22/09/14 KOUTZOUZIAN Alexandra L3 CR : Claire MARIE

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IMMUNOPATHOLOGIE ET IMMUNOINTERVENTION – Maladies Auto-Immunes
22/09/14
KOUTZOUZIAN Alexandra L3
CR : Claire MARIE
Immunopathologie et immuno-intervention
Dr Sophie DESPLAT- JEGO
10 pages
Maladies Auto-Immunes
Plan
A. Notions de bases
I. Le soi, le non soi
II. La réaction immunitaire
III.
Antigènes et Anticorps
IV. Education lymphocytaire
B. Mécanismes de l'auto-immunité
I. L'échappement à la tolérance des lymphocytes
II. Mécanismes additionnels de contrôle des LT en périphérie
III.
Mécanismes additionnels de contrôle des LB en périphérie
C. Mécanismes des lésions : auto-Ac
I. Arguments en faveur du caractère pathogène d'un auto-anticorps
II. Rôle pathogène des auto-anticorps
D. Aspect épidémiologique
I. Prévalence
II. Facteurs prédisposants
A. Notions de bases
I. Le soi, le non-soi
Le soi est un ensemble d'organes, de tissus, de cellules constituant un individu au sein d'une population qui lui
ressemble et qui rend cet individu unique. Par opposition le non soi est tout le reste, à la fois les autres individus
mais aussi tout antigène, protéine qui provient d'un autre organisme vivant. Le système immunitaire est
suffisamment bien éduqué pour distinguer le soi du non soi, cela sous-entend un ensemble de mécanismes
complexes. Cela implique également que cette distinction est relativement stable dans le temps or l'organisme
évolue dans le temps donc cette stabilité du soi et du non soi n'est pas si évidente.
II. La réaction immunitaire
Il existe un ensemble de cellules spécialisées et de molécules qui interviennent au cours de la réaction
immunitaire et de façon simplifiée le système immunitaire est dédié à la défense de l'organisme contre les
intervenants étrangers (micro-organismes,...). Mais ce système peut commettre des erreurs qui ont des
conséquences sur certains tissus et molécules. La défense de l'organisme implique une éducation dès le plus
jeune âge du système immunitaire, celui-ci doit être aussi capable de mémoire pour réagir plus fort et plus vite.
III.
Antigènes et Anticorps
Un antigène n'est pas qu'un épitope, n'est pas qu'un seul site de reconnaissance, c'est une mosaïque d'épitopes. Il
y a donc plusieurs anticorps pouvant reconnaître le même antigène. Le plus souvent la réponse immunitaire est
dite polyclonale, on a plusieurs clones qui sont activés en même temps.
Quand on parle d'auto-antigène, il ne faut pas oublier qu'il y a plusieurs épitopes capables de stimuler plusieurs
lymphocytes auto-réactifs. La seule différence est qu'un auto-antigène est un antigène dit « du soi ».
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IV. Éducation lymphocytaire
Cette éducation se fait dans le thymus pour les lymphocytes T. Elle sous-entend que le thymus exprime un
certain nombre de protéines du soi mais il ne les exprime pas toutes donc on ne connaît pas encore tout sur ce
système d'éducation.
Cela se passe en deux parties:dans la médullaire, au cœur du thymus, et dans le cortex, à la périphérie. Une
phase est dépendante du système HLA, l'autre non. C'est à ce niveau là que se fait la reconnaissance avec des
antigènes, un grand nombre de lymphocytes auto-réactifs vont être éliminés parce qu'ils reconnaissent avec trop
d'affinité un antigène du soi. Comme tout phénomène d'éducation, il est loin d'être parfait et infaillible : malgré
cette éducation, un certain nombre de lymphocytes auto-réactifs quittent le thymus vers la périphérie, il faut
donc aussi des phénomènes de régulation en périphérie notamment avec les lymphocytes T régulateurs. Cette
éducation a lieu dès la vie fœtale et continue tout au cours de la vie mais elle est probablement différente quand
l'individu vieillit, et à priori elle est stimulable dès que l'organisme en a besoin. Le rôle du thymus perdure tout
au long de la vie, surtout grâce au rôle d'éducation lymphocytaire. C'est donc un phénomène dynamique qui est
porteur d'une mémoire, mais qui a parfois besoin d'une réactivation.
