Théories Anthropologiques

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Théories anthropologiques
Théories Anthropologiques
Avant la constitution de l'anthropologie comme science
Comment l'être humain et l'altérité sont-ils pensés avant la constitution de l'anthropologie comme
discipline scientifique (Europe – Etats Unis 19e siecle)
Antiquité grecque → moyen age chrétien et musulman → 16e siecle (Europe/France) → 18e siècle
(europe et france)
I.
L'antiquité grecque
Contexte :
Deux questions centrales
→ Comment penser la relation entre grecs et non grecs ?
→ Comment penser la cité grecque ?
Approche philosophique/ sc politiques
O. NAY : politiste : naissance de la pensée politique en -800. Notion de cité, de liberté, de
citoyenneté mais aussi famille, société => réflexion théorique : notions qui nous permettraient de
penser l'autre. On construit les outils mais on ne regarde pas réellement les autres en question
Hérodote : -500 avant JC
Observation et description de ce qu'on observe : ouvrage : Enquêtes ou Histoire.
Essaye de décrire les guerres médiques, chercher causes et conséquences. Recherches
« ethnographiques » : les Scythes : description de comment fonctionnent ces indiv qui ne sont pas
des grecs : insère une forme d'ethnographie, s'appuie sur ce que lui-même a vu. Commence à
construire une science à partir de ce qu'on a vu. Importance du témoignage & processus en mirroir
(François Hartog 1980) => Hérodote réfléchit et travaille par contrastes : regarde egyptiens donc
pense aux grecs. => Sensibilité ethnographique
II.
Le Moyen Age chrétien
IVe siècle : christianisme devient la religion officielle de l'empire romain. La religion s'étend.
Politique perd de son autonomie par rapport au religieux : se définit par rapport au religieux.
Empereur de droit divin...
=> Dans l'histoire de la pensée, se traduit par un théocentrisme : tout va passer au crible de la
religion. Religion = grille de lecture pour penser, imaginer, comprendre l'autre. A ce moment, qui
est l'autre ?
1054 : schisme : séparation des chrétiens d'orient (orthodoxie) et d'occident : deviennent Autres
les orthodoxes.
Le musulman devient une figure de l'autre. Croisades : rapport d'altérité mais le contact est
fréquent, on est sans arrêt avec cet autre : cohabitations dans la péninsule arabique. Il est souvent
appelé le Sarazin : (Sarah femme d'abraham donne naissance au groupe qui deviendra
musulman.)
On donne un nom qui intègre dans sa propre grille de lecture, la lecture biblique.
A cette époque, réfléchir et imaginer se rapporte souvent à l'imaginaire, au mythe. L'imaginaire va
permettre aux individus de se comprendre entre eux, d'analyser son rapport à l'autre.
Le Livre des Merveilles (1299) Marco Polo : mélange de descriptions, d'observations. Se
réapproprie récits bien plus anciens. Va aussi imaginer, laisser l'imagination travailler pour penser
ces populations qu'il n'a pas vu. « des fruits qui ne ressemblent pas aux autres ». hommes à têtes
de chien : Marco Polo retravaille ces mythes, adapté à son imaginaire : lui permet de penser l'autre.
A cette époque, dans bcp d'iconographies, impossible de rep un autre non chrétien comme un
individu complet, complètement comme nous : on le dessine donc différemment : élément qui
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n'appartienne pas aux caractéristiques humaines. (tête de chien). On utilise des couleurs
différentes pour les représenter
III.
Le Moyen Age Arabo-Musulman
622 : l'hégire : An 1 du calendrier musulan
expansion géo mais aussi construction intellectuel, politique, géographique.
On est dans la construction d'un empire qui va combiner une forme d'universalisme (message
religieux) mais en mm temps hétérogénéité énorme au sein de cet empire : individus de langue
diverse, de cultures diverses, habitudes, manières de faire, d'être gouverné... De ce mélange là
vont naître plusieurs formes de réfléxions sur soi et l'autre.
Ixe – Xe : géo humaine au delà de cet empire musulman : observation, description : avec regard
très islamocentriste. MAIS observation très précise de ce qui se passe => regarder au delà.
=> siècle arabe des lumières : apogée des lettres et sciences (foisonnement intellectuel),
croisement entre les savoirs. Al Andaluz : péninsule arabique ou se rencontrent les trois religions
monothéistes. Bouillonement culturel et des savoirs.
Deuxième manière d'appréhender l'extérieur : géographie des merveilles. (A. Miquel 1967 : 121) :
Manière de réfléchir les individus très lointains : processus proche du MA chrétien : on va très
largement imaginer et inventer ce que sont ces peuples lointains : description d'un voyage
(Saladin) : griffes d'animaux, .. on va inventer car on le doit pour penser l'altérité.
2e moitié du Xe siècle : empire musulman stabilisé, plus sur de lui. Réflexions : on a ce sentiment
de cohérence : on peut regarder cette diversité. Les « géographes » vont commencer à se
regarder, regarder leur société pour comprendre ce qui s'y passe.
XIIe : développement d'une pensée rationaliste arabe : Ibn Roshd ou Avéroès. Décentrement de
l'homme par rapport à Dieu. On essaye de sortir la réflexion sur l'être humain d'une pensée
purement théologique. On pense l'homme en dehors du fait qu'il est un être crée par Dieu.
XIVe : Ibn Khaldûn : père de la sociologie ? Départements au Maghreb mettent cet homme au
programme comme un père. Quelqu'un qui va prendre travaux des historiens pour les repenser en
se disant que l'histoire est très subjective : il faut réfléchir aux causes, aux conséquences : il faut
rechercher l'origine des faits. Va construire pas mal de notions, en pensant société qui l'entoure :
sociabilité, classes sociales, pouvoir. Il veut connaître le pourquoi & le comment des choses.
Décrit ce qu'il voit au lieu de prescrire ce qui doit être. Continue à mettre l'Homme au centre de la
réflexion.
IV.
Le XVIe siècle : la Renaissance.
Elargissement, géographique et intellectuel, des frontières du monde connu : monde est bien plus
large et divers qu'on le pensait.
Contexte :
1453 Prise de Constantinople par les Turcs : Les savants vont s'enfuir vers l'Italie et emportent
tous les manuscrits de l'antiquité : grecque et latine.
Années 1450 : développement de l'imprimerie par Gutenberg. Permet d'imprimer les ouvrages,
démultiplier l'accès aux textes. Plus large diffusion des savoirs
1492 Decouverte de l'Amerique par CC.
+ fin de la reconquête espagnole
1494-1519 : guerres d'Italie. Noblesse française va découvrir les manuscrits et ouvrages de
l'antiquité : rapportent vers la France. De là que peut émerger la Renaissance en France.
1517 : début de la Réforme : scission entre catholiques et protestants (Luther et Calvin) : période
des guerres de religion
Trois courants de pensée, entre tensions et synergies
2
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–
la Scolastique : méthode de compréhension de la religion : forme de questionnement
spécifique pour mieux la comprendre. (St Thomas, St Augustin.) Textes d'Aristote : on réfléchit sur
la religion entre la philosophie d'Aristote et les pères de la religion. Démarche qui consiste à
exposer un pb puis donner un contenu précis donné aux notions données & tenir compte de toutes
les thèses sur ce pb (plusieurs angles d'approche) et ensuite construire un argumentaire qui
puisse permettre de convaincre. => dialogue surtout à la faculté de théologie (la Sorbonne).
–
L'humanisme : prône le développement d'un esprit critique, un individualisme intellectuel,
réflexion personnelle. Replonger dans ouvrages des philosophes grecs / latins. MONTAIGNE : il
vaut mieux une tête bien faite qu'une tête bien pleine : il vaux mieux être capable de raisonner par
soi-même que de savoir tout sans réfléchir.
Va essayer de combiner toute sa réflexion dans les Essais.
–
La Réforme ou le protestantisme : aussi un courant de pensée. Idée qu'il ne faut pas
regarder les textes religieux comme les catho : esprit critique doit être mobilisé pour lire et
comprendre textes religieux (perspective de foi). Avoir son esprit critique sur les textes
Invention de la notion de sauvage et sauvagerie.
Ils sont retrouvés en tant qu'antithèses de la civilisation. Se popularisent dans les récits de
navigateurs, missionnaires, administrateurs (se multiplient).
=> Manière de penser l'autre qui ne peux pas sortir du cadre de celui qui les pense. On pense
l'autre à travers son propre prisme de regard. On doit penser les hommes comme des enfants
d'Adam et Eve. On leur cherche une place. Aztèques vont faire pareil : européens pensés comme
des divinités venues d'orient : les placent dans leur façon de penser.
Notion de sauvage, de sauvagerie donnent lieu à deux attitudes opposées :
–
positive : « fascination de l'étranger » (Laplantine 2001 : 33). Textes montrent une
admiration, voir un fantasme sur ce qu'on présente comme une organisation sociale parfaite,
pacifisme, amours libres, liens privilégiés avec la nature... Toutes ces choses qu'on envie au
sauvage montrent tout ce qu'on aime pas dans sa propre société. Montaigne fantasme un sauvage
formidable. On est pas dans une description de la population en question.
–
Négative : « refus de l'étranger ». Critique, peur, mépris. Description de la férocité, bétise,
absence de vêtement, trop proche de la nature... Contentement de soi.
D'autres ouvrages permettent la création d'un nouveau savoir : travaux plus descriptifs : surtout de
la part de ceux qui essayent de comprendre ces peuples (Jean de Léri)
Conséquences très pratiques : statut que l'on donne aux individus dépend de la façon dont on les
pense → traites. Domination, esclavagisme, exploitation des ressources
Controverses de Valladolid (1550-1551) entre Sepulveda et Las Casas : comment devaient se
faire les conquêtes dans le nouveau monde : quel est le statut des amérindiens, sont-ils des êtres
humains ou non : réponse donne façon dont on va faire la guerre : faire une guerre en « justice »
Sepulveda : amérindiens doivent être soumis, commandés : droit naturel des espagnols de les
dominer.
Las Casas : ont une âme : on doit les convertir pour les sauver. Mais là aussi on doit les intégrer à
notre système de pensée : on doit leur sauver la vie en qq sortes
Aujourd'hui : ces deux façons d'envisager l'autre, attitude positive retrouvée dans la mode pour
l'exotisme : bijoux « exotiques », musique « world ». Ecologisme naïf (être plus proche de la
nature : mythe du bon sauvage). Regret d'une fraternité originelle disparue... Cette attitude positive
a pris d'autres formes ?
Cette peur, angoisse et mépris
Le XVIIe :
Moins intéressant : moins de réflexions sur l'autre. MAIS édition du code noir (1685) : droits et
devoirs du maître sur ses esclaves. Pour limiter les abus.. Mais l'esclave est quand même décris
comme un meuble...
V.
Le XVIIIe siècle
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Lumières de la raison vont « éclairer les ténèbres » de l'obscurantisme religieux.
Mouvement européen : crises des sociétés : crise de la société française... => tentative de
réformer les mentalités. Bouillonement intellectuel.
Découverte du Pacifique – expéditions sont multipliées, on ramène son sauvage dans son salon...
Mouvement philosophique : il faut que les hommes fassent usage de leur raison, dvmpt du sens
critique. Démarcation de l'homme par rapport aux théologies. Il ne faut plus qu'il y ait un
déterminisme de la religion. Il faut que l'homme prenne des initiatives, qu'il s'autonomise par
rapport à Dieu.
Recherche du bonheur, de l'épanouissement : d'une part, valorisation du progrès : espoir énorme
dans le futur (grâce aux PT, homme sera plus heureux et épanoui dans le futur). D'autre part,
apologie de la nature (Hobbes, Locke, Rousseau). : réfléchissent à ce que serait l'homme serait si
il ne vivait pas en société, dans un état de nature. Questionnement théorique.
Renforcement de ce mythe du bon sauvage.
Utilisé pour critiquer la société française : pouvoir essentiellement entre les mains de l'Etat et du
clergé. Procédé littéraire : faire parler un sauvage : Les Lettres Persannes, Montesquieu ; L'Ingénu,
Voltaire. Critique du colonialisme : Supplément au voyage de Bougainville, Diderot ; Candide,
Voltaire. => Pas encore de textes, vrmt, qui décrivent la vie d'autres peuples. Ici, vrmt un procédé
littéraire.
Bilan et transition vers l'anthropologie comme science.
–
Décentrement et comparaison : Processus préfigure le travail anthropologique.
–
Evolutionnisme en germe : c'est cette idée que l'être humain évolue : passe par différentes
formes humaines plus ou moins avancées. On parle moins de sauvage mais plutôt de « primitif ».
–
Développement des sciences de la nature : on réfléchit comment penser la nature hors de
la théologie. Travaux de Linné : analyser le système de la nature dans lequel l'homme est replacé.
Homme n'est plus forcément une création divine.
–
Réflexions sur l'organisation sociale, plutôt philosophiques jusque là. Fait humain est un fait
sociétal, social. Pour comprendre l'être humain, il faut le replacer dans une société particulière.
Interférence de ces trois sphères..
–
Penser l'Homme systématiquement et scientifiquement : créer une histoire de l'humanité =>
Essentiel. On peut enfin prendre l'homme comme objet de réflexion dans une science. Pour ce
faire, on a besoin d'observations empirique, descriptif et non prescriptif.
–
Création de la société des observateurs de l'Homme : Texte de Gérondo : Considérations
sur les diverses ….
–
A cette époque, travaux vont réfléchir les êtres humains comme constitués par différentes
races, différentes familles.
L'EVOLUTIONISME
1.
2.
3.
4.
Contexte intellectuel et historique
Principes
Auteurs et domaines
Bilan
I.
Contexte intellectuel et historique
Pour élaborer des savoirs, on s'appuie sur le décentrement et la comparaison. Il y a à cette
époque un intérêt pour la question de l'organisation sociale.
Emergence d'un nouveau concept : l'homme peut être l'objet d'études scientifiques.
Fin XVIIIe : tentative d'institutionnalisation:
•
1794 : American Philosophical Society (Philadelphie). Etudie les populations amérindiennes
4
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autochtones avec un but scientifique et politique (l'intégration dans l'Etat).
•
Emergence d'une anthropologie d'urgence : les populations qui disparaissent doivent être
rapidement étudiées. (Fin texte Morgan + de Gérando)
On se concentre sur l'étude des populations « sauvages »
Recentrage sur certains groupes : les études ont toujours pour objet les populations lointaines.
Création des sociétés ethnologiques : 1842 Paris ; 1842 New-York ; 1843 Londres. Cela donne
une réelle autonomie intellectuelle à la discipline ethnologique. Ces sociétés se transforment en
sociétés d'anthropologie : 1859 Paris ; 1863 Londres ; 1871 Washington. Là, on se concentre sur
l'étude de l'homme en général.
C'est aussi le début des collections d'objets dits ethnographiques. Des missions précises sont
prévues pour établir ce qu'on appelle cette « culture matérielle ».
Lewis Morgan va passer du temps, prendre des notes, faire des descriptions et apprendre les
langues... L'institutionnalisation nourrit la profession de l'anthropologue.
La façon dont on va penser l'homme devient un objet d'étude. L'homme est un objet social, acteur
ou agent d'une Histoire, le fruit d'une éducation : on peut l'étudier comme n'importe quel autre
objet scientifique.
Une science de l'homme en général doit se constituer et non plus se focaliser uniquement sur des
petits groupes. L'anthropologie est une science de la synthèse, justement.
On pense l'être humain comme un agent de transformations sur le monde qui l'entoure. On sort de
plus en plus du déterminisme religieux (seul Dieu décide du destin de l'homme) pour se dire que
l'homme peut être acteur. Deux éléments favorisent cette évolution :
–
La révolution française lance des remises en question : le peuple pourrait décider..
–
La révolution industrielle montre que l'initiative individuelle est fructifiante. Phénomène
d'éxode rural. En ville, on a une individualisation, les rôles changent. Révolution montre la
possibilité valorisante du développement de l'humanité via le progrès : cette notion est au coeur
des théories révolutionistes en anthropologie.
On cherche à placer l'homme dans une histoire, ou du moins le replacer. C'est le but des
anthropologues évolutionistes : faire une Histoire de l'humanité.
Des fossiles de ce qu'on nomme ajd des néanderthals sont découverts en 1856. Cela montre que
l'homme est sur terre depuis au moins 48 000 ans alors que la Bible postule que cela fait
seulement 5 000 ans. L'histoire de l'humanité est donc bien plus longue et on détache la réflexion
sur l'homme d'une réflexion religieuse. Cependant à cette époque les découvertes commencent à
peine, l'on a très peu d'informations sur les modes de vie
Darwinisme biologique & l'évolutionisme
/!\
Darwin n'était pas un anthropologue, c'est même fort peu probable que les auteurs
évolutionistes s'inspirent directement de Darwin : les idées de progrès, d'évolution circulaient déjà
à l'époque. On peut cependant trouver des parallèles entre sa démarche intellectuelle et les
réflexions des évolutionistes en anthropologie.
Darwin, de 1831 à 1836 participe à une expédition en Amérique Latine où il étudie la faune et la
flore. Il se rend compte qu'une même espèce animale subit des différences selon les lieux où il
habite. Il montre l'importance des conditions naturelles dans les traits caractéristiques d'un animal.
Les espèces animales ne sont pas fixées indéfiniement ce qui pose PB par rapport au
créationnisme. Les espèces changent et semblent aller vers une plus grande compléxité, voir une
amélioration : cela concerne toute la nature. Darwin s'inspire des travaux de Malthus.
Dans la sélection naturelle, seul un petit nombre survit, ceux qui s'adaptent mieux. Cela s'étend à
toute l'espèce.
