Mémoire Présenté

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LABORATOIRE DE BIOLOGIE
UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU
MOLECULAIRE ET DE GÉNÉTIQUE
---------------
MOLÉCULAIRE (LABIOGENE)
UNITE DE FORMATION ET DE
RECHERCHE EN SCIENCE DE LA VIE ET
DE LA TERRE (UFR/SVT)
Mémoire Présenté
Par
: Prosper BADO
Pour l’obtention du Master II
de Biologie Moléculaire et de Génétique Moléculaire Appliquées
de l’Université de Ouagadougou
SUR LE THEME:
Caractérisation moléculaire par PCR en temps réel de 14
génotypes de Papillomavirus Humains à haut risque dans des
cas cancers du col de l’utérus à Ouagadougou (Burkina Faso).
Soutenu le 28/07/2015 devant le jury composé de :
Présidente : Prof Olga M. LOMPO, Professeur Titulaire, Université de Ouagadougou
Membres : Prof Jacques SIMPORE, Professeur Titulaire, Université de Ouagadougou
Dr Florencia W.DJIGMA, Assistant, Université de Ouagadougou
Préface du Coordonnateur du Master BIOGEMA
De nos jours, les connaissances avancées en génétique et biologie moléculaires sont
incontournables pour conduire des études de hautes valeurs ajoutées en sciences
biologiques. Les outils de la Biologie moléculaire ont permis d’accomplir de grands
progrès dans le domaine du diagnostic, de la pharmacie, de la thérapeutique, de
l’agriculture et même dans l’aide à la justice par l’identification humaine. Les
Universités et les laboratoires de recherche des Pays membres de l’UEMOA dans leur
grande majorité, restent arrimés aux pays et laboratoires de recherche du Nord pour
leurs besoins en recherches et activités en génétique et biologie moléculaires. Cet état de
fait est lié au déficit en personnel qualifié et le manque de ressources financières et
matériel pour conduire les recherches en local in situ. Cela a pour conséquence, une non
maîtrise de la finalité ainsi que de l’utilisation des résultats et produits des recherches
que nous conduisons, une surenchère du coût des examens et des études en biologie et
génétique moléculaires. Un autre corollaire et non des moindres de cet état de fait est la
fuite de capitaux mais également la fuite des cerveaux car les étudiants les plus
compétents envoyés dans les pays du Nord ont tendance à y rester.
Le master en Biologie Moléculaire et en génétique moléculairs appliquées (BioGeMA) a
pour but de combler le vide constaté dans l’expertise en génétique et biologie
moléculaires par la mise à disposition des pays de l’espace UEMOA, de personnels
qualifiés, de haut niveau de compétences pour conduire des études et recherches en
génétique et biologie moléculaires.
Le master BioGeMA est :
 Un Master à dimension sous-régionale
 Géré par un réseau de chercheurs et praticiens en génétique et biologie
moléculaires
 Soutenu par une plateforme technologique sous-régionale à LABIOGENE
Ce Master a pour objectif de former des biologistes, des pharmaciens, des
vétérinaires et des médecins biologistes capables d’effectuer des diagnostics
biomoléculaires dans des centres hospitaliers et d’élaborer des études
d’investigations dans des structures de recherches. En outre, il ouvrira la porte
d’études doctorales aux meilleurs étudiants pour permettre la formation de
chercheurs et d’enseignants-chercheurs afin d’assurer la relève du corps
enseignants, la constitution d’une masse critique d’experts africains et la mise en
place d’un véritable réseau africain de recherche dans le domaine ci-dessus cité.
Professeur Jacques SIMPORE
Professeur Titulaire de Biologie Moléculaire et de Génétique Moléculaire
UFR/SVT - École Doctorale Sciences et Technologies
Université de Ouagadougou – Burkina Faso
Master II BioGéMA / 2014-2015 /Prosper BADO
i
Dédicaces
Je dédie ce mémoire à mon grand-père Baka Ambroise (in memoriam) et à ma
grand-mère Clémentine KANDIEL, pour m’avoir forgé à la persévérance!
Master II BioGéMA / 2014-2015 /Prosper BADO
ii
Remerciements
Ce travail a été réalisé au Centre Médical Saint Camille, au service d’Anatomie pathologieUnité de Médecine Légale (CHU/YO) et au Centre de Recherche Biomoléculaire Pietro
Annigoni (CERBA/LABIOGENE) de l’Université de Ouagadougou (Burkina Faso) sous la
direction du Pr Jacques SIMPORE. Je tiens à remercier vivement :
Le Professeur Jacques SIMPORE, notre directeur de mémoire, pour m’avoir accepté dans
son laboratoire et d’accepter guider mes premiers pas dans la recherche. C’est ici l’occasion
pour nous de vous témoigner notre reconnaissance de la rigueur scientifique de votre
encadrement, votre disponibilité constante et de votre soutien moral et matériel;
Pr Olga M. LOMPO, Professeur titulaire en Anatomie et cytologie Pathologie, Université de
Ouagadougou pour avoir facilité la collecte de nos données dans votre service et d’avoir
accepté juger ce travail malgré vos multiples occupations. Soyez-en remercié;
Dr DJIGMA Wendkuuni Florencia, Assistante en Biologie Moléculaire pour la
disponibilité et la contribution à la réalisation de ce travail et pour avoir accepté le juger ;
Le corps professoral de l’UFR/SVT et celui du Master II de BioGeMA en particulier, pour la
qualité des enseignements ;
Aux Docteurs, Djénéba OUERMI, Issouf TAO pour leur disponibilité, leurs conseils et
leur contribution à la réalisation de ce travail ;
Dr Théodora ZOHONCON qui nous a fasciné par sa rigueur scientifique, son amour pour le
travail bien fait. Nous avons bénéficié de vous, de façon constante, des conseils,
enseignements et
un encadrement pertinent. Veuillez trouver en si peu de mots, le
témoignage de ma profonde gratitude.
Les ainés, Père Albert YONLI, SOUBEIGA R. S. Théophile, COMPAORE T. Rébéca,
OUATTARA Abdoul Karim, Valérie BAZIE… pour leur assistance constante ;
Les responsables et le personnel du laboratoire d’Anatomie et cytologie pathologie (CHUYO) : Dr OUATTARA, Mr Noufou OUEDRAOGO, Mr Issa TAPSOBA ;
A la Commission de l’UEMOA pour leur soutien financier du master BioGeMa ;
Ma famille pour toute l’affection, tout le soutien, toutes les prières, toute la patience et tous
les sacrifices que vous m’avez généreusement consentis.
Mes camarades du master pour leur bonne collaboration et l’ensemble de mes camarades de
l’UGEB pour leur soutien tout au long de ce mémoire
Master II BioGéMA / 2014-2015 /Prosper BADO
iii
Résumé
Introduction : Le cancer du col de l’utérus est dans 99% des cas dû à un HPV à haut risque.
Avec une incidence de 493000 cas dont 80% en Afrique, le cancer du col de l’utérus constitue
respectivement la deuxième et la première cause de mortalité par cancer chez la femme dans
le monde et en Afrique. Et pourtant, de la quinzaine de HR-HPV, seuls les HPV16 et 18 sont
couverts par les deux vaccins existant. C’est pourquoi nous visons à travers cette étude
évaluer la fréquence des HR-HPV dans des cas de cancer chez des femmes à Ouagadougou.
Méthodes : Par PCR multiplex en temps réel, nous avons recherché 14 génotypes HR-HPV
dans 106 pièces cancéreuses du col de l’utérus. Ces pièces conservées dans des blocs solides
de paraffine ont été coupés en des sections de 20µm. L’ADN extrait de ces sections
déparaffinés a été utilisé pour la PCR.
Résultats : Des 106 échantillons testés, seulement 55,64% (59/106) avaient un résultat
adéquat. Le génotypage a révélé la présence de 11 génotypes HR-HPV ; les 3 génotypes
absents étaient les HPV33, 66, 68. Parmi ces génotypes retrouvés, les plus fréquents étaient
HPV18 (41,4%), HPV39 (21,95%), HPV31 (26,83%), HPV16 (17,1%), et HPV45 (17,1%),
HPV58 (9,8%) et HPV35 (9,8%). Dans 41,5% (17/41) des cas, les échantillons étaient
infectés uniquement par l’un des HPV31, 35, 39, 45, 51, 52, 56, 58,59 ou en infection
multiple. Le nombre de génotypes HPV à haut risque variait de 1 à 4 par individu avec 39%
(16/41) d’infections multiples.
Conclusion : Le HPV18 était le plus fréquent dans les échantillons de cancers. Nous avons
noté une prévalence élevée des cancers dus uniquement au HPV31, 35, 39, 45, 51, 52, 56,
58,59.
Mots clés : HPV à haut risque, cancer du col de l’utérus, PCR multiplexe en temps réel,
Burkina Faso.
Master II BioGéMA / 2014-2015 /Prosper BADO
iv
Summary
Introduction: The HPV-HR account 99% of cervix cancer. With an estimation of 493.000
new cases each year whose 80% in Africa, cervix cancer respectively, constitute the second
and thirst women’s death caused by cancer in the world and in Africa. Yet, on the fifteen HRHPV, only HPV16 and 18 are covered by the two available HPV vaccines. We aim through
this study, to estimate the prevalence of HPV in the cervix cancer cases of women in
Ouagadougou.
Methods: By multiplex real time PCR, we searched 14 genotypes HR-HPV in 106 cervical
cancer FFPE tissues. We cut sections up to 20µm thick from the interior of an FFPE tissue
block. DNA extracted from these deparaffined sections has been used for PCR-RT.
Results: We obtained 55.64% (59/106) of adequate tests on the 106 samples tested. Eleven
genotypes HR-HPV are present on the 14 searched. The most frequent genotypes were
HPV18 (41,4%), HPV39 (21,95%), HPV31 (26,83%), HPV16 (17,1%), et HPV45 (17,1%),
HPV58 (9,8%) et HPV35 (9,8%). In the 41,5% (17/41) of cases, the samples were infected by
only one of HPV31, 35, 39, 45, 51, 52, 56, 58, 59. The genotype number varies from 1 to 4
and 39% of multiple infections was observed.
Conclusion: HPV18 was the most frequent in cancers samples. We remarked a high
prevalence of cancer caused only by HPV31, 35, 39, 45, 51, 52, 56, 58 and 59.
Key words: high risk HPV, cervical cancer, multiplex real time PCR, Burkina Faso.
Master II BioGéMA / 2014-2015 /Prosper BADO
v
Table des matières
Dédicaces .............................................................................................................................. ii
Remerciements ................................................................................................................... iii
Résumé ................................................................................................................................ iv
Summary ...............................................................................................................................v
Table des matières .............................................................................................................. vi
Liste des figures .................................................................................................................. ix
Liste des abréviations .................................................................... Erreur ! Signet non défini.
Introduction ..........................................................................................................................1
1. Revue de littérature ..........................................................................................................4
1.1.
