Corrigé concours blanc français

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Corrigé concours blanc français
Première partie : analyse.
1 / De quoi parle-t-on ? qu'estce que l'argot (langue des
bandits qui ne voulaient pas
être compris de la police)? : la
langue est normes et variations
2 / Richesses reconnues,
a/ analysées par les linguistes
b/ et utilisées par les poètes et
romanciers (Hugo, ou
ex, Soliloques du pauvre de
Jehan Rictus, XIXème et
d'autres ), peut -être distraction
exotique des riches qui
regardent une langue verte
et fleurie de la leur un peu
terne et monotone
3/ Problèmes,
notamment problèmes
d'intercompréhension d'un
groupe à l'autre ou
enfermement qui empêche de
passer d'un groupe à l'autre et
stigmatise socialement, etc.
.
T1
Des variantes linguistiques liées
à l’âge, l’éducation
Langue cible, circulante,
standardisée
Langue des cités
Des termes forts : fracture
linguistique
Des formes différentes à
accepter
Des variantes linguistiques
qu’on peut analyser – des
lexiques qu’on peut définir
T2
La langue des jeunes de
banlieue :
Situation de diglossie : situation
de véritable bilinguisme
Une langue standard
T3
L’argot comme nation et
idiome, vol, peuple et langue
Tous les métiers ont leurs
propres terme, leur propre
argot
T4
Langue familière / enfantine
Langue soutenue : celle de
l’école
Une situation à la maison
Des langues égales aux yeux du
linguiste
Un phénomène littéraire
Richesse littéraire de ces
variantes : langue complète,
pittoresque, langue
métaphorique – des façons
d’enrichir par la diversité des
pratiques langagières la langue
Esthétique du laid et du sublime
chez Hugo : argot héroïque et
l’argot hideux
Création de fiction à partir de
situation d’incompréhension :
mise en scène d’une pseudo
incompréhension,
Incompréhension liée au
vocabulaire, prise pour de
l’agressivité
Problème de communication
Risque d’exclusion : attitude
stigmatisante de l’école du
début du XXème siècle
Insécurité linguistique des
jeunes et de leurs parents
Un déficit linguistique, carence
Incapacité à parler d’autre
chose que du monde proche
vocabulaire exsangue,
organisation approximative
Ne donner que des
informations prévisibles
Des langues inégales pour
accéder à une promotion
Une langue non reconnue par la
« bonne société »
Montre une pseudo
incompréhension et illustre le
vernis que constitue une belle
langue… Chassez le naturel, il
revient au galop !
Conclusion : le rôle de l’école : ne pas dénigrer le plus intime, travailler sur les variations, les analyser, et permettre l’accès de tous à une langue standard
Ce dossier porte sur les variations linguistiques au sein de la langue française. Dans le document 1, au titre provocateur, Comment
tu tchatches !, (1998), Jean Pierre Goudailler montre comment enseignants et élèves peuvent ne pas se comprendre, faute d’une
langue commune. Le document 2, une article du Monde écrit par Alain Kihm, analyse aussi les différences entre la langue des
banlieues et le français « standard ». Victor Hugo, dans le document 3, extrait de son célèbre roman Les Misérables, se lance dans
une éloquente défense et illustration de l’argot. Enfin, le document 4, une des Histoires Pressées de Bernard Friot, illustre avec
humour la question des registres de langue. Ce corpus de texte pose la question de la coexistence de différentes variantes
linguistiques en français. Si ce sont surtout les variations linguistiques d’en bas qui sont évoquées dans le dossier, celles-ci sont
perçues par les uns comme une richesse alors que d’autres y voient une source de problème.
Quand on parle de » langue française », on a tendance à entendre une langue unique, standardisée (textes 1 et 2 ), identique pour
tous, véritable langue « circulante » pour le T1, qui parle à son propos de langue cible, c’est-à-dire langue à atteindre, à viser. On a
coutume de repérer dans cette langue des registres, familier et soutenu, illustrés par les deux personnages du père professeur de
« langue et littérature française » et de l’enfant dans le texte 4. Or les différents locuteurs parlent des langues parfois éloignées de
cet idéal. L’argot - langue du peuple, langue des voleurs, langue des bagnards – est l’une de ces variations, pour Victor Hugo, qui
va plus loin en précisant que chaque corps de métier possède son argot, son vocabulaire propre. Ces variations sont propres à des
générations (le texte 1 oppose ainsi la langue des élèves à celle de leurs enseignants), à des milieux géographiques et sociaux
(langue des cités, langue des banlieues pour les textes 1 et 2). S’agit-il de la même langue, ou notre pays est-il actuellement en
situation de diglossie, avec une langue de l’élite et une langue du peuple nettement séparées, au point que certains locuteurs
francophones, constate le document 2, se trouvent en situation de bilinguisme et ont à apprendre, à l’école, une langue différente ?
