Notre mission de prêtre, prophète et roi

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Notre mission de prêtre, prophète et roi
Conférence de Carême du 18 mars 2012 à la Cathédrale de Grenoble
Hendro Munsterman (Centre Théologique de Meylan­Grenoble / IPER – Université Catholique de Lyon)
Le titre que les organisateurs de ce cycle de conférences de carême ont donné à la conférence d'aujourd'hui n'est peut­être pas très accrocheur et en a probablement même effrayé l'un ou l'autre parmi nous : « notre mission de prêtre, prophète et roi ». Chacun des quatre mots est devenu problématique dans notre monde contemporain, moderne, ou même post­moderne. Comment parler de notre mission de roi dans un pays républicain (en période électorale en plus!) ? Comment parler de notre mission de prophète quand la prophétie, pour beaucoup de nos contemporains, consiste surtout en la prédiction des évènements à venir ? Comment parler de notre mission de prêtre, quand ce mot évoque dans les esprits de nos contemporains (et dans les nôtres?) uniquement un homme, souvent âgé, célibataire, et donc une espèce en voie de disparition ? Comment parler de mission tout court, alors que dans le monde de l'entreprise et du management, le mot mission renvoie à ceux de vision, targets and tools (vision, objectifs et moyens)?
Il s'agit donc de quatre mots à décrypter, quatre mots dont il faut retrouver le sens originel, quatre mots aussi qui sont indispensables pour la compréhension de l'ecclésiologie du concile Vatican II – dont nous célèbrerons bientôt le 50ième anniversaire – dans sa Constitution Dogmatique sur l'Église, intitulée Lumen Gentium. Dans les conférences précédentes, les conférenciers ont déjà largement commenté la nature et l'être de l'Église comme mystère et comme peuple de Dieu, comme corps du Christ, et comme Temple de l'Esprit. Aujourd'hui nous allons essayer de comprendre quelle est la place de chacun et chacune dans l'Église, sa fonction, sa mission (excusez­le­mot!), sa vocation, sa charge. La place de chacun et chacune dans l'Église du Christ découle des mots que prononce le célébrant durant le baptême au moment où il prend le saint chrême et applique une onction sur le front du baptisé : « Tu fais partie de son peuple, Il te marque de l'huile du salut afin que tu demeures membre de Jésus­Christ, prêtre, prophète et roi pour la vie éternelle » (Rituel de l'Initiation chrétienne des adultes). Un concile ne tombe pas du ciel
L'enseignement conciliaire ne tombe pas du ciel. Il s'inscrit évidemment dans un contexte : il répond à une situation antérieure et aux défis que cette situation comporte. Pour vous décrire le contexte dans lequel se trouvait l'Église catholique au milieu du XX° siècle, il suffit de vous lire un petit paragraphe d'une encyclique du pape Pie X : « (L')Église est par essence une société inégale, c'est­à­dire une société comprenant deux catégories de personnes: les pasteurs et le troupeau, ceux qui occupent un rang dans les différents degrés de la hiérarchie et la multitude des fidèles; et ces catégories sont tellement distinctes entre elles, que, dans le corps pastoral seul, résident le droit et l'autorité nécessaires pour promouvoir et diriger tous les membres vers la fin de la société. Quant à la multitude, elle n'a pas d'autre devoir que celui de se laisser conduire et, troupeau docile, de suivre ses pasteurs. » (Pie X, encyclique Vehementer Nos au peuple français, 1906)1.
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http://www.vatican.va/holy_father/pius_x/encyclicals/documents/hf_p­x_enc_11021906_vehementer­nos_fr.html. Cf. Michel RONDET, L'Esprit, espérance d'une Église en crise, Paris, Bayard­Centurion, 2011, p. 49­51, qui parle à juste titre d'une « cléricalisation constante de la vie de l’Église ». Hendro Munsterman, Conférence de carême du 18 mars 2012, Cathédrale de Grenoble
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Dans les décennies qui suivent, l'Église catholique va s'ouvrir petit à petit à une place plus importante des laïcs dans la vie de l'Église. On peut nommer le soutien de Pie XI à l'Action Catholique, qui permettait à l'Église d'être présente dans des lieux où le clergé avait du mal à se manifester2. Nous pouvons penser aussi à la reconnaissance des « instituts séculiers » par le pape Pie XII en 1947, formés par des consacrés qui avaient comme vocation d'habiter le monde d'une façon plus discrète et sans porter l'habit religieux3. Puis, nous avions déjà assisté à la naissance des mouvements qui investissaient beaucoup dans l'apostolat des laïcs, comme le mouvement des Focolari, comme l'Opus Dei, ou comme le mouvement Schönstatt. Petit à petit, la théologie catholique était également entrée dans une réception des travaux de deux théologiens du XIX° siècle, John Henry Newman4 au Royaume­Uni et Johann­Adam Möhler5 en Allemagne, qui avaient déjà écrit sur la place des laïcs dans l'Église, mais qui n'avaient pas été compris par beaucoup de leurs contemporains, et encore moins par la hiérarchie catholique de l'époque.
