vol. 19, no 3, page 8, 1996

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Au Centre hospitalier
Pierre-Boucher
Des modifications aux lits
pour les rendre plus
sécuritaires
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P
Photo 1. Mécanisme d’extension qui permet
d’actionner, à partir du centre du lit, la
manette d’enclenchement des côtés du lit
Photo 2. Adaptation du frein
Photos 3 et 4. Mécanisme permettant
l’ouverture de la porte vers l’extérieur.
8 • OBJECTIF PRÉVENTION • VOL. 19 – NO 3
À tout problème une solution,
et même deux!
La principale modification apportée
aux lits consiste en un mécanisme d’extension qui permet d’actionner la manette à
partir du centre du lit (photo 1). Mise à
part la boulonnerie, le mécanisme est composé de neuf pièces différentes. Ces pièces
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Cette chronique a pour objectif
d’informer les lecteurs des
initiatives, trouvailles ou produits
développés par des établissements
du secteur. L’ASSTSAS souhaite
ainsi favoriser les échanges d’idées,
stimuler la créativité et, si possible,
éviter à chacun de réinventer la
roue. Toutefois, dans le cadre de
cette chronique, l’ASSTSAS ne porte
pas un jugement sur la valeur des
réalisations proposées. Il incombe
donc à chacun de s’assurer si un
élément peut lui convenir ou non.
Nous vous invitons, par la même
occasion, à nous faire part de
vos réalisations.
armi les conditions indésirables à corriger, les risques de maux de dos en
montant ou en descendant les côtés de lits
étaient préoccupants. L’accès à la manette
d’enclenchement, placée à la tête du lit,
était difficile à cause de la présence de
meubles placés de chaque côté. Un risque
d’accident était présent chaque fois qu’une
personne effectuait cette tâche.
Pour ceux et celles qui subissent le
même inconvénient, vous serez probablement ravis d’apprendre que la solution à
ce problème n’est pas nécessairement de
remplacer vos lits. En effet, depuis 1992,
M. Jean Aubut, chef d’équipe à la division
de l’électro-mécanique, a mis au point
un mécanisme qui corrige cette situation.
Un autre mauvais concept existait,
celui des freins des roues qui étaient difficiles d’accès. La modification qui a été
faite au niveau des freins n’a pas été seulement utile pour faciliter leur maniement,
mais elle a contribué à prévenir des coûts
énormes de réparation des lits. Voyons
de plus près la nature de ces innovations,
ainsi que l’illustration d’une démarche
faite de curiosité qui a permis de dépasser les deux problèmes initiaux et d’obtenir des gains additionnels.
sont usinées par une entreprise locale,
d’après les dessins d’atelier de M. Aubut.
Le travail de pré-assemblage et d’installation a été réalisé par l’équipe du Service des
biens, meubles et immeubles de l’hôpital.
Un tel projet a nécessité, bien sûr,
toute une planification à cause de la quantité de lits à modifier (367 lits du même
modèle, soit 734 côtés de lits). Afin d’obtenir une qualité égale, chaque lit a été
transporté en atelier pour une vérification
complète de l’ensemble, puis pour l’installation du nouveau mécanisme.
Au fur et à mesure que les travaux
progressaient, M. Aubut a été intrigué
par la quantité démesurée de barreaux
de côtés de lits et de cadres de lits sérieusement endommagés. Ils étaient pliés.
Une croyance populaire à l’interne voulait
Photo 1
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Photo 2
que le blâme soit jeté sur les infirmières
qui montaient sur les barreaux afin d’être
à la bonne hauteur, soit au moment de
réanimer un bénéficiaire ou pour tout
autre intervention.
Après avoir redressé une cinquantaine de lits, M. Aubut a finalement compris ce qui se passait. Les cadres étaient
toujours froissés vis-à-vis des barreaux
abîmés. La plus flagrante coïncidence était
que la détérioration se situait toujours
aux extrémités en diagonale et face aux
roues qui avaient un frein.
Voici le scénario qui illustre comment
se produisent, en fait, ces dommages.