1859 : The Origin of Species by means on natural selection.
4 charactéristiques :
–
changement trans-générationnel
–
compléxification
–
amélioration
5
Théories anthropologiques
–
caractère inéluctable
II.
Principes
« Évolutionnisme » :
→ sens large : perspective théorique (paradigme) qui imprègne les milieux savants du XIXe siècle
→ sens restreint : la théorie anthropologique
Cette théorie a pour projet une explication globale de l'être humain en société (par l'histoire
notamment). On a à cette époque un nombre de connaissances, d'informations énormes mais
vraiment éparses, suite aux voyages nombreux des explorateurs, administrateurs qui rapportent
des écrits descriptifs. Ces données illustrent la diversité de l'humanité.
Deux postulats centraux :
–
l'unité de l'esprit humain : tous les hommes viennent d'une même source. Il n'y a pas de
différence de nature. C'est le principe de la monogénèse : une position courageuse, en débat avec
la polygénèse, qui oppose radicalement les différentes populations humaines. On se demande
pourquoi ces populations sont si diverses malgré leur nature commune : l'explication se trouve
dans le fait que chaque société est à un « degré de développement » différent.
–
Le développement se fait par stades : les différences viennent du fait que certains groupes
sont en retard.
=> L. Morgan : « L'histoire de l'humanité est une, quant à la sources ; une quant à l'expérience ;
une quant au progrès ».
On va vouloir comprendre, observer les différences entre les groupes. On pourra alors reconstruire
l'histoire de ses ancêtres (→ texte de Gérando).
Selon le postulat du progrès humain, on a un schéma du développement de l'humanité, avec
différents stades l'évolution :
1.
Sauvagerie
2.
Barbarie
MATURATION : enfance → age adulte
3.
Civilisation
Le Rameau d'Or, Frazer : « longue marche, lente et pénible ascension ».
Buts de cette théorie :
–
Comprendre l'évolution des institutions sociales (= forme d'organisation sociale qui a ses
normes, rôles et règles), et les étapes de la parenté. Institutions vont du plus simple au plus
compliqué.
–
Rechercher les raisons du décalage d'une société à l'autre, qui s'appuie sur un travail de
comparaison. Cela est possible car on est dans une perspective universaliste : les hommes sont
de même nature car ils ont une origine commune. On envoi donc des directives d'observation des
sociétés.
III.
Acteurs principaux, domaines.
1.
Lewis H. Morgan : 1818 – 1881. USA.
Il commence les études de terrain avec les Iroquois, qui donne lieu à la monographie de 1851.
Il pose le cadre chronologique de l'évolution de l'être humain, par un schéma. Il découpe stades
en analysant des travaux archéologiques : les étapes se forment selon la culture matérielle et les
moyens de subsistance, le développement des techniques.
1. sauvagerie : chasse, cueillète, pêche
→ invention poterie
2. barbarie : agriculture et élevage
→ invention écriture
3. civilisation : commerce et industrie (en plus)
6
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Il veut montrer les liens qui existent entre les différents domaines de la vie en société :
–
système social
–
système politique
Lié à la propriété, au langage, au droit...
–
système de parenté
On peut là aussi réfléchir à une organisation par stades :
Social/Parenté
1.
« promiscuïté primitive » : relations sexuelles libres entre tous
2.
mariage de groupes : groupes hommes et femmes s'épousent en tant que groupes entiers
3.
monogamie
Socio-politique
1.
horde
2.
tribu
3.
société
=> les différents éléments constitutifs d'une société sont mis en relation pour constituer cette
chronologie/hierarchie.
Morgan est un père dans l'étude de la parenté : c'est tout ce qui concerne la façon dont on nomme
ou classe son entourage. Il synthétise deux sortes de relations généalogiques
→ systèmes classificatoires : plusieurs individus qu'on met dans la même classe
→ système descriptif : nom selon la relation qui lie à ego.
Morgan observe cpdt des discordances dans les trois stades
Clans + classificatoire + monogamie – certains éléments sont considérés comme des
« survivances » d'états passés, la société est en cours d'évolution.
Bibliographie :
1851 : La Ligue des Iroquois
1871 : Systems of Consanguinity and Affinity of the Human Family
2.
Edward B. Tylor : 1832 – 1917. Royaume Uni.
Il est contemporain de Morgan et partage sa vision des trois stades.
Ils s'opposent sur le rôle du progrès technique : Morgan pense que l'évolution du PT entraine
l'évolution culturelle, alors que Tylor pense l'inverse.
Il voit aussi que l'explication évolutionniste n'est pas la seule, tend aussi vers diffusionisme. En
1850, il part en voyage sans projet réel, préconçu, aux Etats Unis et en Amérique Centrale. Il
constate l'existence d'éléments anachroniques dans une société, avec des techniques
« antérieures » à d'autres.
Tylor travaille beaucoup sur la notion de culture. Lui dit qu'elle est « un tout complèxe » englobant
l'art, la morale, le droit, les coutumes... (Primitive Culture, 1871). Travaille aussi le religieux ou les
systèmes de croyances : essaye d'élaborer une histoire naturelle de la religion : quelle est sa
définition minimale, le plus petit dénominateur commun... Pense le concept d'animisme : « belief in
spiritual beings », ou la présence de caractères surnaturels dans les végétaux, les animaux, les
hommes. (voir texte de Jean de Léri)
conçoit trois stades religieux
→ animisme
→ polythéïsme
→ monothéïsme.
Bibliographie :
1871 : La civilisation primitive (primitive culture)
1881 : Anthropology. An introduction to the Study of Man and Civilization
IV.
Bilan
7
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1.
Apports
C'est la constitution de l'anthropologie comme science, la fondation de la discipline.
Certains domaines sont définis, comme la parenté, le religieux, le droit... Un vocabulaire technique
se met en place (ex animisme). On assiste à la construction d'un paradigme (modèle
d'organisation des savoirs). Aussi, première fois qu'on pense l'unité de l'homme (monogénèse).
Valeur heuristique : fait avancer la réflexion. On pense les relations entre les domaines du
social et on explique le social par le social, etc...
Organisation des connaissances : permet de construire un cadre – systématicité de la
réflexion, stimule travail de réflexion. Certains points précis, notions, concepts nourissent la
science (animisme, totémisme...)

stimule les travaux des anthropologues rien que pour remettre en cause les théories
évolutionnistes.
2.
Limites et critiques
- fixité et unilinéarité : chaque société doit passer par les mêmes étapes : c'est trop simplificateur
et ce n'explique rien.
- le progrès humain est décalqué sur le progrès technique : absurde. Pour le PT, on peut se baser
sur l'efficacité d'une technique, d'un outil – critère objectif pour juger du progrès.
- le schéma théorique est établi a priori, et plaqué sur une société
- historicisme : l'histoire a une force explicative beaucoup trop forte.
- critères arbitraires et jugements de valeur : il n'y a pas de critère objectif qui donne de la valeur
aux différentes formes de religion par exemple. La hierarchisation est basée sur un jugement de
valeur => forte dimension idéologique.
LE DIFFUSIONNISME, FRANZ BOAS
Bibliographie
Boas F., Race, Language and Culture, New-York, 1940
Anthropology and modern life, 1928
Kwakiutl Ethnography, 1966
Critique de l'évolutionnisme assez forte. Tous les courants se construisent, se constituent en
critiques et oppositions aux courants précédents.
Double filiation. Ethnologues mènent réflexions critiques contre l'évolutionnisme, dont :
Edward Tylor : critique l'évolutionnisme : finalement, contrairement à ce qu'ils pensaient, les
sociétés ne se développent pas de façon unilinéaire, avec la notion de progrès. Critique le
déterminisme du courant évolutionniste pour avancer une nouvelle idée : les sociétés se
développent avec des mouvements parallèles : évolution parallèle et les sociétés peuvent évoluer
différemment.
+ Les sociétés échangent entre elles – traits culturels glissent d'une société sur une autre => base
du courant => notion de DIFFUSION. Diffusion d'un trait d'une société à une autre.
Tylor : utilise le concept d'EMPRUNT : concept fondateur.
Emprunts au courant de l'école austro-allemande → seconde branche qui donne naissance au
diffusionisme. Fait aussi beaucoup de terrain, beaucoup d'observations. Surtout en Afrique
subsaharienne. Vont collecter beaucoup de données et surtout beaucoup d'objets. PB pratique :
que faire des objets ? On va les muséographier, donc on devra les indéxer, les référencer avec les
techniques de fabrication. Répertoriés, classés. Se rendent compte d'une chose auparavant
négligé : objets se ressemblent vraiment, dessin, techniques de fabrication, utilité. Se fait
indépendamment des lieux/cultures dans lesquels on a trouvé les objets
2 remarques sont émises : les évolutionnistes n'ont pas perçu ces caractères similaires entre deux
8
Théories anthropologiques
cultures. Ils ont minoré le fait qu'il pouvait y avoir des échanges entre les cultures.
+ accord avec Tylor sur la notion d'emprunt.
Ethnologues allemands vont commencer à créer ce courant. Il faudra lui donner des.
caractéristiques :
1. toujours ajd dans notre démarche de terrain : il existe des aires géographiques et des aires
culturelles. Ex : région sub arctique : sous cercle polaire : c'est une aire géographique. Si je
travaille sur la culture (civilisation) du phoque, de l'arc... → aires culturelles : sociétés partagent
des mêmes pratiques et mêmes sens.
2. Lien dynamique entre aire géographique et aire culturelle : notion d'échange, de diffusion,
d'emprunt.
3. Comment peut-on connaître ces emprunts ? Uniquement par la connaissance de l'histoire
culturelle d'une société : on connait le déroulement : comment les emprunts ont été faits dans
l'histoire.
4. Il faut essayer de retracer cette histoire culturelle : deux remarques : Toutes les sociétés ont
une capacité d'emprunt, qu'elles soient anciennes ou modernes. Ex alimentaire (tomate,
pomme de terre : emprunté aux populations d'amérique latine) ou technique. « algèbre,
alchimie » : racine perse. Religieux, vestimentaires... + recherche de foyers de diffusion :
sociétés qui vont rayonner. Terme de « kulturkreise » = cercle/centre culturel : traits culturels
rayonnent à partir d'un foyer – notion connaît un grand succès
Auteurs :
Léo Froebenius (1873-1938) ethnologue allemand qui étudie l'afrique subsaharienne. Un des
premiers à montrer aux ethnologues l'importance de faire du terrain pour comprendre une société
+ invente le terme de kulturkreise. Finalement, dit qu'il y a au monde peu de centres culturels : la
plupart des sociétés empruntent à quelques centres culturels. Ex terrain au Nigeria, étude des
Yoruba : était un grand royaume avec une cinquantaine de villes. Particulièrement riche, a produit
de l'or & a produit des statues remarquables, qui font partie de l'art sacré. Remarque qu'il y a des
traits similaires avec la statuaire grecque. Va penser que la Grèce est sans doute un des centres
culturels qui va le plus rayonner sur le reste du monde. Ajd : pensé comme une thèse scientiste,
fantaisiste, totalement anti-scientifique : archéologues le prouvent.
On est encore dans une absence de décentrement : le centre du monde reste l'Europe : tombe
dans les mêmes pièges que l'évolutionnisme : le déterminisme & le fait que l'école allemande
fonctionne sur des postulats (affirmation non démontrée).
–
on pense qu'il y a une rareté du processus d'invention dans les sociétés qui sous tend que
l'homme est naturellement et culturellement peu créatif
–
la diffusion des traits culturels ne dépend pas de la distance géographique
Fritz Graebner (1877 – 1934) travaille sur les processus de diffusion et contact : ne remet pas en
cause les théories de Froebenius : totalement d'accord pour dire que les sociétés sont peu
créatives, slmt qq unes sont capables de créer. MAIS remarque qq chose de nouveau : quand une
société adopte un trait culturel d'une autre société, elle a tendance a le transformer... Les sociétés
sont capables d'innovation.
=> Cette pensée se répand à la fin du XIXe siècle et connaît un écho en Angleterre. Les Anglais ne
vont pas y adhérer directement : c'est un courant en recherche, s'autocritique, reforme des
concepts.
On y trouve alors Edward B. Tylor : critique de l'évolutionnisme : va vers le diffusionnisme (18321917). Va avoir pour terrain le continent américain, sur la « méso-amérique » : Mexique,
Guatemala, Honduras... Va être fasciné par la richesse des anciennes civilisations mexicaines et
leur héritage archéologique. Lui va s'intéresser (un des premiers) au domaine immatériel : celui
des connaissances : ex mythologie. Va essayer de comprendre des emprunts et échanges entre
les différentes sociétés méxicaines au niveau des connaissances. Ex empire aztec : viennent du
nord et non du méxique. Peut être des indiens de l'Ouest, chassés, arrivent sur ce haut plateau
mexicain. Pas les autochtones du méxique : arrivent en étrangers, déjà peuplés par les maya.
9
Théories anthropologiques
Avaient religions, manifestations culturales... Pour se faire accepter, ils ont accepté le panthéon de
divinités des peuples déjà existants pour les fusionner avec leur propre panthéon.
→ Il vaut mieux comprendre l'ensemble des sociétés pour en retracer la culture. C'est un des
premiers à la définir. « La culture inclut la connaissance, l'art, la morale, le droit, et toutes les
autres facultés ou pratiques acquises par l'homme en société »
Excès théoriques de Elliot Smith : tombe dans le racisme. Reprend la notion de kulturkreise :
vision réductionniste : il y a UNE culture, égyptienne, qui est la race maitresse, qui a tout inventé.
Ex pyramides en mésoamérique. Théorie de l'hyper diffusionisme : on commence à classer les
sociétés en inférieures et supérieures par rapport à leur influence plus ou moins importante.
En France, le courant diffusioniste est très peu marqué : on a d'autres préoccupations, autres
courants. Quelqu'un de très intéréssé par le diffusionisme : G. Montandon : excellent observateur !
Mais lui connaitra aussi des excès théoriques : tombe vers des considérations idéologiques : mixe
théorie et raciologie (sociétés inférieures et supérieures).
Le diffusionnisme trouve un écho sur le continent américain : on peut y observer beaucoup
d'autochtones. Clark Wissler (1870-1947) : systématise la théorie diffusionniste aux USA et va
inventer entre autres deux concepts :
- aire chronologique : le recouvrement entre l'espace et le temps : « un fait limité dans le
temps et l'espace doit être considéré comme récent » (qui n'a pas eu le temps de se répandre) +
inverse : un fait très diffusé dans le temps et l'espace est considéré comme ancien. Très vite, les
diffusionnistes américains vont abandonner ce terme, qui n'est pas valide d'un point de vue
méthodologique. Wissler travaille sur des faits assez ponctuels. En termes d'observations, en a
très peu – reproche méthodologique : on ne peut pas tirer un fait général d'un fait singulier (trop
peu d'observations). Il est aussi beaucoup trop déterministe : ne voit pas qu'il peut exister des
phénomènes de « survivance » : on l'utilise mais on ne sait pas exactement quel en est la
symbolique/le sens. On évacue aussi les faits endémiques, qui sont propres à chaque société. Ex
langue basque. On peut avoir la naissance d'un nouveau fait à partir du 'mélange' de deux
éléments : ajd, le « métissage ». A ce moment, syncrétisme.
- Courant culturaliste : phénomène pattern (= profil culturel ou patron textile). Définition par
Wissler comme « la ou les formes caractéristique(s) prise(s) par les éléments constitutifs d'une
culture permettant de la reconnaître pour originale par rapport aux autres sociétés »
Alfred L. Kroeber (1876-1960) : travail sur indiens du grand ouest et de la Californie. Connu du
public européen et du grand public européen en partie : très lié avec un indien, Ishi : Dernier
représentant de sa tribu (les Yahi) massacrée par les blancs. A écrit bcp d'ouvrages, dont un
monument, Anthropology. Sorti en 1948 : ouvrage de référence de tous les anthropologues
américains. Reprend la notion d'emprunt qu'avait donné Tylor et dit quelque chose qui va a
l'encontre de ce qu'on pensait à l'époque : emprunt n'est pas forcément le résultat d'un besoin,
d'une nécessité. Phénomènes de résistance : souvent des phénomènes majeurs : spirituelle, ex
contemporain : résistance spirituelle des japonais au don d'organe : le mort est digne car intègre,
entier.
Franz Boas (1858 – 1948). Au niveau international, n'est pas un diffusionniste à proprement
parler mais va travailler à leur suite en utilisant un certain nombre de leurs concepts. Donnera les
fondements de l'anthropologie contemporaine sur laquelle nous sommes aujourd'hui.
Origine allemande. Formé aux mathématiques, à la physique et à la géographie. Va avoir une
mission en 1887, sur la Terre de Baffin. Il y étudie le climat et son influence sur les sociétés qui
vivent en terre de Baffin : ce sont les Inuit (appelés les Eskimo à son époque). Aujourd'hui les Inuit,
réclamé par ces populations (inuit veut dire « nous les hommes »). Le climat modifie l'organisation
des sociétés. Mais c'est vraiment les sociétés qui l'intéressent : fait de l'anthropologie. Considère
que ce qui est intéressant est l'étude de leur production historique. Les sociétés produisent leur
propre histoire, il faut les étudier.
« Chaque société représente d'une part un développement historique original qui s'est effectué en
fonction d'un milieu social et géographique et d'autre part en fonction de la manière dont la société
10
Théories anthropologiques
a utilisé le matériel culturel qui lui est venu soit de l'extérieur (emprunt), soit de sa propre faculté de
création ».