Malgré l'ensemble de ces prémices d'un renouvellement de la vie ecclésiale par l'intégration d'un laïcat actif, le dominicain français Yves Congar écrit en 1954 dans l'introduction de son ouvrage Jalons pour une théologie du laïcat les phrases suivantes : « Ce [élaborer une théologie du laïcat] n'est pas une petite entreprise. On ne répondrait pas à une requête aussi profonde en proposant seulement des thèses particulières sur un certain nombre de points. Cette requête est trop liée à tant de problèmes que se posent aujourd'hui, de façon pressante, non plus quelques esprits dans le cadre des Écoles, mais le grand nombre de laïcs engagés dans la vie chrétienne militante, et avec eux des prêtres que leurs années d'études ont insuffisamment éclairés : rapport de l'Église au monde, théologie pastorale renouvelée, formation des prêtres et sens de leur sacerdoce, nature de l'engagement laïc, sens chrétien de l'Histoire et des réalités terrestres, etc. Autant de questions difficiles impliquées, avec un certain nombre d'autres, dans une théologie du laïcat. Le vrai problème de celle­ci, pourtant, dépasse encore l'ensemble de ces grandioses questions ; sa vraie difficulté tient en ceci qu'elle suppose en réalité toute une synthèse ecclésiologique où le mystère de l'Église ait reçu toutes ses dimensions jusqu'à inclure pleinement la réalité ecclésiale du laïcat. Il ne s'agit pas seulement d'ajouter un paragraphe, voire un chapitre, à un développement ecclésiologique qui ne comportait pas, dès le départ et d'un bout à l'autre, les principes dont dépend réellement une 'laïcologie'. Faute de quoi, en face d'un monde laïcisé, on n'aurait qu'une Église cléricale qui ne serait pas, en sa pleine vérité, le peuple de Dieu. Au fond, il n'y aurait qu'une théologie du laïcat valable : une ecclésiologie totale. »6 Ce qu'Yves Congar appelle de ses vœux, et ce qu'il prépare par son travail théologique, va se réaliser quelques années plus tard, lors du Concile Vatican II auquel il participe en tant que peritus à l'invitation du pape Jean XXIII lui­même, dont on dit qu'il avait pris connaissance des publications de Congar quand il était nonce apostolique à Paris, et notamment de l'ouvrage du dominicain Vraie et fausse réforme dans L'Église7 dont il gardait soigneusement un exemplaire annoté.
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Cf. Gérard PHILIPS, L’Église et son mystère au 2ème Concile du Vatican, Tome 2, Desclée, 1968, p. 7.
Cf. Pierre LANGERON, Les Instituts séculiers. Une vocation pour le nouveau millénaire, Paris, Cerf, 2003.
Cf. John Henry NEWMAN, Lectures on the present position of Catholics in England, Introduction et notes par André Nash, South Bend, University of Notre­Dame, 2000. Cf. Michel DENEKEN, Johann Adam Möhler, Paris, Cerf, 2007.
Yves Congar, Jalons pour une théologie du laïcat, Paris, Cerf, 1954, p. 12­13. Depuis février 1952, Yves Congar était obligé de présenter ses écrits à Rome avant de les publier. Il décrit son étonnement que la censure romaine eût accordé la publication de Jalons. Cf. Cornelis VAN VLIET, Communio sacramentalis. Das Kirchenverständnis von Yves Congar, Mainz, Grünenwald, 1995, p. 121.
