V. Prévost, BCPST 1 cours IV.1. – Lois de Descartes Lycée Hoche, Versailles, 2013–2014 Document de cours IV.1. Lois de Descartes Table des matières 1 Un peu d’histoire sur les différents modèles de la lumière 1.1 Modèle géométrique . . . . . . . . . . . . . . . 1.2 Modèle ondulatoire (XIXe siècle) . . . . . . . . 1.3 Modèle corpusculaire : le photon . . . . . . . . 1.4 Électrodynamique quantique . . . . . . . . . . 2 Comment modéliser la lumière ? 2.1 Onde ou corpuscule ? . . . . . . . . . . . . . . . 2.2 Modèle de l’optique géométrique . . . . . . . . 2.3 Source ponctuelle ou étendue ; ombre et pénombre 2.4 Source primaire ou secondaire : diffusion de la lumière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.5 Rappel du théorème de Thalès . . . . . . . . . 3 Lois de la réflexion et de la réfraction 3.1 Dioptre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.2 Normale d’une surface ; plan d’incidence . . . . 3.3 Lois de la réflexion de Snell-Descartes . . . 3.4 Lois de la réfraction de Snell-Descartes . . . 1 1 2 2 2 2 2 3 3 4 5 6 6 6 7 7 4 Conséquences des lois de Snell-Descartes 4.1 Principe du retour inverse de la lumière . . . . 4.2 Rapprochement ou éloignement de la normale lors de la traversée d’un dioptre . . . . . . . . . 4.3 Existence d’un réfraction limite . . . . . . . . . 5 Notion d’objet et d’image à travers un système optique 5.1 Interprétation de la position d’une source . . . 5.2 Interprétation de l’œil et du cerveau . . . . . . 5.3 Notion d’objet et d’image avec un miroir plan . 5.4 Objet réel et image virtuelle . . . . . . . . . . . 5.5 Existe-t-il des images réelles et des objets virtuels ? 6 Stigmatisme et aplanétisme 6.1 Stigmatisme rigoureux du miroir plan . . . . . 6.2 Stigmatisme approché du dioptre plan . . . . . 6.3 Aplanétisme du miroir plan . . . . . . . . . . . 7 Informations 7.1 Programme officiel de BCPST1 . . . . . . . . . 7.2 Lien avec les SVT . . . . . . . . . . . . . . . . 7.3 Les acquis du secondaire . . . . . . . . . . . . . 7.4 Compétences particulières de ce chapitre . . . . 8 8 9 10 11 11 12 12 13 13 14 14 16 16 16 16 16 16 17 En guise d’introduction : qu’est-ce que la lumière ? 1 Un peu d’histoire sur les différents modèles de la lumière 1.1 Modèle géométrique Avant 1 le XVIIe siècle, la nature de la lumière et sa propagation ne sont pas des questions essentielles. Cependant, les notions de rayon lumineux et de retour inverse de la lumière permettent à Euclide (IVe-llIe siècle avant J.-C.) de poser les bases de l’optique géométrique (en particulier l’étude des miroirs). Elles seront ensuite développées par ses disciples : Hipparque, Ptolémée et Héron d’Alexandrie. Il faut attendre le XIe siècle pour qu’Alhazen (965-1039), physicien arabe, attribue à la lumière une origine extérieure à l’œil, définisse la notion d’image et interprète la formation des images dans l’œil. Il propose de plus de nombreuses expériences utilisant des lentilles sphériques et des miroirs. La diffusion de ces travaux, ainsi que de ceux d’Euclide et de Ptolémée, per- mettent le développement de l’optique expérimentale en Europe, au XVIe siècle. La fabrication des premières lunettes et des premiers microscopes date de la fin du XVIe ou du début du XVIIe siècle. En particulier, Galilée (1564-1642) observe en 1610 quatre des satellites de Jupiter à l’aide d’une lunette de sa fabrication. La théorie de Descartes (1596-1650) utilise alors des règles de modélisation corpusculaire de la lumière par analogie avec la mécanique : une source lumineuse émet des particules qui sont réfléchies par les miroirs et traversent les milieux matériels à des vitesses dépendant de leur nature. Malheureusement cette théorie balistique impose une vitesse de la lumière dans l’eau ou dans le verre supérieure à celle dans le vide, ce qui est en contradiction avec l’expérience. De façon simultanée, Fermat (1601-1665) propose une optique basée sur un principe de moindre temps. Un principe analogue 1. Paragraphe à lire mais pas à retenir ! 