Affirme aussi que le terrain est fondamental pour un ethnologue :
Boas voudra désenclaver l'université. Veut casser l'idée que l'anthropologue reste derrière son
bureau. Concept de « field work » : travail de terrain. Il amène ses élèves sur le terrain. Il faut une
observation longue et il faut s'acclimater aux sociétés qui nous accueillent : essayer de parler la
langue, comprendre les pratiques, la gestuelle.. L'analyse des sociétés permet de construire des
théories : première fois qu'on parle de la méthode inductive en anthropologie
Terrain = matière première + observation → analyse → théories (mises en veilles sur d'autres
terrains). PAS déductif : il faut éprouver la validité des théories sur le terrain.
=> Boas amène beaucoup de réflexions théoriques : critique définitive de l'évolutionnisme. Il
n'existe pas de loi générale de développement des sociétés & il n'existe pas de modèle de
développement, seulement des processus singuliers. Chaque culture est un tout : se traduit par la
mythologie, langue, pratiques, rites – chaque culture est singulière, particulière. « Il y a des forces
internes dans l'action dans les sociétés qui sont amenées à remodeler les pattern culturels »
Réinterprétation. Fait que Boas, contrairement au courant évolutionniste, va intégrer le relativisme
culturel. Adopte le terme culture, considéré comme le père de l'anthropologie culturelle. Lui est le
fondateur de la démarche ethnologique avec la méthode inductive, qui ne peut se passer du
terrain!
Conclusion :
Ce courant est avant tout une critique fondamentale de l'évolutionnisme. On comprend que les
sociétés ne suivent pas la même ligne d'évolution. Toutes les sociétés partagent la notion
d'emprunt, emprunt culturel. Ethnologues vont rechercher les modalités de diffusion de ces
emprunts. Ce sont les prémices, origines du terme d'acculturation. Mais ce courant a été l'objet
d'excès théoriques, de postulats idéologiques qui ont contribué à le discréditer.
C'est principalement grâce à, avec, et par Franz Boas qu'on va définitivement rendre caduc l'idée
des modèles comparatifs de société. Il ne peut donc pas y avoir de société supérieure ou
inférieure.
Ruth Benedict, élève de Franz Boas – elle traduit le fait qu'avant Boas l'ethnologie n'existait pas
vrmt : « Lorsqu'il fit son entrée en anthropologie, celle-ci était un agrégat de conjectures
hasardeuses, un joyeux terrain de chasse pour l'amateur romanesque des choses primitives;
Quand il en sortit, c'était une discipline ».
LE FONCTIONNALISME; BRONISLAW MALINOWSKI
Nait à la veille de WW1, années 20 et après.
Critique l'évolutionnisme et la construction des sociétés d'un point de vu évolutionniste.

Évolutionnisme reconstruit l'histoire des sociétés

Critique de la recherche historique des foyers de diffusion.
=> critique de l'histoire : car c'est un des premiers courants qui ne va pas du tout s'attacher à
l'histoire. Pour comprendre une société, il faut le faire de l'intérieur.
Cette école de pensée va avoir deux concepts, notions fondamentaux :
→ La fonction
→ La relation
Penseurs partent d'une association d'idées, d'une analogie, avec un organisme vivant, biologique.
Dans toute organisme biologique, il y a des fonctions. Elles ont des correspondances les unes
avec les autres & ces correspondances sont des relations. Par analogie la société fonctionne de la
même manière : toute société a des fonctions qui entrent en relation les unes avec les autres –
relation => forme un tout signifiant : pour le connaître il faut connaître les fonctions et les relations
Y appartiennent des ethnologues européens. Il y a une école anglaise, très forte, encore
importante aujourd'hui.
11
Théories anthropologiques
–
–
Bronislaw Malinowski
(Radcliffe Brown)
Malinowski est le père fondateur du fonctionnalisme. Polonais, nait en 1984. Mort en 1942 aux
Etats Unis. Nait dans une famille assez intellectuelle. Aime beaucoup l'observation, l'analyse : fait
de la physique, de la mathématiques, obtient un doctorat de maths. Quitte la Pologne pour aller
dans d'autres pays européens. Prend la nationalité austro-allemande. Va en Angleterre en 1910. A
Londres a l'occasion de lire un ouvrage : le fait changer de route pro. Se dirige vers l'anthropologie.
Ecrit par Sir James Frazer : The Golden Bough (Le Rameau d'Or)
Maître à penser mais que Malinowski va par ailleurs assez violemment critiquer.
Frazer est un ethnologue dandy : il est aisé financièrement, ouvert d'esprit, a beaucoup d'amis &
fasciné par l'Orient. L'Orient c'est surtout l'Egypte : se passionne pour la notion d'exotisme oriental
avec l'archéologie. Cherchera l'exotisme au delà du continent européen : s'intéresse à l'Oceanie
(Polynésie, Micronésie, Mélanésie), très peu d'ethnologues avant lui le feront. – Frazer s'intéresse
à la Mélanésie.
Malinowski va aussi s'y intéresser. Fait qq voyages & fait sa thèse de doctorat sur la famille
aborigène australienne. Pense que ce terrain est très précieux pour l'observation anthropologique.
Décide d'aller dans un petit archipel, Trobriand, en 1914. Par intérêt & contrainte : veut poursuivre
l'étude de Frazer en allant bien sur plus loin + contrainte : Début ww1, on est du côté des alliés en
Australie : Malinowski va être suspecté d'espionnage (origines polonaises). On lui propose soit la
prison soit l'exil : il choisit l'exil dans l'archipel Trobriand. Y va par bâteau, tous seront
réquisitionnés & ne pourra plus revenir en Australie. Y reste pendant plus d'un an. Essentiel pour
ces travaux → il faut rester longtemps sur le terrain : on arrive a connaître la société de l'intérieur.
Petit atoll coralien où l'on trouve une population mélanésienne
Trobriandais : population sédentaire, vit dans villages. Pécheurs, agriculteurs & surtout orticulteurs
(souvent dans cette région du monde). Société assez pacifique et matrilinéaire : transmission &
filiation par les femmes. Deux institutions marquent Malinowski : arrivera a comprendre notion de
fonction de l'Urigubu, le don d'igname, ou la Kula
Malinowski amène un certain nombre de réflexions :
- Il faut toujours apprendre la langue de la société qui accueille. Passe par une langue
« véhiculaire » : qu'on parle dans bcp d'îles & archipels : pidgin : mélange de langues. Mots malais,
philipins, anglais... Langue d'échange (marchandises) entre commerçants & navigateurs : relie ces
archipels qui ont des dialectes régionaux mais ne permet pas de conceptualiser. → durée est
essentielle pour le travail de l'anthropologue.
- Critique de Frazer : sa méthode « encyclopédique » est populaire au XIXe mais
abandonnée au XXe : faire le maximum de compilations sur un objet d'étude ou sur un élément,
sur une aire géographique extensible. Il travaillait sur la mythologie : celle du roi prêtre. Statuaire
particulière. Mutilations de statues pas forcément le hasard. Doit parcourir le plus d'îles possibles
pour trouver le maximum de statuaires : analyse des correspondances et différences.
MAIS ne va rencontrer que l'élite des groupes. Ne restera pas sur le terrain.
Pourquoi : « Moi ? Rester sur le terrain ? Dieu m'en préserve. »
Malinowski va critiquer deux traits :
12
Théories anthropologiques
1.
On ne peut pas comprendre le sens d'un élément si on ne s'attache qu'au détail.
2.
En pratiquant cette géographie extensive, cette méthode encyclopédique : on est incapable
de comprendre le contexte de l'objet d'étude : fonction qu'il a dans une société & relations qu'il a
avec les autres fonctions.
Va permettre à Malinowski de commencer à construire le courant fonctionnaliste & points
importants pour construire cette démarche contemporaine en anthropologie :
- il faut rompre avec l'idée de collection : il faut collecter avec slmt les éléments pertinents.
Hérité des cabinets de curiosité du XVIe jusqu'à la fin du XVIIIe. Rompre avec « l'ethnologie
d'antiquaire ».
- Difficultés de Malinowski face au terrain : lourd à supporter : voir Journal d'un ethnographe.
Ethnologue doit aussi rompre avec l'idée de l'exotisme : on ne doit pas s'attacher à étudier dans
les sociétés « le fait extraordinaire » - ethnologie est l'étude du fait ordinaire – fait comprendre la
singularité d'une société, une société vue de l'intérieur.
→ Les Argonautes du Pacifique Occidental, 1922 : critique Boas & Frazer.
Récuse la démarche de Boas : « dans un seul objet, qui peut être d'ordre matériel ou immatériel,
même si cet objet est d'apparence simple, toute la société s'y profile »
L'objet simple peut montrer une série de fonctions dans la société trobriandaise
« tout le système social se tient » => développe une vision organiciste de la société ou chaque
élément a une fonction comparable à un organe du corps, où chaque fonction répond à un besoin,
et où chaque élément culturel n'a de raison d'être que par rapport aux autres éléments : les
relations et interrelations. Cherche cela dans tout ce qu'il étudie
Kula : un échange inter tribal particulier qui a un sens profond : « un circuit d'échange inter tribal
au cours duquel circulent des objets cérémoniels sans valeur vénale et dépourvus d'utilité ».
Souvent des colliers de coquillages rouge & bracelets blancs. « expriment le lien qui uni chaque île
dans un ensemble culturel, partageant les mêmes relations et les mêmes symboliques ».
îles : plusieurs familles de tribus différentes. Colliers rouges circulent dans le sens des aiguilles
d'une montre. Bracelets ou ensemble de bracelets prennent le cheminement inverse : sens inverse
des aiguilles d'une montre. Ces trophées ne peuvent circuler que dans des pirogues & seuls les
hommes peuvent s'échanger ces biens. (=> règles précises)
Matrilinéaire : femmes ont pouvoir domestique, économique. masculin : religieux et politique
Patrilinéaire : pouvoir religieux, économique, politique
Temps qu'il fallait pour que chaque île voit circuler sur elle ces biens : 1-10 ans. Très long. Ce
temps est codifié. Réseau d'informations nécessairement important.
Sens : n'est en rien une richesse. Très peu de valeur esthétique. Existe toujours. Communautés
démographiquement restreintes : aucun groupe ne peut prétendre être plus important qu'un autre :
on déséquilibrerait l'ensemble de la culture ou société. On essaye toujours de tendre vers
l'équilibre et la régularité.
Sens :
1.
sentiment d'appartenance : on doit développer cela qui fait qu'on se reconnaît comme frère
de l'autre. Principe d'agrégation : tout le monde est agrégé : on appartient à une même
communauté parce qu'on partage les mêmes valeurs : des systèmes d'entre aide peuvent se
développer puisqu'on reconnaît l'autre comme ID à soi. On peut être exclu : quand on partage les
mêmes valeurs, ce sont surtout des valeurs idéologiques, fondées sur le mythe, culte & respect
des ancêtres. Chef de tribu qui aurait par hazard manqué de respect aux mythes, divinités : exclu
de ce grand groupe.
Dans ces toutes petites société : la survie du groupe ne tient que dans cette unité, cet équilibre.
Quelqu'un conteste les valeurs : met en danger le groupe. Exclusion du groupe : mort sociale.
2.
But de la Kula : nouer des alliances, puisqu'on appartient au même groupe. Vraiment
présent : nouer alliances matrimoniales, pour la guerre, économiques, religieuses.
3.
Malinowski découvre aussi le système de réciprocité : il vise à dire que si une île donne un
collier à une autre île, il va attendre en temps différé un autre bracelet. De même pour les colliers.
On va les garder près de soi jusqu'au moment où le groupe sait que c'est le moment d'échanger.
13
Théories anthropologiques
=> Comment peut-on expliquer cette réciprocité ? Pour Malinowski, tout objet échangé appelle en
retour une contrepartie.
Finalement, il existe des kula presque partout, dans toutes les petites sociétés : Mauss appel ce
système d'échange le système du don et du contre-don.
Objectifs pour le nouvel anthropologue :
1.
ne pas conjecturer sur le passé des sociétés sans écriture : Malinowski déteste les
reconstitutions historiques. Il ne s'intéresse pas au POURQUOI des sociétés. Il s'intéresse au
comment, comment fonctionnent-elles?
2.
Exige un temps certain pour étudier les sociétés : minimum un an. Il faut aussi
obligatoirement apprendre la langue sinon c'est impossible de comprendre ces sociétés.
Pour lui l'informateur va vouloir faire plaisir à l'ethnologue + sera géné pour expliquer une pratique
discrète. + il ne faut jamais rétribuer l'informateur/l'information : il n'a jamais payé une information
mais il a participé à un échange de données : est rentré dans un système de réciprocité. Avait bcp
de médicaments d'opiacés : obtenu grace à l'échange de barres de sel : accepte système
d'échanges : pas trop différent d'un trobriand. Obtient donc des informations de bien meilleure
qualité.
3.
=> Pratique de l'observation participante. On doit participer aux activités qu'on étudie, se
plonger dans la réalité de l'autre.
=> Une fonction dans une société ne peut exister que parce qu'elle répond à un besoin.
Catégories :
1.
besoins élémentaires, primaires : survie de la société. Manger, se protéger, se reproduire.
Quand ceux-ci sont satisfaits, la société peut accéder à un autre niveau de besoin qui assure la
cohésion du groupe :
2.
transmission de connaissances, enseignement de codes, règles, lois.
3.
Spiritualité : domaine de l'art, du sacré, de la religion : toute société a besoin de
transcendance ou de sublimation.
→ développé dans Les Jardins de Corail, 1930.
Suite à cette étude du fait ordinaire, à l'observation participante : forme la méthode propre à
l'anthropologie : la méthode inductive → le terrain est vraiment la matière première : on va mettre
en veille notre connaissance historique. On tire nos connaissances de cette matière première →
analyse → connaissances théoriques.
Conclusion critique :
Chaque auteur va avoir un éclairage particulier : le concept clé donne le titre du courant.
Ici, c'est « fonction » : provient du XVIIIe, de la physique. Réutilisé en médecine, biologie,
phisiologie (Claude Bernard). Repris en anthropologie suite à cette analogie entre fonctions
organiques et fonctions sociales.
« Les anthropologues sont également redevables du courant fonctionnaliste et en particulier à
Malinowski de la règle qui dit que les éléments d'une culture, qu'ils soient objets ou institutions, ne
peuvent être étudiés isolement. Ils ne peuvent être compris eux-mêmes qu'en se référant à la
totalité, c'est à dire le contexte. Comprendre une fonction et son rapport avec les autres fonctions
permet de comprendre une société de l'intérieur. Nous lui sommes également redevables de la
notion d'observation participante et de méthodes inductives » (vision moins ethnocentriste) « et
nous lui sommes également redevables d'avoir compris que l'homme crée la société et qu'en
retour la société fait de l'individu un être social »
Critiques plus négatives
1. Malinowski a tendance à généraliser son terrain à l'ensemble des terrains ethnologiques et nous
savons qu'un fait singulier n'est pas un fait général
2. Rejet de la dimension historique
3. Va sous estimer l'importance des contacts culturels : lui parle toujours d'échanges intra sociétés
14
Théories anthropologiques
et non d'échanges inter société
4. Vision déterministe : toutes les sociétés ont des fonctions qui répondent à des fonctions : mais
la notion d'imprévu n'existe pas chez Malinowski (critique de Mauss)
Clifford Geertz « Malinowski n'a pas fondé l'anthropologie contemporaine comme beaucoup le
pensent, (…) néanmoins il en est l'un des contributeurs les plus remarquables
L'ECOLE DE SOCIOLOGIE FRANCAISE; MARCEL MAUSS
Courant français qui apparaît au début du XXe dans les années 1920. En parallèle avec
fonctionnalisme et diffusionisme.
Anthropologues se font une place grâce à ce courant. Durkheim est un des fondateurs
Sociologues nourissent réflexions des théoriciens ethnologues.
Durkheim travail sur sociétés technologisées & il s'intéresse à l'ethnologie. Pense les sociétés
occidentales par les sociétés « primitives ». Pensées comme des laboratoires pour comprendre les
sociétés occidentales. Il nous dit :
« Il est intéressant d'étudier les sociétés primitives car on peut les concevoir comme un laboratoire
des faits sociaux susceptibles de remplacer l'expérimentation impossible en sociologie humaine. »
=> Les sociétés occidentales dans leur complexité dérivent de formes plus simples, représentées
par les sociétés « primitives » : relativement proche de la pensée évolutionniste mais en même
temps place toutes les société dans l'humanité qu'elles soient primaires ou complexes.
Durkeim va dire qu'il faudra comprendre les sociétés par l'intérieur, un des premiers à penser qu'il
ne faut surtout pas rester au niveau de l'apparence, de l'observation : il faut aller vers la
compréhension interne des sociétés.
Cette idéé va profondément intéresser M. Mauss, 1872-1950.
Neveu de Durkheim. Fondateur de l'anthropologie française contemporaine. Dès 1901, mène la
chair d'histoire des religions sur les peuples « non civilisés ». L'amène a travailler sur la notion de
magie, la pensée magique. Travaille avec hommes de terrain, Maurice Leenhardt. Va former toute
la génération d'ethnologues français contemporains.
C'est un homme doublement paradoxal :
→ C'est un théoricien mais c'est quelqu'un qui va produire le premier ouvrage de techniques de
terrain. Donne toutes les grandes préconisations de la démarche de terrain. Condensé dans un
ouvrage qui s'appelle Manuel d'ethnographie (1947). Seul & unique ouvrage de référence pendant
longtemps sur le travail de terrain. Réédité encore aujourd'hui. Va pour la première fois introduire
un champ d'étude nouveau : anthropologie du corps & la gestion.