Yves CONGAR, Vraie et fausse réforme dans l'Église, Paris, Cerf, 1950. Hendro Munsterman, Conférence de carême du 18 mars 2012, Cathédrale de Grenoble
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Le Christ : prêtre, prophète et roi
Dès ses premières publications dans les années 1930, Congar montrait un intérêt particulier pour la thématique du « tria munera Christi » (les trois charges du Christ). La présentation du Christ comme « prêtre, prophète et roi » lui semblait très utile, non seulement dans la christologie, mais aussi dans l'ecclésiologie, et même dans l'anthropologie théologique. Son inspirateur dans ce domaine est évidemment le grand maître de l'école de Tübingen, Johann Adam Möhler. Cette idée des tria munera Christi8 connaît une longue histoire. On la trouve quelques fois, assez discrètement, chez certains Pères de l'Église : ils parlent uniquement des duos « prêtre­prophète » ou « roi­prêtre », mais n'utilisent jamais la triade « prêtre­prophète­roi ». C'est surtout le réformateur de Genève, le français Jean Calvin, qui développe l'idée pour montrer ce que signifie le salut dans Jésus­Christ. Calvin présente sa christologie, suite à sa présentation du Premier Testament. Il souligne moins la personne de Jesus­Christ, mais surtout sa fonction en tant que Messie, c'est­à­dire d'être le médiateur qui représente Dieu chez les hommes et les hommes chez Dieu. Naturellement, il va donc présenter le Christ à l'aide du munus triplex qui trouve son origine dans les textes du Premier Testament9. L’œuvre du Christ est considérée comme l'accomplissement des trois ministères de représentation que connait le Premier Testament. Déjà Eusèbe de Césarée constatait dans son Histoire ecclésiastique (écrite en 324) qu'en Israël trois types de ministres recevaient l'onction, les prêtres, les prophètes et les rois, et que selon Luc 4, 18, Jésus était venu pour accomplir les trois10. C'est pourtant Calvin qui va introduire ce concept dans la théologie occidentale : après lui, la théologie luthérienne et la théologie catholique vont intégrer le munus triplex ou les tria munera dans leurs dogmatiques respectives11. La doctrine des tria munera (ou du munus triplex) est donc d'abord une affaire christologique : elle permet de présenter ce qu'a fait le Christ pour nous. Pour nous, il est prêtre, prophète et roi – mais il l'est d'une façon singulière, en dépassant et en accomplissant les fonctions de prêtres, de prophètes et de rois de la première alliance.
PRÊTRE : Dans le judaïsme ancien jusqu'à la fin de la période du deuxième temple en l'an 70, des prêtres (c'est­à­dire les sadducéens que nous rencontrons dans le Nouveau Testament) étaient considérés comme des médiateurs entre le peuple et Dieu 12. Les sacrifices au Temple de Jérusalem étaient destinés à réconcilier Dieu avec le peuple. Nous trouvons une description de ce type de grand prêtre dans l'épître aux Hébreux : « Tout grand prêtre, en effet, pris d'entre les hommes, est établi pour intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu, afin d'offrir dons et sacrifices pour les péchés. » (He 5, 1). Mais l'auteur de ce texte va dire que depuis le Christ, nous n'avons plus besoin de prêtres, puisqu'il est désormais l'unique grand prêtre par excellence qui a réconcilié une fois pour toute Dieu avec l'humanité et l'humanité avec Dieu. « Le point capital de nos propos est que nous avons un pareil grand prêtre qui s'est assis à la droite du trône de la Majesté dans les cieux, ministre du sanctuaire et du Tabernacle, le vrai, celui que le Seigneur, non un homme, a dressé. » (He 8, 1­2). Lui, l'unique Médiateur entre Dieu et les hommes (1 Tim 2, 5), a réconcilié par 8
Jean­Paul II préfère – comme Jean Calvin – de parler du triplex munus (triple charge) que des tria munera, pour ne pas oublier l'unité fondamentale des trois charges (cf. Jean­Paul II, Schreiben zum Gründonnerstag 1979 an alle Priester der Kirche, in : OR (D) 15­16 (1979) II.)
9 Institution de la religion chrétienne, II 12­15. Le titre du chapitre d'ouverture est parlant : « Christum ut Mediatoris officium praestaret, oportuisse fieri hominem ». 10 Jésus lit dans la synagogue de Nazareth dans le livre du prophète Isaïe le passage suivant : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur » (citation de Is 61, 1­2). L'évangéliste rapporte que Jésus commente ainsi : « Aujourd'hui s'accomplit à vos oreilles ce passage de l'Écriture » (Lc 4, 20)
11 Avec Luther, le jeune Calvin avait parlé de deux charges (en excluant la charge prophétique), mais avec son Institution (II, 15), il intégra la charge prophétique. Pour une critique de cette doctrine : Wolfram PANNENBERG, Grundzüge der Christologie, 1964, par. 6, I ; Karl BARTH, Kirchliche Dogmatik IV, 3, p. 1­18.
12 Cf. Ex 29,1­35 et Lv 8­9. Nous avons d'autres exemples analogues à cette fonction du prêtre comme médiateur (par des sacrifices) dans plusieurs religions traditionnelles. Hendro Munsterman, Conférence de carême du 18 mars 2012, Cathédrale de Grenoble
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un sacerdoce unique l'humanité avec le Créateur. Et le mystère lumineux du christianisme est que le Christ grand prêtre est également le Christ agneau sacrifié. Le Christ est donc prêtre, mais pas comme les prêtres de l'ancienne alliance – il est le prêtre par excellence, et dorénavant nous n'avons donc plus besoin de prêtres (de ce type) !