Généralités sur le cancer du col utérin ......................................................................4
1.1.1. Anatomie du col utérin ...........................................................................................4
1.1.2. Histologie du col utérin ..........................................................................................4
1.1.3.Anatomo-pathologique du cancer du col .................................................................5
1.1.4.Carcinogénèse du cancer du col de l’utérus .............................................................5
1.1.5.Dépistage ................................................................................................................6
1.1.6.Traitement des lésions précancéreuses et cancéreuses .............................................8
1.2.Généralités sur les papillomavirus humains (HPV) ...................................................... 10
1.2.1.Historique de la découverte des HPV .................................................................... 10
1.2.2.Organisation structurale et génomique .................................................................. 11
1.2.3.Classification ........................................................................................................ 12
1.2.4.Maladies causées par les papillomavirus humains ................................................. 15
1.2.5.Mode de transmission du HPV .............................................................................. 16
1.2.6.Propriétés biologiques des protéines de HPV ........................................................ 16
1.2.7.Histoire naturelle des infections par le HPV .......................................................... 19
1.2.8.Cellules cibles et mécanisme d’infection du HPV ................................................. 19
1.2.9.Mécanisme de la carcinogenèse ............................................................................ 20
1.2.10.Facteurs influençant la progression des infections génitales au HPV ................... 21
1.2.11.Réponse immunitaire de l’hôte face à l’infection du HPV ................................... 22
1.2.12.Prévention et traitement ...................................................................................... 23
1.2.13.Prévalence des infections au papillomavirus dans la population .......................... 25
Master II BioGéMA / 2014-2015 /Prosper BADO
vi
1.2.14.Diagnostic des infections à HPV ......................................................................... 25
2.Objectifs de l’étude ..........................................................................................................27
2.1.Objectif principal ........................................................................................................ 27
2.2.Objectifs spécifiques ................................................................................................... 27
3.Matériels et Méthodes ..................................................................................................... 29
3.1.Le cadre de l’étude ......................................................................................................29
3.2.Matériels ..................................................................................................................... 29
3.2.1.Réactifs................................................................................................................. 29
3.2.2.Appareillage ......................................................................................................... 29
3.3.Méthode ...................................................................................................................... 30
3.3.1.Type et période de l’étude ..................................................................................... 30
3.3.2.Population d’étude et échantillonage ..................................................................... 30
3.3.3.Détection des génotypes du HPV ..........................................................................31
3.3.4.Analyse des données ............................................................................................. 33
3.3.5.Considérations éthiques ........................................................................................ 33
4.Résultats ........................................................................................................................... 35
4.1.La population .............................................................................................................. 35
4.2.Génotypage et prévalence de 14 génotypes HPV à haut risque par PCR en temps réel . 36
5.Discussion ......................................................................................................................... 41
Conclusion et perspectives ................................................................................................. 45
Réferences bibliographiques .............................................................................................. 49
Annexe ................................................................................................................................ 57
Master II BioGéMA / 2014-2015 /Prosper BADO
vii
Liste des tableaux
Tableau I: Différentes terminologies employées pour le compte-rendu des résultats de la
cytologie et de l’histologie. .....................................................................................................7
Tableau II: Système de classification du cancer recommandé par la Fédération internationale
d’Obstétrique et de Gynécologie. ............................................................................................9
Tableau III: Programme d’amplification sur SaCycler-96 pour la PCR-RT du HPV............. 32
Tableau IV: Répartition du cancer du col de l’utérus selon le stade ....................................... 35
Tableau V: Répartition des types histologiques du cancer du col selon la tranche d’âge ........ 36
Tableau VI: Proportion des issues des tests moléculaires ...................................................... 36
Tableau VII: Fréquence des 14 génotypes HPV à haut risque dans l’échantillon caractérisé .. 37
Tableau VIII: Infections uniques et infections multiples par des génotypes HPV à haut risque
détectés ................................................................................................................................ 38
Tableau IX: Nombre de génotypes HPV à haut risque par femme infectée ............................ 38
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viii
Liste des figures
Figure 1: A : utérus d’une femme en âge de procréer ; B : Les deux types d’épithélium du col
et la jonction pavimento-cylindrique .......................................................................................4
Figure 2: Organisation structurale et génomique des HPV .................................................... 12
Figure 3: Arbre phylogénétique de 118 types de papillomavirus construit par l’analyse de
séquences partielles du gène L1. ........................................................................................... 14
Figure 4: Réalisation des coupes des tissus contenus dans les blocs de paraffines et appareils
pour PCR-RT ....................................................................................................................... 30
Figure 6: Répartition des cancers selon la tranche d’âge ....................................................... 35
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ix
Liste des abréviations
AGUS
:
Atypical Glandular Cell of Undetermined Significance
ARN
:
Acide ribonucléique
ASCUS
:
Atypical Squamous Cell of Undetermined Significance
ASCH
:
Atypical Squamous Cell High grade
CERBA
:
Centre de Recherche Biomoléculaire Pietro Annigoni
CHU-YO
:
Centre Hospitalier universitaire Yalgado Ouedraogo
CIN
:
Cervical Intraepithelial Neoplasia
CIS
:
Carcinome In Situ
CMH I
:
Complexe Majeur d'Histocompatibilité de classe I
CMSC
:
Centre Médical Saint Camille
CRPV
:
Cottontail Rabbit Papillomavirus
DBD
:
DNA Binding Domain
EGF
:
Epidermal growth factor
FIGO
:
Fédération Internationale de Gynécologie-Obstétrique
HLA
:
Human Leukocyte Antigen
HPV
:
Human papillomavirus
HR-HPV
:
High Risk Human papillomavirus
hTERT
:
Human Telomerase reverse transcriptase
ICC
:
Invasif Cervix Cancer
ICTV
:
International Committee on the Taxonomy of Viruses
IRAC
:
International Agency for Research on Cancer
IVA
:
Inspection Visuelle à Acide acétique
IVL
:
Inspection Visuelle au Lugol
JPC
:
Jonction Pavimento-Cylindrique
KIR
:
Killer-cell Immunoglobulin-like receptor
LABIOGENE :
Laboratoire de Biologie Moléculaire et Génétique Moléculaire
LCR
:
Long Control Region
LEEP
:
Loop electrosurgical excision procedure
LPIBG
:
Lésions Intra épithéliales Pavimenteuses de Bas Grade
LPIHG
:
Lésions Intra-épithéliales Pavimenteuses de Haut Grade
OMS
:
Organisation Mondiale de la Santé
ORF
:
open reading frame
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x
Pap-test
:
Test de papanicolaou
PCR
:
Polymerase Chain Reaction
RT-PCR
:
SPSS
:
Statistical Package for the Social Sciences
TAP
:
Transporteur associed with Antigen processing
UEMOA
:
Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
UNICEF
:
United Nations International Children's Emergency Fund
VIH
:
Virus de l’Immunodéficience Humaine
VLP
:
Virus-like-particles
Real time Polymerase Chain Reaction (réaction de polymérisation en
chaine en temps réel)
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xi
Introduction
Virus à ADN, les Papillomavirus Humains (HPV)
appartiennent
à la famille des
Papillomaviridae. On dénombre plus de 200 types dont environ 100 types différents infectent
l’homme. Parmi ces derniers, plus d’une quarantaine ont un tropisme pour les muqueuses
ano-génitales (Schiffman et Kjaer, 2003). Les HPV, d’un point de vue pouvoir carcinogène,
sont subdivisés en deux catégories, les HPV à haut risque (16,18, 31, 33, 35, 39, 45, 51, 52,
56, 58, 59,66, 68,…) et les HPV à bas risque (6,11, 26, 40, 42, 53, 54, 55, 61, 62, 64, 67, 69,
70, 71, 72, 73,…). Les HPV sont responsables de condylomes acuminés, de verrues et de
cancers (Chelimo et al., 2013). Le cancer du col de l’utérus est un néoplasme viro-induit dans
99% des cas par HPV (Ly, 2009) et que H.Z.Hausen en 1976 désigna comme étant l’agent
responsable. Dans la majorité des cas, il y a clairance de ces virus au cours des 12 à 18 mois,
après infection. On observe une persistance du virus qui reste en phase latente chez 10% des
femmes infectées (Ly, 2009). Cette persistance est lié à plusieurs facteurs tels que une
immunodépression due au VIH (Strickler et al., 2005), un nombre de grossesse élevé (Munoz
et al., 2002) et la prise de contraceptifs oraux (Shi et al., 2012). Cette persistance peut aboutir
à des lésions précancéreuses qui se répartissent en deux types selon BETHESDA : les lésions
ou dysplasies de bas grade et les lésions de haut grade. Ces dysplasies peuvent évoluer vers
un carcinome cervical invasif (Piccini et al., 1997).
L’incidence mondiale du cancer du col de l’utérus est de 493 000 nouveaux cas chaque année,
dont 80% des femmes touchées vivent dans les pays en développement (Ly, 2009). La
prévalence du cancer du col utérin en Afrique Sub-saharienne est 10 à 20 fois plus élevée que
dans la plupart des pays européens et ceux de l’Asie de l’Est. Cette prévalence est fortement
corrélée aux facteurs socio-économiques tels la pauvreté, les dépenses de santé par habitant,
l'urbanisation et le taux d'alphabétisation (Singh et al., 2012). Le cancer du col de l’utérus
constitue la deuxième cause de mortalité par cancer chez les femmes dans le monde et la
première en Afrique ; plus de 270.000 femmes meurent chaque année de ce cancer et plus de
85% d’entre elles sont issues des pays à revenu faible ou intermédiaire (OMS, 2013).
Dans le monde et en Afrique, des études menées sur des femmes VIH séropositives et
séronégatives ont montré des prévalences très variées selon les types de HPV rencontrés, la
présence du VIH et les régions géographiques. Au Rwanda, Singh et al ( 2009) ont rapporté
69% de HPV chez les femmes VIH séropositives ; en Afrique du Sud, 90% des femmes VIH
Master II BioGéMA / 2014-2015 /Prosper BADO
1
séropositives avaient une infection au HPV (Adler et al., 2008). Au Chili, Ferreccio et al.,
(2013) ont rapporté que 10,7 % des femmes étaient positives au HPV.
Au Burkina Faso, des études antérieures ont montré une prévalence élevée de certains
génotypes des HPV à haut risque. Environ 59,6% des femmes VIH+ étaient infectées par au
moins un type de HPV contre 24,3% chez les femmes prises dans la population générale
(Djigma et al., 2011). En 2013, Zohoncon et al, ont trouvé que les génotypes HPV 35, 52, 31,
18, 58, 56, 51, 59, 45 et 33 sont les plus fréquents dans la population générale et ce dans
l’ordre décroissant (Zohoncon et al., 2013). Cette étude signale une possible émergence de
génotypes à haut risque non pris en compte par les deux vaccins existants (Cervarix et
Gardasil). Mais ces études ont été réalisées chez des femmes dont le statut carcinopathologique du col de l’utérus n’était pas connu. C’est pourquoi, nous envisageons dans cette
étude, travailler sur des pièces de tissus cancéreux du col de l’utérus, afin de déterminer la
prévalence des HPV à haut risque.
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2
Revue de littérature
Master II BioGéMA / 2014-2015 /Prosper BADO
3
1. Revue de littérature
1.1. Généralités sur le cancer du col utérin
1.1.1 Anatomie du col utérin
Le col de l’utérus correspond au tiers inférieur de l’utérus, il est constitué d’un tissu fibromusculaire dense tapissé de deux types d’épithélium (voir figure1). Il comprend deux
parties : le tiers inférieur du col (col extérieur ou exocol) fait saillit dans le vagin et les deux
tiers supérieurs du col (col intérieur ou endocol) au-dessus du vagin.
1.1.2 Histologie du col utérin
L’histologie est importante pour comprendre la physiopathologie du col. Deux types
d’épithélium tapissent la surface du col de l’utérus :
 L’épithélium pavimenteux (épithélium malpighien) : pluristratifié, sa couche
inférieure est séparée du fibro-musculaire par une membrane basale. Il tapit
normalement la plus grande partie de l’exocol. Il s’amincit, se fragilise et devient rose
blanchâtre après la ménopause.
 L’épithélium cylindrique (épithélium glandulaire): unistratifié, il tapit le canal
endocervical et une portion variable de l’exocol. Les cellules qui le constituent sont
hautes et cylindriques.
La jonction pavimento-cylindrique (JPC) : correspond à une ligne étroite ou les deux
épithéliums s’unissent. Sa localisation originelle sera modifiée grâce à plusieurs facteurs :
l’âge, le statut hormonal, le traumatisme de l’accouchement et de la contraception orale etc.
Figure 1: A : utérus d’une femme en âge de procréer ; B : Les deux types d’épithélium du col
et la jonction pavimento-cylindrique (JPC), (OMS, 2007)
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1.1.3. Anatomo-pathologie du cancer du col
Le
point de départ de la plupart des tumeurs du col utérin est la jonction cylindro-
pavimenteuse. Une colposcopie peut suffire à déceler un carcinome in situ. Le cancer invasif,
peut se présenter sous différentes formes macroscopiques: la forme bourgeonnante, plus ou
moins volumineuse, friable et hémorragique ; la forme infiltrante avec un col augmenté de
volume et infiltré ; et la forme ulcérative avec un cratère plus ou moins volumineux,
hémorragique, à base induré.
1.1.4. Carcinogénèse du cancer du col de l’utérus
La physiologie normale du col utérin commande que l’épithélium cylindrique soit remplacé
par un épithélium pavimenteux stratifié, cela sous l’effet des oestrogènes. Ce processus
normal de maturation aura pour conséquence l’apparition d’une seconde JPC ; entre les deux
JPC (JPC originelle et nouvelle) on trouve des cellules pavimenteuses métaplasiques donnant
ainsi lieu à la zone de remaniement (ZR). Au cours de l’adolescence et au moment de la
première grossesse, quand se produit la métaplasie pavimenteuse, l’infection par le HPV est
susceptible d’induire des changements dans les cellules nouvellement formées, avec
notamment l’incorporation de particules virales dans l’ADN cellulaire. Si le virus persiste, il
peut ainsi interférer avec le contrôle normal de la multiplication cellulaire et être à l’origine de
lésions précancéreuses et, plus tard, d’un cancer.
