TROUBLES ANXIEUX CHEZ L`ENFANT ET L`ADOLESCENT

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TROUBLES ANXIEUX
CHEZ L’ENFANT
ET L’ADOLESCENT
Johanne Boivin, M.D.
Marianna Zarrelli, M.D.
31 janvier 2006
Plan
• Introduction
• Épidémiologie
• Troubles anxieux chez l’enfant et l’adolescent
• Présentation clinique des troubles anxieux
• Conséquences et complications des troubles
anxieux
• Comorbidité des troubles anxieux
• Étiologie des troubles anxieux
• Caractéristiques des enfants inhibés
Plan (suite)
• Anxiété de séparation
• Phobie scolaire
• Cas clinique de Mélissa
• Peurs chez l’enfant
• Autres troubles anxieux
• Cas clinique de Nicolas
• Traitement
• Conclusion
Introduction
• 10% des enfants et des adolescents
• Problèmes de fonctionnement aux plans social,
familial et scolaire
• En l’absence de dépistage et de prise en charge,
se poursuivent souvent à l’âge adulte
• Faible estime de soi et difficultés d’adaptation
• Forte utilisation des services de santé
Introduction (suite)
• Pour les traiter, le professionnel doit savoir les
RECONNAÎTRE, les DIFFÉRENCIER et les
COMPRENDRE
• Pour établir le diagnostic, il faut savoir
RECONNAÎTRE LES STIMULI ou LES FACTEURS
qui déclenchent la réaction de panique ou d’anxiété
• DE QUOI LA PERSONNE A-T-ELLE PEUR?
• Critères diagnostiques
• Évaluer s’il y a une comorbidité
Anxiété normale et pathologique
Angere: serrer la gorge, oppresser, émotion ayant une finalité
adaptative
• Anxiété: réponse adaptative à
une situation de danger externe
ou interne
• Troubles anxieux: perturbation
de l’évaluation et de la régulation
de la réponse à ce danger
perturbant le fonctionnement
global
• Du normal au pathologique,
grand dilemme de la
pédopsychiatrie
Troubles anxieux chez
l’enfant et l’adolescent
ÉPIDÉMIOLOGIE I
• Plus fréquent diagnostic psychiatrique affectant
près de 10% des enfants et des adolescents
Troubles anxieux chez
l’enfant et l’adolescent
ÉPIDÉMIOLOGIE II
• L’anxiété de séparation et l’anxiété généralisée
représentent la plupart des troubles anxieux en
général
• L’anxiété généralisée et la phobie sociale sont
plus fréquentes chez les adolescents alors que
l’anxiété de séparation l’est plus chez l’enfant
Troubles anxieux chez l’enfant et
l’adolescent - DSM-IV
• Anxiété de séparation
• Phobie spécifique
• Phobie sociale
• Anxiété généralisée
• Trouble panique
• TOC
• État de stress post-traumatique (ESPT)
• État de stress aigu
Tableau clinique habituel
• Anxiété excessive, irréaliste et inappropriée au
stade de développement
• Détresse subjective
• Symptômes cognitifs (inquiétude, dramatisation),
physiologiques (tachycardie, maux de tête,
symptômes abdominaux) et moteurs (évitement,
colère)
• Fluctuations dans le temps
• Déclenchée ou exacerbée par le stress (séparation,
changements…)
• Comorbidité élevée
Conséquences et complications
• Évitement de situations importantes pour un
développement satisfaisant (école, amis,
exploration et éloignement des parents...)
• Plaintes somatiques réclamant une attention
médicale
• Risques accrus de dépression, suicide, abus de
substance toxique et perturbation du
fonctionnement familial et social
• Interférences avec la perception de soi et du
monde
Troubles anxieux chez l’enfant
• Souvent associés à un ensemble de traits
d’inadaptation
– timidité, retrait social, manque de confiance
en soi, dysphorie, hypersensibilité (Quay et La
Greca, 1986)
• Évaluation de l’adaptation globale et non pas
seulement de la rémission des symptômes
– exemple de la phobie scolaire (Berg et Jackson
1995)
– retour à l’école mais souvent vie sociale et
vie affective restreintes
Comorbidité
•
Avec les autres troubles anxieux: la majorité
des enfants présentent un autre trouble
anxieux (Last, 1992)
•
Avec les troubles de l’humeur: dans plus de
50% des cas (Masi, 1999)
•
Trouble d’attention avec hyperactivité: dans
environ 20% des cas (McGee, 1990 et Biederman, 1991)
Troubles anxieux
Étiologie multifactorielle
•
•
•
•
•
Facteurs génétiques (tempérament…),
biologiques et neurophysiologiques
Facteurs de développement (attachement…),
facteurs traumatiques
Facteurs environnementaux
Facteurs cognitifs
Facteurs psychologiques...
