IV – Energie électromagnétique 1 Energie électromagnétique en régime stationnaire 1.1 Energie électrostatique dans le vide 1.1.1 Distribution de charges ponctuelles Il s'agit de calculer l'énergie potentielle contenue dans une distribution de N charges qi placées aux points Mi. Selon la convention habituelle, nous prenons pour origine l'énergie de l'état dans lequel les charges sont infiniment éloignées les unes des autres. L'énergie potentielle Ue est donc le travail à fournir pour construire la distribution en ramenant les charges depuis l'infini. Pour un système de deux charges q1 et q2, on peut par exemple ramener la charge q2 jusqu'au point M2 dans le potentiel de la charge q1 fixe : U e = q 2 Φ (M 2 ) , 1 q1 Φ (M 2 ) = étant le potentiel créé par la charge q1 au point M2 . 4πε 0 M 1M 2 En effectuant la même opération en inversant le rôle des charges, on obtiendrait de la même façon U e = q1Φ(M 1 ) . Le rôle des deux charges étant symétrique il est donc logique d'écrire l'énergie Ue sous la forme : Ue = 1 [q1Φ(M 1 ) + q2Φ(M 2 )] 2 Cette expression se généralise pour un système de N charges : [IV-1] 1 N U e = ∑ qi Φ i 2 i =1 Φ i étant le potentiel créé au point Mi par l'ensemble des N − 1 autres charges ( j ≠ i ). Il faut noter cependant que la variation d'énergie potentielle pour apporter une charge supplémentaire q au point M dans cette distribution est : [IV-2] ∆U e = q Φ (M ) Ce résultat n'est pas contradictoire avec le précédent car la présence de la charge q modifie tous les potentiels Φ i ressentis par les autres charges. 1.1.2 Distribution continue de charge Pour calculer l'énergie potentielle d'une distribution continue de charge ρ (M ) contenue dans un dans un volume V, on peut utiliser les résultats obtenus pour une distribution discrète. la sommation étant remplacée par une intégrale sur le volume V, l'élément différentiel de charge étant dq = ρ dV . L'énergie potentielle totale de la distribution est alors déduite de l'expression [IV-1]: Université Pierre et Marie Curie - Licence de Sciences et Technologie - Parcours PF - L3 Module LP312 Electromagnétisme I Pierre Boissel IV-1 Année 2006/2007 Ue = [IV-3] 1 ρ (M )Φ (M )dV 2 ∫∫∫ V De même, la variation d'énergie obtenue lorsqu'on rajoute en tous les points de la distribution une petite densité de charge dρ (M ) est déduite de [IV-2] : δU e = ∫∫∫ δρ (M )Φ (M ) dV [IV-4] V On obtient évidemment des expressions analogues dans le cas de densités surfaciques de charge distribuées sur une surface S : Ue = 1 σ (M )Φ (M ) dS 2 ∫∫ S δU e = ∫∫ δσ (M )Φ (M ) dS S 1.1.3 Calcul à partir du champ électrique Nous allons montrer que le calcul de l'énergie électrostatique peut être aussi effectué à partir du champ électrique créé par la distribution de charges. r En utilisant l'équation locale ∇ ⋅ E = ρ ε 0 , la quantité Φ ρ qui intervient dans l'intégration donnant Ue (équation [IV-3]) peut être écrite : r Φ ρ = ε 0 Φ∇ ⋅ E r r r En tenant compte de la relation ∇ ⋅ Φ E = ∇Φ ⋅ E + Φ ∇ ⋅ E et de la définition du potentiel, cette expression peut être mise sous la forme : r r r Φ ρ = ε0 ∇ ⋅ Φ E + E ⋅ E ( ) ( ) [ ( ) ( ) ] L'énergie potentielle peut être obtenue en intégrant cette égalité sur n'importe quel volume V' entourant le volume V, la densité de charge étant nulle à l'extérieur de V : [ ( ) ] r r 1 1 1 ρ Φ dV = ρ Φ dV = ε ∇ ⋅ Φ E + E ⋅ E dV 0 2 ∫∫∫ 2 ∫∫∫ 2 ∫∫∫ V V' V' r Montrons que l'intégrale ε 0 ∫∫∫ ∇ ⋅ Φ E dV tend vers zéro si la surface Σ limitant le volume Ue = ( ) V' V' est repoussée à l'infini. D'après le théorème de la