Printemps 2013 Numéro 9 QUAND L’ANXIÉTÉ NOUS TIENT par Marie-Claude Cazeau M.A. VOUS ARRIVE-T-IL D’ÉVITER DES LIEUX OU DES SITUATIONS DE LA VIE COURANTE PARCE QUE CELA VOUS ANGOISSE PROFONDÉMENT? FAITES-VOUS UN GRAND DÉTOUR POUR ÉVITER DE PASSER À CÔTÉ D’UN CHIEN? PRÉFÉREZ-VOUS MONTER PLUSIEURS ÉTAGES À PIED PLUTÔT QUE PRENDRE L’ASCENSEUR PAR CRAINTE D’Y RESTER PRISONNIER? AVEZ-VOUS UNE PEUR PARALYSANTE DE PRENDRE LA PAROLE EN PUBLIC? ÉVITEZVOUS À TOUT PRIX DE VOUS RETROUVER DANS UNE FOULE? REDOUTEZ-VOUS CONSTAMMENT DE TOMBER MALADE? CE SONT LÀ DES COMPORTEMENTS QUE L’ON PEUT ATTRIBUER À L’ANXIÉTÉ. niques, qui durent au moins six mois et empirent généralement progressivement en l’absence de traitement ». Selon Statistiques Canada, les troubles anxieux font partie des troubles de santé mentale les plus courants au Canada; 12% de la population en souffre au point d’en être handicapée. Le taux de prévalence est plus élevé chez les femmes que chez les hommes et les enfants peuvent en souffrir autant que les adultes. La plupart de ces troubles voient souvent leur apparition au cours de l’adolescence ou au début de la vie adulte. Il arrive aussi que cette anxiété se généralise à toutes les situations nouvelles. Les personnes anticipent alors le pire et ont des soucis excessifs à propos de tout, même à propos des plus petites choses comme la réparation de leur voiture. D’autres sont envahies par des pensées indésirables et persistantes qui les font souffrir. Souvent, elles se prêteront malgré elles à des comportements répétitifs ressemblant à un rituel pour soulager leurs tensions comme le fait de se laver constamment les mains par crainte d’être contaminées par des microbes. Parmi les manifestations plus rares de troubles anxieux, on retrouve les attaques de panique chroniques, lesquelles frappent sans prévenir et sont accompagnées de sentiments de terreur. Les symptômes donnent l’impression de vivre une crise cardiaque. Les personnes qui en souffrent redoutent les prochaines crises et cette appréhension les conduit souvent à la rechute. Elles peuvent alors éviter les situations où elles estiment ne pas pouvoir s’échapper ou trouver de l’aide, ce qui les confine à des déplacements restreints (agoraphobie). Dans des conditions normales, l’anxiété s’avère bénéfique, car elle constitue une réponse adaptée à une menace réelle appréhendée (ex. : un feu, un accident, une agression, etc.). Elle devient pathologique lorsqu’elle est excessive en intensité ou en durée par rapport à la menace appréhendée et que l’émotion négative devient envahissante au point d’entraver le fonctionnement normal de la personne. On parle alors de troubles anxieux tels que définis dans le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorder (DSM-IV), soit « la manifestation de peur intense et d’épisodes d’anxiété habituellement chro- Le stress post-traumatique est une autre manifestation d’anxiété qui se cristallise à la suite de circonstances qui sortent du domaine normal des expériences humaines (ex. : le viol, les mauvais traitements subis durant l’enfance, la guerre, les catastrophes naturelles, etc.). Les personnes qui en souffrent développent un trouble émotionnel qui affecte gravement leur qualité de vie. L’expérience traumatisante a causé des préjudices physiques ou émotionnels entrainant par la suite des cauchemars récurrents, des flashbacks de l’incident, de la colère et de l’irritabilité ou un état dépressif. S’il est possible pour les personnes souffrant d’un trouble anxieux modéré de mener une vie relativement normale, il en est autrement pour les cas plus sévères. Des impacts négatifs importants nuisent au fonctionnement psychologique et physique de ces personnes ainsi que sur leur situation sociale, occupationnelle et économique. Des activités courantes comme occuper un emploi, rencontrer des amis ou faire l’épicerie peuvent devenir des défis insurmontables. Leur qualité de vie en est grandement affectée à cause de la détresse reliée à l’expérience de l’anxiété en elle-même, mais aussi à cause des comportements d’évitement qui l’accompagnent et la stigmatisation associée au fait d’avoir un problème de santé mentale. SI VOUS CROYEZ SOUFFRIR D’UN PROBLÈME D’ANXIÉTÉ, N’HÉSITEZ PAS À CONSULTER UN PSYCHOTHÉRAPEUTE CERTIFIÉ. IL N’Y A PAS DE RAISON DE SUBIR CE GENRE DE SOUFFRANCE QUAND DES OUTILS DE GUÉRISON SE TROUVENT À PORTÉE DE MAIN… Heureusement, les troubles anxieux peuvent être diagnostiqués et traités efficacement. Cependant, de nombreuses personnes ne cherchent pas d’aide parce qu’elles minimisent leurs symptômes ou parce que les symptômes eux-mêmes suscitent une résistance à aller en chercher. Il existe pourtant des traitements efficaces. La pharmacothérapie en est une. Au plan psychologique, la thérapie cognitivecomportementale et l’hypnose clinique représentent aussi des avenues prometteuses. La première permet d’identifier et stopper les pensées génératrices d’anxiété, de rééduquer en quelque sorte sa façon d’envisager certaines situations, alors que l’hypnose permet l’apprentissage d’une détente instantanée qui ramène la personne anxieuse dans sa zone de confort et lui permet de retrouver confiance dans sa capacité de contrôler ses réactions. Les groupes de soutien pour personnes anxieuses et leur famille peuvent aussi aider à trouver des moyens pour minimiser les symptômes et s’y adapter.