Les trois moteurs de l’histoire : Le pouvoir, le sexe et l’argent. L’autorité dans l’église Marc 10. 35-40 Les 2 fils de Zébédée veulent une place de choix dans l’organigramme de direction du royaume de Dieu à venir. Ils sont prêts à tout pour cela, même à mourir martyrs. Des musulmans sont prêts à aller au martyr pour accéder à 40 vierges dans le royaume d’ Allah ! Le pouvoir et la sexualité associés à l’argent, sont les 3 moteurs de l’homme au point de les rendre fous et inhumains. La soif de pouvoir. La soif d’argent. Le sexe conditionnent l’histoire de l’humanité et la conduisent régulièrement dans le mal, le malheur, la souffrance et la mort. Personne n’est à labri de ces tentations. Même le Christ, qui a épousé totalement notre condition humaine, a failli y succomber. Pas la tentation de l’argent ; il n’a cessé de dénoncer le danger de Mamon. Sans doute pas le sexe non plus, même si Martin Scorcèse s’est senti obligé de faire un film sur « la dernière tentation du Christ » ou Jésus en croix regrette en pensées les bons moments passés au lit avec Marie Madeleine. Non, la tentation du pouvoir, de prendre le pouvoir, d’imposer le royaume de Dieu, a été l’une des grandes tentations de Jésus, mais il l’a rejeté là bas dans le désert comme tentation démoniaque. « Mon royaume n’est pas de ce monde » dira-t-il à Pilate ! Oui, ces 3 réalités là, le pouvoir, le sexe et l’argent rendent sourds aveugles et inhumains et les dégâts sont énormes quand en plus ils s’associent. Chacun de nous pourra conforter cette vérité d’exemples vécus dans sa propre vie ou des exemples de l’actualité. Dans le temps, argent et le pouvoir étaient séparés dans la vie publique. De Gaulle payait, paraît-il, ses repas à l’Elysée. Les uns avaient le pouvoir, les autres l’argent. C’était un équilibre sain. Puis on s’est dit : « je te fais profiter de mon pouvoir et tu me donnes un peu de ton fric » vous connaissez la suite… La crise financière a ceci de sain, que le pouvoir politique condamne de plus en plus et se distancie du pouvoir financier. Il était temps ! Les financiers et certains grands patrons ont perdu la boule ! En Afrique aussi il faudra que les dirigeants séparent leur compte en banque et celui de l’état. Ce continent riche en ressourcement naturelles vit généralement dans le dénuement le plus total. Pas les dirigeants. Non ! le peuple. Jean-Marie Bockel a fait les frais de la dénonciation de ces pratiques. Le nouvel homme fort (il n’a que 34 ans) de Madagascar, a strictement le même programme que son prédécesseur il y a 6 ans. Bizarre ! Avant cette collusion, pouvoir – richesse il y avait l’alliance sobre – goupillon, pouvoir temporel et spirituel. C’était très efficace pour soumettre et dominer corps et âmes. En ce temps faste pour l’église on pouvait brûler ‘soli deo gloria’ tous les récalcitrants qu’on voulait. Jésus a dénoncé, bien sûr, cette collusion. Il en a été la première victime puisque Rome et le temple avaient un intérêt commun à éliminer cet illuminé de Jésus qui mettait la pagaille en Israël avec son Royaume de Dieu ! Heureusement que la Réforme protestante a mis en avant la doctrine des 2 règnes, et prôné la séparation du pouvoir temporel et spirituel. Mais que de malheurs et d’injustices avant d’en arriver là, à appliquer simplement la parole du Christ. Il faudra encore se préparer à d’autres malheurs, puisque l’Islam ne connaît pas cette séparation et que le terrorisme est autant un combat politique que religieux et judiciaire aussi. Vous le voyez, ce n’est pas une petite question que celle posée à Jésus par les frères Zébédée. Cet épisode pose aussi la question de l’autorité dans le peuple de Dieu, l’église. Quand l’autorité devient autoritaire il y a de quoi s’inquiéter. C’était très longtemps au cours des siècles l’attitude des autorités dans l’église. Toutes les grandes scissions ont l’autorité autoritaire comme cause. En 1054, catholiques et orthodoxes se sont excommuniés mutuellement comme cela. La Réforme protestante est née d’un autisme complet de l’église catholique. Assise sur ses vérités, ses dogmes et ses rites elle excommuniait, brûlait tous les contestateurs. L’église a bien changé ! Mais voilà qu’un pape, un peu vieux, veut remettre les anciens anathèmes à l’ordre du jour. On rejette, condamne un malade en situation désespérée qui n’avait qu’une espérance être libéré de ses souffrances, rejoindre la paix de Dieu. On excommunie une maman et un personnel soignant ayant voulu et