fr LA FÉDÉRATION HOSPITALIÈRE DE FRANCE, EN FÉDÉRATION DES ETABLISSEMENTS HOSPITALIERS ET D’AIDE À LA PERSONNE PRIVÉS À BUT NON LUCRATIF (FEHAP) et la Fédération Nationale des Centres de Lutte Contre le Cancer (FNCLCC), avait lancé fin janvier 2008 le premier portail d’information grand public sur le service public hospitalier. Avec plus de 4,5 millions de visiteurs en deux ans, hopital.fr est devenu un site de référence dans le milieu de la santé. PARTENARIAT AVEC LA Avec le même esprit de transparence et de service aux usagers, la FHF et ses partenaires lancent une nouvelle version du site. La Croix-Rouge française a rejoint le comité hopital.fr et ses établissements sont donc référencés dans la nouvelle version de l’annuaire. Hopital.fr s’appuie sur un important travail collaboratif associant les professionnels hospitaliers, les établissements et de nombreux partenaires (fédérations, institutionnels, associatifs et médias) qui contribuent en permanence à l’ensemble des rubriques du site. Un dico médical toujours plus riche : Le dictionnaire médical de vulgarisation pour mieux comprendre les termes employés à l’hôpital et faciliter le parcours de soins s’est enrichi avec plus de 600 définitions et des vidéos associées. Un « espace pro » toujours plus développé : Avec un annuaire spécifique permettant aux professionnels de santé de rechercher des praticiens hospitaliers, des établissements ou des services médicaux par critères géographiques ou par pathologies traitées(GHM), des actualités et des contenus dédiés pour aider les professionnels dans leur pratique. Une application iPhone : L'application "Hôpitaux" permet d'accéder simplement à l'essentiel des fonctionnalités du site www.hopital.fr depuis un iPhone 3G. Hôpitaux propose également une fonctionnalité exclusive de recherche et d'affichage des services d'urgences les plus proches de votre position grâce aux fonctionnalités GPS de l'iPhone. Les nouvelles publications de la FEHAP • Les actes de la journée du management PNL 2009 viennent de paraitre. Le RDV parlementaire 2009 avait pour thème « Enjeux et défis de la coopération ». Ce document regroupe toutes les interventions de cette journée mais aussi des entretiens réalisés à la suite afin d’apporter des éclairages spécifiques sur les questions abordées. • « La 1re lettre aux parlementaires : la FEHAP dans le débat public » diffusée à partir du mois de juin à tous les parlementaires en fonction de l’actualité de la Fédération et du secteur Privé Non Lucratif. Celle-ci fait le point sur la Loi HPST un an après sa publication. Les services proposés par hopital.fr version 2 Un annuaire toujours plus performant : L’annuaire pratique des établissements permet à l’usager de trouver un établissement, un service, une consultation ou un médecin avec des critères de recherche par pathologies, examens ou spécialités médicales. Les résultats de recherche sont détaillés par activité, géo localisés, avec des informations pratiques et de nouveaux indicateurs qualitatifs, afin d’orienter les patients vers les services reconnus pour la qualité de leurs prises en charge. 14 • « La lettre de la révision de la CCN51 » sera diffusée pendant tout le processus de rénovation en cours actuellement de la CCN51 et diffusée largement afin que tous les acteurs puissent avoir connaissance de ces négociations en cours. • Jean-Marie Fessler, président de la MGEN, docteur en éthique médicale et en économie de la santé, directeur d’hôpital participe au RDV parlementaire de la FEHAP le 15 juin. A cette occasion, la FEHAP publie une « carte blanche » ayant pour thème « Not for profit dans les hôpitaux américains ». Cet article propose, de manière synthétique, un éclairage portant sur le domaine non lucratif aux Etats-Unis, tout particulièrement dans le secteur hospitalier. Ces documents sont disponibles sur le site internet de la FEHAP www.fehap.fr rubrique « publications et documentation », ou sur demande au service communication de la FEHAP : [email protected]. Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 ACTUALITÉS EN BREF Parution du décret sur les établissements de santé privés d’intérêt collectif : un décret aussi bienvenu qu’attendu (Communiqué de presse) LA FÉDÉRATION DES ETABLISSEMENTS HOSPITALIERS ET D’AIDE À LA PERSONNE PRIVÉS NON LUCRATIFS (FEHAP) salue la promulgation du décret du 20 mai « relatif aux établissements de santé privés d’intérêt collectif» (ESPIC). Ce texte d’application de la Loi HPST concrétise le vote à l’unanimité des députés et des sénateurs pour le rétablissement de l’identité privée non lucrative dans le code de la santé publique, là où le projet de loi organisait la disparition des établissements participant au service public hospitalier (PSPH). Il y a lieu de rappeler qu’au titre de la Loi HPST et dès sa promulgation le 22 juillet 2009, les centres de lutte contre le cancer (CLCC) et tous les établissements autrefois PSPH sont devenus des ESPIC. Ils ressortissent ainsi d’une des trois catégories juridiques d’établissements de santé définis par la première phrase de la Loi HPST : « les établissements de santé publics, privés et privés d’intérêt collectif ». Le décret récemment paru permet enfin à des organismes sans but lucratif qui gèrent des établissements de santé et qui n’étaient pas PSPH auparavant, de s’identifier également comme ESPIC auprès de leur agence régionale de santé. Ces déclarations en qualité d’ESPIC, que le décret n’inscrit pas dans un délai particulier, concernent notamment les nombreux adhérents de la FEHAP non PSPH exerçant l’activité de dialyse, mais aussi une part significative de l’hospitalisation à domicile, et enfin de quelques adhérents dans le domaine des soins de court séjour, des soins de suite et de réadaptation et de psychiatrie fonctionnant avec des communautés médicales libérales et relevant du secteur dit «ex-OQN» (échelle privée des tarifs). Le statut d’ESPIC concerne au total près de 700 établissements de santé privés non lucratifs, gérés par des associations, des congrégations, des fondations, des mutuelles et des institutions de retraite complémentaire et de prévoyance, d’une part, et les 20 centres de lutte contre le cancer, d’autre part. Au-delà des modalités déclaratives nécessaires pour les établissements qui n’étaient ni PSPH ni CLCC, le décret comporte des dispositions intéressantes qui sont le fruit des travaux menés par la FEHAP et la FNCLCC avec les pouvoirs publics pour ce décret. Les ESPIC devront élaborer un « projet institutionnel », document de politique générale élaboré par les personnes morales gestionnaires, pour une durée de cinq années mais révisable à tout moment. Ce concept est à rapprocher du « projet institutionnel » prévu par l’article 124 de la Loi HPST pour les Etablissements et Services Sociaux et Médico-Sociaux Privés d’Intérêt Collectif (ESmsPIC). La FEHAP a donc œuvré pour que le code de la santé publique (CSP) et le code de l’action sociale et des familles (CASF) soient aussi articulés du point de vue de personnes morales privées non lucratives, gestionnaires à la fois d’activités sanitaires et médicosociales, qui pourront rassembler leur projet en matière de santé et d’autonomie dans un même document de référence. Situé à un autre niveau que le « projet d’établissement », puisqu’il est établi par la personne morale gestionnaire, le concept de projet institutionnel proposé par la FEHAP lors des débats d’HPST prend également en compte la dynamique de constitution de groupes privés non lucratifs, gestionnaires d’une pluralité d’établissements et services sanitaires, sociaux et médico-sociaux. Enfin, le décret présente également l’intérêt de structurer l’association des usagers et de leurs associations représentatives dans la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques définies par le projet institutionnel, selon des modalités souples définies par l’organe délibérant de chaque institution. Le secteur privé non lucratif est naturellement très proche des usagers et de leur mouvement militant. Il en est souvent directement issu et géré par des dirigeants personnellement concernés. Mais, l’originalité d’autres composantes privées non lucratives, parfois congréganistes ou paritaires, ne permettait pas au texte réglementaire de déployer des modalités identiques pour tous les ESPIC. « Agir pour ne pas subir » AGIR POUR NE PAS SUBIR. Ces quelques mots résument parfaitement la teneur des débats lors des rencontres organisées par l’Institut Supérieur de Communication et de Management Médical et l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris-Europe, au ministère de la Santé et des Sports, le 5 mai 2010. Durant cette journée ayant pour thème : « Loi HPST - Quelle place pour la coopération et le management médico-administratifs ? », la FEHAP a fait entendre sa voix par le biais de David Causse, coordonnateur du pôle santé social, qui a rappelé l’impact négatif de la loi HPST sur les dynamiques de coopération interhospitalière, en particulier l’épée de Damoclès qui pèse sur les établissements de santé privés membres d’un GCS détenteur d’autorisation de soins. La question de la dévolution concurrentielle des missions de service public, notamment en matière d’enseignement et de recherche, a également été abordée par les différents participants à la table ronde. Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 15 ALSACE Association, partenariat… une tendance affirmée pour les EHPAD en Alsace LA FEHAP COMPTE PARMI SES ADHÉRENTS ALSACIENS de nombreux Etablissements d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD). Sur les 109 établissements ou services pour personnes âgées, la Délégation régionale distingue plus de 70 EHPAD dans le Haut-Rhin et le Bas-Rhin. Coopérer entre établissements pour mutualiser des achats, répartir des postes difficiles à pourvoir, des services logistiques, des formations pour partager une culture commune… en Alsace, certains présidents et directeurs d’EHPAD ont la même devise «L’union fait la force» et se regroupent en association ou partenariat. Un accord-cadre pour des EHPAD Bas-rhinois Dans la Communauté Urbaine de Strasbourg, courant 2009, un premier espace de réflexions partagées entre directeurs d’EHPAD adhérents de la FEHAP s’est « informellement » développé. Puis, un groupe de directeurs, tous convaincus du bénéfice à mettre en commun leurs réflexions et à échanger sur leurs difficultés, a amorcé une démarche de mutualisation d’actions. Ainsi, Martine Heros Jordan pour l’EHPAD Les Mélèzes - Hospitalor (Strasbourg) et Philippe Ballorin pour les EHPAD Herrade (Strasbourg) et Ermitage (Illkirch), 16 Yann Moratille pour l’EHPAD Caritas (Strasbourg), Christian Bier pour l’EHPAD Niederbourg (Illkirch) et Didier Fuchs pour l’EHPAD Le Bartischgut (Strasbourg), représentant plus de 400 personnels et 650 résidents avec leurs 6 EHPAD réunis, mènent une réflexion pour l’élaboration d’un accord-cadre de coopération. Un tel contrat proposerait une architecture variable laissant une totale autonomie à chaque association ou fondation gestionnaire. En effet, les signataires de cet accord-cadre pourraient donc ensuite, en toute liberté, choisir de participer ou non à une action, stipulée dans un avenant précis. Formule « souple », cet accord-cadre permettrait à tout EHPAD Privé Non Lucratif du Bas-Rhin de rejoindre les participants « fondateurs ». Au terme de ces premiers mois de réflexion, plusieurs thématiques prioritaires ont été définies et pourraient alors faire l’objet d’un avenant : • une Pharmacie à Usage Intérieur partagée (l’un des 6 EHPAD a déjà une PUI) • l’organisation de formations du personnel interétablissements • la création de temps d’échange interétablissements entre personnels d’un même métier • la mutualisation de contrats de maintenance et conformités: portails automatiques, ascenseurs, climatisation, centrale incendie, DARDE (Document d’Analyse des Risques de Défaillance Electrique) et groupe électrogène, légionnelle... • la mise en concurrence de fournisseurs dans des secteurs comme l’alimentation (par groupe de denrées: boissons, fruits et légumes, viandes...), les changes à usage unique, les produits d’entretien... ; de producteurs de proximité (développement durable) • la mise en commun et l’harmonisation de certains outils de gestion des ressources humaines (fiches de postes...) et qualité (protocoles...) • l’élaboration d’une démarche commune d’évaluation interne, voire externe (choix de la norme, priorisation de certains processus métiers...). Et si ces projets de mutualisation visent la qualité pour les résidents et les personnels, l’efficience et l’économie de coûts, leur préparation a également d’autres bénéfices comme, par exemple, pour ces cinq directeurs… celui de relativiser ! Après avoir écouté un confrère, certains se disent en souriant « finalement, non, l’herbe n’est pas toujours plus verte dans le pré d’en face, les situations les plus grotesques ne sont pas si isolées… ça n’arrive donc pas que chez moi ! ». Une nouvelle association dans le domaine de la personne âgée dépendante C’est cette même volonté de se rassembler au sein d’une organisation permettant la mutualisation pour améliorer le service à la personne qui a conduit des associations à but non lucratif d’inspiration protestante à se réunir en créant une association de droit local : l’Alliance Saint-Thomas Seniors. Regroupant initialement sept maisons de retraite protestantes d’Alsace adhérentes FEHAP, cette association se veut un « réseau où chaque partenaire prend ce qui l’arrange tout en gardant son identité et son indépendance ». ••• Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 ECHOS DES RÉGIONS ALSACE Des mains propres à la « Résidence Tuileries - Musau » à Strasbourg ••• Regrouper les achats, former le personnel, mutualiser les compétences, le savoir-faire et les expériences, soutenir les maisons de retraite adhérentes en cas de difficulté, proposer une cellule de veille à ces établissements qui ne peuvent consacrer du temps à une telle tâche chronophage mais indispensable en ces temps de réformes… sont autant d’objectifs que se fixe l’association. Mais il s’agit également pour ses fondateurs de permettre au secteur à but non lucratif, particulièrement bien représenté en Alsace, d’être résistant face au secteur lucratif, présent et en expansion dans les autres départements avec, par exemple, la promotion de l’éthique et des valeurs dans une charte. L’association Alliance Saint-Thomas est présidée par Bernard Higel, Président de l’association Maison de Retraite et d’Accueil Sarepta et composée de : • l’association Dispensaire Protestant Maison de Retraite Salem • l’association de gestion Emmaüs Diaconesses • l’association Maison de Retraite et d’Accueil Sarepta • l’association Maison Bethlehem • l’association Bienvenue Foyer du Parc DEPUIS TROIS ANS MAINTENANT, les établissements sanitaires français participent à la campagne nationale «Mission Mains Propres », initiée par le ministère de la Santé et des Sports pour la promotion de l’hygiène des mains. n’ont plus accès au travail mais ont conservé un minimum d’autonomie. Véritable lieu de vie partagé, le FAS favorise la réinsertion sociale, la quête d’autonomie et le retour à une vie citoyenne. En 2009, la France s’est d’ailleurs engagée dans le défi « Un soin propre, un soin sûr », sous l’égide de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), à travers la participation à la journée mondiale sur l’hygiène des mains « Sauvez des vies : lavez-vous les mains ». De plus en plus de professionnels des secteurs sanitaire et médico-social marquent ainsi, chaque année, l’événement. «Aux Tuileries», les professionnels s’associent régulièrement aux campagnes nationales de prévention pour travailler auprès des résidents et saisir ainsi l’occasion de renouveler et développer les messages d’hygiène, de prévention, d’éducation à la santé qu’ils transmettent déjà au quotidien. Une mission incontournable à la prise en charge globale de ces patients dont la pathologie mentale (en majorité des patients schizophrènes) entraîne notamment une perte des automatismes, comme justement toutes ces « bonnes habitudes » que sont le lavage des mains, les soins bucco-dentaires, une prise régulière de repas équilibrés, un minimum d’activité physique… Le 5 mai 2010, à Strasbourg, comme partout en France, de nombreuses animations de sensibilisation étaient menées. Pour les résidents du Foyer d’Accueil Spécialisé «Résidence Tuileries - Musau», l’atelier sur l’hygiène des mains, proposé par Marianne Bannereau, infirmière coordinatrice, et l’équipe éducative, n’était pas une première… Etablissement médico-social de l’association Route Nouvelle Alsace, alternative entre l’hôpital psychiatrique et la vie en milieu ordinaire, ce Foyer situé à Strasbourg accueille 40 personnes en situation de handicap psychique qui Ce 5 mai, avec la « mission mains propres », après un jeu-test concours et une séance « lavage des mains dans les règles de l’art », chacun est reparti avec son savon et sa brosse… et l’ultimatum de leur infirmière souriante « que je ne vois plus d’ongles sales ! ». • l’association Maison de retraite Le Diaconat de Bischwiller. Elle concerne donc les établissements Salem à Barr, Emdiac à Strasbourg et Ostwald, Sarepta à Dorlisheim, la partie gériatrie du Diaconat à Bischwiller, Bethlehem à Strasbourg, ainsi que Bienvenue-Foyer du parc à Munster… environ un millier de lits en EHPAD pour ces établissements hébergeant des personnes âgées, avec une moyenne d’âge de 82 ans. « Si les associations fondatrices sont toutes d’inspiration protestante, les statuts sont très ouverts et, s’il y a d’autres structures qui veulent nous rejoindre, ce sera possible », signale Bernard Higel dans la Presse quotidienne régionale. BOURGOGNE La Maison de Retraite La Providence à Dijon LA MAISON DE RETRAITE, conventionnée EHPAD – Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes – accueille en permanence, depuis décembre 2005, 86 résidents en chambre individuelle. Depuis 2003, les préoccupations de l’Association ont essentiellement concerné l’humanisation et la mise aux normes de l’établissement. En effet, bien que celui-ci ait connu plusieurs phases de rénovation et obtenu l’autorisation de poursuivre son activité à chaque passage de la Commission de Sécurité, les dernières adaptations réalisées se révèlent insuffisantes face aux besoins des personnes accueillies. Ainsi, le Conseil d’Administration, dans un engagement continu de qualité et du bien-être, s’est fixé pour principal objectif la rénovation totale de l’établissement avec création d’une unité spécifique destinée à l’hébergement de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et troubles apparentés. Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 17 BOURGOGNE L’animation dans tous ses états Interview de Mama Keddar, Animatrice à la Maison de Retraite La Providence à Dijon Sophie Roch, chargée de mission FEHAP : Lors de ma visite dans votre établissement, j’ai pu remarquer que l’activité d’animation était originale et hors du commun. Vous m’avez indiqué que vous faisiez intervenir des étudiants de Sciences Po et de l’ESC de Dijon pour organiser des conférences sur des thèmes choisis par les résidents. Pouvez-vous nous expliquer concrètement de quoi il s’agit ? Mama Keddar : Les étudiants de Sciences-Politiques et de l’ESC Dijon ont la possibilité de proposer aux résidents de la Maison de Retraite La Providence des mini-conférences sur un thème de leur choix (musique, sport, voyage…). Ce temps d’échange permet de maintenir des liens intergénérationnels. Il comporte deux objectifs essentiels : • celui de permettre aux étudiants la rencontre d’un public différent de celui auprès duquel ils seront amenés à intervenir (fragilité, dépendances diverses, capacité de concentration, d’écoute...) • puis, en contrepartie, celui permettant aux résidents de rencontrer et d’échanger avec des interlocuteurs aux préoccupations et centres d’intérêts très différents des leurs. de transparence vis-à-vis des familles). Il y a également des élèves de BTS du lycée des Arcades qui ont pour mission d’élaborer un recueil des souvenirs d’école auprès des résidents afin de garder une trace de ce qu’était l’enseignement au XXe siècle. Une réunion d’information sur l’univers de la maison de retraite et la personne âgée a eu lieu avec les étudiants au début de notre collaboration, au cours de laquelle j’ai insisté sur deux points importants : • ne pas hésiter à poser toutes les questions sur ce qu’ils voient et/ou entendent (on se doit de leur expliquer tout ce qui peut paraître étrange à une personne qui n’est jamais entrée dans une maison de retraite) • ne pas hésiter également à me tenir informée sur l’éventuel malaise à se retrouver en maison de retraite (on est TOUS DIFFERENTS, chacun réagit à sa manière face à la vieillesse). S.R. : Comment vous est venue l’idée de cette forme d’animation ? M.K. : L’idée m’est venue lorsque je me suis rendue compte que les résidents étaient très attirés par la jeunesse et surtout que ces jeunes-là, qui ont l’âge de leurs arrière-petits-enfants, pouvaient leur apporter une relation que, peutêtre, ils ne pouvaient avoir avec les leurs. J’ai également pensé que cela permettrait aux étudiants de relativiser les choses quotidiennes en discutant avec des personnes qui ont connu une Guerre mondiale, voire deux, de partager des opinions avec des jeunes étrangers (ceux de Sciences-Politiques sont des étudiants des pays européens en majorité), voire de se souvenir de leurs voyages à l’étranger. S.R. : Quelles ont été vos démarches auprès de Sciences Po et de l’ESC ? convention, etc. Aucune démarche n’a été faite auprès de l’Ecole de Sciences Politiques, de l’ESC Dijon et du lycée Les Arcades, ce sont plutôt eux qui sont venus à nous. Une première convention a été signée avec le Bureau des Elèves de SciencesPolitiques, une deuxième avec le lycée Les Arcades. La présence des étudiants de l’ESC Dijon fait partie intégrante de leur cursus scolaire qui insiste sur la réalisation d’un certain nombre d’heures de bénévolat dans le cadre de la Pédagogie par l’Action Citoyenne PAC. Les élèves de Sciences-Politiques intègrent également ce volet à leurs études. L’année dernière, notre collaboration s’est terminée par la rédaction d’un mémoire en fin de cursus. S.R. : Quels sont les rapports entre les résidents et les étudiants ? M.K.: Les rapports entre les étudiants et les résidents sont excellents. Ces jeunes sont à leur écoute et leur donnent de leur temps, ce dont nous, employés, manquons cruellement. Ils n’ont pas d’obligation d’aller rendre visite à un nombre de résidents précis. On privilégie ceux qui ont peu ou pas de visites ou bien ceux qui sont un peu solitaires de par leur caractère. La relation se fait naturellement quand il y a un vrai investissement de la part des étudiants. Certains comprennent rapidement que nos personnes âgées sont très attachantes et ils vont jusqu’à avoir de petites attentions pour celle, celui ou ceux qu’ils vont voir (avec mon autorisation au préalable par mesure 18 BRETAGNE Inauguration du Service d’Accompagnement à la Vie Sociale de Bégard UN AN APRÈS L’OUVERTURE, les nouveaux locaux du Service d’Accompagnement à la Vie Sociale, créé par la Fondation Bon-Sauveur de Bégard, ont été inaugurés le 18 mars dernier en présence de Vincent Le Meaux, Vice-président du Conseil Général, et Gérard Le Caer, Maire de Bégard et Conseiller général. Henri Terret, directeur général, a ainsi rappelé le contexte du service et a insisté sur le fait que son ouverture a permis de réduire de 35 % l’hospitalisation de ses patients. Créé en 2009, le SAVS a pour mission de répondre aux besoins des personnes en situation de handicap et désireuses d’une aide socio-éducative. Le service est ainsi chargé d’apporter un appui dans les démarches du quotidien, une écoute, un soutien relationnel… Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 ECHOS DES RÉGIONS BRETAGNE Portes ouvertes à la MAS Ker Dihun de Saint-Brieuc DANS LE CADRE DES RENCONTRES SINGULIÈRES «Portes Ouvertes autour du Handicap», la Maison d’Accueil Spécialisée (MAS) Ker Dihun de Saint-Brieuc a ouvert ses portes au grand public le 18 mars. Cette après-midi Portes Ouvertes fut ainsi l’occasion pour les visiteurs de découvrir l’exposition des travaux réalisés par les résidents lors de différentes animations, ainsi que les activités proposées au Centre Ker Dihun. Elle a également offert l’occasion de rencontrer les équipes de la MAS et du SAMSAH (Service d’Accompagnement MédicoSocial pour Adultes Handicapés). A l’issue de la visite, les résidents ont offert un goûter aux visiteurs. Depuis janvier 1999, le Centre de Ker Dihun, dont la capacité est de 35 lits et places, accueille des personnes traumatisées crânien et/ou cérébro-lésées. Le SAMSAH a été créé sept ans après l’ouverture du Centre Ker Dihun. Ce service de 25 places a pour vocation de répondre aux besoins des personnes souffrant de ces pathologies mais vivant en milieu ouvert. Le but est d’en favo- riser le maintien à domicile et de faciliter leur insertion sociale et professionnelle. La MAS Ker Dihun et le SAMSAH sont des établissements et services gérés par l’Association Hospitalière de Bretagne (www.ahbretagne.com). FRANCHE-COMTÉ CENTRE Première rencontre avec le Directeur général de l’ARS Centre La Délégation rencontre l’ARS LA DÉLÉGATION RÉGIONALE CENTRE DE LA FEHAP a été reçue le 14 avril 2010 par Jacques Laisne, Directeur général de l’Agence Régionale de Santé Centre. Cette première prise de contact a été l’occasion pour Dominique de Courcel, Délégué régional FEHAP et Directeur de l’Hôpital Saint-Jean à Briare, Serge Bagarry, Directeur Général de Sphéria Val-de-France Actions, Luc Mahaut, Directeur de la Résidence Les Grands Chênes à Joué-lès-Tours, et Alain Rodriguez, Directeur de la Résidence La Rocherie à Nérondes, de présenter la FEHAP Centre et ses adhérents, intervenant sur l’ensemble des secteurs sanitaire, social et médico-social. DIDIER FAYE, DÉLÉGUÉ RÉGIONAL FEHAP de Franche-Comté, Didier Bacheley, Jean-Claude Guillermet et Samuel Guinard, membres de la Délégation régionale FEHAP, ont été reçus le 18 janvier 2010 par Sylvie Mansion, préfigurateur de l’ARS de Franche-Comté. Au-delà des échanges sur l’organisation de l’Agence et la recherche de la simplicité dans la constitution de l’équipe de direction, Jacques Laisne, conseiller-maître à la Cour des Comptes et ancien Préfet du Var, a affirmé sa volonté de faire de la permanence des soins une de ses principales priorités. Il a, par ailleurs, souligné son attachement au dialogue avec les acteurs de santé, particulièrement dans le cadre des conférences de territoire. Enfin, les membres de la Délégation régionale et le Directeur général de l’ARS Centre ont longuement échangé sur les représentativités et la place des fédérations au sein des instances régionales de santé (CRSA, conseil de surveillance, conférences de territoires). Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 Cette rencontre de présentation a permis de recueillir des informations sur l’organisation future de l’ARS, notamment dans le cadre de la représentativité à la Commission Régionale de Santé et de l’Autonomie (CRSA). Par ailleurs, Didier Faye a invité Sylvie Mansion à une prochaine rencontre qui permettra de lui présenter le Projet Stratégique Régional. 19 LIMOUSIN Création d’une équipe spécialisée pilote pour les malades d’Alzheimer à Limoges L’ASSOCIATION SOINS ET SANTÉ, adhérente FEHAP, fait partie des 40 équipes spécialisées «pilotes» qui ont été sélectionnées sur le territoire français en 2009 pour la mise en place d’une nouvelle prestation de «soins d’accompagnement et de réhabilitation à domicile » pour les malades d’Alzheimer, conformément aux objectifs fixés par le plan Alzheimer 2008/2012. Prendre en compte les besoins à domicile Avec la mise en place d’une équipe spécialisée pour les malades d’Alzheimer à domicile, Soins et Santé, déjà acteur dans le secteur médico-social et gérontologique Haut-viennois, s’inscrit dans l’amélioration de l’accompagnement des personnes atteintes de troubles cognitifs et du besoin de répit et de soutien des familles. Installée à Limoges (87) depuis l’automne 2009, l’équipe spécialisée de 10 places vient compléter les services mis en place par Soins et Santé : un Centre de Soins Infirmiers, un SSIAD et un accueil de jour thérapeutique. Soins d’accompagnement et de réhabilitation La prestation «soins d’accompagnement et de réhabilitation » fait partie des stratégies thérapeutiques non médicamenteuses dans la maladie d’Alzheimer, permettant d’offrir au patient et à l’aidant des activités thérapeutiques, de réhabilitation sociale et de soutien psycho-éducatif. Il s’agit, en effet, de proposer à domicile une prise en charge globale associant des interventions sur la qualité de vie, la communication, la cognition, la stimulation sensorielle, l’activité motrice, des activités occupationnelles et sociales. Cette prestation fait l’objet d’une prescription médicale soit dès le diagnostic, soit durant la maladie ou en cas de crise. 20 Selon les besoins des patients, deux types de prise en charge sont possibles : prise en charge globale (soins de nursing et infirmiers, séances d’accompagnement et de réhabilitation) ou prise en charge partielle (séances d’accompagnement et de réhabilitation avec, au minimum, deux passages par semaine). La mise en place de cette prestation à domicile repose sur une prise en charge personnalisée des patients présentant des troubles cognitifs, nécessitant une organisation souple respectant les rythmes de vie de chacun et un fonctionnement fondé sur des compétences pluridisciplinaires. Les séances sont réalisées par une psychomotricienne, des aides-médicopsychologiques et des aides-soignantes formées à la prise en soins des malades, ainsi qu’une psychologue. gériatres, psychogériatres, psychiatres et neurologues ainsi que les consultations mémoire. Une coordination garantie par des partenariats Pour une bonne coordination et continuité des prises en soins, des partenariats sont mis en place avec d’autres SSIAD, associations d’aide à domicile, téléassistance, associations de familles, le centre mémoire de recherche et de ressources, l’équipe mobile psychogériatrique ainsi qu’avec l’ensemble des professionnels du secteur médico-social et de la santé. Aurély Bougnoteau-Dusartre Directrice de Soins et Santé Le Castel Marie 43, Route de Nexon 87 000 Limoges L’équipe est coordonnée par une infirmière coordinatrice des soins qui travaille en collaboration avec les prescripteurs, notamment les médecins traitants, les Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 ECHOS DES RÉGIONS LIMOUSIN Première rencontre avec le Directeur général de l’ARS Limousin QUATRE REPRÉSENTANTS DE LA DÉLÉGATION ont été reçus, le 16 avril 2010, par Michel Laforcade, Directeur Général de l’Agence Régionale de Santé Limousin et ancien DDASS de Dordogne. RÉGIONALE LIMOUSIN DE LA FEHAP A l’occasion de cette première prise de contact, Jean-Christophe Doulx, Délégué régional FEHAP et Directeur de l’Association Clinique de la Croix Blanche à Aubusson, Jean-Marie Farges, Directeur de deux foyers HANDAS en HauteVienne et Délégué départemental, Christophe Genie, Directeur Général de l’Association Vieillesse et Handicap de Chamberet, et Nathalie Perpinial, Chargée de mission FEHAP, ont présenté la FEHAP Limousin et ses adhérents, intervenant sur l’ensemble des champs sanitaire, social et médico-social. Sous forme de questions/réponses autour d’enjeux primordiaux pour nos établissements dans la région, tels que la représentativité et la place des fédérations au sein des instances régionales, l’organisation et la répartition des compétences entre le Siège de l’ARS et ses délégations territoriales, l’évaluation interne et externe, les échanges ont été très constructifs. d’accompagnement en matière de coopération. Néanmoins, le choix des modalités reviendra ensuite à chaque structure. Le DGARS du Limousin a, en outre, exprimé sa détermination de pérenniser le dialogue et le partenariat entre collectivités territoriales, en particulier avec les Conseils généraux. Enfin, il a réitéré sa volonté de faire de l’usager un sujet collectif, notamment via la création de Conseils de la Vie Sociale Départementaux. Après avoir indiqué que le regroupement était vital pour les associations, Michel Laforcade a précisé que l’Agence fixerait le cap et proposerait les outils LORRAINE Conférence de presse LE CLUB DE LA PRESSE DE METZ a réuni une douzaine de journalistes et cinq représentants de la FEHAP Lorraine le 29 avril 2010 à la brasserie FLO de Metz, sur initiative de la Délégation régionale. Patrick Lstiburek, Camille Beck, Vincent Renault, Jacques Royer et Frédéric Platz ont pu ainsi faire un point d’étape avec la presse en région, présentant ainsi l’offre de soins de la FEHAP en Lorraine ainsi que ses attentes et positionnements à l’aune de la Loi HPST, de la création des ARS et de l’évolution générale du paysage sanitaire et médicosocial. Les problématiques de tarification et de différentiel de charges ont également été largement abordées. Cette rencontre a notamment fait l’objet d’un reportage sur France 3 Metz, diffusé le 29 avril à 18 h 45, ainsi que d’un article dans le Républicain Lorrain en date du 30 avril 2010. Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 21 PACA Conférences « Les Agences Régionales de Santé, quels apports demain ? » RHÔNE-ALPES Les journées portes ouvertes de KATIMAVIC LE 26 AVRIL DERNIER, L’Hôpital SaintJoseph de Marseille (13) organisait une soirée autour de la thématique de l’apport des ARS dans le paysage sanitaire, en présence de Dominique Deroubaix de l’ARS PACA. Cette soirée, organisée en partenariat avec le Cabinet « Stan Le Scolan Chasseur de têtes » et avec le soutien des Délégations régionales de la FEHAP, la FHF et de la FHP Sud-est, réunissait des orateurs de grande qualité pour faire le point sur le nouveau périmètre couvert par les ARS nouvellement créées et a rassemblé près de 200 personnes. PICARDIE Remise de la certification AFNOR L’ASSOCIATION LA COMPASSION a eu la volonté de s’engager dans une véritable politique de la bientraitance, ce qui l’a conduite à entrer dans une démarche d’amélioration de la qualité, avec le souhait d’aller vers une certification pour ses trois établissements. C’est chose faite pour l’EHPAD de Chaumont-en-Vexin. En effet, le 7 avril dernier, l’établissement recevait la certification NF, délivrée par AFNOR. A ce jour, cet établissement est le 1er établissement médico-social Privé Non Lucratif de Picardie à recevoir cette certification. 22 LES 23 ET 24 AVRIL DERNIERS, KATIMAVIC ouvrait ses portes aux familles, professionnels et aux personnes de passage! Que de personnes ont déboulé ce jour, curieuses de connaître cette nouvelle structure. Rien que le mot KATIMAVIC interpelle… Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? La première question est posée ! Et bien, il suffit de vous pencher sur un dictionnaire inuit pour découvrir que KATIMAVIC ne veut rien dire d’autre que « la tente de l’accueil ». Quel nom merveilleusement trouvé pour cette nouvelle structure d’accueil temporaire de 10 places pour personnes handicapées moteur, mental ou psychique, âgées de 20 ans révolus et sans nécessité de suivi médical constant. Ouverte en décembre 2009, l’équipe est présente pour faire découvrir la structure aux familles, parfois accompagnées de la personne intéressée. Ici, la qualité de l’accueil est primordiale. C’est le nœud de la réussite du séjour de la personne accueillie. Son projet : offrir un temps de répit de qualité pour la personne accueillie ou les aidants familiaux ou encore un moment de distanciation pour les personnes en institution. Et ce, tout en ouvrant la possibilité à des professionnels extérieurs de se rendre sur place pour le bien-être de la personne accueillie (kinésithérapeute, ergothérapeute…). Peu répandu, ce mode d’accueil séduit… Chacun organise son temps de présence comme il le désire (jour, nuit, jour & nuit, accueil répété, accueil séquentiel). L’équipe est heureuse de retrouver, déjà, certains habitués pendant 2-3 jours par semaine. Rares sont ceux qui ne reviennent pas. D’ailleurs, nous les voyons rentrer du marché pendant que nous découvrons les lieux. Un petit conseil nous est donné: surtout n’attendez pas la dernière minute pour demander une place à KATIMAVIC. Celleci implique une orientation de la CDAPH du type foyer de vie - foyer d’hébergement avec notification d’accueil temporaire qui aujourd’hui nécessite un délai minimum de 3 mois pour sa délivrance ! Prenez un temps d’avance dans vos démarches. L’orientation de la CDAPH est donnée pour une durée de 5 ans… En sa possession, un simple coût de fil à KATIMAVIC ou un simple coup d’œil sur le site SARAH vous permettra de connaître les disponibilités d’accueil pour un temps de ressourcement ! Par cette belle journée ensoleillée, l’accueil chaleureux de l’équipe suivi d’effet avec des visiteurs tout sourire, on imagine parfaitement qu’ici chaque personne bénéficie d’un accueil personnalisé préparé en amont et ce, pour avant tout tenir compte de ses projets personnels. Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 Les rendez-vous 9,10,11 juin 2010 Le Salon Autonomic investit la capitale les 9, 10 et 11 juin 2010 à Paris Expo, Porte de Versailles, Hall 4. Avec plus de 450 exposants sur 20 000 m2 d’exposition, ce salon incontournable de la vie autonome rassemble tous les acteurs du handicap et de la dépendance pour une meilleure autonomie des personnes, à domicile et/ou en institution. La FEHAP, partenaire de cet événement, sera présente et vous attend nombreux au stand E01. Renseignements sur le site internet de la FEHAP : www.fehap.fr, rubrique « événements ». 30 juin 2010 Les Echos organisent en partenariat avec la FEHAP leur 7e conférence annuelle sur L'Économie de l'Hôpital, mercredi 30 juin 2010 aux Salons Hoche à Paris. En présence de Roselyne BACHELOT, Ministre de la Santé et des Sports, et animée par la rédaction des Echos et du Quotidien du Médecin, cette nouvelle édition sera l'occasion de débattre des questions et enjeux clés pour les dirigeants hospitaliers. Les débats de la journée aborderont notamment les thèmes suivants : • ARS : comment coordonner l’ensemble de la chaîne de soins ? Quels plans d’action ? • Quel avenir pour la T2A ? Quelles évolutions ? • Médicament à l’hôpital, pilotage et réduction des dépenses • Retour à l'équilibre et management: méthodes et conséquences • HPST : évolution des missions de service public pour hôpitaux et cliniques • Qualité des soins et de la prise en charge : quels indicateurs de performance pour un système de santé global ? Yves-Jean DUPUIS, Directeur général, FEHAP participera à cette journée. La FEHAP s’associe à cette 7e édition. En tant que adhérent de la FEHAP bénéficiez d’une réduction de 15 %. 30 juin 2010 Le prochain annuaire de la FEHAP sera diffusé au Congrès de Nantes le 7 octobre. Afin que les coordonnées de votre structure soient à jour, connectez-vous sur le site www.politi.com pour intégrer vos modifications avant le 30 juin. En cas de nécessité, nous sommes à votre disposition pour vous aider. Vous pouvez contacter directement la société éditrice : [email protected] Tél. : 01 73 28 15 80/15 94 8 et 9 septembre 2010 L’Association Française des Acheteurs Hospitaliers (AsFAH) organise les 8 et 9 septembre 2010 le 2e Symposium international des acheteurs publics et privés de la Santé au Palais des Congrès d’Issy-les-Moulineaux. L’objectif de ces journées, placées sous le thème de « l’achat hospitalier, créateur de valeur » est d’apporter un éclairage à tous les acteurs intervenant dans l’achat hospitalier et de proposer un contenu international de qualité grâce aux témoignages d’hospitaliers venus du monde entier. Renseignements sur le site Internet de la FEHAP : www.fehap.fr, rubrique « Evénements partenaires ». 9 et 10 septembre 2010 23e Congrès de l’Association Européenne des Directeurs d’Hôpitaux (AEDH) avec pour thème : « Feuille de route pour une qualité optimale (Roadmap to Top Quality) ». Au cours de ces journées, seront abordés plusieurs sujets comme le point de vue du patient sur la qualité, la communication des risques, l’utilisation des résultats des indicateurs ou des retours d’expériences étrangères. Pour plus d’informations, consultez le site Internet de la FEHAP : www.fehap.fr, rubrique « Evénements partenaires ». Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 6 octobre 2010 Pour son Xe Anniversaire, l’Institut de Formation Supérieure des Cadres Dirigeants de la FEHAP organise une journée de formation sur le thème : « Diriger un établissement sanitaire, social ou médico-social dans un cadre normé : entre opportunité et instrumentalisation » à Nantes. A cette occasion, vous pourrez assister à la remise des diplômes aux Lauréats des « dernières promotions », à la Cérémonie de remise des prix et des bourses, à l’Assemblée générale de l’Association des anciens élèves (ANAIS), autant d’évènements qui jalonneront cette journée d’anniversaire. Réservez d’ores et déjà la date du 6 octobre ! 7 et 8 octobre 2010 Le 35e Congrès de la FEHAP se tiendra les 7 et 8 octobre 2010 à la Cité Internationale des Congrès à Nantes et aura pour thème: «Investir le territoire». Alors que les premières dispositions de la loi HPST se mettent en place, la FEHAP prend les devants : quelles sont les répercussions de cette réforme sur les territoires? Quel impact à prévoir sur les activités sanitaires, sociales et médico-sociales ? Comment les établissements Privés Non Lucratifs (PNL) s’adaptent-ils à ces nouveaux enjeux ? Comment se positionner face aux institutions ? Plus généralement, quelles distinctions entre découpage administratif et réalité du terrain ? Avec la volonté de mobiliser les acteurs du secteur PNL, la FEHAP entend fournir une connaissance actualisée des besoins sociaux et de santé des populations dans les territoires mais aussi fédérer au-delà des différences géographiques et sectorielles. Le rendez-vous incontournable des acteurs Privés Non Lucratifs dans le secteur sanitaire, social et médico-social: • 600 participants, 6 conférencesdébats thématiques • 70 exposants, fournisseurs de produits et services en santé • Soirée de Gala le 7 octobre 2010 au Château de la Pigossière. 