ROI : Nous savons qu'à la fin de la période du deuxième temple, s'est développé (probablement parce que les juifs étaient mécontents de la corruption qui englobait la procédure de nomination) une sorte de spéculation autour d'une éventuelle venue de prêtres messianiques et/ou venant du ciel. L'auteur de l'épître aux Hébreux s'inspire probablement de cette tradition juive pour présenter Jésus comme grand prêtre. Mais à Qumrân, nous avons également trouvé plusieurs traces de l'existence d'une double attente de deux messies : un messie sacerdotal et un messie royal 13. C'est donc dans ce cadre que l'auteur de l'évangile selon Matthieu présente Jésus comme descendant du roi David14 (« fils de David » en Mt 1,1 ; 9,27 ; 12,23 ; 15,22 ; 20,30­31 ; 21,9.15. Cf. Rm 1, 3) et qu'il situe la naissance de Jésus à Bethléem où selon la tradition biblique devait naître le fils de David (Mi 5, 1)15. Dans la foi traditionnelle (et non pas dans la Tanakh elle­même), comme le témoignent des textes de la Mer morte et la littérature rabbinique, on trouve cette idée que le Messie serait un descendant du roi David. Dans le judaïsme, ce roi David est le modèle du roi et les premiers chrétiens ont vu dans la personne de Jésus de Nazareth, qu'ils confessaient « Christ » après sa mort et sa résurrection, l'accomplissement de cette royauté. Un élément essentiel pour le comprendre est le fait que David était un petit berger lorsque le prophète Samuel le choisit pour succéder ultérieurement à Saül, et il l'oint (1 Sam 16). Dans la tradition biblique, le roi doit être un berger (cf. Ez 34, 23­24), quelqu'un qui est à la fois capable d'avoir le souci de l'ensemble du troupeau et en même temps de chacune de ses brebis, notamment les plus vulnérables. Quand les auteurs des évangiles selon Jean, Matthieu et Luc nous présentent donc Jésus comme « le bon berger » (Jn 10) qui va même à la recherche de la brebis perdue (Lc 15, 4­7 ; Mt 18, 12­14) ils nous le présentent sous un aspect davido­messianique. Être roi, dans la tradition biblique, signifie être au service du peuple, et notamment au service des plus vulnérables parmi eux. Et dans ce sens, Jésus est roi par excellence, pas un roi de pouvoir, mais de service. C'est également sous cet aspect qu'il est présenté à la fin de sa vie devant Pilate (Jn 18, 33, Mt 27, 11 : « Es­tu le roi des juifs ? »), lors de sa flagellation (« Salut, roi des Juifs! », Jn 19,3) et sur la croix (INRI, « Jésus le Nazôréen, le roi des Juifs », Jn 19, 19). Et comme Jésus l'explique lui­même devant Pilate dans cet évangile selon Jean, cette royauté de Jésus, fidèle à la tradition biblique, est une royauté de service qui ne correspond pas aux types de royauté qu'on trouve dans le monde. PROPHÈTE : Ainsi, à l'aide des images venant de la tradition juive, nous avons compris que Jésus de Nazareth est venu pour nous réconcilier avec Dieu (sa charge sacerdotale) et pour nous servir en tant que peuple et individuellement (sa charge royale). Le troisième aspect de sa mission était souvent resté dans l'ombre dans la tradition théologique occidentale : sa charge prophétique. Jésus nous a enseigné, il nous a annoncé la bonne nouvelle, il nous a annoncé le règne de Dieu, il nous a parlé au nom de Dieu. Et quand il nous parlait au nom de Dieu, il le faisait d'une façon particulière, plus parfaitement que les prophètes de la première alliance, puisque contrairement à Moïse, Elie, Amos, Jérémie, Isaïe et les autres, Jésus était lui­même la manifestation unique et définitive de Dieu lui­même parmi nous. Malheureusement, la tradition chrétienne s'était tellement focalisée sur l'incarnation, la mort sur la croix et la résurrection, que le message annoncé de Jésus était trop souvent oublié. Saint Hippolyte de Rome (+ 235), qui était un disciple d'Irénée de Lyon, décrit la vie de Jésus ainsi : « Le Verbe a bondi du ciel jusque dans le corps de la Vierge. Du ventre sacré, il a bondi jusque sur le Bois. Du Bois jusque dans les Enfers. Et de là dans la chair de l’humanité, sur la 13 1QS 9,11. Cf. Amy­Jill Levine et Marc Zvi Brettler, The Jewish Annotated New Testament, Oxford University Press, 2011, p. 412.