1 Lycée Hoche, Versailles, 2013–2014 cours IV.1. – Lois de Descartes sera utilisé plus tard par Lagrange et Hamilton en mécanique. Les travaux de Newton (1642-1727) en optique sont considérables (lentilles non sphériques, prisme et dispersion de la lumière, miroir parabolique, théorie des couleurs) ; ils sont publiés en 1704 sous le titre Optics. V. Prévost, BCPST 1 rience) est indépendante du référentiel galiléen choisi. L’incompatibilité de cette indépendance avec les lois de composition des vitesses de Galilée conduira Einstein (1879-1955) à proposer en 1905 la théorie de la relativité restreinte. 1.3 1.2 Modèle ondulatoire siècle) (XIXe Dès la fin du XVIle siècle, Huygens suggère une théorie ondulatoire de la lumière permettant de retrouver les résultats de l’optique géométrique et compatible avec une vitesse de la lumière plus grande dans l’ air que dans les milieux matériels. La découverte au XVIIe et surtout au XIXe siècle des phénomènes d’interférence et de diffraction impose cette théorie, suite aux travaux de Fresnel (1788-1827). Une onde acoustique n’existe pas dans le vide. Elle ne peut se propager que dans un milieu matériel compressible, par exemple l’air. Par analogie avec ces ondes acoustiques, la lumière est une onde se propageant dans un milieu hypothétique équivalent, appelé éther. De nombreuses expériences ont été réalisées pour mettre en évidence l’existence de ce milieu (expérience de Michelson et Morley en 1887). Les travaux de Maxwell (1831-1879) et de Hertz permettent de décrire la lumière comme une onde électromagnétique, c’està-dire un champ électrique et un champ magnétique variant en fonction du temps, à une fréquence qui est celle de la lumière observée. La théorie de l’électromagnétisme de Maxwell donne, pour la vitesse de la lumière dans le vide, la valeur c = 3,00 × 108 m·s−1 . Cette valeur de c (en accord avec l’expé- 2 2.1 Modèle corpusculaire : le photon Les découvertes de l’effet photoélectrique et du rayonnement du corps noir (un corps émet un rayonnement électromagnétique dont les caractéristiques dépendent de sa température : rayonnement infrarouge, par exemple) conduisent Planck et Einstein à revenir à un modèle corpusculaire de la lumière (1906) en introduisant des quanta d’énergie appelés photons : particules sans masse, d’énergie E = hν, se déplaçant à la vitesse de la lumière. Les deux modèles, ondulatoire et corpusculaire, sont assez cohérents entre eux, et se complètent. Cette dualité onde-corpuscule pour la lumière est alors généralisée aux particules dans la théorie de la mécanique quantique par de Broglie, Bohr, Heisenberg, Schrodinger. . . 1.4 Électrodynamique tique quan- Les quelques contradictions entre les aspects ondulatoire et corpusculaire de la lumière n’ont pu être levées qu’avec le modèle développé pendant les années 1950 par Tomonoga, Schwinger et Feynman, sous le nom d’électrodynamique quantique. L’optique a donc permis, tout au long de l’Histoire, d’élaborer de nombreuses théories faisant progresser les connaissances scientifiques. Comment modéliser la lumière ? Onde ou corpuscule ? – lumière = phénomène physique de base (exemple : nuit/jour) ; – comment la modéliser ? – Modéliser : rendre compte d’un phénomène en utilisant un outil conceptuel – ⇒ dessin, – ⇒ mathématique calculatoire, – ⇒ symboles, etc. – fin 18e : Huygens et la théorie ondulatoire, concrétisée par Fresnel au 19ème avec l’analyse des phénomènes d’interférence et de diffraction (voir le programme de Terminale et les expériences de cours) ; 2 V. Prévost, BCPST 1 cours IV.1. – Lois de Descartes Lycée Hoche, Versailles, 2013–2014 – 20e : Planck et Einstein mettent en évidence l’effet photoélectrique qui donne l’impression que la lumière est constituée de corpuscules. Qui a raison ? Tous ! Le modèle est là pour interpréter puis prévoir. Ces deux modèles (onde ou corpuscule) nécessitent la mise en œuvre d’outils mathématiques lourds. Peut-on s’en passer ? 