Les cancers du col utérin sont reparties en deux groupes selon le type histologique atteint :
carcinome épidermoïde et adénocarcinome. Les carcinomes épidermoïdes qui débutent à
partir de l’épithélium pavimenteux métaplasique (ZR) représentent 90% et les 10% restants
sont des adénocarcinomes qui débutent à partir de l’épithélium cylindrique de l’endocol
(OMS, 2007).
Le cancer du col utérin peut être regroupé selon le stade d’évolution, on parle alors de cancer
in situ et de cancer invasif. Le cancer in situ du col est une lésion de l’épithélium malpighien
qui ne dépasse pas la membrane basale de l’épithélium (c’est un cancer intra-épithélial).
On parle de cancer invasif quand des cellules anormales envahissent l’épaisseur du tissu
conjonctif fibreux, sous-jacent à la membrane basale. Débutant par un stade micro-invasif
(invisible à l’œil nu lors de l’examen au spéculum), il peut évoluer ensuite vers des lésions
plus importantes qui s’étendent au vagin, aux parois pelviennes, à la vessie, au rectum et aux
organes voisins. S’il n’est pas traité, le cancer du col évolue de façon tout à fait prévisible et
Master II BioGéMA / 2014-2015 /Prosper BADO
5
l’issue en sera presque toujours fatale. C’est le plus souvent un cancer épidermoïde et
rarement un adénocarcinome.
Dans sa progression, le cancer invasif suit quatre voies généralement séquentielles.
 La propagation à l’intérieur du col part d’un minuscule point de cancer microinvasif se
manifestant par une tumeur ulcéreuse, exophytique (bourgeonnante) ou infiltrante
(invasion en profondeur).
 La propagation directe aux structures voisines peut avoir lieu dans toutes les directions
: vers le bas, dans le vagin ; vers le haut, dans l’utérus ; sur les côtés, dans les
paramètres (tissus soutenant l’utérus dans le pelvis) et les uretères ; en arrière, vers le
rectum ; et en avant, vers la vessie.
 La propagation par voie lymphatique va concerner d’abord les ganglions pelviens
avant d’affecter plus tard la chaîne ganglionnaire le long de l’aorte pour atteindre
finalement les fosses supraclaviculaires (espace au-dessus de la clavicule).
 La propagation à distance est assurée par les voies sanguine et lymphatique pour
former des métastases à distance dans le foie, les os, les poumons et le cerveau.
1.1.5. Dépistage
Le dépistage est une action de santé publique menée sur une population à risque (population
cible) ne visant pas à diagnostiquer une maladie, mais à identifier les individus qui ont une
forte probabilité de la contracter ou de la développer. Ainsi le dépistage du cancer du col cible
des femmes qui peuvent se sentir en parfaite santé et ne voir aucune raison de solliciter les
services médicaux. Les tests les plus utilisés pour le dépistage sont : cytologie
conventionnelle (frottis de Papanicolaou) et en milieu liquide; inspection visuelle avec l’acide
acétique ou avec le soluté iodé de Lugol (IVL) ; test de recherche d’ADN du HPV.
Frottis cervico-vaginal (test de Papanicolaou) : le principe consiste à prélever un
échantillon de cellules dans la zone de remaniement du col, à l’aide d’une spatule en bois ou
d’une brosse. Ces cellules sont ensuite étalées sur une lame de verre, puis immédiatement
fixées pour préserver leur état morphologique. La lame est ensuite envoyée au laboratoire de
cytologie où elle sera colorée. La coloration de routine utilisée pour l’histologie est
l'Hématoxyline-Eosine (H.E.), l’éosine colorant en rouge les cytoplasmes et l’hématoxyline
permet de colorer les noyaux en bleu. C’est après ce processus, que les prélèvements une fois
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techniqués, sont lues par les médecins anatomo-pathologistes au microscope pour déterminer
si les cellules sont normales ou non et les classifier à l’aide du système Bethesda. La cytologie
en milieu liquide semble plus avantageuse que la cytologie conventionnelle : limite le nombre
de faux négatifs ; moins de frottis non satisfaisants, le rapport coût-efficacité amélioré et le
même échantillon peut également servir à la recherche d’ADN du HPV.
Méthodes visuelles : l’inspection visuelle avec l’acide acétique (IVA) ; l’inspection visuelle
avec le soluté iodé de Lugol (IVL). Ils permettent d’inspecter le col, sans grossissement
optique, après l’avoir badigeonné d’acide acétique dilué ou de soluté de Lugol. En effet, avec
l’acide acétique (vinaigre) le col est normal (résultat négatif) si pas de blanchissement ou
anormal (résultat positif) si le col blanchi. Avec le soluté de Lugol, les lésions précancéreuses
et cancéreuses apparaissent bien délimitées, épaisses et de couleur moutarde ou jaune safran,
tandis que l’épithélium pavimenteux prend une coloration marron ou noire et que l’épithélium
cylindrique reste rose.
Méthodes de dépistage basées sur la recherche d’ADN (voir diagnostic moléculaire des
HPV).
Tableau I: Différentes terminologies employées pour le compte-rendu des résultats de la
cytologie et de l’histologie (OMS, 2007).
Classification
cytologique
(employée pour le dépistage)
Pap (frottis) Système Bethesda
Classification
diagnostic)
CIN
Classe I
Classe II
Classe III
Normal
ASU-US ASU-H
LIEBG
Classe III
Classe IV
Classe V
LIEBG
LIEBG
LIEBG
Normal
Atypie
CIN1, y compris
condylome plan
CIN 2
CIN 3
CIN 3
histologique
(employée
pour
le
Classifications
descriptives OMS
Normal
Atypie
Koilocytose
Dysplasie
légère
Dysplasie modérée
Dysplasie sévère
Carcinome in-situ
Classe VI
Cancer invasif
Cancer invasif
Cancer invasif
CIN : néoplasie cervicale intraépithéliale ; LIEBG : Lésion intraépithéliale épidermoïde de
bas grade ; LIEHG : Lésion intraépithéliale épidermoïde de haut grade ; ASC-US : cellules
épidermoïdes atypiques de signification indéterminée ; ASC-H : cellules épidermoïdes
atypiques ne permettant pas d’exclure une lésion intraépithéliale épidermoïde de haut grade.
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1.1.6. Traitement des lésions précancéreuses et cancéreuses
Le traitement actuel des lésions précancéreuses est le plus souvent chirurgical (conisation). Le
cancer cervical est, lui, traité par une combinaison de chirurgie et de radiothérapie avec une
chimiothérapie adjuvante, efficace aux stades précoces. Des vaccins thérapeutiques qui
permettraient de traiter les lésions précancéreuses et les cancers du col de l’utérus dus aux
HPV16 et/ou au HPV18 sont en cours d’essais cliniques. L’exercice d’un traitement exige une
confirmation histologique du cancer et la détermination du stade du cancer en utilisant le
système de classification de la Fédération internationale d’obstétrique et de gynécologie.
(FIGO). La chirurgie et la radiothérapie représentent les principales méthodes de traitement
du cancer du col et ces traitements sont fonction du stade (OMS, 2007).
La chirurgie curative du cancer du col vise à ôter la tumeur primaire et toutes ses extensions
en une seule opération. Elle dépend du stade clinique de la tumeur et de ce que voit le
chirurgien au fur et à mesure qu’il opère. La chirurgie emploie plusieurs méthodes dont
l’hystérectomie radicale et la lymphadénectomie pelvienne qui sont les principales méthodes
chirurgicales et l’hystérectomie simple et la trachélectomie étant seulement indiquées dans
certains cas particuliers.
La radiothérapie est une technique de traitement consistant à irradier la tumeur à l’aide d’un
faisceau de lumière à très haute énergie servant à endommager et détruire les cellules
cancéreuses. On l’utilise principalement pour traiter les tumeurs bourgeonnantes (stades IB et
IIA jusqu’à IVB) et dans les cas où on constate une atteinte importante des ganglions
lymphatiques. Il existe deux grandes catégories de radiothérapie selon le positionnement de la
source d’irradiation par rapport au patient : téléthérapie (source d’irradiation éloignée du
patient) ; curiethérapie (petites sources radioactives placées dans les cavités corporelles).
La chimiothérapie c’est le type de traitement qui utilise les agents médicamenteux induisant la
mort cellulaire par interférence dans le cycle cellulaire. Elle n’est pas utilisée comme
traitement de première ligne du cancer du col et est généralement combinée avec la chirurgie
ou la radiothérapie pour traiter les tumeurs bourgeonnantes (OMS, 2007).
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Tableau II: Système de classification du cancer recommandé par la Fédération internationale
d’Obstétrique et de Gynécologie (FIGO).
Le système de classification FIGO détermine le stade du cancer d’après la taille de la tumeur
et son extension au pelvis et aux organes distants.
Stades et description
Stade 0 : Carcinome in situ
IA1 : Invasion du stroma inférieur à 3 mm
IA : Carcinome invasif
en profondeur
préclinique
horizontalement
inférieure à 7
mm
IA2 : du stroma entre 3 et 5 mm
en
Stade I : Carcinome
profondeur
limité au col
horizontalement
et
et
inférieure
à
7
mm
IB : Tumeur limitée au
IB1 : Tumeur limitée au col de moins de 4 cm
col mais supérieure à
IB2 : Tumeur limitée au col de plus de 4 cm
un IA2
Stade II : Tumeur dépassant le col mais
IIA : Sans envahissement du paramètre
n'atteignant pas la paroi pelvienne ni le tiers
inférieur du vagin
IIB : Avec envahissement du paramètre
Stade III : Lésion atteignant la paroi pelvienne
IIIA : Lésion atteignant le tiers inférieur du
et/ou le tiers inférieur du vagin et/ou présence
vagin sans atteindre la paroi pelvienne
d'une hydronéphrose
IIIB : Lésion atteignant la paroi pelvienne
et/ou présence d'une hydronéphrose
Stade IV : Dissemination du cancer
IVA : Lésion atteignant la vessie ou le rectum
IVB : Métastase à distance
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1.2. Généralités sur les papillomavirus humains (HPV)
Le Papillomavirus Humain (HPV) est un petit virus d’environ 55 nm de diamètre, nonenveloppé et de forme icosaédrique ; de la famille des Papovaviridae.
1.2.1. Historique de la découverte des HPV
La recherche sur les papillomes et papillomavirus a commencé il y a plus de 100 ans. Depuis
lors des travaux se sont succédés avec une flambée des activités de recherche à partir de la
mise en évidence d'une relation entre les infections à HPV spécifiques et le cancer du col
utérin. La recherche de papillomavirus a essentiellement quatre racines historiques. Des
études sur le développement de papillomes chez les bovins et l’induction des sarcoïdes par ces
verrues transmises à d’autre espèce (cheval), ont servis à démontrer l'origine infectieuse des
verrues bovines. Celles sur le développement de papillomes chez des lapins par Shope et
Hurst, en 1933, ont permis d’isoler l’ADN de CRPV (cottontail rabbit papillomavirus),
mettant en évidence le lien entre les papillomes cutanés observés chez les lapins et une
infection virale (Shope et Hurst, 1933). Les verrues ont acquis un intérêt médical dès lors que
Lewandowsky et Lutz en 1922, les ont liées à une maladie humaine héréditaire rare,
épidermodysplasie verruciforme. En 1934, Rous et Beard ont noté que les papillomes de
lapins domestiques sont souvent convertis à des carcinomes squameux. Il est en effet apparu
dans la littérature la conversion maligne des verrues génitales. Rigoni Stern en analysant les
certificats de décès de femmes à Vérone des années 1760 à 1839, avait noté que le cancer du
col de l’utérus était fréquent chez les prostituées, les femmes mariées et les veuves ; mais rare
chez les vierges et religieuses. Il en a conclu que le développement de ce cancer doit être lié à
des contacts sexuels. Ces données épidémiologiques ont inspiré la recherche pour identifier
un agent microbien comme facteur étiologique des néoplasies cervicales. En 1983, Zur
Hausen découvre au sein de cellules cancéreuses de l'utérus le HPV 16, confirmant
l’association entre le HPV et le cancer du col de l’utérus (Zur Hausen, 2009). En 1995,
l’IARC (International Agency for Research on Cancer) classe les HPV-16 et 18 comme
agents carcinogènes chez les humains (IARC, 1995). Toutes ces recherches ont abouti à la
production de deux vaccins prophylactiques.
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1.2.2. Organisation structurale et génomique
Les papillomavirus humains ou HPV (Human Papilloma Virus) sont des virus nus (non
enveloppés) de petite taille (45 à 55 nm de diamètre), ayant une capside à symétrie cubique
constituée de 72 capsomères en structure icosaédrique. Leur matériel génétique est constitué
d’un et unique double brin d’ADN circulaire. Ce génome est entouré d’une capside constituée
de pentons comportant une protéine majeure, L1, associée à une protéine mineure plus
interne, L2. Lesquelles protéines portent des motifs antigéniques de groupe, constituants les
cibles des anticorps neutralisants.