14 David est déjà présent dans la généalogie au début de l'évangile (1, 6), et le chiffre 14 dans cette généalogie (trois fois 14 générations, Mt 1, 17) est la somme de la valeur numérique des trois consones « dalet (4), « vav »(6) et « dalet » (4) qui forment le nom David en hébreu. L'évangéliste va même jusqu'à omettre cinq rois de sa généalogie pour arriver à 14 générations ; la dernière liste n'en comporte pourtant que 13. 15 Pour la question de la naissance de Jésus à Bethléem, cf. Jacques SCHLOSSER, « La recherche historique sur Jésus : menace et/ou chance pour la foi ? », in : Revue des sciences religieuses 80 n° 3 (2006), p. 331­348. Hendro Munsterman, Conférence de carême du 18 mars 2012, Cathédrale de Grenoble
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terre. (…) Puis, aussitôt, il bondit de la terre dans le ciel. Là, il est assis à la droite du Père et il reviendra dans un bond sur la terre, pour le rachat final »16. Pas de sermon sur la montagne, pas d'enseignement sur la prière, pas de paraboles, pas de guérison, etc. La vie terrestre de Jésus, ses paroles et ses actes, étaient trop longtemps tombés dans les oubliettes de la réflexion christologique. Mais ces paroles et ces actes font partie intégrante de ce que Jésus est, et de ce qu'il fait pour nous. Il enseigne, il parle au nom de Dieu, d'une façon singulière, unique, comme personne d'autre avant lui ne l'avait fait. Le théologien flamand Edward Schillebeeckx montre que « la première interprétation pré­néotestamentaire du 'phénomène Jésus' allait dans le sens d'une identification de Jésus au 'prophète eschatologique' : le prophète comme Moïse, plus grand que Moïse »17. Comme nous l'avons vu, à la fin de la période du deuxième Temple (ou la période inter­testamentaire) il existait dans le peuple Juif des attentes d'un messie sacerdotal, d'un messie royal, et donc également d'un prophète eschatologique. A la lumière de Pâques, Jésus de Nazareth est reconnu par ses premiers disciples comme celui qu'ils attendaient : un prêtre plus prêtre que leurs prêtres, un roi plus roi que leurs rois, et « un prophète qui a la prétention d'apporter un message valable pour toute l'histoire : d'une validité eschatologique »18.
La participation des fidèles au tria munera Christi A la suite de Calvin et du réformateur strasbourgeois Bucer, l'idée de la tria munera Christi, avec sa fonction christologique première, allait être utilisée dans les ecclésiologies protestantes diverses. Selon ces réformateurs et leurs disciples, les potestates docendi, sanctificandi et regendi (les pouvoirs d'enseigner, de sanctifier et de gouverner), étaient conférés par le Christ après sa résurrection aux ministres de l'Église. Au XIX° siècle, certains théologiens catholiques vont essayer d'intégrer cette notion dans la théologie catholique, mais le résultat de leurs tentatives n'est pas très heureuse. Ainsi, le canoniste George Phillips, un protestant allemand converti au catholicisme, va affirmer que les trois potestates étaient conférés par le Christ à son vicaire sur terre, son remplaçant, le pape, par qui ces pouvoirs « comme par un canal » coulent vers tous les membres de l'Église19. Même si chez Phillips, l'ensemble des laïcs participent d'une façon ou d'une autre aux trois charges du Christ, sa vision reste trop monarchique et hiérarchique. Cette vision va donc être abandonnée par le Concile Vatican II qui va reprendre la vision de Calvin, qui est une vision inspirée par la période patristique et par l'Écriture ; nous lisons dans la première lettre de Pierre : « 4 Approchez­vous de lui, la pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie, précieuse auprès de Dieu. 5 Vous­mêmes, comme pierres vivantes, prêtez­vous à l'édification d'un édifice spirituel, pour un sacerdoce saint, en vue d'offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ. (...) 9 Mais vous, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, pour proclamer les louanges de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière, 10 vous qui jadis n'étiez pas un peuple et qui êtes maintenant le Peuple de Dieu, qui n'obteniez pas miséricorde et qui maintenant avez obtenu miséricorde. » (1 P 2, 4­5.9­10)
Le concile décrit, avant d'expliquer comment les évêques (dont l'évêque de Rome), les prêtres et les diacres participent à ces trois charges du Christ, comment l'ensemble des membres de l'Église, donc aussi les laïcs, au nom de leur baptême, participent à ces trois charges. Le sens du saint chrême est 16
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De Resurr. Mort. 51/1­3. Edouard SCHILLEBEECKX, « Jésus de Nazareth, le récit d'un vivant », in : Lumière & Vie 134 (1977), 1­45, p. 18.
