poesie et philosophie

publicité
POESIE ET PHILOSOPHIE
lundi 15/09/14 :
1/ Parenté de la poésie et de la philosophie
La poésie est un objet de réflexion pour la philosophie. La philosophie peut permettre de
comprendre ce qu’est la poésie. La poésie peut aider le philosophe.
2/ La poésie, un souffle pour le philosophe
La forme poétique contraste avec les formes académiques de la philosophie. Le poème n’argumente
pas et ne cherche pas à le faire. La poésie se rapproche de la peinture, il montre et se déploie sur la
page/la toile. Le lecteur contemple le poème dans son ensemble, il peut identifier un sonnet avant
même de lire le poème. Il peut déplacer son regard, relire, apprendre et réciter. La possibilité de la
répétition largement impliquée par la récitation et le rôle de la mémoire contraste avec la perception
du langage, de la conversation, du récit ou de la discussion. Il y a une forme d’immobilité, de fixité
qui ne semble appartenir qu’au poème.
3/ Le poème n’argumente ni ne raisonne
L’opposition de la philosophie et de la rhétorique suppose un terrain commun, celui de
l’argumentation. Le rhéteur et le philosophe peuvent s’affronter alors que le poète et le philosophe
peuvent s’accuser tous deux de menteurs mais semblent tellement étrangers qu’aucun des deux ne
peut contredire l’autre. Le poète imagine, fictionne, travestit. Il y a une alliance de la parole et de la
raison dans la philosophie qui confère une sorte d’autorité. Le poète et le philosophe jouent dans des
espaces différents, ils ne peuvent se contredire car ils n’ont pas le même usage du langage.
4/ Langage poétique : usage poétique du langage
Quel est l’intérêt d’une réflexion sur la poésie du point de vue de la philosophie du langage ? La
poésie ne semble pas viser en premier lieu la communication contrairement au langage. Pourquoi le
poème complique-t-il inutilement les choses ? Question de l’opacité du poème. Le poème dit ce qu’il
a à dire de la manière la plus simple. Comment opère la distinction entre dire et vouloir dire ? La
poésie est un laboratoire de prédilection pour voir cette distinction mais elle est aussi présente en
philosophie. Ce que nous avons sous les yeux ce n’est pas ce que veut dire le poète mais le poème
qui a effacé la voix de celui qui l’a écrit. Celui qui parle n’est pas le poète, du moins pas directement.
On parle de la voix poématique comme d’un équivalent de ce que la narratologie utilise dans les
romans. Le poème ne cherche pas à nous convaincre. On est pas dans un discours de type
argumentatif. Voilà pourquoi le poème ni ne ment ni ne dit la vérité. Il n’est pas dans un rapport
direct à la vérité, il ne défend pas des arguments. Le poète est invisible derrière le poème.
5/ Poète et philosophe : inutiles et incompris
Des formes de complexité caractérisent la philosophie et la poésie. La difficulté peut être liée à un
simple rapport. C’est le rapport à la langue qui engendre une certaine complexité. On peut
s’interroger sur le sens de l’utilité en philosophie comme en poésie. Il y a manifestement une visée
qui n’est pas celle d’une utilité immédiate. La question de l’inutilité apparente doit être prise en
compte dans la philosophie du langage. Il y a la question de l’engagement en poésie.. En philosophie,
la difficulté est de se rendre accessible au plus grand nombre. Il y a un écart naturellement présent
entre langage philosophique, langage poétique et langage ordinaire.
6/ Parole philosophique, parole poétique
La parole est vivante, en générale en première personne, elle est portée par une voix. On se
demande ce que c’est que parler. Peut-on dire que le poète parle ? Qu’est-ce que la parole pour le
philosophe ? A ces définitions de la parole correspondent des idéaux. On cherche à dire ce que doit
être idéalement la parole. Au XVIIème siècle, l’art de parler est l’art de la grammaire, de bien parler. La
Grammaire de Port-Royal date de 1660 et écrite par Arnauld et Lancelot. La Logique de Port-Royal
est écrite par Arnauld et Nicole. Ce sont deux ouvrages qu’il faut connaitre. « Parler est expliquer ses
pensées par des signes que des hommes ont inventé à ce dessein. » Il y a l’idée que sans parole la
pensée reste inexplicable. Ce détour par le signe est nécessaire à la communication, notamment de
corps à corps. Ces signes sont des supports qui signifient nos pensées. Les mots sont les signes des
idées. On ne peut imaginer le langage sans idées. Les idées sont ce que signifient nos paroles.
L’expérience, les idées et les images sont des conditions de la signification. Pour Locke il y a bien une
différence entre l’usage civil et l’usage philosophique (Essai sur l’entendement humain, 1683). La
philosophie doit pour lui clarifier le langage ordinaire et permettre de se mettre d’accord sur l’idée
que chacun soit signifier par le mot. Il faut un usage rigoureux, un usage de la logique. La parole
poétique semble suivre d’autres fins. La parole poétique n’apparait pas comme un usage plus
rigoureux du langage ordinaire mais plutôt comme un échec du langage.
Cf. Philippe Jacottet dans Chants d’en bas.
« J’aurai beau répété « sang » du haut en bas
De la page, elle n’en sera pas tâchée,
Ni moi blessé ».
Il y a une sorte de légèreté du langage qui est le paradoxe initial de tout poète.
« Tout ce qu’on voit, tout ce qu’on aura vu depuis l’enfance, précipité au fond de nous, brassé peutêtre déformé (...) tout cela qui remonte en paroles, tellement allégé, affiné, on imagine à sa suite
guère même la mort ».
Il y a une recherche du véritable sujet de la parole.
Estéban, p. 49 : « Je dis je mais c’est l’autre que moi qui parle ». (Conjoncture du corps et du jardin)
C’est dans le poème lui-même que réside la parole poétique. Le poème n’est pas le souffle qui
précède le chant mais le résultat de ce qui est écrit lu et prononcé.
Dire que le poème est l’expression d’un ensemble complexe de perceptions suppose un lien étroit
entre le mot et le sentiment. La poésie est un lieu privilégié pour s’interroger sur ce qu’est la
sensibilité. La poésie est essentiellement un art du langage. Il faut toujours prendre en compte les
liens qui unissent mot et émotion. Au-delà de ce constat d’un échec de la langue, on trouve un
retour aux paradoxes du langage. La parole poétique cherche à aller au-delà d’un ensemble de
signes. Les signes construisent, évoquent. Tout langage emprisonne le sujet. Guérir des signes est le
projet poétique tel qu’Estéban le formule. Le langage produit des idées générales, des images, la
parole poétique ne cherche pas à aller au-delà.
7/ Théorie classique de la signification et raison poétique des modernes
Téléchargement