L’unique ADN circulaire qui constitue leur génome comporte 7904 paires de bases environ
codant 8 à 9 protéines (Alain, 2010), dont les séquences codant les protéines virales sont
regroupées sur un seul brin. Le génome viral est divisé en trois régions principales : la région
précoce, la région tardive et la région LCR (Long Control Region). Les gènes E1 à E7,
indispensables à la transcription et à la réplication virale, font partie de la région précoce et
sont placés sous le contrôle du promoteur précoce. Les gènes de capside L1 et L2, situés dans
la région tardive, sont placés sous le contrôle du promoteur tardif. Le génome viral comporte
une origine de réplication associée à une région régulatrice dite LCR portant des séquences
cibles pour de nombreux facteurs de transcription cellulaire et pour la protéine E2. Les
protéines précoces (E1, E2, E4, E5, E6 et E7) régulent la réplication virale et le maintien de
l’infection. Parmi celles-ci, les protéines E1 (hélicase) et E2 sont impliquées dans la
réplication du génome viral, et les protéines E5, E6 et E7 sont impliquées dans la prolifération
et la transformation cellulaire.
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Figure 2: Organisation structurale et génomique des HPV
A : particules virales en microscopie électronique ; inature.canalblog.com/images/
20051213_01.gif ; B : modèle atomique de la capside virale, Monsenego., 2006 ;
C: Représentation schématique du génome, D'Abramo et Archambault, 2011
1.2.3. Classification
La classification des papillomavirus peut se faire selon le génotype, l’analyse phylogénétique
et le pouvoir cancérigène. Celle basée sur le génotype et l’analyse phylogénétique est la plus
informative et de ce fait, fera l’objet de ce point. De nos jours, on dénombre plus de 200 types
de papillomavirus humains (HPV) et de papillomavirus animaux (Alain, 2010) découverts au
fil des années. Jusqu’au début de l’année 2000 les types de papillomavirus connus étaient
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regroupés dans le genre papillomavirus et formaient avec le genre polyomavirus la famille
dite des Papovaviridae. Cette classification se justifiait par l’absence d’enveloppe sur la
capside et la présence d’ADN circulaire, commun aux deux groupes. Avec le renforcement
des connaissances par le séquençage et la PCR, chaque groupe devient une famille sur la base
de leurs caractéristiques génétiques et moléculaires particulières et des analyses
phylogénétiques portant sur leur génome entier ou sur le gène L1 qui serait le mieux conservé.
En 2004, de Villiers et son équipe, après une étude sur le gène complet L1 ORF de 96 types
de HPV et 22 types de papillomavirus animaux ont fait plusieurs observations. En intégrant à
ces observations les normes de classification établies par ICTV. de Villiers et al. ont abouti à
une interprétation officielle des groupes phylogénétiques en indiquant plusieurs niveaux
taxonomiques : '' genres '', '' espèces '', '' Types '' et '' variants ''. A l’issue de cette étude, de
Villiers et son équipe ont obtenu un cladogramme en utilisant les critères suivants :
Le niveau qui, antérieurement, était appelé supers-groupe (HPV génitaux) correspond
maintenant au niveau '' genres ''. Sont considérés appartenant au même genre, tous les
Papillomavirus qui ont moins de 60% d’identité des séquences nucléotidiques du L1 et plus
de 23% de similitude sur tout génome entier. Cela a donné lieu à 12 genres parmi lesquels
cinq correspondent aux Papillomavirus humain α, β, γ, μ et ν, et sept aux papillomavirus
animaux (de Villiers et al., 2004).
Les taxons autrefois nommés '' groupes '' et '' sous-groupes'' sont remplacés par la
dénomination « espèce », lorsque des Papillomavirus du même genre ont un degré de
similitude du L1 compris entre 60-70%. Au sein des espèces, se trouvent les types lorsque le
degré d’homologie est compris entre 71 à 89 % (soit au moins 10 % de divergence). Au sein
des types existent des variants qui ne diffèrent des autres virus du même type que par une ou
quelques paires de bases (moins de 2 % de divergence) (de Villiers et al., 2004).
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Figure 3: Arbre phylogénétique de 118 types de papillomavirus construit par l’analyse de
séquences partielles du gène L1 (de Villiers et al., 2004).
Légende : Les papillomavirus de types humains sont représentés ici par seulement un chiffre
arabe à la fin de chaque branche (ex: 39 = HPV39). Les types viraux sont regroupés en
espèces et les espèces sont regroupées en différents genres viraux. Les papillomavirus
humains (HPV) de notre étude appartiennent au genre Alpha
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1.2.4. Maladies causées par les papillomavirus humains
La famille des papillomavirus comporte plus de 200 types dont environ 150 sont spécifiques à
l’humain (Kovanda et al., 2011). Les maladies causées par les HPV sont classifiées soit selon
leur tropisme (cutané ou muqueux) ou soit selon la manifestation clinique. Cependant, la
classification selon le tropisme est moins réelle, car les types cutanés peuvent se retrouver
dans des épithéliums cutanés et inversement pour les types muqueux. Sans tenir compte
d’aucune de ces classifications, nous aborderons très sommairement les principales
pathologies causées par les HPV.
Verrues cutanées : Elles sont dues à plusieurs types de HPV à différents sites anatomiques.
Les verrues communes (verrucae vulgaris), causées majoritairement par HPV1, HPV2 et
HPV4, sont le plus souvent rencontrées au niveau des mains, sur les doigts, et sur les pieds.
Les verrues plantaires sont causées majoritairement par le HPV1 et les verrues planes, dues
principalement aux HPV3 et HPV10, situées au niveau du visage, des mains et des avant-bras.
Papillomatose respiratoire récurrente : elle est causée par les HPV6 et HPV11(Handisurya et
al., 2009). L’infection produit des papillomes au niveau du larynx, qui peuvent obstruer les
voies respiratoires si elles sont nombreuses. Elles sont observées chez les enfants et les
adultes.
Conjonctivites à papillomavirus : ils peuvent être causés par des LR-HPV (HPV à bas risque)
comme HPV6 ou HPV11, ou encore par des HPV à haut risque comme HPV16 ou HPV33
(Trottier et Burchell, 2009). Ces papillomes sont majoritairement bénins et régressent
spontanément.
Epidermodysplasia verruciformis(EV) : L’EV est une maladie héréditaire récessive très rare
due à une mutation des gènes TMC6 ou TMC8 situés sur le chromosome 17. Elle entraîne une
susceptibilité accrue aux β-HPV (HPV5 et HPV8). L’EV entraine apparition de lésions
cutanées polymorphes et présentant un risque élevé de cancer de la peau.
Verrues génitales : elles sont causées par les LR-HPV et peuvent être planes, en forme de
dôme, être lisses ou raboteuses. Les HPV6 et HPV11 sont responsables à eux seuls d’environ
90% des verrues génitales, appelées condylomata acuminata. Ils ont une fréquence élevée
chez les jeunes (15 à 24 ans) avec 74% des infections incidentes (Handisurya et al., 2009).
Les cancers : environ 20% des cancers humains seraient causés par des agents infectieux dont
20 à 30% seraient dus à des HPV (Zur Hausen, 2009) . Les HPV-HR sont en partie
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responsables du développement de nombreux autres cancers au niveau de la région anogénitale (pénis, vagin, vulve, anus, région périanale) et du système oropharyngé (bouche,
larynx, pharynx).
1.2.5. Mode de transmission du HPV
La transmission des HPV se fait essentiellement par contact direct (peau-peau, muqueusemuqueuse ou peau-muqueuse) car celles par les mains, le linge ou les surfaces contaminées et
mère-enfant sont possibles, mais mineures (Alain et al, 2010). Parmi les voies de
contamination par contact direct, celle par la voie sexuelle est la plus fréquente à cause de la
forte charge virale au niveau des voies ano-génitales à la phase productive de l’infection, ce
qui fait de l’infection par les HPV muqueux génitaux la plus fréquente des infections
sexuellement transmises. Chez les hommes, on trouve les HPV surtout au niveau pénien ou
anal et ce sont de ce fait des vecteurs majeurs des papillomavirus génitaux (Palefsky, 2010).
En 2007, Nielson et al., trouvaient que le pénis était le site le plus susceptible de multiples
infections HPV avec une prévalence de 38.5%. Les HPV génitaux sont également retrouvés
dans les poils pubiens et les sécrétions génitales. Ces infections externes peuvent migrer
secondairement au niveau du col, et causer une possible infection, même en l’absence d’acte
sexuel et de pénétration. Les HPV ont presque le même mécanisme de transmission, de sorte
que plusieurs espèces de HPV peuvent être simultanément ou successivement transmises. Ce
phénomène de coïnfections est une réalité aussi bien chez les femmes que chez les hommes
avec respectivement des fréquences de 20 à 30 % et 51 % dans la population générale (Dunne
et al., 2006).
1.2.6. Propriétés biologiques des protéines de HPV
Plus de la moitié du génome des HPV est occupé par la région précoce (Zheng et Baker,
2006). Cette région code sept protéines fonctionnelles nécessaires à la réplication virale, mais
aussi à l’immortalisation et la transformation des cellules infectées (Tungteakkhun et
Duerksen-Hughes, 2008). Les deux autres protéines de structures formant la capside virale,
sont codées par la région tardive. Dans cette section, nous décrirons quelques principales
fonctions de chacune de ces protéines.
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1.2.6.1. La protéine E1
Elle présente plusieurs fonctions qui sont essentielles à la réplication de l’ADN viral. En effet,
E1 reconnait et se lie à l’OR (origine de réplication), provoquant ainsi le relâchement de la
condensation de l’ADN (McBride, 2008). Par la suite, E1 se réarrange en double trimère
permettant l’ouverture de l’ADN viral (Schuck et al, 2005) et aussi en double hexamère
autour d’un brin à l’OR permettant le recrutement des protéines cellulaires (protéine de
réplication A (RPA), topo-isomérase I, complexe de la polymérase α primase) nécessaires
pour initier la réplication (Liu et al., 1998).
1.2.6.2. La protéine E2
La protéine E2 intervient essentiellement dans le processus d’initiation de la réplication, le
contrôle de l’expression des autres gènes viraux (E6, E7), la ségrégation du génome viral lors
de la division cellulaire, l’arrêt du cycle cellulaire en G2.
En effet, E2 permet de recruter E1 (E1 recrutant la machinerie réplicative) grâce à 3 de ses 4
sites de liaison sur le LCR qui encadrent le site de liaison de E1 à l’OR (Kajitani et al., 2012).
A faible quantité, E2 se lie seulement aux sites de haute affinité du LCR permettant la
transcription des gènes, par contre à forte quantité, elle se lie en plus aux sites de basse
affinité d’où une saturation (Steger et al., 1997). Ces sites de faibles affinités sont superposés
aux sites de liaisons des facteurs de transcriptions, empêchant ainsi la transcription des gènes
viraux précoces (Demeret et al., 1997). E2 se lie au génome viral (4 sites sur LCR) par son
DBD (DNA binding domain) et à la protéine brd4 (bromodomain-containing protein 4) fixée
sur les chromosomes cellulaires à travers les histones H3 et H4 (McBride, 2006). Ainsi, les
génomes viraux nouvellement synthétisés seront distribués entre les cellules filles avant la
formation de la membrane nucléaire (McBride, 2006). Ce mécanisme est possible même en
absence de brd4 (McPhillips et al., 2006).
1.2.6.3. La protéine E4
Elle est présente lors des phases précoce et tardive (expression maximale) de l’infection au
HPV. Son rôle principal, dans la phase tardive, est de permettre la libération des virions
(maturation des virions) et l’arrêt du cycle cellulaire en G2.
La protéine E4 a une expression maximale dans les couches supérieures de l’épithélium en
s’accumulant dans le cytoplasme (Doorbar et al., 1991). Dans le cytoplasme, E4 se lie aux
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kératines, les obligeant à s’accumuler près du noyau (Wang et al., 2004). Cette réorganisation
du réseau des kératines fragilise la membrane cellulaire facilitant la libération des virions
(Doorbar et al., 1991).
La protéine E7 stimulant le cycle cellulaire, perd cette capacité du fait de la forte
concentration de E4 dans la phase tardive, bloquant ainsi le cycle cellulaire en G2 (Davy et
al., 2002).