Les maladies auto-immunes font intervenir un phénomène d'auto-immunité avec une phase humorale et une
phase cellulaire, comme une réaction immunitaire classique. (Rappel : ces deux phases sont séparées pour
l'apprentissage, mais sont en réalité très intriquées). Il existe un certain degré d'auto-immunité physiologique,
on a des lymphocytes auto-réactifs mais ce qui compte c'est la qualité des régulations les empêchant de
proliférer. La limite entre l'auto-immunité physiologique et l'auto-immunité pathologique (maladie autoimmune) est constituée par les lésions tissulaires. On peut donc avoir des marqueurs de l'auto-immunité sans
avoir une maladie auto-immune : l'auto-immunité n'est pas égale à maladie auto-immune. Lorsqu'il y a des
lésions tissulaire directement liée à des cellules auto-réactives, on classe les maladies auto-immune en deux
groupes :
-celles qui atteignent cliniquement un seul organe, ce sont les maladies auto-immunes spécifiques d'organe,
comme par exemple : le diabète auto-immun de type I, qui est directement lié à une action cytotoxique des LT
dirigée contre les cellules des îlots de Langerhans, la maladie cœliaque, la dermatose bulleuse auto-immune,
maladies thyroïdiennes auto-immunes.
-et celles qui atteignent cliniquement plusieurs organes en même temps ou les uns après les autres, ce sont des
maladies auto-immunes systémiques, comme le lupus, la polyarthrite rhumatoïde (qui présente un tropisme
articulaire mais peut aussi atteindre les poumons, le cœur et le SNC), et les vascularites. Elles ont tendance à
s'associer les unes avec les autres. Les lésions tissulaires sont des lésions histologiques d'un ou plusieurs
organes que l'ont peut mettre en évidence en anatomopathologie mais elles ne sont pas pathognomoniques donc
elles ne signent pas un diagnostic précis. Les biopsies pourront aider au diagnostic, mais les lésions étant non
spécifiques d'une seule étiologie ce n'est pas forcément avec l'anatomopathologie que l'on va faire le diagnostic.
[A la question : citez un exemple de maladie auto-immune spécifique d'organe, quelqu'un a répondu la maladie
de Crohn. Réponse de la prof : souvent en médecine on classe les maladies auto-immunes avec les maladies
inflammatoires chroniques. La maladie de Crohn est une maladie inflammatoire chronique avec une
composante auto-immune, mais elle n'est pas encore une maladie auto-immune]
B. Mécanismes de l'auto-immunité
I. L'échappement à la tolérance des lymphocytes
L'éducation des lymphocytes aboutit à un état de tolérance, normalement un lymphocyte bien éduqué ne doit
pas reconnaître un auto-antigène et même s'il le reconnaît il y a suffisamment de régulation pour qu'il ne puisse
pas s'activer et proliférer. Lors d'une auto-immunité ces mécanismes de tolérance sont pris en défaut, il y a donc
un échappement à la tolérance des lymphocytes. L'auto-immunité physiologique est donc différente des
lymphocytes B et T auto-réactifs qui vont s'activer parce qu'ils sont mal contrôlés et qui vont induire des lésions
tissulaires et générer des maladies auto-immunes.
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Rappel : Lors d'une réaction immunitaire classique, une cellule présentatrice d'antigène rencontre le lymphocyte
spécifique de l'antigène présenté par la molécule HLA. Le complexe HLA/antigène est reconnu par le TCR du
lymphocyte T, il s'agit du premier signal qui ne suffit pas à lui seul pour activer le lymphocyte.
Il faut le signal 2 ou co-signal qui est la reconnaissance des molécules B7-1 et
B7-2 par le CD28 du lymphocyte T, sachant que si la cellule présentatrice
d'antigène, au lieu de se fixer au CD28, fixe CTLA-4 il y a une anergie, la
reconnaissance a eu lieu mais il n'y a pas d'activation du lymphocyte T. Tout
s'arrête, le lymphocyte reste bloqué dans un état proche de l'activation.
Enfin il y a mise en jeu du signal 3 qui fait intervenir un certain nombre de
cytokines et en particulier l'IL-2 qui en se fixant sur son récepteur entraîne une
cascade activant le lymphocyte par stimulation au niveau du noyau de certains
éléments géniques. La reconnaissance de l'antigène n'est donc pas suffisante, il
faut une cascade d'événement pour activer le lymphocyte.