divergence r ε 0 ∫∫∫ ∇ ⋅ Φ E dV = ε 0 ∫∫ Φ E ⋅ dS ( ) Σ V' Si la surface Σ est une sphère de rayon R, le potentiel Φ décroît en 1 R , le champ E en 1 R alors que la surface n'augmente que comme R2. L'intégrale tend donc vers zéro comme 1 R lorsque R tend vers l'infini. On obtient donc finalement l'expression : 2 [IV-5] Ue = r2 1 ε E ∫∫∫ 0 dV 2 espace Université Pierre et Marie Curie - Licence de Sciences et Technologie - Parcours PF - L3 Module LP312 Electromagnétisme I Pierre Boissel IV-2 Année 2006/2007 1.2 Energie électrostatique en présence de diélectriques 1.2.1 Elément polarisable dans un champ électrique r Nous avons vu dans le chapitre I que l'énergie potentielle d'un dipôle permanent p placé dans un champ électrique est donnée par : r r U pot = − p ⋅ E Dans le cas ou le dipôle est induit par le champ électrique, il faut intégrer la variation de l'énergie potentielle au cours de l'établissement du champ. Pour un élément ayant une réponse linéaire et isotrope, le moment dipolaire créé par un r r r r r r champ E est p = ε Oα E . Lorsque le champ électrique passe de E ' à E ' +δE ' , la distance entre les charges varie de δ d dans la direction du champ. Le travail effectué par le champ r r est donc δw = qE ' ⋅ δd = E '⋅δ p . r L'énergie potentielle dans un champ E est l'opposé du travail total fourni par le champ : E E r r r2 1 U pot = − ∫ E '⋅dp = − ∫ ε 0α E '⋅dE ' = ε 0α E d'où 2 0 0 [IV-6] r2 1 1r r U pot = − ε 0α E = − p ⋅ E 2 2 Quel que soit le sens du champ électrique, un élément polarisable sera donc toujours attiré vers les régions dans lesquelles le champ électrique est maximal. 1.2.2 Energie d'une distribution de charges en présence de diélectriques La distribution de charges est toujours construite à partir de charges initialement à l'infini, mais certaines régions de l'espace sont remplies de diélectriques. Ces diélectriques, en position fixe, sont déjà présents avant de ramener les charges. Leur polarisation dans le champ des charges va donc modifier l'énergie totale de la distribution. Le calcul de la variation d'énergie lorsque la densité de charge varie de δρ (équation [IV-4]) reste toujours valable mais la répartition de potentiel Φ est modifiée par les diélectriques. r On peut effectuer un calcul analogue a celui de la section 1.1.3 en utilisant le vecteur D . La r variation δ D de ce vecteur par l'apport d'une densité de charge δρ obéit à la relation r r ∇ ⋅ δD = δρ . Le même calcul conduit donc directement à : r r δU e = ∫∫∫ E ⋅ δD dV [IV-7] espace r r Si les diélectriques sont linéaires et isotropes, D est relié à E en chaque point par r r r r r D = ε 0 (1 + χ )E = ε E , d'où δD = ε δE . L'énergie totale de la distribution s'obtient alors en r r intégrant en chaque point la quantité ε E ⋅ δE entre l'état initial où le champ est nul et la répartition finale du champ lorsque la distribution est complète : [IV-8] Ue = r2 1 ε E dV ∫∫∫ 2 espace Université Pierre et Marie Curie - Licence de Sciences et Technologie - Parcours PF - L3 Module LP312 Electromagnétisme I Pierre Boissel IV-3 Année 2006/2007 On trouve une expression analogue à celle obtenue dans le vide, la permittivité diélectrique du vide ε0 étant remplacée par celle du diélectrique ε. 1.3 Energie totale Par un raisonnement analogue, en construisant une distribution de dipôles magnétiques ou de r boucles de courant créant un champ magnétique B dans tout l'espace, on peut montrer que l'énergie potentielle magnétique de la distribution est donnée par : Um = 1 2µ0 ∫∫∫ r2 B dV espace Pour une distribution de charges