COLLOQUE SUR LES MAISONS DE RETRAITE (EHPAD) SANDRA BROT, PSYCHOLOGUE À L’EHPAD DE JOYEUSE ET À L’ACCUEIL DE JOUR DE CHAMBONAS ELSA MAHE, PSYCHOLOGUE À L’EHPAD DE CHAMBONAS ET À L’ACCUEIL DE JOUR DE JOYEUSE MÉLANIE AYGON, PSYCHOLOGUE AU RÉSEAU AGAM ET À L’EHPAD LE ROUSSILLON SOMMAIRE Le choix de l’entrée en institution La culpabilité des familles La vérité dite au futur résident L’état psychologique du résident à l’entrée en EHPAD Visite de préadmission L’accueil du résident Mouvements du résident La personne de confiance Les directives anticipées LE CHOIX DE L’ENTRÉE EN INSTITUTION LA CULPABILITÉ DES FAMILLES LA VÉRITÉ DITE AU FUTUR RÉSIDENT L’ÉTAT PSYCHOLOGIQUE DU RÉSIDENT À L’ENTRÉE EN EHPAD Sandra Brot, psychologue LE CHOIX DE L'INSTITUTION LA CULPABILITÉ DES FAMILLES La décision de l'entrée en institution pour son parent ou son conjoint éveille des sentiments ambivalents : de la souffrance Sentiment d'échec Deuil de ce parent vaillant et protecteur En vouloir à la personne âgée un soulagement de la famille qui atteint souvent un état d'épuisement psychologique et physique Cette ambivalence des sentiments peut se répercuter sur les relations avec l'équipe soignante et l'institution : agressivité demandes et plaintes incessantes attitude de rivalité et de jalousie Une décision qui amène une perte de repères dans la famille par un remaniement de la cellule familiale. La maison de retraite vue comme le dernier lieu de vie, éveille des angoisses de mort, de perte, d'abandon. Des mécanismes de défense se mettent en place contre ces angoisses : la maîtrise de tout (nourrissage forcé, hyperstimulation, hyper-protection). Les besoins réels de la personne âgée ne sont pas entendus. La fuite, l'évitement LA VÉRITÉ DITE AU FUTUR ENTRANT EN EHPAD Comment aborder cette question de l'entrée en maison de retraite ? Tiraillée par ses sentiment ambivalents, la famille peut masquer la vérité sur l'entrée en institution : sur la durée du séjour au prétexte d'une détérioration cognitive Effets négatifs sur la personne âgée qui se sent objet. Elle peut : vivre un sentiment d'abandon développer des idées de persécution ou de complot développer des idées obsessionnelles et des demandes incessantes Perte de confiance ! Comment rendre plus facile et constructive l'entrée en maison de retraite ? La manière d'entrer en maison de retraite va conditionner en grande partie l'acceptation et donc l'adaptation au nouveau lieu de vie. Eviter les entrées en urgence ! 32% des personnes en maison de retraite estiment avoir été actrices de leur choix 74% des personnes qui ont pris elles-mêmes cette décision se déclarent satisfaites de leur vie en institution ! Associer le plus tôt possible la personne âgée à ce cheminement. visiter des établissements déterminer quels sont les critères importants pour elle dans son choix Lui expliquer qu'on ne va pas se débarrasser d'elle, maintenir les liens dans une continuité. Site internet : www.parlons-maison-de-retraite.fr Réunir les professionnels pour aider à la décision : réunion pluridisciplinaire avec le médecin, l'infirmière à domicile, l'assistant social, l’AGAM,... Avoir plusieurs points de vues et assurer des médiateur dans le communication. Ôter la culpabilité à la famille de prendre seule la décision Faire appel à un psychologue pour offrir un espace neutre à chacun : exprime ses doutes, ses peurs, ses désirs.. Un accompagnement : de la famille dans ses sentiments de culpabilité, faire face au refus ou à l'éventuelle colère de la personne âgée, le retour de vieux conflits. Le psychologue est un médiateur, il maintien ou rétablit la communication au sein de la famille. de la personne âgée dans les deuils qui émergent (capacités, rôle social, repères environnementaux). Accueillir la colère et autres émotions que peut ressentir la personne âgée. Présence importante de la famille au moment de l'entrée en maison de retraite : permet une meilleure adaptation. La famille assure