Les enjeux de l’amélioration des connaissances en matière de santé La littératie en santé est la capacité de trouver, de comprendre, d’évaluer et de communiquer l’information de manière à promouvoir, à maintenir et à améliorer sa santé au cours de la vie. Le concept a l’air abstrait. En pratique, il concerne la capacité à adopter une vie saine et à adopter des attitudes préventives, à s’impliquer dans la gestion d’une maladie chronique, à affronter les situations d’urgence médicale ou tout simplement à comprendre son médecin… Bref, il intéresse tous les professionnels de la santé! D’après l’interview du Pr Stephan Van den Broucke* * Professeur à la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Éducation de l’UCL, Spécialiste en littératie en santé Mieux appréhender pour mieux gérer Le terme «Health literacy» peut se traduire par «compétences en matière de santé». Au Canada, on emploie plutôt l’expression «littératie en matière de santé». Au sens large, le terme «littératie» évoque la capacité de se gérer dans la vie (lecture, calcul, capacité à se servir d’un ordinateur…). Dans son sens médical, il fait référence aux connaissances et compétences requises pour gérer sa santé. La littératie en santé comprend donc la recherche des informations, leur compréhension, leur critique, ainsi que leur application pratique. La notion est née dans le secteur des soins de santé du monde anglo-saxon, il y a environ 25 ans. Au départ, l’intention était d’améliorer la communication médicale. Ce n’est que bien plus tard que la littératie en santé a été intégrée dans les programmes de promotion et d’éducation à la santé (où on vise à apporter et renforcer des compétences). Elle est notamment utilisée en tant qu’outil d’évaluation de l’efficacité des programmes de santé, car elle est une des étapes menant aux modifications comportementales. MS7608F La situation se dégrade La littératie en santé a fait l’objet de projets d’envergure dans différents pays, comme les États-Unis, le Canada, l’Australie, l’Irlande, la Suisse ou encore les Pays-Bas. Par exemple, aux ÉtatsUnis, le NIH a lancé un programme facilitant l’accès aux soins de santé pour les personnes ayant un faible niveau de littératie en santé. Aux Pays-Bas, les plans étaient davantage axés sur l’éducation à la santé et à l’amélioration de la compréhension des messages de santé («health literacy friendly»). Par contre, la littératie en santé n’en est encore qu’à ses balbutiements en Belgique. En quoi la littératie en santé est-elle importante? La relation entre un faible niveau de littératie et la détérioration d’un certain nombre d’indicateurs de santé est bien établie. Ainsi, les individus avec un faible niveau de littératie en santé courent un risque multiplié par 1,5 à 3 d’avoir un problème de santé. Les effets directs concernent notamment l’adoption de comportements de prévention, la détection précoce des affections, l’accès aux ressources médicales et leur utilisation, l’adhérence thérapeutique ou encore la prise en charge des maladies chroniques. Les effets indirects intéressent l’emploi et les revenus (DA Dewalt et al 2004, cité par Don Nutbeam). D’un point de vue économique, une étude réalisée en Suisse (1) estime le coût d’une littératie en santé inadéquate à 4,3% du total des dépenses de soins de santé. Si l’on transpose ces données à la Belgique, où notre système de soins de santé coûte 27 milliards d’euros, jusqu’à 1 milliard d’euros par an pourrait être épargné ou investi différemment si l’ensemble de la population belge disposait d’une connaissance de base en matière de santé. Si le KCE la mentionne dans son rapport de 2012 sur la performance du système de santé belge, elle reste encore l’apanage de certaines institutions universitaires et de quelques ONG et ASBL. Une récente étude européenne (2) montre qu’il y a un manque de littératie en santé en Europe, en particulier chez les personnes vivant dans de mauvaises conditions socio-économiques ou avec un faible niveau d’éducation. Presque la moitié de la population aurait des difficultés à comprendre l’information médicale et à gérer sa santé, ce qui corréspond avec un niveau inadéquat ou problématique de littératie en santé. En pratique, cela signifie que ces personnes éprouvent des difficultés à lire et à comprendre des informations santé telles que les différents spécialismes disponibles dans les services de santé, les brochures d’information, les directives sur les boîtes de médicaments, les formulaires de consentement, les ordonnances et les conseils médicaux… Ces personnes ont également du mal à comprendre leur médecin ou ce qu’il est nécessaire de faire en cas d’urgence médicale… La situation est à ce point préoccupante que l’OMS a fait du renforcement du niveau de littératie en santé une priorité stratégique. L’UE a repris