25 La grande question de l’accueil des tout-petits Les premières années sont essentielles pour le développement et l’éveil du jeune enfant. Selon la dernière note de l’UNESCO sur la politique de la Petite Enfance publiée en juin 2009, 80 % des capacités cérébrales s’acquièrent avant l’âge de trois ans. C’est dire toute l’attention qu’il convient de porter aux trois premières années de la vie et à la qualité de l’accueil et des soins prodigués à l’enfant dès son plus jeune âge. 26 EN FRANCE, les besoins d’accueil vont croissant depuis ces cinq dernières années. Avec 834 000 naissances vivantes enregistrées en 2008 et un taux de fécondité supérieur à deux enfants par femme, notre pays compte en effet parmi les plus féconds d’Europe. La France associe une natalité très dynamique à un taux d’activité féminin particulièrement élevé avec 83,7 % de femmes actives entre 25 et 49 ans. Ces chiffres sont le fruit d’une politique familiale très active, visant à mieux concilier vie familiale et vie professionnelle. Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 DOSSIER I PETITE ENFANCE Mais si les besoins sont importants, ils restent encore insuffisamment couverts. La crèche ou l’établissement d’accueil collectif du jeune enfant est un mode de garde plébiscité par de nombreux parents, non seulement en tant que premier lieu de socialisation avant l’entrée à l’école, mais aussi et surtout pour la qualité d’accueil apportée à l’enfant. Beaucoup, cependant, n’y ont pas accès du fait du nombre limité de places offertes, ou de leurs horaires de travail incompatibles avec le fonctionnement d’un établissement en collectivité. Ainsi, seuls 8 % des enfants de moins de trois ans sont accueillis à titre principal en structures collectives, tandis que 20 % sont gardés par une assistante maternelle agréée et 67 % bénéficient d’une garde parentale ou par un autre membre de la famille. La question de l’accueil de la Petite Enfance est au cœur de l’actualité des derniers mois: plan gouvernemental de création de places, expérimentation de nouveaux modes d’accueil, réforme du décret relatif aux établissements d’accueil du jeune enfant, transposition de la directive services dans le champ de l’accueil collectif de la Petite Enfance… La création de nouvelles places d’accueil en crèches est un argument électoral fort. Il figure parmi les 24 propositions contenues dans le livre blanc des Etats généraux de la Femme, remis au Premier ministre le 7 mai 2010. Cette augmentation uniquement quantitative des capacités d’accueil suscite des inquiétudes légitimes chez les professionnels, pour qui le seul mot d’ordre est la défense d’un accueil de qualité propice au bien-être et à l’éveil du jeune enfant. ment propres au secteur. La formation des directeurs et responsables de structures représente également une préoccupation majeure. Ces derniers – la plupart du temps, ces dernières – sont très largement issus du secteur paramédical et ont besoin d’être mieux initiés à la gestion financière, au droit du travail et à la conduite de projets. Ainsi, la FEHAP souhaite leur proposer des réponses adaptées à leurs besoins de formation dans ces différents domaines. Les établissements Privés Non Lucratifs du secteur de la Petite Enfance sont très présents dans le paysage de l’offre d’accueil destinée aux enfants de moins de trois ans. Ils affirment leur identité spécifique à travers un attachement à des valeurs fortes, une solidarité réelle entre professionnels et un regard centré sur l’enfant qui grandit sous leurs yeux… Beaucoup de crèches adhérentes sont porteuses de projets et d’initiatives pour améliorer la qualité d’accueil des enfants, s’adapter aux besoins des parents, favoriser les échanges intergénérationnels. celui-ci présente une déficience ou un retard de développement. Accueillir un enfant, c’est aussi accueillir ses parents, avec leurs habitudes, leur milieu social, leur rythme de vie. Cela exige de la patience, une attention de tous les instants, un savoir-faire auprès des enfants, beaucoup de délicatesse et de diplomatie. Il faut savoir conjuguer la dimension collective de l’accueil avec la prise en compte des besoins individuels de chaque enfant, en veillant à protéger sa santé, son bien-être et son épanouissement. Il faut s’inscrire dans un réseau, savoir créer et entretenir des liens avec l’ensemble des partenaires sanitaires sociaux, et médico-sociaux (CAMSP, CMPP, PMI, services de pédiatrie, etc.) intervenant, de près ou de loin, dans la vie de l’enfant. Le travail quotidien en crèche ne se résume pas à la garde d’enfants. La FEHAP accompagne tous les usagers, à tous les âges de la vie, de la naissance jusqu’aux derniers jours. A travers ce dossier, « Perspectives Sanitaires et Sociales » vous propose de prendre ce chemin à son commencement, dans les toutes premières années de la vie, en s’intéressant d’un peu plus près à l’univers des plus jeunes de ses usagers. Accueillir un enfant, c’est accueillir ses besoins, tout mettre en œuvre pour pouvoir y répondre, en particulier lorsque Aude Chevallier, Conseiller Santé-Social FEHAP Avec près d’un quart de ses nouveaux adhérents issus du champ de la Petite Enfance en 2009, la FEHAP se sent pleinement concernée par ces évolutions et un groupe de travail « Crèches » a été constitué l’an dernier afin de réfléchir à ces questions. Comment mieux répondre aux besoins d’accueil tout en préservant la qualité ? Comment mieux concilier maîtrise des dépenses et maintien d’un bon niveau de qualité d’accueil ? Les crèches associatives ou Privées Non Lucratives sont très soucieuses de la qualification des professionnels placés auprès des enfants, en dépit de la pénurie actuelle d’auxiliaires de puériculture et des difficultés de recrute- Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 27 DOSSIER L’objectif du Gouvernement est d’obtenir un équilibre entre l’accueil collectif et individuel L’accueil de la Petite Enfance est une véritable priorité pour le Gouvernement. Nadine Morano, Secrétaire d’Etat chargée de la Famille et de la Solidarité auprès du ministre du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique, a répondu à quelques questions pour « Perspectives Sanitaires et Sociales ». Perspectives Sanitaires et Sociales : Comment est perçu aujourd’hui l’accueil collectif ? plémentaires créées et 32 400 places dégagées grâce à une meilleure optimisation des places. Nadine Morano : Très bien, je dirais même qu’il est plébiscité. D’ailleurs, le Président de la République nous a lancé un défi ambitieux : créer 200 000 places supplémentaires de garde d’enfants d’ici à 2012, dont 100000 en accueil collectif. Le Gouvernement pour mieux accompagner les familles a choisi la diversification des accueils. Crèches d’entreprises, micro-crèches, crèches municipales, jardins d’éveil, regroupement d’assistantes maternelles, etc. Notre politique est d’obtenir un équilibre, une complémentarité entre le collectif et l’individuel. 100 000 places sont donc également programmées en accueil individuel. Notre objectif, c’est de répondre aux attentes singulières des parents et de leur proposer un panel d’offres qui soient compatibles avec leur mode de vie. Dans le domaine de l’accueil individuel, d’ores et déjà 21 000 nouvelles places ont été dégagées auprès des assistantes maternelles, grâce aux mesures prises en faveur de ce métier. PSS : Il y a actuellement un problème de places. Quelles sont les actions mises en oeuvre pour y remédier ? N.M. : J’ai signé l’an dernier, dans un contexte économique difficile, une convention d’objectifs et de gestion de 1,3 milliard d’euros avec la CNAF qui va nous permettre de tenir les engagements du Président de la République en matière de création de places. Un an après la signature de la convention, en accueil collectif, le bilan est plus que positif : ce sont déjà 13 318 places sup- 28 PSS : Les professionnels demandent une visibilité à « long terme » sur le fonctionnement. Après l’effet d’annonce d’ouverture de places, comment ces structures vont-elles fonctionner? N.M. : Les professionnels n’ont aucun souci à se faire. Le secteur de la Petite Enfance est un secteur dans lequel nous investissons parce que notre pays a la chance d’avoir une natalité robuste et que nous voulons conforter cet avantage. C’est un enjeu de taille qui pourrait s’avérer particulièrement bénéfique, y compris pour notre économie. D’ailleurs, le corollaire du développement de la garde d’enfants, c’est la mise en place d’un plan des métiers de la Petite Enfance que j’ai présenté le 16 décembre 2008. L’objectif est de former 60 000 personnes supplémentaires d’ici à 2012. Tout est fait pour valoriser les professions de la Petite Enfance pour attirer de nouvelles recrues et pour les inciter à rester dans la filière. Tout est fait également pour augmenter concrètement l’offre de formation, en tirant parti de l’ensemble des possibilités offertes par la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE), l’apprentissage, la formation continue et la formation initiale mais aussi pour promouvoir les carrières des métiers de la Petite Enfance et du médico-social, en identifiant l’ensemble des passerelles pouvant exister entre ces deux secteurs. PSS : Les professionnels s’interrogent sur une baisse du taux d’encadrement alors que les familles sont de plus en plus demandeuses de qualité. Comment concilier ces deux attentes ? N.M. : Vous dites que les familles sont demandeuses de qualité pour accueillir leurs enfants, c’est exactement la Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 DOSSIER I PETITE ENFANCE politique menée par le Gouvernement. Je le précise à nouveau, le taux d’encadrement actuel ne sera absolument pas modifié : un adulte pour 5 bébés et un adulte pour 8 enfants qui marchent. Ce que nous souhaitons, en revanche, c’est optimiser les structures existantes. Un décret qui devrait bientôt être publié au Journal Officiel prévoit, notamment, une mesure de bon sens pour les crèches : les jours de faible affluence, nous voulons permettre aux plus grandes d’entre elles d’accueillir ponctuellement des enfants supplémentaires en lieu et place des absents. Je rappelle que le taux moyen d’occupation de nos structures collectives est de 67 %. Ce projet prévoit, par ailleurs, des mesures de reconnaissance pour les personnels engagés au quotidien auprès des jeunes enfants depuis au moins trois ans dont on doit valoriser l’expérience. Je précise que cette réforme a reçu l’aval du Conseil d’Administration de la Caisse Nationale d’Allocations Familiales, autant dire de l’ensemble des représentants du secteur de la Petite Enfance : les partenaires sociaux, les représentants de Union nationale des associations familiales et les membres des syndicats et des fédérations professionnelles. C’est, je crois, le meilleur gage que ces mesures sont pleinement conformes aux intérêts des familles. PSS : Les établissements Privés Non Lucratifs sont-ils mieux armés pour s’adapter à ces évolutions ? N.M. : C’est tous ensemble qu’il nous faudra nous adapter à ces évolutions mais je crois, en effet, que le secteur Privé Non Lucratif, par sa souplesse, par sa capacité à allier humanisme et efficacité, présente, dans ce domaine de la Petite Enfance, comme dans tous les autres, des atouts de taille pour s’approprier tous ces évolutions. Propos recueillis par la Rédaction Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 29 DOSSIER Les crèches : un nouvel afflux d’adhérents à la FEHAP En 2009, les structures d’accueil Petite Enfance représentaient un quart des nouveaux adhérents de la FEHAP. Comment expliquer ces adhésions ? La FEHAP met-elle en place des projets spécifiques ? Discussion avec Yves-Jean Dupuis, Directeur Général de la Fédération. Perspectives Sanitaires et Sociales : les structures d’accueil de la Petite Enfance ont représenté en 2009 un quart des nouvelles adhésions à la FEHAP. Comment expliquer cette attirance nouvelle ? Yves-Jean Dupuis : plan national de création de places, réforme de l’accueil collectif des jeunes enfants, directive services… l’actualité des derniers mois est riche pour ces structures et un certain mouvement protestataire a vu le jour avec le collectif « pas de bébés à la consigne ». Toutefois, bon nombre de professionnels n’ont pas souhaité adhérer à ce collectif et ont donc cherché à se fédérer autour de certaines valeurs et de leurs missions. Les structures associatives ont trouvé à la FEHAP un discours qui leur correspondait, notamment en raison de la nature non lucrative de leur gestion. Beaucoup d’entre elles ont également rejoint notre Fédération en réaction à un arrêté d’extension pris par le SNAECSO, visant à appliquer la convention de 1983 relative aux centres sociaux et socioculturels aux établissements d’accueil de jeunes enfants relevant de la branche UNIFED. Depuis, un compromis a été trouvé entre les organisations syndicales adhérant à UNIFED et au SNAECSO pour éviter le chevauchement entre les 30 deux conventions collectives, de 1983 et de 1951. Nous invitons néanmoins toutes les crèches souhaitant appliquer la Convention Collective de 1951 à leurs salariés à adhérer à la FEHAP. PSS : la FEHAP a-t-elle mis en place des projets spécifiques en direction de ces nouveaux adhérents ? Y.-J.D. : un groupe « Crèches » avait été mis en place au préalable. Toutefois, ce groupe manquait peut-être de dynamisme et, après quelques réunions, il a fini par interrompre son activité, faute de mobilisation. L’afflux de nouvelles structures a donné une impulsion positive à ce groupe qui s’est recomposé et a lancé de nouveaux projets. Pour l’instant, nous en sommes aux prémices, mais nous avons d’ores et déjà rédigé un communiqué de presse et ce numéro de « Perspectives Sanitaires & Sociales », consacré à cette thématique, prouve également que la FEHAP s’engage avec et pour les structures d’accueil de la Petite Enfance. PSS : le public accueilli par ces structures, à la différence de tous les autres établissements adhérents FEHAP, ne traverse pas une situation de crise. L’accueil dans une crèche est une étape « normale » de la vie d’un enfant. Cela implique-t-il des différences avec les autres adhérents ? Y.-J.D. : pourquoi parler de situation de crise ? Les établissements et services de la FEHAP accompagnent tous les usagers à chacune des étapes de leur vie et s’efforcent de répondre à leurs besoins, du mieux possible. De même que la Petite Enfance est un moment de la vie, la vieillesse est une étape à traverser pour la personne âgée et sa famille : celle-ci peut être aidée ou accompagnée à son domicile, que ce soit par ses proches, des services d’aide et de soins, ou encore accueillie au sein d’un établissement. ••• Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 DOSSIER I PETITE ENFANCE LA PART DE L’OFFRE DES ETABLISSEMENTS PRIVES NON LUCRATIFS D’ACCUEIL DU JEUNE ENFANT EN 2009 * Cartographie des crèches PNL Régions marquées par une présence majoritaire du secteur Privé Non Lucratif (où plus de 50 % des places d’accueil du jeune enfant sont offertes par des établissements Privés Non Lucratifs) Régions marquées par une présence moindre du secteur Privé Non Lucratif (inférieure à 50 % du total des places offertes). Dans les collectivités d’outre-mer (agrégation des données disponibles pour la Martinique, la Guyane et la Guadeloupe) : 32,5 % (Données non disponibles pour la Réunion). En moyenne nationale : 44,5 % des places sont offertes par des établissements du secteur Privé Non Lucratif. Panorama de l’offre de places d’accueil de jeunes enfants Au 31 décembre 2008, la France comptait 10 200 établissements et services d’accueil de jeunes enfants, pour un total de 342 728 places (source DREES février 2010). Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 Le secteur public, essentiellement les crèches municipales, constitue la plus grande part des places offertes pour l’accueil des jeunes enfants (soit près de 54 % du total des places). Les établissements et services Privés Non Lucratifs représentent près de la moitié de l’offre d’accueil de jeunes enfants en France en 2009 (soit 44,5 % du total des places). Les opérateurs privés lucratifs, quoi que très minoritaires, avec à peine 2 % du total des places, arrivent progressivement dans le champ de l’accueil collectif de la Petite Enfance. * Les établissements et services d’accueil du jeune enfant. 31 DOSSIER ••• Le handicap ne peut pas non plus être considéré comme une situation de crise. Il fait partie intégrante de la vie de la personne qui le subit. Il requiert des modes spécifiques d’accompagnement et de prise en charge. Un jeune enfant, avant son entrée à l’école, peut être gardé par sa maman ou un autre membre de sa famille, confié à une assistante maternelle, une aide à domicile ou encore, et c’est là où nos établissements interviennent, accueilli dans une structure d’accueil collectif du jeune enfant, telle qu’une crèche, un jardin d’enfants ou une haltegarderie. Ceci étant, il est vrai que les établissements d’accueil du jeune enfant occupent une place un peu à part dans le champ sanitaire, social et médico-social, dans la mesure où, bien que régis par le Code de la Santé Publique, ils ne sont pas à proprement parler des établissements de santé. Par ailleurs, il ne s’agit pas non plus d’établissements sociaux et médicosociaux, au sens de l’article L 312-1 du CASF. Premiers lieux de socialisation des jeunes enfants, ils jouent néanmoins un rôle précieux de protection de leur santé et de leur bien-être et apportent aide et soutien aux familles. Les dirigeants et gestionnaires des structures Petite Enfance sont également confrontés aux mêmes difficultés que les autres adhérents : restrictions budgétaires, difficultés de recrutement et de gestion des personnels, concurrence du secteur lucratif, etc. Les crèches et établissements Privés Non Lucratifs de la FEHAP partagent donc les mêmes préoccupations et les mêmes valeurs, en plaçant l’enfant au cœur de l’attention des professionnels. d’accueil de l’enfant en crèche. Certaines, à l’exemple des établissements et services sociaux et médico-sociaux, s’engagent dans des démarches d’autoévaluation pour améliorer les conditions d’accueil de l’enfant. Beaucoup s’interrogent sur la conciliation entre les exigences de qualité et les impératifs de maîtrise des financements pesant sur tout gestionnaire. Dans le secteur de l’accueil des jeunes enfants, il existe un lien très étroit entre formation, qualification des professionnels et qualité des prestations offertes aux familles. Ces professionnels ont besoin de voir leur travail auprès des enfants reconnu et valorisé par des diplômes ou des formations qualifiantes. C’est d’ailleurs une des principales craintes existant autour du projet de décret de voir les métiers de la Petite Enfance déqualifiés dans une perspective de hausse uniquement quantitative des capacités d’accueil des établissements. Chaque enfant doit pouvoir trouver sa place dans une structure d’accueil col- lectif: c’est toute la question de l’accueil du jeune enfant handicapé en crèche, à laquelle notre Fédération porte une attention particulière. Il s’agit d’un des axes de travail majeur du groupe « Crèches ». Une enquête de l’Observatoire de la FEHAP a également été menée sur cette question. Les structures doivent pouvoir se doter des moyens nécessaires pour assurer cet accueil: cela implique des aménagements en vue d’une meilleure accessibilité, du matériel adapté, voire une plus grande disponibilité des personnels auprès d’un enfant porteur de handicap. Un travail reste encore à mener sur les représentations existant autour du handicap et sur l’accompagnement des familles. L’accessibilité de nos établissements d’accueil collectif est une priorité : il apparaît comme un prémice du droit à la scolarisation des enfants handicapés posé par la loi du 11 février 2005, auquel la FEHAP souhaite apporter sa pleine contribution. Propos recueillis par la rédaction PSS : quelles sont les grandes thématiques dont la FEHAP pourrait s’emparer à propos de ces structures ? Y.