Une fois démarré, le phénomène s'auto-entretient notamment avec l'IL-2.
Pour éviter l'activation et la prolifération de lymphocytes on peut donc jouer sur ces trois signaux.
On a une tolérance centrale dans le thymus liée à l'éducation des lymphocytes T (pour les B elle se fait dans la
moelle osseuse) et une tolérance périphérique qui est aussi importante que la centrale (elle permet le contrôle
des lymphocytes qui auraient échappé à la sélection clonale dans le thymus). La présence physiologique de LT
et LB auto-réactifs circulants est permise grâce aux mécanismes de régulation qui dans certaines circonstances,
sont dépassés et les molécules auto-réactives peuvent alors se mettre à proliférer.
II. Mécanismes additionnels de contrôle des LT en périphérie
Il en existe plusieurs et en cas d'auto-immunisation ils sont pris en défaut :
– L'IGNORANCE : certains Ag du soi ne sont pas exprimés par le thymus. Ce mécanisme est sous la
dépendance du gène AIRE qui permet l'expression des antigènes du soi par le thymus. Certains
antigènes du soi sont séquestrés, ils se situent dans des tissus normalement non accessibles au système
immunitaire, on les appelle sites immuns privilégiés (ex : l’œil, le SNC, le testicule). En cas de
libération de ces Ag à cause d'un traumatisme ils seront reconnu comme non soi. Il y a également les
antigènes cryptiques qui sont aussi source d'ignorance. Ces Ag sont au milieu d'une molécule, et donc
un certain nombre d'épitopes (linéaires, ou conformationnels) sont cachés par la structure de la molécule
ou par autre chose dans le tissu. Par exemple dans la maladie de Goodpasture qui est assez rare, on a une
réaction contre le rein et notamment contre la membrane basale du glomérule rénal ; en fait l'épitope en
cause est un morceau non collagénique de la membrane basale qui est complètement enfoui dans la
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membrane basale du glomérule et lorsque cette membrane est attaquée, cet antigène se retrouve exposé.
L'ANERGIE : absence de signaux de co-stimulation.
DÉLÉTION CLONALE PÉRIPHÉRIQUE : si on injecte trop d'auto-antigène, il y a une délétion
clonale pour protéger l'organisme.
LYMPHOCYTES T RÉGULATEURS : ils expriment certains facteurs de transcription.
Quand ces mécanismes sont pris en défaut, il peut y avoir auto-immunisation du patient. Par exemple lors d'une
lésion de l'œil droit, un certain nombre d'antigènes oculaires sont libérés et très fréquemment il y a une réaction
controlatérale de l'œil gauche liée au système immunitaire qui a réagit contre ces protéines qu'il prend pour du
non soi. Cela pourrait expliquer le début des maladies auto-immunes par une infection ou une inflammation qui
libère des auto-antigènes ce qui démarre un engrenage suffisamment important pour entraîner l'autoimmunisation.
Il y a également le phénomène de mimétisme moléculaire qui permet d'expliquer le rôle des infections dans le
déclenchement de maladies auto-immunes puisque le système immunitaire est leurré par des antigènes portés
par des bactéries ou des virus qui ressemblent très fortement à des auto-antigènes. Au moment de l'infection, les
lymphocytes qui reconnaissent ces antigènes sont sélectionnés et au décours de l'infection, ces lymphocytes
sont encore activés et peuvent réagir contre des antigènes pouvant mimer des antigènes bactériens.
En résumé, les lymphocyte T en sortant du thymus ne sont pas censés être auto-réactifs, on a donc une
population de lymphocytes T CD4 mais à côté il y a aussi les lymphocytes T CD4 régulateurs « n » (« n » pour
« nés ») qui ont des fonctions suppressives, ils expriment le CD25 et le CTLA-4 (cf anergie) et ils sont Foxp3+
(facteur de transcription intéressant pour distinguer cette sous-population). On peut également avoir des
lymphocytes T régulateurs induits (« i ») par un micro-environnement de cytokines particulier.
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III.
