Lecture_analytique_3

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Lecture analytique 3 1ère ES2 La Peste de Camus.
La mort de l’enfant
(Présentation de l’auteur et de l’œuvre)
La peste s’est installée à Oran, de nombreux morts sont comptabilisés et les valides doivent s’organiser.
Malgré certaines mesures sanitaires, l’épidémie se poursuit. Le docteur Rieux et ses compagnons
comptent beaucoup sur un nouveau sérum mis au point par castel, il s’avère enfin prêt en octobre. Il est
aussitôt injecté au jeune fils du juge Othon. Une longue attente commence pour savoir s’il fonctionne et
si l’enfant pourra être sauvé. (Lecture du texte) Comment la mort de l’enfant est-elle racontée et quelle
en est la signification symbolique ? I Un spectacle insupportable II. Le témoignage de l’Absurde.
I. Un spectacle insupportable :
1. La description de la souffrance de l’enfant :
 La maladie se caractérise par la description de la souffrance du malade, celle-ci apparaît dans
les gestes de l’enfant : ses attitudes prouvent sa souffrance « ses mains… labouraient… », le
verbe montre un effort, accentué par l’hyperbole et le verbe de combat « se débattaient de toutes
ses forces ». La violence est utilisée pour les verbes choisis. De même l’adverbe « soudain »
traduit une idée de crise, l’enfant se resserre au point de disparaître « rapetissé » : il disparaît,
tout petit, pour échapper à la douleur. Il est lové, « au creux des couvertures » et forme un tas,
la souffrance lui survit avec les « restes de larmes » sur son visage ;
 Les cris témoignent de la douleur de l’enfant : il est décrit sans mouvement puis à l’aide de
verbes de mouvement « figé » « sortit » « s’ouvrit », un contraste s’opère entre le visage,
presque pétrifié et le cri qui surgit avec violence. La douleur envahit l’enfant « pleine de ce cri »
et la souffrance est permanente « continuait de crier ».
2. Le récit d’une transformation :
 Le texte comporte un certain suspense avec des moments d’attente (comme on le voit par les
notations de lumière) et des moments de crise. L’enfant connaît des moments de calme (lignes
13 et 15) et des moments de souffrance absolue. Il y a une tension qui s’opère dans le passage.
 L’enfant alors s’animalise « griffes » « grattèrent », la maladie se métamorphose en une bête
effrayante. Voir le dessin de Böcklin.
 Enfin, le narrateur décrit le cri de l’enfant comme n’ayant rien d’humain « et si peu humaine » :
la maladie transforme l’enfant. La mort détruit certes la vie mais aussi l’humanité.
3. La contamination du décor :
 On note d’abord que l’enfant est « seul » face à la maladie ligne 2. Mais son agonie trouve un
écho chez les autres jeunes malades présents dans la pièce « des formes remuaient et
gémissaient » mais ces malades ne sont pas distincts, c’est une masse indistincte. Elle répond à
la mort de l’enfant. L’un des malades toutefois ne réagit pas comme les autres : il crée un chœur
de douleur, un chœur terrifiant ligne 25.
 Même les lieux semblent contaminés par la peste : la lumière grossit et le verbe « s’enflait » fait
penser aux bubons, la peste s’attaque au jour lui-même. De même la chaleur devient feu
« crépiter » et ce feu peut être lu comme la fièvre du malade. La maladie a tout envahi, même
si la vie se poursuit : les murs passent du rose au jaune, les couleurs claires nous éloignent de la
mort de l’enfant, elle a pourtant lieu.
La mort de l’enfant est un témoignage pathétique de la souffrance des hommes mais c’est aussi un
témoignage de l’Absurde.
II. Un témoignage de l’Absurde :
1. Un enfant martyr :
 C’est un enfant qui souffre, il est désigné simplement par le GN « l’enfant », on ne précise pas
son prénom alors que dans le roman, il en a un : la généralité donne une valeur universelle à
l’épisode, c’est la souffrance de tous les enfants malades. D’ailleurs, l’adjectif « supplicié »
indique le martyre de l’enfant : c’est ici toute l’injustice de la condition humaine qui est
dénoncée. L’expression « de tous les âges » répétée deux fois signale que l’enfant est le porte-
voix de l’humanité. Sa souffrance peut être interprétée comme le témoignage de l’Absurde. Face
à la mort, chacun se retrouve « seul » et l’enfant incarne le tragique de l’existence humaine.
2. L’absence de Dieu :
 L’absence de Dieu souligne l’Absurde : le père Paneloux pense que seule la foi peut répondre à
l’horreur de l’agonie : sa prière se réduit à l’essentiel, sans doute à cause de l’urgence, une
invocation personnelle « Mon Dieu » et un impératif « Sauvez », le prêtre est bouleversé comme
l’indique la précision sur sa voix « un peu étouffée ». Cette prière reste vaine, elle est couverte
par un bruit « la marée de sanglots » produite par les autres malades, elle n’est pas suivie d’effet
puisque l’enfant meurt peu après « Castel dit… c’était fini ». Le verbe « achever » répété deux
fois et « finir » insistent sur la mort de l’enfant, « s’était achevée » traduit un constat. Dieu n’a
pas répondu à la demande de Paneloux.
3. L’impuissance des hommes :
 Hors Paneloux, aucun homme n’obtient plus de succès, tous sont impuissants : Grand s’en va
(ligne 12), Tarrou tourne le dos « se détourna » et Rambert se rapproche de Castel sans rien faire
d’autre, le vieux médecin lit un livre puis interrompt cette lecture comme si la diversion ne
fonctionnait plus. Rieux qui dans le livre lutte le mieux contre la peste est inutile aussi « sans
nécessité d’ailleurs » et « immobilité impuissante » : même Rieux ne peut rien pour l’enfant. Il
abandonne enfin « ivre de fatigue et de dégoût » et part dans une sorte de nécessité « il faut que
je m’en aille »
Nous avons donc vu que la mort de l’enfant est un spectacle pathétique : elle illustre l’impuissance des
hommes à lutter contre le fléau et elle est particulièrement injuste, la peste triomphe par ces morts
innocentes qui ne demandaient qu’à vivre une longue vie. Le tragique de la condition humaine est ici
évoqué aussi avec le témoignage de l’Absurde, nous ne pouvons rien contre la mort, elle emporte par la
maladie les plus jeunes comme les plus âgés. Nous pouvons rapprocher ce passage de l’extrait suivant
où Camus montre que la seule façon de lutter contre la maladie, contre un fléau réside dans la solidarité
entre les individus et leur amitié.
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