5. Le champ magnétique

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Chapitre 5 OCPH
5.
Le champ magnétique
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Le champ magnétique
De nos jours, les aimants sont utilisés dans les appareils de mesure, les moteurs, les hautparleurs, les appareils d'enregistrement, les mémoires d'ordinateur, en analyse chimique, pour
concentrer le faisceau d'électrons dans un tube de télévision, et dans une foule d'autres
mécanismes. En plus d'être utile à la navigation, le champ magnétique nous protège contre les
effets dangereux des particules chargées de haute énergie provenant de l'espace. Nous allons
étudier dans ce chapitre les forces exercées par des champs magnétiques sur des particules
chargées et sur des courants électriques.
5.1.
Le champ magnétique
Au voisinage d'un barreau aimanté, la limaille de fer forme
une configuration caractéristique qui montre l'influence de
l'aimant sur le milieu environnant. C'est à partir de ces configurations que Michael Faraday eut
l'idée d'introduire la notion du champ magnétique et les lignes de champ correspondantes. Le

champ magnétique B en un point est dirigé selon la tangente à une ligne de champ. Le sens

de B est celui de la force agissant sur le pôle Nord d'un barreau aimanté et correspond à la
direction vers laquelle pointe l'aiguille d'une boussole. L'intensité du champ est proportionnelle
au nombre de lignes traversant une surface unitaire normale au champ.
On remarque à la figure de gauche que les pôles ne sont pas
situés en des points précis mais qu'ils correspondent plutôt à
des régions mal définies proches des extrémités de l'aimant.
Si l'on essaie d'isoler les pôles en coupant l'aimant, il se
produit une chose curieuse : on obtient deux aimants,
comme on le voit à la figure ci-contre. Si l'on coupe l'aimant
en tranches très fines, chaque fragment garde toujours deux
pôles.
Même à l'échelle atomique, nul n'est parvenu à trouver un pôle magnétique isolé, ce que l'on
appelle un monopole. C'est pourquoi les lignes de champ magnétique forment des boucles
fermées. À l'extérieur de l'aimant, les lignes émergent du pôle Nord et entrent par le pôle sud ;
à l'intérieur, elles sont dirigées du pôle sud vers le pôle Nord.
Définition du champ magnétique

La définition du champ électrique est assez simple. Si F est la force agissant sur une charge
 
électrique stationnaire q placée dans le champ, le champ électrique est E  F q , c'est-à-dire
la force par charge unitaire. Mais puisqu'il n'est pas possible d'isoler un pôle, la définition du
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champ magnétique n'est pas aussi simple. En examinant l'effet d'un champ magnétique sur
une charge électrique, on constate :
La force agissant sur une particule chargée est directement proportionnelle à la charge q et à la
vitesse v, c'est-à-dire : F  qv

 Si la vitesse v de la particule fait un angle  avec les lignes de B , on trouve : F  sin 



F est perpendiculaire à la fois à v et à B .
On peut tenir compte de tous ces résultats en définissant le produit vectoriel :