la continuité avec la vie d'avant. transmettre l’histoire de vie prendre un repas sur place, passer une demi-journée, voire une journée aider à personnaliser la chambre faire le lien avec les autres personnes dans la maison de retraite Accepter ensuite de laisser la personne âgée prendre de nouveaux repères dans l'institution (animations, connaissances..) ASPECTS PSYCHOLOGIQUES DU RÉSIDENT LORS DE L'ENTRÉE EN MAISON DE RETRAITE Très différents selon la préparation et l'acceptation de l'entrée en maison de retraite. En cas de non-consentement, adaptation très difficile et conséquences désastreuses sur la santé et la dépendance : baisse de santé troubles du comportement (repli ou soumission, opposition/ refus...) baisse de l'estime de soi et de la motivation incontinence baisse des capacités cognitives (perte des repères spatiaux et temporels, mémoire..) 74% des personnes qui déclarent avoir pris seules la décision sont satisfaites de leur vie en institution ! construire de nouveaux repères maintenir une continuité confiance en soi et dans les autres. exprimer ses envies, ses désirs mais aussi ses peurs, poser ses limites de manière adaptée prendre des initiatives, être décisionnaire participer à la vie de la maison de retraite VISITE DE PRÉADMISSION ACCUEIL DU RÉSIDENT MOUVEMENTS DU RÉSIDENT Elsa MAHE, psychologue LA VISITE DE PRÉ-ADMISSION Au CH de Chambonas : visite de préaccueil par l’IDE co : Souvent avec les proches, trop rarement en présence du futur résident (recueil de l’acceptation) Visite de l’établissement, d’une chambre (si possible SA chambre) Remise du dossier d’accueil, explications concernant les différents documents (administratifs, directives anticipées, …) Importance d'inclure le résident dans la démarche L’ACCUEIL Il est déterminant dans le vécu de l’institutionnalisation L’éducatrice spécialisée accueille le nouveau résident et ses proches : accompagnement dans son nouveau lieu de vie, installation, présentation de l’équipe, explication sur l’organisation de l’animation, des projets de vie, … LES MOUVEMENTS DU RÉSIDENT AU SEIN DE L’EHPAD : Changement de chambre, de service, d’étage : cohabitation difficile, aggravation de la dépendance, accessibilité, …. Volonté du résident Nouveau déménagement à éviter : La personne a-t-elle les capacités d’adaptation ou lui demande-t-on quelque chose d’impossible? MOUVEMENTS AU SEIN DE L’EHPAD • Ils peuvent être diminués • Au CH Chambonas : • • • Service égaux en terme de « dépendance » Chambres individuelles Volontés de l’encadrement et de la direction En EHPAD : ENTRÉE ET SORTIE D’UN CANTOU o Le Cantou (ou UPG) c’est quoi? • • • • Lieu de vie sécurisé et sécurisant Accueille des personnes atteintes de troubles cognitifs et de troubles du comportement (certains parlent encore de « maladies d’Alzheimer et apparentées » Respect maximum des rythmes de vie, activités adaptées et individualisées Connaissance des troubles et adaptabilité des équipes ENTRÉE ET SORTIE D’UN CANTOU • Critères d’entrée et de sortie spécifiques : • • • • Diagnostic de « Maladie » d’Alzheimer ou apparentée (0/1) Troubles du comportement (0/1) Participation aux activités ou bénéfice de l’environnement (0/1/2) Déambulation avec +/- risque de fugue (0/1/2) Le seuil est à 3 mais critères adaptés à chacun et décision prise en pluridisciplinarité ENTRÉE ET SORTIE D’UN CANTOU • • • L’entrée en Cantou est rarement définitive (parfois accompagnement de fin de vie) Importance d’explications précises lors de la visite de préadmission ainsi que lors de l’accueil Nécessité d’accompagner les familles tout au long de la prise en charge ENTRÉE ET SORTIE D’UN CANTOU • • Le passage d'EHPAD vers Cantou peut être vécu comme une punition (Cantou vers EHPAD également, même souvent) Nécessité d'explications claires sur les raisons et sur les bénéfices potentiels pour les résidents !!! Demander et poser des questions en cas de besoin MOUVEMENTS ENTRE EHPAD • Changement de lieu de vie : Rapprochement familial • Mécontentement par rapport à la prise en charge • Problèmes de financement • Secteur protégé • • Pas toujours préparé, sentiment de « déracinement », désorientation, … !!! Recueillir la volonté de la personne RETOUR A DOMICILE • • • Plus rarement mais parfois organisation d'un retour à domicile après une institutionnalisation +/- longue Souvent mûrement réfléchie : domicile adapté, aide matérielle et humaine Entrer en EHPAD n'est pas une fin en soi, le retour à domicile est possible ! CONCLUSION Recueil des volontés de la personne : point central Des outils existent grâce à la loi Léonetti : personne de confiance et directives anticipées LA PERSONNE DE CONFIANCE LES DIRECTIVES ANTICIPÉES Mélanie AYGON, psychologue LA LOI LÉONETTI ( DU 22 AVRIL 2005) Loi relative aux droits des malades et à la fin de vie. Principes de la loi: Proscrit l’obstination déraisonnable, droit au patient de refuser un traitement. Soulagement de la douleur par tous les moyens disponibles Volonté du patient sur sa fin de vie par les directives anticipés et la personne de confiance. LA PERSONNE DE CONFIANCE Quel est le rôle d’une personne de confiance? Accompagner la personne dans les démarches et entretiens médicaux Est consultée en priorité si la personne ne peut exprimer sa volonté. Les limites de la personne de confiance: N’a pas accès au dossier médical Les informations jugées suffisantes pour exprimer ce que le patient aurait souhaité lui seront communiquées. Certaines informations peuvent ne pas lui être communiquées à la demande du patient Le médecin décide en dernier lieu. LA PERSONNE DE CONFIANCE Qui peut désigner une personne de confiance? Toute personne majeure (exclut les mineurs et les personnes sous tutelle) Qui peut être désigné comme personne de confiance? Toute personne en qui le patient a confiance: conjoint, famille, ami, médecin traitant… Peut être différent de la personne à contacter LA PERSONNE DE CONFIANCE Comment désigner une personne de confiance? Par écrit D’une durée illimité (sauf lors d’une hospitalisation) Révocable à tout moment. Quand désigner une personne de confiance? A tout moment ou lors d’une entrée en EHPAD ou d’une hospitalisation Où conserver la désignation? Dans un lieu facilement accessible: le dossier médical par exemple. LA PERSONNE DE CONFIANCE Exemple: Je, soussignée (e ) : Résidant à : Né le : à: Désigne comme Personne de Confiance: Nom, prénom Adresse: Tél Lien avec la personne (parent, proche, médecin-traitant) Fait à : Le : Signature : LES DIRECTIVES ANTICIPÉES A quoi servent-elles? Elles permettent de rédiger des directives concernant la fin de vie, dans le cas où la personne ne serait pas en mesure d’exprimer sa volonté. Elles permettent au médecin qui soigne le patient de connaitre et prendre en compte ses volontés à propos de la limitation ou l’arrêt de traitements. En cas de fin de vie: procédure collégiale. LES DIRECTIVES ANTICIPÉES Qui peut rédiger des directives anticipées? Toute personne majeure. Comment les rédiger? Par écrit, directement par le patient, avec l’identité complète, la date et la signature. Peuvent être rédigées par une tierce personne, avec deux témoins (dont la personne de confiance) Possibilité d’une attestation du médecin de l’expression libre et éclairée de la volonté de la personne. LES DIRECTIVES ANTICIPÉES Valables 3 ans, renouvelables. Révocables ou modifiables à tout moment. Quand rédiger des directives anticipées? A tout moment ou lors d’une entrée en EHPAD ou d’une hospitalisation Où les conserver? Dans un endroit facilement accessible par le médecin: dossier médical, personne elle-même, personne de confiance, famille…. LES DIRECTIVES ANTICIPÉES Exemple: Je, soussignée (e ) : Résidant à : Né le : à: J’énonce ci-dessous mes directives anticipées dans le cas où je ne serai pas en mesure d’exprimer ma volonté: Fait à : Le : Signature : (Signatures et qualités des deux témoins) MERCI À TOUS DE VOTRE ATTENTION !