électriques et de dipôles magnétiques, l'énergie potentielle totale Uem sera la somme des deux contributions : U em = U e + U m 2 Energie dans le vide en régime dynamique 2.1 Puissance fournie aux charges Dans un champ électromagnétique, une particule de charge q est soumise à la force r r r r F =q E+v∧B . Pendant un temps dt, elle reçoit une énergie r r r r du = F ⋅ v dt = qE ⋅ v dt Le travail fourni dans le même temps à un ensemble de particules de charges qi contenues dans un volume δ V assez petit pour que le champ puisse être considéré comme uniforme est donc : r r r r dδ U = ∑ qi v i ⋅ E dt = ( j δ V ) ⋅ E dt ( ) δV r d'après la définition de la densité de courant j . En un point donné, la puissance par unité de volume fournie par le champ électromagnétique r aux charges libres contribuant au courant de conduction jC est donc : ∂ uc r r = jc ⋅ E ∂t La puissance fournie dans un volume fini V s'obtient naturellement par intégration : r r dU c = ∫∫∫ jc ⋅ E dV dt V Pour un système sans dissipation, l'effet de cette puissance est une variation de l'énergie cinétique des particules. C'est le cas par exemple pour l'accélération des électrons dans un tube de téléviseur. Pour un conducteur ohmique par exemple, la puissance fournie est transformée en chaleur dissipée dans le système, c'est le chauffage par effet Joule. Université Pierre et Marie Curie - Licence de Sciences et Technologie - Parcours PF - L3 Module LP312 Electromagnétisme I Pierre Boissel IV-4 Année 2006/2007 2.2 Localisation et conservation de l'énergie Considérons l'expérience décrite dans le schéma ci-dessous. A S1 C B1 B2 S2 K Au départ le condensateur C est chargé. Quand on ferme l'interrupteur K, un courant oscillant passe dans le circuit créant un champ magnétique oscillant dans la bobine B1. Par induction, ce champ crée une force électromotrice aux bornes de la bobine B2 et donc un courant dans le deuxième circuit, courant qui allume l'ampoule A. On peut analyser cette expérience en observant que l'énergie, initialement stockée sous forme électrostatique et localisée dans le système S1, est passée dans le système S2, puis a été dissipée à l'extérieur sous forme de lumière et de chaleur rayonnées par l'ampoule. Ce résultat conduit à penser que l'énergie électromagnétique peut être localisée dans une région donnée de l'espace et qu'elle peut être transmise d'une région à l'autre. Ces deux propositions ne peuvent cependant pas être démontrées, elles sont admises comme des postulats, vérifiés par l'expérience. On admet donc d'une part que les résultats obtenus en statique par intégration sur tout l'espace restent valables si on limite l'intégration à un volume fini V. L'énergie électromagnétique contenue dans le volume V est donc : U em = ∫∫∫ uem dV V où uem est la densité d'énergie électromagnétique donnée par : uem = u e + u m = r2 1 1 r B ε0 E + 2 2µ0 2 ue et um étant respectivement les densité d'énergie électrique et magnétique. On admet d'autre part qu'il existe une relation locale de conservation de l'énergie électromagnétique. En considérant un volume fini V limité par une surface Σ, cette loi doit exprimer que la variation d'énergie par unité de temps à l'intérieur de V est opposée à la puissance totale sortant par la surface Σ. La variation d'énergie à l'intérieur est la somme de la variation d'énergie électromagnétique dU em dt , correspondant à l'énergie potentielle dans le système et de la puissance fournie aux charges en mouvement dU c dt , correspondant à l'énergie cinétique ou à la dissipation vers