Du latin proximus, « très près », et de -logie, la proximologie est une aire de recherche centrée sur les relations entre le malade et ses proches. Approche pluridisciplinaire au carrefour de la médecine, de la sociologie et de la psychologie, de l’éthologie et de beaucoup d’autres disciplines, la proximologie fait de l’entourage un objet central d’étude. Dr BRUNO FANTINO (1) ET FRANÇOISE PIOT-FANTINO (2) (1) Expert en santé publique, directeur de l’ADIM (Association pour le Développement de l’Information Médicalisée) (2) Responsable des études de pratiques professionnelles de l’ADIM Avec la collaboration de l’ PAGES SPÉCIALES DE FMC DU « QUOTIDIEN DU MÉDECIN », RÉALISÉES AVEC LE SOUTIEN INSTITUTIONNEL DE Les relations du médecin généraliste avec l’entourage de ses patients Les relations du médecin généraliste avec l’entourage de ses patients MISE AU POINT M I S E AU P O I N T PROXIMOLOGIE FMC N° 231 A N° 7646 - PAGES SPÉCIALES - LUNDI 6 DECEMBRE 2004 FMC MISE AU POINT Les relations du médecin généraliste avec l’entourage de ses patients PATIENT MALADIE Un impact de la maladie sur la qualité de vie de l’entourage : • inquiétude ; • stress, fatigue, troubles du sommeil ; • culpabilité, sentiment d’échec ; • épuisement… Un rôle essentiel des proches concerne l’aide : • Diagnostic • Surveillance clinique • Prescription • Coordination des intervenants • Choix de la stratégie thérapeutique • Choix du maintien à domicile MÉDECIN • au choix du maintien à domicile ou de l’institutionnalisation ; • au diagnostic par l’observation ; • au respect et à l’observance des traitements ; • à l’observation et à l’alerte en cas de besoin ; • à l’évaluation de l’efficacité des traitements ; • au soutien psychologique du patient ; • au respect des règles hygiéno-diététiques ; • à décider de la stratégie thérapeutique. Le médecin identifie les aides nécessaires de l’entourage pour améliorer la prise en charge : • au choix du maintien à domicile ou de l’institutionnalisation ; • au diagnostic par l’observation ; • au respect et à l’observance des traitements ; • à l’observation et à l’alerte en cas de besoin ; • à l’évaluation de l’efficacité des traitements ; • au soutien psychologique du patient ; • au respect des règles hygiéno-diététiques ; • à décider de la stratégie thérapeutique. 2 ENTOURAGE MISE AU POINT Les relations du médecin généraliste avec l’entourage de ses patients FMC Pourquoi les proches ont-ils été aussi longtemps ignorés ? L’invisibilité de l’entourage d’un patient atteint de pathologie lourde a été socialement construite au fil du temps par l’action de facteurs sociaux, économiques, professionnels et familiaux. Le devoir ancestral des enfants envers leurs parents devenus âgés – assistance, mais aussi subsistance dans les sociétés les moins développées – s’est trouvé peu à peu remplacé par des dispositifs de prise en charge collectifs. Un délitement du lien familial s’est produit insidieusement, révélé, bien entendu, dans les situations de crises, parmi lesquelles la maladie. Enfin, la professionnalisation, la médicalisation, la technicisation et l’institutionnalisation ont entraîné la mise à l’écart des proches dans le processus du soin. La famille, les enfants se sont trouvés relayés à un rôle accessoire dans une démarche de disqualification marquée par les jeux de pouvoir. Que nous apprend le contexte épidémiologique actuel et à venir ? L’allongement de la durée de la vie dans les sociétés dites développées est la caractéristique majeure qui détermine à elle seule le paysage épidémiologique des populations contemporaines. Ainsi, en France, avec une espérance de vie de 83 ans pour les femmes et de 74 ans pour les hommes, le vieillissement des individus s’accompagne tout naturellement des pathologies liées à l’âge. Qu’il s’agisse des maladies neuro-dégénératives, cérébro-vasculaires, musculo-squelettiques ou métaboliques, toutes