14.10.09 UE.1.1.S1 Psychologie sociale La psychologie est l’étude des comportements humains et/ou de ses mécanismes, sous tous ses aspects psychiques, normaux ou pathologiques. Elle étudie l’homme aux différents âges de sa vie, et dans différentes circonstances. La psychologie est encore considérée comme une science « jeune », puisqu’elle est née du 19ème siècle, en se détachant de la philosophie. Depuis, cette discipline scientifique s’est énormément étoffé, et différents domaines se sont crées. 4 grands courants de la psychologie : - La psycho clinique La psycho cognitive La psycho du développement La psycho sociale La psycho clinique : A pour but la connaissance approfondie des cas individuels. Elle n’étudie donc pas une société, un groupe, mais un cas individuel. Pour cela, elle utilise différentes théories, dont la théorie psychanalytique, décrite par Freud. La psychologie cognitive : Etudie les grandes fonctions permettant d’assurer les gains d’information nécessaire pour que l’individu puisse échanger avec son milieu. Ex : étude de la perception, l’apprentissage et la mémoire, l’intelligence, la fonction symbolique et le langage. La psychologie du développement : Etude scientifique des changements dans le fonctionnement psychologique de l’individu humain au cours de sa vie. Etudie l’ensemble des fonctions : - Motrices Perceptives Cognitives Langagières Affectives Sociales 1 14.10.09 UE.1.1.S1 La psychologie sociale : Etudie l’individu et ses comportements pris dans une relation interindividuelle. Elle tend à comprendre et à expliquer comment les pensées et les sentiments des êtres humains sont influencés par autrui. A la frontière entre la psychologie et la sociologie, elle considère l’individu dans sa double dimension psychologique et sociale. « La psychologie sociale s’intéresse à un certains nombre d’évènements psychologiques qui sont les comportements, les jugements, les affects, et les performances des ê humains en tant qu’ils st membres de collectifs sociaux ou en tant qu’ils occupent des positions sociales » BEAUVOIS La psychologie sociale peut apporter : - Une meilleure analyse des comportements des patients Une meilleure analyse de nos propres comportements ou ressentis en équipe ou en groupe C’est à la fois la complexité des métiers relationnels et leur richesse. La psychologie sociale travail sur différentes théories, dont les principales sont : - La théorie de groupe La théorie de l’influence et de l’engagement Les stéréotypes, les préjugés, et la discrimination Les normes, attributions, les croyances sociales, …. Les normes sociales Normes sociales : - Une norme est un « savoir » implicite dans un groupe ou une société, qui nous informe sur ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire Elle porte sur les comportements, des conduites, des jugements, des attitudes, des opinions, des croyances… Sa fonction est de différentier les évènements en fonction de leur désirabilité, du point de vue du groupe d’appartenance La norme s’instaure indépendamment de tous critères de vérité La norme fonctionne par l’intériorisation des valeurs Les normes émanent toujours d’un groupe social ou d’une société, et sont transmise dans ce groupe 2 14.10.09 UE.1.1.S1 La norme est donc une règle implicite qui ns fait penser, agir sans pour autant qu’elle est un quelconque critère de vérité. Ex de normes sociales actuelle : - Vivre en couple = plus valorisé que de vivre seul Bac S = plus valorisé que le Bac L Avoir un travail = plus valorisé qu’être en recherche d’emploi Attribué sa réussite à des facteurs internes = plus valorisé que de l’attribuer à des facteurs externes La norme, contrairement aux valeurs, s’intéresse aux comportements Ainsi, la norme sociale est un cadre de référence grâce auquel nous pouvons comprendre et agir avec des comportements adaptés à notre environnement. L’absence de norme serait paralysante. Sans support social l’individu et le groupe imploseraient. L’influence sociale : Ce sont les processus par lesquels les individus et les groupes façonnent, diffusent et modifient leurs modes de pensées et d’actions lors d’interactions sociales réelles ou symboliques. L’influence sociale doit être étudiée en lien avec les normes sociales, puisque celle-ci encadre le comportement. Les théories de la communication définissent qu’à partir du moment où l’on communique, il y a « influence mutuelle » A B A & B peuvent être soit : - des individus - des groupes L’étude de l’influence sociale a donnée naissance à un grand nombre d’expérience. 