LE THÉÂTRE DE CRÉATION À QUÉBEC : SURVOL HISTORIQUE

publicité
 LE THÉÂTRE DE CRÉATION À QUÉBEC : SURVOL HISTORIQUE * Le Conservatoire d’art dramatique de Québec En 1958, le comédien et ancien sociétaire de la Comédie-­‐Française Jean Valcourt fonde le Conservatoire d’art dramatique de Québec. Si Québec est considéré comme un haut lieu du théâtre de création, on le doit assurément à l’esprit que lui ont insufflé son fondateur et premier directeur, mais aussi ses successeurs, dont Jean Guy et Marc Doré. Outre le jeu, on enseigne aux acteurs en devenir qu’ils ont une responsabilité, soit celle de porter une parole et qu’ils doivent adopter l’éthique qu’exige le travail de création. Dès lors, une riche tradition s’est établie et elle se poursuit toujours aujourd’hui. Le gouvernement provincial et la Ville de Québec ont par la suite agi de concert pour entretenir le dynamisme des « acteurs » locaux en soutenant les producteurs et les diffuseurs. C’est grâce à cette ouverture que le théâtre de création a pu s’épanouir et qu’un génie tel que Robert Lepage a pu éclore. On lui a donné des outils qui lui ont permis d’exprimer ses élans créateurs et de mettre en œuvre des productions marquantes. Les années cinquante et soixante Les premières manifestations du théâtre de création à Québec, dans les années cinquante, sont l’œuvre du Théâtre de l’Estoc. Cette troupe fondée par des étudiants du Collège Saint-­‐Charles-­‐
Garnier, dont l’auteur André Ricard, entreprend sa première saison en présentant une pièce de Molière, Les précieuses ridicules. Au fil des ans, L'Estoc offrira une tribune aux auteurs québécois, comme Jacques Languirand et Marie-­‐
Claire Blais. Faute d’un lieu adéquat de diffusion, le Théâtre de l’Estoc cesse ses activités en 1967. L’année suivante, le Chantauteuil, un bar sur la rue Saint-­‐Jean, offre une tribune au théâtre d’ici et inaugure une nouvelle période, alors que les premières œuvres de l’auteur québécois Jean Barbeau y sont créées. Les années soixante-­‐dix En 1969, le ministère des Affaires culturelles du Québec met en branle le processus de création d'une compagnie permanente. Le Théâtre du Trident est alors né du regroupement des trois des principales compagnies de la Vieille Capitale, soit le défunt Théâtre de l’Estoc, le Théâtre du Vieux-­‐Québec et le Théâtre pour enfants de Québec. À sa fondation en 1971, le Théâtre du Trident regroupe toutes les activités théâtrales de la Ville de Québec (répertoire, recherche et théâtre pour enfants), d'où le nom "trident", ce sceptre à trois dents appartenant au Dieu de la mer Poséidon, qui symbolise sa triple mission. C’est le 21 janvier 1971 que le rideau se lève sur la première production du Théâtre du Trident, la pièce O-­‐71, de Jean Barbeau. Plusieurs auteurs d’ici ont marqué son histoire, dont Michel Nadeau et
Robert Lepage. On ne peut passer sous silence le théâtre de contre-­‐culture qui caractérise cette décennie, notamment avec la création collective. À Québec, le Théâtre Euh se fait le porte-­‐étendard de la défense de la cause des ouvriers. On réinvente la façon de faire du théâtre, mais aussi dans la façon de dire les choses en utilisant le langage populaire. 1976 voit apparaître le Théâtre de la Bordée fondé par un groupe de six jeunes acteurs issus du Conservatoire d’art dramatique de Québec qui désirent vivre de leur art dans la Capitale. Le spectacle inaugural de la Bordée, Les Vol-­‐o-­‐vent, est une création collective signée par quatre des six fondateurs de la troupe. Au départ axé sur la création, le Théâtre de la Bordée présente aussi aujourd’hui des textes du répertoire mondial et d’auteurs québécois. Les années quatre-­‐vingt Québec se positionne de plus en plus comme un pôle du théâtre de création. Dans la foulée de l’effervescence qui anime le théâtre collectif des années soixante-­‐dix, trois compagnies choisiront de se consacrer à la recherche et à la création, soit le Théâtre Repère (1980), le Théâtre Blanc (1983) et le Théâtre Niveau Parking (1986). L’arrivée de Robert Lepage au Théâtre Repère en 1982 marque le début d’une période faste avec des productions qui connaîtront un succès international. C’est aussi à cette époque qu’est né le collectif Les Folles Alliées (1980-­‐1990), qui présente des spectacles humoristiques sous forme de comédies musicales. Le milieu désire se doter d’un lieu de diffusion spécialisé en théâtre de création. Ainsi est né le Théâtre Périscope – d’abord baptisé Implanthéâtre – en 1985, qui se veut un lieu bouillonnant