ont en commun de connaître une incidence et une prévalence qui croissent avec l’âge. Les associations entre elles de ces différentes affections peuvent, en outre, conduire à un tableau de polypathologie à fort potentiel invalidant dans un nombre important de cas. En 2050, la France comptera 7 millions de sujets de plus de 80 ans. Parmi les 12 millions de personnes âgées de plus de 60 ans, 1 100 000 environ présentent un degré de dépendance compris entre 1 et 5 sur l’échelle Aggir, dont 870 000 vivant à leur domicile et 316 000 en institution. Les tendances démographiques sont lourdes et laissent présager une explosion des pathologies du vieillissement. En effet, si, en 2002, les plus de 60 ans représentent 21 % de la population française, soit 12 millions d’individus, ils seront 35 %, soit 22 millions, à l’horizon 2050. Les plus de 80 ans seront alors au nombre de 7 millions, contre 2,4 millions à l’heure actuelle. En dehors de cette donnée épidémiologique liée au grand âge, une autre caractéristique des pays riches est le poids des maladies tumorales. Il y a encore vingt ans, seulement 160 000 nouveaux cas de cancers survenaient chaque année en France, avec une espérance de vie ne dépassant pas trois ou quatre ans. Aujourd’hui, ce sont 270 000 diagnostics de la maladie qui sont portés annuellement, avec une espérance de vie qui a globalement doublé : plus de deux millions de personnes ont été confrontées à la maladie et environ 800 000 vivent avec leur cancer. On a ainsi assisté à une augmentation de 60 % – en l’espace de vingt ans – du nombre de personnes touchées par cette affection. Quatre localisations représentent à elles seules l’immense majorité des cancers : le sein, le côlon, le poumon et la prostate. La mise en œuvre des dépistages de masse a considérable- LE VIEILLISSEMENT DES POPULATIONS DANS LES PAYS INDUSTRIALISÉS, S’ACCOMPAGNE LOGIQUEMENT DU DÉVELOPPEMENT DES PATHOLOGIES LIÉES À L’ÂGE Retrouvez les dossiers de FMC sur Internet http://www. quotimed.com 3 FMC MISE AU POINT Les relations du médecin généraliste avec l’entourage de ses patients ment modifié la donne, permettant des diagnostics précoces et, donc, des taux de survie à 5 ans en constante progression. Il s’ensuit une transformation radicale dans l’évolu- tion de la maladie tumorale, qui devient une maladie chronique, au même titre que le diabète, l’hypertension artérielle ou la sclérose en plaques. Quel contexte socio-économique et pour quelles prises en charge ? Les soins pratiqués en HAD Les soins délivrés dans le cadre de l’HAD se différencient de ceux habituellement dispensés au domicile par la complexité et la fréquence des actes. Les soins ainsi assurés concernent tous les types de pathologie (à l’exclusion, encore une fois, de ceux relevant de la psychiatrie). Les tumeurs constituent plus du tiers des motifs de prise en charge (35 %), suivies des maladies de l’appareil respiratoire (15 %) et de celles du système nerveux (12 %). Sont également à l’origine des admissions les maladies infectieuses et parasitaires (9 %), les traumatismes, les grossesses pathologiques, la surveillance post-partum, les maladies de l’appareil respiratoire, les affections endocriniennes, les maladies de la nutrition et du métabolisme (enquête Credes). Le progrès médical dans son ensemble a donc contribué à l’augmentation de la durée de vie, mais aussi de la morbidité qui l’accompagne. La prévalence des maladies chroniques s’accroît, avec pour conséquences des soins techniques de suppléance et une prise en charge au long cours. A ce contexte épidémiologique et médical s’ajoute un contexte socio-économique qui crève les yeux : une logique de désengagement de l’Etat providence, avec une maîtrise voulue (pas toujours obtenue) des dépenses de soins toutes les fois que cela est jugé possible. Parmi les solutions répondant à une telle évolution, l’hospitalisation