1.2.6.4. La protéine E5
La protéine E5, hydrophobe, est localisée au niveau des membranes des cellules, des
endosomes et de l’appareil de Golgi (Ashrafi et al., 2005). Faiblement oncogénique, E5
stimule la prolifération cellulaire dans la couche basale en augmentant l’expression des
récepteurs des facteurs de croissance (McBride, 2008). Elle permet aussi l’évasion des HPV
du système immunitaire en réduisant le nombre de molécules de CMH à la surface cellulaire
(Venuti et al., 2011).
1.2.6.5. La protéine E6
La protéine E6 est l’une des principales oncoprotéines des HPV dont l’action consiste
essentiellement à créer un environnement favorable aux activités biologiques virales. En effet,
E6 empêche l’arrêt de croissance et l’apoptose en se liant à la protéine cellulaire p53 (Doorbar
et al., 2005). En plus, E6 favorise l’immortalisation cellulaire en agissant sur les télomérases
(hTert) (Veldman et al., 2001). Les télomérases, absentes chez les cellules épithéliales, ont la
capacité d’ajouter des séquences répétitives aux télomères empêchant ainsi la mort cellulaire
du fait de télomères courts (Frias et al., 2012).
1.2.6.6. La protéine E7
Elle est la deuxième oncoprotéine principale des HPV et son action est complémentaire avec
E6. Sa fonction majeure est de stimuler le cycle cellulaire afin de maintenir l’expression de la
machinerie réplicative de l’ADN cellulaire (Doorbar et al, 2005). La protéine cellulaire pRb
(protéine du rétinoblastome) se lie aux facteurs de transcriptions E2F et empêche l’entrée de
la cellule en phase S (Doorbar et al, 2005). La protéine E7 a la capacité de se fixer et
d’inactiver pRb, un régulateur négatif du cycle cellulaire (McBride, 2008). L’inactivation va
augmenter l’expression des gènes de la phase S et donc de la machinerie réplicative cellulaire.
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1.2.6.7. La protéine L1
C’est la composante principale de la capside des HPV. Au nombre de 360 par virus, les
protéines L1 sont regroupées d’abord en capsomères de 5 protéines donnant 72 capsomères
qui constituent avec L2 la capside virale. L’interaction initiale des virions avec leur hôte est
majoritairement attribuée à L1 (Buck et al., 2013). La protéine L1 reconnaît les
glycoprotéines membranaires contenant du sulfate d’héparine (Buck et al., 2013).
1.2.6.8. La protéine L2
La protéine L2 est essentielle à l’infection au HPV et présente plusieurs fonctions. La protéine
L2, après être clivée à son extrémité N-terminal, intervient dans l’internalisation des HPV en
aidant la protéine L1 à se fixer sur son second récepteur. Elle permet par la suite,
l’échappement de l’endosome. En effet, le virus est internalisé dans un endosome duquel il
s’échappera en utilisant l’extrémité c-terminale de L2 pour le déstabiliser. La protéine L2 est
très impliquée dans l’encapsidation des génomes nouvellement synthétisés (Doorbar et al,
2005). Une fois dans le noyau, cette protéine se dirige vers les ND10 d’où il assemblera avec
lui la protéine L1 et E2. Le génome viral nouvellement synthétisé se trouve du même coup
entraîné dans la capside car lié à L2 et E2.
1.2.7. Histoire naturelle des infections par le HPV
L’infection par le HPV est très courante dans la population générale et est considérée comme
l’infection sexuellement transmise la plus fréquente (Schiffman et al., 2005). Plus d’une
femme sur deux a été exposé aux HPV durant sa vie et 10 % environ feront une infection
chronique (Monsonego, 2007) et la majorité de ces infections vont se résorber spontanément.
Une minorité des cas persiste au-delà d’une année qui représente le délai moyen de la
clairance virale. Cette persistance favorise l’intégration du génome viral au sein des cellules
épithéliales, à l’origine d’une possible transformation tumorale. Les anomalies issues de cette
intégration ne progressent pas toutes, l’évolution potentielle vers le cancer pouvant prendre de
nombreuses années en passant par des stades différents d’anomalies histologiques
intraépithéliales pré-invasives.
1.2.8. Cellules cibles et mécanisme d’infection du HPV
Les différents types de HPV se caractérisent par leur tropisme tissulaire et on distingue des
types de HPV à tropisme cutané ou à tropisme muqueux. L’infection utilise des mécanismes
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moléculaires différents selon le type viral (cutané ou muqueux). Les HPV à tropisme
muqueux infectent les cellules souches de l’épithélium malpighien, suite à une transmission
par contact sexuel. Ils pénètrent dans l’épithélium par la zone de jonction pavimenteuse et
aussi à la faveur d’une microlésion sur le col utérin. L’infection primaire a lieu au niveau des
cellules basales de l’épithélium car ce sont les moins différenciées et mitotiquement les plus
actives (Kajitani et al., 2012). Les virus ont aisément accès à ces cellules cibles (cellules
basales) à travers la zone de jonction entre l’épithélium malpighien de l’exocol et l’épithélium
glandulaire de l’endocol, expliquant la localisation préférentielle des lésions. La réplication
du génome viral a lieu dans les cellules basales après décapsidation et migration de l’ADN
viral vers le noyau. Cette réplication est contrôlée par les protéines E1 et E2 qui maintiennent
le génome sous la forme épisomale de 50 à 100 copies de génomes dans les cellules basales et
supra-basales (Kajitani et al., 2012). Les cellules basales et supra-basales seront maintenues
en phase de synthèse d’ADN (phase S) par les protéines E6 et E7, exprimées à faible taux.
Les cellules de la couche supérieure de l’épithélium chargées de virions desquament et se
lysent à la surface de l’épithélium (Doorbar et al, 2005). Les squames contenant des virions
de HPV sont diffusés et transmis au partenaire non-infecté lors des relations sexuelles.
1.2.9. Mécanisme de la carcinogenèse
Les infections par les HR-HPV, dans leur majorité, régressent naturellement. Cependant,
lorsqu’une infection persiste, cela augmente les risques d’un cancer qui passe par les lésions
précancéreuses. Les lésions précancéreuses sont divisées en lésions de bas-grade et hautgrade. Les lésions de bas-grades régressent fréquemment par contre celles de haut-grade
régressent rarement. Les lésions de haut-grade évoluent vers un cancer lorsque le génome
viral est intégré au génome cellulaire et avec une expression significative des oncoprotéines
E6 et E7. Cette intégration se fait généralement au niveau du gène E2 qui est un répresseur
transcriptionel de E6 et E7 lors de l’infection productive. Ainsi, la quantité des oncoprotéines
E6 et E7 va augmenter suite à l’inhibition de E2 par l’intégration du génome viral à son
niveau. Aussi, les protéines E1 et E2, associées à l’infection productive, peuvent être inhibées
par suite de l’intégration du génome viral augmentant les quantités de E6 et E7. L’intégration
du génome virale aura pour effet l’inhibition et/ou la diminution de la production de plusieurs
protéines virales. La perte du gène E2 lors de l’intégration du génome permet au HPV d’éviter
la mort cellulaire. Sans la protéine E4, seule la protéine E7 régule le cycle cellulaire, ce qui
permet la prolifération. La protéine E7 se fixe sur la protéine cellulaire pRb, une protéine
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suppressive de tumeur, et l’inactive entrainant ainsi un dérèglement du contrôle du cycle
cellulaire (McBride, 2008). L’action de la protéine virale E6 consiste à la dégradation de la
protéine p53. La cellule perd ainsi son point de contrôle au niveau de la transition de la phase
G1 à la phase S et de la phase G2 à la phase M, ce qui entraîne l’instabilité génétique de la
cellule épithéliale. C’est l’ensemble de ces évènements qui entretient le cancer.
1.2.10. Facteurs influençant la progression des infections génitales au HPV
Afin de déterminer les individus ou groupes d’individus sur qui orienter les programmes de
dépistage du cancer, il est important de connaitre les facteurs qui mènent à la progression de
l’infection vers un cancer. Plusieurs facteurs, tels les facteurs de l'hôte (génétiques ou
acquises : l'âge, l'immunodépression, la contraception orale, le tabagisme) et les facteurs
viraux (génotype, variantes, charge virale, intégration ...), augmentant la persistance, ont été
identifié.
La plus part des infections au HPV sont passagères et sont éradiquées sur une période
d’environ 12 mois (Handisurya et al., 2009). La persistance d’une infection avec un HR-HPV
est de ce fait un facteur de risque important pour la progression de l’infection vers le cancer.
Suite à la persistance, le génome viral sera intégré dans le génome humain. L’intégration
constitue un facteur de risque, car elle entraîne un avantage de croissance des cellules
infectées par un HR-HPV et aussi parce que les niveaux d’expression d’ARNm précoces
produits par une seule copie de HPV intégrée correspondent aux niveaux que peuvent
produire plusieurs milliers de HPV sous forme épisomale (Peitsaro et al., 2002). Aussi, les
infections par un HR-HPV avec une charge virale élevée augmentent les probabilités
d’intégration du génome viral dans les chromosomes de l’hôte (Peitsaro et al., 2002).
Tous les types et variants oncogéniques de HPV ne sont pas associés au développement du
cancer de la même façon. En effet, HPV16 est le plus fréquent suivi de HPV18 qui est plus
agressive. Outre les différences entre les différents types de HPV, le degré d’oncogénicité des
HPV peut différer en fonction des variantes. Les risques de développer des lésions de hautgrade et un cancer sont de deux à neuf fois plus élevés lors d’une infection par une variante
non-européenne de HPV16 que chez les variantes européennes (Lichtig et al., 2006).
La coinfection est un facteur associé à la persistance de l’infection à HPV. La co-infection par
plus d’un type de HPV est associée à la persistance de l’infection (Perrons et al., 2005).
L’infection au HPV16 est davantage persistante lorsqu’elle est associée avec d’autres types
(Woodman et al., 2001). La co-infection se fait également par des agents autres que les HPV.
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Il y a entre autres Chlamydia trachomatis (CT), herpès Virus de type II (HSV II), Virus de
l’immuno-déficience humaine (VIH), etc. En effet, le risque de développer un cancer utérin
est doublé en cas de co-infection de CT et HPV-HR (Smith et al., 2004) et HSV II et HPVHR (Smith et al., 2002). En terrain immunodéprimé, certains types de cancers sont
majoritairement retrouvés. Il y a par exemple le sarcome de Kaposi et le cancer du col utérin.
La persistance des infections au HR-HPV est plus fréquente (Stanley, 2009) et le risque de
développer un cancer du col de l’utérus est élevé chez les femmes VIH positives (Strickler et
al., 2005).
Le nombre de grossesses menées à terme et l’intervalle entre celles-ci sont associés à un
risque élevé de cancer du col de l’utérus, surtout pour les femmes déjà infectées par un HRHPV (Munoz et al., 2002). Cette augmentation du risque de cancer pourrait être expliquée par
des traumatismes du col de l’utérus et du vagin au moment de l’accouchement.
La prise de contraceptifs oraux à long terme est aussi associée au risque élevé de cancer
cervical. Ces contraceptifs contiennent de la progestérone impliquée dans le cycle menstruel
et dans la grossesse. Les hormones stéroïdiennes (progestérone) peuvent interagir avec des
régions précises du LCR augmentant ainsi la réplication du génome viral et par voie de
conséquence un risque élevé de la persistance (Piccini et al., 1997). De plus, ces hormones
augmentent la transcription des oncoprotéines E6 (Shi et al., 2012).
L’avenir d’une infection au HPV est en partie tributaire du système immunitaire. La réponse
immunitaire contre les HPV est assurée par des molécules telles les HLA (Human Leucocyte
Antigen), TAP (Transporteur associated with antigen processing) et KIR (killer-cell
immunoglobulin-like receptor). Cependant, des polymorphismes au niveau de ces gènes
peuvent induire une progression des infections au HPV (Denis et al., 2008).
1.2.11. Réponse immunitaire de l’hôte face à l’infection du HPV
Généralement l’infection aux HPV régresse spontanément au bout de 12 mois. La prévalence
de ces infections semble diminuer avec l’âge. En effet, elle est moins forte chez les adultes
d’au moins 30 ans que chez les adolescentes et les jeunes adultes. Cela n’est pas lié au
changement de comportement mais plutôt au fait d’une réponse immunitaire. Ce sont
l’immunité innée et l’immunité adaptative qui sont impliquées dans la résolution des
infections par les HPV.
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L’immunité innée assurée par des molécules (Complément, Interférons β, TNF) et des cellules
(NK, macrophages, neutrophiles) constitue la première barrière de défense de l’organisme.
Cependant, en cas d’infection au HPV, la quantité de ces molécules est réduite au point de
permettre leur évasion au système immunitaire. En plus, pour échapper au SI (système
immunitaire) , le HPV se réplique à très faible taux afin d’éviter la reconnaissance par le SI
(Doorbar et al., 2005).