3 14.10.09 UE.1.1.S1 Le conformisme ou « l’effet ASCH » « L’effet ASCH » : ASCH Solomon : fut un pionnier en psychologie sociale. En 1951, il publie une expérience qui démontre le pouvoir du conformisme sur la décision d’un individu au sein d’un groupe. Avec cette expérience, il montre le fait suivant : un individu est susceptible de faire sien un jugement qu’il sait contraire au bon sens, à la réalité et cela sans que quiconque n’ait délivré la moindre récompense ou punition. Situation expérimentale : ASCH propose une tâche simple et sans ambigüité à des sujets, MAIS : le sujet va devoir donner sa réponse oralement après 7 à 9 compères qui fournissent de mauvaises réponses. Tâche = les sujets doivent dire quelle baguette est équivalente à la baguette de présentation. Les compères vont fournir 12 fois sur les 18 des évaluations de longueur erronées. Le sujet nait donnera toujours sa réponse en avant dernière position. Groupe contrôle : pas de sujets compères. Résultats : Groupe contrôle : Très peu d’erreurs : 2 sujets sur 37 réalisent 1 ou 2 erreurs sur les 18 évaluations. Groupe expérimentale : En moyenne 36.6% de réponses erronées. EFFET DU CONFORMISME De plus ASCH observe une grande différence inter-individuelle : Sur 123 sujets observés : - 29 ne font pas d’erreur = pas de conformisme 39 font plus de 50% d’erreurs = grand conformisme Tous les sujets n’y sont pas sensibles L’effet ASCH est possible car : L’individu est dans le groupe Il y a une importance numérique de la majorité La majorité est toujours unanime 4 14.10.09 UE.1.1.S1 Ces 3 pts créent un conflit cognitif, qui pousse le sujet à donner une réponse conforme au groupe, même sans récompense. La conformité du sujet permet sa non exclusion (réel ou symbolique) du groupe. Tout cela est bien entendu définit par les normes sociales implicites. Norme sociale = il est plus valorisé de répondre comme tous le monde. La soumission à l’autorité Milgram Stanley (1960-1963) : il a cherché à évaluer le degré d’obéissance d’un individu devant une autorité qu’il juge légitime, notamment quand elle induit des actions qui posent des problèmes de conscience au sujet. Avec cette expérience, il cherche à comprendre : Où finit la soumission à l’autorité et où commence la responsabilité de l’individu Comment concilier les impératifs de l’autorité avec la voix de la conscience Il s’est penché sur des évènements au sortir de la 2ème guerre mondiale, pour mieux comprendre les atrocités menées par les nazis. Procédure expérimentale : 600 sujets sont recrutés par annonce pour participer à une étude, sur la mémoire Le sujet « fictif » de l’étude : les effets de la punition sur le processus d’apprentissage Le sujet croit tirer au hasard un papier sur lequel est inscrit le rôle qui tiendra durant l’expérience. Mais le tirage au sort est truqué, il sera forcément le professeur et devra faire apprendre des paires de mots à un compère. - Le compère est installé sur une chaise munie de sangles pour lui immobiliser les bras On lui fixe une électrode au poignet, et on lui dit qu’il va devoir apprendre une liste de couples de mots Toutes les erreurs qu’il commettra seront sanctionnées par des décharges électriques d’intensité croissante - La consigne donnée au sujet : si l’élève donne une mauvaise réponse, le professeur doit lui administrer un choc électrique croissant de 15 volts à chaque erreur. 1ère erreur : 15 Volts 2ème erreur : 30 Volts… jusqu’à 450 Volts Bien sûr les chocs électriques ne sont pas réels, mais le sujet naïf le croit. 5 14.10.09 UE.1.1.S1 Sur le tableau, certains mots sont indiqués à cotés des valeurs du choc : 15 volts = « choc léger » 450 volts = « attention choc dangereux » Le but est de savoir jusqu’à quel point chaque sujet suivra les instructions de l’expérimentateur, alors que ces actions seront de plus en plus en conflit avec sa conscience. Le conflit va surgir quand le compère donne des signes de malaise, qui vont évoluer en fonction de l’augmentation du voltage : - A 75 Volts il gémit A 120 Volts il formule des plaintes compréhensibles A 150 Volts il supplie qu’on le libère A 285 Volts, sa seule réaction est un cri d’agonie Les sujets sont divisés entre : - Les manifestations de souffrance et supplications de l’élève L’ordre de l’expérimentation, représentant une « autorité légitime » et à laquelle