2.2 Modèle de l’optique géométrique Imaginons une expérience simple : écran de projection source ponctuelle de lumière noir cache clair noir Figure 1 – Lumière émise par une source primaire Pour réussir à déterminer la zone claire par rapport à la zone noire sur l’écran de projection, il suffit de tracer des droites. ⇒ Idée : modéliser la lumière par une « rayon », c’est-à-dire un simple tracé au crayon. Mais ce rayon peut-il toujours être modélisé par des segments de droites ? Définition On appelle milieu homogène une zone de l’espace où les propriétés physiques locales sont identiques. Exemple : l’air contenu dans la pièce. Contre exemple : verre de sirop de menthe et d’eau non mélangé (la concentration varie dans l’espace). Définition Un milieu est dit isotrope si les propriétés physiques sont identiques dans les trois directions de l’espace. Remarque : nous n’aurons affaire qu’à des milieux isotropes. Propriété Dans un milieu homogène et isotrope, la lumière se propage en ligne droite. 2.3 Source ponctuelle ou étendue ; ombre et pénombre Une source est considérée comme ponctuelle si ses dimensions sont très petites devant les dimensions du phénomène observé. Elle est modélisée par des rayons qui se croisent tous en un point. Une source étendue peut être analysée comme une infinité de sources ponctuelles infiniment proches les unes des autres (figure 2). 3 Lycée Hoche, Versailles, 2013–2014 cours IV.1. – Lois de Descartes V. Prévost, BCPST 1 source étendue source ponctuelle Figure 2 – Modélisation d’une source ponctuelle et d’une source étendue Lorsqu’un obstacle opaque est sur le chemin des rayons lumineux d’une source ponctuelle, il définit une zone d’ombre (figure 3). objet opaque source ponctuelle zone d'ombre écran Figure 3 – Zone d’ombre créée par une source ponctuelle et un obstacle opaque Lorsqu’un obstacle est sur le chemin des rayons lumineux d’une source étendue, il définit – une zone d’ombre : aucun rayon ne parvient sur la zone (cas du point O, figure 4) ; – une zone de pénombre : certains rayons, mais pas tous, parviennent sur la zone (cas du point P éclairé par S1 mais pas par S2 ). Terre Soleil S1 Lune P O S2 Figure 4 – Zones d’ombre et de pénombre créées par une source étendue et un obstacle opaque ; échelles non respectées On rencontre le phénomène ombre/pénombre lors des éclipses totales/partielles de soleil. 2.4 Source primaire ou secondaire : diffusion de la lumière Une source primaire est constituée d’un élément matériel qui produit une onde électromagnétique. Par exemple, la flamme d’une bougie est une source primaire (figure 5). Sauf exception, la lumière d’une source ponctuelle est émise de manière isotrope, c’est-à-dire dans toutes les directions de l’espace. Quelle que soit la position de l’observateur, celui-ci reçoit un rayon en ligne droite de la source ponctuelle. 4 V. Prévost, BCPST 1 cours IV.1. – Lois de Descartes Lycée Hoche, Versailles, 2013–2014 observateur 2 observateur 1 observateur 1 observateur 3 observateur 2 observateur 3 cache opaque ce point de la feuille diffuse la lumière dans toutes les directions : c'est une source secondaire Figure 5 – Lumière émise par une source primaire seul cet observateur placé dans la direction de la réflexion peut voir ce rayon cache opaque miroir ce point du miroir réfléchi la lumière dans une seule direction : ce n'est pas une source secondaire Figure 6 – Lumière émise par une source secondaire Une élément de matière éclairé par une source primaire devient une