→ Théoricien et universitaire : doit écrire pour faire une œuvre MAIS n'a pas fait d'œuvre, a très
peu écrit. Seulement dans années 30. Seules écritures = correspondances avec ethnologues de
terrain (dont Franz Boas, Bronislaw Malinowski + Leenhardt, Griaule, Granet) : travail sur objets
d'étude de ces deux grands ethnologues. Fait surtout une œuvre orale : toutes ses connaissances
sont transmises par ses cours. Apparemment on suivait Mauss hors des amphis jusqu'à chez lui
pour discuter d'anthropologie. Post 1940 : ouvrages écrits par les étudiants : signé Mauss car on
ne veux pas trahir sa pensée. 1983 ouvrage posthume Sociologie et Anthropologie.
Apports théoriques :
Permettent de donner les orientations de l'anthropologie française contemporaine.
Mauss est aussi révélateur, pressent beaucoup d'éléments sans forcément développer sa pensée.
→ notion d'objectivité : quand on est sur le terrain, on doit observer et comprendre la
société au plus près de la réalité. Mauss introduit la notion de décentrement : il faut mettre en veille
son filtre culturel quand on observe une société. Cette notion va définitivement rompre avec le
15
Théories anthropologiques
courant évolutionniste. Avant, il n'y avait pas tellement de vision objective, mais l'inverse→
ethnocentrisme.
→ quand on étudie sa société de l'intérieur, il faut avoir un objet d'étude qui permette de
faire l'analyse. Ça n'est pas l'ethnologue qui doit le construire, c'est le terrain : doit être pris du
terrain. C'est un des premiers à pressentir que les sociétés produisent du sens. Ce n'est pas
l'ethnologue qui produit ce sens. Il faut le comprendre pour arriver à l'intérieur de la société
→ notion de totalité : les sociétés sont des tous signifiants mais va déborder largement le
concept de « contexte ». Créé le concept de fait social total : fait appel à la démarche holistique :
veut dire que dans une société l'objet d'étude doit être saisi comme un tout signifiant qui renvoi aux
multiples interactions de la société. Chaque fait est elle-même un fait signifiant. Mauss pressent
que le tout est supérieur à la somme des partie.
Ne peut que bien se comprendre dans les petites sociétés traditionnelles pour Durkheim. Moins il y
a de personnes, plus on arrivera a couvrir l'ensemble des faits sociaux... « critère
démographique ». On ne parle plus de société primitives, mais des sociétés traditionnelles :
sociétés démographiquement restreintes vs sociétés démographiquement grandes.
1. Le fait social total est une notion sous-jacente à toute description du fonctionnement social et
culturel. Sous-tend que la globalité des interactions préexiste à l'observation de l'ethnologue. Ça
n'est pas l'ethnologue qui construit le terrain, mais le terrain a un sens de l'intérieur
2. Pour pouvoir pleinement comprendre un fait observé, ex la magie, la parenté, le don, il faut le
replacer dans son champ social à la confluence d'interactions qui lui confère sa dimension et son
sens
3. Le fait social total a trois dimensions :
–
dimension sociologique : observer un objet d'étude dans ses différents aspects
synchroniques (ligne horizontale)
–
dimension historique : l'histoire est fondamentale : étudier dans une dimension
diachronique (vertical : évolution d'une société)
–
dimension physio-psychologique : compréhension du corps est importante dans la
compréhension d'une société. Naissance de la psychologie à cette époque : l'expérience
personnelle peut être intéressante ?
Différents objets :
Esquisse d'une Théorie de la magie : 1929
avec M. Hubert : va à l'encontre de ce qu'on pense sur la pensée magique : les conduites sacrées,
de soins liés à la magie (blanche, noire, sorcellerie, chamanisme et systèmes de croyance)
« la magie est un phénomène social créé par l'opinion collective et remplissant des rôles précis
dans l'univers des représentations d'une société ».
Va amener Mauss à penser que la figure emblématique du magicien n'existe jamais d'elle même,
n'a rien de transcendental dans une société, c'est une construction sociale, elle émane de l'opinion.
On commence à critiquer l'idée selon laquelle la pensée magique serait une forme de pré-religion.
La pensée magique est à l'origine de la pensée scientifique. On a les mêmes phases. dans les
deux: une capacité d'observation, des mécanismes explicatifs avec la notion de preuves, modes
interprétatifs. Mais dans la pensée magique, l'interprétation va conditionner l'explication. Cette
interprétation est en général d'ordre symbolique. Fait référence à l'ordre symbolique, mythologique.
Dans la pensée scientifique, se sont les mécanismes explicatifs qui vont conditionner
l'interprétation.
La pensée magique possède qq chose que la science n'a pas : c'est quelque chose en plus. La
pensée magique possède la notion de sacré retrouvé dans la pensée religieuse. Cette notion
existe dans absolument toutes les sociétés. On parle du « mana » : sacré. Origine polynésienne.
Générique en anthropologie. Conférer un pouvoir surnaturel à un objet, à une entité de la nature
ou à une personne. En d'autres langues : Orenda (iroquois), manitou (langue algonkina), wakan
(sioux, jivano). On a tous du mal à définir le sacré mais on comprend ce que l'on veut dire.
On est là face à un fait général : « dans cette forme particulière du sacré, on est en fait en
présence d'un fait général, d'un fait universel, d'une donnée fondamentale de l'homme en
société. » => comprend toutes les cultures quelles que soient les époques...
16
Théories anthropologiques
→ intuition de Mauss : pressent la notion de structure.
Essai sur le don : 1924
Mauss comprend & théorise le fait social total à partir de la notion d'échange.
Les systèmes d'échanges n'ont pas de visée strictement économique : l'économique est un sous
ensemble de l'échange.
Trois points importants :
1.
« Les échanges mettent en relation des sociétés et des biens dans un réseau de droits, de
liens et d'obligations réciproques » : règle de réciprocité : règle sur le don et le contre-don. Dans
tous les systèmes d'échange, tout don appel un contre-don.
2.
Les échanges se développent dans le temps, qui est en général différé, sous des aspects
pluriels.
3.
Les échanges se font entre collectivités qui « s'obligent mutuellement »
Notion de collectivité est centrale : l'individu a très peu d'autonomie, pas d'indépendance.
Collectivité prime toujours sur l'individu : invention est très difficile à mener dans ces petites
sociétés. Enrichissement dans ces collectivités n'est jamais le but des échanges. Quel est donc le
ciment qui sous-tend ces systèmes d'échanges ? Système d'obligations. Fait le ciment des
échanges. Revoit la règle de réciprocité. Tout don implique un contre-don. Théorise que c'est pas
suffisant pour faire un système d'échange. Entre les deux = l'attente. Va se conclure l'alliance :
favorise toutes les tractations pour avoir des alliances matrimoniales, politiques, religieuses,
économiques. Alliances conclues se produisent toujours dans une même sphère. La société
codifie les biens échangés. On ne peut pas échanger n'importe quoi ni avec n'importe qui. Règles
sociales.
Exemples :
- Kula : système d'échange inter tribal : pas de valeur vénale car on va échanger des
objets comme des colliers de coquillages ou des bracelets qui sont de valeurs égales.
Exemples étudiés par l'anglais Edward Avans-Pritchard : il va observer un système de
don & contre-don au Soudan : système d'obligations qui crée des liens de dépendance voir
d'asservissement. Le futur époux paye la dote de sa future femme à son beau père. La fiancée
dans ce prix : dépendance très forte voir asservissement : père de la fille demande qq chose de
vrmt considérable : 20 vaches. Les foyers ont entre 1-2 vaches. 20 = le futur époux va donner
presque tout ce qu'il a à son futur beau père avant le mariage. Il va être contracté. Le jour où il y
aura contrat, gendre s'engage à travailler toute sa vie pour fournir les 20 vaches. Ne pourra être
indépendant => on est dépendant de tout le monde : guerre ou autre : on est liés par des liens
sociaux : aussi dans un système d'entre aide et coopération.
- Système du potlatch : théorisé à partir des études de Morgan et Boas. Perçu comme un
comportement économique irrationnel pendant longtemps => faux. Ni économique ni rationnel :
Consommation ostentatoire de biens.
Dans populations de la Colombie Britannique (au nord de Vancouver) : population :
Kwakiutl : reprennent le terme qui veut dire « cadeau poison ». C'est un don particulier, de défi et
de provocation. Échange de biens matériels qui ont une certaine valeur vénale & se fait toujours
en temps différé. Il y a destruction des richesses. Villages de sociétés indiennes. Une collectivité
peut décider de faire un don au village indien. Communauté A assez aisée fait un don à la
collectivité B. Provoque en lui donnant des biens de valeur vénale. Toute la collectivité A va se
déplacer sur le village B & on va faire une énorme cérémonie. D'une manière très ostentatoire, le
chef donne tous ces biens. L'autre est obligé d'accepter : incapacité totale de refuser. Si il y a don
il y a forcément contre-don ! J'attends en retour 9 couvertures alors que j'en ai donné 3. Échange
avec sur-enchère. Rendre tout ça prend du temps. Village B : dette. Si on n'arrive pas à rendre
exactement le contre-don, alors le provocateur devient chef du village. Tout le monde consent à
cela.
A la réception, on brûle tout ce qui est donné : don avec destruction des richesses. Contre-don fait :
de même. Quel sens ? Paraît absurde. Aujourd'hui il n'y a plus de destructions de richesses & est
beaucoup moins important.
Potlatch souvent au moment des solstices d'hiver.
17
Théories anthropologiques
Analyses de Boas & autres ethnologues : moment d'alliances. Mauss va remarquer que
finalement dans ce potlatch, la société A est très riche. Équilibre rompu dans une aire culturelle :
crée un code pour retourner à l'équilibre : fait un don. Société qui reçoit : obligée à bruler ces
cadeaux pour retour à l'équilibre. Il faut néanmoins qu'elle satisfasse les besoins. Mauss = un des
premiers à dire, formaliser qu'on a affaire là à un mécanisme de régulation sociale des richesses +
de la guerre : guerre économique au lieu de tuer des hommes. On va faire en sorte que les
hommes consentent. Mais il faut gérer le déséquilibre car on ne doit pas être à l'équilibre parfait :
c'est de l'ordre des dieux. Potlatch est devenu un terme générique en anthropologie.
« La Kula et le Potlatch sont un modèle théorique démontrant que les sociétés sont des totalités
fonctionnelles »
Conclusion :
1.
Mauss a pu être critiqué sur le fait que certains de ses développements étaient d'ordre
intuitifs mais il a permis d'ouvrir de nouvelles voies pour les ethnologues qui l'ont succédé.
2.
Continuité de Durkheim mais rupture avec l'évolutionnisme par la compréhension de la
taille de l'unité d'étude du terrain ethnologique et par la compréhension que les sociétés sont
dynamiques. A l'encontre de Malinowski qui était hyper fonctionnaliste. Mauss va dire que les
sociétés sécrètent de l'aléatoire. Elles peuvent évoluer car elles ne sont pas prévisibles...
3.
Mauss a donné les préceptes méthodologiques sur la démarche de terrain, notamment
avec la notion d'objectivité, de décentrement et de sens.
4.
Il introduit dans les systèmes d'échange (don & contre-don) l'idée que ceux-ci ne peuvent
se réaliser pleinement que s'il y a le temps d'attente, partie la plus importante de la règle de
réciprocité.
5.
MAIS l'étude de Mauss est un modèle théorique démontrant que les sociétés sont des
totalités fonctionnelles (le fait social total) et qu'isoler un élément pour l'étudier n'est que le premier
stade de l'analyse, le but ultime étant de restituer les dynamiques de l'ensemble.
=> VOIR TEXTE LECTURES COMPLEMENTAIRES
=> Avait un esprit en recherche perpétuelle : était très intuitif. Va toucher les systèmes de
représentation, ce que fera Levi-Strauss.
Théories Anthropologiques
ANTHROPOLOGIE DU DOMAINE FRANÇAIS OU FOLKLORISME ; Arnold VAN
GENNEP
18
Théories anthropologiques
Début du XXe
Premier objectif est politique, deuxième : connaître la France de l'intérieur.
Retrouvé aussi en Russie, Angleterre, Allemagne
N'apparaît pas spontanément. Antériorité. Deux grandes dates importantes :
- 1539. Ordonnance du roi de Villers-Cotterêts – dans l'Oise. Il y a un château royal, des
chasses royales. Pour la première fois, on se préoccupe de l'unification du territoire français à
partir de langue française. On va commencer à faire quelques petites enquêtes. Tous les édits
administratifs sont en latin. Cet édit va ordonner que tous les édits administratifs devront être faits
en français. Instaure aussi les registres d'état civil écrits en français. Rend obligatoire la tenue des
registres paroissiaux. Permet de donner une vision de la religiosité des français. Va aussi fixer le
nom de famille des français. Etaient très fluctuants dans l'orthographe, la prononciation. But =>
créer cette unité à partir de la langue : seul élément qui peut être structurant dans un pays. Pensé
au long de l'histoire, pour renforcer la langue française... Mais les langues régionales sont
vraiment prégnantes, et il n'y a pas d'enseignement public – on continue d'enseigner les patois.
Cette préoccupation va être stimulée par une autre date :
- 1789 : révolution française. A exactement les mêmes préoccupations. Connaître le peuple,
paysan, de la france rurale. Le gouvernement révolutionnaire édicte de lois en français : volonté
que le peuple lise & comprenne ces lois. On envoi des instructeurs publics : se rendent compte de
l'état d'instruction de la langue & enseignent. Font remonter des informations alarmantes à Paris.
Les français parlent une multitude de patois & dialectes. Abbé Grégoire décde qu'on doit faire une
très grande enquête sur la population française pour savoir qui elle est exactement - « Série de
questions relatives au patois et au mœurs des gens de la campagne » : on commence à se
préoccuper des pratiques sociales de la population paysanne. Cet abbé a demandé droits citoyens
pour notamment les « gens de couleur ». Un des premiers à se rendre compte que les pratiques
artisanales évoluent. Début des manufactures. Autres process de fabrication. Crée un organisme
qui éxiste encore aujourd'hui : Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) Enquête 1790 –
94. Abbé Grégoire fait la même constatation qu'en 1539 : les français ne parlent pas français. Il va
décider que le gouvernement doit prendre deux grandes orientations : instruction publique pour
enseigner le français + demande l'éradication totale et définitive des langues patois/régionales.
Fin XVIIIe – début XIXe : fait basculer la société de l'ancien temps à des temps plus
contemporains :
–
développement des villes, en taille, en nombre
–
industrialisation accompagne ce développement (manufactures → usines). Apparition de la
population ouvrière. Traditions, savoirs & savoir-faires.
–
Exode rural – on se dit que si on laisse faire sans répertorier les pratiques / coutumes
rurales : on va perdre des connaissances sur lesquelles on a fonctionné pendant des siècles.
=> Ce sont d'abord & avant tout des intellectuels qui s'intéressent à ces études : clergé, médecins,
institueurs = notables. Formation d'institutions.
1804 : académie celtique. Fait le premier répertoire ethnographique du territoire français : « Les
usages curieux de la France rurale ». Utilise pour la première fois les statistiques.
Veut aussi démontrer à l'ensemble de la France que l'héritage de ce pays n'est pas seulement
gréco-romain, pas uniquement provenant de l'empire germanique – héritage celte aussi – racines
dans langue & toponymie.
Depuis le XIXe, naissance de l'archéologie. Travaillent dans sociétés antiques : les archéologues
vont trouver des tablettes écrites, des écrits mais ne donnent pas d'indications sur les peuples :
surtout des inventaires, des données comptables & administratives. Crainte que plus tard on ne
connaitra rien de cette période : il faut s'intéresser à la population rurale, paysanne pour en
comprendre les savoirs & savoir-faires.
On décide de créer un nouveau champ d'études : « Histoire naturelle du peuple ». Les Anglais y
pensaient déjà depuis la moitié du XIXe. 1848 déjà appelé « folklore » (lore : connaissance, folk :
peuple) : connaissance du peuple. Au même moment les allemands s'intéressent à leur peuple :
19
Théories anthropologiques
« Volkskunde ». En France on utilise le mot allemand pour désigner cette étude.
1870 guerre avec l'allemagne : on ne veut plus de ces termes au niveau universitaire : on prend le
terme anglais « folklore ».
On
s'intéresse
au
peuple
dans
tous
les
domaines,
ex
littérature.
Atteint l'ethnologie qui s'intéresse à la notion de folklore.
Le père fondateur du courant folkloriste en France : Arnold Van Gennep. 1873 – 1957.
courant atypique & parallèle dans l'ethnologie. En France on ne considère comme digne d'intérêt
la grande ethnologie : orientale, exotique...
Mère hollandaise, intellectuelle. Père allemande intellectuel. Famille de souche protestante
française qui doit fuir en allemagne pendant l'édit de Nantes. Partage tout son enfance &
adolescence entre Nice et surtout les Alpes (Savoie et Haute Savoie) → intérêt qu'il y a à
consigner les connaissances des peuples ruraux. Va partir faire des études à Paris au collège de
france ou il rencontre grands ethnolgues dont Mauss et … Mauss = prof de van Gennep. Veut
intégrer l'université française avec le nouveau domaine du folklorisme. L'ethnologue doit se
distancier, se dépayser par rapport à sa culture d'origine.... Folklorisme ne le fait pas. Refusé à
l'université.