Mécanismes additionnels de contrôle des LB en périphérie
ANERGIE OU DÉLÉTION DES LYMPHOCYTE T, de fait on a une anergie des lymphocyte B car
il faut une coopération cellulaire pour la production d'anticorps et c'est notamment vrai pour les
antigènes dits thymo-dépendants
ANERGIE par contact avec les auto-antigènes circulants solubles
DÉLÉTION CLONALE PÉRIPHÉRIQUE induite par une forte dose d'auto-Ac (> à celle des LT)
Si ces mécanismes de contrôle des lymphocytes B en périphérie sont eux-aussi pris en défaut, l'autoimmunisation peut se mettre en place. Les lésions tissulaires sont donc dues à l'auto-immunité pathologique
(humorale et cellulaire), dues à l'action délétère d'auto-anticorps et/ou de lymphocytes auto-réactifs (il ne faut
pas faire l'amalgame entre maladie auto-immune et auto-anticorps pathogènes, beaucoup de maladies auto4/10
IMMUNOPATHOLOGIE ET IMMUNOINTERVENTION – Maladies Auto-Immunes
immunes sont liées à l'action de lymphocytes auto-réactifs plus que d'auto-anticorps mais en routine on ne sait
doser que les auto-anticorps). Par exemple pour le diabète de type I : oui il y a bien des auto-anticorps, mais les
lésions sont dues à l'action des lymphocytes T.
C. Mécanismes des lésions : auto-Ac
Il y a des auto-anticorps physiologiques que l'on distingue des auto-anticorps auto-immuns par différentes
caractéristiques :
Anticorps naturels
Anticorps auto-immuns
Spécificité
Polyspécifiques
Monospécifiques
Isotype
IgM > IgG
IgG > IgM
Affinité
Faible
Forte
Pathogènes
Non
Parfois
[attention au « parfois » en gras : les AC auto-immuns ne sont pas toujours pathogènes, ils peuvent être utiles au
diagnostic, on les recherche, mais ils ne jouent pas forcément un rôle primordial dans la maladie auto-immune
concernée.]
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I. Arguments en faveur du caractère pathogène d'un auto-anticorps
Transmission passive de la maladie à un animal par le sérum ou les Ig. Cela implique qu'il faut un
modèle animal de la maladie, ce qui n'est pas forcément le cas, et que l'on soit par la suite capable
d'identifier les auto-anticorps pathogènes.
Transfert materno-fœtal de la maladie via le placenta (passage notamment des IgG pendant le troisième
trimestre), normalement l'enfant perd en 3 à 6 mois les anticorps de sa mère et s'il naît avec des signes
cliniques de la maladie, ils sont alors transitoires et disparaissent en même temps que les anticorps
maternels. Cependant ce n'est pas si simple, si on prend par exemple la myasthénie (atteinte autoimmune de la jonction neuro-musculaire) il n'y a que 10% des femmes enceintes atteintes qui vont la
transmettre à leur enfant. Cela peut s'expliquer par le fait que l'antigène n'est pas tout à fait le même
entre l'enfant et la mère mais également par d'autres phénomènes que l'on ne connaît pas. On ne peut pas
non plus prédire la gravité de la maladie chez l'enfant, certains peuvent en mourir alors que d'autres
n'auront que quelques difficultés. On peut aussi citer l'exemple de l'anémie hémolytique.
Parallélisme entre le taux d'Ac circulants et l'activité de la maladie. Les maladies auto-immunes qui sont
associées à des auto-anticorps pathogènes sont des maladies où l'on peut redoser régulièrement ces autoanticorps et voir que le titre varie avec l'activité de la maladie. C'est seulement dans ces maladies qu'il
est intéressant de répéter le dosage des auto-anticorps.
Efficacité des plasmaphérèses (retrait des protéines, donc des Ig, du sang de façon répétée). C'est
essentiellement pour passer un cap, le temps de mettre en place un traitement immunodépresseur.
II. Rôle pathogène des auto-anticorps
Ces auto-anticorps peuvent agir par différents modes d'action qui ne s'excluent pas les uns les autres :
– Activer le système du complément par la formation d'un immun complexe. Ex : anémie hémolytique
auto-immunes, des auto-anticorps sont dirigés contre des antigènes de surface des globules rouges ce
qui active la cascade du complément aboutissant à une attaque membranaire sur le globule rouge ce qui
favorise l'entrée d'eau dans la cellule entraînant une hémolyse.
– Opsoniser la cellule. Ex : purpura thrombopénique idiopathique (rappel : idiopathique = dont on ne
connaît pas la cause), la plaquette est recouverte d'auto-anticorps ce qui favorise la phagocytose par les
macrophages et fait d'elle la cible privilégiée de ceux-ci.