-J.D. : les sujets ne manquent pas. De même que les autres établissements adhérents, les crèches de la FEHAP veulent affirmer leur identité spécifique de structures Privées Non Lucratives : pour beaucoup de dirigeants et de gestionnaires, il y a une dimension de solidarité plus forte dans le secteur associatif et un attachement à des valeurs permettant de donner du sens au travail quotidien des professionnels. Les structures Petite Enfance adhérentes sont très soucieuses du maintien, voire de l’amélioration de la qualité 32 Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 DOSSIER La crèche : le mode de garde de prédilection Les crèches collectives sont devenues le premier choix de garde que les Français effectuent pour leurs têtes blondes. Toutefois, ce choix de prédilection n’est pas toujours honoré par l’obtention d’une place et les parents doivent donc trouver une solution de repli. Mais pourquoi affectionnent-ils tant les crèches ? UNE GROSSESSE EST IMMÉDIATEMENT SYNONYME DU PARCOURS DU COMBATTANT pour les parents qui vont devoir trouver un mode de garde pour l’enfant à venir. Ce problème est d’autant plus significatif dans les zones urbaines où les places en accueil collectif de la Petite Enfance manquent cruellement. Mais pourquoi cet engouement pour les crèches collectives ? « Nous avons déposé un dossier pendant la grossesse car nous voulions vraiment que notre petite fille soit gardée en crèche. N’ayant pas obtenu de place, nous avons opté pour une garde individuelle. Comme nous ne sommes pas satisfaits de ce dernier mode de garde, nous avons donc renouvelé nos démarches pour une place en crèche pour septembre prochain », explique Jean-Baptiste, jeune papa qui regrette que sa petite fille ne puisse bénéficier du professionnalisme et de la structure d’une crèche. Et les parents ayant obtenu une place ne démentent pas les aspects positifs de ce mode de garde. « Je n’aurai pas envisagé que mon enfant puisse être accueilli seul chez une assistante maternelle. Cela me rassure de savoir qu’il est pris en charge par une équipe de professionnels qui ont suivi des formations… », lance une maman en déposant son enfant en toute confiance. Car, globalement, ces professionnels bénéficient d’un véritable capital confiance auprès des parents qui voient en eux des personnes qui s’occupent de leurs enfants, mais aussi des conseillers à qui on peut se référer en cas de doute. « Après mon accouchement, j’ai traversé une période 34 de solitude compliquée. Je n’étais pas à l’aise dans cette nouvelle maternité. En arrivant à la crèche, j’ai rencontré des professionnels qui ne m’ont pas jugée, m’ont donné certaines clés pour m’épanouir avec ma petite fille. Ils m’ont écoutée, conseillée et, chaque jour, quand je leur dépose ma fille, je sais qu’elle va passer une bonne journée », continue une jeune femme qui élève seule sa fille. Stéphanie Virollet, Directrice de la crèche Bout’Chou dans le XIIIe arrondissement de Paris, accueille les parents des 68 enfants qui bénéficient d’une place dans son établissement : « Une crèche prend en charge des enfants au quotidien, mais il est inenvisageable de dissocier l’enfant de sa famille. La triade enfant/ parents/professionnels est indissociable, sans quoi notre mission est biaisée ». La relation avec l’enfant a beaucoup évolué et il serait actuellement aberrant de ne pas en tenir compte pour les professionnels de la Petite Enfance qui ont également vu leur mission et leur rôle évoluer avec les générations. « Nous percevons notre métier comme un regard de tous les instants qui va s’adapter en LES HORAIRES ETENDUS SONT TRES DEMANDES Comme la plupart des crèches, dès qu’une place se libère à la crèche Bout’Chou, elle est immédiatement pourvue. Cet engouement s’explique, notamment, par ses horaires étendus car la crèche est ouverte de 5 h 30 à 22 heures. Les agents SNCF et de La Poste, les personnels hospitaliers… tous ont des horaires décalés, alors quand les deux parents occupent ces postes, il est très compliqué de trouver un mode de garde. A la question « Pourquoi avoir choisi cette crèche plutôt qu’une autre dans le même arrondissement ? », les réponses sont unanimes : « les horaires ! ». Tous les parents ont une expression qui laisse imaginer le parcours du combattant par lequel ils sont passés et les heures d’inquiétude qu’ils ont vécues en attendant cette place, tant recherchée… Du fait de ces horaires spécifiques, cette crèche a un mode de fonctionnement adapté. Ainsi, il y a trois niveau (Bébé, moyen et grand) et, pour chaque niveau, il y a une unité du matin – ouverte de 5 h 30 à 18 h – et une unité d’après midi – ouverte de 9 h à 22 h –. « Cela permet aux enfants d’être dans un groupe homogène tout en donnant la possibilité de calquer les horaires de leurs parents», souligne la Directrice. Seul souci : ce système est parfait pour les parents aux horaires décalés réguliers, mais n’est pas adapté aux personnes qui font les 3 x 8. Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 DOSSIER I PETITE ENFANCE LES CRECHES DOIVENT ETRE INTEGREES DANS UN RESEAU Il y a consensus autour de cette problématique : les travailleurs spécialisés dans l’accueil de la Petite Enfance ne se sentent pas assez impliqués dans les réseaux sociaux. A l’instar des établissements scolaires qui peuvent faire des signalements lorsqu’un enfant rencontre une situation difficile, les auxiliaires puéricultrices sont parfois témoins de situations problématiques et les crèches ne peuvent pas forcément faire le relais avec d’autres travailleurs sociaux. « Il nous arrive d’être les seuls interlocuteurs sociaux pour les familles monoparentales, par exemple. Ces mamans témoignent souvent de leur précarité, de leur isolement. Que faire de ces informations si on ne peut pas les transmettre?», s’interrogent régulièrement les directrices de crèches. L’une raconte une situation à laquelle elle a été confrontée il y a peu : « Il nous arrive d’être confrontées à de véritables situations de crise. Il y a quelques semaines, une maman est arrivée juste après une dispute conjugale. Elle avait visiblement reçu des coups et était bouleversée. Que devais-je faire ? » Toutes font le même constat : ne pas être assez associées aux réseaux existants pour que des procédures deviennent habituelles. permanence aux envies et aux besoins du bébé, à considérer comme une personne à part entière ». D’ailleurs, ces pratiques professionnelles sont inscrites dans le projet d’établissement, rédigé à nouveau par l’ensemble du personnel. « Nous avons mis deux ans à rédiger ce projet. Tous ont été impliqués, chacun y apportant sa contribution et trouvant ainsi une certaine reconnaissance et une valorisation de son travail, dans le cadre de bonnes pratiques », témoigne la Directrice. Ce projet d’établissement contient un projet social : l’insertion de la crèche dans le réseau local et les valeurs associatives auxquelles adhère totalement l’établissement. Stéphanie Virollet explique: «Cette cohésion et cette mise en avant des valeurs étaient indispensables car, si nous n’avons aucun souci à remplir les places disponibles, nous rencontrons davantage de difficultés à recruter du personnel qualifié. Il me semble donc primordial de motiver l’équipe ». REPARTITION FINANCIERE • • • CAF : 68 % Ville de Paris : 19 % Participation familiale : 13 % CRITERES PRIORITAIRES • • Horaires décalés des deux parents Proximité géographique de la crèche La crèche Bout’Chou ne s’est pas arrêtée là. Sous l’impulsion d’un éducateur de jeunes enfants, un questionnaire d’auto-évaluation a été distribué à l’ensemble du personnel, sans caractère obligatoire pour les établissements. Le questionnaire a été distribué à 19 salariés et les 18 réponses sont en cours de dépouillement. « Cela va nous permettre de mettre en place un référentiel et de travailler autour des pratiques. Sanitaires & Sociales I mai Mars-avril / juin 2010 2010I n°210 I n°209 Cette remise en question est toujours favorable à la qualité de notre travail », ajoute l’éducateur. Ici, les professionnels n’en sont pas à leur première initiative : chaque enfant, lors de son adaptation est pris en charge par sa référente qui le suivra pendant toute sa prise en charge à la crèche. Certaines unités ont mis en place un carnet de liaison afin que les parents et les professionnels puissent communiquer autour de l’enfant et de sa prise en charge. Ainsi, certains cahiers sont épais : alimentés de commentaires des parents, de photos de famille, etc. Ingrid Arnoux Bout’chou 2 5, Passage Chanvin 75 013 paris Tél. : 01 53 79 01 01 Fax : 01 53 79 03 30 35 DOSSIER Débat européen et directive services: quel avenir pour l’accueil collectif de la Petite Enfance ? La directive du 12 octobre 2006 récemment transposée en droit français achève la réalisation du marché intérieur, en favorisant la libre-circulation des services entre les Etats-membres. L’inclusion de l’accueil collectif de la Petite Enfance dans le champ de la directive suscite cependant quelques craintes pour l’avenir de ce secteur. LES SERVICES REPRÉSENTENT 70 % DE L’ÉCONOMIE EUROPÉENNE mais seulement 20 % des échanges transfrontières, au seinmême de l’Union Européenne. La directive a donc pour objet d’abolir les barrières aux échanges de services à l’intérieur de l’Union en consacrant deux libertés nouvelles : • la liberté d’établissement permettant à un prestataire de services de s’établir librement sur le territoire d’un autre Etat-membre. Elle suppose une simplification des procédures, un allègement des régimes d’encadrement et la suppression des exigences constituant des restrictions non négligeables à la liberté de circulation; • la liberté de prestation autorisant un prestataire de services à exercer son activité dans un autre Etat-membre sans pour autant s’y établir. L’Etatmembre ne peut lui imposer des restrictions qu’à condition qu’elles soient nécessaires (c’est-à-dire justifiées par des raisons d’ordre public, de sécurité publique, de santé publique ou de protection de l’environnement), proportionnées à l’objectif poursuivi, et non-discriminatoires entre Etats-membres. La directive d’hier et d’aujourd’hui Une première version du projet de texte, plus connue sous le nom de directive Bolkestein et proposée en 2004 par la Commission Européenne, avait suscité de vives inquiétudes de part et d’autres, faisant craindre à beaucoup une concur- 36 rence effrénée entre opérateurs, avec l’afflux massif de prestataires venant d’Europe de l’Est et une dérégulation totale des services sociaux jugés indispensables (santé, action sociale, etc.). Le texte refondu en profondeur et adopté deux ans plus tard par le Parlement européen prévoyait un délai de transposition au 28 décembre 2009. Dans le cadre de la transposition de la directive, les Etats-membres devaient, entre autres, « procéder à un examen de compatibilité des régimes nationaux avec la directive » et entreprendre « les adaptations nécessaires » pour assurer l’application du texte en droit interne. Une phase d’évaluation mutuelle au cours de l’année 2010 permettra, ensuite, aux Etats de comparer leurs travaux de transposition de la directive et s’achèvera par la remise d’un rapport préparé par la Commission à l’attention du Parlement et du Conseil afin de rendre compte de l’application du texte dans les ordres juridiques internes. Les services qualifiés de «Services Sociaux d’Intérêt Général » se trouvent protégés des exigences de la directive, sous réserve de satisfaire à deux conditions : • l’appartenance à un secteur compris dans les exceptions à la directive (article 2.2 j) : logement social, aide à l’enfance, aide aux familles et aux personnes se trouvant de manière temporaire ou permanente en situation de besoin • l’existence d’un mandatement: selon la Commission européenne, cela équivaut à une obligation de « prester ». Or, la définition du mandat relève de la compétence exclusive de chaque Etat-membre. Le mandat est un acte officiel ayant valeur juridique en droit interne. L’option du Gouvernement français interroge la FEHAP En droit communautaire, une directive lie les Etats-membres quant au résultat à atteindre, mais leur laisse le choix des moyens. Chaque Etat se trouvait donc tenu de mettre en œuvre les moyens nécessaires à la transposition du texte en droit interne. La France a privilégié une transposition sectorielle, au détriment d’une exclusion globale de l’ensemble des activités du champ social et médico-social, suivant ainsi les recommandations du rapport remis par Michel Thierry en janvier 2009 et de la commission de transposition. Alors que l’essentiel des services sociaux et médico-sociaux en ont été exclus, les établissements d’accueil du jeune enfant se trouvent, quant à eux, compris dans le champ d’application de la directive du 12 octobre 2006 transposée en droit français. Deux principaux arguments ont été avancés pour justifier le choix fait par le Gouvernement français: l’accueil collectif de la Petite Enfance ne fait pas partie des secteurs visés par l’article 2.2 j et protégés de l’application de la directive ; l’absence d’un mandat explicite de puissance publique: l’autorisation d’ou- Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 DOSSIER I PETITE ENFANCE verture délivrée par le Président du Conseil général, ne constitue pas en soi un mandatement. Deux propositions de loi déposées l’une à l’Assemblée Nationale et l’autre au Sénat afin de sortir du champ de la directive l’accueil collectif du jeune enfant ont successivement été rejetées le 26 janvier et le 26 mars 2010. Le rapport de transposition révèle un manque de cohérence au sein-même du secteur de la Petite Enfance, dans la mesure où l’accueil familial, c’est-àdire l’accueil d’enfants de moins de six ans chez une assistante maternelle, se trouve, quant à lui, en tant que service à la personne, soumis à un agrément qualité, protégé des exigences de la directive. L’accueil collectif de la Petite Enfance est finalement le seul secteur régi par le Code de la Santé Publique à y être peut-être un jour exposé. Les deux libertés contenues dans le texte, liberté d’établissement et liberté de prestation, impliquent en effet à terme une dérégulation, avec une disparition progressive des régimes d’encadrement des secteurs auxquels elles s’appliquent. Si, pour l’heure, les Raisons Impérieuses d’Intérêt Général que sont la santé et la protection des jeunes enfants justifient le maintien du régime d’encadrement actuel, qu’en sera-t-il demain avec la montée en puissance des opérateurs lucratifs dans le champ de la Petite Enfance ? Des craintes subsistent Les principales craintes se situent surtout à moyen et long terme. D’une part, les besoins sont tels dans le secteur de l’accueil collectif de jeunes enfants, qu’un développement seulement quantitatif de l’offre risque d’entraîner une perte de qualité d’accueil de l’enfant en crèche, déjà fragilisée par les réformes récentes. Le projet de décret relatif aux établissements d’accueil de jeunes enfants prévoit, en effet, un abaissement du niveau de qualification des personnels placés auprès des enfants. D’autre part, l’arrivée d’opérateurs lucratifs dans le secteur de la Petite Enfance est indéniable depuis ces dix dernières années. Une Fédération des entreprises de crèches a vu le jour début 2010 et gère à ce jour 15 000 places de crèches et, pour près de 60 %, des places de crèches de quartier. Si ce chiffre semble encore faible au regard des 281 648 places d’accueil collectif offertes en France en 2008 Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 (source DREES 2009), il connaît une pro- gression constante depuis quelques années. Cette montée en charge est source d’inquiétudes, beaucoup d’organisations redoutant avec l’inclusion de l’accueil collectif du jeune enfant dans la directive la remise en cause du pilotage de ce secteur par l’Etat, aboutissant à terme à une sélection des publics accueillis parmi les plus solvables. Sans céder à la tentation du pessimisme, la FEHAP tient, quant à elle, à souligner qu’un autre choix plus politique et peut-être moins technique et juridique aurait pu être fait. L’accueil de la Petite Enfance aurait mérité un traitement plus attentif : les enfants de 0 à 3 ans ne sont-ils pas un public fragile auquel il convient d’apporter un accueil de qualité préservant leur santé, leur sécurité, leur épanouissement ? C’est d’ailleurs l’option retenue par l’Allemagne qui a pris le parti de protéger des effets potentiels de la directive l’ensemble de ses établissements d’accueil du jeune enfant… Aude Chevallier Conseiller Santé-Social FEHAP 37 DOSSIER Le groupe « Crèches » à la FEHAP Le groupe de travail « Crèches » a été réactivé en 2009 pour répondre aux demandes et aux attentes des établissements d’accueil de la Petite Enfance adhérant à la FEHAP. Discussion avec Sophie Urban, responsable de ce groupe de travail et Directriceadjointe de l’Association de gestion des équipements sociaux à Strasbourg. LE GROUPE « CRÈCHES » A ÉTÉ CRÉÉ EN 2005 sous l’impulsion de plusieurs dirigeants de structures qui souhaitaient un échange, créer un lieu de rencontre et de partage des réalités de terrain au sein de la FEHAP. Ce groupe s’est également exprimé pour une implication plus importante de la FEHAP sur toutes les questions d’accueil de la Petite Enfance. Certaines régions sont fortement demandeuses, car elles réunissent un nombre conséquent d’établissements adhérents. L’Alsace et la Région Parisienne sont les régions qui comptent le plus de crèches adhérentes. Elles sont donc fortement représentées dans ce groupe ! Toutefois, malgré le chantier démarré, le groupe a moins bien fonctionné et les réunions étaient moins régulières. C’est en 2009 qu’il prend son deuxième souffle et que son fonctionnement se calque sur une Commission avec pour mission de faire le lien entre les réalités du terrain et la FEHAP, mais aussi de partager l’actualité du secteur et de la Fédération avec les établissements adhérents qui ne peuvent pas toujours se déplacer. Le lien est donc primordial, d’autant plus que le nombre d’adhésions d’établissements d’accueil de la Petite Enfance est de plus en plus conséquent. « Il y a une véritable mobilisation sur le terrain. Nous souhaitons compter dans les prises de décisions nationales. La FEHAP et ce groupe “Crèches” nous permettent de nous exprimer nationalement et donc de partager nos réalités de terrain avec les décideurs», explique Sophie Urban. «D’autant que les préoccupations d’une grosse structure urbaine gérant plusieurs établissements ne sont pas 38 similaires à celles d’une petite structure située dans un département plus rural ». Ce groupe se doit donc de réunir ces disparités et de faire des réponses communes aux préoccupations des gestionnaires. Et les sujets ne manquent pas ! Le décret sur l’accueil collectif en préparation actuellement suscite des craintes aigües dans les établissements. « Nous savons qu’une solution doit être trouvée pour l’augmentation du nombre de places disponibles en crèches, mais cela doit être fait en respectant la qualité de la prise en charge et du travail fourni par les structures. Ce décret ne peut pas créer d’adéquation entre les moyens mis en œuvre et les attentes des familles », continue la Directrice. Car il est de l’avis de tous que la prise en charge des enfants en crèches a beaucoup évolué depuis une dizaine d’années : la prestation de service unique effective depuis 2005 et instaurant un accueil multiple a changé la donne ! « Avant, pour une place, nous avions un enfant. Maintenant, nous nous adaptons aux besoins d’accueil des familles et, pour une place disponible, nous pouvons accueillir deux enfants à mi-temps, par exemple ». Le mot d’ordre de la Caisse d’Allocation Familiale est « Souplesse ». Mais ces évolutions ne peuvent se faire au détriment de la qualité et donc de la professionnalisation de la prise en charge. Le problème est là justement. « Pour pallier le manque d’effectif qualifié, nous sommes obligés de faire appel à des salariés moins qualifiés que des auxiliaires de puériculture, par exemple, alors que les exigences des parents ne vont pas à la décroissance ! Bien au contraire ». Ces questions de recrutement sont d’ailleurs un sujet de prédilection du groupe « Crèches ». L’expérimentation sur les jardins d’éveil prévoit notamment un taux d’encadrement plus faible dans certaines structures laissant à penser que la qualité de la prise en charge pourrait éventuellement diminuer. La modification de la proportion des professionnels diplômés dans l’encadrement aurait également des répercussions importantes et cela ne s’inscrit ni dans les valeurs ni dans la politique stratégique de la FEHAP ! C’est aussi pour cela que le groupe «Crèches» souhaite véritablement s’inscrire dans les valeurs partagées par les établissements Privés Non lucratifs. Surtout dans un moment où la concurrence avec certains groupes lucratifs devient féroce ! «Nous devons nous positionner en termes d’établissements Privés Non Lucratifs», argue Sophie Urban. La question de la qualité est donc primordiale et cela pour tous les établissements et services d’accueil du jeune enfant : de la crèche au jardin d’éveil, en passant par les micro-crèches, la priorité doit être donnée à une prise en charge qualitative. « Et le fait qu’il existe des textes permettant de faire moins nous met en danger. Cela n’est pas acceptable ». Ingrid Arnoux, Rédactrice en chef Ages - l’Association de gestion des équipements sociaux 6, Rue Martin Bucer 67 000 Strasbourg Tél. : 03 88 32 52 88 [email protected] Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 DOSSIER I PETITE ENFANCE L’application sécurisée de la CCN 51 par les structures d’accueil d’enfants de moins de 6 ans Les associations adhérant à la FEHAP peuvent tout à fait appliquer à l’ensemble de leurs salariés - et de façon sécurisée - la Convention Collective Nationale du 31 octobre 1951. Adhérents de la FEHAP depuis de nombreuses années, ces structures demeurent des adhérents bien légitimes de la Fédération. 