 
F  qv  B
équation 5.1


Puisque F est toujours perpendiculaire à v , une force magnétique n'effectue aucun travail sur
une particule et ne peut servir à faire varier son énergie cinétique. L'unité SI de champ
magnétique est le tesla (T). Un aimant ordinaire de laboratoire peut produire un champ
d'environ 1 T, alors qu'un aimant supraconducteur peut produire plus de 30 T. Le tesla étant
une grande unité, on utilise parfois une autre unité, le gauss (G), dont la conversion est la
suivante :
1 G  10 4 T
L'intensité du champ magnétique terrestre près de la surface est voisine de 0,5 G, alors que
l'intensité du champ au voisinage d'un barreau aimanté peut atteindre 50 G.
EXEMPLE 5.1 - Un électron a une vitesse v  10 6 m selon l’axe y, dans un champ
s
B  500 G selon l’axe z. Quelle est la force agissant sur l’électron ?
5.2.
La force sur un conducteur parcouru par un courant
Si l'on place un fil dans un champ magnétique, il n'est soumis
à aucune force. Les vitesses thermiques des électrons libres
sont orientées au hasard et la force nette est donc nulle. Par
contre, lorsque le fil est parcouru par un courant, les électrons
acquièrent une faible vitesse de dérive v d et sont donc soumis
à une force magnétique qui est ensuite transmise au fil.
Considérons un segment rectiligne de fil de longueur l et de section S parcouru par un courant
I perpendiculaire à un champ magnétique uniforme. Si n est le nombre d'électrons de
conduction par unité de volume, le nombre de charges dans ce segment de fil est nSl. Chaque
électron est soumis à une force ev d B et la force totale exercée sur les électrons dans ce
segment est :
F  (nSl )ev d B
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D'après l'équation I  nSevd , et l'expression précédente devient F  IlB . Si le conducteur
parcouru par un courant n'est pas perpendiculaire au champ, la force exercée sur le fil est
donnée par l'expression vectorielle :
 

F  Il  B
équation 5.2

où le vecteur l est par définition de même sens que
le courant. Comme le montre la figure, la force est
toujours normale au fil et aux lignes de champ.
L'intensité de la force est :
F  IlB sin 
équation 5.3


où  est l'angle entre le vecteur l et le champ B . Si
le fil n'est pas rectiligne ou si le champ n'est pas
uniforme, la force agissant sur un élément de
courant infinitésimal Idl est :
 

dF  Idl  B
La force sur un fil est égale à la somme vectorielle (intégrale) des les éléments de courant.
EXEMPLE 5.2: Un fil rectiligne de longueur 30 cm et de masse 50 g suit la direction estouest. Le champ magnétique terrestre en ce point est horizontal et a une intensité de 0,8 G.
Pour quelle valeur du courant l’effet du champ compense-t-il le poids du fil ?
5.3. Le mouvement des particules chargées
La figure représente deux vues différentes d'une particule chargée positivement animée d'une

vitesse initiale v perpendiculaire à un champ magnétique uniforme



B . Comme - v et B sont perpendiculaires, la particule est soumise
à une force F  qvB , d'intensité constante et dirigée

perpendiculairement à v . Sous l'action d'une telle force, la
particule se déplace sur une trajectoire circulaire à vitesse
constante. D'après la deuxième loi de Newton, F = ma, nous
avons :
qvB 
mv 2
r
équation 5.6
où r est le rayon de l’orbite.
mv
r
qB
Le rayon de l’orbite est proportionnel à la quantité de mouvement
et inversement proportionnelle au champ magnétique. La période
de l’orbite est :
2r 2m
T

v
qB
et la fréquence est donc :
fc 
qB
2m
équation 5.7
On constate, dans ces équations que la période ou la fréquence ne dépendent pas de la vitesse
de la particule. Les particules de même rapport q/m ont même fréquence.
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Le mouvement hélicoïdal
Considérons le mouvement d'une particule positive dont la
vitesse a une composante parallèle aux lignes d'un champ
magnétique uniforme. La composante perpendiculaire donne
 
lieu à une force qv  B qui produit un mouvement circulaire,
mais la composante parallèle ne change pas. On obtient la
superposition d'un mouvement circulaire uniforme normal
aux lignes de champ et d'un mouvement rectiligne uniforme
parallèle aux lignes. Ces deux mouvements se combinent
pour produire une trajectoire en spirale ou hélicoïdale. Le
«pas» de l'hélice est le déplacement de la particule dans la
direction des lignes pendant une période.
Dans un champ
non uniforme, le
rayon
de
la
trajectoire varie.
Si
les autres
variables ont des
valeurs fixes, on peut voir d'après l'équation 5.6 que r
va comme 1/B, ce qui signifie que le rayon décroît au
fur et à mesure que l'intensité du champ augmente. Il
se produit aussi un effet plus important, lié au fait que
la particule est soumise à une force dirigée vers la
région où le champ est plus faible (figure). Il en résulte
que la composante de la vitesse le long des lignes de