Mais il est très doué en langues, 15 langues courantes. Va en pologne pour perfectionner les
langues slaves, va à Florence pour les langues italiennes, va en Suisse ou il donnera qq cours &
directeur du musée de Neuchatel. Ensuite va vivre de ses traductions & se consacre au répertoire
de toutes les coutumes des lieux ruraux de France
1924 - Le Folklore, croyances et coutume français
1958 - Manuel de Folklore français contemporain (4 tomes)
On méprise le folklorisme à cette époque : « ethnographie d'antiquaire » : ce n'est pas cela,
s'inspire des méthodes de l'ethnologie classique, par le biais de Van Gennep. A fait beaucoup de
terrain, essentiellement français. Mais s'intéresse aussi beaucoup à l'ethnologie extra-occidentale,
dont Madagascar : colonisé par les français : s'intéresse à la colonisation. Puis autre terrain,
l'Algérie : aussi colonisation française. Rencontre entre deux sociétés : colonisatrice/colonisée :
processus de contact, donc diffusion de traits culturels d'une société sur une autre, avec la notion
d'emprunt. S'intéresse à la relation dominant/dominé. Constate aussi comment se processus va
laminer certaines coutumes algériennes & influence de l'Algérie sur les colons français.
Cette approche est intéressante dans la rencontre entre le monde rural et le monde urbain en
France : paysan rencontre l'ouvrier et vice-versa. Il faut être vigilant sur trois points quand on
étudie un terrain français.
–
vigilance sur la procedure d'enquête : il faut un objet d'étude. Il faut répertorier tous les
actes aphérants à cet objet d'étude.
–
Vigilance au bouleversement provoqué par certaines situations : peut être un changement
de classe sociale, d'Etat, d'age. Tout à fait dans la notion d'acculturation.
–
Il faut s'intéresser à la construction de la mémoire des populations en mutation. Elle ne
prééxiste pas aux sociétés : la mémoire se construit, se déconstruit et mute. Sociétés construisent
de la mémoire, qui n'est pas forcément la réalité : peut être enjolivée.
Populations en mutation : c'est là où se situe le folklorisme : sur les états en passage.
Deux phrases extraites de 1924, Le Folklore
« ethnographie et folklore s'occupent nécessairement des faits collectifs vivants et non pas de
survivances et d'archaïsmes ».
« Le folklore ethnographique ou l'ethnographie folklorique traite principalement des populations
rurales d'Europe concernées par des faits vivants voir même naissants »
Etudie les processus de diffusion à partir de la notion de rite : très nouveau à l'époque. Van
Gennep va s'intéresser aux institutions et cérémonies : on y retrouve les mêmes charactéristiques :
–
ces actes s'enchainent toujours dans un ordre particulier
–
ces actes apparaissent dans des temps particuliers – des cycles : cycle de la vie,
saisonniers... appelés des rites.
La ritologie : s'intéresse aux rites qui ont un sens, dans la notion de transition, de changement &
20
Théories anthropologiques
mutation. Quand on a un changement d'état, de rôle, d'age, de fonction... Ces rites qui marquent
ces transitions et changements : rites de passage : espaces de dynamiques.
Rites de passages : une série de rituels marquant le changement de statut social ou sexuel d'un
individu. Il permet d'agréger celui-ci à la communauté tout en structurant sa vie en étapes précises.
Propriétés des rites :
–
ils donnent des repères de temps.
–
Le passage d'un état à un autre est marqué par une série de rituels. Ils sont très souvent
accompagnés par des épreuves initiatiques.
Rituels : séquences d'actions entièrement prédictibles qui se déroulent selon un ordonnancement
conventionnel et symbolique.
Étude de mariages, ex du rapt de la fiancée. Le fiancé va devoir discrètement enlever sa promise,
en général la nuit. Le fait que la fiancée est séparée brutalement de sa famille : pour intégrer la
famille du mari. Avatar contemporain (transformation) = voyage de noces.
Le mois de Mai : toute la végétation s'éveille avec la séxualité : peut être propice pour les
mariages sauf qu'on se marie traditionnellement dans la France rurale en Avril ou Juin : Mai est le
mois de la vierge. MAIS un moment de l'entre-deux : on conclut des alliances de mariage. Le Mai :
les garçons d'un village vont montrer à l'ensemble des villageois quelles filles sont bonnes à marier.
On coupe une branche d'arbre qu'on accroche au volet des chambres des filles bonnes à marier.
Si une fille est impossible à marier, on a la branche qui a une symbolique négative. Filles se
réveillaient très tôt si
–
Troisième propriété : schéma ternaire du rite de passage
1. Pré-liminaire → 2. liminaire → 3. post liminaire
1.
période de séparation d'avec le monde d'avant
2.
3.
Phase d'agrégation à un monde nouveau. Nouveaux codes, règles etc.
Limen en latin = la frontière. Quand on quitte un monde pour en intégrer un autre : c'est là qu'on va
apprendre les codes du nouveau monde.
« Ces trois périodes permettent de rendre visible la phase intermédiaire d'entre-deux où le sujet
est en devenir et qui est une sorte d'existence au seuil c'est-à-dire où l'on est déjà plus et où l'on
est pas encore ».
Avec la mort de VG, oubli total de sa pensée qui rennaît au début des années 80
Mais d'autres pays maintiennent la mémoire de VG : La Suisse & l'Angleterre : enseignements
survivent tellement que dans les années 50/60 on continue de s'intéresser à ses théories. Un
professeur à l'université de Manchester, Max Gluckman s'intéresse aux rites de passage qu'il
nomme en anglais « rites de passage » (garde le français). VG n'a pas travaillé sur quelque chose
dans la liminarité : notion de tension, de conflit. Pas uniquement un passage. 1960 : commence à
travailler sur cette notion de conflit.
Victor Tur ner, aussi de Manchester continue cet approfondissement. Va bien au delà de la
tension : « toutes les sociétés sont construites sur l'opposition structure/antistructure, une
opposition de type sociétale qui sécrète naturellement des mouvements contre-sociaux. ». Ces
mouvements contre-sociaux sont constitutifs de toute société.
Fin 1970 début 1980 : guerres, guerillas, luttes d'indépendances : terrains se ferment aux
ethnologues. On se replie donc sur l'ethnographie chez soi. => on redécouvre Van Gennep
On le retrouve aussi suite aux progrès techniques et technologiques : libre circulation de l'info,
mouvements écologiques : on se réintéresse à la notion de nature. Très grands bouleversements :
on va se mettre à parler avec un terme qu'on choisit, qu'on construit comme un concept :
patrimoine. Avatar du terme héritage. On veut comprendre la construction du patrimoine, il se fait
tous les jours... patrimoine : Connaissance de soi en termes matériels et immatériels (idées)
Conclusion :
1.
Van Gennep donne ses lettres de noblesse au folklorisme en le constituant en discipline
véritable par la méthode issue de l'ethnologie extra-occidentale.
2.
Il s'est intéressé à rendre compte des faits de folklore en plaidant pour l'importance de
l'observation et de la cartographie des coutumes rencontrées afin d'en établir les facteurs de
21
Théories anthropologiques
diffusion.
3.
Van Gennep ne s'intéresse qu'aux sociétés rurales en mutation : ce dernier terme est
précisément ce qui va amener l'apparition d'un nouveau champ d'études : le champ patrimonial.
4.
C'est sur le motif spatial, celui du franchissement du seuil, que VG construit l'image qui va
lui permettre de comparer un grand nombre de rites les uns aux autres avec ce qui forme le coeur
de sa démonstration : le changement d'état.
Critiques :
5.
On lui reproche de ne pas s'être intéressé à la ville et aux populations ouvrières... Mais
c'était surtout l'affaire des sociologues et historiens et il avait déjà beaucoup à faire avec les
populations rurales
6.
Critique de Marc Augé (1992 - Non-lieux, introduction à une anthropologie contemporaine ;
1994 - Le sens des Autres) : trouve que VG a une vision de la linéarité très optimiste. Augé dit que
c'est plus tout à fait ça aujourd'hui : dans Non-lieux : « Aujourd'hui dans l'état actuel du monde, on
ne peut pas augurer d'une situation toujours optimiste. Les espaces liminaires si importants aux
yeux de VG comme facteur de transition peuvent être aussi des non-lieux » = des lieux de non
droit, où l'on existe plus : étudie par ex les centres de rétention... Objet nouveau d'études pour les
anthropologues.
Mauss sur VG : ce qu'il a fait est bien... Mais finalement ces travaux sont une randonnée agréable
dans l'ethnographie. Il n'a pas perçu les notions importantes qu'apporte VG.
LE CULTURALISME ; Margaret MEAD, Franz BOAS
Part du terrain pour construire des théories
Beaucoup de succès notamment en France. Néo-culturalisme. Europe + USA.
Pas d'homogénéïté. Beaucoup de courants.
3 courants dans ce CM
1.
Histoire culturelle. Développé en particulier par Boas.
2.
Culture et personnalité : novateur : introduit des données psychologiques : Mead, Benedict,
Ralph Linton.
3.
Abraham Kardiner : du domaine psychanalytique. Ouvre nouveau champ, ethnopsychanalyse.
Première origine du culturalisme : Franz Boas. Dans ses observation de terrain, premier à parler
en termes de relativité culturelle. Spécificité & diversité culturelles sont les notions qu'il aborde en
premier. Donne ce terme de CULTURE, car auparavant on parlait surtout de société ou civilisation.
'Culture' est plus général, peut s'appliquer à n'importe quel type de société. 'Civilisation' fait
référence à des sociétés qui construisent, battissent, qui ont des institutions structurées voir figées.
Sociétés sans écriture : désormais aussi appelées cultures. On se sépare de l'archéologie et de
l'histoire.
Trait principal : mettre en évidence l'influence des institutions et des pratiques culturelles sur la
constitution de la personnalité, surtout culturelle (qui affectera la personnalité individuelle bien sur).
Un fait divers fait apparaître cette théorie :
Aux USA, constatation faite par les médecins américains : En ce début de nouveau siècle, des
comportements à risque se développent chez les adolescents américains. Sont les plus évidents &
marqués : les tentatives de suicide. Se demandent si le comportement suicidaire est constitutif de
cet age, l'adolescence. C'est quelque chose qu'on porterait en soi, du côté biologique …? Les
médecins cherchent à le démontrer...
Sinon, ce fait se situerait du côté culturel. Débat entre l'inné et l'acquis est présent à cette époque.
Les médecins vont donc faire appel à l'anthropologue le plus renommé aux USA, Franz Boas, qui
travail cet aspect culturel.
A besoin d'un terrain & d'un ethnologue. Terrain classique : le continent américain ou l'Océanie. Si
on veut faire une analyse comparative du comportement des adolescents, il faut travailler aussi à
22
Théories anthropologiques
l'étranger. Boas finalement n'arrive pas à trouver d'étudiant compétent mais il est harcelé
constamment par une petite bonne femme de personnalité extraordinaire voir très dominatrice :
Margaret Mead. Elle va réussir à le convaincre de l'envoyer en Océanie. Elle n'a qu'à choisir une
île ou un archipel. Prend en premier terrain l'archipel des Tuamotu. Finalement Boas refuse qu'elle
parte là bas, car on ne connaît pas bien l'endroit, et il y a des conflits, c'est risqué. Elle choisira
donc l'archipel des Samoa.
Margaret Mead. 1901-1978
Issue d'une famille aisée : connait les milieux universitaires. Très marquée par son enfance,
adolescence : libre d'un point de vu intellectuel. Il faudra que les femmes se frayent une place pour
être reconnues dans les universités.
Elle part en 1925 dans cet archipel, à l'est de la nouvelle guinée.
Part avec le but d'étudier les processus de socialisation.
Ce sont des archipels revendiqués par les pays occidentaux. Traité de Berlin 1899 : « donne » une
partie occidentale aux Allemands (indép 1960), et va concéder la partie orientale aux Américains.
Toujours le cas aujourd'hui. L'Angleterre aura les îles Salomon.
Elle part dans les Samoa orientaux pour faire une analyse comparative entre les Samoa
« Boas voulait que je travaille sur l'adolescence, les filles adolescentes en particulier, car il pensait
que leurs troubles dépendaient de l'attitude d'une part d'une culture spécifique, d'autre part de la
manière dont cette culture était intégrée lors de l'étape de l'adolescence au moment de la
croissance psychologique avec toutes les difficultés qu'occasionne cette croissance. »
Elle va se rendre compte en étudiant ce processus de socialisation que finalement dans l'archipel
des Samoa reigne une relative liberté & tolérance en matière de comportement sexuel entre les
adolescents. Dans les comportements sexuels, il y a très peu d'interdits pour les garçons et les
filles contrairement à ce qui existe à l'époque aux États Unis. Quand elle fait des entretiens,
personne ne se souvient avoir eu un adolescent qui avait un comportement suicidaire : leur paraît
incompréhensible : comment est-ce possible alors que c'est une période ou l'on se découvre soit &
l'autre ?
« Cette étude fonde la thèse majeure de son travail selon laquelle les différences entre les sexes
sont culturelles plutôt que biologiques ». Elle trouve l'existence de modèles culturels (patterns) → il
va donc y avoir des personnalités culturelles.
Mais quand on étudie l'étape de l'adolescence celle-ci est conditionnée par l'étape de l'enfance :
travaille aussi sur cette étape. Pareil pour l'age adulte : on met en exergue ce qu'on a appris ou
pratiqué à l'adolescence.
Enfance est important : là ou on va intégrer et apprendre des règles sociales.
On éduque les enfants selon l'autre sexe pour apprendre que l'autre sexe n'est pas un ami.
Age où on apprend des codes sociaux qui vont devoir s'épanouir.
Socialisation entraine l'adolescence : puberté. C'est un terme typiquement occidental : dans de
très nombreuses sociétés, cette notion n'existe pas. On est dans une étape différente, particulière :
étape du badinage : envie de découvrir son corps & celui de l'autre sexe. Mais les parents ne
doivent pas être au courant. Toléré, mais ce n'est pas la norme : une jeune fille pour ses premières
relations doit aller avec un homme beaucoup plus âgé & expérimenté pour qu'il lui apprenne
comment fonctionnent les corps. De même pour le garçon. Il y a une norme, mais dans la société
Samoane il y a des écarts & libertés : on le sait mais on ne le dit pas officiellement.
Un tabou dans les relations (conduite de prohibition) : aller avec son frère/soeur germains ou
cousin parallèles → inceste. Cousins parallèles : quand les parents (oncles ou tantes) sont de
même sexe.
Cousins croisés : sexe différent → là des relations très fortement encouragées. Notion d'inceste
très marquée aux Samoa. Prohibition va porter en général sur toute la famille. C'est aussi une
parenté culturelle.
Age adulte : age de sérénité et de plénitude, parce qu'on connait déjà toutes les règles. « Mead
23
Théories anthropologiques
est donc parmi les premières anthropologues à émettre l'idée que les caractéristiques féminines et
masculines reflètent la socialisation au sens de modèles culturels mais ne ressortent pas de
différences biologiques fondamentales. »
Elle fait d'autres terrains pour éprouver la notion de modèles culturels. Elle va en PapouasieNouvelle-Guinée.
1931 – 1935 : travaille sur les populations qui se trouvent le long du Sépik
Arapesh – Mundugumor – Chambuli.
Les Arapesh : société très patrilinéaire : très peu de différenciations dans les rôles séxuels.
Partage des tâches entre hommes et femmes. Prises de décision équitables. Très peu de
valorisation de l'autorité masculine. Beaucoup d'entraide et coopération entre hommes et femmes.
Mead va penser que la notion de complémentarité s'exprime dans l'age adulte et dans le mariage.
→ Chez les Arapesh, une récolte est donnée au voisin. Le voisin qui reçoit cette récolte fait en
contre-don : donne sa propre récolte. Base des systèmes d'alliance. Plus on noue des alliances,
plus on est dans une société pacifique.
→ Les petites filles sont éduquées vont chez leur future belle-mère pour être une épouse classique,
de qualité. On est dans un mariage contraint (notion d'amour n'existe pas) – conduite d'obligation.
Alliances passées entre les parents.
Les Mundugumor : quelques centaines. Milieu écologique : terre est riche. Remarquables
orticulteurs : font des fleurs magnifiques qu'ils échangent avec d'autres tribus. Peuple agressif,
béliqueux, où la notion de convoitise, de passion, de vol existe presque systématiquement chz les
hommes tout comme chez les femmes. Sont des chasseurs de tête, et cannibales.
Cannibalisme : deux types. On ne mange jamais son voisin par plaisir.
Endocanibalisme : on mange qqun au sein de son groupe d'appartenance. Quelqu'un pour qui on
éprouve un immense respect : connaissance, grande expérience, grand guerrier, grand sage.
Chez les Papous ou Mundugumor : le meilleur moyen de faire passer ces connaissances en soi :
c'est de manger la personne. Cérémonies extrêmement ritualisées : on mange quelque chose qui
est presque sacré. En général quelqu'un qui est décédé.
Exocanibalisme : inverse. Souvent un homme, mais ici, souvent un guerrier : on admire le courage
que la personne a eu de s'affronter à soi : pour s'approprier ce courage, on le mange. Toujours
collectif, dans le cadre d'un rite cérémoniel.
Symboliquement, on ne mange pas les femmes.
Les mundugumor : pas de différenciation entre les sexes non plus
Mais dans la prime enfance/adolescence : on enseigne l'importance des rôles individuels.
Les Chambuli : très peu nombreux. Artisans qui fabriquent de merveilleuses pirogues. Petits
garçons sont élevés dans la notion de compétition, individuellement, de stimulation. Va créer de
très fortes tensions chez les garçons, entre eux. Petites filles sont élevée collectivement,
s'intègrent facilement. Très peu de tensions. Rôle majeur des femmes est économique.