L’immunité adaptative contre les HPV est aussi une combinaison de mécanismes humoraux
(anticorps) et cellulaires (CTL, Th1/2).
La réponse à médiation cellulaire est essentielle à la résolution de l’infection par les HPV. Les
lymphocytes T CD4 auxiliaires, après être activés par les CPA, stimulent les CTL via une
réponse Th1. L’action des CTL dirigée contre les protéines virales E2 et E6 (Stanley, 2009) et
aussi contre certains épitopes de E7 est fortement associée à la régression de l’infection
(Kadish et al., 2002). Mais les HPV, peuvent se soustraire du SI, en utilisant E7 pour induire
la tolérance du système immunitaire. En effet, les HPV (E7), détourne la réponse immunitaire
en stimulant la réponse Th2 au lieu de Th1 qui normalement active les CTL.
La réponse humorale est assurée principalement par des anticorps contre la protéine L1, les
anticorps anti-L2 n’existant pas par l’infection naturelle. Cette réponse humorale est lente et
faible et ses anticorps (anti-L1) sont incapables face à une infection déjà acquise (Carter et al.,
2000) et une réinfection (Viscidi et al., 2005). En outre la réponse humorale est fonction du
type de HPV. En effet, le temps mis et la persistance de la réponse humorale est selon le type
de HPV. La séroconversion est tôt chez VPH6 que chez HPV16 et HPV18 et moins
persistante chez HPV6 que chez HPV16 et HPV18 (Carter et al., 2000).
1.2.12. Prévention et traitement
La réduction de la transmission des HPV utilise presque les mêmes méthodes traditionnelles
que les autres IST. En effet, le préservatif, la circoncision et les règles d’hygiène ont un
impact réductif sur la transmission des HPV. La recherche de moyens efficaces de prévention
a conduit à une approche vaccinale dont deux ont été développées: prophylactique et
thérapeutique.
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La vaccination prophylactique
Les vaccins prophylactiques ont pour objectif d’induire la production des anticorps
neutralisants contre la capside virale. Les vaccins antiviraux sont classiquement basés sur une
atténuation ou une inactivation virale. Pour les HPV, cette stratégie n’est pas applicable dû au
fait que ce virus n’est pas cultivable et aussi, parce que son génome contient des oncogènes
(E6, E7). Pour ce faire la stratégie a consisté à cibler les protéines de la capside virale grâce à
la propriété d’auto-assemblage de la protéine majeure L1 de la capside virale. En effet, cette
protéine permet la formation de pseudo-particules virales VLP (virus-like-particules). Ces
VLP ont la même morphologie que celle des virions ; elles sont sans génome, sans caractère
pathogène et elles sont hautement immunogéniques. La production des VLP se fait par
l’insertion du gène L1 dans des cellules d’insectes (infectés par des baculovirus) ou dans des
levures (Saccharomyces cerevisiae). Les VLP injectées chez l’homme induisent la production
de titres élevés d’anticorps neutralisants dirigés contre la protéine L1 (Stanley et al., 2009).
Ces anticorps vont transsudés à travers les muqueuses génitales et être présents dans les
sécrétions cervico-vaginales pour neutraliser le virus au moment de la première exposition.
Deux vaccins basés sur les VLP sont de nos jours utilisés : Gardasil® (Sanofi Pasteur MSD,
West Point Pennsylvanie) dirigé contre les papillomavirus type 6, 11, 16 et 18 et Cervarix®
(GlaxoSmithkline, Rixensart, Belgique/Medimmune, Maryland) qui est dirigé contre les HPV
oncogènes à haut risque 16 et 18. Le titre des anticorps post-vaccinaux est 50 à 80 fois plus
élevé que celui induit par l’infection naturelle (Villa et al., 2005). Ces vaccins concernent les
adolescentes avant les premiers rapports sexuels mais peut aussi présenté un intérêt pour les
femmes d’un âge plus avancé, si celles-ci n'ont jamais été infectées par au moins un des types
viraux contenus dans le vaccin.
Vaccin thérapeutique
Cette approche vaccinale vise la sensibilisation des cellules immunocompétentes afin de
neutraliser l’infection déjà installée et faire régresser les lésions précancéreuses, voire les
cancers du col utérin. Ces vaccins sont constitués de peptides libres, de protéines recombinant
de virus ou bactérie recombinant. Associées à des gènes codant pour certains types de HPV,
ces formulations vaccinales induisent l’immunité T cellulaire (lymphocytes T CD8+ et CD4+)
en présentant les antigènes vaccinaux à la surface des cellules qui les ont intégrées en
association avec les molécules HLA de classe I ou II (Brun et al., 2008).
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1.2.13. Prévalence des infections au papillomavirus dans la population
Le cancer du col de l’utérus est le deuxième cancer le plus fréquent chez la femme avec une
incidence mondiale d’environ 493 000 nouveaux cas estimés chaque année (Ly et al., 2009).
Plus de 270.000 femmes en meurent chaque année dont plus de 85% sont issues des pays à
revenu faible ou intermédiaire (OMS, 2013). La fréquence des HPV est très variée selon la
présence du VIH et les régions géographiques. Au Rwanda et en Afrique du Sud, on a trouvé
respectivement 69% (Singh et al., 2009) et 90% (Adler et al., 2008) de HPV chez les femmes
VIH séropositives. Au Chili et en France la fréquence des HPV est respectivement 10,7
(Ferreccio et al., 2013) et 10,1 à 16,1% (Monsonego et al., 2012). Au Burkina Faso la
fréquence des HPV est de 30,20% (Zohoncon et al., 2013) et environ 60% chez les femmes
co-infectées par VIH (Djigma et al., 2011). Les HPV à faible risque oncogène les plus
fréquents sont les HPV 6 et 11, à l’origine de 90% des lésions génitales à types de «
condylomes acuminés » ou verrues génitales (Burk et al., 2009). Les HPV à haut risque
oncogènes les plus fréquents sont les HPV 16, 18, 31, 33, 35, 45, 52, 58 et 59, responsables de
90% des cancers de col utérin (70% pour les HPV 16 et 18) (Burk et al., 2009).
1.2.14. Diagnostic des infections à HPV
Les méthodes diagnostiques sont principalement moléculaires :
La PCR (Polymerase Chain Reaction) ou réaction de polymérisation en chaine est une
méthode permettant l’amplification, l’identification des séquences d’ADN présentes dans un
échantillon. Elle est très sensible et correspond à la technique de référence pour le diagnostic
de l’infection. La PCR peut permettre deux types de diagnostics :
 Un diagnostic d’infection à HPV sans précision du type ou du groupe. Dans ce cas,
les amorces utilisées portent un matériel génétique commun aux différents HPV
 Un diagnostic du type de HPV ou génotypage du HPV.
La capture d’hybrides est une méthode consistant à capturer sur les parois d’un micro-puits
des hybrides d’ADN de virus HPV présents dans le milieu étudié et d’ARN complémentaires.
L’hybridation in situ se fait sur des cellules isolées déposées sur des lames ou sur des coupes
tissulaires à partir de prélèvements obtenus par la méthode conventionnelle ou en milieu
liquide.
Méthode par détection des ARNm des protéines E6 et E7.
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Objectifs de l’étude
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2. Objectifs de l’étude
2.1. Objectif principal
L’objectif principal de cette étude est de déterminer les génotypes de HPV à haut risque et
leur prévalence dans des cas de cancer du col de l’utérus chez les femmes au Centre
hospitalo-universitaire-Yalgado OUEDRAOGO (Ouagadougou).
2.2. Objectifs spécifiques
 Caractériser les génotypes HPV à haut risque par PCR en temps réel à partir des tissus
archivés fixés et inclus en paraffine ayant un diagnostic histologique de cancer du col de
l’utérus au service d’anatomie pathologie du CHU-YO.
 Déterminer la fréquence des génotypes HPV à haut risque dans les cas de cancers du
col de l’utérus au service d’anatomie pathologie du CHU-YO (Ouagadougou).
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Matériel et méthodes
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3. Matériel et Méthodes
3.1. Le cadre de l’étude
Les analyses biologiques ont été faites à l’Hopital Saint Camille de Ouagadougou (HOSCO)
et au Centre de Recherche Biomoléculaire Pietro Annigoni (CERBA/LABIOGENE), situés à
Ouagadougou (Burkina Faso). Les échantillons ont été collectés au laboratoire d’anatomie et
de cytologie pathologiques (CHU-YO) et par la suite acheminés au CERBA/LABIOGENE et
à l’HOSCO pour les analyses.
3.2. Matériel
3.2.1. Réactifs
Pour la détermination des génotypes des HPV à haut risque par PCR à temps réel nous avons
utilisés les réactifs suivants :
 FFPE DNA Purification Kit, pour l’extraction de l’ADN du HPV
 PCR-RT kit: « HPV génotypes 14 Real-TM Quant » de Sacace Biotechnologies S.r.l,
Italie, pour l’amplification de l’ADN. Ce kit permet la détection de 14 génotypes
HPV à haut risque (HPV 16, 18, 31, 33, 35, 39, 45, 51, 52, 56,58, 59, 66 et 68).
3.2.2. Appareillage
Les coupes histologiques ont été faites par le microtome LEICA-RM-2135
L’appareil SaCycler-96 Real Time PCR v.7.3 de “Sacace Biotechnologie” a été utilisé pour
l’amplification de l’ADN.
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Figure 4: Réalisation des coupes des tissus contenus dans les blocs de paraffines et appareils
pour la PCR en temps réel
3.3. Méthode
3.3.1. Type et période de l’étude
L’étude réalisée est descriptive rétrospective sur une série de 169 cas de cancers du col de
l’utérus. L’étude s’est déroulée sur une période de sept (7) mois, allant du 03 Octobre 2014 au
05 Mai 2015.
3.3.2. Population d’étude et échantillonage
Cent soixante-neuf (169) cas de cancers révélés par l’analyse hystologique pendant la période
2009-2014 ont été inclus dans cette étude. Les registres (2009-2014) du laboratoire
d’anatomie et de cytologie pathologiques du CHU-YO nous ont servi pour la recherche des
numéros (codes) pour lesquels le cancer du col utérin a été confirmé mais aussi les
informations sociodémographiques. Les numéros relevés ont été utilisés pour rechercher les
blocs correspondant. Ces blocs solides de paraffine contenant soit une pièce de biopsie, soit
une pièce de conisation ou d’hystérectomie, ont été coupés à l’aide d’un microtome pour
obtenir 5 sections d’au plus 20 µm d’épaisseur.
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3.3.3. Détection des génotypes du HPV
3.3.3.1. Extraction de l’ADN viral du HPV
L’extraction a été faite à l’aide du kit «FFPE DNA Purification Kit» de Norgen Biotek
Corporation en suivant le protocole fourni par le fabricant (cf Annexe).
3.3.3.2. PCR en temps reel
Principe de la PCR en temps réel
Le principe de la PCR en temps réel repose sur le suivi cycle par cycle de la réaction
d’amplification enzymatique au moyen d’une molécule reporter fluorescente capable
d’émettre dans des conditions bien définies un rayonnement fluorescent dont l’intensité sera
directement mesurée à un moment donné au cours de chaque cycle PCR.
Nous avons réalisé une PCR en temps réel faite d’amplification multiplex de 4 tubes pour
chaque échantillon. Chaque tube contient des amorces dirigées contre des régions de trois ou
quatre (4) types de HPV et du gène de la bêta-globine utilisé comme contrôle interne. Nous
avons quatre types de fluorescences à savoir : Fam pour une fluorescence de couleur bleu,
Hex pour une fluorescence de couleur verte, Rox pour une fluorescence de couleur jaune et
Cy5 pour une fluorescence de couleur orange.
Protocole de la PCR en temps réel
Préparation des échantillons pour l’amplification
Un mix constitué de 60 μl de Hot Start DNA Polymerase et 0,6 ml de PCR-buffer-FRT
mélangé au vortex a été préparé. Cette préparation est valable pour 132 réactions et est stable
durant 3 mois lorsqu’elle est conservée à 4°C. Ce mix (DNA polymérase+ PCR-buffer-FRT)
est équitablement ajouté dans quatre tubes PCR auquel on ajoute les PCR-mix-1 conténant les
amorces des 14 génotypes recherchés et on obtient ainsi la réaction Mix. Pour préparer cette
réaction Mix nous avons suivi le protocole du kit « HPV Genotypes 14 Real-TM Quant » qui
comprend quatre PCR-mix-1 à savoir : PCR-mix-1 « 16-18-31-IC » couvercle bleue ; PCRmix-1 « 39-45-59-IC » couvercle incolore ; PCR-mix-1 « 33-35-56-68 » couvercle verte ;
PCR-mix-1 « 51-52-58-66 » couvercle orange. Le volume de PCR-mix-1 et le volume de la
préparation mix composée de PCR-buffet-FRT et de Polymerase ont été déterminés, selon le
nombre d’échantillons, en suivant la figure 3 du protocole (SACACE, 2014) .