ils se sentent engagés. A chaque fois qu’un sujet hésite à envoyer la décharge, il reçoit l’ordre de poursuivre. Les ordres données : le faux expérimentateur, habillé en blouse blanche, n’a le droit de dire que quelques phrases lorsque le sujet souhaite arrêter telles que : - « vous devez continuer » « il faut continuer » « l’expérience que vous poursuiviez » Conditions de l’expérience : différentes conditions de proximité avec la victime (compère) : - Pièce séparé, et le bruit ne passe pas. Le compère peut taper au mur Pièce séparée, mais le bruit passe, donc les cris sont entendus Même pièce, donc vu et entendu Même pièce avec contact physique (le sujet doit contraindre le compère à toucher la plaque électrique) 6 14.10.09 UE.1.1.S1 % d’individu allant jusqu’à 450 V. Moyenne des chocs. Condition 1 65 % 405 V Condition 2 62,5 % 370 V Condition 3 40 % 310 V Condition 4 30 % 265 V La même expérience a été réalisée sans la présence de l’expérimentateur, et les résultats passent de 65 % à 20,5%. Avec 2 expérimentateurs qui se contredisent (l’un dit de continuer, l’autre d’arrêter), les résultats passent de 65% à moins de 1%. Sans la présence physique ou psychique de l’autorité, la soumission est moins présente, voir absente. Ces résultats sont assez effrayants et mettent en évidence le poids très important de l’autorité. Pour avoir obéissance, la présence de hiérarchie apparait indispensable. L’individu ne se voit plus comme l’acteur de ses actes, mais comme l’agent exécutif des volontés d’autrui. Il va attirer la responsabilité de l’acte à l’autorité. Ainsi MILLGRAM dit que l’individu passe de l’état autonome à l’état d’agent. Pour que ce passage ait lieu, il faut que les sujets perçoivent l’autorité comme légitime. Conséquences de l’individu sur cette soumission : - Perte du sens des responsabilités Création d’une tension interne, conséquence d’un conflit entre nos actes et nos idées Façon de résoudre les tensions : - La dérobade, le déni… Les manifestations psychosomatiques… La désapprobation langagière La désobéissance qui ramène à l’état autonome 7 14.10.09 UE.1.1.S1 MILGRAM montre que l’individu est habitué à obéir très jeune : Domaine scolaire Familial Professionnel La société inculque à l’enfant et dès son + jeune âge un profond respect de l’autorité, même si cela va contre les convictions et que le sujet en souffre. Il existe chez l’homme une propension naturelle à sa soumettre à l’autorité et à lui décharger sa propre responsabilité. MILGRAM souhaitait en écrivant ce livre, engager ses lecteurs à comprendre l’importance de l’autorité dans notre vie pour abolir la notion de l’obéissance aveugle. Après l’expérience, les sujets ont tous eu du mal à exprimer à quel point l’expérience était poignante. L’effet ASCH et la soumission Par rapport au métier d’infirmier : - Le travail en équipe entraine un certain conformisme Tendance à l’obéissance Comment garder son autonomie de pensée ? Comment continuer de se questionner sur la situation ? Comment réussir à rester dans une pratique autour de l’individu ? Comment rester BIENTRAITANT ? Perception des personnes inconnues - Cette expérience a été réalisée par ASCH en 1946 Dans cette expérience, on propose aux sujets une liste de traits concernant une personne fictive Après en avoir pris connaissance, chaque sujet devra décrire la personne en quelques phrases. Puis, il devra remplir un questionnaire composé d’une liste de traits de personnalité. 8 14.10.09 UE.1.1.S1 - 2 conditions différentes Condition 1 Condition 2 Intelligent Envieux Travailleur Obstiné Impulsif Critique Critique Impulsif Obstiné Travailleur Envieux Intelligent LES MÊMES TRAITS, MAIS DANS L’ORDRE INVERSE Résusltats : - l’effet de « primauté »: l’impression que l’on va se faire d’une personne sera déterminées par les « premières caractéristiques données » L’ordre des traits de personnalité dans une liste donnée, va influencer l’impression globale que l’on se fait de la personne. Un individu décrit comme intelligent et… envieux sera jugé plus positivement qu’un individu décrit comme envieux et…intelligent. Les premiers traits semblent donner le ton Ils indiquent comment comprendre les traits suivants Les traits en apparence isolés deviennent « solidaires ». la signification d’un trait dépend du réseau de traits dans lequel il est inséré. L’impression se forme très facilement, à partir de peu d’information et rapidement. Par rapport au métier d’infirmier : Pose la question de ce que l’on transmet, ou pas, à l’équipe ? Pose la question de comment accueillir les transmissions ? Pose la question de comment transmettre ? De quoi sommes-nous responsable lorsqu’on « parle » autour d’un patient ? Comment sortir d’une vision négative ? 