à domicile (HAD) s’inscrit particulièrement bien dans cette démarche. L’HAD, un système de prise en charge spécifique. Ainsi, l’HAD fait partie des structures de soins alterna- tives, dont le but est d’éviter une hospitalisation à temps complet ou de diminuer sa durée. Elle concerne des malades atteints de pathologies graves, aiguës ou chroniques, évolutives et/ou instables qui, en l’absence d’un tel service, seraient hospitalisés en établissement de santé. Les prestations alors dispensées se distinguent de celles délivrées lors de consultations ou de visites à domicile. Les structures d’HAD permettent d’assurer au domicile du malade, pour une période limitée mais révisable en fonction de l’évolution de l’état de santé, des soins médicaux et paramédicaux continus et nécessairement coordonnés. Elles s’adressent à tous les malades, quels que soient leur âge et leur affection, les adultes comme les enfants, et permettent la prise en charge de toutes les pathologies, à l’exception de la psychiatrie. Quels progrès et quels avantages pour le malade ? Les structures d’HAD qui offrent aujourd’hui une prise en charge généraliste ont également développé des pôles de spécialisation unique ou multiple. Ces choix reposent soit sur la présence d’une demande importante, soit sur la nécessité de recours à des techniques communes pour des pathologies différentes. Si certaines structures ont axé leur spécialisation sur les pathologies vasculaires, la pédiatrie (prématurés, enfants atteints de mucoviscidose, etc.), la cancérologie ou autre, la vocation de l’HAD n’est pas de se spécialiser. Elle reste « généraliste » de manière à mieux as4 surer la continuité des soins au fur et à mesure de l’évolution de l’état du patient : en particulier, les soins palliatifs ne doivent pas être autonomisés, mais prodigués lorsqu’ils deviennent nécessaires. La vocation de l’HAD est de demeurer « généraliste ». L’admission se prononce en fonction du niveau de soins requis par l’état du patient quelle qu’en soit l’étiologie, niveau qui se situe toujours au-dessus des services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) et en dessous de l’hôpital traditionnel. Les tech- MISE AU POINT Les relations du médecin généraliste avec l’entourage de ses patients niques modernes permettent toutefois d’admettre des malades de plus en plus lourds (quadriplégiques, avec troubles de la conscience, jéjunostomisés, trachéotomisés, nécessitant une assistance respiratoire, etc.). Le séjour est alors certainement plus adapté aux exigences du patient qui se retrouve dans son contexte familial. Infections nosocomiales moindres, plus grand confort psychologique du patient font que 90 % des bénéficiaires se déclarent satisfaits de leur prise en charge et sont prêts à recommencer cette expérience (enquête Credes). FMC HAD : encore des écueils à surmonter On le voit bien, l’HAD offre une solution d’avenir au moment où l’hôpital traditionnel n’est plus en mesure d’offrir ce qu’attendent les malades : proximité, écoute, maintien dans le cadre de vie habituel, tout en gardant un niveau de sécurité et de technicité irréprochable. Avec, aujourd’hui, seulement 4 300 places disponibles en HAD, c’est 1 000 places nouvelles chaque année pendant dix ans qu’il faudra créer. Mais ce développement sera voué à l’échec si l’environnement familial, assurant sécurité et présence au domicile, est tenu à l’écart du dispositif. Quelles conséquences pour l’entourage du patient? Si l’HAD est désormais possible grâce à une organisation et à une technicité médicale en constant progrès, elle nécessite impérativement une présence familiale et sociale, l’aménagement de l’habitat, l’installation de technologies particulières et de services logistiques. La présence de l’entourage apparaît donc à la fois comme la raison d’être et la condition principale du maintien à domicile. C’est la famille, les