Ces constats sont aussi partagés par le document 1, qui va jusqu’à parler de « fracture linguistique », allusion à la fameuse
« fracture sociale », thème de campagne de Jacques Chirac en 1995.
Pour certains, ces variations linguistiques participent de la richesse- voire de la vigueur et de la bonne santé – de la langue. Les
linguistes indiquent qu’il s’agit de formes différentes, égales (texte2), que l’on doit accepter, et que l’on peut analyser. Ainsi le
texte 1 suggère-t-il qu’on peut, avec des élèves – établir le dictionnaire de leurs propres usages et de leurs propres mots.
Si les linguistes voient avec une certaine neutralité ces variations, les écrivains les voient avec un œil favorable. Ainsi, pour un
Bernard Friot, cette situation permet la création d’une fiction humoristique, par laquelle il se joue du personnage du père, qui fait
semblant de ne pas comprendre la langue courante de son fils, mais utilise un vocabulaire et une syntaxe du même niveau quand il
a pris conscience des dégâts causés à la moquette par la blessure de son fils. Si Bernard Friot cherche à amuser son lecteur, voire à
le faire réfléchir sur la cuistrerie des pédants, Victor Hugo voit dans les variantes linguistiques une richesse. C’est d’abord la façon
dont chaque corps de métier enrichit la langue par ses usages propres (lexicaux, voire syntaxiques). Mais l’argot – au sens
premier, langue des voleurs qui ne veulent pas se faire comprendre de la police - représente pour lui un usage de la langue, dans
lequel il retrouve des valeurs qui fondent sa propre esthétique : s’il y a des « argots » héroïques et sublimes – la langue des gens de
mer – il y a aussi des argots hideux… et il faut là se souvenir que Quasimodo le bossu est un héros de Notre Dame de Paris. Les
métaphores de l’argot, ses sonorités, ont un côté poétique, en harmonie parfaite avec les basfonds.
En revanche, pour d’autres, cette coexistence d’une langue du peuple et d’une langue de l’élite pose de nombreux problèmes.
C’est d’abord les difficultés de compréhension qui sont pointées. Si le texte de Bernard Friot montre que cette incompréhension
est toute relative et qu’il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, plus sérieusement, le témoignage de la Conseillère
d’éducation citée dans le texte 1 montre que cette incompréhension va souvent de pair avec le sentiment d’être agressé. Pire,
l’école, qui exclut les formes non standardisées de la langue, risque d’être facteur d’exclusion pour les locuteurs de ces variantes
« d’en bas » : on pense en particulier à l’attitude stigmatisante à l’égard de ce type de pratiques langagières de l’école du début du
XXème siècle (texte 1). Au fond, c’est que l’élite, la bonne société, ne veut pas reconnaitre le peuple et sa langue. C’est ce
qu’Hugo constatait dans les Misérables, lorsqu’il commente la réception de son récit le Dernier jour d’un condamné à mort.
S’instaure alors, pour l’élite au pouvoir, une hiérarchie entre les langues, la langue des cités étant alors caractérisée de façon très
négative, pour un Alain Bentolila cité dans le texte 2, par ses carences, son déficit, son inaptitude à évoquer autre chose qu’un
univers connu, son organisation approximative. Mais ces locuteurs qui ne sont pas « héritiers » de la belle langue risquent de se
trouvent en insécurité linguistique, selon le texte 1, ayant conscience que leurs usages propres sont loin de ceux qui assurent la
promotion et la réussite sociale.
Ce dossier de texte tend donc à montrer que, pour une certaine élite, poètes, écrivains, linguistes, la variation linguistique
maitrisée, comprise, analysée est une richesse, mais que la seule maitrise d’une variation d’en bas entraine l’exclusion sociale.
C’est donc le rôle de l’école, un de ses rôles fondamentaux, que de ne pas dénigrer la langue de chacun, dans ce qu’elle exprime
ce que chacun a de plus intime, mais de travailler sur les variations, les analyser, afin de permettre à tous d’accéder à une langue
standard.