Sexe et Tempérament : « Les traits de caractère que nous qualifions de masculins ou de féminins
sinon la totalité sont pour nombre d'entre eux déterminés par le sexe d'une façon aussi
superficielle que le sont les vêtements, la coiffure, et les manières d'une époque assigne à l'un et
l'autre sexe ». « La personnalité d'un individu est moins fonction de son sexe que d'un système de
rôles imposés par le modèle culturel en vigueur dans la société. »
Finalement comment se constitue le pattern (= le modèle culturel)? Basé sur trois séquences :
1.
Prime enfance : temps d'imprégnation des codes sociaux. On va apprendre la gestuelle,
comportements culturels et collectifs...
2.
Débouche sur l'adolescence : mise en pratique des codes sociaux. La culture va façonner
l'individu à partir d'un certain nombre de règles d'obligations (ex mariage contraint), prohibitions
(interdiction de l'inceste), évitements (éviter lieux..).
3.
Doit déboucher sur l'age adulte : temps dans lequel on a intériorisé le modèle culturel.
Pattern : codes qu'on apprend depuis tout petits, mis en pratique pendant adolescence, intériorisés
à l'age adulte, devenus inconscients. On les croit naturels mais à la base ils ont été construits
culturellement.
24
Théories anthropologiques
Le problème méthodologique de Margaret Mead
On va penser que s'il y a autant de modèles culturels qu'il y a de société, les observations sur un
terrain qui est pensé comme unique ne permettent pas la théorisation, par absence de faits
récurrents ou génériques.
Première à se rendre compte de ce problème :
Ruth Benedict 1887-1948
Travaillera sur le même terrain que Boas, Colombie Britannique : populations qui pratiquent le
potlatch + travail sur les pueblos, nouveau mexique & arizona. Rencontre une population pacifique.
Se dit que Mead ne théorise pas. Observe des similitudes avec les peuples océaniens.
Distingue les dionnisiens et apolliniens (formes essentielles des sociétés) : pueblos proches
des Arapesh, Ceux du Canada : proches des Mundugumor.
Abraham Kardiner : « Il est nécessaire de créer un cadre conceptuel suffisamment élaboré pour
penser en termes d'une causalité à double sens. » => Mead n'a vu que l'individu façonné par la
société. Kardiner ajoute l'inverse : l'individu est capable de façonner la société. Margaret Mead
l'entendra.
Conclusion
1.
Le courant culturaliste
Le culturalisme a introduit en pratique et en théorie des concepts inédits par un
décloisonnement des disciplines, principalement la psychologie, qui va amener la notion d'individu
et de comportement.
Le courant a ouvert aussi un nouveau champ d'études qui va prendre conscience des
changements de la société et également des changements qui peuvent être reliés à l'individu. Si
les changements liés à la société vont amener à l'anthropologie dynamique, les changements liés
à l'individu vont amener à un nouveau domaine d'étude, l'ethno-psychiatrie.
2.
Margaret Mead
Mead va beaucoup travailler sur les problèmes que posent la culture occidentale
notamment dans la définition sociale des caractères sexuels. Elle va permettre de relativiser la
prétendue « naturalité » des classifications en vigueur dans nos sociétés. Pour elle, le sexe
biologique n'est pas un déterminant social.
Cette femme est une chercheuse engagée, toujours attachée à faire reconnaître non
seulement le rôle de la femme dans la société mais aussi son importance comme facteur de
changement.
Mead pense en termes holistiques : l'inter relation entre tous les éléments de la vie sociale
– car pour elle, sexe et genre touchent tous les aspects de la vie sociale.
Point critique : 1980, anthropologue australien (Derek Freeman) va reprendre son terrain (Samoa) :
va se rendre compte que la société Samoanne ne correspond en rien à ce que Margaret Mead a
observé : « l'amour libre sous les palmiers » : lui observe une société violente. La société a évolué
entre Mead et Freeman jusqu'à s'en retourner complètement ? Son livre fait l'effet d'une bombe.
PB entre informateurs et Mead, vision partielle : Mais aujourd'hui, société Samoane fonctionne sur
des inversements de discours ou pratiques ? On reconnaît et Mead et Freeman.
Remarque : Warilea Yamo : « Mead et Freeman se sont trompés, ils n'ont pas vu ce qu'il y avait à
voir et n'ont pas satisfait l'attente que les Samoans avaient. Ils ont mythifiés les Samoans en en
faisant une catégorie représentative d'un classe qui est inscrite dans les cultures occidentales
mais il n'en ont pas fait une description exacte. »
25
Théories anthropologiques
CM n° 9 : LE STRUCTURALISME / Claude Levi-Strauss
Années 1940. parallèle au culturalisme, au fonctionnalisme qui continuent à exister
A l'origine ce courant est français : succès international mais relativement mitigé : très théorique.
Existe dans d'autres domaines de l'anthropologie. Physique/mathématiques ou dans la nalistique.
A l'inverse du culturalisme.
Pluralité des cultures, diversité → Mead avait promu ce terme « patterns » : Si on a autant de
patterns que de cultures comment construire l'anthropologie, théorique ?
Structuralisme prend l'inverse : s'intéresse essentiellement à l'essence des cultures. On va
rechercher les lois fondamentales de la constitution des sociétés. Structuralistes vont se dire que
les sociétés ne sont pas en nombre infini : au regard de tous les travaux des ethnologues : on
repose toujours sur les mêmes thèmes : partout systèmes de parenté, notion de religion, d'art,
production économique... manifestations varient mais les thèmes eux-mêmes sont toujours
retrouvés. Les sociétés sont en nombre fini. On aura alors démontré l'unicité de l'Homme. Relation
entre le fait de démontrer que les sociétés sont en nombre fini et l'unicité de l'Homme. Nombre fini
car les hommes pensent la même chose donc produisent les mêmes effets notamment en matière
sociale : ils ont les mêmes structures mentales.
Antériorité sur l'idée de l'unicité de l'homme : deux grands philosophes / deux grands ethnologues.
Emmanuel Kant (1724-1804) : a cherché a comprendre ce qu'est l'esprit de l'homme : tous les
hommes ont le même type de raisonnement. Mais il ne s'intéresse qu'aux sociétés occidentales. Il
travail cela car il est émerveillé de découvrir que Newton a découvert la théorie de gravité. Aussi
géométrie d'Euclyde => Comment peut-on construire et comprendre un raisonnement.
Ernst Cassirer (1874-1945) : travail aussi sur l'unicité de l'esprit de l'homme : ce que l'on trouve
chez tous les peuples c'est la pensée symbolique. Il travail sur cette pensée, le sacré, la religion,
l'art. Se manifestent par des symboles. Cette pensée symbolique, si on arrive a la comprendre en
comparant les sociétés : on arrivera à la comprendre par ce que signifie cette unicité de l'homme.
Ethnologues :
Lucien Levy-Bruhl : collègue de Mauss, qui n'a jamais fait de terrain. S'est intéressé aux sociétés
non-occidentales : emploi le terme de « structures ». Si on connait ces structures, on arrivera a
comprendre comment fonctionne l'homme... Mais il entendait par cela les structures affectives,
émotionnelles. Pensée post-évolutionniste : sociétés primitives – fonctionnent à l'affect, à l'émotion
et c'est tout.
A. Radcliffe-Brown : contemporain et collègue de Malinowski. Il va travailler en océanie, en
Australie (nord ouest) sur une population (Carriera) – parenté, alliances, mariage. Lui aussi emploi
les termes de structure. En observant des mariages on arrive à repérer des structures dans ces
alliances. Certaines qu'on ne peut pas observer : on peut les déduire (car on a observé d'autres
structures).
Claude Levi-Strauss : Il va se nourrir de ce que ses prédecésseurs ont dit : construit sa propre
réflexion & critique. LB + RB se sont trompés
Lévy-Bruhl : il ne s'intéresse qu'aux systèmes affectifs... Mais pas aux caractères
communitifs/cognitifs ? Encore dans le post-évolutionnisme. Ces sociétés dites archaïques sont
des sociétés qui pensent & construisent des savoirs. Elles construisent du raisonnement, se
pensent, ont des pensées ! Sinon on leur dénie l'appartenance à l'humanité : le propre de l'homme
est de penser.
Radcliffe-Brown : A fait une confusion, deux termes : structures avec relations. Il a cru observer
des structures mais il a observé des relations d'alliance dans la parenté. La structure est
inobservable.
26
Théories anthropologiques
1908 – 2009 Nait à Bruxelles.
Père est peintre. Mère est pianiste, donne l'amour de la musique à Levi-Strauss : voudra devenir
chef d'orchestre, or il faut être excellent musicien : lui se considère comme mauvais. Il fera de la
philosophie, un peu de la sociologie. Il est très proche à un moment donné des surréalistes.
1935 : nommé au Brésil à l'université de Sao Paulo pour enseigner la philosophie et la sociologie.
Ce n'est pas extraordinaire à cet époque : très tôt Fr et Brésil entretiennent des relations
d'échange universitaires. Il fera un voyage sur le plateau du Mato Grosso. Rencontrera les Bororo
et les Nambikwara. Les Bororo vont au fur et à mesure le diriger vers l'anthropologie : la
philosophie n'est pas pratique, n'a pas de terrain : l'ethnologie permet de nourrir la réflexion
philosophique. Sociétés à castes, où le village est circulaire : composé par deux demi-cercles,
deux « moitiés » : les relations de parenté font qu'on ne peut épouser qu'une femme qui appartient
à l'autre moitié. Les Nambikwara : ancienne population de guerriers qui est peu nombreuse à
l'époque de Levi-Strauss. Particularité : apportent leur consentement à leur chef. Pas désigné par
un acte ou une divinité : choisit par la population qui accepte de se soumettre à ce chef. => voir
Tristes Tropiques. Regard assez subjectif : pas habitué dans les années 40 à cette écriture
originale : l'ouvrage ne sera publié qu'en 1955.
Regard de Levi-strauss est assez lucide : ces sociétés sont probablement en voie de disparition :
Oeuvre anthropologique de tristes tropiques : déborde largement le cadre de l'ethnologie classique
et notamment américaniste mais qui restera toujours son point de référence. Ouvrages sur les
mythes surtout sur des mythes américains.
Moteur : Anthropologie Structurale « L'observation n'est qu'une étape nécessaire avant de passer
à l'interprétation des données en synthèse générale. Le but final est de tendre à construire un
modèle d'explication généralisé » (pour toutes les sociétés, quelle que soit leur air géographique)
=> comme un grand œuvre jamais mise en place par d'autre anthropologue. Il devra produire un
concept, prendre le terme de structure qu'il utilisera dans l'anthropologie.
Définition la structure : « un système de transformation comportant des lois en tant que totalités
et des lois qui assurent son auto-régulation ».
Il n'invente pas le terme ni l'idée de rechercher ces structures : son maître c'est Marcel Mauss,
chez qui cette idée de structure va préfigurer. Don et Contre-don, temps de la dète : proche de la
transformation. Mauss recherche des lois générales quand il cherche le fait général. Ancêtres de la
structure de Levi-Strauss.
Propriétés de la structure :
–
elle n'est pas d'ordre transcendantal ou immanente. L'Homme n'est pas né soudain avec
cette structure, cet esprit brillant, n'est pas divine... LS travail avec des paléontologues : l'esprit de
l'homme a évolué => raisonnement, mode de pensée qui a évolué avec l'humanité.
–
Il faut rechercher derrière les relations concrètes les structures sous-jacentes et
inconscientes qui ne peuvent être atteintes que par la construction déductive de modèles
(mathématiques). Logique semi-inductive en anthropologie : LS parle de déduction ! Pour lui la
structure est sous-jacente : existe dans l'esprit de l'homme mais on ne la voit pas.. On suppose
qu'elle existe parce que justement les sociétés sont structurées et l'homme construit la société
CAR son esprit est structuré : on la déduit de modèles.
–
Structure est inobservable, elle est sous-jacente et inconsciente. On ne se voit pas
raisonner mais on sait qu'on raisonne. C'est constitutif de l'homme. Inconscient : Freud travail sur
une richesse de contenus. Sensations... Levi-Strauss travail sur le contenant.
Avec le terme de structure il s'intéresse à « l'activité inconsciente de l'esprit ». Mais il se
différencie de Freud : « pour Freud, l'inconscient est encore un contenu alors que pour moi il est
d'une structure formelle qui se borne à imposer ses lois structurales aux émotions, aux
représentations, aux conditions humaines mais qui est vide et étrangère aux éléments qui la
composent.
Nous avons une série de connaissances acquises au cours du temps qui ne peuvent être valides
et permettre de construire une société qu'a partir du moment que l'homme a dans son esprit un
nombre de règles qui se sont construites au cours de l'histoire de l'humanité. Une règle sans
27
Théories anthropologiques
aliment ne sert à rien et une connaissance qui ne se base pas sur une règle ne peuvent pas être.
Théorie de la structure = « Fait premier de la vie des hommes en société » lié à « la genèse de la
connaissance »
Dans ces règles, dans le raisonnement humain, on a chacun en tant qu'humains une faculté
opératoire : on est tous capables d'opérations mentales qu'on est capable de relier ensembles.
Donne une proposition. On peut faire plusieurs propositions – regroupées = combinaison. Logique
opérationnelle/propositionnelle/combinatoire. On est à l'aube des neuro-sciences.
Dans la communauté des anthropologues on a eu beaucoup de mal à comprendre ces pensées.
Critiques :
–
On reproche à LS d'appliquer cette analyse structurale qu'aux petites sociétés,
quantitativement réduites, qui ont une histoire répétitive. Est-ce vrai aussi dans les grandes
sociétés occidentales ?
–
Il a négligé l'histoire, il ne s'y intéresse pas, aux perspectives diachroniques d'une société.
Levi-Strauss accepte la première critique. Encore une fois dans la pensée de Mauss & Durkheim :
plus facile de travailler sur des petites sociétés. Grâce à Levi-Strauss : on parle de sociétés
démographiquement restreintes vs sociétés démographiquement élargies.
Récuse la seconde critique : il ne néglige pas l'histoire, la trouve intéressante comme point de
départ & c'est tout. Les structures mentales de l'homme sont indépendantes des changements
historiques. Depuis Homo Sapiens Sapiens ces structures mentales n'ont pas changé !
Linguistiques & mathématiques
N. Troubtekoï : 1890-1938. Santé fragile : ne peut faire de terrain. Fera de la linguistique : père
fondateur de la phonologie. R. Jakobson (1896-1981) : américain (russe d'origine). Grosse
influence sur CLS. AU moment de Ww2, approché d'un réseau d'intellectuels américains. Essayent
de les sauver de la société nazie. Emmenés aux USA pour poursuivre leurs travaux
d'enseignement. Nom de consonance juive mais n'y a jamais appartenu, seulement son grandpère était rabin. Il aurait pu être arrêté. Accepte de partir lui aux USA. Rencontrera souvent
Margaret Mead, Benedict et surtout Boas : lui parlera du terrain notamment américain. Racontais
les mythes, relations de parenté Kwakiutl. Au cours d'un de ces repas que Boas va mourir d'une
crise cardiaque.
Comprendra la relation entre aliments et mythes. Notion très importante pour lui.
Jakobson s'intéresse aux travaux sur la parenté de LS. Donne trois clés à LS sur la phonologie :
–
la phonologie passe de l'étude des phénomènes linguistiques conscients à celle de leur
infrastructure inconsciente. On recherche la plus petite unité de langage commune à tous les
hommes. Il faut étudier énormément de langues, sons, signifiants. Levi-Strauss cherche la plus
petite unité commune à tous les hommes mais dans la société.
–
La phonologie refuse de traiter les termes comme des entités indépendantes prenant au
contraire comme base de son analyse les relations entre les termes. Quand Levi-Strauss fait
dériver cette remarque en anthropologie : on ne peut pas concevoir le blanc sans le noir, le clair
sans le sombre, le carré sans le cercle... Ne peuvent exister en soi → systèmes de référence, très
importants dans la notion de parenté pour LS. Principe dual, recherché dans la mythologie du
continent américain (homme/femme) => éléments qui se composent et se complètent.
–
La phonologie vise à la découverte de lois générales soit par induction soit par déduction
logique
=> Äpproche linguistique dérive sur l'approche anthropo : étude des phonèmes dérive sur étude de
la parenté. Structure sociale peut être trouvée dans la parenté : veut trouver la plus petite unité
commune à toutes les parentés. Fait appel à des mathématiciens....... Lit les oeuvres de N.
Bourbaki qui font voler en éclats les mathématiques classiques. Avance des idées comme la
notion de réseau, groupes de transformation, structures algébriques, théorie des ensembles
(maths modernes) (= pseudonyme de jeunes étudiants en maths à l'ENS, niveau doctoral. Si ils
ont des idées trop révolutionnaires : leur doctorat leur est barré, n'auraient peut être pas eu de
carrière future).
LS rencontre André Weil, frère de Simone Weil (philosophe morte en déportation) : comment on
28
Théories anthropologiques
peut appliquer les mathématiques à cette recherche de la plus petite unité de la parenté.
Trois remarques à LS :
–
ça ne sert à rien d'utiliser les opérations de base (+, -, *, /)en mathématique pour trouver
cette unité.
–
Ce qui est important : réduire les mariages a un ensemble de places en nombre fini et
d'étudier les relations particulières qui prévalent entre ces places.
–
À partir de ce moment là toutes les règles de mariage peuvent être mises en équation
indépendamment de leur contenu de leur sens. Strucutre = logique mécanique !
Travail sur l'échange de femmes : ce qui semble commun à toutes les sociétés = prohibition de
l'inceste. Pas le côté symbolique ou quoi.. Ce qui l'intéresse c'est la construction sociale.