B n'est pas constante.
Un exemple important du confinement magnétique est observé
dans le champ magnétique terrestre. Les particules chargées
provenant de l'espace décrivent des trajectoires en spirale le
long des lignes de champ d'un pôle à l'autre (figure). Ces
particules captives sont confinées dans des régions que l'on
appelle ceintures de Van Allen.
La forme de ces éruptions solaires est une preuve de l'existence du champ magnétique solaire.
5.4. La combinaison des champs électrique et magnétique
La force de Lorentz :

  
F qEvB
équation 5.8


Le sélecteur de vitesse
On construit une région dans laquelle des champs
magnétique et électrique sont perpendiculaires. Seule les
particules dont la vitesse est :
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E
B
vont traverser la zone sans être déviées.
v
Le spectromètre de masse
Un spectromètre de masse est un dispositif qui sépare les particules chargées, en général des
ions, selon leur rapport masse/charge. Si les charges sont identiques, l'instrument peut servir à
mesurer la masse des ions. La figure représente un instrument datant de 1933. Un faisceau de
particules chargées passe dans un collimateur (qui en fait un pinceau de particules) constitué
par les fentes S1 et S2. Les particules pénètrent alors dans un sélecteur de vitesse dans lequel


le champ magnétique est B1 et le champ électrique perpendiculaire est E . Il s'ensuit que
seules les particules de vitesse v = E/B1 pénètrent dans la section suivante, où il ne règne qu'un

champ magnétique B2 . Les particules décrivent des trajectoires demi-circulaires et frappent
une plaque photographique. D'après l'équation 5.6, on sait que le rayon de la trajectoire est
mv
r
. En remplaçant v = E/B1, on obtient :
qB 2
m B1 B 2