pratiqué un avortement de jumeaux portés par une fillette de 9 ans violée plusieurs fois par son beau père ! Et le violeur, alors ? C’est moins grave d’après le droit canon. On en perd son latin ! Celui que les intégristes veulent à tout prix retrouver comme essentiel à la messe du dimanche matin, les chambres à gaz étant pour eux un détail de l’histoire. L’important c’est la messe en latin et l’autorité autoritaire qu’ils sont les premiers à contester ! Et voilà un pape de 83 ans qui n’a jamais su ce qu’est la vie sexuelle et son fonctionnement, qui se permet de proclamer, urbi et orbi, un avis définitif sur la difficile question de la contraception ! C’est comme si des indiens d’Amazonie voulaient enseigner à des esquimaux la meilleure façon de s’habiller par grand froid ! Comprenez bien, je ne conteste pas qu’on ait une parole, un message, mais que ce soit une parole autoritaire définitive source de grands malheurs et en plus fausse ! L’autorité autoritaire n’est vraiment plus d’actualité, et cela même l’église catholique, ses évêques, ses responsables en ont de plus en plus conscience. L’autorité dans l’église n’est plus le pouvoir d’imposer à ses membres les décisions du chef, mais la capacité de susciter une communion, une adhésion, un consensus à partir du message du Christ. Il ne s’agit plus d’ordonner de prescrire, voir commander mais d’en appeler à la conscience à la conviction et la responsabilité personnelle. Vous l’aurez remarqué, même le gouvernement n’impose plus, mais propose, discute, modifie, ajourne ses lois et ses décrets, sous la pression de l’opposition politique ou syndicale parfois jusqu’à la crise de nerf. Pauvres Darcos et Péqueresse. L’esprit évangélique a même conditionné le gouvernement politique. Comme inspecteur ecclésiastique, j’ai une fonction d’autorité, de surveillant, d’évêque. Les grands décisions pour la vie de l’église, que nous prenons collégialement, sont transmises vers la base via les inspections, les consistoires, les conseils presbytéraux pour y être réfléchies, discutées avec le souhait que le peuple de l’église y adhère et en vivent. Comme inspecteur j’évalue le travail des collègues pasteurs. Je ne me pose pas en juge, mais, dans la discussion, m’efforce de faire apparaître les forces et les faiblesses du pasteur et de son travail en vue de l’inciter à se remettre en question et se former. Jésus dans notre texte dit à ses disciples, qu’il n’est pas là pour dominer mais servir. « Ministre » signifie étymologiquement « serviteur », serviteur de la parole du Christ en paroles et en actes. Servir Christ par la foi, l’amour, le respect pour que la vérité germe dans les consciences et porte des fruits de joie et de paix. Traditionnellement, même dans l’église protestante la fonction du pasteur était une fonction d’autorité. Elle l’est encore, des pasteurs s’accrochent à leur pouvoir, mais elle est de plus en plus une fonction de service, d’accompagnement, d’enseignement… A ce titre, il est à notre que souvent les femmes pasteurs sont de plus en plus appréciées car moins figures d’autorité que de proximité de compréhension et d’écoute… Dans le conseil presbytéral le pasteur n’a donc plus la place qu’il avait, sachant tout, décidant de tout. Souvent le conseil est présidé par un laïc et le pasteur est une voix parmi d’autres. La même révolution a lieu dans l’église catholique. Lorsque la communauté de paroisses de St Georges a été installée, le curé Weinling était là devant l’évêque prenant ses engagements comme les autres responsables laïcs. Une vraie révolution ! Dans le conseil presbytéral, il y a le ou les pasteur(s) avec leurs dons et leurs compétences et puis il y a les laïcs et leurs charismes et tous œuvres dans la vigne du Seigneur. Nous avons ici dans notre paroisse de Haguenau, la chance d’avoir un vivier important de personnes de foi, d’espérance, qui aiment le Seigneur et veulent le servir. Nous vous présentons celles que nous avons choisies et que vous avez élus, pour diriger la paroisse les prochaines années. Priez pour notre conseil presbytéral. Beaucoup d’entre vous auraient leur place dans ce conseil. Mais voilà, 14 est le cota fixé par la loi. Mais mon souhait serait que vous preniez conscience, tous, que vous êtes vous aussi responsables de cette paroisse, de notre église, que chacun ait à cœur de servir à sa place et de faire avancer le royaume du Christ pour notre joie, notre bien à tous et pour la gloire de Dieu. Robert MALL 29 mars 2009