l'extérieur.r La puissance sortant par la surface peut être caractérisée par le flux sortant d'un vecteur Iem , appelé intensité électromagnétique. La conservation de l'énergie se traduira donc par : r dU em dU c + = − ∫∫ Iem ⋅ dS dt dt Σ Université Pierre et Marie Curie - Licence de Sciences et Technologie - Parcours PF - L3 Module LP312 Electromagnétisme I Pierre Boissel IV-5 Année 2006/2007 soit : r r r d ∫∫∫ uem dV + ∫∫∫ jc ⋅ E dV = − ∫∫ Iem ⋅ dS dt V Σ V Cette relation sera vérifiée quel que soit le volume V si on a la relation locale : r r ∂ uem r r + jc ⋅ E = −∇ ⋅ Iem ∂t 2.3 Egalité de Poynting r Pour obtenir une expression de l'intensité électromagnétique Iem , nous pouvons utiliser les ∂ uem r r équations de Maxwell pour calculer + jc ⋅ E : ∂t r r r 2 ∂ uem r r ∂ ε 0 E B 2 r r r ∂ E r B ∂B + jc ⋅ E = + + jc + ⋅ + jc ⋅ E = E ⋅ ε 0 ∂t ∂t 2 2 µ0 ∂t µ0 ∂t d'où r r v E ∧B ∂ uem r r 1 r r r r r r + jc ⋅ E = E ⋅ ∇ ∧ B − B ⋅ ∇ ∧ E = −∇ ⋅ ∂t µ0 µ0 On trouve bien l'équation locale de conservation de l'énergie en prenant pour l'intensité électromagnétique, appelée aussi vecteur de Poynting, l'expression : r r r E∧B Iem = [ ( ) ( )] µ0 Du point de vue des dimensions, l'intensité électromagnétique est une puissance par unité de surface et s'exprime donc en W⋅m-2. Il faut noter que l'égalité r r 2 v E ∧B ∂ ε 0 E B2 r r + + jc ⋅ E = −∇ ⋅ ∂t 2 2 µ0 µ 0 appelée Théorème de Poynting est démontrée à partir des équations de Maxwell. Les postulats sont dans son interprétation en termes de densité d'énergie (uem) d'une part et d'intensité r électromagnétique ( Iem ) d'autre part. On peut remarquer d'ailleurs qu'en prenant un champ de r r vecteurs quelconque X (r , t ) les définitions de la densité d'énergie et l'intensité r r r r r ∂X u 'em = uem + ∇ ⋅ X et I 'em = Iem − ∂t vérifieraient aussi l'équation locale de conservation de l'énergie. Les postulats de définition sont justifiés par l'expérience. Il n'y a pas de méthode simple de mesure directe de la densité d'énergie, par contre la puissance transportée par une section donnée d'une onde électromagnétique peut être mesurée directement, par ses effets thermiques par exemple, ce qui donne accès à la mesure de l'intensité. Université Pierre et Marie Curie - Licence de Sciences et Technologie - Parcours PF - L3 Module LP312 Electromagnétisme I Pierre Boissel IV-6 Année 2006/2007 2.4 Exemple Considérons une onde plane sinusoïdale se propageant selon l'axe Oz, polarisée rectilignement selon Ox. Les champs électrique et magnétique de cette onde sont donnés par : r r r r E = E0 cos(ω t − k z )u x , B = E0 c cos(ω t − k z )u y . Le vecteur de Poynting est donc r r r r r E ∧ B E02 Iem = = cos 2 (ω t − kz )u z = cε 0 E02 cos 2 (ω t − kz )u z µ0 µ0 c En un point donné, l'intensité électromagnétique varie donc sinusoïdalement dans le temps en cos 2 (ω t − ϕ ) . Dans la pratique, pour des ondes dans le domaine infrarouge ou de fréquence plus élevée, le temps de réponse des détecteurs est grand devant la période. L'expérience ne r donne alors qu'une valeur moyenne dans le temps < Iem > de l'intensité. Le temps étant grand devant la période, cette valeur moyenne peut être calculée sur une période : r r 1 r < Iem > = cε 0 E02 < cos 2 (ω t − kz ) > u z = cε 0 E02 u z 2 Remarquons que la densité d'énergie électromagnétique de cette onde est : r2 1 1 r2 u em = ε 0 E + B = ε 0 E02 cos 2 (ω t − kz ) 2 2µ 0 ce qui, en moyenne dans le temps donne 1 < u em > = ε 0 E02 < cos 2 (ω t − kz ) > = ε 0 E02 2 On trouve donc la relation r r < Iem > = c < uem > u z qui traduit le fait que, en valeur moyenne, la densité d'énergie d'une onde électromagnétique dans le vide se déplace à la vitesse c. 3 Energie dans les milieux matériels en régime dynamique r Dans un milieu matériel, en plus des courants de conduction jC dont nous avons tenu compte r dans le vide, les bilans d'énergie doivent faire intervenir la variation de la polarisation P et r l'aimantation M , que l'on peut prendre en compte sous la forme des densités de courant r r correspondantes jP et jM . 