d’activités et de créateurs. Cette nouvelle scène est née à la suite d’une initiative de quatre compagnies, soit le Théâtre du Gros Mécano, le Théâtre de la Commune, le théâtre du Vieux-­‐Québec et le Théâtre Repère. Il a accueilli, comme première pièce, L'homme gris de Marie Laberge. Rebaptisé Théâtre Périscope, qui signifie « regarder autour » en grec, en 1990, le diffuseur a présenté depuis de nombreuses productions d’auteurs de la région, dont Céline Bonnier, Lorraine Côté, Lise Castonguay, Patric Saucier, Michel Nadeau, Marie-­‐Josée Bastien, Isabelle Hubert, Anne-­‐Marie Olivier, Jean-­‐Philippe Joubert et Kevin McCoy. La saison 2015-­‐2016 marque les 30 ans du Théâtre Périscope, alors qu’on y présentera comme première production Vinci de Robert Lepage dans une nouvelle mise en scène. 1989 voit apparaître le Théâtre Sortie de Secours, qui se consacre à la création d’œuvres originales et présente, comme première production, Tauromaquia de Simone Chartrand et Antoine Laprise. Les années quatre-­‐vingt-­‐dix Le premier Carrefour international de théâtre a eu lieu en 1992. Produisant d’abord une biennale, le Carrefour a mis sur pied un second événement en 1997. Présentés en alternance, Théâtres d’Ailleurs et le Carrefour international de théâtre ont occupé les scènes de la capitale pendant 10 ans, mettant en valeur les œuvres d’artistes de réputation internationale, d’ici et de l’étranger, aux côtés de celles des créateurs en émergence. Le Carrefour poursuit à sa façon la stimulation de l’esprit créatif des gens de théâtre de Québec et permet aussi de faire des expériences hors normes, comme la production Où tu vas quand tu dors en marchant ? Premier Acte a été fondé en 1994, par trois collectifs de la relève de l'époque, le Théâtre Sortie de Secours, le Théâtre du Mana et le Théâtre Les Enfants Terribles. Cette initiative est née de la volonté de ces compagnies émergentes de regrouper dans une saison et en un même lieu les spectacles de la relève théâtrale. Creuset, incubateur, tremplin, Premier Acte voit défiler en ses murs les forces vives de l'émergence théâtrale et est reconnu. Plus que jamais, les spectacles qui y sont créés et les collectifs qui y voient le jour se retrouvent ultérieurement sur les autres scènes de Québec. C’est aussi en 1994 que Robert Lepage fonde sa propre compagnie de création multidisciplinaire, Ex Machina. Trois ans plus tard, le centre de production La Caserne voit le jour. En 1997, le metteur en scène Frédéric Dubois fonde le Théâtre des Fonds de tiroirs. D’abord inspirée par le théâtre de répertoire, la compagnie touche par la suite à la création de signatures contemporaines. Les années quatre-­‐vingt-­‐dix et deux-­‐mille voient aussi naîtrent plusieurs autres compagnies de création qui alterneront sur les scènes de Québec, dont celle du Périscope. Le théâtre jeune public Le Théâtre pour enfants de Québec deviendra, en 1967, la première troupe autonome à se consacrer exclusivement à la production d'œuvres théâtrales pour un jeune public. Au départ, le Théâtre pour enfants de Québec est une branche du Théâtre de l'Estoc. Désirant élargir son public, l'Estoc met alors sur pied une troupe qui se consacre exclusivement à la création d'œuvres théâtrales pour enfants. Plusieurs auteurs s'intéressent à la dramaturgie pour enfants ; soulignons le travail de Monique Corriveau et de Roland Lepage qui signent des textes originaux. En 1987, le Théâtre jeunesse Les Gros Becs est fondé par trois compagnies de création : le Théâtre de l’Aubergine (1974), le Théâtre du Gros Mécano (1976) et le Théâtre des Confettis (1977). En 1993, le Théâtre de Sable, animé par Josée Campanale et Gérard Bibeau, se joint aux autres compagnies jusqu’à la retraite des membres fondateurs en 2011. La grande exigence de création de ces troupes a certes eu une influence probante sur l’ensemble du théâtre dans la région. S’il est vrai que l’absence de production télévisuelle a influencé le paysage théâtral de Québec, notamment par l’exil de plusieurs comédiens vers la métropole, cette réalité a aussi suscité et favorisé la création alors qu’auteurs, comédiens, producteurs et diffuseurs ont pu s’épanouir et forger une identité forte qui démarque la Capitale-­‐Nationale des autres régions de la province. -­‐-­‐-­‐ * Le présent document ne prétend pas tracer un portrait exhaustif du théâtre de création à Québec, mais a plutôt comme propos d’illustrer son effervescence en rapportant des moments importants qui ont jalonné son histoire 
Téléchargement