Questions de langue (6 points)
Grammaire :
Dans le 1er paragraphe du texte 1, relevez et analysez deux caractéristiques de la langue orale :
«... Parfois il y a incompréhension entre les élèves et les adultes et ce que l'on prend nous pour de
l'agression c'est parfois simplement leur manière de s'exprimer, leur vocabulaire, leur langage et que nous on
peut prendre pour une agression mais ceci n'en est pas une forcément dans leur esprit. De même nous quand
on emploie certains mots, on se rend compte, à leurs grands yeux, qu'ils ne comprennent rien. Donc, parfois,
c'est tout simplement un problème de communication entre les deux groupes... parce qu'on a pas le même
âge, on a peut-être pas eu la même éducation... et puis on ne fonctionne pas pareil... »
Redondance +
reprise « on »
/ « nous »
Absence de
l’adverbe de
négation
« ne »/ « n’ »
Utilisation de
présentatifs
« ce que l’on
prend nous pour de
l’agression »
« et que nous on
peut prendre pour
une agression »
« De même nous
quand on emploie
certains mots »
« … parce qu'on x
a pas le même âge,
on x a peut-être
pas eu la même
éducation... »
« Parfois il y a
incompréhension
entre les élèves et
les adultes et ce
que l'on prend
nous pour de
l'agression c'est
parfois simplement
leur manière de
s'exprimer… »
« Donc, parfois,
c'est tout
simplement un
problème de
communication
entre les deux
groupes... »
Addition
(connecteurs) :
« … et puis on ne
fonctionne pas
pareil… »
Hésitation, pause
marquée par la
ponctuation (trois
points de
suspension) ?
« ... parce qu'on a
pas le même âge,
on a peut-être pas
eu la même
éducation... et puis
on ne fonctionne
pas pareil... «
Vocabulaire
« ... et puis on ne
fonctionne pas
pareil... »
Emploi figuré,
plutôt familier, du
verbe
« fonctionner »
Orthographe
Justifiez l’accord des mots suivants, soulignés :
« la cité dont je t'ai parlé » : participe passé employé avec l’auxiliaire « avoir » (passé composé) –> pas d’accord avec
le sujet et pas de COD placé avant (donc pas d’accord).
« On peut espérer qu'ils vivront mieux de n'avoir pas été dénigrés dans leur plus intime, leur langue quotidienne. » :
participe passé employé avec l’auxiliaire « être » (infinitif passé passif du verbe « dénigrer ») –> accord avec le sujet
du verbe (« ils », masculin pluriel)
« Il s'agit en effet d'ouvrir l'accès de la langue circulante » : adjectif verbal épithète de « langue » –> accord
au féminin singulier
« à savoir celle du travail et de l'ascension sociale, à tous ces jeunes qui parlent tout autre chose qu'une
langue standardisée, correspondant aux normes établies, et tout un travail pédagogique doit être non
seulement initié mais véritablement mis en place. » : participe présent invariable (forme verbale non
conjuguée ayant pour sujet « une langue standardisée » et pour COI « aux normes préétablies »).
Vocabulaire
Dans ces deux paragraphes du texte de V. Hugo,
- Relevez deux champs lexicaux, en les caractérisant précisément et en indiquant quelques mots
significatifs qui appartiennent à chacun d’entre eux.
- Relevez deux métaphores en spécifiant quel est le comparant et quel est le comparé.
- Commenter l’usage que fait Hugo des mots inintelligible et crapaude
Quand on écoute, du côté des honnêtes gens, à la porte de la société, on surprend le dialogue de ceux qui
sont dehors. (...) On perçoit, sans le comprendre, un murmure hideux, sonnant presque comme l'accent
humain, mais plus voisin du hurlement que de la parole. C'est l'argot. Les mots sont difformes, et empreints
d'on ne sait quelle bestialité fantastique. On croit entendre des hydres parler.
C'est l'inintelligible dans le ténébreux. Cela grince et cela chuchote, complétant le crépuscule par l'énigme. Il
fait noir dans le malheur, il fait plus noir encore dans le crime ; ces deux noirceurs amalgamées composent
l'argot. Obscurité dans l'atmosphère, obscurité dans les actes, obscurité dans les voix. Épouvantable langue
crapaude qui va, vient, sautelle, rampe, bave, et se meut monstrueusement dans cette immense brume grise
faite de pluie, de nuit, de faim, de vice, de mensonge, d'injustice, de nudité, d'asphyxie et d'hiver, plein midi
des misérables.