r
q
E
équation 5.9
Pour une valeur donnée de q, le rayon de la trajectoire est proportionnel à la masse. On utilise
cette technique pour séparer les isotopes.
5.5. Le cyclotron
On obtient une multitude d'informations concernant les propriétés
des noyaux et des particules élémentaires en bombardant des
cibles atomiques avec des particules de haute énergie.
Le physicien américain Ernest Lawrence avait envisagé la
possibilité d'accélérer des particules par étapes successives à l'aide
de différences de potentiel relativement faibles. Il mit au point un
dispositif, appelé cyclotron (1930), en collaboration avec M. S.
Livingston.
Le fonctionnement du cyclotron s'appuie sur le fait que la période
orbitale d'une particule dans un champ magnétique est
indépendante de sa vitesse. Le cyclotron, représenté à la figure, est
composé de deux demi-cylindres en forme de dé, appelés Dl et
D2, séparés par un petit espace et placés dans un champ
magnétique uniforme. Au centre de l'espace se trouve une source
d'ions qui produit des particules chargées, telles que des protons
ou des particules alpha, lesquelles sont injectées dans l'un des
demi-cylindres avec une faible vitesse. On a créé le vide dans
l'appareil afin de réduire au minimum les pertes dues aux collisions avec les molécules de l'air.
Le champ magnétique pénètre dans les demi-cylindres et donne aux particules une trajectoire
circulaire.
On applique aux demi-cylindres une tension élevée dont la polarité s'inverse selon une période
correspondant au temps que mettent les particules pour parcourir une demi-révolution. Le
champ électrique associé à cette différence de potentiel est principalement confiné dans
l'espace entre les demi-cylindres. Au moment même où les particules terminent leur première
demi-révolution, D2 devient positif et Dl négatif. Puisque cette polarité accélère les particules
(positives) lorsqu'elles traversent l'espace entre les demi-cylindres, elles acquièrent l'énergie
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Le champ magnétique
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cinétique, Ec  qU et passent à une orbite plus grande. Au bout d'un temps T/2, elles arrivent
à nouveau dans cet espace, mais la polarité de la différence de potentiel s'est inversée de sorte
qu'elles accélèrent à nouveau en le traversant. Ce processus se répétant à chaque traversée de
l'espace, les particules subissent une nouvelle accélération en traversant l'espace et décrivent
des cercles de plus en plus grands, mais toujours avec la même période. Lorsqu'elles
atteignent le rayon maximal, les particules sont déviées par une plaque qui les dirige vers la
zone expérimentale.
cyclotron de l'hôpital universitaire de Genève
Dans la pratique, le fonctionnement du cyclotron présente quelques complications. Tout
d'abord, il est difficile de produire un champ magnétique uniforme dans une région étendue
comme celle des cyclotrons modernes (de rayon voisin de 2 m). Ensuite, à chaque
accélération, la masse relativiste de la particule devient nettement supérieure à sa masse
habituelle mesurée à faible vitesse. Cela crée un déphasage entre l'alternance de la différence
de potentiel et le passage des particules dans l'espace. C'est pourquoi on utilise des protons,
qui sont des particules plus lourdes que les électrons : pour une énergie donnée, la vitesse d'un
proton est bien inférieure à celle d'un électron. Dans un cyclotron, les protons atteignent une
énergie maximale voisine de 25 MeV.
Pourquoi un cyclotron en médecine ?
Le diagnostic en médecine nucléaire fait appel à des marqueurs radioactifs pour déterminer ce
qui se passe à l’intérieur du corps. On y recourt très couramment pour recueillir des
informations sur le fonctionnement et le métabolisme des organes. Ces marqueurs ont une
durée de vie qui peut être très courte et nécessite ainsi une production sur place.
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Ce scanner TEP à l'Hôpital cantonal de Genève.
Exercices :
1. Un électron d’énergie cinétique de
50 keV est projeté perpendiculairement
aux lignes d’un champ d’intensité
0,5 T. (a) Calculer le rayon de sa
trajectoire (b) son accélération (c) sa
période.
2. Une ligne de transmission transporte un
courant de 103 A d’Ouest en Est. Le
champ terrestre est horizontal, orienté
vers le Nord et a une intensité de 0,5 G.
Quelle est la force exercée sur 1 m de
ligne ?
3. Un proton décrit une orbite circulaire de
rayon 20 cm perpendiculaire à un
champ de 0,8 T. Trouvez: (a) le module
de sa vitesse ; (b) sa période ; (c) son
énergie cinétique.
4. Un proton du rayonnement cosmique
s'approche de la Terre à 0,1 c le long
d'une ligne radiale dans le plan
équatorial, c'est-à-dire normalement aux
lignes de champ. On suppose que le
champ terrestre a une intensité de 0,2 G
dans la région. (a) Quel est le rayon de
la trajectoire du proton ? (b) La
déviation se produit-elle vers l'Est ou
vers l'Ouest ?
5. Un proton décrit un cercle de rayon
3,2 cm perpendiculaire à un champ
magnétique de 0,75 T. Trouvez: (a) la
fréquence du cyclotron ; (b) l'énergie
cinétique ; (c) la quantité de
mouvement.
6. Une particule alpha de masse
6, 7 10 27 kg et de charge 2e est
accélérée à partir du repos par une
différence de potentiel de 14 kV et
pénètre dans un champ magnétique
uniforme de 0,6 T, normalement aux
lignes de champ. Trouvez le rayon de
sa trajectoire.
7. Les deux isotopes du néon ont des
masses de 20 u et 22 u. Des ions portant
une seule charge sont accélérés à partir
du repos par une différence de potentiel
de 1 kV, puis pénètrent dans un champ
magnétique
uniforme
de 0,4 T,
normalement aux lignes du champ.
Quelle distance les sépare-t-elle après
une
demi-révolution
dans
un
spectromètre ?
8.
Un proton effectue cent révolutions
dans un cyclotron avant de sortir avec
un rayon de 50 cm et une énergie de
10 MeV. Trouvez: (a) le champ
magnétique dans le cyclotron ; (b) la
différence de potentiel entre les demicylindres; (c) la fréquence de la source
de tension.
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