Dans les facteurs étiologiques
Tempérament
• Kagan (1989), Biederman (1991)
• Inhibition comportementale: trait stable
– associé à une hyperactivité du SNA
– évaluation précoce et longitudinale
• Facteur de risque significatif pour l’émergence
d’un trouble anxieux (non pathologique en soi)
Caractéristiques des enfants inhibés
vs non inhibés (suite)
• Au suivi (3 ans, 7 ans, 12-14 ans) environ 50% des
enfants classés comme «inhibés» sont restés
inhibés.
• Risque plus élevé de développer un trouble
anxieux.
• Agrégation familiale augmentée pour des
troubles anxieux.
Kagan Jerome, Galen’s Prophecy -Temperament in Human Nature, Basic
Books, New York, 1994
Tentative d’intégration (Manassis et Bradley (1994)
Vulnérabilité biologique
(hyperactivité du système sympathique)
Inhibition comportementale
Figure d’attachement non autonome
COMPORTEMENTS D’ÉVITEMENT
Attachement insécure
Importance de l’appréciation cognitive
des événements développementaux
et traumatiques
Importance de la réponse
des parents et de la famille
•
•
réduction de l’influence extérieure positive
entrave au développement des mécanismes d’adaptation et
des habiletés sociales
• interactions restreintes avec autrui
États d’insécurité interne
Trouble anxieux
Anxiété de séparation
CRITÈRES DIAGNOSTIQUES:
Anxiété excessive et inappropriée au stade de développement
concernant la séparation d’avec la maison ou les figures
d’attachement
– détresse excessive et récurrente dans les situations
de séparation
– crainte excessive et persistante de la disparition des
figures d’attachement ou d’un malheur pouvant leur
arriver
– crainte excessive et persistante qu’un événement
malheureux ne vienne séparer l’enfant de ses figures
d’attachement (se perdre, être kidnappé, etc)
Anxiété de séparation
CRITÈRES DIAGNOSTIQUES (suite):
• réticence persistante ou refus d’aller à l’école ou ailleurs, 2o
à la peur de séparation
• appréhension ou réticence excessive et persistante à rester
seul à la maison sans l’une des figures d’attachement
• réticence persistante ou refus d’aller dormir sans être à
proximité d’une figure d’attachement
• cauchemars répétés à thème de séparation
• plaintes somatiques répétées lors de séparation (maux de
tête, douleur abdominale, nausées, vomissements)
Phobie scolaire
Situation et non pas diagnostic
•
•
•
•
Situation recouvrant des problématiques différentes
Fréquence des troubles anxieux sous-jacents
Tous les troubles anxieux n’entraînent pas une
phobie scolaire
Contexte permettant l’installation de la non
fréquentation scolaire
Refus scolaire
• Incidence :1-2%
• Garçons = Filles : égal
• Diagnostic différentiel:
– anxiété, humeur, abus de
substances, développement
et troubles psychotiques
– maladie physique
– vraies difficultés scolaires
Cas clinique de Mélissa
Fillette de 6 ans, référée par son pédiatre car
elle refuse de se rendre à l’école.