3.1 Egalité de Poynting et conservation de l'énergie Reprenons à l'envers le calcul qui nous a servi à établir l'égalité de Poynting. Pour calculer v r r ∇ ⋅ E ∧ B µ0 , il suffit d'ajouter au courant de conduction les courants de polarisation et r d'aimantation dans l'expression du rotationnel de B . ( ) Université Pierre et Marie Curie - Licence de Sciences et Technologie - Parcours PF - L3 Module LP312 Electromagnétisme I Pierre Boissel IV-7 Année 2006/2007 On obtient donc sans nouveau calcul : r r vide r r v E ∧ B ∂uem r r = − ∇ ⋅ + E ⋅ jC + j P + j M ∂t µ0 ( vide où uem = uevide + u mvide = ε0E 2 ) B2 est la densité d'énergie calculée comme pour le vide, mais 2µ 0 + 2 r r avec les champs E et B créés par les charges et par la polarisation et l'aimantation. On pourrait se contenter de cette égalité pour traduire la conservation de l'énergie : la variation locale d'énergie est la variation de l'énergie des champs dans le vide plus le travail du champ électrique sur tous les courants. Cependant il est d'usage (et pratique) de séparer différemment en faisant apparaître des densité d'énergie électrique et magnétique dans le milieu, uemilieu et u mmilieu d'une part et le travail sur les seuls courants de conduction d'autre part. On inclut tout d'abord la polarisation dans la densité d'énergie électrique en posant : r r r r ∂E ∂P r ∂D ∂uemilieu ∂uevide r r = E ⋅ = + E ⋅ j P = E ⋅ ε 0 + ∂t ∂t ∂ t ∂ t ∂t On peut inclure de même l'aimantation dans la densité d'énergie magnétique en calculant r r ∂u mvide r r B ∂B r r r + E ⋅ jM = + E⋅ ∇∧M . ∂t µ 0 ∂t ( ) Pour éviter d'avoir une densité magnétique dépendant du champ électrique, on peut transformer cette expression en utilisant la relation r r r r r r r r r r r ∂B r r r E ⋅ ∇ ∧ M = M ⋅ ∇ ∧ E − ∇ ⋅ E ∧ M = −M ⋅ −∇⋅ E ∧ M ∂t puis en faisant passer le dernier terme de l'autre côté de l'égalité de Poynting que l'on écrit finalement sous la forme : r r r r r ∂ r r B r ∂B r r v r B − ∇ ⋅ E ∧ − M = E ⋅ + j C .E ε 0 E + P + − M ⋅ µ ∂ t 0 µ0 ∂t soit : r r ∂ r r ∂B r r v r r −∇⋅ E ∧ H = E⋅ D + H ⋅ + jC .E ∂t ∂t ( ) ( ) ( ( ( ) ( ) ) ) Cette égalité peut donc être interprétée comme l'équation locale de conservation de l'énergie électromagnétique en identifiant r r r B r r r Iem = E ∧ − M = E ∧ H intensité électromagnétique (vecteur de Poynting) µ0 r r r ∂ue r ∂E ∂P r ∂D = E⋅ = E ⋅ ε 0 + ∂t ∂ t ∂ t ∂t variation de la densité d'énergie électrique Université Pierre et Marie Curie - Licence de Sciences et Technologie - Parcours PF - L3 Module LP312 Electromagnétisme I Pierre Boissel IV-8 Année 2006/2007 r r r r ∂B r ∂B ∂u m B =H⋅ = − M ⋅ ∂t ∂t µ 0 ∂t variation de la densité d'énergie magnétique ∂uC r r = jC .E ∂t puissance fournie aux charges libres L'indication milieu pour ue et um a été omise puisque cette définition est valable aussi bien dans le vide que dans le milieu. L'avantage de cette présentation est de séparer les contributions électrique et magnétique mais en l'absence de moyen direct pour sonder séparément ue et um, cette séparation reste assez formelle 3.2 Densité