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La préparation finale pour la PCR est obtenue en ajoutant 15μl de Mix « 16, 18, 31, CI » dans
le premier tube PCR, 15μl de Mix « 39, 45, 59, CI » dans le deuxième tube PCR, 15μl de
Mix « 33, 35, 56, 68 » dans le troisième tube PCR et 15μl de Mix « 51, 52, 58, 66 » dans le
quatrième tube PCR. Dans les quatre tubes PCR de chaque échantillon, nous y avons ajouté
10μl d’ADN de l’échantillon correspondant. Nous avons préparé 1 contrôles négatifs et deux
standards K1 et K2 qui représentent les contrôles positifs, en ajoutant 10μl de DNA-buffer
dans les 4 tubes PCR correspondant au contrôle négatif et 10μl de Positive K1 et K2 dans les
4 tubes PCR correspondant à chaque contrôle positif (K1 et K2). Le volume réactionnel total
est de 25 μl.
L’amplification a été faite en utilisant le programme suivant (Tableau III)
Tableau III: Programme d’amplification sur SaCycler-96 pour la PCR-RT du HPV
Etapes
Température en 0C
1
2
3
Temps
Répétitions
95 °C
15 min
1 cycle
95 °C
5s
60 °C
20s
72 °C
15 s
95 °C
5s
60 °C
30s : détection du signal fluorescent
72 °C
5 cycles
40 cycles
15s
3.3.3.3. Interprétation des résultats de la PCR
L’interprétation des résultats a été faite à l’aide du Programme Microsoft Excel ‘‘HPV
Typing Real-Time Results Matrix.xls’’ fourni par le fabricant. Le résultat de l'échantillon est
invalide en cas d'absence de tout signal de fluorescence pour les controles positifs. Le résultat
est valide si « negative amplification controls » n'a pas de signal de fluorescence et dans
chacun des contrôles positifs, sont déterminés tous les signaux de fluorescence. Le résultat de
l'échantillon est négatif si le signal du contrôle interne β-globine est détecté dans les deux
premiers tubes de l’échantillon et positif si un signal des 4 fluorescences est détecté, excepté
celui de Cy5 dans la première et deuxième rangée, qui est réservé pour le gène de détection βglobine humain.
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3.3.4. Analyse des données
Les données ont été traitées et analysées sur micro-ordinateur à l’aide des logiciels SPSS 20 .0
et Epi Info 6.04. Le test de Chi carré à été utilisé pour les comparaisons. La différence a été
considerée comme significative pour p <0,05.
3.3.5. Considérations éthiques
Cette étude a été réalisée avec l’approbation du Comité d’éthique pour la recherche en Santé
du Burkina Faso. Nous avons eu l’autorisation des responsables du service d’anatomie et de
cytologie pathologiques du CHU-YO. Les informations recueillies
resteront strictement
confidentielles et anonymes.
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Résultats
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4. Résultats
4.1. La répartition du cancer de col de l’utérus selon le type et le stade
La présente étude a permis de recenser 169 cas de cancers du col utérin de 2009 à 2014 dont
l’âge des femmes concernées variait de 21 à 84 ans avec une moyenne de 46,72 ± 11,68 ans.
La répartion de l’ensemble des cancers récencés selon le stade, est illustée par le tableau IV.
Tableau IV: Répartition du cancer du col de l’utérus selon le stade
Stade du carcinome
Proportion n (%)
In-situ
15(8,88%)
Invasif
154(91,12%)
La répartition des cancers suivant les tranches d’âges est donnée par la figure 6.
Des 169 cas de cancers, 95.26% (161/169) avaient un âge supérieur ou égal à 25 ans, 4
(2,37%) en avaient moins et chez les quatre (2,37%) restant l’âge n’avait pas été rapporté. La
répartition par âge des carcinomes du col de l’utérus indique une fréquence croissante à partir
de 25 ans avec un pic chez les femmes dont l’âge est compris entre 35 et 44 ans suivie d’une
faible diminution chez les femmes de 45 à 54 ans pour se stabiliser à partir de 55ans.
Répartition des cancers selon la tranche d’âge
30
fréquence du cancer
25
20
15
10
5
Figure 5: Répartition des cancers selon la tranche d’âge
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Les carcinomes épidermoïdes représentaient 86,6% (148/169) et les adénocarcinomes 13,4%
(21/169) de l’ensemble. La majorité des adénocarcinomes (80% soit 16/21) et des carcinomes
épidermoïdes (79,73%) sont survenus respectivement quand les femmes avaient plus de 45
ans et 34 ans.
Tableau V: Répartition des types histologiques du cancer du col selon la tranche d’âge
Tranche
Adénocarcinome
Carcinome
P value
d’âge
en %
épidermoïde en %
<25
0 (0,0%)
4 (2,7%)
-
25 à 34
2 (9,52%)
22 (14,86%)
0,663
35 à 44
2 (9,52%)
44 (29,73%)
0,008
45 à 54
9 (42,8%)
39 (26,35%)
0,088
≥55
8 (38,0%)
35 (23,65%)
0,159
Non rapporté
0 (0,0%)
4 (2,7%)
-
Total
21
148
4.2. Génotypage et prévalence des 14 génotypes HPV à haut risque (HPV16, 18, 31, 33,
35, 39, 45, 51, 52, 56, 58, 59, 66, 68) par PCR en temps réel
La caractérisation des 14 génotypes HPV (HPV 16, 18, 31, 33, 35, 39, 45, 51, 52, 56,58, 59,
66 et 68) à haut risque a concerné 106 échantillons des 169 cancers du col de l’utérus.
A l’issue de la caractérisation moléculaire des 106 échantillons, nous avons obtenus 44,34%
(47/106) de résultats inadéquats et 55,64% (59/106) résultats adéquats. Parmi les résultats
adéquats, c’est-à-dire l’ensemble des négatifs et des positifs, 69,50% (41/59) des carcinomes
étaient dû aux HPV à haut risque.
Tableau VI: Proportion des issues des tests moléculaires
Issue du test PCR
Proportion n (%)
Inadéquat
47 (44,34%)
Adéquat
59 (55,64%)
Total
106 (100%)
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Positifs 41 (69,50%)
Négatif 18 (30,50%)
36
Le génotypage a révélé la présence de 11 génotypes HPV à haut risques des 14 recherchés ;
les 3 génotypes absents étaient les HPV33, 66, 68. Nous avons trouvé un nombre total de 63
génotypes. Parmi ces génotypes retrouvés, les plus fréquents étaient HPV18 (27%), HPV31
(15,9%), HPV39 (14,3%), HPV16 (11,1%), et HPV45 (11,1%), HPV58 (6,3%) et HPV35
(6,3%). Les génotypes les moins fréquents étaient HPV52 (3,2%) et les HPV51, 56, 59, tous
avaient une fréquence de 1,6%.
Tableau VII: Fréquence des 14 génotypes HPV à haut risque dans l’échantillon caractérisé
Génotype
Effectifs
Pourcentage
HPV
N
(%)
HPV18
17
27,0
HPV31
10
15,9
HPV39
9
14,3
HPV45
7
11,1
HPV16
7
11,1
HPV35
4
6,3
HPV58
4
6,3
HPV52
2
3,2
HPV51
1
1,6
HPV56
1
1,6
HPV59
1
1,6
HPV33
0
0,0
HPV66
0
0,0
HPV68
0
0,0
Total
63
100
Les HPV16 et 18 étaient retrouvés chez 58,8% (24/41) des femmes et les HPV31, 35, 39, 45,
51, 52, 56, 58 et 59 étaient présent chez 68,30% (28/41) des femmes. Aussi, 41,5% (17/41)
des femmes étaient infectés uniquement par des HPV31, 35, 39, 45, 51, 52, 56, 58,59 ; une
seule infection multiple a été notée (HPV31, 39, 45, 52).
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37
Tableau VIII: Infections uniques et infections multiples par des génotypes HPV à haut risque
détectés
Génotypes
Effectifs
Pourcentage
HPV
N
%
16
4
9,8
16, 31
1
2,4
16, 31, 39
1
2,4
16, 31, 39, 58
1
2,4
18
9
22,0
18, 31, 45, 58
1
2,4
18, 35
1
2,4
18, 39
2
4,9
18, 45
2
4,9
18, 51
1
2,4
18, 58
1
2,4
31
2
4,9
31, 39
4
9,8
31, 39, 45, 52
1
2,4
35
3
7,3
45
3
7,3
52
1
2,4
56
1
2,4
58
1
2,4
59
1
2,4
Total
41
100,0
Le nombre de génotypes HPV à haut risque variait de 1 à 4 par individu avec un nombre
moyen de génotypes de 1,56 ± 0,13 par femme infectée. Les infections à un seul génotype
étaient majoritaires 61% (25/41). Les infections multiples représentent 39% (16/41).
Parmi les femmes qui étaient infectées par un seul génotype, nous avions retrouvé le HPV16
ou 18 chez 52% et les HPV31, 35, 39, 45, 51, 52, 56, 58,59 chez les 48% d’entre elles.
Tableau IX: Nombre de génotypes HPV à haut risque par femme infectée
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Nombre de génotypes
Effectif
Pourcentage
par échantillons
N
%
1
25
60,97
2
12
29,27
3
1
2,44
4
3
7,32
Total
41
100,00
La répartition des 41 échantillons positifs au HPV en fonction du stade du carcinome a
montré 9,80% (4/41) de carcinomes in situ et 90,20% (37/41) de carcinomes invasifs. Le
niveau du cancer associé à la prévalence et au type de HPV à haut risque a montré une
fréquence de 40,54% (15/37) d’infections multiples et de 59,46% (22/37) d’infections unique
dans les cancers invasifs. Au stade invasif du cancer, les HPV31, 35, 39, 45, 51, 52, 56, 58,59
occupaient 45,45% (10/22) des infections à un seul génotype contre 54,55% (12/22) pour les
HPV16 et 18.
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39
Discussion
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40
5. Discussion
Notre étude a permis de mettre en évidence 11 génotypes à haut risque dans les cancers du col
utérin.
Plus de la moitié des patientes se trouvait dans la tranche d’âge de 35 à 54 ans. La moyenne
d’âge des patientes atteintes du cancer du col de l’utérus était de 46,68 ± 11,68 ans. N’guessan
et al, en Côte d’Ivoire avaient trouvé un âge moyen égal de 48,5 ans avec un pic situé entre 41
et 50 ans (N’guessan et al, 2009). Notre résultat est proche de celui de N’guessan et al qui
indiquait une apparition du cancer à un âge relativement jeune en Afrique par rapport aux
pays occidentaux (N’guessan et al, 2009). L’apparition du cancer du col de l’utérus à un âge
plus précoce en Afrique semble être liée à la recrudescence des facteurs de risque comme les
mauvaises conditions socio-économiques, la précocité des rapports sexuels, le multipartenariat sexuel, et les nombreuses maternités (Banza et al, 1999).
La majorité des cancers (91,12%) avait atteint le stade invasif. Bien que nous n’ayons pas eu
les informations sur le statu socio-économique des patientes, la prépondérance du stade
invasif pourrait y être associée. Déjà en 2010, une étude avait montré que le cancer cervical
invasif était le plus rencontré chez les femmes en Afrique subsaharienne avec une incidence
de 75,141 nouveaux cas par an (Vuyst et al., 2013). La prévalence du cancer du col utérin en
Afrique Sub-saharienne était de 10 à 20 fois plus élevé que dans la plus part des pays
européens et ceux de l’Asie de l’Est (Singh et al., 2012). La même étude indiquait que cette
forte prévalence du cancer du col utérin, dans ces pays africains, était fortement corrélé à la
pauvreté, les dépenses de santé par habitant, l'urbanisation et le taux d'alphabétisation (Singh
et al, 2012). Or l’UNICEF en 2012 indiquait une augmentation de la sévérité de la pauvreté
des femmes âgées de 15 à 49 ans entre 2003 et 2010 au Burkina-Faso (UNICEF, 2012).
Le nombre de carcinomes épidermoïdes était environ 6 fois plus élevé que les
adénocarcinomes. Le plus grand nombre de carcinomes épidermoïdes a été retrouvé dans la
tranche d’âge de 34 à 45 ans. Dans cette tranche d’âge, nous avons trouvé une différence
significative entre les adénocarcinomes et les carcinomes épidermoïdes (p= 0,008).
