• • • Au Centre hospitalier Pierre-Boucher Des modifications aux lits pour les rendre plus sécuritaires • • • P Photo 1. Mécanisme d’extension qui permet d’actionner, à partir du centre du lit, la manette d’enclenchement des côtés du lit Photo 2. Adaptation du frein Photos 3 et 4. Mécanisme permettant l’ouverture de la porte vers l’extérieur. 8 • OBJECTIF PRÉVENTION • VOL. 19 – NO 3 À tout problème une solution, et même deux! La principale modification apportée aux lits consiste en un mécanisme d’extension qui permet d’actionner la manette à partir du centre du lit (photo 1). Mise à part la boulonnerie, le mécanisme est composé de neuf pièces différentes. Ces pièces ▼ Cette chronique a pour objectif d’informer les lecteurs des initiatives, trouvailles ou produits développés par des établissements du secteur. L’ASSTSAS souhaite ainsi favoriser les échanges d’idées, stimuler la créativité et, si possible, éviter à chacun de réinventer la roue. Toutefois, dans le cadre de cette chronique, l’ASSTSAS ne porte pas un jugement sur la valeur des réalisations proposées. Il incombe donc à chacun de s’assurer si un élément peut lui convenir ou non. Nous vous invitons, par la même occasion, à nous faire part de vos réalisations. armi les conditions indésirables à corriger, les risques de maux de dos en montant ou en descendant les côtés de lits étaient préoccupants. L’accès à la manette d’enclenchement, placée à la tête du lit, était difficile à cause de la présence de meubles placés de chaque côté. Un risque d’accident était présent chaque fois qu’une personne effectuait cette tâche. Pour ceux et celles qui subissent le même inconvénient, vous serez probablement ravis d’apprendre que la solution à ce problème n’est pas nécessairement de remplacer vos lits. En effet, depuis 1992, M. Jean Aubut, chef d’équipe à la division de l’électro-mécanique, a mis au point un mécanisme qui corrige cette situation. Un autre mauvais concept existait, celui des freins des roues qui étaient difficiles d’accès. La modification qui a été faite au niveau des freins n’a pas été seulement utile pour faciliter leur maniement, mais elle a contribué à prévenir des coûts énormes de réparation des lits. Voyons de plus près la nature de ces innovations, ainsi que l’illustration d’une démarche faite de curiosité qui a permis de dépasser les deux problèmes initiaux et d’obtenir des gains additionnels. sont usinées par une entreprise locale, d’après les dessins d’atelier de M. Aubut. Le travail de pré-assemblage et d’installation a été réalisé par l’équipe du Service des biens, meubles et immeubles de l’hôpital. Un tel projet a nécessité, bien sûr, toute une planification à cause de la quantité de lits à modifier (367 lits du même modèle, soit 734 côtés de lits). Afin d’obtenir une qualité égale, chaque lit a été transporté en atelier pour une vérification complète de l’ensemble, puis pour l’installation du nouveau mécanisme. Au fur et à mesure que les travaux progressaient, M. Aubut a été intrigué par la quantité démesurée de barreaux de côtés de lits et de cadres de lits sérieusement endommagés. Ils étaient pliés. Une croyance populaire à l’interne voulait Photo 1 ▼ Photo 2 que le blâme soit jeté sur les infirmières qui montaient sur les barreaux afin d’être à la bonne hauteur, soit au moment de réanimer un bénéficiaire ou pour tout autre intervention. Après avoir redressé une cinquantaine de lits, M. Aubut a finalement compris ce qui se passait. Les cadres étaient toujours froissés vis-à-vis des barreaux abîmés. La plus flagrante coïncidence était que la détérioration se situait toujours aux extrémités en diagonale et face aux roues qui avaient un frein. Voici le scénario qui illustre comment se produisent, en fait, ces dommages. Lors du transfert d’un bénéficiaire du lit à une civière, ou l’inverse, la personne préposée doit placer le côté du lit à sa position la plus basse. La civière est ensuite amenée Photo 3 ▼ Photo 4 près du lit, et poussée contre celui-ci ; c’est à ce moment que la roue du lit munie d’un