Ibid., p. 21.
Cf. L. SCHLICK, « Die Tria­Munera in den Schriften George Phillips und in den Dokumenten des II. Vatikanischen Konzils – Ein Vergleich », in : Österreichisches Archiv für Kirchenrecht 32 (1981), 59­78 ; Thomas BAUER, George Philipps – Laien in der Kirche, Norderstedt, Grin­Verlag, 2003.
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de rappeler que nous sommes désormais des oints pour participer à la vie nouvelle de Lui, l'Oint (Christ, Messie) par excellence.
Dans le paragraphe 10 de Lumen Gentium, le concile présente la première des trois charges, le sacerdoce commun des fidèles. Ce paragraphe « reprend un thème cher à la théologie réformée et qui, après une longue période de négligence, a ré­obtenu droit de cité dans l'Église catholique depuis Pie XII (dans l'encyclique Mediator Dei, HM) »20. Le concile le dit ainsi : « Le Christ Seigneur, grand prêtre d’entre les hommes (cf. He 5, 1­5) a fait du peuple nouveau « un Royaume, des prêtres pour son Dieu et Père » (Ap 1, 6 ; 5, 9­10). Les baptisés, en effet, par la régénération et l’onction du Saint­Esprit, sont consacrés pour être une demeure spirituelle et un sacerdoce saint, de façon à offrir, par toutes les activités du chrétien, autant d’hosties spirituelles, en proclamant les merveilles de celui qui, des ténèbres, les a appelés à son admirable lumière (cf. 1 P 2, 4­10). (…) les fidèles, de par le sacerdoce royal qui est le leur, concourent à l’offrande de l’Eucharistie et exercent leur sacerdoce par la réception des sacrements, la prière et l’action de grâces, le témoignage d’une vie sainte, leur renoncement et leur charité effective » (LG 10).
Dans le paragraphe suivant, le concile décrit comment les fidèles exercent leur sacerdoce commun dans l'ensemble des sept sacrements. Après avoir décrit la participation de l'ensemble des fidèles au munus sancificandi, dans le paragraphe 12 , le concile décrit comment l'Église comme peuple de Dieu « participe de la fonction prophétique du Christ : il répand son vivant témoignage avant tout par une vie de foi et de charité » (LG 12). Dans le paragraphe suivant, le concile présente un ensemble de thématiques qui ont trait à la charge royale (ou pastorale) : l'universalité de l'Église, la diversité dans l'unité (LG 13). Voilà donc la vision du concile : l'ensemble des membres de l'Église, laïcs et ministres ordonnés, participent aux trois charges du Christ. Il n'est pas difficile de reconnaître dans ces trois charges les trois dimensions de la vie ecclésiale : la liturgie, le catéchèse et la diaconie. Chacune et chacun des fidèles participe activement à cette vie ecclésiale. Mais le concile va développer cet enseignement fondamental par une diversification : chacun et chacune participe à sa manière et selon sa vocation à ces trois charges. Une participation diversifiée au tria munera Christi Les chapitres III et IV de Lumen Gentium présentent les spécificités de la participation des ministres ordonnés (III) et des laïcs (IV) aux trois charges. Déjà dans le paragraphe 10 le concile avait fait une distinction entre « le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique ». Ces deux types de sacerdoces se distinguent selon le concile « non seulement de degré », mais il « existe entre eux une différence essentielle ». Il s'agit de deux façons de participer au sacerdoce unique du Christ : « Celui qui a reçu le sacerdoce ministériel jouit d'un pouvoir sacré pour former et conduire le peuple sacerdotal, pour faire, dans le rôle du Christ, le sacrifice eucharistique et l'offrir à Dieu au nom du peuple tout entier ». Le Catéchisme pour adultes publié par la Conférence Épiscopale Allemande explique le sens de cette phrase ainsi : « Ceci ne signifie pas que le ministre soit un meilleur chrétien ou un chrétien de rang plus élevé que le laïc 'ordinaire'. Au contraire, tous deux sont fondamentalement égaux en 20 Karl RAHNER et Herbert VORGRIMLER, Kleines Konzilskompendium (35ième édition), Freiburg, Herder, 2008, p. 108.
