édito édito La vie ne se termine pas avec la dialyse Depuis de nombreuses années, nous militons en faveur du prélèvement d’organes afin de faire comprendre à la population qu’il est nécessaire de l’accepter. Cet accord est en effet indispensable pour effectuer des transplantations qui sauvent la vie des patients, même si le consentement présumé, inscrit dans la Loi, entraîne que, sans avis contraire explicite du défunt, il est théoriquement possible de prélever ses organes. L’information en faveur du prélèvement d’organes implique que la population soit sensibilisée aux bienfaits apportés par la greffe d’organes. Dans le cas des greffes d’organes pour lesquelles aucune suppléance n’est possible (cœur, foie poumons,…), il est facile de comprendre qu’il s’agit de vie ou de mort. Pour la greffe rénale, c’est la sensibilisation aux difficultés de vie rencontrées en dialyse, à la lourdeur et à la répétitivité du traitement, qui va provoquer l’émotion du public. C’est pourquoi les témoignages des enfants et les témoignages douloureux sont de préférence pris en compte, même si certains sont choqués par des témoignages négatifs de patients sur leur vie en dialyse. Il est connu que la dialyse au long cours entraîne un handicap et une détérioration de la qualité de vie. Il a même été démontré que ce traitement est le plus invalidant en matière de maladie chronique. Il ne s’agit donc pas d’être angélique et de dire que la dialyse « ce n’est rien du tout… » car les contraintes qui lui sont liées sont considérables. Mais il est tout aussi vrai que, selon l’attitude avec laquelle on aborde son traitement, on le vit plus ou moins bien. Il faut toutefois aussi comprendre que les malades qui ne peuvent être greffés, quelle qu’en soit la raison, doivent avoir la possibilité de profiter de ce supplément de vie que la dialyse apporte, car sans elle, ils ne seraient plus là… Je suis persuadé que vivre convenablement en dialyse est malgré tout possible. Beaucoup l’ont prouvé et en ont témoigné. J’ai fait partie de ces personnes qui vivaient bien leur traitement pendant 22 ans, et, heureusement, la dialyse a permis à beaucoup d’entre nous de réaliser leur projet de vie, souvent au prix de beaucoup de volonté et d’efforts pour surmonter les problèmes rencontrés. Néanmoins, certains vivent très douloureusement leur traitement et il ne s’agit pas de critiquer cette perception qu’ils en ont. Rien ne permet d’accepter la douleur. La souffrance rend la vie insupportable et il faut avoir la volonté de la faire disparaître. On peut constater que dans un groupe de malades subissant le même traitement, les mêmes contraintes, certains vivent très mal leur situation et « s’enfoncent » de plus en plus alors que d’autres, au contraire, parviennent à vivre « comme tout le monde ». La différence de réaction dépend donc bien de l’attitude adoptée face au traitement et à ses contraintes et, si certains ont su adopter et conserver la « positive attitude », c’est parce que les moments de joie et de plaisir de vivre ont été les plus forts. La volonté du patient est essentielle, et il ne faut pas hésiter à demander au corps médical les moyens de ne plus souffrir. Je souhaite à tous les malades de rencontrer des médecins, des infirmières voire des psychologues qui sauront les convaincre de ne pas s’arrêter aux difficultés rencontrées mais mettre, avec eux, tout en œuvre pour vivre le mieux possible. Cela suppose aussi que l’on mette tous les moyens nécessaires au service des patients. Certains psychologues ont un langage qui n’aide pas les malades, alors que leur rôle devrait être de leur expliquer, de leur faire comprendre et de les aider à accepter ce qui leur arrive et à transcender leurs difficultés, à les surmonter. Nous avons créé la Fédération il y a 34 ans afin d’informer les patients sur les différentes possibilités de choix de méthode de dialyse et surtout afin qu’ils s’intéressent à leur traitement pour s’y adapter et ainsi mener la vie la plus normale possible. Pourtant à cette époque la dialyse n’en était qu’à ses débuts. 5 Depuis, la tolérance de la dialyse s’est beaucoup améliorée grâce au passage au bicarbonate, à l’érythropoïétine, à l’emploi de membranes de plus en plus performantes et biocompatibles, et grâce à des générateurs entièrement sécurisés. L’emploi d’anesthésiques locaux rend les ponctions plus supportables. Tout cet ensemble permet une dialyse plus performante et mieux supportée par le patient. Tout concourt à rendre les dialyses moins traumatisantes et donc mieux acceptées. La recherche peut et doit encore améliorer la dialyse. C’est une des raisons pour lesquelles la FNAIR a créé un Fonds de recherche et participe à la Fondation du Rein. C’est aussi pourquoi elle édite cette revue qui essaie de vous apporter le plus d’informations utiles possibles, ainsi que les témoignages de ceux qui, comme vous, vivent, plus ou moins bien, avec cette maladie chronique si invalidante. Les décrets ministériels de septembre 2002 tendent à améliorer encore la sécurité et l’organisation du traitement, mais nous vivons dans une société dans laquelle les gens se prennent de moins en moins en charge, dramatique dans ce type de traitement qui demande, pour être mieux vécu, une importante implication du patient, ce qui nécessite aussi qu’il ait été suffisamment informé. Par ailleurs, si les personnels médicaux et paramédicaux ont vu leur vie s’améliorer grâce aux lois sociales (35 heures, limitation du nombre d’heures de travail continu) ceci se fait, malheureusement et malgré leur dévouement, au détriment de leur disponibilité auprès des malades et aussi des horaires de dialyse (moindres possibilités de flexibilité des horaires ou de possibilités de réaliser des dialyses de nuit, par exemple). Le combat de la FNAIR est donc loin d’être terminé. Mais il est important que chacun comprenne que, même dialysé, tout n’est pas fini, tout reste possible ! Le Président Régis Volle Mars 2006 - Fnair N°105