source secondaire. Le point d’une source ponctuelle éclairée par un rayon de lumière diffuse la lumière : tous les observateurs reçoivent des rayons issus de la source secondaire (figure 6). Il est important de ne pas confondre ce phénomène avec la réflexion pour laquelle seul l’observateur placé dans la direction suivant la loi de Snell-Descartes reçoit un rayon. Propriété Dans le cadre le l’optique géométrique, une source ponctuelle est modélisée par le point de croisement d’une infinité de rayons (figure 7). Figure 7 – Du point de vue de l’optique géométrique, une source ponctuelle est analysée comme le point de croisement d’une infinité de rayons 2.5 Rappel du théorème de Thalès 5 Lycée Hoche, Versailles, 2013–2014 cours IV.1. – Lois de Descartes V. Prévost, BCPST 1 Propriété Théorème de Thales – Soient deux triangles ABC et AB 0 C 0 tels que (BC) et (B 0 C 0 ) sont deux côtés parallèles entre eux (A, B et B 0 alignés). Alors AB AC BC = = 0 0 0 0 AB AC BC C' B' B B A A C B' C C' 3 Lois de la réflexion et de la réfraction 3.1 Dioptre La célérité de la lumière dépend du milieu de propagation. Dans le vide, elle vaut def c = 3,00 × 108 m·s−1 Dans un milieu homogène et isotrope, la célérité v de la lumière est plus petite que c. On pose v= – – – – c n(λ) n s’appelle l’indice optiquie du milieu, 2 c’est un nombre sans dimension, dépend essentiellement de la longueur d’onde λ de la lumière et du matériau, n(λ) ≥ 1 : la vitesse est maximale dans le vide. Définition On appelle dioptre la surface de séparation de deux milieux d’indices optiques différents. Exemples – La surface de la mer. Une vitre est la succession de deux dioptres plans. 3.2 Normale d’une surface ; plan d’incidence On analyse une surface Σ à 2D dans un espace à 3D, continue et ne présentant pas de point anguleux. 2. On parle aussi d’indice de réfraction du milieu. 6 V. Prévost, BCPST 1 cours IV.1. – Lois de Descartes Lycée Hoche, Versailles, 2013–2014 Définition −−−−→ On appelle normale N (M ) à Σ, au point M , un vecteur orthogonal au plan tangent τ à Σ en M . N(M) M τ Σ Définition Soit un rayon incident R, coupant un dioptre Σ en M . On appelle plan d’inci−−−−→ dence le plan contenant R et N (M ). plan d'incidence N(M) S R τ M −−−−→ Remarque – Si R et N (M ) sont confondus, il existe une infinité de plans d’incidence. Remarque – On essaye toujours de s’arranger pour que le plan d’incidence soit le plan de la feuille, pour faciliter les dessins. 3.3 Lois de la réflexion de Snell-Descartes On utilise les angles orientés. Propriété Sur un miroir réfléchissant M sur lequel arrive un rayon incident Ri faisant un angle ii avec la normale au miroir. On appelle ii l’angle d’incidence et ä le rayon réfléchi Rr est contenu dans le plan d’incidence, ä le rayon réfléchi fait un angle ir par rapport à la normale, appelé angle de réflexion et tel que ir = −ii N(M) Ri ii ir plan d'incidence = plan de la feuille Rr M 3.4 Lois de la réfraction de Snell-Descartes 7 Lycée Hoche, Versailles, 2013–2014 cours IV.1. – Lois de Descartes V. Prévost, BCPST 1 Propriété On considère un dioptre D séparant deux milieux d’indices optiques n1 et n2 , − \ def → frappé en M par un rayon incident Ri d’angle d’incidence i1 = ( N , Ri ). Alors, en général, on observe ä un rayon réfléchi Rr qui suit les lois de la réflexion, ä un rayon réfracté (transmis) Rt tel que – le rayon réfracté est dans le plan d’incidence, → − \ def – l’angle de réfraction i2 = (− N , Rt ) est tel que n1 sin i1 = n2 sin i2 N(M) Ri −i1 i1 n1 Rr D M n2 plan d'incidence = Rt plan de la feuille −N(M) 4 4.1 i2 Conséquences des lois de Snell-Descartes Principe du retour inverse de la lumière Démonstration dans le cas du miroir plan : soit S une source ponctuelle qui éclaire un miroir M au point M avec l’angle d’incidence ii . On place un écran sur le