proches que l’on va retrouver en première ligne lorsqu’il faudra planifier les interventions de l’aide soignante, du kinésithérapeute, de l’infirmière, ou quand il faudra être là pour aider à prendre les repas. Si le médecin coordonnateur, ce « facilitateur de soins » joue un rôle primordial pour conjuguer les interventions des différentes catégories de soignants, il sait trouver les appuis nécessaires auprès de l’entourage pour que la « machine HAD » ne se « grippe » pas. Mais l’entourage du patient n’est pas mis à contribution seulement dans l’HAD. Différentes études de proximologies ont permis récemment d’identifier l’impact de certaines masladies chroniques sur la vie de cet entourage si souvent sollicité. Quelques exemples illustreront mieux le propos. Ainsi la dialyse rénale retentitelle grandement sur les conjoints. L’immense majorité de ceux-ci avouent subir les conséquences directes de la maladie et de sa prise en charge thérapeutique sur leur vie quotidienne. En particulier, ils doivent organiser leur journée en fonction des séances de dialyse et, surtout, réduire les loisirs et sorties bien plus fréquemment que si le malade avait bénéficié d’une greffe. Les départs en vacances sont, par ailleurs, notablement réduits. La pathologie a un impact sur les relations de couple et les relations familiales : une surveillance accrue, l’autocensure dans le domaine des projets, la crainte de fatiguer le malade sont des éléments plus fréquemment cités lorsque le malade n’est pas greffé. Il ne faut pas occulter les conséquences financières liées à la pathologie, plus importantes une fois encore chez les sujets en dialyse. A l’arrêt ou à la réduction de l’activité du malade s’ajoutent les difficultés pour obtenir un prêt bancaire. Tandis qu’un conjoint sur deux garde un bon ou un très bon moral lorsque le malade est greffé, ils ne sont plus qu’un sur quatre quand il y a dialyse. Quel que soit le mode de suppléance de la fonction rénale, les besoins et attentes des conjoints portent essentiellement sur l’information liée au trai- LA PRÉSENCE DE L’ENTOURAGE CONSTITUE À LA FOIS LA RAISON D’ÊTRE ET LA CONDITION PRINCIPALE DU MAINTIEN DU MALADE À DOMICILE 5 FMC Bibliographie – Echanges d’expériences en proximologie : Actes du Workshop, 1er juin 2002. – Proximo : pour une nouvelle discipline ; Actes du Workshop, 30 novembre 2002. – Etude Face : femmes atteintes d’un cancer du sein et leur entourage. Service Santé et proximologie, www.proximologie.com – Etude Codit : impact de la dialyse rénale et de la transplantation sur les conjoints. Service santé et proximologie, www.proximologie.com – Etude Pixel : incidence de la maladie d’Alzheimer sur la vie de l’entourage. Service santé et proximologie, www.proximologie.com – Etude Remede : relation médecinentourage du patient. Service santé et proximologie, www.proximologie.com – « Pourquoi ma mère me rend folle », de Françoise Laborde. Ramsay. Juillet 2002. – ABC. Des relations entre familles et maladie d’Alzheimer, C. Hazif-Thomas, Ph. Thomas. NovartisPharma. (2002). – Guérir le système de santé de ses maux, B. Fantino, G. Ropert. Aleas 2004. – Annuaire des associations de santé : patients, familles, information, éducation, soutie, B. Tricot, 1999, 4e édition. 6 MISE AU POINT Les relations du médecin généraliste avec l’entourage de ses patients tement. Les informations sur la maladie rénale, les conseils pratiques pour faire face à la situation, l’accès aux centres de dialyse constituent les préoccupations essentielles des . L’aide psychologique et l’aide ménagère à domicile, mais aussi l’aide financière sont des attentes récurrentes, même si leur intensité peut varier selon que le malade soit dialysé ou greffé. Lorsqu’un enfant est épileptique, plus de neuf parents sur dix acceptent mal le diagnostic, car le terme épilepsie fait peur. La moitié d’entre eux restent après confirmation