Parallèle avec Malinowski. Développe deux thèses :
- il y a une nécessité de maintenir les relations sexuelles hors du groupe d'appartenance pour ne
pas exposer celui-ci a un risque de rupture. Nécessité de l'exogamie pour rechercher deCo
nouvelles alliances. Base = prohibition de l'inceste => Centre de la théorie de la parenté.
Structures élémentaires de la parenté : « La prohibition de l'inceste est moins une règle qui interdit
d'épouser mère, fille ou soeur qu'une règle qui oblige à donner mère, fille, ou soeur. » Prohibition
de l'inceste est la règle du don par excellence. Permettra de conclure des alliances. Comme un jeu
de communication – parle en termes d'échanges restreints/échanges généralisés.
Echange restreint :
A → B et B → A
Echanges généralisés
Echange symétriqueA → B attend de B → A . B → C et attend C → B. A → C et attend C → A.
Echange asymétrique A → B : contre don différé. B → C. A un moment donné C → A
Permet à A d'être parent avec B et C : on étend son espace d'alliance.
La femme est au centre de ces relations d'alliance. Elle n'est jamais un objet (terme
ethnocentriste). C'est le bien le plus précieux qu'on échange. Va marquer le passage de la notion
de nature à la notion de culture => plus on étend son espace de parenté, par l'exogamie – ces
femmes vont être porteuses d'enfants : ils vont être parents avec le groupe maternel et paternel.
Plus on échange de femmes, plus on sera parents avec des groupes : on ne fait pas la guerre à
ses parents : on est vraiment dans la culture : femme est facteur réducteur de guerre.
Veut aller au bout de l'entonoir, cherche les invariants dans la parenté (culturels) – dans toutes les
sociétés – sont aussi des universaux culturels.
=> LS pose l'universalité des structures de l'homme, à la fois sociales et mentales.
Il va remarquer aussi que quand il travail à partir des terrains des autres ethnologues : il y a des
bouleversements : peut entrainer une modification des institutions de la parenté : guerres,
épidémies, famines... Suppression d'hommes – femmes prennent leur rôles, comme le pouvoir –
joue sur générations et générations – on perd toutes les formes traditionnelles.
=> On ne peut pas trouver cette plus petite unité finalement : il y a trop d'aléas, trop de facteurs
exogènes.
Où peut-on trouver cette plus petite unité ?
La trouve dans l'étude des mythes, de la mythologie : Mythologiques « Avec l'étude des mythes le
doute qui présidait à la parenté de savoir si elle était ou non exclusivement déterminée par les
structures de l'esprit ne se pose plus. » => ils sont uniquement déterminés par les structures de
l'esprit. Nom de cette plus petite unité, construit comme « phonème » : mythème : plus petite unité
du mythe.
Conclusion :
–
le structuralisme est un courant théorique qui s'appuie sur l'apport réflexif d'autres
disciplines (linguistique, mathématiques) lui permettant de dégager le concept de structure et les
notions de loi générale et de système de relation.
–
La structure telle que la définit LS est toujours inobservable, inconsciente et sous-jacente.
29
Théories anthropologiques
Elle ne peut qu'être déduite.
–
Pour comprendre la structure (mentale notamment), LS recherche les invariants culturels
(plus petite unité commune) – pas dans la parenté mais dans le mythe.
LS s'attachait à découvrir les lois de l'esprit.
Anthropologie dynamique
Issu de l'observation de terrain, va se constituer en théorie petit à petit.
Années 60 : climat international mouvementé, poli, éco. Beaucoup de changements : guerres,
guerillas sur des terrains « classiques ». On a face à soi une lutte de libération des peuples qui
vont déclarer leur indépendance.
=> Fait réfléchir les ethnologues. Pas des terrains qui n'ont rien à faire. Interroge l'ethnologue,
première fois; savoir qui il est, d'où il vient, ce qu'il veut/peut faire sur son terrain.
Terrains en lutte → veut participer à un certain nombre de revendications. Pose beacoup de
questions.
Deux bouleversements :
–
observation : beaucoup plus participante. Années 60 elle ne suffit pas. On veut qu'il
participe à la revendication : on veut qu'il s'implique : notion d'implication qui bouleverse notion
d'objectivité. Détaché du terrain, vue objective. On s'implique : objectivité mise à mal. On va
commencer à introduire la subjectivité. L'ethnologue fait aussi partie du terrain qu'il étudie.
–
La notion d'objet. Le terrain était considéré comme objet, on allait sur le terrain. Etudié
comme qq chose d'extérieur à soi, à sa culture. Mais finalement c'est un groupe culturel :
forcément un sujet. On travail avec des gens. Mauss : terrain produit du sens. L'anthropologue va
se voir attribuer une fonction, un rôle, un statut. Il est impliqué, forcément, avec son terrain.
Nouveaux objets d'étude tout de même ! Années 60, se révèle très important : l'économique et le
politique.
Chef de file en France :
G. Balandier : nait en 1920. Encore vivant. S'intéresse tôt aux terrains hors europe : surtout
Afrique subsaharienne. A son doctorat à faire. Part dans la zone francophone.
Afrique Ambiguë : entre journal de terrain et approche théorique.
Travail avec Alfred Sauvy : ensemble ils vont construire le terme de « tiers monde ». Employé très
longtemps pour parler de l'extra-occidental, pas dans sociétés technologisées.
1967 : pour comprendre le fonctionnement des sociétés, il faut tenir compte des conflits, des crises,
des tensions et guerres qui traversent les sociétés.
1957 : il crée le CEA : centre d'études africaines. Noyau de réflexion : notion de dynamique.
Fondamental : deux grandes orientations
→ notion permet de rapprocher deux disciplines coexistantes : ethno et socio. Une seule :
ethnosociologie (s'appelle encore comme ça ajd). B se qualifierait comme tel au directeur de
l'EHESS et dans revue des Cahiers Internationaux de Sociologie.
→ La dynamique est au coeur du processus de colonisation et de décolonisation. Ce qui va
intéresser Balandier : travailler sur sociétés traditionnelles/modernes : point de friction entre les
deux. Comment dans l'Afrique subsaharienne il peut y avoir coexistance ou complémentarité,
parfois confrontation très violente entre sociétés colonisées et colonisatrice.
Va vraiment se distinguer de l'anthropologie structurale parce qu'il introduit à nouveau deux
notions dans la discipline :
–
la dynamique : des faits qui bougent, pas des faits stables (notion de structure). Pas un
concept mais une notion.
–
l'histoire, l'historicité des sociétés. Elle est fondamentale pour comprendre les conflits dans
ces sociétés contemporaines :
Sens et Puissance : « la pensée de Levi-Strauss est certes intéressante mais elle est incomplète
car elle ne tient pas compte de la réalité observée et des mouvements existants dans la société.
Or ce sont les ruptures dans la continuité des sociétés qu'il faut observer ainsi que les rapports
complexes entre tradition et modernité. »
30
Théories anthropologiques
Ces rapports complexes vont s'observer dans trois grands champs d'étude :
–
la parenté : remarque quelque chose de très intéressant : dans les sociétés qu'étudient les
ethnologues : c'est toujours ce qu'on voit en premier. Lui va se rendre compte que cette parenté
est très intéressante car dedans il y a des rapports économiques et politiques : quand les sociétés
sont en conflit, la parenté c'est aussi de l'économie et de la politique.
–
La religion : nouveaux mouvements religieux qui apparaissent lorsqu'il y a des conflits :
mouvement synchrétiques.
–
Le système traditionnel, la société traditionnelle. Etudié sous l'angle du langage, des
discours et des stratégies, manipulations (politiques notamment). Elles mêmes bougent, luttent,
elles sont capables de créer de nouvelles instit, pratiques, rites, organismes... Dans l'idée de la
notion d'acculturation, de processus de contacts déjà développés dans le diffusionisme. Notion
d'assimilation/intégration.
Rapprochement socio/ethno : elles se cotoient depuis un grand nombre d'années à l'université. On
les oppose par différences de nature : lui qualifie ces différences d'ambiguités, il les lève.
–
traditionnellement on pensait que l'ethno était l'étude des sociétés dites primitives. B dira
que ça a été vrai, mais opératoire seulement jusqu'au début du XXe siècle. Ne l'est plus dans les
années 60 parce que ce terme de « primitif » sera récusé. Date du XIXe, terme qui a une
connotation idéologique vraiment marquée. Et critique une substancialisation des sociétés dites
primitives. Elles sont primitives par essence, substance → Balandier montre que c'est une erreur
scientifique.
=> Il y a des changements, tensions : elles vont évoluer : cette notion de primitif n'a aucun sens. Il
faut remplacer ce terme.
–
Finalement il éxiste de la primitivité dans toutes les sociétés, occidentales et nonoccidentales. Utilisera le terme d'universalité de la primitivité. Remplacé par le terme de société
traditionnelle. Ces sociétés sont homogènes, de petite taille, basées sur des liens directs (sans
qu'il y ait de médiateur) avec un fort degré d'interaction et de contrôle de ces interactions, cad des
sociétés basées sur des systèmes d'appartenance et des valeurs issues du mythe.
Ex : une communauté professionnelle : une petite entreprise d'origine familiale où les directeurs
sont toujours issus de la même famille. => société traditionnelle de Balandier. Très fort système
d'appartenance : valeurs transmises par la famille. Figures emblématiques. Argot familial,
professionnel. Système de filiation/parenté. Figures totémiques (ancêtre parti de rien par exemple).
–
Définit les sociétés modernes : hétérogènes, basées sur la complexité des interactions,
liens indirects, où la hiérarchie est prégnante, où les décisions sont rationalisantes.
Pour Balandier : ce qui fait la différence entre socio et ethno : critère de taille de l'unité d'étude.
Sociétés toujours de petite taille à l'ethnologue, inverse pour le sociologue. « sociétés
traditionnelles » sont des « sociétés démographiquement restreintes ».
En levant cette première ambiguité, Balandier a levé le sens de primitif de l'opposition classique
entre société simple et société complexe, du critère racial vers le critère culturel. A partir de 1960
on abandonne définitivement ce terme de primitif.
Lève une deuxième ambiguité : ethno étudie des sociétés stables traditionnelles, sociologie les
sociétés dynamiques... => Erreur à corriger : Sens et puissance « c'est méconnaitre le
fonctionnement des sociétés et leurs capacités d'adaptation que de penser que celles-ci sont
stables » . Quand on prend la peine d'aller au coeur du terrain : tous sont traversés par des crises,
conflits et tensions qui constituent la société en elle-même : sont des ajustements perpétuels.
Ethnologue doit comprendre les états de crise. Sens et puissance « les crises subies deviennent le
révélateur de certaines relations sociales, de certaines configurations culturelles et de leurs
apports respectifs. Elles conduisent à considérer la société dans son action et ses réactions et non
plus sous la forme de structure et de systèmes intemporels ». De prime à bord, on ne voit pas les
crises/ les conflits : en général ils sont masqués. En général ils vont être auto-régulés par la
société. Il doit aller au cœur du terrain : franchir tous les pièges, leurs, masques dont font part les
sociétés traditionnelles pour cacher les systèmes d'autorégulation, et il faut comprendre ces
masques : les sociétés construisent des figures emblématiques. Ex du fou : quand une société est
dans le malaise, le fou va cristaliser tous les problèmes de la société. De même pour les malades,
31
Théories anthropologiques
certains particulièrement. Ex malades du SIDA dans les années 80. Le chaman : version positive
du sorcier. Ces figures sont les catalyseurs des problèmes d'une société, voir éxutoirs.
Balandier : on ne peut comprendre une société en état de crise si on ne s'intéresse pas à l'histoire.
Sens et puissance : « l'histoire est restituée à des sociétés que l'erreur et l'indolence théorique
avaient définies comme a-historiques. La dynamique sociale envisagée dans toute sa complexité...
et l'histoire s'imposent désormais comme conjointement ».
Cette erreur vient d'un fait simple : pour l'ethnologue le seul moyen de comprendre une société est
de se baser sur des faits stables, sinon impossible de penser la dynamique ! Référence pour
penser ses écarts.
Traditionnellement on affectait a l'ethno l'étude des sociétés dans leur totalité (ex fait social total de
Mauss). On attribuait à la sociologie l'étude partielle, segmentaire des sociétés : socio travail sur
grandes unités d'étude. L'éthnologie ne peut pas travailler sur une société dans sa totalité :
beaucoup trop complexe, mouvements beaucoup trop rapides...Mauss avait sans doute raison
d'un point de vue théorique mais d'un point de vue pratique on se rend compte que c'est
impossible. En ethno on fait donc auss des études segmentaires : « On peut dire qu'aujourd'hui
entre les deux disciplines sociologie et ethnologie il s'agit d'une opposition quantitative dans la
taille des groupes étudiés mais qu'il ne s'agit en rien d'une opposition méthodologiquement
fondée ».
C'est la première fois qu'on dit si ouvertement qu'un ethnologue peut travailler dans la culture à
laquelle il appartient. Sociologue peut aussi travailler dans sociétés modernes extra-occidentales.
Trois bases classiques : distanciation, dépaysement, décentrement : ne peuvent plus avoir cours
quand on est sur son terrain culturel. On est impliqué. Décentrement intellectuel.
La dynamique a une origine : processus de décolonisation. Il le vit sur le terrain. Lui arrive vers la
fin des années 50 sur son terrain : beaucoup de nouveautés/innovations grâce à ou à cause de
ces conflits. Extrait Afrique Ambiguë : « on ne peut rien comprendre aux sociétés en mutation sans
poser avant toute chose le préalable de l'étude historique. Comprendre l'histoire c'est comprendre
le contexte qui va faire naître des états de « crise ». Le contexte historique rend intelligibles les
changements sociaux. » Mouvements qui apparaissent seulement quand société est en
restructuration/déstructuration : quand une société est en état de crise, on voit apparaître de
nouveaux systèmes d'entre-aide/coopération. Ex des sociétés secrètes, souvent associées à un
sexe.
Mouvements synchrétiques : mouvements messianiques, charismatiques ou prophétiques.
Ceux qui intéressent Balandier : ces trois derniers : ils ont pour base de nouvelles religions. Traits
culturels de plusieurs religions mélangés ensembles donne une nouvelle religion qui s'appuie sur
un ancêtre fondateur, messie, prophète ou qqun de charismatique : peut être humain ou objet.
Programme qui amène tous ses fidèles vers la construction d'un nouvel homme, d'une nouvelle
société « les mouvements messianiques réinterprètent les faits sociaux par l'apport d'un élément
nouveau ou d'un regard nouveau (messie et son programme) qui vont permettre de redonner un
lien fondamental à une société en état de crise où l'on voit des déstructurations ». ex Simon
kimbandu, tomaturge : fait revenir les morts/ancêtres. Aura sacré. Dérive sur le politique, la lutte
anti-coloniale. + répartition des biens économiques. Peut poser des pb. Condamné à mort & gracié
mais déporté. Suite à sa mort disciples le considèrent comme martyr, aura qui se répand dans la
population.
Autre exemple asiatique : culte du cargo, existe toujours ajd en Mélanésie. Etudié d'abord par les
anglais années 1854 : on s'aperçoit que les autochtones développent des pratiques qui visent à
s'approprier les biens matériels et immatériels (connaissances techniques et scientifiques) des
occidentaux. Conduites sorcélaires car incompréhension... Anglais prennent peur. On reste dans
cette idée... jusqu'à qu'on réalise qu'on se trompe :
Mondher Kilani : Les cultes du cargo mélanésien : avec avions/bateaux cargos :
sorcellerie ou domaine du sacré/mythe : on intègre mot « cargo » auquel on va vouer un culte :
prophète, récit. Objet lui-même, le cargo est considéré comme un objet sacré/messianique :
apporte des médicaments, de la nourriture. Messianique car ce sont des sociétés en état de crise,
32
Théories anthropologiques
notamment jeunes hommes qui contestent l'autorité des anciens. Incapables de construire euxmêmes de nouveaux systèmes : déstructuration → peut disparaître. Anciens essayent de
reconstruire la culture via des éléments nouveaux, culte du cargo. Deviennent des mouvements
politiques de décolonisation, revendication de l'indépendance.
Balandier va travailler aussi sur les mouvements de résistance : active (guérillas) ou passive (refus
du travail par exemple).
Il y a des sociétés et des hommes qui d'un seul coup se trouvent finalement dans la friction entre
deux sociétés, dans ce qu'il appel le clivage des sociétés. Donne naissance à des situations
d'alternance. Ex droit civil imposé à ces sociétés qui ont le droit coutumier → s'opposent. Marge
négative. Vont mal, alternent entre deux cultures : en voie de déstructuration. C'est aussi le cas
des hommes, individus, qui vont mal. Ils ne savent plus de quelle société ils ressortent. Civile ou
colonisatrice ? Développent des pathologies mentales, conduites de folie. Sociétés font de même.
Ces pathologies sont reconnues par Balandier : son étude va permettre d'ouvrir un nouveau
champ dans l'anthropologie, le champ de l'ethnopsychiatrie. Etats de guerre, conflits &
pathologies : ethnopsychiatres.
Balandier va observer que dans ces mouvements divers, les sociétés traditionnelles & modernes
tenaient deux types de discours et pratiques : Le discours/pratique idéal et le discours/pratique réel.
Idéal : qu'elles tiennent à l'étranger : gommé, lissé, propre. Celui qu'on pratique entre soi, dans le
même groupe d'appartenance : avancée vers une conduite politique qui renverse la pratique idéale.
Discours idéal et discours réel comme les pratiques du même nom : sont constitutifs de toutes les
sociétés et de tous les hommes.