trajet du rayon réfléchi, qui le frappe en S 0 . Imaginons une source ponctuelle placée en S 0 . On étudie le rayon issu de S 0 qui frappe le miroir en M . On a ä loi de la réflexion : ii = −ir 0 ä par construction : ii = ir 0 0 ä loi de la réflexion : ir = −ii on en déduit i0r = ii Les rayons dans un sens ou dans l’autre se superposent exactement. Cela marche encore avec les lois de la réfraction. S' N(M) S i'r ii i'i ir M Propriété Principe du retour inverse de la lumière : tout trajet suivi par la lumière dans un sens peut l’être en sens opposé et en se superposant exactement. 8 V. Prévost, BCPST 1 4.2 cours IV.1. – Lois de Descartes Lycée Hoche, Versailles, 2013–2014 Rapprochement ou éloignement de la normale lors de la traversée d’un dioptre N(M) Ri i1 n1 D n2 Rt i2 −N(M) On analyse un dioptre plan tel que n1 < n2 (exemple : dioptre air/eau 1,0/1,3) On a n1 sin i1 = n2 sin i2 sin i2 = soit n1 sin i1 n2 n1 < 1 donc sin i2 < sin i1 . n2 Or pour i ∈ [−π/2; π/2], f : x 7→ sin x est une fonction monotone croissante. Donc Or i2 < i1 sin i 1 sin i1 sin i2 i 0 0 i2 π/2 i1 Propriété Lors de la traversée d’un dioptre, le rayon se rapproche de la normale si l’indice du milieu augmente, c’est-à-dire si on passe d’un milieu moins réfrigent vers un milieu plus réfringent. Exercice d’application : tracer l’allure des rayons lors de la traversée d’une vitre. air verre air i1 i2 i2 i1 9 Lycée Hoche, Versailles, 2013–2014 cours IV.1. – Lois de Descartes 4.3 V. Prévost, BCPST 1 Existence d’un réfraction limite Introduction au phénomène On passe d’un milieu moins réfringent vers un milieu plus réfringent. On augmente progressivement l’angle d’incidence. rayon sous incidence rasante i- i- = π/2 n- n- D D aucun rayon réfracté ne peut atteindre cette zone i+,max n+ n+ i+ On a vu que i+ < i− . Dans le cas limite, i− = π/2 et alors i+ atteint la valeur limite i+,max . Que se passe-t-il en sens inverse ? On utilise le principe du retour inverse de la lumière. Un rayon qui est tel que i+ > i+,max ne possède pas d’équivalent dans l’autre sens. Il ne peut pas être réfracté : le rayon est intégralement réfléchi. in- D n+ qu'arrive-t-il à ce rayon qui ne possède pas d'équivalent dans l'autre sens ? i+,max Analyse mathématique : Exercice – On prend n− = 1, 0 ; n+ = 1, 5. Calculer i− dans les cas suivants : i+ = 0◦ , i+ = 15◦ , i+ = 30◦ , i+ = 45◦ . Réponse – On a i− = arcsin n+ sin i+ n− arcsin est la fonction réciproque de sin, souvent notée sin−1 sur les calculatrices. Numériquement, i+ /◦ 0 15 30 45 ◦ 0 23 49 − i− / Pourquoi n’y at-t-il pas de réponse de la calculatrice pour i+ = 45◦ ? Analyse : ∀x, sin x ∈ [−1; 1], donc le domaine de définition de la fonction arcsin x est [−1; 1]. Autrement, dit, si x > 1, arcsin x n’existe pas. n+ n+ Comme > 1, si l’angle i+ devient trop grand, alors sin i+ dépasse 1. Il n’y a n− n− plus de solution, et plus de rayon réfracté. On cherche quelle est le plus grand angle possible pour avoir une réfraction. On a alors un rayon réfracté qui rase le dioptre, c’est-à-dire i−,max = 90◦ , donc sin−,max = 1 soit 10 V. Prévost, BCPST 1 cours IV.1. – Lois de Descartes i+,max = arcsin n− n+ Exemple – Pour le dioptre précédent, i+,max = arcsin Lycée Hoche, Versailles, 2013–2014 n− n+ = 41, 8◦ . Propriété Lors de la traversée d’un dioptre, dans le sens plus réfringent vers moins réfringent, si l’angle d’incidence dans le milieu plus réfrigent est supérieur à n− , alors il y a réflexion totale du rayon incident sur le dioptre. arcsin n+ Application – Comment une grenouille se cache-t-elle de ses prédateurs aériens ? nénuphar tous les rayons issus de cette grenouille frappent le dioptre avec i+ > i+,max Ils sont tous réfléchis des rayons issus de cette grenouille traversent le dioptre 5 Notion d’objet et d’image à travers un système optique 5.1 Interprétation