d'énergie électromagnétique On peut remarquer que, dans ce qui précède, les densité d'énergie électrique et magnétique ne sont définies que par leurs variations dans le temps. Il n'y a en général pas de relation simple donnant la densité d'énergie électrique à un instant donné connaissant le champ électrique et la polarisation, ou la densité d'énergie magnétique connaissant le champ magnétique et l'aimantation. Nous allons voir que l'on peut cependant trouver de telles relations dans certains cas. 3.2.1 Milieu linéaire en régime statique ou quasistatique Si les variations temporelles sont assez lentes, le milieu se comporte comme en régime r r r r statique, on peut alors écrire P = ε 0 χE ou D = ε E . En intégrant dans le temps les variations de la densité d'énergie électrique entre un instant initial t1 sans champ et un instant final t2 où les champs sont établis, on obtient : r tf E r ∂D r r 1 r2 ue = ∫ E ⋅ dt = ∫ ε E ⋅ dE = ε E ∂t 2 ti 0 On trouve donc la même expression que dans le vide avec ε au lieu de ε 0. De la même façon, la densité d'énergie magnétique est donnée par : 1 r2 um = B 2µ 3.2.2 Milieu linéaire en excitation sinusoïdale Pour tous les autres cas, lorsque les variations temporelles sont rapides, il faut tenir compte du r r fait que la relation entre P et E n'est plus une simple proportionnalité mais un produit de convolution. L'intégration entre l'état initial et l'état final devient beaucoup plus complexe. Dans le cas d'une excitation sinusoïdale, on peut cependant calculer la valeur moyenne dans le temps de la densité d'énergie électrique stockée. Considérons le champ électrique parallèle à un axe fixe, dont la valeur algébrique est E = E0 [cos(ω − Ω )t + cos(ω + Ω )t ] avec Ω << ω . Ce champ présente des battements avec des alternances d'amplitude maximum E0 et d'amplitude nulle. En intégrant entre les instants Université Pierre et Marie Curie - Licence de Sciences et Technologie - Parcours PF - L3 Module LP312 Electromagnétisme I Pierre Boissel IV-9 Année 2006/2007 2π où l'amplitude est nulle et t 2 = 0 où elle est maximum, on peut déterminer la valeur Ω moyenne dans le temps de la densité d'énergie stockée pour une amplitude E0 du champ. En faisant tendre Ω vers zéro, le temps t1 tend vers moins l'infini, ce qui donne, par passage à la limite, la densité d'énergie stockée pour un champ établi d'amplitude E0. Le résultat de ce calcul est : t1 = − < ue > = dε 1 2 E0 ε + ω d ω 4 Le terme ω dε dω , lié à la dispersion, est en général faible devant ε . Pour un verre ordinaire, dans le domaine des fréquences optique, sa contribution est d'environ 5%. Il pourra donc souvent être négligé. On obtient alors : r 1 1 < u e > = ε E02 = ε < E 4 2 2 > De la même façon, en négligeant la dispersion sur la susceptibilité magnétique, la valeur moyenne dans le temps de la densité d'énergie magnétique est : < um > = r2 1 < B > 2µ 3.3 Dissipation d'énergie en régime sinusoïdal Considérons, dans un milieu quelconque, un élément de volume soumis à un champ électrique sinusoïdal. Nous prendrons pour simplifier un champ dirigé selon un axe fixe : r r v E (t ) = E (t ) u = E0 cos(ω t ) u Par son action sur les charges libres ou sur les charges de polarisation, ce champ va échanger de l'énergie avec le milieu. C'est la valeur moyenne dans le temps de cet échange d'énergie que nous voulons calculer. 