du diagnostic sur un « quivive » permanent, le risque de crise entraînant une surveillance accrue au domicile. La vie se trouve ainsi bouleversée, avec repli sur la famille et réduction de la vie sociale, la moitié des parents considérant là encore qu’ils ne sont « jamais tranquilles ». La vie professionnelle se trouve également modifiée avec des conséquences économiques non négligeables. Le niveau de ressources et, donc, le pouvoir d’achat baissent globalement dans une famille sur trois. Un parent sur deux invoque une répercussion sur l’activité professionnelle avec, notamment, un absentéisme répété conduisant parfois à un travail à temps partiel. Tous les parents souffrent d’un sommeil perturbé. La fatigue apparaît suite au souci, au manque de répit, à une vigilance accrue et permanente. La dépression arrive en tête des problèmes de santé rencontrés par les parents dont la moitié a nécessité un suivi psychothérapique. Parmi les attentes de ces derniers figure en tête de liste la sensibilisation des enseignants à la maladie ainsi que des aides pratiques pour soulager la vie quotidienne. Leur intérêt va d’abord aux institutions de séjour (vacances sécurisées), à l’aide à domicile pour surveiller l’enfant en cas d’absence, aux soins paramédicaux et au soutien psychologique. Le besoin d’informations concerne les médicaments en développement, les voies de recherche, la scolarisation, les structures d’accueil et les personnes relais à domicile. Après un cancer du sein, plus de huit femmes sur dix bénéficient du soutien de leur famille et se sentent proches de leur conjoint mais aussi d’amies dont elles apprécient l’aide morale. Si ces femmes expriment une volonté de profiter de la vie, d’oublier la maladie, de mieux choisir leurs priorités, cet optimisme affiché n’est pas forcément partagé par l’entourage, qu’il s’agisse du mari ou encore des enfants. Le conjoint, en particulier, pense que sa femme est moins satisfaite qu’elle ne l’affirme, tandis que les enfants surestiment les conséquences de la maladie sur son bien-être physique. Un peu plus de la moitié seulement des conjoints apprécient leur qualité de vie du moment, alors qu’ils ont dû assumer des responsabilités nouvelles dans leur foyer. Pour 20 % d’entre eux le sujet du cancer reste tabou, tandis qu’un sur trois décrit des difficultés à assumer les craintes de sa femme. Conjoints comme enfants sont angoissés au moment des visites de contrôle : si, majoritairement, ils affirment être correctement informés, ils sont plus nombreux à se plaindre d’un déficit d’information sur les risques de rechute. La maladie d’Alzheimer ne peut être omise. L’analyse de cas de patients venant d’être placés en institution à partir des plaintes exprimées par l’entourage montre deux situations bien distinctes. La première concerne des malades plutôt « faciles » à gérer par les aidants (pas de souffrance notable, dociles et calmes non opposants), ces derniers étant le plus souvent jeunes mais désemparés et en proie à des difficultés financières, familiales ou professionnelles. La seconde regroupe les malades ayant des comportements moteurs inadaptés : les violents ou agités et les démotivés opposants. Les aidants sont généralement âgés et ont été mis à l’épreuve d’une prise en charge de plusieurs années. Le placement est alors motivé par l’usure et l’épuisement du proche. Dans un tel contexte, le plus dur à affronter est la séparation, assortie d’un sentiment de culpabilité, mais aussi d’échec. MISE AU POINT Les relations du médecin généraliste avec l’entourage de ses patients FMC COMITE DE REDACTION Quelles relations entre les médecins et l’entourage en médecine générale ? Parmi les études évoquées précédemment, il faut citer REMEDE (RElation MEDecin et Entourage du patient), étude originale apportant un éclairage nouveau sur un aspect méconnu de la pratique du médecin de famille. Les