de la position d’une source Lorsqu’un observateur reçoit un unique rayon lumineux d’une source, il est incapable de dire à quelle distance ce situe cette source (figure 8). L’expérience peut être menée simplement en fermant un œil : seul le rapport de la taille observée à la taille réelle connue par l’observateur permet de se faire une idée de la distance de la source. cet observateur recevant un unique rayon lumineux est incapable de dire à quelle distance est la source lumineuse. observateur oeil 1 α oeil 2 Figure 9 – Un observateur qui reçoit deux rayons non parallèles issus de la source ponctuelle détermine sa position par analyse de l’angle α cache opaque Figure 8 – Impossibilité de déterminer la position d’une source par l’observation d’un seul rayon 11 Lycée Hoche, Versailles, 2013–2014 cours IV.1. – Lois de Descartes V. Prévost, BCPST 1 Par contre, si l’observateur reçoit deux rayons non parallèles issus de la source ponctuelle, il peut, par analyse de l’angle α, déterminer la position exacte de la source (figure 9). 5.2 Interprétation de l’œil et du cerveau • L’ensemble œil + cerveau interprète un stimulus • Interprétation : pour le cerveau, la lumière se propage en ligne droite, même si c’est faux. D’où le phénomène du mirage. Le phénomène du mirage : quand la route est chaude, l’air n’est pas un milieu homogène car sa température varie avec l’altitude. Le rayon ne se propage pas en ligne droite. Mais le cerveau est habitué à interpréter les rayons comme venant en ligne droite. Il croit donc que le rayon qu’il reçoit provient de la route (figure 10). portion de ciel bleu observateur air froid air chaud route chaude Figure 10 – Phénomène du mirage 5.3 Notion d’objet et d’image avec un miroir plan Définition On considère un système optique (succession de dioptres) ou catadioptrique (succession de dioptres et d’au moins un miroir). Alors les rayons issus d’une source qui « frappent » le système optique sont appelés les rayons incidents alors que les rayons qui « ressortent » du système optique sont appelés les rayons émergents . Définition Une source ponctuelle éclaire un système optique. Alors le point de croisement des rayons incidents s’appelle l’objet par rapport à ce système optique. La notion d’objet est une notion relative à un système optique (ce n’est pas la définition du langage courant ! ! !). M cet observateur reçoit des rayons émergents du miroir Source ET objet par apport au miroir rayons incidents sur le miroir Le cerveau interprète les rayons comme venant en ligne droite et l’observateur essaye d’identifier d’où viennent les rayons. Pour cela, il analyse deux rayons émergents du 12 V. Prévost, BCPST 1 cours IV.1. – Lois de Descartes Lycée Hoche, Versailles, 2013–2014 miroir qui à l’origine se croisaient sur l’objet. Il cherche le point de croisement de ces deux rayons émergents, et en déduit que la source est à ce point de croisement. Problème : la source n’est pas à ce point de croisement. Il faut donc donner un nom différent à ce point de croisement : Définition Une source ponctuelle émet des rayons sur un système optique. Si les rayons émergents du système optique, construits à partir de l’objet, se croisent en un point, ce point est appelé image de l’objet à travers le système optique. La notion d’image est une notion relative à un système optique (ce n’est pas la définition du langage courant). 