cet appel et a inclus l’amélioration de la littératie en santé comme une priorité dans sa stratégie de santé et dans le nouveau programme de santé. L’amélioration de la littératie n’est pas la réponse finale aux problèmes de santé de notre société, mais elle s’avère complémentaire à d’autres techniques visant aux modifications comportementales (comme les modifications de prix, les amendes…) et contribue de manière significative à l’amélioration de la santé des populations. La Santé, responsabilité de chacun Il est de la responsabilité des Etats de créer les conditions nécessaires pour que les personnes soient capables de prendre les décisions en rapport avec la gestion de leur santé. Les initiatives individuelles ont bien entendu aussi un rôle à jouer. Aussi, celle de MSD est la bienvenue (voir encadré). Au-delà, comme la littératie en santé vise non seulement à l’accroissement des compétences des populations cibles, mais aussi à l’amélioration de la lisibilité des messages de santé, les médecins et autres professionnels de la santé, tels que les infirmiers(-ères), les pharmacien(ne)s et les dentistes, sont aux premières loges. Dans le futur, la littératie en santé sera d’ailleurs intégrée dans le programme d’enseignement de médecine. De nombreux médecins, parfois sans le savoir, un peu comme la prose de Monsieur Jourdain, se sont impliqués dans la littératie en santé. Celle-ci est en effet essentielle dans la prise en charge des maladies chroniques. Des résultats probants Les domaines dans lesquels l’éducation thérapeutique a fait ses preuves ne manquent pas (HTA, insuffisance cardiaque, maladie coronarienne, épilepsie, migraine, schizophrénie, asthme, diabète…). À l’heure actuelle, on s’interroge bien davantage sur les méthodes et stratégies les plus aptes à répondre aux besoins et objectifs définis (d’où les Well Done – HL Awards) que sur le bien-fondé de la démarche! 1. 2. K Eichler, et al. Int J Public Health 2009;54:313–24. K Sorensen et al. Comparative Results of the European Health Literacy Survey. EJPH 2013 in press. Well Done Health Literacy Awards Avec l’ambition de contribuer à une prise de conscience générale des enjeux de la littéracie en santé au sein de notre collectivité, MSD Belgium a pris l’initiative de rassembler différents partenaires de la santé afin de mettre en place un prix récompensant les meilleures initiatives dans ce domaine. L’objectif est d’encourager, de récompenser et de mettre en évidence les initiatives qui ont déjà vu le jour! Parmi les partenaires de cette initiative, on retrouve les associations de médecins généralistes belges SSMG et Domus Medica, l’Association des Pharmaciens Belges (APB), la Ligue Cardiologique Belge, la Fondation contre le Cancer, l’Union Nationale des Mutualités Libres, la partie néerlandophone de l’Union Nationale des Mutualités Socialistes (Nationaal Verbond van Socialistische Mutualiteiten), l’Union Générale des Infirmier(e)s de Belgique, le réseau Zorgnet, Reflexion Medical Network (maison d’édition spécialisée dans le domaine médical, éditeur de Medi-Sphere), MSD Belgium et Dr. Luc De Clercq de l’Association Belge des Syndicats médicaux (AbSym/BVAS). Un représentant de chaque association composera le jury présidé par le Pr Stephan Van den Broucke. L’initiative est également soutenue à titre privé par la journaliste Véronique Thyberghien (RTBF). Les gagnants auront l’opportunité de faire connaître leur initiative lors d’une cérémonie officielle. Ils recevront également une tribune dans la presse. Toute personne travaillant ou œuvrant dans le secteur de la santé en Belgique peut soumettre sa candidature pour l’une des 3 catégories: - First line: pour tous les acteurs des soins de 1e ligne (médecins, infirmiers à domicile, pharmaciens, kinésithérapeutes…); - Specialty: pour tous les acteurs des soins de 2e ligne comme les médecins spécialistes, ou acteurs du milieu hospitalier (sages-femmes, gestionnaires de restauration dans un hôpital, psychothérapeutes d’hôpital…); - Community: pour les institutions publiques, associations de patients et particuliers. Les candidatures doivent être soumises du 25 avril jusqu’au 14 juin inclus sur le site web www.welldoneawards.be où un formulaire de soumission est accessible, de même que les conditions et le règlement. La cérémonie avec proclamation des projets gagnants sera organisée dans le courant du mois d’octobre 2013. Vous êtes actif dans le secteur de la santé en Belgique et oeuvrez pour une meilleure littératie en santé ? Participez aux Well Done - MSD Health Literacy Awards, l’initiative qui met à l’honneur des projets visant à améliorer la littératie en santé. Pour plus d’informations : Avec le soutien de : UNION GENERALE DES INFIRMIER(E)S DE BELGIQUE ASBL Ogilvy HealthCare - Ogilvy Public Relations Bruxelles www.welldoneawards.be