principaux résultats montrent que la consultation accompagnée est une situation maîtrisée par les médecins généralistes et qu’elle recèle encore des potentialités pour une pratique plus intégratrice des soins. Du colloque singulier médecin-malade, on passe le plus souvent à une relation triangulaire qui laisse un rôle actif à l’entourage. Ce dernier occupe une place significative et un rôle positif aux côtés de la personne malade lors de la consultation. Si le temps de consultation s’allonge significativement du fait de la présence du proche (+ 8 minutes en moyenne), il ne s’agit alors pas de « temps perdu », mais d’un investissement relationnel visant à impliquer l’entourage dans le projet de soins. Un patient sur trois est accompagné lors de la consultation de médecine générale : en visite, cet accompagnant concerne deux malades sur trois. Deux fois sur trois, les accompagnants sont des femmes et une fois sur deux, il s’agit d’une conjointe. Prise en compte de la personnalité de l’accompagnant. Le rôle de cet accompagnant est jugé huit fois sur dix positif par le médecin, qu’il s’agisse de soutien psychologique, d’alerte en cas de problèmes ou d’aide pratique dans la vie quotidienne. Le médecin se montre attentif aux remarques de l’accompagnant et essaie d’associer ce dernier au suivi médical et thérapeutique du malade. A cet effet, les généralistes prennent en compte la personnalité de l’accompagnant et expliquent la nature des actes médicaux destinés au malade. Pour autant, plus de la moitié des médecins ne portent pas attention à l’état de santé apparent de l’entourage. Comme on pouvait le présumer, plus la pathologie est lourde et plus les attentes des médecins vis-à-vis de l’entourage sont importantes. Pour autant, des maladies chroniques telles que HTA, dia- bète ou des problèmes métaboliques entraînent aussi une implication positive de l’entourage. En effet, l’étude REMEDE montre que, pour les affections susceptibles d’entraîner une perte relative d’autonomie, le généraliste attend un rôle spécifique des proches. Ce rôle concerne alors l’aide : – au choix du maintien à domicile ou de l’institutionnalisation ; – au diagnostic par l’observation ; – au respect et à l’observance des traitements ; – à l’observation et à l’alerte en cas de besoin ; – à l’évaluation de l’efficacité du traitement ; – au soutien psychologique du patient ; – au respect des règles hygiéno-diététiques ; – à décider de la stratégie thérapeutique. Le médecin attend une aide de l’entourage. Cela est particulièrement vrai pour la maladie d’Alzheimer, mais aussi pour la maladie de Parkinson, la dépression ou l’épilepsie. Très logiquement, le médecin généraliste attend une aide dans le respect des règles hygiéno-diététiques pour des maladies comme le diabète, l’HTA ou l’insuffisance cardiaque. Une aide pour décider de la stratégie thérapeutique à adopter n’est attendue que près d’une fois sur deux, et cela dans le cas spécifique de la maladie d’Alzheimer. Parmi les difficultés rencontrées avec les proches, c’est l’annonce d’une mauvaise nouvelle, mais surtout la démission ou le refus de s’impliquer de la part de l’entourage qui pose problème. Inversement, l’implication de l’entourage dans le suivi thérapeutique semble plutôt facile à gérer. Des services paraissent utiles au médecin dans sa relation avec l’entourage. La très grande majorité d’entre eux souhaiterait disposer avant tout d’outils pratiques tels que des listes comprenant des informations sur les institutions, les services sociaux, les aides ménagères, les aides financières disponibles, les coordonnées de professionnels de santé de leur région, des informations juridiques ou encore des brochures sur les conseils à l’entourage. Directeur médical : Dr Alain Marié. Rédacteur en chef : Dr Emmanuel de Viel. Rédacteur en chef adjoint : Dr Marie-Laure Diégo-Boissonnet, assistée du Dr