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tant que chrétiens. Bien des laïcs, par la sainteté de leur vie, font même honte à leurs pasteurs. La différence entre le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ne se situe pas au plan de la sainteté personnelle, mais au plan du service et de la mission. C'est en ce sens qu'il n'y a pas entre eux une différence de degré, mais de nature. Car la mission du ministre ne dépend pas de la communauté ; elle vient de Jésus­Christ. »21
Si nous utilisons donc le mot « prêtre » pour désigner ceux parmi nous qui participent de cette façon singulière à la charge sacerdotale du Christ, nous n'utilisons pas ce terme dans le sens traditionnel du terme. Depuis le Christ, nous n'avons plus besoin de prêtres de ce type ! Il est remarquable que le Nouveau Testament n'utilise jamais le terme « sacerdoce » pour désigner les responsables de communautés, mais uniquement le terme « presbytre » ; le premier terme renvoyant à une fonction sacrificielle, le second signifie littéralement « ancien ». Les auteurs du Nouveau Testament voulaient clairement distinguer les ministres des communautés chrétiennes des prêtres de la première alliance ou des religions païennes. La théologie catholique, dans le passé, n'a pas toujours gardé cette distinction ; le fait que l'eucharistie fût présentée comme un « nouveau sacrifice » n'a évidemment rien arrangé ! Mais il ne s'agit en aucun cas de cela : lors de l'eucharistie, le peuple de Dieu se rassemble et célèbre, et l'un de nous, en notre nom, et en même temps au nom du Christ22, préside notre assemblée rassemblée autour de la Parole de Dieu et de la table/l'autel eucharistique. Et comme nous tous participons par cette célébration à la charge sacerdotale du Christ, le prêtre participe d'une façon particulière – en tant que chef – à cette charge sacerdotale en présidant in persona Christi ; la célébration eucharistique n'est pas un sacrifice nouveau, mais « elle re­présente (rend présent) le sacrifice de la croix"23. Ainsi, Lumen Gentium présente dans le chapitre III la fonction d'enseignement des évêques (LG 25), la fonction de sanctification des évêques (LG 26) et la fonction de gouvernement des évêques (LG 26). Les évêques se font aider par les prêtres qui sont « consacrés pour prêcher l’Évangile, pour être les pasteurs des fidèles et pour célébrer le culte divin » (LG 28) et par les diacres qui servent « le peuple de Dieu dans la 'diaconie' de la liturgie, de la parole et de la charité » (LG 29). Dans le chapitre IV, le concile parle de la participation des laïcs au sacerdoce commun et au culte (LG 34), de la participation des laïcs à la fonction prophétique du Christ et au témoignage (LG 35), et de la participation des laïcs au service royal (LG 36). Dans un remarquable numéro 37, le concile décrit les liens entre les ministres ordonnés et les laïcs en les appelant à un « commerce familier entre laïcs et pasteurs », dont on peut « attendre toutes sortes de bien ». Dans la période postconciliaire, la mise en œuvre de cet enseignement ne s'est pas révélée simple ; en témoignent les mots prononcés par le pape Benoît XVI à ses diocésains lors de son discours d'ouverture au Congrès Ecclésial du diocèse de Rome en 200924. Le pape parle des « pages lumineuses consacrées par le Concile au laïcat », mais constate qu'elles n'ont « pas encore été suffisamment traduites et réalisées dans la conscience des catholiques et dans la pratique pastorale ». Et il poursuit : « D'une part, il existe encore la tendance à identifier unilatéralement l'Église avec la hiérarchie, en oubliant la responsabilité commune, la mission commune du Peuple de Dieu, que nous sommes tous dans le Christ. De l'autre, persiste également la tendance à concevoir le Peuple de Dieu, comme je l'ai déjà dit, selon une idée purement sociologique ou politique, en oubliant la nouveauté et la spécificité de ce peuple qui devient peuple uniquement dans la communion avec le Christ. (…) Cela exige un 21
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La conférence épiscopale allemande, La foi de l'Église. Catéchisme pour adultes, Paris, Cerf, 1985, p. 289.
« (…) le ministre se situe face à la communauté tout et faisant partie de celle­ci », Ibid., p. 289­290.
Catéchisme de l’Église Catholique n° 1366.