5.4 Objet réel et image virtuelle Dans le cas du miroir précédent, les rayons incidents sont réellement issus de l’objet. Définition Un objet par rapport à un système optique S est dit réel si les rayons incidents sur S se croisent réellement sur l’objet. Par contre, les rayons qui émergent de S ne se croisent pas. C’est leurs prolongements qui se croisent. Définition Une image par rapport à un système optique S est dite virtuelle si ce sont les prolongements des rayons émergents de S qui se croisent. M image virtuelle rayons incidents sur le miroir objet réel 5.5 Existe-t-il des images réelles et des objets virtuels ? Une image est le point de croisement des rayons émergents du système optique. Ils peuvent réellement se croiser et former ainsi une image réelle. L’observateur placé après ces rayons les interprète comme venant en ligne droite. Ils croît donc qu’ils viennent du point image (figure 11). 13 Lycée Hoche, Versailles, 2013–2014 cours IV.1. – Lois de Descartes V. Prévost, BCPST 1 système optique quelconque image ponctuelle réelle objet ponctuel α observateur rayons éme rayons incidents rayons émergents objet ponctuel prolonge des ray émerge image ponctuelle virtuelle α rayons incidents Figure 11 – Image réelle et virtuelle L’objet virtuel existe aussi ! En effet, un objet est un point de croisement de rayons incidents. Plaçons nous dans le cas (figure 12) : ä où un système optique 1 forme une image réelle, ä plaçons un système optique 2. L’image du système optique 1 devient objet du système optique 2 (la notion d’objet et d’image est relative au système optique étudié !). Si le système optique est placé avant que les rayons ne se croisent réellement, alors l’objet est virtuel pour le système optique 2 ! objet du système optique 1 système optique 1 l'objet du système optique 2 est réel système optique 2 image à travers le système optique 1 mais aussi objet du système optique 2 objet du système optique 1 image à travers le système optique 2 déplacement du système optique 2 image à travers le système optique 1 image à travers mais aussi objet du le système optique 2 système optique 2 l'objet du système optique 2 est virtuel Figure 12 – Image réelle et virtuelle 6 6.1 14 Stigmatisme et aplanétisme Stigmatisme rigoureux du miroir plan ob V. Prévost, BCPST 1 cours IV.1. – Lois de Descartes Lycée Hoche, Versailles, 2013–2014 Définition On dit qu’un système optique est stigmatique si, tous les rayons issus d’un objet ponctuel, se croisent en un point image. Inversement, le système n’est pas stigmatique si tous les rayons issus d’un objet ponctuel se croisent en une multitude de points. Qu’en est-il si le système optique est un miroir plan ? On dispose d’un objet ponctuel placé en A, devant un miroir. Question : tous les rayons émergents issus d’un objet ponctuel se coupent-ils en un seul et unique point ? ä On prend comme premier rayon le rayon non dévié, orthogonal au plan du miroir ; ä on prend un deuxième rayon d’angle d’incidence i quelconque (et on travaille avec des angles non orientés). M i i i A i i H A' miroir plan Par construction, M AA0 est isocèle en M . Donc par construction, AH = HA0 , ce qui est totalement indépendant de la valeur de i. Autrement dit, tous les rayons se coupent rigoureusement en A0 . On parle de stigmatisme rigoureux dans le cas du miroir plan. On notera que le miroir plan est le seul système optique rigoureusement stigmatique. Les autres systèmes optiques comme les dioptres, le lentilles, etc. sont stigamtiques approchés : les rayons émergents ne se croisent pas tous en un seul et unique point, mais se croisent dans une petite zone de l’espace. Définition On dit que A et A0 sont deux points conjugués à travers le miroir M et on utilise la notation M A −→ A0 On dit aussi qu’on a réalisé une transformation optique. Définition On appelle relation de conjugaison une relation mathématique qui lie la position de l’objet et de son image. Ici on a démontré la relation de conjugaison dans le cas du miroir plan : Propriété M Pour la trasnformation optique A −→ A0 , où M est une miroir plan, notons H le projeté orthogonal de A sur le miroir M. Alors la relation de conjugaison est A0 H + AH = 0 15 Lycée Hoche, Versailles, 2013–2014 cours IV.1. – Lois de Descartes 6.2 V. Prévost, BCPST 1 Stigmatisme approché du dioptre plan Voir document complémentaire. 