1983. Elles peuvent donc bien appliquer à leurs salariés la CCN du 31 octobre 1951 et rester adhérentes de la Fédération. LA PARUTION AU JOURNAL OFFICIEL du 23 septembre 2009 d’arrêtés d’extension relatifs aux accords définissant le champ d’application de la branche sanitaire, sociale et médico-sociale à but non lucratif, d’une part, et de la Convention collective des acteurs du lien social et familial, d’autre part, a mis un terme à la situation particulière rencontrée par les structures d’accueil des enfants de moins de six ans, au regard de la convention collective applicable aux salariés de ces structures. En effet, le 22 juin 2007, un arrêté d’extension de l’annexe VI à la convention collective du 4 juin 1983 avait créé un chevauchement entre, d’une part, la convention collective du 4 juin 1983 dénommée convention collective des acteurs du lien social et familial et, d’autre part, les accords de la branche sanitaire, sociale et médico-sociale à but non lucratif et les conventions collectives applicables dans cette branche à laquelle la FEHAP appartient (CCN du 31 octobre 1951, CCN du 15 mars 1966, CCN Croix-Rouge Française, CCN des Centres de Lutte Contre le Cancer). Ce chevauchement entre branches et conventions collectives avait conduit certains à penser qu’il n’était plus possible d’appliquer la CCN 1951 aux salariés de ces structures « Petite Enfance ». Les syndicats d’employeurs signataires des accords collectifs en cause, SNAECSO pour la CCN du 4 juin 1983, la FEHAP pour la CCN du 31 octobre Parallèlement, le champ d’application de la branche sanitaire, sociale et médicosociale à but non lucratif a été modifié afin d’en exclure les structures relevant du champ d’application de la CCN du 4 juin 1983. Les textes de ces avenants modificatifs des champs d’application ont été signés par les organisations syndicales de salariés. 1951 et l’UNIFED pour la branche sanitaire, sociale et médico-sociale à but non lucratif ont été très soucieux de mettre un terme à cette difficulté et sont parvenus à un accord. Le champ d’application de la CCN du 4 juin 1983 a été modifié afin d’en exclure les associations et organismes employeurs dont l’activité principale est celle d’une crèche ou halte-garderie adhérant à l’un des syndicats professionnels de l’UNIFED. Application de la CCN 51 Ainsi, les structures adhérant à la FEHAP, syndicat professionnel membre de l’UNIFED, ne se trouvent plus dans le champ d’application de la CCN du 4 juin Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 L’accord de la branche sanitaire, sociale et médico-sociale a été soumis à la procédure d’agrément, conformément à l’article L 314-6 du Code de l’action sociale et des familles. Cet accord agréé a ensuite fait l’objet d’un arrêté d’extension, le rendant ainsi obligatoire à l’ensemble des structures comprises dans son champ d’application (arrêté d’extension du 16 septembre 2009 paru au Journal Officiel du 23). Depuis cette date, il n’y a donc plus aucun problème de frontière entre ces conventions collectives et branches professionnelles, les structures Petite Enfance peuvent choisir d’adhérer à la FEHAP et d’appliquer à leur personnel salarié la Convention Collective Nationale du 31 octobre 1951. Julie Boraud, Conseiller Relations du Travail FEHAP 39 DOSSIER Enquête sur l’activité 2008 des structures d’accueil pour la Petite Enfance FEHAP L’accueil des enfants handicapés au sein des structures d’accueil pour la Petite Enfance, dans l’esprit de la loi du 11 février 2005, nécessite des adaptations de fonctionnement. En 2009, avec l’appui de l’Observatoire économique, social et financier de la FEHAP, les adhérents concernés ont été invités à décrire leur activité, en termes de capacité d’accueil, d’effectifs et de moyens, d’accompagnement des enfants en situation de handicap et de formation des personnels. Nous vous présentons ici les résultats de cette enquête. SUR LES 183 ADHÉRENTS CONCERNÉS LORS DU 64 établissements représentant 2 664 places et employant près de 790 ETP (Equivalent Temps Plein) en 2008 ont participé, représentant un taux de réponse de l’ordre de 35 %. Il convient d’ajouter que 8 autres adhérents ont déclaré ne pas être concernés, leurs établissements ayant ouvert courant 2009. Au total, presque 40 % des adhérents se sont donc exprimés. LANCEMENT DE CETTE ENQUÊTE, Les tableaux 1 et 2 présentent, par type d’activité, la répartition des adhérents FEHAP accueillant des enfants de moins de 6 ans, ainsi que celle des répondants. D’un point de vue méthodologique, les effectifs en crèche familiale, jardin d’enfants et autres modes d’accueil ne sont pas suffisamment importants pour permettre de dégager une tendance représentative. A ce titre, les informations issues de ces catégories ne seront pas communiquées de façon détaillée. Toutefois, elles sont intégrées dans le calcul des indicateurs moyens, toutes activités confondues sur l’ensemble du secteur. S’agissant des catégories d’établissements pour lesquelles nous disposons Tableau 2 - Ventilation des réponses obtenues On notera également que de plus en plus d’Etablissements d’Accueil de Jeunes Enfants (EAJE) font le choix d’adhérer à la FEHAP : trois mois après le lancement de cette enquête, la Fédération connaissait une quinzaine d’adhésions supplémentaires dans ce secteur d’activité. Catégorie Crèche multi-accueil Crèche Collective HalteGarderie Crèche Familiale Jardin d’enfants Autre TOTAL moyenne en 2008 Nombre de structures * Taille (places agréées) 30 45 22 42 8 18 2 90 1 36 1 40 64 42 Taux d’occupation en 2008 80,3 % 77,6 % 77,1 % 61,3 % 100 % 60 % 78,3 % Tableau 1 - Répartition des adhérents accueillant des enfants de moins de 6 ans par type d’activité en 2009 Catégorie Crèche Collective Halte-Garderie Etablissement d’accueil collectif régulier et occasionnel Etablissement multi-accueil collectif et familial Service d’accueil familial pour la petite enfance Garderie et jardin d’enfants Crèche Parentale Halte-Garderie parentale Ensemble Nombre de structures * Part Places Part 94 44 27 14 7 7 3 2 198 47,5% 22,2% 13,6% 7,1% 3,5% 3,5% 1,5% 1% 100% 3 878 957 795 453 565 273 60 0 6 981 55,6% 13,7% 11,4% 6,5% 8,1% 3,9% 0,9% 0% 100% Sources : fichier des adhérents FEHAP au 31/12/2009 - répertoire FINESS 2009 * au sens du FINESS géographique Plus des trois quarts des places disponibles sont concentrées dans les régions Alsace, Ile-de-France et Pays de la Loire 40 Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 DOSSIER I PETITE ENFANCE de plus d’observations, la taille moyenne est de 42 places agréées et les taux d’occupation moyens varient entre 77 et 80 % en 2008. Graphique 1 - Répartition des accueils d’enfants porteurs de handicap en 2008 Un accueil moyen de 112 enfants, dont 2 porteurs de handicap, par crèche participante 40,3% 12,7% Au cours de l’année 2008, les 64 participants ont accueilli 6 935 enfants au total, soit 112 enfants en moyenne par établissement. Chacune des places agréées aurait ainsi permis d’accueillir un peu plus de 2,6 enfants en 2008. Le travail autour du handicap 31,5% 39 établissements/64 répondants ont accueilli 181 enfants porteurs de handicap, ce qui représente 2,6 % du total des prises en charge de l’échantillon global et presque 4 % des enfants accueillis dans les 39 établissements concernés. Voir Graphique 1 Dans plus de 40 % des cas, ces enfants présentaient un handicap mental et plus de 30 % des situations relevaient de plurihandicap ou de polyhandicap. En valeur médiane, les crèches concernées ont accueilli 2 enfants en situation de handicap en 2008. On notera que dans 1 établissement adhérent, près d’1 enfant accueilli sur 5 était porteur de handicap. moyenne trois fois moins de vacations mensuelles des psychologues et plus aucune des psychomotriciens lorsque l’établissement n’est pas concerné par l’accueil de ce public. Ceci confirme que l’accueil d’enfants en situation de handicap ne semble pas spécifiquement consommateur de ressources au sein des établissements participants, de façon générale, mais nécessite l’intervention de spécialistes externes. 12,2% 3,3% handicap mental handicap physique ou moteur handicap sensoriel handicap associés Afin d’obtenir des éléments qualitatifs sur l’accueil d’enfants porteurs de handicap, les adhérents pouvaient exprimer leur situation particulière sur différents points : Question: Selon-vous, le personnel estil suffisamment bien informé sur les degrés, les types de handicaps et leur prise en charge chez le jeune enfant ? autres D’après les définitions habituellement données, l’item "handicaps associés" renvoie à des enfants qui présentent soit : - deux handicaps physiques ou sensoriels sans atteinte intellectuelle importante (cas de pluri-handicap) - un handicap grave à expressions multiples associant toujours une déficience motrice et une déficience intellectuelle sévère ou profonde, entraînant une restriction extrême de l’autonomie et des possibilités de perception, d’expression et de relation (cas de polyhandicap). Résultat : Oui : 34,4 % ; non : 40,6 % ; ne se prononcent pas : 25 %. Pas d’effectifs supplémentaires pour accueillir des enfants handicapés • la plus fréquemment évoquée précise que les personnels en poste sont déjà sensibilisés à cette problématique, dans la mesure où l’accueil d’enfants handicapés est une disposition du projet d’établissement, voire une vocation de l’association. A ce titre, les demandes des familles concernées sont traitées prioritairement ; On observe que la part des enfants en situation de handicap accueillis et celle des heures qui leur sont consacrées sont très proches. En effet, le nombre d’heures consacrées aux enfants porteurs de handicap atteint 2,7 % du total des heures réalisées, en moyenne, dans les structures concernées. Pour les adhérents participants, sur un plan strictement quantitatif, l’accueil d’un enfant en situation de handicap ne paraît donc pas plus particulièrement consommateur de temps que pour l’ensemble des autres enfants. Le tableau 3 décrit la répartition moyenne du personnel, observée parmi les établissements participants. La seconde partie du tableau met en regard ces informations, selon que les établissements accueillent ou non des enfants porteurs de handicap. On remarque alors que l’accueil d’enfants handicapés au cours de l’année n’impacte pas sensiblement les taux d’encadrement. En revanche, il y a en S’agissant de la perception que les équipes en place ont de l’accueil d’un enfant handicapé – qu’elles en aient fait l’expérience ou non –, quatre grandes idées ressortent principalement des témoignages des adhérents : • une approche sereine: il n’y a pas lieu de faire de différence par rapport à l’accueil des autres enfants, dans la mesure où chaque intervention se fait au cas par cas. Handicapés ou ••• Tableau 3 - Les personnels des EAJE en 2008 Mode d’accueil Taux d’encadrement moyen Crèche multi-accueil 33 Crèche Collective 32 Halte-Garderie 21 TOTAL 29 Echantillon des : adhérents ayant accueilli un enfant handicapé adhérents n’ayant pas accueilli d’enfant handicapé Nombre moyen de vacations par mois Nombre moyen d’ETP Total Auxiliaires de puériculture Faisant fonction d’Auxiliaires de puériculture Educateurs jeunes enfants 15,2 4,6 3,3 1,9 12,9 5,1 2,3 1,6 3,8 1,1 1 1,3 12,3 4,1 2,5 1,6 Taux d’encadrement par catégorie de personnels 32 10 7 5 29 10 6 5 Pédiatre Psychomotricien Psychologue 1,4 1 0,5 3,2 0,6 1,1 0,7 2,4 0,6 1,9 1 0,7 Vacations mensuelles pour 100 places en moyenne 4 6 3 6 0 1 Le taux d’encadrement est défini comme le nombre d’ETP pour 100 places agréées. 1 vacation représente une demi-journée ou 4 heures. Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 41 DOSSIER La Prestation de Service Unique (PSU) a été instituée par la Lettre-circulaire de la Caisse Nationale des Allocations Familiales (CNAF) du 31 janvier 2002. Son application n’est pas obligatoire mais conditionne l’attribution des subventions versées par les Caisses d’Allocations Familiales (CAF). Elle finance l’accueil régulier, l’accueil occasionnel ainsi que l’accueil d’urgence des enfants de moins de 4 ans. Cette aide a, notamment, pour finalité : • d’instituer une plus grande amplitude horaire pour mieux répondre aux demandes émanant des familles • de favoriser la mixité sociale par une meilleure prise en compte des revenus des familles et l’amélioration des taux d’occupation • de soutenir le développement des services multi-accueil • d’améliorer les passerelles entre l’école et la crèche en accueillant les enfants jusqu’à 4 ans. Le montant des participations familiales est déterminé par : • les ressources mensuelles imposables (avant abattement) déclarées aux CAF, encadrées par un barème plancher/plafond • et l’application d’un taux d’effort horaire, dégressif en fonction du nombre d’enfants issus du même ménage. Il diffère selon que l’accueil s’effectue en crèche collective ou en crèche familiale/parentale/micro-crèche. A titre indicatif, le barème des ressources mensuelles des familles en vigueur pour l’année 2010 est de 579,72 € (plancher) et de 4 574,60 € (plafond). Le taux d’effort horaire à retenir en accueil collectif est de 0,06 % pour une famille d’1 enfant, 0,05 % pour 2 enfants, ainsi de suite jusqu’à 0,03% pour 4 enfants. En accueil familial, parental ou en micro-crèche, il s’élève à 0,05 % pour un enfant, il varie de façon dégressive comme précédemment jusqu’à 0,02 % pour une famille de 4 enfants. Le montant de la PSU est équivalent à 66 % du PR des heures facturées, déduction faite du montant des participations familiales. Le PR à retenir est plafonné, en 2010, le seuil a été fixé à 6,26 € en accueil collectif et à 5,49 € pour l’accueil familial/parental/micro-crèche. On utilise la formule suivante : PSU = [(heures facturées x PR) - participations des familles] x RG où RG désigne la proportion de places occupées par les enfants relevant du régime général de la Sécurité Sociale ou de la fonction publique d’Etat. La Prestation de Service Ordinaire fait l’objet d’un nouveau cadre règlementaire depuis la parution de la Lettre-circulaire n° 2008-196 du 10 décembre 2008. Elle finance les modes d’accueil concernant les enfants de 4 à 6 ans, c’est-à-dire les haltesgarderies de type collectif, familial ou parental, les micro-crèches ainsi que l’Accueil de Loisirs Sans Hébergement (ALSH). Pour favoriser l’accessibilité à ces modes de garde, son attribution est subordonnée à l’application d’une tarification modulée sur l’ensemble des tarifs, en fonction des ressources des familles. Le barème des ressources familiales à prendre en compte est commun à celui utilisé pour les modes d’accueil relevant de la PSU. Les types de facturation admis dans ce cadre peuvent être horaires, à la journée (10 heures) ou la demi-journée, au forfait (que l’enfant ait utilisé ou non le service), ou encore à la cotisation d’inscription. Le calcul du montant de la PSO utilise également la notion de PR horaire défini comme le rapport entre le total des charges et le nombre d’heures de présence réelle des enfants. Le PR retenu est également plafonné à 2,95 € pour les haltes-garderies collectives, à 2,72 € pour les haltes-garderies parentales/familiales et micro-crèches et à 1,54 € pour l’ALSH. Le montant de la PSO peut alors atteindre 30 % du PR plafonné sans tenir compte de la participation des familles : PSO = PR x 30 % x nombre d’heures retenues x TG. 42 ••• non, il est question d’accueillir des enfants avant tout ; • une approche prudente : face aux risques d’accroissement de la charge de travail et de la charge émotionnelle, certaines équipes seraient favorables à l’accueil d’enfants handicapés dans la mesure où l’on met en place des partenariats avec les familles et les équipes externes de soins spécialisés ; • une approche inquiète, exprimée de façon marginale, qui exprime la peur de ne pas savoir faire, la crainte de manquer de personnel qualifié ou qui conditionne son accord en fonction de la nature du handicap. Question : Avez-vous mis en place une ou des formations spécifiques à l’accompagnement des enfants en situation de handicap pour le personnel : • de type collectif ? Résultat : Oui : 39,1 % ; non : 37,5 % ; ne se prononcent pas : 23,4 % • de type individuel ? Résultat : Oui : 23,4 % ; non : 48,4 % ; ne se prononcent pas : 28,2 %. Globalement, 51 % des participants ont réalisé une ou des actions de formations, individuelles ou collectives en faveur de leur personnel. Question : Avez-vous eu des contacts avec des partenaires extérieurs intervenant dans l’accompagnement des enfants handicapés ? Résultat : Oui : 73,4 % ; non : 9,4 % ; ne se prononcent pas : 17,2 %. Presque les trois quarts des adhérents participants ont déjà dialogué avec les acteurs de la prise en charge du handicap chez l’enfant, pour l’essentiel avec les ESMS du secteur (Graphique 2). La majorité des adhérents ayant répondu étaient déficitaires en 2008 et ce, quel que soit le mode d’accueil. De façon marginale, quelques adhérents nous ont signalé qu’ils étaient encore en attente du versement de reliquat des produits attendus au titre de la Prestation de Service Unique (PSU)/Prestation de Service Ordinaire (PSO) pour 2008 au moment du remplissage de l’enquête. Il en résulte que les proportions Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 DOSSIER I PETITE ENFANCE Graphique 2 - Les principaux partenaires des EAJE autour de la question de l’accueil d’enfants handicapés Médecin traitant 6,4% 8,5% Centre d'accueil thérapeutique à temps partiel (CATTP) Services hospitaliers 12,8% Autres structures d'enseignement spécialisé 21,3% Services d'éducation spécialisée et de soins à domicile (SESSAD) 21,3% Centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) 46,8% 89,4% Centre d'action médico-sociale précoce (CAMSP) 0% 20% 40% 60% 80% 100% Clé de lecture : parmi les adhérents ayant noué des contacts / partenariats avec les autres acteurs de la prise en charge du handicap chez l’enfant, le CAMSP est cité dans 89,4 % des cas. que nous indiquons dans le Tableau 4 peuvent être légèrement surestimées. Fin 2008, les pertes constatées en moyenne atteignaient - 22,2 K€, ce qui correspond au coût de fonctionnement d’1,6 place/an, toujours en moyenne. On remarque que les coûts à la place, de même que le poids des charges de personnel dans le total des dépenses d’un EAJE, sont des indicateurs comparables à ceux constatés pour les ESMS (voir numéro précédent de PSS). Plus de 90 % des participants bénéficiaient de la PSU en 2008, un peu plus de 9 % fonctionnaient avec la PSO et presque 8 % disposaient des deux systèmes (voir encadré). Le Prix de Revient horaire (PR) constaté en moyenne atteint 8,78 € pour 2008. Cet indicateur se caractérise par une dispersion élevée, dans la mesure où pour un quart des participants il est inférieur ou égal à 6,45€, tandis qu’un autre quart dispose d’un PR supérieur à 10,10 €. Une dizaine d’adhérents nous ont fait savoir qu’une partie des enfants handicapés qu’ils avaient accueillis étaient bénéficiaires de l’Allocation d’Education de l’Enfant Handicapé (AEEH) ou de la Prestation Compensatoire du Handicap (PCH). Ces aides ont concerné 2 enfants en moyenne sur 2008. Enfin, l’enquête montre que l’accueil d’un enfant en situation de handicap ne suscite pas d’investissement particulier, 6% des adhérents seulement ont déclaré avoir investi des sommes très modestes en achat de mobilier. Si l’on peut supposer que cette enquête a davantage mobilisé les crèches concernées par l’accueil d’enfants en situation de handicap que les autres, on remarque que, parmi les participants, 3 crèches sur 5 reçoivent des enfants porteurs de handicap. Il ne s’agit donc pas d’une question marginale. temps, susciter quelques inquiétudes de la part des équipes. Mais on notera que, sur le plan statistique, probablement en raison de leur jeune âge, l’accueil des enfants en situation de handicap ne semble générer aucun surcoût, ni en termes de charge de travail, ni en termes financiers. En revanche, des psychologues et psychomotriciens accompagnent systématiquement les personnels des crèches concernées et de nombreuses actions de formations des professionnels ont été engagées. Au-delà de ce constat, beaucoup d’adhérents ont souligné les aspects enrichissants et socialisants de l’accueil d’un enfant porteur de handicap qui a toute sa place dans le projet d’établissement. Stéphane Piffre, Chargé d’études Observatoire économique, social et financier FEHAP De façon légitime, la prise en charge de ces enfants peut, dans un premier Tableau 4 - Eléments budgétaires sur l’exercice 2008 Mode d’accueil Crèche multi-accueil Crèche Collective Halte-Garderie TOTAL Proportion d’adhérents déficitaires Résultat moyen 53,6% 54,5% 62,5% 54,8% -24 085 € -27 669 € -4 117 € -22 216 € Charges de Financement CNAF Participations Autres financements Prix de revient / Total des personnel / familiales / Total / Total des réel d’une heure ressources charges totales des ressources ressources en moyenne en moyenne en moyenne en moyenne en moyenne 76,4% 71,4% 85,3% 76,4% 36,1% 40% 49,1% 38,4% 24,8% 20,5% 12,9% 21,8% 39,1% 39,5% 38% 39,8% 8,66 € 8,92 € 9,74 € 8,78 € Coût à la place en moyenne 13 899 € 16 013 € 10 442 € 14 145 € Le prix de revient réel est defini comme le rapport du total des charges issues du compte de résultat sur le volume d’heures réalisé (qui peut différer du nombre d’heures facturées aux familles, on parle alors de prix de revient budgétaire). Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 43 DOSSIER Mobilisation de la Formation au service de la Petite Enfance Les enjeux autour de la formation professionnelle du personnel d’accueil de la Petite Enfance sont capitaux. Problème de recrutement, manque de qualification, les structures sont confrontées à une pénurie de certaines professions et de certaines qualifications. Le secteur Formation de la FEHAP s’empare de ces problématiques pour y répondre au mieux. LE SECTEUR FORMATION DE LA FEHAP est en permanente réflexion afin d’adapter, au plus juste, son offre aux besoins des adhérents. Un centre de formation, attaché à une tête de réseaux telle que la FEHAP, doit travailler avec ses adhérents sur l’analyse des besoins nécessitant la mise en œuvre d’un programme de formation. Le secteur Petite enfance est actuellement en plein développement à la FEHAP et c’est dans cet esprit que le secteur Formation réfléchit avec les adhérents aux besoins en formation exprimés dès 2010 et qui le seront plus largement en 2011. Des pistes de développement Trois hypothèses de développement ont été retenues : • la formation en inter à Paris pour que les organisations nouvellement arrivées à la FEHAP puissent se rencontrer, mutualiser leur travail et mettre en œuvre une culture commune, soucieuse des spécificités du secteur PNL • la formation en régions avec une dynamique similaire qui pourrait être mise en œuvre pour rapprocher les organisations d’une même famille et créer un lien localement entre elles avec les dynamiques spécifiques régionales. Cela permettrait également de penser ensemble la couverture des besoins sur les territoires • la formation en intra, là où se posent des questions spécifiques aux équipes dans la prise en compte et l’accompagnement d’enfants autour de la bientraitance, l’accueil d’enfants handicapés en milieu ordinaire, le repérage de difficultés dans la parentalité. 44 Un vaste chantier Peuvent apparaître également, pour l’enfance en grande difficulté, des questions autour des comportements à risques ou des questions actuelles comme l’obésité, nécessitant une approche formative pour les équipes de travail. La formation constitue un outil au service de la qualification mais également de la professionnalisation et le centre de Formation de la FEHAP entend se mettre à la disposition de ses adhérents du secteur de la Petite Enfance pour construire avec lui les formats et les contenus des formations nécessaires à l’ancrage qualitatif de ce champ d’activité auprès des populations et dans les territoires. Aujourd’hui, il semble qu’il y ait une attente très forte sur les questions de l’évolution du cadre réglementaire, dans un contexte environnemental très mouvant de toutes les règles budgétaires et tarifaires. Les acteurs, très centrés sur les enfants et leurs parents, se trouvent confrontés à une actualité règlementaire d’une grande complexité que les formations développées doivent prendre en compte. Les métiers de ce champ sont sous tension. Il devient ainsi fondamental de continuer à travailler sur l’identité de ce secteur et des métiers qui y sont attachés. De même, toute la question des responsabilités reste un chantier à investir. Les problèmes autour de la parentalité, de la fragilisation des foyers, de la précarisation de groupes, de la maladie et du handicap mais également des comportements violents des jeunes et des adolescents restent autant de sujets nécessitant une réflexion et une recherche de formateurs-ressources pour accompagner ce secteur en quête, auprès de la FEHAP, d’une fédération d’accueil. La FEHAP est présente dans des instances comme la Commission paritaire nationale de la branche, comme UNIFAF, comme l’Observatoire des métiers, autant de gages de son implication dans la prise en compte des besoins des organisations, la mise en place des priorités financières mais également l’observation de la cartographie des besoins en personnel. Elle est, par ailleurs, régulièrement sollicitée pour participer à des journées thématiques, des forums sur la question des métiers, le parti pris de la FEHAP étant de travailler et de communiquer autour de l’attractivité de ces métiers dans un contexte où la pression de la rentabilité pèse d’un poids très lourd sur le choix des candidats à la formation qualifiante. La FEHAP a fait le choix de s’investir sur les questions du tutorat, de l’apprentissage, comme autant de solutions pouvant favoriser pour leur part l’évocation des candidats à ces métiers. Elle s’investit aussi largement dans les différentes formes d’accueil du jeune enfant et le secteur Formation compte se faire le relais de ces questions et préoccupations. Comment imaginer des solutions diverses et variées dans les villes et campagnes pour accueillir au plus près les jeunes enfants d’une façon souple et évolutive ? Le secteur PNL a une vraie légitimité à penser, par le secteur de l’économie sociale et solidaire, la réponse aux besoins sociaux des populations. C’est dans cet esprit que la Formation s’engage. Florence Leduc, Directeur du Secteur Formation et de la Vie associative FEHAP Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 DOSSIER I PETITE ENFANCE Des crèches aux hautes valeurs ajoutées L’Association Crescendo crée, développe et gère des structures d’accueil Petite Enfance depuis cinq ans. Mais, au-delà de sa fonction d’accueil des plus petits, Crescendo s’investit dans une dynamique sociale et solidaire globale. Visite guidée dans des crèches engagées. « C’est en tant que membre du Groupe SOS, groupe de l’économie sociale et solidaire, que Crescendo engage le monde de la Petite Enfance dans une dynamique sociale et solidaire », déclare Céline Legrain, sa Directrice générale. Cette implication est ensuite reprise de manière très variée et indépendante par chacune des structures de l’Association. « Chaque structure a son propre projet d’établissement», explique Céline Legrain. Crescendo n’intervient pas dans l’élaboration de ce projet: ce sont les équipes des crèches qui le construisent en fonction des besoins des populations avoisinantes et des valeurs de l’Association qu’elles traduisent selon le type d’équipement et leurs compétences plus spécifiques. Les équipes sont donc motivées et mobilisées par un même engagement, ce qui peut développer un fort sentiment d’appartenance au sein d’une structure. Une aide sur-mesure aux plus démunis Crescendo a la volonté de faire de chacun de ses établissements « un lieu de promotion de la mixité sociale et du respect de la différence». Mais, bien loin de se contenter de la théorie, l’Association s’attache à la concrétiser sur le terrain par des démarches innovantes. Ainsi, différentes structures de l’Association se sont mises en relation avec des centres sociaux et proposent des horaires d’accueil flexibles pour permettre à certains parents de suivre des cours d’alphabétisation ou d’aide à l’insertion professionnelle. Plus qu’un simple lieu d’accueil, ces structures entretiennent des liens forts avec les parents ••• Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 45 DOSSIER ••• pour répondre à leurs besoins et cela, dans l’intérêt des enfants. Les parents, dont beaucoup rencontrent des difficultés, trouvent dans ces structures une porte d’entrée dans la société. En effet, si elle a vocation à accueillir les enfants, la crèche est souvent la première institution qui entre en contact avec les parents et il est essentiel que le premier contact soit positif. Céline Legrain rappelle en ce sens que les crèches ont un rôle important de prévention à jouer, trop souvent occulté par les pouvoirs publics. Dans cette même perspective de venir en aide aux personnes en difficulté, d’autres crèches proposent d’accueillir une proportion plus importante d’enfants handicapés (jusqu’à 1/3, bien que la capacité d’accueil ne se définisse pas uniquement sur un critère quantitatif mais en prenant en compte la nature du handicap). Ce type d’accueil mixte présente un intérêt pour les enfants et les parents qui ne sont pas les seuls à porter cette différence, qui bénéficient d’un accompagnement adapté, favorisant l’acceptation du handicap et une prise en charge précoce indispensable pour le devenir de l’enfant. Seule condition cependant : l’enfant doit avoir un suivi extérieur. Si la crèche est en effet une structure d’accueil où interviennent des professionnels de soins (médecins, psychologues, psychomotriciens), elle ne se substitue pas à un établissement spécialisé. Elle forme ainsi un réseau autour de ces enfants, constitué à la fois des parents, du personnel de la crèche mais aussi de professionnels extérieurs. Ce dispositif se confronte cependant à une difficulté certaine : comment définir un « enfant handicapé » quand, bien souvent, le diagnostic du handicap n’est pas toujours établi à moins de trois ans et que la famille craint de stigmatiser son enfant ? Le moment de la Petite Enfance est très particulier dans ce cadre-là et le traitement du handicap y est des plus complexes. Des démarches globales Au-delà de ces projets spécifiques à chaque établissement, Crescendo initie aussi des démarches engageant l’ensemble de ses structures. Le dispositif de Chantier d’Insertion a été initié par le centre social Maison du Bas Belleville qui appartient à l’Association Crescendo et vise à for- 46 Née de la fusion en 2005 de deux associations d’accueil collectif Petite Enfance, Crescendo a repris et rénové les 11 établissements qu’elle comptait et développe depuis 2006 son activité. Elle compte aujourd’hui 26 établissements d’accueil collectif Petite Enfance à Paris, Chanteloup-en-Brie, Beauvais et Amiens et 1 centre social dans le XXe arrondissement de Paris. Crescendo compte 7 salariés au siège, 250 en structures et dispose de 706 places d’accueil. Crescendo est membre fondateur de la Fédération Nationale des Associations Pour la Petite Enfance (www.fnappe.fr). mer des jeunes femmes éloignées de la vie active à travailler dans le monde de la Petite Enfance. Par ce chantier, Crescendo fait d’une pierre deux coups: venir en aide aux personnes désireuses de reprendre une activité professionnelle et pallier les insuffisances en personnel que peut connaître le secteur Petite Enfance. Crescendo travaille ici en lien avec Pôle-Emploi. Les participantes sont sélectionnées suivant un test écrit simple de compréhension et de rédaction, suivi de deux entretiens de motivation. Sur une centaine de candidatures, quinze seulement sont retenues chaque année. La formation dure ensuite neuf mois et comprend un enseignement théorique et un enseignement pratique dans des crèches. « Les établissements Crescendo n’ont pas d’obligation d’accueillir les stagiaires du chantier d’insertion, mais beaucoup y participent chaque année ou une année sur deux », précise Céline Legrain. Ce chantier s’appuie donc sur le réseau d’établissements d’accueil collectif Petite Enfance dont dispose Crescendo pour son bon développement, ainsi que sur d’autres associations volontaires. Plus qu’un projet individuel, ces chantiers témoignent de l’action solidaire de l’ensemble de cette Association. Et sa réussite en est une fierté partagée : entre 70 et 80 % des femmes qui y ont suivi une formation retrouvent un emploi ou renouent avec les études à la suite de ce chantier. Crescendo les soutient après leur sortie dans leur reprise d’activité grâce à un suivi personnalisé. Des crèches pour la planète Crescendo est donc particulièrement impliquée dans les problématiques sociales : le monde de la crèche est révélateur de certaines inégalités et un terrain propice à la mixité sociale. L’Association ne s’arrête cependant pas là et s’attaque à un chantier a priori plus éloigné de son champ de compétences: le développement durable. Cette démarche a été initiée par la direction des achats et du développement durable du groupe SOS et a été depuis appliquée à tous les établissements grâce à une sensibilisation importante des équipes sur cette thématique d’avenir. Elle comprend l’achat et l’utilisation de couches biodégradables jetables et sans agent chimique, de produits d’entretien verts, issus de la chimie végétale, et la sensibilisation aussi bien des enfants que des équipes aux petits gestes qui comptent. Mais le concept peut se décliner dans d’autres domaines, de l’alimentation au bâtiment en passant par le choix des jouets : pourquoi ne pas promouvoir les transports en commun en réhabilitant le petit train face à la prédominance incontestée de la petite voiture ? Philippine de la Fayolle Stagiaire au service Communication de la FEHAP Association Crescendo 102, Rue Amelot 75011 Paris Tél. : 01 58 30 55 17 Fax : 01 58 30 56 35 [email protected] http://www.crescendo.asso.fr Vous aussi, contribuez au chantier d’insertion de Crescendo en accueillant dans vos structures des stagiaires Petite Enfance, sans frais supplémentaires. Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 DOSSIER I PETITE ENFANCE L’Ile aux enfants : un multi-accueil en Alsace En Alsace, la crèche L’Ile aux enfants organise un accueil dans six villages de la Communauté de Communes afin que les enfants de 3 mois à 4 ans puissent bénéficier de temps d’activités avec leurs assistantes maternelles, leurs parents ou grandsparents. Discussion avec Véronique Meyer, sa directrice. du projet Atoll est financée par la Communauté de Communes. Une plaquette est mise à disposition dans tous les lieux afin que l’information circule auprès du plus grand nombre. Lors du lancement de ce projet, nous avons envoyé le programme à tous les parents de la com com pour nous faire connaître. Maintenant, nous diffusons cette plaquette et le programme des activités grâce à des affiches. En moyenne, chaque séance réunit de 15 à 20 enfants par activité. Mais notre crédo est bel et bien qu’avec un tout petit budget on peut accomplir beaucoup ! Perspectives Sanitaires et Sociales : quelle est l’activité que vous proposez en parallèle à votre crèche ? Véronique Meyer : le relais parentsassistants maternels et le multi-accueil «Ile aux enfants» travaillent ensemble et ont mis en place des temps d’activités dans six villages alsaciens : Bantzenheim, Chalampé, Hombourg, petitLandou, Niffer et Ottmarsheim. Chaque village est le lieu d’une activité mensuelle sur proposition de l’équipe éducative. Les activités de ce projet Atoll sont : jeux, histoires, éveil musical, jeux d’eau, 1 2 3 couleurs, baby gym. Nous nous déplaçons avec trois éducatrices de jeunes enfants, parfois avec des enfants de la crèche et nous participons tous à l’activité programmée avec les enfants et les parents venus nous retrouver. PSS : pourquoi avoir développé une telle activité ? V.M. : nous avons développé le projet Atoll en 2005, suite au constat de l’isolement dont certaines familles pouvaient souffrir dans ces communes. Ne venant pas au multi accueil fixe, elles n’avaient pas de contact avec des professionnels de la Petite Enfance. Il nous a donc semblé important de pallier ce manque. Ces activités contribuent à la socialisation des enfants et créent un lien indéniable entre les adultes. Le travail sur la parentalité est très important car ces parents ont de véritables besoins. Nous créons donc un contact. PSS : quels en sont les financements ? V.M. : ces activités sont entièrement gratuites pour les familles. Nous utilisons le budget de la crèche et du relais d’assistantes maternelles pour financer le projet Atoll. Toutefois, ce projet est très peu coûteux car nous déplaçons notre matériel. Nous possédons un minibus qui nous permet de transporter le matériel, les enfants de la crèche qui participent à ces activités. Nous n’avons donc pas de budget spécifique, mais la Communauté de Communes, consciente du besoin, a contribué par exemple à l’achat de notre minibus. Par ailleurs, la communication autour Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 PSS : avez-vous rencontré des difficultés dans l’organisation du projet Atoll ? V.M. : la principale difficulté que nous rencontrons est la mise à disposition de lieux adaptés à ce genre d’activités. Chaque année, nous tentons de trouver de nouveaux lieux gracieusement mis à notre disposition par les communes. Propos recueillis par Ingrid Arnoux Crèche Halte-garderie L’Ile aux enfants 01, Rue des Alpes 68 490 Ottmarsheim Tél. : 03 89 83 21 51 Fax : 03 89 26 20 66 [email protected] 47 DOSSIER Des activités intergénérationnelles La crèche Bout’Chou est située dans les mêmes locaux qu’un EHPAD : la proximité géographique favorise les contacts. Une vitre sépare les deux structures et permet aux personnes âgées de voir les enfants et les jardins qui sont mitoyens. Quatre matinées par semaine, les enfants et les personnes âgées ont des activités communes. DEPUIS LA RUE, impossible de soupçonner ce qui se passe rue de la Santé dans le XIIIe arrondissement de Paris mais, dès l’entrée, les liens entre l’EHPAD Péan et la crèche Bout’chou sont perceptibles. Le hall d’entrée est commun aux deux structures: à gauche la crèche, à droite l’EHPAD. «Dès la construction de l’EHPAD en 2000, l’Association ACPPA qui gère cet établissement a réservé des locaux afin d’y installer une crèche collective de 19 berceaux à l’Association La Maison des Bout’chou. Les deux associations ont signé une Convention dont quelques prestations sont rémunérées par La Maison des Bout’Chou, avec l’idée de mettre en place le concept intergénérationnel », explique Soledad Figuerola, la directrice de la crèche. Les liens entre les deux structures sont permanents. Une salle de repos, donnant en rez-de-jardin est d’ailleurs un endroit de prédilection des personnes âgées car une grande vitre permet de suivre l’évolution des enfants pendant leur journée. La cour intérieure favorise également des rencontres car la crèche a une petite cour au bord des jardins de 48 l’EHPAD, rythmant ainsi les promenades des personnes âgées venant souvent regarder les enfants jouer dehors. Et le paroxysme de ces liens est visible quatre matinées par semaine pendant lesquelles les deux populations ont des activités communes : chants, contes, psychomotricité et chorale permettent alors aux enfants d’évoluer avec les personnes âgées et vice versa. « Nous sommes en constante communication avec les équipes de l’EHPAD et de la crèche car nous devons tout aborder pour structurer ces moments. Les questions d’attachement des personnes âgées sont abordées, l’organisation, le bruit, les activités des enfants… Nous devons tout “border” afin qu’il n’y ait pas de fausses notes dans ce programme auquel nous sommes tous très attachés», sourit Julie, animatrice de l’EHPAD, avant de se rendre à la chorale à la crèche avec Marie-Madeleine et Josette, ravies d’aller retrouver les enfants. D’ailleurs, en arrivant, Marie-Madeleine n’a de cesse de répéter que les enfants « sont trop mignons », avec un large sourire. Julie nous explique : « C’est incroyable, Marie-Madeleine est plutôt renfermée dans la journée mais, à partir du moment où elle rejoint les enfants, elle sourit, elle chante ». Il y a de véritables liens qui se créent, sans pour autant jouer dans le pathos. Les enfants appellent les personnes âgées par leurs prénoms, ce ne sont pas des papis et des mamies de substitution, ce sont presque des amis! «Il est difficile de savoir ce que ce type d’activité peut entraîner comme répercussions sur les enfants à long terme, mais il est certain que cela leur donne une tolérance quant à la différence, et cela n’a pas de prix », continue la Directrice. Les participants à ces activités sont tous volontaires et, depuis sa création en septembre 2003, la crèche n’a connu qu’un seul refus d’une famille ne souhaitant pas que son enfant y participe. Comme ces activités ne demandent aucun budget spécifique, il n’y a aucune raison de ne pas multiplier ces initiatives! Bout’Chou 9, Rue de la Santé 75 013 Paris Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 DOSSIER I PETITE ENFANCE Protection de l’enfance : deux acteurs majeurs du Haut-Rhin SI LA MAJORITÉ DES JEUNES ENFANTS sont accompagnés chaque jour par leurs parents ou proches dans des établissements d’accueil, type crèches, haltesgarderies, jardins d’éveil…, il est des enfants confiés, eux, à d’autres acteurs de l’enfance : les professionnels de la protection de l’enfance en danger. Ces enfants-là, souvent placés sur décision d’un juge pour enfants ou sur demande de leurs parents, peuvent quitter pour quelques temps (semaines, mois, années…) le domicile familial pour vivre en Maison d’Enfants à Caractère Social (MECS) ou alors bénéficier d’un dispositif d’accueil de jour avec l’un ou les deux parents. Dans le Haut-Rhin, les négligences