Discours du pape Benoît XVI pour l'ouverture du Congrès Ecclésial du diocèse de Rome, mardi 26 mai 2009. http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2009/may/documents/hf_ben­xvi_spe_20090526_convegno­diocesi­
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changement de mentalité concernant particulièrement les laïcs, en ne les considérant plus seulement comme des "collaborateurs" du clergé, mais en les reconnaissant réellement comme "co­responsables" de l'être et de l'agir de l'Église, en favorisant la consolidation d'un laïcat mûr et engagé. » •
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Dans le Christ, chacun des baptisés est appelé à être prêtre, notamment par sa participation à la vie liturgique et sacramentelle de l'Église et par sa prière personnelle. Dans le Christ, chacun des baptisés est appelé à être prophète, à annoncer la bonne nouvelle de Jésus­Christ autour de lui, à aider nos enfants et nos jeunes à connaître et à approfondir les richesses de la tradition biblique et chrétienne, à aider les autres (en commençant par soi­même), et à se nourrir spirituellement des textes bibliques qui nous annoncent l'amour de Dieu. Dans le Christ, chacun des baptisés est appelé à être roi, à porter attention au bien être de tous, à être co­responsable pour la vie de l'Église, pour la vie sociétale aussi ; à être co­
responsable surtout pour la vie des plus vulnérables parmi nous – les enfants, les pauvres, les malades, les immigrés. Certains d'entre nous sont appelés à être prêtre, prophète et roi d'une façon ministérielle et ont la charge de présider nos célébrations au nom du Christ, d'être nos pasteurs, et de nous enseigner avec autorité la foi reçue des apôtres25. Conclusion
En 1988, le pape Jean­Paul II a écrit une Exhortation apostolique post­synodale intitulée « Christifideles Laici, sur la vocation et la mission des laïcs dans l'Église et dans le monde ». Il y écrit : « La participation des laïcs à la triple fonction de Jésus Prêtre, Prophète et Roi, trouve d'abord sa racine dans l'onction du Baptême, puis son développement dans la Confirmation et son achèvement et son soutien dans l'Eucharistie. C'est une participation qui est donnée, il est vrai, à chaque fidèle laïc, mais en tant qu'ils forment l'unique Corps du Christ: en effet, Jésus enrichit de ses dons l'Église elle­même parce que l'Église est son Corps et son Épouse. Ainsi c'est en tant que membre de l'Église que chacun participe à la triple fonction du Christ (...) ».
Comme le montre le pape Jean­Paul II, l'enseignement du concile est lumineux, mais il est également déjà daté. Le dominicain américain Thomas F. O'Meary écrit : « L'ecclésiologie de 'prêtre, prophète, et roi' est une théologie transitionnelle. Elle a des racines bibliques et patristiques riches, et a permis à la pensée catholique de quitter l'isolement de toute activité ecclésiale dans l'Ordre. Mais cela reste une théologie qui a des limites considérables et n'est pas adéquate pour l'église locale contemporaine »26 Ce jugement est sans doute un peu trop sévère, mais le développement du franciscain Kenan B. Osborne est légitime : « L'accent postconciliaire sur la « christologie pneumatologique » (Spirit christology) et 25 Dans le décrit sur l'apostolat des laïcs, Apostolicam actuositatem (AA 24), le concile affirme que « il arrive que la hiérarchie confie aux laïcs certaines charges touchant de plus près aux devoirs des pasteurs : dans l'enseignement de la doctrine chrétienne, par exemple, dans certains actes liturgiques et dans le soin des âmes » (cf. LG 33). Ceci est à distinguer des cas, prévus par le Code de droit canonique, qui permettent dans certains cas que « là où le besoin de l'Église le demande par défaut de ministres, les laïcs peuvent aussi, même s'ils ne sont ni lecteurs, ni acolytes, suppléer à certaines de leurs fonctions, à savoir exercer le ministère de la parole, présider les prières liturgiques, conférer le baptême et distribuer la sainte communion, selon les dispositions du droit » (CIC 230, par. 3). Cf. également CIC 517, par. 2). 26 Thomas F. O'Meary, Theology of Ministry, Mahwah, Paulist Press, 1999, p. 265. Hendro Munsterman, Conférence de carême du 18 mars 2012, Cathédrale de Grenoble
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même sur une « ecclésiologie pneumatologique » (Spirit ecclesiology) montre que l'approche du tria munera, qui est essentiellement christologique, a besoin d'être élargie vers une dimension pneumatologique. Ce développement est en mouvement, même si cela va lentement, à l'intérieur de la pensée des responsables catholiques depuis le concile Vatican II »27.
Dans l'avenir nous avons donc sans doute à apprendre à mieux écouter le souffle de l'esprit, de reconnaître les divers charismes chez les uns, les unes et les autres, d'oser une certaine créativité dans l'appel des laïcs et dans l'appel aux ministères ordonnés, d'oser vers une plus grande pluralité des ministères dans l'Église. Aussi dans notre monde contemporain, moderne ou post­moderne, globalisé et pluraliste, l'Esprit souffle où il/elle veut (Jn 3, 8) : le concile Vatican II reste une boussole pour l'avenir mais n'a sans doute – dans ce domaine, comme dans d'autres – pas dit le dernier mot. 27 Kenan B. Osborne OFM, The permanent diaconate : its history and place in the sacrament of orders, Mahwah, Paulist Press, 2007, p. 133.
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