Fiche animation: Déterminer une plante

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4 août 2010
Fiche animation: Déterminer une plante
Loïc Cecilio – Tela Botanica
Pour commencer:
Expliquer les principes de bases de taxinomie en rappelant les liens de parentés des êtres vivants.
Interpellé par les différences et les ressemblances entre les êtres vivants, les Naturalistes ont créé
une science appelée taxinomie depuis le 19ème siècle, décrivant les organismes vivants par rapport
à leurs ressemblances (ou différences). Ces observations ont conduit à reconnaître et décrire les
liens de parenté entre les êtres vivants.
Cette science s'est perfectionnée avec l'apparition de nouvelles approches d'observation
(morphologie, anatomie, physiologie, génétique...), de l'apparition de nouveaux outils d'étude
(loupes, microscopes, spectromètres, …), ainsi que de l'émergence de théories telles que la
comparaison des fragments d'ADN. Grâce à ces liens de parentés, les Taxinomistes organisent ces
taxons sur des arbres phylogénétiques, véritables arbres généalogiques à grande échelle des êtres
vivants.
La différence plante / animal est évidente à identifier, attendu qu'un animal va se mouvoir et qu'une
plante sera verte et restera fixée sur le sol à quelques exceptions prêts. En regardant de près, on
arrive également à identifier des différences entre les plantes elles mêmes, et savoir grâce à leur
description quel est le nom qu'on leur donne. C'est pour cela qu'on utilise une clé de détermination.
Une clé de détermination est une succession d'alternatives portant sur les caractères d'un spécimen
qui permet de l'identifier étape par étape à un taxon décrit et nommé, et donc de lui donner un nom.
Bien que la clé d'identification peut ressembler par sa structure à un arbre phylogénétique, et on
rencontre souvent des personnes qui font l'amalgame, il faut signaler le fait qu'il n'y a souvent pas
de relation entre les deux. La clé d'identification est un outil de terrain qui n'a pas de finalité
descriptive, permettant juste de découvrir le nom donné à un taxon.
Se rapprocher de la thématique en rappelant qu'on va ici s'intéresser aux plantes.
Une fois ces points éclaircis avec un langage adapté au public concerné, on rappelle
brièvement ce qu'est une plante, et on amène l'assemblée à se questionner sur les différences
observables sur les plantes en présence. Questionner l'auditoire est souvent plus efficace que
d'énoncer des définitions. Il est important d'utiliser des anecdotes qui vont réveiller la curiosité,
surtout chez un public jeune qui n'a parfois même pas conscience que les plantes sont aussi
vivantes que les animaux.
Proposer la clé d'identification que l'on a construit au préalable.
Construction de la clé d'identification en amont de l'animation:
● Matériel:
~ 5 à 10 espèces choisie suivant l'objectif pédagogique, faciles à différencier à l'œil nu. Plus
il y en a, plus l'animation sera intéressante, mais plus la clé sera complexe à construire. Il est
intéressant d'inclure des espèces endémiques afin de familiariser l'auditoire avec ce concept,
et de présenter diverses définitions telles que biodiversité, patrimoine naturel végétal...etc.
– Un ordinateur équipé d'un logiciel tableur pour rechercher la succession d'alternatives, un
logiciel de présentation ou de traitement d'images pour rédiger le poster.
– À défaut d'ordinateur, on peut utiliser du papier et finaliser le poster avec stylos, peintures,
feutres... .
– Un appareil photo pour obtenir des images de plante suffisamment représentatives des états
de caractères et des plantes dans leur ensemble.
–
●Protocole:
création d'un tableau de comparaison:
On crée un tableau avec des lignes incluant un premier choix d'espèces disponibles pour le jour de
l'animation (~15 sp.) et en colonne les caractères discriminants observables (phyllotaxie, couleur
des feuilles, dimensions des feuilles, forme des feuilles, type de feuilles, poils, présence d'organes
ou glandes particuliers, couleur des fleurs, nombre de fleurs, fruits ...etc.).
Note: Si un caractère est identique pour toutes les espèces choisies, il n'est pas discriminant, et il
n'est donc pas pertinent de l'inclure dans les colonnes.
Simplification du tableau:
Afin d'avoir une visibilité d'ensemble, on utilise le code couleur en regroupant par colonne sous une
même couleur les états de caractère qui peuvent êtres rassemblés afin de minimiser les nuances qui
sont un facteur complexifiant de l'observation. Par exemple, il est pertinent de regrouper les feuilles
entières et/ou simples par opposition aux feuilles composées et/ou divisées, ou encore les plantes à
tiges poilues par opposition aux plantes à tiges glabres. ↓
Note: il est important de se rapporter aux échantillons eux mêmes et non de se fier complètement à
la littérature car il n'est pas rare d'observer du polymorphisme intra-spécifique. Les états de
caractères manquent alors de pertinence et conduisent à des erreurs de détermination.