Conclusion :
La notion de société traditionnelle remplace celle de primitive et est généralisée à toutes les
sociétés.
On a un déplacement du terrain classique de l'ethnologie et de la sociologie qui désormais
peuvent être pensés comme communs. Seule l'unité d'étude est différente.
La notion de dynamique est centrale, elle étudie la confrontation entre sociétés traditionnelles et
modernes : tire son origine de l'étude du processus de décolonisation
Balandier réintroduit l'histoire. « L'histoire se fait sous nos yeux ».
Examens :
Trois sujets, deux à traiter quel que soit la formulation : reconnaître un auteur, un courant, un
concept. + si possible (tps) Transversalités avec courants après/avant. Nommer un ouvrage.
Dissertation : intro/développement/conclu => synthétique
Anthropologie marxiste
Anthropologie marxiste en mm temps que structuralisme et dynamisme meme si apparaît un peu
plus tard
Climat international bouleversé : luttes d'indépendance.
Caractéristiques : on va bien au delà de l'observation participante, de l'implication : on va vers la
notion d'engagement, physique pour l'ethnologue, aux côtés des peuples qui luttent + intellectuel.
Sera donc aussi politique : chercheur s'engage politiquement sur son terrain
On introduit un facteur nouveau qui a toujours existé, mais dont on avait pas compris la portée :
facteur économique, au sens marxiste du terme. (années 60 : grand succès chez universitaires
européens).
Intervient en anthropologie tardivement → pourquoi ?
33
Théories anthropologiques
1.
il faut que le domaine anthropologique soit suffisamment mature, développé pour
s'intéresser à l'économique. Piliers : parenté, religion, langue. Il faut bien les connaître &
comprendre pour voir qu'il y a peut être qq chose derrière, sous-jacent.
2.
Anthropologie marxiste : théorique & de terrain. Redevable d'une manière indirecte au
structuralisme. Claude Lévi-Strauss recherche le fondement de la constitution des sociétés. Pense
le trouver dans le domaine du sacré. Anthropologie marxiste cherche aussi fondement des
sociétés : pour Godelier, pas le mythe ou le sacré mais l'économie.
Redevable aussi à l'anthropologie dynamique. Balandier n'est pas allé assez loin : s'intéresse aux
conflits, tensions, états de crise. Anthropologues marxistes comprennent éco seulement dans etats
de crise/tensions => comme facteurs pilliers des tensions. Pivot des sociétés.
3.
Les anthropologues qui vont appartenir à ce courant sont engagés déjà dans leur propre
culture – en France – appartiennent au mouvement communiste français.
Courant n'est pas unifié, ne dépend de personne. Suit stratégies de chaque anthropologue.
- Jean Coppans : très engagé.
- Claude Meillassoux : engagement au début
- Maurice Godelier : très grand personnage dans l'histoire de l'anthropologie internationale.
Presque au même titre que Lévi-Strauss.
Maurice Gaudelier (1934): accepte ce terme d'anthropologie marxiste mais met un bémol :
finalement en anthropologie nous ne pouvons pas avoir une lecture directe du marxisme et de
l'économie marxiste. Il faut modifier ces termes, les aménager, ce que fera Godelier.
Assistant de Fernand Braudel, spécialiste de la méditerranéen. Part au Mali pour étudier qq chose
d'original à l'époque. Mali devient socialiste avec règles marxistes. Godelier veut comprendre
l'évolution des villages maliens à la suite des Plans (quadriénaux, quinquénaux). Comment on
évolue d'une société traditionnelle qui sera acculturée avec des faits venant de l'occident politisé,
marxiste.
Fait un autre terrain, Papouasie-Nouvelle-Guinée. Part chez une population, Baruyas. Est
l'assistant alors de Claude Levi-Strauss. Encore son disciple à l'époque (années 60). Travail sur la
parenté comme LS chez les Baruyas. Chose qui différencie : dans la parenté, il y a de l'économie.
Ce qu'on voit en premier en tant qu'anthropologues : la fonciton et l'institution parentale – derrière
il y a de l'économie.
Cela l'amène à poser sa première réflexion, développé dans L'idéel et le réel (1984)
Réflexions :
« les hommes produisent de la société pour vivre ». Thèse pas nouvelle, déjà par
naturalistes ou évolutionnistes (darwin, spencer). En anthropologie : Morgan. Economie/politique :
Karl Marx dans Le capital. => Godelier s'attache à comprendre l'existence de la frontière entre
nature et culture – comment l'homme en société a agi pour la première fois sur la nature?
Stratégies et enjeux développés vis à vis de la nature. Se rapproche de la réflexion marxiste,
remarque : forces productives (superstructures) & rapports de production (infrastructure). Marx
« Quels sont les rapports entre forces productives matérielles et intellectuelles et rapports de
production existant au sein d'une société donnée ? » Godelier : même question. Dans la réalité,
force prod/rapport de prod tellement imbriqués qu'ils sont indiscociables. Niveau intellectuel : il faut
faire une opération mentale pour les séparer. Godelier veut les comprendre & on ne peut les
séparer : par une opération mentale nous allons séparer les parties du tout (héritage LS).
Infrastructure : association d'idée avec un bâtiment. Comme fondation d'un bâtiment =>
Fondements d'une idée, d'une société. => on ne vit pas dans les fondations dans un bâtiment, il
faut qu'il y ait une élévation : superstructure. Termes immatériels d'idées ou sociétés : tout ce qui
va être grandiose, éclatant. Mais de même il faut qu'il y ait les fondations → il faut qu'il y ait les
deux => imbriqués.
=> Dans toute société il y a des fondations, infrastructures qui sont des rapports de production.
Economie : infrastructure de toute société. Fondation, fondement.. Mais aucune société humaine
ne vit que d'économie. Tout ce qu'on voit : politique, art, religion => superstructure. Les deux sont
étroitement imbriqués. Quand on veut comprendre le fondement même d'une société, on doit
placer son regard sur les rapports de production => l'économie d'une société.
34
Théories anthropologiques
Si on veut étudier tout ça, Godelier se dit : quelle est historiquement le premier rapport
entre la culture et la nature, le premier rapport économie. Godelier : « Ce que vise la pensée en
décomposant les parties d'un tout et en analysant leurs rapports, c'est à reconstruire le
mouvement de la première mise en rapport des parties qui ont fondées ce tout »
On peut conjecturer d'une double origine : le hasard & la nécessité. L'homme a fait des essais, des
erreurs, a eu des opportunités. Nécessité : parce qu'il avait besoin de rechercher une réponse à sa
survie, en particulier, à sa survie économique. Dans cette double origine : à la base, dans toutes
les sociétés dont témoignages archéologiques : primat de l'infrastructure sur la superstructure.
Anthropologue voit rarement l'économique en premier :
Autre réflexion : question des premières sociétés, ce sur quoi elles ont été constituées : quel est le
rapport qui fait qu'une société existe à son origine. Comment évoluent ces premières sociétés vers
la notion d'exploitation et de domination ?
Travaillera notamment chez pygmées au Congo : rare société ou on a des hommes qui
fonctionnent sur base d'entente, interdiction de la sorcellerie et de la guerre qui menace survie de
la société. Travaille à partir des travaux de Turner. Cherche exemples historiques et actuels basés
sur l'entente.
« les premières formes d'Etat et de rapports de classe dans une société sont nés et se sont
développés moins par le recours à la violence d'une minorité qui les aurait imposés aux autres que
par la coopération de tous y compris de ceux qui subissaient ou allaient subir les effets des
rapports de domination et d'exploitation
Si les membres d'une société acceptent leur propre domination : c'est dans leur intérêt : mais quel
est l'intérêt ? Analyse des sociétés qui vont vers l'exploitation alors qu'avant elles fonctionnaient
sur l'entente.
=> Toute société est basée sur un contrat social. Don & contre-don : dans notion de service/contreservice. Attente/dette.
Surement le premier service rendu au groupe est de protection symbolique, contre tout ce que
l'homme ne peut maitriser. Donne naissance à la fonction magico-religieuse ? Travail avec
historiens et archéologues... Mais en fait cette fonction n'est pas suffisante. Accompagnée d'une
protection matérielle, celle des guerriers. Protection des bêtes, d'autres hommes. Double service
de protection : immatériel & symbolique / matériel & guerrier.
Ceux qui vont protéger le groupe symboliquement & matériellement ne peuvent pas cultiver,
pêcher, chasser → donc il y aura un groupe dévolu à sa propre survie → chasseurs, pêcheurs &
agriculteurs (paysans).
Trois fonctions : très tôt : diversification des tâches. Donne lieu à des alliances, premières vues : le
pouvoir spirituel qui s'allie avec le pouvoir matériel des guerriers. Travail sur cité-Etats : aztecs,
incas, inde... villes : toujours un centre, toujours cérémoniel. Fondement de la société est sacré ?
Oui en apparence, mais non en sous-jacent. Ce qui va permettre au sacré d'être visible c'est le fait
qu'il y a une très bonne répartition économique à la base, entre les trois fonctions : vont se
constituer en castes, classes. Si une société se met à avoir une composition ternaire, qui devient
caste/classes avec chefs, ses propres règles, coutumes, pratiques & divinités ? Éclatement du
collectif au profit de fonctions qui ne peuvent se séparer.
=> modèle théorique
« A partir du moment ou il y a séparation de protection matérielle et taches symboliques va alors
s'accomplir la séparation des fonctions entre prêtres, guerriers et populations laborieuses et c'est
cette séparation qui va précisément rendre l'État nécessaire pour recombiner ce qui s'était séparé
mais à un autre niveau. »
Premières formes d'Etat étaient probablement sacrées, divines, immanentes. A la tête de ces
états : chef roi ou empereur qui sera de droit divin, incontestable. Pouvoir intemporel rend
incontestable.
C'est à partir de ce moment là que Godelier dit que tout est mis en place pour qu'on puisse
demander aux populations laborieuses du sur-travail qu'on thésaurise : mise en place
d'exploitation et de domination.
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Théories anthropologiques
« A partir du moment ou l'autorité ne peut plus être contestée en raison de son ascendance divine,
tout est alors mis en place pour qu'apparaisse une dérive sociale, l'exploitation et par là même la
domination. Tout est mis en place pour que la fonction dominante devienne pouvoir d'exploitation
et que le travail devienne du surtra
Coopération vers exploitation => modèle qui retrace cela.
Recherche ces sociétés parce qu'a un moment donné c'était plus facile de le faire... Matériel.
Cette idée évolue chez Godelier. Années 80-90 : se rapproche de LS. Lui travail sur le
symbolique, sacré... Lui sur économique. Peut être que dans la pensée de l'homme il n'y a pas de
pensée éco venant meme des sociétés, peut être qu'on peut réintroduire le facteur symbolique.
Au fondement des sociétés humaines (2008).
Reconnaît que les sociétés sont sujettes aux lois de transformation : parfois l'économie est plus ou
moins importante/visible. Tout dépend de l'histoire des sociétés. L'amène à montrer que
l'anthropologie peut avoir une vision originale de l'économie (à partir des 70s a cette vision).
Montre que les anthropologues peuvent apporter qq chose aux économistes. Étude du potlatch.
SI l'économie est le fondement des sociétés, c'est qq chose qu'on ne perçoit pas (différent de la
vision des économistes occidentaux)
« L'économie n'occupe pas dans les sociétés et dans l'histoire les mêmes lieux, les mêmes
rapports sociaux et l'économie change de forme selon qu'elle est ou non imbriquée dans le
fonctionnement des rapports de parenté ou des rapports politico-religieux ».
=> Dans les sociétés dites tradi, l'économie n'est pas une fonction séparée du reste comme chez
nous : c'est qq chose qui ne peut exister que si il y a parenté, politique et sacré.
Remarque :
déjà préconçu par Malinowski : le mariage est conditionné par l'économique. Pour Godelier
l'économie est la structure la plus importante
hypothèse : « on peut donc avancer l'hypothèse que parenté, religion et politique ne peuvent
dominer (être visibles) que s'ils fonctionnent en même temps comme rapports économiques » :
déplacement du sens marxiste de l'économie.
Conclusion
1.
Seules les approches structurales et marxistes se préoccupent explicitement de rechercher
sous la diversité des formes sociales un ordre sous-jacent, la logique invisible des propriétés
objectives des rapports sociaux et de leurs lois de transformation. Deux courants les plus
théoriques : fondements des sociétés via éclairages différents : se rejoint.
2.
Dans l'étude des modes de production des sociétés Godelier passe de l'analyse des
rapports des hommes avec la nature (modes matériels de production) aux rapports des hommes
entre eux (rapports de coopération et d'exploitation dans l'appropriation de la nature).
3.
Les rapports économiques ne sont pas directement perceptibles en raison de l'imbrication
des rapports sociaux mais que parenté, politique, religion ne peuvent fonctionner que s'ils sont
aussi des rapports économiques.
Anthropologie interprétative
Clifford Geertz 1984 Bali, interprétation d'une culture
Jack Goody
1970 : courant américain.
Va se répandre en europe & France 10 ans après. Influence beaucoup lyon 2. (François Laplantine)
Se détache dans 70s de l'anthropologie analytique. On ne va pas du tout être dans la filiation de la
théorie : rupture. On parle carrément de subjectivité, de regard, d'écriture. Glissement du sens
collectif de l'anthropologie au sens individuel.
Regard : il est porteur de sens, individuel, personnel.
36
Théories anthropologiques
Courant reprend termes/thèmes du culturalisme (écriture). Culture = un système de sens. Tout
peut faire sens au regard de l'ethnologue. Tout regard est déjà en puissance une mise en forme :
on ne peut pas avoir un regard neutre, objectif sur un objet d'étude : c'est déjà du sens.
Présupposent que le regard, même le premier est forcément subjectif : l'ethnologue a une
mémoire, une histoire, une connaissance : ne peut pas les mettre en veille. Il doit les activer.
Ethnologie ne peut pas se revendiquer comme une science objective ? Sciences de l'homme :
pareil ? Premiers à vouloir exister en tant que tel, sciences de l'homme existent coupées des
sciences exactes. Ils vont faire référence à une antériorité philosophique : à partir d'Auguste
Comte, Wilhelm Dilthey (philosophe allemand : fin XIXe : travail sur la constitution des
connaissances. On doit séparer celles sur l'homme : ne sont pas les mêmes. Va avoir deux
termes qu'on retrouve en interprétatif : rationalité explicative & rationalité interprétative. La science
est toujours dans l'explication, dans l'analyse, dans l'objectivité. Celui qui observe est en dehors de
son observation, distancié par rapport à son objet d'étude. Sciences exactes, fondamentales !
Sciences de l'homme cherchent à comprendre par la description et l'interprétation. L'observateur
est dans son propre objet d'étude, sa propre observation. Ethnologue fait parti du terrain : doit faire
parti de sa description : plus de distance entre l'objet et le sujet d'étude.
Tout fait sens. Produit du sens, capable de modifier la société dans laquelle il est + générateur de
sens. Terme de sens revient constamment : tout est sens chez l'ethnologue : il n'y a plus du tout
d'objectivité possible.
Donc où sont les faits/sociétés/situations qu'on peut observer. Aucun fait n'existe à l'état pur : c'est
notre regard qui va construire notre réalité.
Clifford Geertz
Terrain à Java et Bali, ex du combat de coq. Notion de sens et regard : on est impliqué sur un
terrain, subjectif. Années 60 : java, insécurité politique: massacres nombreux. Retrouve les USA.
Refait un terrain au Maroc. Y étudie systèmes religieux. S'intéresse aux réunions festives
collectives : s'intéresse aux souks. Développe idée de système de sens & subjectivité
Ici et là-bas : « Il met en doute la neutralité du chercheur et l'objectivité du savoir en s'interrogeant
principalement sur les conditions de production de l'anthropologie en tant que production
textuelle » : décrire c'est comprendre et non analyser. C'est une narration, un récit. Autant qu'il y a
d'ethnologues, autant il peut y avoir d'écritures. + Chacun lit différemment. Anthropologie
arborescente. On va aboutir à une ethnographie polygraphique.
« L'attache de l'ethnologue c'est d'abandonner ses prétentions scientifiques et d'être infiniment
plus modeste de la construction de modèles opératoires (…) il s'agit désormais de tâches
d'unité. », « Description et compréhension réside dans le récit ».
Ecriture devient complexe. Trois « je » : Je témoin, je acteur, je auteur. J'écris ce que j'ai vu et non
pas un autre ethnologue. Pour Geertz on fait dériver le récit classique, scientifique vers le récit
littéraire. Ethnologue peut devenir un auteur, littéraire : peut faire une oeuvre littéraire et non plus
scientifique. Veut tirer l'anthropologie vers la notion de littérature.
=> On parle surtout pour soi... moins pour les autres. Controverse autour de Carlos castañeda.
Critiques :
–
l'absence d'analyse fait qu'on ne partage pas des connaissances identiques sur lesquelles
on pourrait construire de nouvelles connaissances. Pb épistémologique.
–
Risque d'être instrumentalisé par son terrain : raconte ce qu'on a envi de voir & non ce qui
existe.
–
Anthropologie de l'émotion : on tient compte du sensible. Autre forme de connaissance.
Geertz pour nous : « Nous ne nous avons seulement légué à vous jeunes ethnologues
d'aujourd'hui une méthode de recherche à la suite de Malinowski qui est l'observation participante
mais nous vous léguons désormais un dilemme littéraire qui est la description participante »
Mule = ethnologue. Fait toujours réf au frère de sa mère, cheval, science éxacte, mais jamais son
père, l'âne, science de l'homme
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