•
•
•
•
•
2ème d’une famille de 2 enfants
habite avec ses parents et son frère
père informaticien
mère à domicile
maternelle
Cas clinique de Mélissa (suite)
Histoire personnelle:
•
•
•
•
•
grossesse planifiée, normale
née à terme
développement normal
enfant facile
difficultés apparues à l’âge de 2 ans
(déménagement)
• père souvent absent (travail)
Cas clinique de Mélissa (suite)
Histoire médicale:
• otites à répétition
• asthme
• plusieurs hospitalisations depuis l’âge de 11
mois
Cas clinique de Mélissa (suite)
Problématique principale
•
•
•
•
ne veut pas aller jouer seule dans sa
chambre
peurs nocturnes
douleurs abdominales, douleurs aux
jambes
a froid au visage, surtout lorsque
seule la nuit
Cas clinique de Mélissa (suite)
Problématique principale
• crises (2 heures sans bouger… incapable de
marcher)
• autres peurs: peur du trou du bain, des
insectes, des chiens
• la nuit se lève et va rejoindre sa mère
Cas clinique de Mélissa (suite)
Problématique principale
• a peur que sa mère meurt
• crises lorsque l’attention de sa mère est détournée
au dépend de celle-ci
• jusqu’au point de se faire vomir
• mère inquiète
• à l’école: crise à chaque matin
• bon appétit
• trouble du sommeil
Cas clinique de Mélissa (suite)
Examen mental
•
•
•
•
•
•
•
jolie fillette, costaude
contact difficile
demeure à proximité, accolée à sa mère
sourit peu
impossible de la voir seule… se met à hurler…
inconsolable
se présente avec sa poupée
Cas clinique de Mélissa (suite)
Examen mental
•
•
•
•
•
langage: léger trouble phonologique
motricité: difficulté de motricité fine
affect anxieux
humeur non dépressive mais anxieuse
pensée cohérente
TRAITEMENT
•
•
•
Éducatif
– Contact avec l’école afin de permettre le retour et le
maintien à l’école
– Accompagnement à l’école avec un intervenant
scolaire ciblé
Familial
– Intervention familiale
– Favoriser distance au sein de la dyade mère-enfant
– Implication du père
Enfant
– Thérapie cognitivo-comportementale
– Favoriser expériences positives de séparation et de
socialisation avec les pairs
Peurs chez l’enfant
• Développement normal
• Transitoires
• Pas de répercussion sur
le fonctionnement
• Petite enfance
– personnages mythiques
– petits animaux
– noir
Peurs chez l’enfant (suite)
• Seconde enfance
– peurs de l’école
• Adolescence
– peur de l’échec
– peur sociale
– peur des blessures
corporelles
Phobie
La PHOBIE se constitue lorsque la peur envahit
l’enfant et entrave ses capacités adaptatives
– excessive
– persistante
– gênante
Plusieurs phobies spécifiques n’amènent pas de
dysfonctionnement ou de souffrance.
Phobie sociale
Peur persistante et intense d’une ou plusieurs
situations sociales où l’enfant craint d’être jugé ou
humilié.
Trouble obsessionnel-compulsif
Présence d’obsessions récurrentes et/ou
compulsions
• Obsessions: pensées, images ou impulsions
persistantes et inacceptables faisant intrusion
dans la pensée
• Compulsions: rituels moteurs ou mentaux émis
en réaction aux obsessions
Trouble panique et agoraphobie
• Présence d’attaques de panique récurrentes et
inattendues
• Crainte de malaise intense, d’un sentiment d’un
danger imminent
• Hypervigilance envers les sensations physiques
avec interprétation catastrophique, crainte que
les symptômes évoluent vers la mort ou la folie.
Anxiété généralisée
Anxiété et soucis excessifs survenant la plupart du
temps.
État de stress post-traumatique
•
Exposition à un stresseur perçu comme ayant
menacé sa vie ou son intégrité physique ou celle
d’autrui.
a. Reviviscence de façon récurrente du trauma
b. Évitement des stimuli associés au trauma et
émoussement affectif
c. Symptômes persistants d’hyperactivation
physiologique
Troubles anxieux chez l’enfant et
l’adolescent
Traitement I
A.
Approche comportementale et cognitivocomportementale
– Comportements de peur et d’évitement ne sont
pas renforcés
– Modeling
– Exposition (désensibilisation
systématique, désensibilisation
progressive, exposition graduelle)
Troubles anxieux chez l’enfant et
l’adolescent
Traitement II
B.
C.
D.
E.
Thérapie cognitive
– auto-apprentissage sur les techniques de
coping et de distraction
– attentes réalistes
– stratégies de coping et sentiment de contrôle
– auto-apprentissage d’attitudes adaptées
Relaxation
Thérapie familiale
Interventions pharmacologiques
Conclusion
•
•
•
•
•
Trouble altérant le
fonctionnement social,
académique et familial
Évolution souvent chronique
Continuité évidente avec la
pathologie de l’adulte
Valeur d’un traitement précoce
incluant les parents
Importance de la prévention
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