Lors du transfert d’un bénéficiaire du lit à
une civière, ou l’inverse, la personne préposée doit placer le côté du lit à sa position
la plus basse. La civière est ensuite amenée
Photo 3
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Photo 4
près du lit, et poussée contre celui-ci ; c’est
à ce moment que la roue du lit munie
d’un frein pivote de telle façon que la
manette du frein se retrouve par-dessus
le barreau inférieur du côté du lit. La
personne préposée remonte ensuite le lit
à la même hauteur que la civière. La manette du frein reste alors coincée pardessus le dernier barreau. Les parties les
plus faibles (le barreau inférieur et le cadre, à un endroit spécifique) cèdent sous
la pression et finissent par lâcher prise.
Alors, soit le barreau, soit le cadre, soit
les deux sont abîmés.
À la suite à cette analyse, certaines
personnes ont avoué que lors de transferts,
la manivelle pour remonter le lit était parfois très difficile à tourner et que, soudain,
après avoir entendu un bruit terrible, elle
redevenait facile à opérer. Aussi curieux
que cela puisse paraître, personne n’en
avait parlé avant. Pour résoudre cette difficulté, M. Aubut s’est empressé de dessiner une pièce pouvant s’adapter au mécanisme du frein (photo 2). Cette pièce a
pour fonction d’empêcher la manette de se
placer par-dessus le barreau inférieur. De
plus, comme cette pièce excède chaque
côté de la roue, il en résulte que le mécanisme est beaucoup plus facile à atteindre,
pour engager ou pour désengager le frein.
C’est ce qui s’appelle faire d’une pierre
deux coups!
Le projet a demandé trois mois de travail intense à M. Aubut et à ses collègues.
Depuis, trois années se sont écoulées. Le
problème des maux de dos reliés aux
manœuvres des lit est disparu et les côtés
de lits ne s’abîment plus comme avant.
Mission accomplie.
Pour plus d’information, vous pouvez
contacter M. Jean Aubut, chef d’équipe,
division de l’électro-mécanique, Centre
hospitalier Pierre-Boucher.
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Un bénéficiaire tombe
derrière la porte dans
la salle de toilettes.
Que faire ?
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U
n bénéficiaire tombe derrière une
porte qui ne s’ouvre que vers l’intérieur. Il est incapable de se relever ou
encore de se déplacer pour permettre
l’ouverture de la porte.
Quel soignant n’a pas vécu ce type de
situation un peu cauchemardesque. Que
s’est-il passé? Le bénéficiaire est-il blessé?
Comment ouvrir la porte sans le blesser?
La seule façon de faire est de pousser le
plus doucement possible sur la porte pour
déplacer le patient en espérant que l’espace dans la salle de toilettes permette ce
déplacement puis, de demander à la plus
petite préposée ou infirmière de se glisser
dans l’ouverture pour vérifier la situation
et dégager la porte. Il est même arrivé,
dans certaines situations où l’espace était
vraiment trop exigu, de devoir complètement enlever la porte pour pouvoir prêter
assistance au bénéficiaire.
Une autre situation assez fréquente
est le cas du bénéficiaire ayant des problèmes cognitifs et qui s’enferme dans la
salle de toilettes. Il faut à ce moment utiliser son pouvoir de persuasion (ce qui est
loin d’être facile avec ce type de patient),
ou encore chercher la clé et finalement
réussir à ouvrir la porte.
Au Centre d’accueil Ma Maison
Saint-Joseph, les soignants ne vivent pas
ce type de situation. Les portes des salles
de toilettes sont munies d’un système ingénieux qui permet leur ouverture vers
l’extérieur si nécessaire. Il s’agit d’un
système où il n’y a pas de cadre de porte.
Un butoir rétractable permet d’arrêter la
porte lorsqu’elle est fermée. Le butoir est
en fait une petite pièce de métal qui peut
s’enfoncer, au besoin, permettant ainsi le
dégagement de la porte vers l’extérieur
(photos 3 et 4). La serrure permet le verrouillage de la porte, mais lorsque le butoir est enfoncé de l’extérieur, le design de
la serrure permet l’ouverture de la porte,
même verrouillée. C’est un système qui
donne accès à la salle de toilettes en tout
temps.
Ce mécanisme de verrouillage présente aussi un autre avantage. Dans les
établissements où des contraintes architecturales ne permettent pas de respecter
les superficies édictées par les normes de
construction, ce mécanisme facilite l’accès en fauteuil roulant puisque l’ouverture
de la porte vers l’extérieur augmente l’aire
de dégagement à l’intérieur de la salle de
toilettes.
VOL. 19 – NO 3 • OBJECTIF PRÉVENTION • 9
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