Bernard Ollivier. COMITE SCIENTIFIQUE Allergologie : Pr Jean Bousquet, hôpital Arnaud-de-Villeneuve, Montpellier. Angiologie : Pr Maurice Cloarec, hôpital Tenon, Paris. Cancérologie : Pr David Khayat, hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris. Pr Jacques Rouëssé, centre René-Huguenin, Saint-Cloud. Dr Annie Gauvain-Piquard, institut Gustave-Roussy, Villejuif. Cardiologie : Pr Jean-Paul Bounhoure, hôpital Rangueil, Toulouse. Pr Jean-Marc Lablanche, hôpital cardiologique, Lille. Dermatologie : Pr Louis Dubertret, hôpital Saint-Louis, Paris. Pr Jacqueline Sayag, hôpital La Timone, Marseille. Diabétologie : Pr Philippe Passa, hôpital Saint-Louis, Paris. Endocrinologie : Pr Philippe Vague, hôpital La Timone, Marseille. Gastro-entérologie : Pr Marc-André Bigard, CHU Brabois, Nancy. Gériatrie : Pr Robert Hugonot, Grenoble. Dr Laurence Hugonot, CEPEVI, Paris. Gynécologie : Dr Alain Tamborini, Paris. Hématologie : Pr Norbert-Claude Gorin, hôpital Saint-Antoine, Paris. Pr Michel Marty, hôpital Saint-Louis, Paris. Hépatologie : Pr Christian Trepo, hôpital Hôtel-Dieu, Lyon. HTA : Pr Xavier Girerd, hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris. Infectiologie : Pr Jacques Acar, hôpital Saint-Joseph, Paris. Pr Henri Portier, hôpital du Bocage, Dijon. Lipidologie : Pr Gérard Turpin, hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris. Médecine interne : Pr Bernard Devulder, hôpital Claude-Huriez, Lille. Médecine légale : Dr Michel Godfryd, CHS Evreux. Médecine nucléaire : Pr Xavier Marchandise CHU de Lille Néphrologie : Pr Jean-Pierre Grundfeld, hôpital Necker, Paris. Pr Alain Meyrier, HEGP, Paris. Dr Pierre Simon, centre hospitalier, Saint-Brieuc. Neurologie : Dr François Boureau, hôpital Saint-Antoine, Paris. Pr Michel Hagueneau, hôpital Lariboisière, Paris. Pr Pierre Loiseau, hôpital Pellegrin, Bordeaux. Obstétrique : Pr Serge Uzan, hôpital Tenon,Paris. Ophtalmologie : Dr Gilles Chaine, hôpital Avicenne, Bobigny. Dr Alain Hullo, hôpital Sud, Lyon. ORL : Pr Bernard Fraysse, hôpital Purpan, Toulouse. Pr Pierre Gehanno, hôpital Bichat-Claude-Bernard,Paris. Orthopédie : Pr Gérard Saillant, hôpital Pitié-Salpêtrière,Paris. Pédiatrie : Pr Christophe Dupont, hôpital Saint Vincent-de-Paul, Paris. Pneumologie : Pr François-Bernard Michel, hôpital Arnaud-de-Villeneuve, Montpellier. Pr René Pariente, hôpital Beaujon, Clichy. Psychiatrie : Dr Patrick Lemoine, CHS Le Vinatier, Lyon-Bron. Pr Frédéric Rouillon, hôpital Albert-Chennevier, Créteil. Pr Philippe Parquet, clinique Michel Fontan, CHRU de Lille. Radiologie : Pr Guy Frija, HEGP, Paris. Rhumatologie : Pr Bernard Delcambre, hôpital B, Lille. Pr Xavier Le Loët, Rouen. Sida : Pr Willy Rozenbaum, hôpital Rothschild, Paris. Sport : Dr Gérard Porte, clinique du sport, Paris. Travail : Pr Jean-François Caillard, hôpital Charles-Nicolle, Rouen. Pr Jean Loriot, CFPH Montpellier. Urologie : Pr Marc-Olivier Bitker, hôpital Pitié-Salpétrière, Paris. Pr Alain Jardin, hôpital Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre. UNAFORMEC Centre de documentation 261, rue de Paris, 93556 Montreuil Cedex Tél. : 01.43.63.80.00 - Fax : 01.43.63.68.11 Fondateurs : Dr Marie-Claude TESSON-MILLET et Philippe TESSON P-DG et directeur de la publication : Dr Gérard Kouchner Directeur de la rédaction : Richard Liscia Edité par la SESC, SA au capital de 43 400 € Durée 50 ans, à compter du 2 mars 1971. 21, rue Camille-Desmoulins 92789 Issy-les-Moulineaux Cedex 9. Tél. : 01.73.28.12.70. Principaux actionnaires : MEDIMEDIA HOLDING FRANCE, MEDIMEDIA FRANCE et MEDIMEDIA SUPPORT Dépôt légal à parution Tarifs d’abonnements annuels : médecins : 160 € TTC, étudiants : 96 € TTC. Imp. : Rotocolor - 77406 Lagny-sur-Marne CPPAP 0407 T 81257 - N° ISSN : 0399-2659 Reproduction interdite de tous les articles, sauf accord de la direction. Les textes publiés sont sous la responsabilité des auteurs. 7