9 14.10.09 UE.1.1.S1 Catégorisation, stéréotypes et préjugés Pour mieux comprendre le monde et les choses, on passe par une activité de catégorisation et de comparaisons. Catégorisation : classement de divers éléments en fonction des qualités ou propriétés qui leur sont reconnus. On catégorise les gens et les objets en fonction de l’idée qu’ils possèderaient la même nature. C’est le processus de catégorisation qui préside aux stéréotypes Stéréotypes : - catégories descriptives simplifiées par lesquelles nous cherchons à situé autrui ou des groupes d’individus. Croyances partagées, sur les caractéristiques personnelles d’un groupe La notion de stéréotype apparait dans le domaine des sciences sociales pour souligner l’inadéquation de la réalité et des conceptions que l’on s’en fait. Les stéréotypes permettent un principe d’économie, à travers lequel l’individu évite d’avoir à réfléchir à chaque aspect de la réalité. Différence avec les préjugés : Préjugé : attitude de l’individu qui comporte une dimension évaluative à l’égard de types de personnes ou de groupes, en fonction de sa propre appartenance sociale. C’est donc une disposition acquise dont le but est d’établir une différenciation sociale. Le préjugé a 2 dimensions essentielles : - Cognitive Comportementale Lorsque le préjugé est + il entraine une discrimination + Lorsque le préjugé est – il a pour but conséquence une discrimination Les stéréotypes apparaissent alors comme une sorte de définition du groupe, l’essence même du groupe. 10 14.10.09 UE.1.1.S1 Le stéréotype nous apparait souvent comme une réalité et non comme une croyance. D’autant plus que la réalité semble confirmer la validité du stéréotype (un peu comme l’effet placébo) Les catégorisations induisent des effets d’attentes et les individus pourraient bien se conformer aux stéréotypes dont ils font l’objet. Ainsi avec les stéréotypes, ce n’est pas : Je crois ce que je vois, mais je vois ce que je crois. Exemple : l’effet pygmalion ROSENTHAL Robert (année 60) : il a travaillé sur les stéréotypes et les préjugés, et a converti ce modèle à l’école, ce qui a fait beaucoup polémiquer. Expérience : l’auteur se présente aux enseignants comme un chercheur qui a crée un test capable de mesurer les aptitudes d’évolution des élèves. Avec ce test, il pourra prédire quels sont les enfants qui vont le plus progresser au cours de l’année. Evidemment, ce teste n’existe pas… 650 enfants de 6ans ont réalisés ce faux-test. Les résultats ont ensuite été transmis aux enseignants, en signalant que tel et tel élève connaîtra un développement rapide cette année. Les enseignants avaient pour consigne de ne pas en parler aux élèves. Les enfants cités comme ayant un développement rapide sont en fait… tiré au sort. Résultats : - Au bout de 1 an : les élèves positivement attendus ont gagnés 15 pts de plus sur 100 en moyenne que les autres. Au de 2 ans : 6 pts de plus Ici l’expérimentateur induit un préjugé positif. Or en situation naturelle, il y a des groupes qui sont naturellement stigmatisé, souvent négativement. Dans cette étude, on voit un renforcement continu de notre stéréotype. Vérification des attentes Attente d’un comportement Mes attitudes changent Le stéréotype est renforcé Plus de chance que l’attente se produise Fait évoluer la situation 11 14.10.09 UE.1.1.S1 Imaginons ce qu’il se passe lorsqu’il s’agit de discrimination négative. Ex : enfant en ZEP, enfant porteur de handicap, PA, toxicomanes Cercle vicieux, et non pas vertueux. Par rapport au métier d’infirmier : - Nous sommes des vecteurs de la société, puisque nous travaillons avec l’humain Il est de notre devoir de ne pas promouvoir les préjugés Il est de notre devoir de promouvoir une pratique où l’on croit dans les potentiels de chacun Primordial surtout avec un public VULNERABLE (enfant, personnes avec tout type de « dépendance »…) L’effet pygmalion nous enseigne que nous devons raisonner en termes de « soins psychique » : Une attitude + Un sourire, un regard bienveillant Un relationnel empathique Croire en l’autre, en ses compétences Ces attitudes sont soignantes ! Elles permettent le développement ! 12