Le HPV à haut risque a été détecté dans 69,5% (41/59) des échantillons à résultat adéquat.
Steinau et al. ont trouvé 77,6% (94/121) de HPV dans les échantillons à résultat valide
(Steinau et al., 2011). Dans notre étude, cette faiblesse de prévalence pourrait s’expliquer
principalement par la substance fixatrice (Bouin) utilisée et l’excès de paraffine qui influence
négativement l’extraction de l’ADN. En effet, en comparant deux méthodes de déparaffinage,
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41
Steinau et al ont obtenu des résultats meilleurs avec la technique de déparaffinage par
chauffage, qui a consisté à fondre la paraffine sous la chaleur, que celle utilisant le xylène
(Steinau et al., 2011).
Nous avons trouvé 11 génotypes des HPV à haut risque sur les 14 recherchés, dans les blocs
de paraffines. Ce nombre est inférieur à celui trouvé à l’issue d’un génotypage des HPV, dans
les cancers, en Afrique sub-saharienne (Ntekim et al., 2012), qui en plus de ces 11 génotypes
a connu la présence des HPV33 (6,4%), HPV51 (1,4%), HPV66 (0,6%), HPV68 (1,1%).
L’absence des autres génotypes pourrait s’expliquer par la petite taille de notre échantillon et
par la rareté de certains de ces génotypes. Ntekim et al. en 2012, en Afrique sub-saharienne
avaient rapporté une fréquence de 1,1% de HPV68 et 0,6% de HPV66.
Les génotypes les plus fréquents étaient, par ordre décroissant, HPV18 (27%), HPV31
(15,9%), HPV39 (14,3%), HPV16 (11,1%) et HPV45 (11,1%), HPV58 (6,3%) et HPV35
(6,3%). Antérieurement, au Burkina Faso, Djigma et al avait identifié chez 250 femmes HIV+
les HPV-18 (25.0%); HPV-50′S (25.5%); HPV-30′S (20.8%); HPV-16 (4.7%); HPV-45
(3.7%) (Djigma et al., 2011) et chez 73 femmes des fréquences cumulées de HPV-50′S
(26/84 soit 31,0 %), HPV-18 (12/84 soit 14,3 %), HPV-16 (9/84 soit 10,7 %), HPV-30′S
(5/84 soit 5,9 %), et HPV-45 (3/84 soit 3,6 %) (Ouedraogo et al., 2011). Au Benin, Piras et al
en 2011, en cherchant la prévalence des HPV chez les femmes, avaient trouvé des résultats
semblables : HPV-59 (24.65), HPV-35 (22.54), HPV-16 (17.6%), HPV-18 (14.8%), HPV58(13.4%), HPV-45 (9.9%), HPV-56 (8.4%). Ces résultats indiquent tous une prévalence
élevée des HR-HPV autres que les HPV16 et 18. Par contre, une étude sur la prévalence des
HR-HPV dans les tumeurs en France et au Mozambique avait noté une nette prédominance de
HPV16 et 18 (Jacquard et al., 2010 ; Naucler et al., 2004) et une fréquence non moins
importante de HPV33 (Naucler et al., 2004). Cependant, au Burkina Faso, une étude sur une
population de femmes dont le statut pathologique du col utérin était inconnu et qui a porté sur
des prélèvements cellulaires cervicaux, avait rapporté l’absence du HPV33 (Zohoncon et al.,
2013).
La proportion des infections isolées dues aux HPV31, 35, 39, 45, 51, 52, 56, 58, 59 était de
48% dans l’ensemble des infections isolées et de 41,50% de l’ensemble des échantillons (41)
à résultat positifs. Cette fréquence signifie que pour 100 cancers du col de l’utérus confirmés
par un test moléculaire (PCR), au moins 41 de ces cancers seraient dus à ces génotypes. C’est
donc une fraction importante non prise en compte par les deux vaccins. En Guinée, au
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42
Sénégal et à Kinshasa, les types 16 et 18 avaient respectivement une fréquence de 44,4%,
43,7% et 25% (Ali-Risasi et al., 2008 ; Karly et al., 2009) indiquant ainsi une fréquence
élevée du reste des HPV à haut risque.
Ces deux types de HPV, visés par les vaccins Gardasil et Cervarix, n’étaient portés que par
3/5 de nos patientes et donc les HPV portés par les 2/5 des patientes n’étaient pas visés par
ces vaccins. De nos jours, il apparait que le profil de distribution et la fréquence des types
HPV en Afrique paraient différents de ceux observés de par le monde et aussi qu’en Afrique
cette situation est disparate selon les pays (De Vuyst et al., 2003 ; Karly et al., 2009). Sur le
plan de la santé publique, une prévalence de 2/5 pourrait être significative si elle se confirmait
par des études plus larges. Il est donc à craindre que celle-ci va avoir un retentissement négatif
sur l’efficacité des deux vaccins employés du fait de leur sélectivité.
Le nombre de génotypes par individu variait de 1 à 4 avec une moyenne de 1,5 ± 0,13
génotypes. Ce nombre est relativement inférieur à celui trouvé chez un groupe de femmes
dépistées à Ouagadougou par Zohoncon et al., en 2013. Les infections multiples sont
retrouvées plus fréquemment dans les lésions de bas-grade que dans les lésions de haut-grade
et les cancers (Sasagawa et al., 2001). Cette différence pourrait s’expliquée par la diminution
de la présence des HPV-LR et de certains HR-HPV (moins persistant) dans les infections
multiples des lésions de haut-grade. Nous avons noté une infection multiple chez 39% des
femmes contre 61% d’infection isolée. Au Mozambique Naucler et al., en 2004 ont trouvé
64,2%(45/70) d’infections isolées dans des cas de tumeurs du col de l’utérus.
Les résultats de notre étude indiquent une distribution et prévalence différente avec
ceux d’autres pays. Sanjosé et al. en 2007 et Bosch et al. en 2008 avaient déjà noté
cette disparité à travers le monde. Ils remarquaient que chez les femmes à cytologie
normale et chez celles à cytologie anormale ou ayant le cancer du col de l’utérus,
HPV16 était le plus fréquent suivi du HPV18 en Europe, en Amérique centrale et du
sud. En Afrique et en Amérique du nord HPV16 était respectivement suivi par
HPV52-58 et HPV52-53 (Sanjosé et al., 2007 ; Bosch et al., 2008). Plus précisément
au Nigeria HPV16 était suivi par les HPV31 et 35 (Thomas et al., 2004).
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43
Conclusion
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44
Conclusion et perspectives
Nous avons caractérisé par PCR en temps réel, 14 génotypes HR-HPV dans un échantillon de
106 tissus cancéreux du col de l’utérus sur un total de 169 collecté, au CHU-YO. Les femmes
constituant l’échantillon avait un âge moyen de 45,38 ans et la majorité se situait entre 35 et
55 ans. Le stade invasif du cancer constituait la majorité (91,12%) des cas de carcinomes
collectés. L’étude rapporte que 67,8% des carcinomes étaient dus aux HPV à haut risque.
Notre étude a montré la présence de 11 génotypes de HPV à haut risque sur les 14 recherchés,
dans les cancers à Ouagadougou. Ainsi, HPV18, HPV31, HPV39, HPV45 et HPV16, HPV35
et HPV58 représentaient les génotypes les plus fréquents. Les HPV31, 35, 39, 45, 51, 52, 56,
58, 59 étaient à eux seuls responsables de 41,5% des cancers. Le nombre moyen de génotypes
par femme infectée et la fréquence d’infections multiples étaient respectivement 1,56 et 39%.
Ces données méritent d’être confirmées en élargissant l’échantillon et en utilisant d’autres
techniques d’extractions plus appropriées afin d’améliorer le diagnostic moléculaire des HPV
à haut risque dans des blocs de paraffine.
Au regard des limites de notre étude :
1. Nous envisageons l’élargir à un échantillon beaucoup plus représentatif de l’échelle
nationale afin de rechercher tous les génotypes HR-HPV ;
2. Déterminer le profil de distribution et la prévalence des génotypes HR-HPV dans les
échantillons de carcinomes co-infectés VIH+ ;
3. Faire le dépistage de l’infection au HPV chez les hommes ;
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45
Suggestions
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46
Suggestions
Au ministère de la santé
1. Intensifier les campagnes d’information, d’éducation et de sensibilisation à l’infection
par le HPV et le cancer du col de l’utérus à l’endroit des femmes mais aussi des
hommes ;
2. Intensifier les campagnes de dépistage des lésions précancéreuses du col de l’utérus et
instaurer des campagnes de dépistage du HPV par la PCR en temps réel ;
Les femmes doivent faire le dépistage du HPV et du cancer du col de l’utérus périodiquement,
et éviter au mieux les facteurs de risque de l’infection par le HPV.
Il serait utile de réaliser une cartographie à l’échelle nationale, des génotypes HPV et
de mettre à disposition, de nouveaux vaccins polyvalents anti- HPV couvrant tous les
génotypes à haut risque.
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Références bibliographiques
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Annexes
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Annexe
Protocole d’extraction de l’ADN viral du HPV
Nous avons utilisés le kit FFPE DNA Purification Kit pour l’extraction de l’ADN en suivant
le protocole suivant fourni par le fabricant et dans une moindre mesure un ajout. Ce protocole
peut être scindé en deux grandes parties : le déparaffinage et l’extraction à proprement parler.
Déparaffinage :
1. Préparer des sections d’au plus 20 microns (25 mg) à partir des blocs de paraffines
avec un microtome ;
2. Des tubes nucléase-free à centrifuger, y compris un tube pour le contrôle négatif de
l'extraction, sont préparés à la taille de l’échantillon ;
3. Les sections obtenues sont transférées dans les tubes nucléase-free, sur lesquels on
ajoute 1mL de xylène, puis on vortexe ;
4. Ce mélange est incubé à 500C pendant 5 minutes et centrifugé à 140000g pendant
2 min ; on verse le surnageant sans déranger le culot (Cette étape est répétée en cas
d’excès de paraffine) ;
5. On ajoute au culot, 1 mL d’éthanol absolu (96-100 %) et on vortexe ;
Puis une centrifugation à 14000g durant 2 min et le surnageant est versé (cette
étape est répétée) ;
6. On ajoute du PBS au culot pour les échantillons fixés avec du bouin (cette
étape n’est pas du protocole) ;
7. Le culot est séché à température ambiante pendant 10min (il est nécessaire de
vaporiser tout l’éthanol ou le PBS) ;
L’extraction :
 La lyse des cellules
8. Dans les tubes contenant les culots séchés, on ajoute respectivement 300μl de
Digestion Buffer, 10μl de Protéinase K reconstituée et 1μl de Rnase et ensuite
vortexer ;
9. Il va s’en suivre deux incubations successives à 550C et 900C pendant 1 heure
chacune tout en vortexant occasionnellement (si à la fin des deux incubations des
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débris demeurent, on centrifuge en 2 min à 14000g et on transvase le surnagent
dans de nouveaux tubes et le culot est abandonné)
10. On ajoute au surnageant, 300μl de Binding Solution (vortexer) et 250μl d’éthanol
absolu (96-100 %) puis vortexer.
 Rétention de l’ADN dans la colonne
11. Assembler des colonnes de purification à des tubes collecteurs ;
12. Dans la colonne installée dans le tube collecteur on ajoute 600μl du lysat et on
centrifuge pendant une 1 min (étape à répéter après avoir jeté le lysat écoulé dans
le tube collecteur)
 Lavage de la colonne
13. Ajouter 400μl de Wash Solution dans la colonne puis centrifuger à 14000g
pendant 1 min, se rassurer que toute la Wash Solution est descendue dans le tube
collecteur, au besoin centrifuger à nouveau
14. L’étape précédente est répété 2 fois de suite ; une centrifugation finale de 2 min
afin de bien sécher la résine et jeter les tubes collecteurs ;
 Elution de l’ADN
15. Les colonnes sont cette fois-ci déposés dans des tubes d’élution de 1,7 mL fournis
par le kit ;
16. On ajoute deux fois de suite 20 à 50μl de Elution Buffer dans la colonne suivit
d’une incubation de 1 min à température ambiante (dans notre cas nous avons
prélevé successivement 50 et 40μl)
17. On centrifuge en 1 min à 14000g après l’incubation de chaque volume mis ; pour
une récupération maximale de l’ADN il est recommandé une dernière
centrifugation à 14000g en 1 min ;
 Conservation de l’ADN
18. L'ADN purifié peut être conservé à -20 ° C pendant quelques jours. Pour une
conservation à long terme, il est recommandé que l’ADN extrait soit placé à -70 °
C.
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