ou carences parentales constituent la première cause des situations signalées aux Services d’Aide Sociale à l’Enfance et aux juges des enfants. L’ensemble du système d’appui aux familles et parents en difficulté mis en place dans ce département permet de repérer ces situations précocement. La FEHAP compte deux acteurs de poids dans le champ de la protection de l’enfance dans le Haut-Rhin : l’Association Caroline Binder et l’Association Ermitage qui gèrent d’ailleurs les deux seules « Pouponnières » du département en accueillant des enfants de 0 à 3 ans. L’Association Caroline Binder Sur Colmar-Logelbach, l’Association Caroline Binder est une « veille dame » au service des enfants et familles en souffrance, en situation de fragilité ou de handicap, une organisation dynamique avec 4 établissements pour 135 usagers. L’Association gère une MECS qui accueille 48 enfants de 0 à 6 ans (dont deux places réservées à l’accueil d’urgence). La partie « pouponnière » (0 - 3 ans) reçoit, pour tout le département, les pupilles de l’Etat. Les bébés d’une semaine y sont recueillis avant d’intégrer leurs familles d’adoption à l’âge de 3 mois environ. En avril 2010, la pouponnière comptait 6 nourrissons dans cette situation. Trois autres établissements font partie du dispositif proposé par l’Association : un centre maternel, une maison d’accueil de jour et un Institut Médico-Educatif, le seul IME du Grand-Est ayant un service dédié aux 0 - 3 ans (tous les détails sur www.cbinder.asso.fr). C’est depuis 1885 que cette œuvre protestante opère dans le champ de l’action sociale, éducative et médico-sociale. Cette année, les 125 ans de l’Association ont été célébrés le lundi de la Pentecôte. Un livre retraçant l’œuvre de la fondatrice est disponible depuis cette manifestation. La journée a, entre autres, été marquée par la présentation d’un ouvrage collectif, réalisation d’un atelier proposé au sein des 4 établissements depuis septembre 2009. « Le tissage des liens enfants/parents avec les professionnels est une histoire singulière qui se construit au cours du temps ». En l’honneur et à la mémoire de Caroline Binder, enfants et adultes ont confectionné un patchwork, grand panneau mural constitué de 125 petits morceaux d’étoffe personnalisés. L’Association Ermitage Sur Mulhouse, l’Association Ermitage, créée en 1922, alors pouponnière accueillant, dès leur naissance, des enfants illégitimes, cas sociaux, enfants difficiles ou handicapés, est un acteur aux multiples projets… L’Association gère aujourd’hui une MECS composée d’une pouponnière à caractère social (accueil de 29 enfants « placés », de la naissance à 3 ans), un centre maternel pour mères adolescentes et un autre pour majeures (en tout, 25 jeunes femmes et jeunes filles avec leurs enfants). Retenue par le Conseil général du HautRhin, dans le cadre de l’appel à projets pour les alternatives au placement classique dans la protection de l’enfance - 2010, l’Association Ermitage pro- Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 posera, dès le deuxième semestre 2010, 8 places d’accueil de jour (accueil de 8 enfants de 0 à 5 ans et de leurs parents) dans un quartier difficile de Mulhouse. L’accueil de jour est une réponse souple permettant d’éviter les placements en famille d’accueil ou en établissement. A proximité du domicile des parents, il apporte un soutien éducatif et un accompagnement de la famille dans l’exercice de la fonction parentale. C’est un accompagnement régulier, réparti dans la journée, la semaine, le mois devant s’insérer dans un contexte local sur un territoire précis en lien étroit avec les lieux de droit commun accueillant les enfants (crèches, écoles, centres médicosociaux…). L’équipe pluridisciplinaire de l’accueil de jour de l’Ermitage proposera ses services au sein de la future structure de Mulhouse, des activités au jardin d’enfants pendant que les parents seront soutenus individuellement ou collectivement en ateliers, des visites à domicile, des sorties familiales, le tout sur les temps péri et extra scolaires… Découvrez l’Ermitage et son engagement pour l’obtention du label QualEthique sur la toile : www.ermitagemulhouse.fr ou au travers du livret édité en juin 2009: « L’Ermitage - Pouponnière et Centre Maternel à Mulhouse - L’Humanisme en héritage pour l’avenir de l’enfance et de la famille ». Fanny Douhaire, Chargée de mission FEHAP Alsace Association Caroline Binder Association Ermitage 10 chemins des confins 68 124 Logelbach Tel. : 03 89 27 04 01 Fax : 03 89 27 59 07 49 Droit et sante GENERALISER LE CONSEIL DE LA VIE SOCIALE EN EHPAD ? OUI, MAIS… PAR COMMUNIQUÉS DES 2 ET 3 MARS 2010 SUR LES RÉSULTATS DU TRAVAIL D’ENQUÊTE RELATIF À LA BIENTRAITANCE EN EHPAD MENÉ PAR L’ANESM1, LE SECRÉTARIAT D’ETAT CHARGÉ DES AÎNÉS A EXPRIMÉ LE SOUHAIT DE PROCÉDER À LA GÉNÉRALISATION DU CONSEIL DE LA VIE SOCIALE (CVS), LIEU D’ÉCHANGE ET D’EXPRESSION SUR TOUTES LES QUESTIONS INTÉRESSANT LE FONCTIONNEMENT DE L’ÉTABLISSEMENT SOCIAL ET MÉDICO-SOCIAL ET DANS LEQUEL EST ACCUEILLI L’USAGER. APRÈS HUIT ANNÉES D’EXISTENCE, CETTE VOLONTÉ LÉGITIME DOIT ÉGALEMENT ÊTRE L’OCCASION DE RÉFLÉCHIR À L’ADAPTATION DU DISPOSITIF RÉGLEMENTAIRE QUI ORGANISE CE CVS, NOTAMMENT POUR LES ETABLISSEMENTS D’HÉBERGEMENT POUR PERSONNES AGÉES DÉPENDANTES (EHPAD). CRÉÉ PAR L’ARTICLE 10 DE LA LOI N° 2002-02 DU 2 JANVIER 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale, le Conseil de la Vie Sociale a remplacé le Conseil d’établissement qu’instituait déjà la loi de 1975, à la nuance près – mais non pas accessoire – que le CVS se veut d’abord dédié aux «personnes bénéficiaires des prestations des établissements et services » avant de réunir «les usagers, les familles et les personnels» (article 8 bis de la loi n° 75-535 du 30 juin 1975). Lieu du plein exercice du droit de la participation de l’usager Le CVS est apparu au fil des années comme l’un des meilleurs moyens permettant d’assurer la démocratie participative au sein des établissements et services relevant de ces secteurs. En effet, si son rôle est exclusivement consultatif, par la formulation d’avis ou de propositions intéressant la vie quotidienne de l’établissement ou du service (art. D.31115 du Code de l’action sociale et des familles2), le caractère obligatoire de sa sollicitation, notamment sur l’élaboration ou la modification du règlement de fonctionnement et du projet d’établissement ou de service (art. D.311-26) contribue à la pleine effectivité du principe de la participation de l’usager, tel que prescrit par l’article 4-3° de l’arrêté du 8 septembre 2003 relatif à la charte des droits et libertés de la personne accueillie. De même, l’établissement d’un règlement intérieur (art. D.311-19), d’un ordre du jour des séances au nombre minimal annuel fixé par voie réglementaire (art. D.311-16) et surtout la trace écrite des conclusions des débats engagés (art. 311-20) viennent conforter les bases institutionnelles de ce lieu d’écoute et d’échange de l’assuré pris en charge, expliquant, ne serait-ce qu’en partie, la réussite de cette instance quand elle est constituée et la 50 volonté subséquente des pouvoirs publics d’en systématiser l’existence au sein des EHPAD. Entre obligation législative et modalité alternative de démocratie participative Les exigences légales afférentes au Conseil de la Vie Sociale varient en fonction du type de structure sociale et médico-sociale considéré. Il constitue une obligation pour tout établissement et service assurant un hébergement, un accueil de jour continu ou une activité d’aide par le travail dans un cadre médico-social (art. D. 311-3), c’est-à-dire dans toute institution assurant un accompagnement stabilisé dans le temps, à l’exception de celles accueillant des mineurs de moins de 11 ans, des personnes en situation d’exclusion sociale ou rencontrant des difficultés spécifiques comme l’addictologie. On comprend ici l’intention du législateur de ne pas l’imposer aux services ambulatoires, compte tenu de la spécificité de leur accompagnement et le compromis trouvé dans la définition par décret des catégories d’établissements et services concernés par la mise en place du CVS et celles soumises à l’obligation alternative d’instaurer « d’autres formes de participation » (art. L.311-6). Ce compromis réglementaire ne sera toutefois précisé que deux années après la création législative du CVS en 2002 par le décret n° 2004-287 du 25 mars 2004. C’est assurément ce qui explique le développement peu systématisé de cette instance dans les structures pourtant concernées – c’est le cas des EHPAD – ainsi que l’existence des lieux d’échanges mis en place sur l’initiative des établissements et services eux-mêmes, avant la loi de 2002. Notons toutefois que deux autres explications supplémentaires au développement parfois difficile du CVS au sein des établissements et services tenus de Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 DROIT ET SANTÉ l’instaurer peuvent être données. Elles tiennent toutes deux à ce décret de 2004 pris sur le fondement de l’article L.311-6 consacré au CVS. D’une part, le texte réglementaire prend acte du droit de toute personne prise en charge en établissement ou service de faire valoir ses droits dans les modalités prévues à l’article L.311-15 du même code, en ouvrant la possibilité de constituer des groupes d’expression (art. D.311-21). Sans qu’il soit question d’une concurrence par ces derniers du CVS, on peut légitimement penser que cette disposition n’a certainement pas contribué à la montée en puissance du Conseil de la Vie Sociale dans certains établissements comme les EHPAD. D’autre part, l’alinéa 4 de l’article 1er du décret de 2004 (codifié à l’al. 3 de l’art. D.311-3) donne le droit aux personnes publiques ou privées, gestionnaires de plusieurs établissements ou services sociaux et médico-sociaux d’instituer, pour une même catégorie d’établissements ou de services, une instance commune de participation, freinant objectivement le développement de ces Conseils. Si l’intention de généraliser les CVS réside donc dans leur bonne participation au travail d’étude sur la bientraitance en EHPAD, il n’en reste pas moins que c’est d’abord… une obligation réglementaire qui y incite fortement. Mais tout ne se résume pas à l’édiction d’obligations juridiques. Pour que cette généralisation du CVS se fasse pleinement, il convient de s’assurer que cette instance puisse jouer son rôle, interrogeant dès lors les dispositions régissant sa composition et son fonctionnement. de santé des usagers permet à ces derniers d’occuper ces fonctions. Si le problème de la perte d’autonomie des résidents comme cause explicative des difficultés de fonctionnement du CVS se pose de manière encore très ponctuelle, il est à prévoir que c’est en des termes bien plus pressants qu’il se présentera à l’avenir, compte tenu des estimations réalisées sur l’évolution de la proportion des personnes âgées dépendantes3. La solution trouvée dans le décret n° 2005-1367 du 2 novembre 2005 organisant une égalité des collèges des représentants des personnes accueillies et de ceux de leurs familles, quand il ne permet pas le cas échéant de substituer les seconds aux premiers (art. D.311-20), déplace le problème plus qu’il ne le résout : certes, le fonctionnement du CVS s’en voit mieux assuré mais au détriment cette fois de l’objectif initial de la recherche de la participation directe de l’usager. Mal nécessaire répondront certains, moindre mal penseront d’autres, au rappel de l’obligation faite aux établissements et services et parfois difficile à satisfaire d’une représentation des usagers, de leur famille ou de leurs représentants légaux supérieure à la moitié du nombre total des membres du Conseil (al. 2 de l’art. D.311-5). Aussi, l’évolution des dispositions régissant le CVS vers plus de souplesse apparaît moins comme l’apport résiduel possible d’un projet visant à le généraliser dans les EHPAD, mais bien plus comme la condition sine qua non de la réussite de l’achèvement de son déploiement. Antoine Audouin, Conseiller santé-social FEHAP L’évolution des règles régissant le CVS garante de la réussite de sa généralisation Le Conseil de la Vie Sociale confère, dans l’esprit de l’évolution opérée par la loi du 2 janvier 2002, une place centrale à l’usager, parce que lieu de choix de sa capacité d’expression. Il n’est donc pas surprenant de trouver dans les dispositions qui le régissent le conditionnement de la présence de la personne accueillie à la validité des travaux que ce Conseil mène. C’est ainsi que la mise en place du CVS est possible, même en l’absence de désignation de titulaires et suppléants, dès lors que la présence des représentants des personnes accueillies et de leurs familles ou de leurs représentants légaux est garantie (art. D.311-6). Il en va de même pour la validité des avis rendus (art. D.311-17). Toutefois, et c’est notamment le cas pour les EHPAD, un tel dispositif ne fonctionne que si l’état 1- L’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements sociaux et médico-sociaux a été chargée d’un enquête relative à la bientraitance en EHPAD par envoi à ces établissements d’un questionnaire à retourner. La synthèse des résultats pour l’année 2009 est disponible sur le site de l’Agence. 2- Toutes les références juridiques entre parenthèses suivantes seront ici du même code. 3- «Les personnes de 80 ans et plus, âge auquel la prévalence de la dépendance commence à augmenter rapidement, seront 4 millions en 2020 (soit 80 % de plus qu’en 2000) », d’après le rapport de la Cour des comptes de 2005 relatif aux personnes âgées dépendantes (p. 13) Sanitaires Sanitaires && Sociales Sociales II mai Janvier / juin-2010 février I n°210 2009 I n°202 51 Relations du Travail Les revirements de jurisprudence L’activité juridique est en perpétuel mouvement. Cette évolution touche toutes les branches du droit, notamment social. Les revirements de jurisprudence participent à l’évolution et à la construction du droit, même si la doctrine s’est longtemps interrogée sur le rôle de la jurisprudence vis-à-vis de la loi. COMPRISE EN SON SENS ÉTROIT, la jurisprudence est l’ensemble des décisions de justice pendant une certaine période, soit dans une matière (jurisprudence sociale), soit dans une branche du droit (jurisprudence civile, fiscale), soit dans l’ensemble du droit. D’ores et déjà, cette définition technique met en évidence le facteur temps dans la formation et l’évolution de la jurisprudence. Le temps permet de consolider une solution posée par les tribunaux. Elle est systématiquement appliquée aux cas similaires d’où le terme de jurisprudence constante. Cependant, cette répétition reste précaire car, à la différence du système anglosaxon, le juge français n’est pas tenu par le précédent. Ainsi, toute solution, même constante, peut être remise en cause par un revirement de jurisprudence. Ce dernier intervient généralement à deux stades de la vie d’un texte de loi, soit à ses débuts, soit à sa fin. Dans le premier cas, la jurisprudence se cherche : le revirement est le plus souvent la traduction d’un flottement. Dans le second cas, elle évolue contre l’usure du temps. Les revirements sont cependant un signe de vitalité de la jurisprudence. Le juge, auteur du revirement Le juge, interprète de la loi, doit adapter ses décisions antérieures aux évolutions économiques et sociales. Selon le niveau de juridiction, les décisions rendues n’auront pas le même poids entre un jugement de tribunal et un arrêt de la Cour de cassation. Il est certain qu’un jugement isolé aura peu de force en regard d’un arrêt de la Cour de cassation. Il est tout aussi évident qu’une série de jugements de tribunaux restera 52 sujette à caution tant qu’il n’y aura pas eu confirmation par des cours d’appel et, à plus forte raison, par la Cour de cassation. Les arrêts de cour d’appel donneront une indication assez précise d’une interprétation possible du droit, mais ils ne fourniront aucune certitude tant que la Cour de cassation n’aura pas tranché. On comprend qu’il revient à cette cour suprême le rôle de coordination et d’harmonisation de la jurisprudence et, par conséquent, de l’interprétation du droit écrit, voire de sa formation progressive. S’il est possible de comprendre aisément ce qu’est un revirement, son identification est moins aisée. Dans certains cas, le repérage d’un revirement est relativement simple : par exemple, lorsque c’est un arrêt de l’Assemblée plénière de la Cour de cassation qui l’annonce clairement et fermement. Mais cette situation est tout à fait exceptionnelle. En général, ce sont d’abord les premiers juges qui vont tenter un nouveau courant d’interprétation d’un point de droit. La question, à ce niveau, est de savoir s’ils seront suivis par les cours d’appel et, en dernier, lieu confirmés par la Cour de cassation. Certains commentateurs auront tôt fait de prédire un revirement. Toutefois, ce dernier peut ne jamais avoir lieu si les tentatives des premiers juges sont réprimées par les cours d’appel ou la Cour de cassation. Cette incertitude rend les revirements de jurisprudence facteurs d’insécurité juridique car ils ne sont pas prévisibles, même si certains indices figurent dans des décisions dont les conséquences prédisposent un changement. Si la Cour de cassation reconnaît cette insécurité, elle retient que « la sécurité juridique (fondement du droit à un procès équitable) ne saurait consacrer un droit acquis à une jurisprudence figée, dès lors que la partie qui s’en prévaut n’est pas privée du droit à l’accès au juge» (Cass. soc 11 juin 2009). Néanmoins, cette insécurité juridique peut être limitée. Ainsi, la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a décidé qu’une cour suprême, en l’espèce de l’ancienne République yougoslave de Macédoine, doit motiver son revirement. « Si l’exigence de la sécurité juridique et de protection de la confiance légitime ne consacre pas de droit acquis à une jurisprudence constante, la cour suprême avait « le devoir de justifier de façon plus substantielle les raisons de son revirement, notamment en justifiant au requérant des explications plus détaillées » (CEDH 14 janvier 2010). Le Conseil d’Etat et la Cour de Cassation en France sont confortées dans le laconisme judiciaire, leurs pratiques sont limitées lorsqu’ils procèdent à un revirement de leur jurisprudence. Ces juridictions pratiquent d’ailleurs aussi la modulation des effets dans le temps des revirements, ce qui a pour effet d’atténuer l’insécurité juridique liée à ce revirement (Cass. Ass. Plain., 21 décembre 2006 et CE Ass., 16 juillet 2007). Quels sont les effets juridiques du revirement ? Un revirement de jurisprudence consiste en un changement d’interprétation de la loi par le juge. Il serait par nature rétroactif au motif que l’interprétation de la loi par le juge fait corps avec la loi interprétée. L’interprétation jurisprudentielle de la loi s’applique au jour où la loi est entrée en vigueur. Si cette interprétation change, Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 RELATIONS DU TRAVAIL le juge qui statue sur des faits antérieurs à son jugement appliquera la nouvelle interprétation de la règle qu’il dégage, de manière rétroactive à de tels faits. Aussi, lorsqu’une interprétation d’une loi par un juge est contredite dans le futur, cela provoque un revirement jurisprudentiel. Cette nouvelle jurisprudence s’appliquera donc dans le futur mais le principe veut qu’elle soit également rétroactive, c’est-à-dire applicable aux litiges apparus dans le passé et traités dans le présent. Cette analyse suppose de donner à la jurisprudence un caractère déclaratif et non constitutif car elle constate un état de droit préexistant qui a toujours existé à partir de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi. Cette interprétation est conforme aux dispositions du code civil qui, en son article 5, interdit les arrêts de règlement et qui, par conséquent, empêche la jurisprudence d’être une source de droit formelle. Elle n’est pas une norme assimilable à la loi. Il y a une différence essentielle entre la rétroactivité de la loi et celle de la jurisprudence. Admettre la notion de rétroactivité plutôt que de déclarativité de la jurisprudence suppose que l’on considère comme acquis le pouvoir créateur de la jurisprudence, ce qui reste pourtant discuté. La Cour de cassation, loin d’assurer la sécurité juridique des affaires, tend à démontrer que lorsqu’un revirement de jurisprudence répond à une impérieuse nécessité d’assurer la sauvegarde et l’effectivité d’une liberté fondamentale, il peut être rétroactif (Cass. soc. 17 décembre 2004). Elle l’avait d’ailleurs déjà affirmé en 2002 sur la demande d’annulation d’une clause de non-concurrence contenue dans le contrat de travail d’un salarié pour absence de contrepartie financière. A l’époque des faits, celle-ci n’est pas exigée. Estimant que la nécessité d’une contrepartie financière à la clause de non-concurrence répond à l’impérieuse nécessité d’assurer la sauvegarde et l’effectivité de la liberté fondamentale d’exercer une activité professionnelle, la Cour de cassation considère