3.3.1 Dissipation par conduction Dans le cas d'un conducteur, si l'on néglige les effets dus à la polarisabilité du milieu, l'échange d'énergie se réduit à l'échange avec les charges libres. Comme on l'a vu plus haut, la puissance instantanée fournie par le champ par unité de volume est donc : ∂uC r r = jC .E ∂t Dans le cas d'un conducteur ohmique, la conductivité σs est réelle, d'où r r r jC = σ S E = σ S E0 cos(ω t ) u et r r ∂u 1 < C > = < jC .E > = σ S E02 < cos 2 (ω t ) > = σ S E02 ∂t 2 Le champ fournit en permanence de l'énergie aux charges. Cette énergie dissipée dans le milieu sous forme thermique par effet Joule. Université Pierre et Marie Curie - Licence de Sciences et Technologie - Parcours PF - L3 Module LP312 Electromagnétisme I Pierre Boissel IV-10 Année 2006/2007 Dans le cas d'un plasma, la conductivité en régime sinusoïdal est imaginaire pure : σ = −i σS = −iσ " ωτ La densité de courant est donc déphasée de − π 2 par rapport au champ électrique : r r jC = σ " E0 sin (ω t ) u d'où ∂uC = σ " E02 sin (ω t )cos(ω t ) ∂t et ∂u 1 < C > = σ " E02 < sin (2ω t ) > = 0 ∂t 2 Il n'y a donc pas d'échange d'énergie en valeur moyenne. La puissance est alternativement absorbée et restituée par les charges, mais elle n'est pas transmise au milieu en valeur moyenne. Ceci n'est pas surprenant puisque, dans le modèle de conductivité que nous avons pris, le cas du plasma est la limite où il n'y a plus de chocs, donc plus de contact entre les charges libres et le milieu environnant. 3.3.2 Pertes diélectriques Dans un milieu diélectrique, la puissance instantanée fournie par l'intermédiaire des courants de polarisation est : r r ∂P ∂ uP r r = E ⋅ jP = E ⋅ ∂t ∂t Dans le cas général, la susceptibilité diélectrique du milieu est une grandeur complexe r r χ = χ '−iχ " . En représentation complexe, la polarisation du milieu est donc P = ε 0 χ E . La puissance moyenne dissipée peut se calculer en utilisant : r* ∂ uP 1 r ∂P < > = Re E ⋅ ∂t 2 ∂ t d'où ∂ uP 1 > = ω ε 0 χ " E02 2 ∂t La valeur moyenne de la puissance dissipée dans le milieu est donc liée à la partie imaginaire de la susceptibilité complexe. Dans le modèle de l'atome de Thomson, cette partie imaginaire est proportionnelle au coefficient de frottement introduit dans le modèle. Dans un modèle de polarisation d'orientation (modèle de Debye) elle est liée à la constante de temps de relaxation qui traduit aussi les frottements. Plus généralement, il y a dissipation d'énergie vers le milieu lorsqu'il y a un retard de phase de la polarisation sur le champ électrique. Inversement, si la partie imaginaire de χ est positive ( χ " < 0 ), la polarisation est en avance de phase sur le champ et c'est le milieu qui fournie de l'énergie à l'onde. C'est ce qui se passe dans le milieu amplificateur d'un laser par exemple. Remarquons cependant que ceci n'est pas possible en régime permanent si le milieu est un milieu passif. Il faut forcément lui fournir de l'énergie par ailleurs, ce qui est réalisé par une décharge électrique ou par un flash lumineux dans le cas d'un milieu laser. < Université Pierre et Marie Curie - Licence de Sciences et Technologie - Parcours PF - L3 Module LP312 Electromagnétisme I Pierre Boissel IV-11 Année 2006/2007 Remarque Pour le calcul des échanges moyens d'énergie en régime sinusoïdal on a r r r r ∂P r ∂D r ∂E ∂ uP ∂ ue < > =< E ⋅ > =< E ⋅ > =< > puisque < ε 0 E ⋅ >=0. ∂t ∂t ∂t ∂t ∂t On trouve indifféremment les deux expressions dans la littérature, mais il ne faut pas oublier qu'elles ne sont équivalentes que si l'on s'intéresse seulement aux valeurs moyennes. Université Pierre et Marie Curie - Licence de Sciences et Technologie - Parcours PF - L3 Module LP312 Electromagnétisme I Pierre Boissel IV-12 Année 2006/2007