Antoine Muller Université de Paris Ouest 2011/2012 Licence Humanités, 1ère année Méthodologie Philosophique Séance n°1 : travail préparatoire à effectuer par les étudiants : A. Analyse de texte : Lisez attentivement le texte reproduit à la page suivante, tiré de La Poétique d’Aristote, effectuez quelques recherches vous permettant de l’éclaircir, et esquissez-en un commentaire écrit sous forme de remarques rédigées (500 mots minimum) détaillant les éléments qui vous paraissent remarquables et pertinents. Vous vous appuierez sur les règles de méthode du commentaire de texte philosophique acquises en classe de terminale, en prêtant attention aux éléments suivants : type de texte : style, genre littéraire. éléments du contexte de l’œuvre (époque, langue, auteur) qui présentent un intérêt pour commenter ce texte domaine de la philosophie concerné (morale, politique...), thème, problème(s) du texte passages centraux du texte et mots clé (« concepts ») étapes du texte, progression de l’argument B. Rédigez une fiche de présentation comprenant les éléments suivants : nom, prénom, date de naissance. sections en terminale ? projets d’orientation professionnelle ? langues pratiquées, et niveau dans chacune d’entre elles dernières lectures personnelles (de tout ordre) ? accès à un ordinateur ? à internet ? Indiquez si vous êtes étudiant étranger ou si le français n’est pas votre langue maternelle, si vous exercez un travail ce semestre, si vous bénéficiez d’un tiers temps, d’un contrôle dérogatoire, si vous êtes malvoyant ou malentendant... Avez-vous des goûts ou des intérêts particuliers en philosophie ? Avez-vous déjà lu des textes de philosophie en dehors des cours ? Y a-t-il certaines choses en particulier dans vos cours de terminale qui vous ont marqué ou dont vous vous rappelez ? Est-ce une discipline que vous appréciez (et pourquoi) ? Quels sont les problèmes que vous rencontrez ? Avez-vous des désirs ou des attentes concernant la méthode ou le contenu du TD ? CHAPITRE 9 De ce que nous avons dit, il ressort clairement que le rôle du poète est de dire non pas ce qui a lieu réellement, mais ce qui pourrait avoir lieu dans l’ordre du vraisemblable ou du nécessaire. Car la différence entre le chroniqueur et le poète ne vient pas de ce que l’un s’exprime en vers et l’autre en prose (on pourrait mettre en vers l’œuvre d’Hérodote, ce ne serait pas moins une chronique en vers qu’en prose) ; mais la différence est que l’un dit ce qui a eu lieu, l’autre ce qui pourrait avoir lieu ; c’est pour cette raison que la poésie est plus philosophique et plus noble que la chronique : la poésie traite plutôt du général, la chronique du particulier. Le « général », c’est le type de chose qu’un certain type d’homme fait ou dit vraisemblablement ou nécessairement. C’est le but que poursuit la poésie, tout en attribuant des noms aux personnages. Le « particulier », c’est ce qu’a fait Alcibiade ou ce qui lui est arrivé. En ce qui concerne la comédie, la chose est d’emblée évidente : les poètes construisent leur histoire à l’aide de faits vraisemblables, puis ils lui donnent pour supports des noms pris au hasard, au lieu de composer leurs poèmes, comme les poèmes iambiques, sur un individu particulier. Les tragiques au contraire s’en tiennent aux noms d’hommes réellement attestés. En voici la raison : c’est que le possible est persuasif ; or, ce qui n’a pas eu lieu, nous ne croyons pas encore que ce soit possible, tandis que ce qui a eu lieu, il est évident que c’est possible (si c’était impossible, cela n’aurait pas eu lieu). Néanmoins, dans certaines tragédies, il n’y a qu’un ou deux noms connus, les autres sont forgés ; et, dans certaines, il n’y en a aucun ; par exemple dans l’Anthée d’Agathon, où les faits et les noms sont également forgés sans que le charme en soit moins grand. De sorte qu’il ne faut pas vouloir à tout prix s’en tenir aux histoires traditionnelles qui forment le sujet de nos tragédies ; c’est même une exigence ridicule puisque aussi bien ce qui est connu ne l’est que d’une minorité, mais il n’empêche que cela plaît à tout le monde. Il ressort clairement de tout cela que le poète doit être poète d’histoires plutôt que de mètres, puisque c’est en raison de la représentation qu’il est poète, et que ce qu’il représente, ce sont des actions ; à supposer même qu’il compose un poème sur des événements réellement arrivés, il n’en est pas moins poète ; car rien n’empêche que certains événements réels ne soient de ceux qui pourraient arriver dans l’ordre du vraisemblable et du possible, moyennant quoi il en est le poète. ARISTOTE, La Poétique, (335-323 ?), tr. fr. R. Dupont-Roc, J. Lallot, Paris, Seuil, coll. Poétique, 1980. (ch. 9, p. 65-67, 1451a36-1451b32).