On ne conserve que les espèces dont la combinaison de caractère est singulière (si deux espèces
présentent les mêmes états pour chaque caractère, il faudra supprimer l'une des deux). ↓
↓↓↓↓↓↓↓↓↓
Création de groupes par rapport à leur ressemblances:
On divise des ensembles de plantes par groupe d'états de caractère. (poilues / non-poilues...)
Ainsi de suite, on continue à diviser chaque groupe obtenu en choisissant à chaque étape le
caractère pertinent. On obtient de cette façon plusieurs groupes que l'on va organiser de manière
hiérarchique sur un poster, permettant au public d'observer l'état des caractères discriminants dans
l'ordre de la première à la dernière division, le conduisant ainsi à identifier la plante qu'il observe
parmi le choix qui lui est proposé. ↓
↓↓↓↓↓↓↓↓↓
Notes: - Il est possible de former plus de deux groupes à partir du moment où ils sont faciles à
différencier (ex: fleurs de couleur jaune, bleu, rouge = trois groupes faciles à identifier)
- Il est intéressant de ne pas rendre l'identification possible dès la première dichotomie afin de
garantir un maximum d'observation au public avant de clore l'animation.
Mise en page de la clé d'identification:
On organise les choix successifs suivant la forme et le sens que l'on veut (la forme ascensionnelle
suggère la forme d'un arbre qui se ramifie) afin de mettre à profit l'espace disponible de manière
équilibrée.
La base ou origine de l'arbre est le premier caractère discriminant (feuilles à marge dentée / marge
lisse, et l'extrémité est l'identification de la plante (nom latin + nom vernaculaire par exemple).
Ex:
→ Glabre → phyllotaxie opposée → port dressé → Silène armeria L.
↓
↓
↓
Poilue
….
….
Note: Pour un public jeune,il est utile d'illustrer les états de caractères avec des photos ou dessins
caractéristiques (photos de tige glabre et de tige poilue, photo schématisant une forme foliaire, la
phyllotaxie, ou encore des pastilles de couleur pour suggérer la couleur de pétales... etc.).
Le vocabulaire doit être expliqué ou simplifié afin de rendre accessible l'outil au public novice qui
n'est souvent pas familiarisé aux termes botaniques. Il est préférable d'ajouter une explication et/ou
une illustration (ex: « tige glabre : qui ne porte pas de poils).
Il est également possible de placer une photo de la plante à identifier à côté du nom, dissimulée
avec un cache amovible, ce qui permettra au moment de la découverte d'affirmer ou de infirmer la
détermination obtenue en comparant directement l'échantillon vivant à la photo révélée.
On finalise le tableau en vérifiant pour chaque spécimen que la clé d'identification conduit bien au
nom correct de la plante choisie.
On conclu l'animation en élargissant l'explication et les utilisations possibles d'un tel outil, en rappelant les
limitations:
Il existe divers niveaux de complexité de clés d'identification, depuis le modèle ici présenté à des
flores complètes (introduction du concept de flore). On trouve des clés sur divers supports, poster,
livre, programme informatique; utilisant des caractères mixtes, d'autres n'utilisant que les caractères
restreints (végétatifs, surtout dans le cas des arbres, pour lesquels les fleurs ne sont pas accessible à
moins d'escalader). Il ne faut cependant pas assimiler une clé d'identification, outil utilisant la
description pour déterminer le nom donné, à un arbre phylogénétique, qui décrit les liens de parenté
réels des organismes. L'observation des plantes mérite d'être minutieuse; un épi de blé et un palmier
sont deux plantes d'apparence bien différentes, et vous direz même que le premier est une herbe et
le second un arbre?!... Le blé est pourtant plus proche du palmier (toutes deux monocotylédones)
que du tournesol (dicotylédone). Vous direz qu'une plante aquatique est une algue, et un lichen une
plante terrestre?!... pourtant, le lichen est formé d'une algue en symbiose avec un champignon, et
certaines phanérogames ( plantes à fleurs) vivent dans l'eau (Thalassia hemprichii, Mentha
aquatica, Ranunculus aquaticus,... ). Il faut se méfier des ressemblances qui trahissent une fausse
parenté (monocotylédones arborescentes / arbres; chauves-souris / oiseaux; mammifères marins /
poissons; ...etc. Bien qu'une clé d'identification utilise parfois ces différences, elles n'illustrent pas
nécessairement les liens de parentés.
Bien qu'aujourd'hui les méthodes d'investigation aient évolué, privilégiant les caractères bio
moléculaires et génétiques pour l'obtention de ces arbres qui schématisent les liens de parenté, les
caractères morphologiques restent pertinents dans la plupart des cas, et permettent aux curieux de la
nature de reconnaître les organismes vivants et de partir à la recherche de leur identité.
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