frein pivote de telle façon que la manette du frein se retrouve par-dessus le barreau inférieur du côté du lit. La personne préposée remonte ensuite le lit à la même hauteur que la civière. La manette du frein reste alors coincée pardessus le dernier barreau. Les parties les plus faibles (le barreau inférieur et le cadre, à un endroit spécifique) cèdent sous la pression et finissent par lâcher prise. Alors, soit le barreau, soit le cadre, soit les deux sont abîmés. À la suite à cette analyse, certaines personnes ont avoué que lors de transferts, la manivelle pour remonter le lit était parfois très difficile à tourner et que, soudain, après avoir entendu un bruit terrible, elle redevenait facile à opérer. Aussi curieux que cela puisse paraître, personne n’en avait parlé avant. Pour résoudre cette difficulté, M. Aubut s’est empressé de dessiner une pièce pouvant s’adapter au mécanisme du frein (photo 2). Cette pièce a pour fonction d’empêcher la manette de se placer par-dessus le barreau inférieur. De plus, comme cette pièce excède chaque côté de la roue, il en résulte que le mécanisme est beaucoup plus facile à atteindre, pour engager ou pour désengager le frein. C’est ce qui s’appelle faire d’une pierre deux coups! Le projet a demandé trois mois de travail intense à M. Aubut et à ses collègues. Depuis, trois années se sont écoulées. Le problème des maux de dos reliés aux manœuvres des lit est disparu et les côtés de lits ne s’abîment plus comme avant. Mission accomplie. Pour plus d’information, vous pouvez contacter M. Jean Aubut, chef d’équipe, division de l’électro-mécanique, Centre hospitalier Pierre-Boucher. • • • Un bénéficiaire tombe derrière la porte dans la salle de toilettes. Que faire ? • • • U n bénéficiaire tombe derrière une porte qui ne s’ouvre que vers l’intérieur. Il est incapable de se relever ou encore de se déplacer pour permettre l’ouverture de la porte. Quel soignant n’a pas vécu ce type de situation un peu cauchemardesque. Que s’est-il passé? Le bénéficiaire est-il blessé? Comment ouvrir la porte sans le blesser? La seule façon de faire est de pousser le plus doucement possible sur la porte pour déplacer le patient en espérant que l’espace dans la salle de toilettes permette ce déplacement puis, de demander à la plus petite préposée ou infirmière de se glisser dans l’ouverture pour vérifier la situation et dégager la porte. Il est même arrivé, dans certaines situations où l’espace était vraiment trop exigu, de devoir complètement enlever la porte pour pouvoir prêter assistance au bénéficiaire. Une autre situation assez fréquente est le cas du bénéficiaire ayant des problèmes cognitifs et qui s’enferme dans la salle de toilettes. Il faut à ce moment utiliser son pouvoir de persuasion (ce qui est loin d’être facile avec ce type de patient), ou encore chercher la clé et finalement réussir à ouvrir la porte. Au Centre d’accueil Ma Maison Saint-Joseph, les soignants ne vivent pas ce type de situation. Les portes des salles de toilettes sont munies d’un système ingénieux qui permet leur ouverture vers l’extérieur si nécessaire. Il s’agit d’un système où il n’y a pas de cadre de porte. Un butoir rétractable permet d’arrêter la porte lorsqu’elle est fermée. Le butoir est en fait une petite pièce de métal qui peut s’enfoncer, au besoin, permettant ainsi le dégagement de la porte vers l’extérieur (photos 3 et 4). La serrure permet le verrouillage de la porte, mais lorsque le butoir est enfoncé de l’extérieur, le design de la serrure permet l’ouverture de la porte, même verrouillée. C’est un système qui donne accès à la salle de toilettes en tout temps. Ce mécanisme de verrouillage présente aussi un autre avantage. Dans les établissements où des contraintes architecturales ne permettent pas de respecter les superficies édictées par les normes de construction, ce mécanisme facilite l’accès en fauteuil roulant puisque l’ouverture de la porte vers l’extérieur augmente l’aire de dégagement à l’intérieur de la salle de toilettes. VOL. 19 – NO 3 • OBJECTIF PRÉVENTION • 9 ▼