6.3 Aplanétisme du miroir plan Voir document complémentaire. 7 7.1 Informations Programme officiel de BCPST1 IV. Optique géométrique [1] L’enseignement d’optique géométrique vise à sensibiliser les élèves aux principes fondamentaux de la propagation de la lumière, en vue de reconnaître les phénomènes lumineux et de comprendre le fonctionnement des instruments d’optique utilisés dans la vie courante et en biologie. Cet enseignement est fortement adossé à la pratique expérimentale qui repose sur l’utilisation de nombreux dispositifs. Notions Capacités exigibles 1. Lois de Descartes Propagation de la lumière dans un milieu transparent, homogène et isotrope. Indice optique. Relier l’indice optique et la vitesse de propagation dans le milieu. Notion de rayon lumineux. Utiliser le principe du retour inverse de la lumière. Lois de Descartes pour la réflexion et la Établir la condition de réflexion totale. réfraction. Miroir plan ; stigmatisme et aplanétisme. Construire l’image d’un objet, identifier sa nature réelle ou virtuelle. 7.2 Lien avec les SVT Les ondes sismiques suivent les lois de Snell-Descartes sur les discontinuités des couches géologiques. 7.3 Les acquis du secondaire Programme de seconde. [2] Notions et contenus Compétences attendues Le diagnostic médical (thème La santé) ou Une première présentation de l’univers (thème L’univers) Propagation rectiligne de la lumière. Vitesse de la lumière dans le vide et dans Connaître la valeur de la vitesse de la lumière dans le vide (ou dans l’air). l’air. Pratiquer une démarche expérimentale sur la réfraction et la réflexion totale. Pratiquer une démarche expérimentale Réfraction et réflexion totale. pour comprendre le principe de méthodes d’exploration et l’influence des propriétés des milieux de propagation. 16 V. Prévost, BCPST 1 Notions et contenus cours IV.1. – Lois de Descartes Lycée Hoche, Versailles, 2013–2014 Compétences attendues Une première présentation de l’univers (thème L’univers) L’année de lumière. Connaître la définition de l’année de lumière et son intérêt. Expliquer l’expression : « voir loin, c’est voir dans le passé ». Utiliser les puissances de 10 dans l’évaluation des ordres de grandeur. Pratiquer une démarche expérimentale Dispersion de la lumière blanche par un pour établir un modèle à partir d’une série de mesures et pour déterminer l’indice prisme. de réfraction d’un milieu. Réfraction. Interpréter qualitativement la dispersion Lois de Snell-Descartes. de la lumière blanche par un prisme. 7.4 Compétences particulières de ce chapitre discuter sur la notion de modélisation en sciences physiques, discuter du modèle de l’optique géométrique, définir une source lumineuse, ponctuelle ou étendue, primaire ou secondaire, faire la distinction entre phénomène de réflexion et phénomène de diffusion de la lumière, définir l’indice optique d’un milieu, définir un dioptre énoncer et appliquer les lois de la réflexion, énoncer et appliquer les lois de la réfraction, utiliser les fonctions sinus et arcsinus utiliser le principe du retour inverse de la lumière, déterminer rapidement un éloignement ou un rapprochement de la normale lors de la traversée d’un dioptre, discuter du phénomène de réfraction totale sur un dioptre et définir l’angle limite pour la réfraction totale, définir les notions d’objet, d’image, réel(le), virtuel(le) à travers un système optique, définir les notions de stigamtisme et d’aplanétisme dans le cas du miroir plan, faire des dessins géométriques soignés, réaliser des démonstrations de géométrie simples. Références [1] C Bulletin Officiel de l’éducation nationale spécial n˚5, 30 mai 2013. [2] C Bulletin Officiel de l’éducation nationale spécial n˚4, 29 avril 2010. 17