– Modifier le signal transmis par un récepteur. L'auto-AC agit alors par compétition ou par encombrement
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stérique. Ex : myasthénie, l'antigène est le récepteur à l'acétylcholine et il y a une gêne de la
transmission du signal, il n'y a pas par exemple de libération de calcium par la cellule.
Former des complexes immuns circulants. Ex : lupus érythémateux disséminé, des complexes immuns
anti-ADN dans la circulation peuvent aller dans les tissus et gêner le fonctionnement des organes.
Former des complexes immunes in situ, dans le tissu cible directement, la liaison anticorps/antigène ne
se fait pas forcément dans la circulation. Ex : pemphigus, les anticorps sont dirigés contre les
desmosomes qui lient les kératinocytes entre eux, ils empêchent donc la cohésion des cellule entre elles.
Exemple de la myasthénie
L'antigène est le récepteur de l'acétylcholine qui est fait de 5 sous-unités. Au sein de la sous-unité alpha il y a
une région appelée MIR (Main Immunogenic Region) qui est l'épitope principal de l'antigène. La fixation de
ces auto-anticorps entraîne le blocage du site de fixation de l'acétylcholine, la dégradation accélérée du
récepteur à l'acétylcholine membranaire et une destruction de la membrane post-synaptique par le complément.
Lupus érythémateux disséminé
C'est une maladie auto-immune systémique avec en particulier une atteinte cutanée avec un masque de loup. En
regardant une biopsie cutanée on a une « lupus band test », c'est-à-dire qu'il y a un dépôt en
immunofluorescence directe d'auto-anticorps anti-jonction dermo-épidermique. En regardant le sang des
patients il y a des auto-anticorps circulants qui sont des anticorps anti-nucléaires, il s'agit du principal test de
dépistage (ce sont des marqueurs très sensibles mais peu spécifiques). Ces auto-anticorps peuvent être soit
mouchetés (ils sont associés à des antigènes nucléaires) soit avec un aspect de type homogène (cet aspect fait
plus penser à des anticorps anti-ADN). On peut également parfois biopsier le rein puisque c'est souvent la
caractéristique de la gravité de cette maladie.
[Dans le pemphigus et la myasthénie il y a des auto-anticorps pathogènes.
Dans le lupus il y a à la fois des auto-anticorps pathogènes et des lymphocytes auto-réactifs pathogènes.
Dans le syndrome de Gougerot-Sjogren, il y a essentiellement des lymphocytes auto-réactifs pathogenes.]
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Syndrome de Gougerot-Sjögren
C'est une maladie fréquente surtout chez le sujet âgé. Il y a essentiellement des lymphocytes auto-réactifs même
s'il y a aussi des anticorps dont on ignore le rôle. Il s'agit d'une hypertrophie des parotides à cause de
lymphocytes auto-réactifs qui attaquent ces glandes salivaires. Les auto-anticorps circulants aident à faire le
diagnostic. Ce sont des auto-anticorps anti-nucléaires de type anti-SSA.
Lors d'une biopsie des glandes salivaires on voit des cellules épithéliales activées apoptotiques, des
lymphocytes T qui attaquent ce tissu avec des formations d'infiltrats lymphocytaires B et T. Au bout d'un certain
temps tous ces lymphocytes se réorganisent en centre germinatif comme dans les ganglions (c'est assez
caractéristique d'une maladie chronique). Il y a alors tellement d'infiltrats qu'il n'y a plus vraiment de canal
excréteur pour amener la salive ou les larmes, donc ce sont des personnes qui font des syndromes secs buccaux
et oculaires. Le problème provient du fait que c'est une maladie systémique, ainsi il y a des réactions associées
dans d'autres organes : le SNC avec des manifestations qui sont des pseudo SEP (sclérose en plaque) des
atteintes du SNP avec des neuropathies et parfois la transformation des infiltrats en lymphomes, ce sont donc
des patients qu'il faut suivre de près.
Dans la sclérose en plaque on a un modèle animal chez la souris : l'encéphalomyélite auto-immune
expérimentale. Les acteurs principaux de ce modèle sont les lymphocytes T encéphalitogènes qui vont être
capables de passer la barrière hémato-encéphalique à force de proliférer. Une fois dans le cerveau et la moelle
épinière ils vont rencontrer à nouveau leur auto-antigène, ils se multiplient alors à nouveau et ont un potentiel
cytotoxique important sur la gaine de myéline des nerfs d'où les manifestations cliniques.