- Deux champs lexicaux parmi les champs lexicaux possibles :
Humanité
« des honnêtes
gens », « la
société »,
« l'accent
humain », « la
parole »,
« l’argot », « les
mots »,
« parler »,
« chuchote »,
« les voix »,
« des
misérables »
Animalité
« bestialité »,
« crapaude »,
« sautelle »,
« rampe »,
« hurlement »,
« grince », « bave »
Misère
« malheur », « faim »,
« injustice »,
« misérables »,
« nudité »
Monstrueux
« bestialité fantastique »,
« des hydres »,
« hideux », « difformes »,
« épouvantable », « se
meut monstrueusement »
Douleur
« faim »,
« asphyxie »
Vice
« vice »,
« mensonge »,
« crime »
Parole
« le dialogue »,
« un murmure »,
« l’accent
humain », « la
parole »,
« l’argot », « les
mots », « parler »,
« chuchote »,
« les voix »
Obscurité
« le ténébreux »,
« le crépuscule »,
« il fait plus
noir », « ces deux
noirceurs »,
« obscurité » (x
3), « de nuit »
Vue
« le ténébreux »,
« le crépuscule »,
« il fait plus
noir », « ces deux
noirceurs »,
« obscurité » (x
3), « de nuit »,
« plein midi »
Ouie
« On perçoit, …,
un murmure
hideux »,
« sonnant »,
« hurlement »,
« on croit
entendre », « cela
grince », « cela
chuchote »
- Deux métaphores en spécifiant quel est le comparant et quel est le comparé :
« On croit entendre des hydres parler. » (personnification) : verbe d’énonciation qui s’applique normalement
à un sujet humain (s’exprimer par la parole) et qui est ici appliqué à un être monstrueux (« hydres » :
« Serpent fabuleux à sept têtes. »). Par rapport au co-texte, il faut comprendre en fait que c’est l’argot luimême (et sa pratique dans la société) qui est le comparé et le « pseudo-langage » produit par un animal
fantastique de la mythologie (un monstre surnaturel) qui est le comparant. Il s’agit en fait d’une analogie
filée (dans le premier paragraphe surtout) entre l’argot et ses praticiens et le « pseudo-langage » qui émane
d’une animalité abjecte, monstrueuse, fantastique.
« Épouvantable langue crapaude qui va, vient, sautelle, rampe, bave, et se meut monstrueusement… » :
adjectif qualificatif (dérivation impropre du substantif masculin « crapaud ») qui renvoie à une espèce
d’amphibien et qui est ici appliqué à l’argot (« langue » utilisée par certaines catégories de la société).
L’analogie est filée avec la série de verbes ayant pour sujet le pronom relatif « qui » (représentant le GN
« épouvantable langue crapaude »). Le comparé est encore l’argot et le comparant est l’animal lui-même
cette fois-ci.
« dans cette immense brume grise faite de pluie, de nuit, de faim, de vice, de mensonge, d'injustice, de
nudité, d'asphyxie et d'hiver, plein midi des misérables. » : métaphore qui repose sur l’analogie entre le
milieu social dans lequel évolue les misérables et un certain état de l’atmosphère où se mêle conditions
climatiques et conditions de vie humaines difficiles.
« Quand on écoute, du côté des honnêtes gens, à la porte de la société, on surprend le dialogue de ceux qui
sont dehors. » : métaphore qui repose sur une analogie entre la société des « honnêtes gens » et une pièce (à
l’intérieur d’un bâtiment) voire une demeure fermée (le peuple des misérables étant à l’extérieur).
- Commenter l’usage que fait Hugo des mots inintelligible et crapaude :
« C'est l'inintelligible dans le ténébreux. » : adjectif « inintelligible » précédé d’un déterminant (adjectif
substantivé) et donc employé comme nom commun (par dérivation impropre) 1. La qualité ou la
caractéristique exprimée par l’adjectif (antonyme d’« intelligible » – littéralement : « ce qui n’est pas
intelligible ») devient un substantif de sens plutôt abstrait.
« Epouvantable langue crapaude » : dans ce cas, c’est un nom commun (le substantif masculin « crapaud »)
qui est employé comme adjectif qualificatif accordé au féminin singulier avec le nom dont il est épithète
(« langue »). Du nom commun, l’on tire une qualité ou une caractéristique qui s’applique à la « langue »
dont il est question (« l’argot »).
1
Tout comme « le ténébreux » qui suit.
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