qu’elle doit s’appliquer à toute situation juridique même ancienne. Quel avenir pour les revirements de jurisprudence ? La Cour de cassation a entamé une réflexion sur la possibilité d’insérer dans le temps des revirements de jurisprudence et à l’opportunité d’instaurer, dans le régime juridique français, un droit transitoire des revirements de jurisprudence dès 2004. Un groupe de travail a d’ailleurs été présidé par le professeur de droit Nicolas Molfessis. Ce dernier propose d’abandonner les revirements rétroactifs et d’autoriser la Cour de cassation, quand elle modifie son interprétation de la loi, à limiter les effets de sa nouvelle jurisprudence aux litiges à venir, de sorte que les situations antérieures soient « sécurisées». En effet, ce type de jurisprudence revient à demander aux employeurs d’anticiper les interprétations à venir de la règle de droit ! Toutefois, s’il a déjà été affirmé « qu’au-delà du code, mais par le code, ce à quoi nous tenons le plus c’est l’au-delà » (Raymond Saleilles, professeur de droit), cette notion d’au-delà fait craindre le meilleur comme le pire. En effet, si des revirements de jurisprudence tendent à améliorer le droit et plus particulièrement celui des travailleurs, il est nécessaire de trouver un équilibre entre les intérêts des salariés et des entreprises. Le juge social opère la plupart du temps des revirements de jurisprudence dont les conséquences sont parfois désastreuses pour l’entreprise qui les subit et qui doit les appliquer. Les revirements se révèlent être les ennemis de l’entreprise d’un Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 point de vue économique et social. Il manque aux juges, sans doute, l’analyse des intérêts en jeu mais surtout des conséquences que peuvent avoir les solutions dans la pratique, soit la réalité. Si nul n’est censé ignorer la loi, cet adage relatif à la loi peut s’appliquer aux revirements de jurisprudence au regard de leur autorité normative, leur connaissance et leur interprétation les rendent imprévisibles. Ce contexte juridique rend les pratiques des professionnels du droit complexes. Cette complexité est accrue lorsque les Cours européennes opèrent elles-mêmes des revirements de leur propre jurisprudence. En effet, elles influencent et parfois obligent (en ce qui concerne les décisions de la CJCE) les Cours nationales à se prononcer dans un certain sens. Si les Cours européennes modifient leur orientation jurisprudentielle fréquemment, quelles vont être les conséquences sur notre droit national ? Mêmes si les revirements sont limités, les affaires pendantes laissent entrevoir une certaine instabilité juridique. Le débat reste ouvert… Christine Léal, Conseiller Relations du Travail FEHAP 53 SI L’identification de la personne, premier acte de sa prise en charge De sa présentation dans un établissement ou service jusqu’à la facturation, en passant par la prise en charge par les assurances maladie obligatoire ou complémentaire et la médicamentation, l’identification de l’usager est primordiale tout au long de son parcours médical. Mais, puisque cette identification peut être source d’erreur, il est impératif que les systèmes d’information réduisent ces erreurs potentielles. tiqués dans des cabinets privés ou dans des établissements sanitaires. Cette même personne pourra également être amenée à bénéficier de soins à domicile ou d’aides à la personne. L’enjeu est donc de pouvoir disposer d’un identifiant unique qui permettra d’assurer, en toute sécurité et de façon fiable, les échanges et le partage des données concernant cette personne, afin de lui assurer une continuité et des actions coordonnées tout au long de sa prise en charge. L’essor des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) a pour conséquence un foisonnement de systèmes d’information qui généralement ne sont pas conçus pour communiquer entre eux. C’est donc a posteriori que se pose la question du rapprochement d’informations concernant une même personne. L’identification du patient constitue un enjeu majeur car : • la continuité des soins exige de pouvoir identifier avec fiabilité un patient dans tous les logiciels des professionnels de santé impliqués (hôpitaux, cliniques, laboratoires, médecine de ville…) LA PRISE EN CHARGE D’UNE PERSONNE, que ce soit en établissement sanitaire, médicosocial ou social, commence toujours par son identification. Une identification fiable est un passage obligé, tout d’abord au plan administratif, notamment pour sa prise en charge par les assurances maladie obligatoire et complémentaire et, en corollaire, pour la facturation de son séjour et des actes y afférents. C’est également et surtout un préalable à la coordination des soins 54 qui lui sont prodigués par les différents acteurs au sein de l’institution qui l’accueille. Enfin, c’est un prérequis incontournable pour une prise en charge globale au sein d’un territoire de santé. Il en est ainsi lorsqu’un patient est tour à tour amené à consulter son médecin référent, des médecins spécialistes ou le service d’urgences d’un hôpital qui lui prescriront divers actes (laboratoire, imagerie, explorations fonctionnelles, etc.) qui pourront eux-mêmes être pra- • la réduction des erreurs et des risques liés à l’identification est l’une des contraintes pour parvenir à la qualité des soins • la mise en œuvre de systèmes d’information interopérables, centrés sur le patient et communicants au sein d’une structure et à l’extérieur avec les autres acteurs de santé, exige de développer dans chaque système une identification fiable et unique du patient. Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 SYSTÈMES D’INFORMATIONS La qualité des informations servant à identifier une personne, ainsi que les procédures de contrôle et de gestion de l’identité, sont au cœur de la qualité du système d’information centré sur la prise en charge sécurisée du patient. Que signifie « Identifier la personne » ? L’identification consiste à indiquer quelles informations seront communes à différents acteurs pour identifier un patient de manière unique, les identifiants pouvant eux-mêmes être différents. Idéalement, à l’intérieur d’un établissement, tous les logiciels devraient utiliser le même Identifiant Permanent du Patient (IPP), ce qui n’est pas toujours le cas. L’identité du patient est composée d’un identifiant et de traits (ou attributs) d’identification. L’identifiant est une séquence de caractères utilisée pour représenter une personne. Les traits d’identification sont les informations utilisées pour identifier de manière unique un patient. Le choix de ces traits est à la base de la qualité de l’identification. Ces traits doivent être fiables et toujours disponibles. Pris en compte globalement, ils doivent permettre une relation bijective entre la personne physique et son identification élaborée à partir de ces traits. Notons que certains traits sont plus stables que d’autres (ex : prénom, date de naissance, sexe). On les nomme traits « stricts ». D’autres traits sont plus instables au long de la vie d’une personne (ex : état civil, adresse). Enfin, certains traits sont des informations de santé (ex : groupe sanguin) qui permettent à des acteurs professionnels de discriminer les personnes plus finement. Des « anomalies » peuvent affecter les identités: homonymie, collision, doublon, patient non identifié, traits incertains, identification sous X. L’identito-vigilance pour quoi faire ? L’identito-vigilance est une vigilance organisant la maîtrise du risque liée à la mauvaise identification des patients, appliquée au domaine de la santé. Ce n’est pas qu’une vigilance, mais aussi une gestion des risques au sens habituel du terme. Elle couvre deux domaines assez distincts : la maîtrise du risque liée à l’identification dans le cadre des soins et la maîtrise du risque liée à l’identification dans le cadre des systèmes d’informations de santé. Le premier concerne l’organisation à mettre en place pour s’assurer que le soin, le médicament, l’acte... soit rapporté ou appliqué à la bonne personne par le soignant. Pour cela, on peut faire appel à plusieurs systèmes d’identification : mémoire visuelle, bracelet au nom du patient, étiquette au nom du patient, photo du patient, etc.). Le second concerne l’organisation à mettre en place pour l’ensemble des intervenants utilisant le système d’information, permettant de produire ou de consommer de l’information rattachée à un patient. Pour cela, on fait appel à un système d’identification associant les traits du patient (ex : nom, date de naissance, localisation) à un numéro d’identification. La cellule d’identito-vigilance est l’instance en charge de la mise en œuvre de la politique d’identification. A ce titre, elle est appelée à gérer toutes les demandes concernant l’identité de patient. La cellule d’identito-vigilance et ses représentants constituent les référents dans le traitement quotidien de l’identité. Elle comprend des personnels administratifs et médicaux. Le futur Identifiant National de Santé (INS) servira à l’avenir d’identifiant fédérateur pour le rapprochement d’identifications. Toutefois, les applications métiers (SIH1, logiciels de cabinet libéral, de laboratoire, de radiologie, etc.) actuellement utilisées ont leur propre identifiant du patient et continueront de l’utiliser. L’INS sera donc ajouté comme un nouveau trait « strict » du patient. Le cadre réglementaire de l’INS Les raisons d’être de l’Identifiant National de Santé sont exprimées dans l’article L1111-8-1 du Code de la santé publique : Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 « Un identifiant de santé des bénéficiaires de l’assurance maladie pris en charge par un professionnel de santé ou un établissement de santé ou dans le cadre d’un réseau de santé […] est utilisé, dans l’intérêt des personnes concernées et à des fins de coordination et de qualité des soins, pour la conservation, l’hébergement et la transmission des informations de santé. Il est également utilisé pour l’ouverture et la tenue du dossier médical personnel […] et du dossier pharmaceutique […] ». En février 2007, la CNIL2 s’est opposée à l’usage du NIR (Numéro d’Inscription au Répertoire national d’identification des personnes physiques - RNIPP) en tant qu’identifiant de santé, partant de la constatation que : « les données de santé ne sont pas des données personnelles comme les autres et qu’elles appellent une protection renforcée ». Compte tenu de son usage répandu, accentué par le fait qu’il est signifiant et facile à reconstituer, le NIR présente des risques qui en découlent. Il ne constitue donc pas un numéro adapté pour identifier le dossier médical de chacun des citoyens. L’utilisation du NIR est cantonnée à une finalité de protection sociale. La CNIL considéra qu’un Identifiant National de Santé doit être : • unique : un seul INS pour une personne sa vie durant • non signifiant : la connaissance de l’INS ne doit pas permettre de déduire des informations sur la personne • sans doublon : une personne ne peut se voir attribuer deux identifiants différents • sans collision : deux personnes ne peuvent avoir le même identifiant. La CNIL a estimé que l’INS pouvait toutefois être généré à partir du NIR certifié de la personne selon des techniques reconnues d’anonymisation. En corollaire, la CNIL rappela que, quel que soit le choix de l’identifiant de santé, des procédures d’« identité-vigilance » doivent être mises en œuvre afin de s’assurer que le dossier médical se rapporte bien à la personne concernée, 55 SI en particulier au vu des autres éléments d’identité produits par la personne et des actes médicaux réalisés. Notons que l’INS n’est ni public, ni secret: il est privé. C’est une donnée personnelle du patient, au même titre que le nom et le prénom et, à ce titre, les textes relatifs aux données personnelles s’appliquent, notamment la Loi Informatique et Liberté. Une mise en œuvre de l’INS par paliers La cible du « programme INS » est la mise à disposition d’un Identifiant National de Santé géré par un système centralisé, assurant ainsi le respect des caractéristiques attendues par la CNIL, à savoir qu’il doit être unique, non signifiant, sans doublon ni collision. De plus, il devra être non prédictible, c’est-à-dire que la connaissance du NIR ou des traits d’identité de la personne ne doit pas permettre de déduire l’INS. A l’inverse, la connaissance de l’INS ne doit pas permettre de remonter au NIR de la personne. A terme, l’INS sera enregistré dans la puce de la carte Vitale individuelle du bénéficiaire de l’Assurance-Maladie. Il sera également imprimé sur le visuel de cette carte. Il sera généré aléatoirement, c’est pourquoi on le dénomme « INS-A ». Il comprendra 10 chiffres + 2 chiffres-clés. En attendant son inscription dans la carte Vitale et donc le remplacement de toutes les cartes Vitale en circulation, la diffusion de l’INS-A sera assurée grâce à un télé-service national accessible aux professionnels de santé et aux établissements, via un canal sécurisé. Tant la génération de l’INS-A que sa télé- 56 diffusion nécessitent de mettre en place les infrastructures adéquates, ce qui prendra un certain temps, estimé à 18 mois environ, sachant que les travaux de mise en œuvre de l’INS-A sont déjà lancés. C’est pourquoi, pour répondre aux besoins à court terme et ne pas pénaliser le déploiement des systèmes d’information partagés, un INS dit « calculé » (INS-C) sera utilisé à titre transitoire. Il comprendra 20 chiffres + 2 chiffres-clés et sera généré localement à partir d’un nombre limité de traits d’identité lus dans la carte Vitale (prénom, date de naissance et NIR). Le dossier de conception de l’INSC est publié par l’ASIP Santé depuis le 4 novembre 2009, permettant ainsi aux éditeurs de logiciels de le mettre en œuvre dès à présent. L’INS n’est pas porteur en soi de sécurité, c’est la procédure d’authentifica- tion qui associe un individu à un identifiant qui concourt à la sécurité. L’enjeu reste donc de produire et de consommer une information rattachée à la bonne personne pour sécuriser sa prise en charge et ensuite assurer les échanges et le partage des données la concernant. L’identito-vigilance est donc LA préoccupation d’actualité. Martine Labrousse, Conseiller Systèmes d’Information FEHAP 1- Système d’Information Hospitalier. 2- Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés. Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 Culture Art et Handicap LE CENTRE DE RÉADAPTATION DE MULHOUSE a inauguré son « espace expositions » après plusieurs autres rendez-vous donnés aux patients, professionnels et artistes… Le Centre de Réadaptation de Mulhouse (CRM) est un établissement de rééducation, de soins et de formation professionnelle qui accueille des personnes en situation de handicap. Sa mission consiste à accompagner la personne dans son projet d’autonomie à la fois fonctionnelle, professionnelle, psychosociale. Etablissement de santé avec ses services de Soins de Suite et de Réadaptation (127 lits et places, d’hospitalisation complète, en semaine ou de jour en orthopédie, traumatologie, neurologie ou encore rééducation cardiovasculaire), établissement médico-social avec son « Relais HANDIDOM » - Service de Soins Infirmiers A Domicile (SSIAD) et son Centre de Réadaptation Professionnelle, un des plus importants centres de formation pour la rééducation professionnelle des travailleurs handicapés en France (376 places en formation professionnelle et 40 places en orientation professionnelle). Le CRM est aussi un lieu de vie pour bon nombre de ses patients et stagiaires. C’est pourquoi cette structure accorde une place importante aux loisirs et à l’art qui y sont associés comme thérapies pour aider ses publics à changer leur regard sur eux-mêmes. Pour les professionnels comme pour le directeur, Bernard Barthe, « les loisirs dans leur sens large contribuent à redonner à la personne sa dignité, à la faire s’exprimer et à la faire choisir… Ils sont une vraie plus-value, tant pour les personnes suivies par nos équipes que pour notre établissement. C’est la raison pour laquelle nous développons les pratiques culturelles et artistiques depuis plusieurs années ». Dernièrement, plusieurs temps forts ont illustré cette tendance. Tout d’abord, un spectacle de danse en fauteuil, fruit d’un travail mené sur une dizaine de séances avec une chorégraphe et un Atelier danse aérienne pour les patients en situation de handicap du CRM. violoncelliste. Ce spectacle fut « une parenthèse pleine de poésie à contrecourant des représentations misérabilistes du handicap ». Depuis mars, c’est un nouvel atelier ludique qui est proposé : une initiation à la Web Radio pour les patients traumatisés crâniens (avec le partenariat de l’Association mulhousienne Old School). Puis, le 18 avril, à l’initiative d’un stagiaire de la session API Pro (formation préparatoire s’adressant aux personnes reconnues Travailleur Handicapé dont le niveau et/ou les difficultés liées au handicap ne permettent pas l’accès à la formation qualifiante ou à l’emploi à court terme), le CRM a organisé une démonstration de Kung Fu. Et enfin, le 22 avril, l’établissement a réuni des artistes, des personnes en situation de handicap, des professionnels de la santé et des acteurs culturels pour une table ronde et l’inauguration de son « espace Expositions ». Cette table ronde, sur le thème des disciplines artistiques et du handicap, a permis de recueillir des témoignages d’intervenants (internes et externes) mais aussi d’usagers participant aux ateliers et fut l’occasion pour le CRM de renouveler les conventions avec deux acteurs culturels majeurs dans la région mulhousienne : la Filature de Mulhouse Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210 (scène nationale abritant l’Orchestre Symphonique de Mulhouse, elle accueille aussi l’Opéra National du Rhin et une médiathèque municipale spécialisée dans les arts de la scène) et le Créa de Kingersheim (le Centre de Rencontre d’Echange et d’Animation - Créa est une Scène Conventionnée Jeune Public). C’est d’ailleurs avec la Filature et l’intervention de la compagnie Motus Module que seront proposés, une nouvelle fois, des ateliers de danse aérienne aux personnes handicapées dès octobre prochain. Rendez-vous émouvant de cette table ronde, le spectacle «Tékimoi» du marionnettiste Jean-Luc Ronget, ancien résident du CRM. Victime d’un accident vasculaire-cérébral, cet artiste avait dû interrompre sa carrière et, pour la première fois depuis deux ans, il a redonné son spectacle et compte désormais repartir en tournées. A l’issue de cette après-midi, le Directeur, Bernard Barthe, et les participants ont inauguré l’espace Expositions créé il y a un an, destiné également à des artistes extérieurs reconnus comme, en ce printemps 2010, le photographe Mister Swing. Toutes informations sur : http://www.arfp.asso.fr 57 Culture « Dis-moi, Docteur ! », un guide-santé SPARADRAP disponible en librairie ! DEPUIS 1993, L’ASSOCIATION SPARADRAP réalise et diffuse des documents illustrés pour les enfants sur les soins et les actes médicaux. Pour rendre ces informations plus accessibles aux familles, SPARADRAP a conçu «Dis-moi Docteur!», un livre édité par Albin Michel Jeunesse, reprenant une sélection de guides SPARADRAP. Il s’agit d’un véritable guide-santé, disponible dès aujourd’hui en librairie, auquel l’enfant et sa famille pourront se référer pendant plusieurs années au gré des visites en milieu médical. Parallèlement, l’Association poursuit son travail d’édition, la diffusion de ses publications et mène de nombreuses actions pour mieux préparer les enfants et les parents aux soins, aux examens de santé ou à une hospitalisation. Un nouveau plan de formation pour l’année 2010 avec Hi.culture VÉRITABLE OUTIL D’ACCOMPAGNEMENT des établissements et des pouvoirs publics, Hi.culture a pour objectif principal de contribuer à développer, dans le champ de la santé, une sensibilité aux dimensions culturelles – tant sur le plan de ses caractéristiques anthropologiques que sur le plan de ses initiatives artistiques et patrimoniales– en mutualisant et en organisant les compétences et les ressources nécessaires. Cette association à laquelle la FEHAP participe propose un nouveau plan de 58 formation comprenant : un stage général et des modules techniques pour éclairer sous un angle stratégique, politique et technique la démarche «Culture et Hôpital » et partager des compétences précises et efficientes en la matière. • Concevoir et mettre en œuvre un projet culturel dans le cadre de la nouvelle loi HPST, les 21, 22 et 23 septembre 2010, à Lyon • Culture à l’hôpital : communiquer ?, les 16 et 23 novembre 2010, à Lyon • Elaborer le montage budgétaire d’un projet culturel dans les établissements sanitaires, les 20 et 21 octobre 2010, à Lyon • De l’intervention plastique à la commande publique, spécificités et enjeux des projets artistiques architecturaux dans les établissements de santé, les 9 et 10 décembre 2010, à Paris. Pour en savoir plus : http://www.hi-culture.fr/-Les-sessions-.html Sanitaires & Sociales I mai / juin 2010 I n°210