Chez les animaux on peut induire soit une forme active de la maladie (injection du peptide avec un adjuvant)
soit une forme passive (on fait proliférer les lymphocytes puis on les injecte, transfert d'un animal A à un B).
Les modèles animaux même s'ils sont imparfaits, sont indispensables pour comprendre les maladies autoimmunes.
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D. Aspect épidémiologique
I. Prévalence (« je voudrais que vous reteniez cette diapo »...)
Il y a des maladies très fréquentes et d'autres beaucoup moins. Si on les groupe toutes, c'est la 3ème cause de
morbidité dans les pays industrialisés après le cancer et les maladies cardio-vasculaires. Les plus fréquentes
sont la polyarthrite rhumatoïde (environ 1% de la population) et les pathologies auto-immunes de la thyroïde,
puis viennent le syndrome de Gougerot-Sjögren, la maladie cœliaque et le diabète de type I (entre 0,5 et 1% de
la population). Enfin il y a des maladies beaucoup plus rares comme le lupus érythémateux disséminé, les
sclérodermie, la dermatopolymyosite.
II. Facteurs prédisposants aux maladies auto-immunes
Les facteurs prédisposants aux maladies auto-immunes sont multiples et tous ne sont pas encore connus. On les
classe en 3 groupes :
– GÉNÉTIQUES : les plus étudiés sont les gènes du système HLA. Il y a une corrélation entre certains
haplotypes HLA et la prévalence de certaines maladies auto-immunes mais ce n'est pas suffisant pour en
faire un élément de diagnostic. D'autres gènes interviennent, les gènes de certaines cytokines, de
protéines du complément.
– HORMONAUX : il existe un sexe ratio nettement en défaveur des femmes dans les maladies autoimmunes. Dans certaines maladies, la grossesse favorise l'exacerbation des symptômes alors que dans
d'autres elle les diminue mais pour souvent mieux revenir au post-partum. Il y a donc un rôle des
hormones sexuelles notamment par le biais de la grossesse, la ménopause, la puberté, la contraception
œstro-progestative...
– ENVIRONNEMENTAUX : plus récents, on retrouve les micro-organismes (on n'en a pas encore
clairement associé à des maladies), et tout ce qui est associé aux infections telle que la vaccination (pas
clairement prouvé non plus, pour l'instant le bénéfice des vaccinations reste largement supérieur au
risque hypothétique de déclencher des maladies), le rôle du soleil (UV : facteur indéniable de l'induction
des maladies auto-immunes) également, certains polluants ou produits chimiques pour les personnes
exposées de façon chronique (elles peuvent développer notamment des vascularites), le tabac également
est impliqué dans certaines maladies auto-immunes, certains médicaments (tels que les bêta-bloquants,
certains anti-convulsivants), l'exposition à la silice etc...
Cependant ce n'est pas un élément isolé qui permet le déclenchement de la maladie, il s'agit d'un mécanisme
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multifactoriel.
Il existe toutefois des maladies auto-immunes monogéniques (beaucoup plus rares) mais graves et qui
concernent surtout la pédiatrie (le tableau n'est pas forcément à savoir) :
Nom
Anomalie génétique
Mécanismes
Phénotype
physiopathologiques
Syndrome IPEX
Syndrome APECES
Syndrome ALPS
Gène Foxp3
Défaut des lymphocytes T Entérocolite sévère, DID,
régulateurs
thyroïdite
Gène AIRE
Défaut d'expression
thymique des antigènes du
soi, absence de tolérance
centrale
Fas, Fas ligand
DID, thyroïdite et
parathyroïdite, uvéite,
candidose
Anémies hémolytiques et
Défaut d'élimination des
thrombopénies AI,
lymphocytes auto-réactifs prolifération lymphocytes
T (CD4-CD8-)
CONCLUSION
• Les maladies auto-immunes sont associées à une rupture de tolérance à un (des) auto-antigene(s).
• Il existe une auto-immunité physiologique.
• L’auto-immunité pathologique induit des lésions tissulaires (maladies auto-immunes).
• Les auto-Ac ne sont pas toujours pathogenes.
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