Approche d`une ontologie de la nature Approche d`une ontologie de

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Université Paris XII - Val de Marne
E.D.0403 : Lettres, Sciences humaines et Sciences sociales
(LSHSS)
EA 3953 : Philosophie et littérature : Textes, traditions, Idées
Thèse
Pour obtenir le grade de Docteur de l’Université de Paris XII
Discipline : Philosophie
Philosophie
Présentée et soutenue publiquement par
Yosuke KOJIMA
Le 30 novembre 2007
Approche d’une ontologie de la nature
- MerleauMerleau-Ponty, Heidegger, Dôgen Directrice de thèse :
Madame le Profess
Professe
rofesseur Eliane Escoubas
Membres du jury :
Mme Eliane Escoubas,
Escoubas, professeur émérite
émérite à l’Université de Paris
XII
Mme Françoise Dastur, professeur
professeur émérite à l’Université de NiceNiceSophia Antipolis
M. Bernard Stevens,
Stevens, professeur à l’Université de LouvainLouvainlala-Neuve, Belgique
Mme Takako Saito, maître de conférences
conférences à l’Université
l’Université du Havre
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REMERCIEMENTS
Je témoigne toute ma reconnaissance à ma directrice de thèse, Madame Eliane
Escoubas, professeur émérite à l’Université de Paris XII. Sans ses orientations
professionnelles, je n’aurais jamais pu achever ce présent travail.
Je manifeste également ma gratitude à Madame Françoise Dastur, professeur
émérite à l’Université de Nice-Sophia Antipolis, Monsieur Bernard Stevens, professeur
à l’Université de Louvain-la-Neuve, et Madame Takako Saito, maître de conférences à
l’Université du Havre, qui ont généreusement accepté de lire ma thèse.
J’exprime mes remerciements à ma chère amie Madame Viviane Berty. Si elle
n’avait pas soigneusement relu et corrigé mes écrits, ma pensée n’aurait jamais pu
prendre la forme qui convenait à cette thèse.
Mes remerciements profonds vont à ma très chère épouse Tamami, qui m’a
soutenu durant mon séjour en France et à ma mère Sumi, qui veille toujours sur moi
depuis le Japon.
Je dédie cette thèse à mon père Kazuo Kojima, disparu le 6 septembre 2001.
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INTRODUCTION
Les thématiques de la peinture seront souvent les fils conducteurs de notre
thèse, car nous nous intéressons avant tout à cet art, autant, et parfois plus
passionnément qu’à la philosophie. De toute façon, la plupart des problématiques de la
peinture ou de l’art se rapportent aux problématiques de la philosophie. Merleau-Ponty
et Heidegger dont nous traiterons dans cette thèse ont aussi proposé les problématiques
de la peinture pour exposer leurs philosophies. Pourtant, nous pensons qu’il faut
distinguer la position de l’artiste de la position du philosophe. Il y a une orientation
actuelle de l’art dans laquelle des artistes considèrent les œuvres d’art comme des objets
conceptuels. Certains artistes qui saisissent leurs travaux comme des philosophes les
analysent objectivement et conceptuellement. Sur ce point, nous nous opposons à la
pensée idéologique de l’art contemporain, c’est-à-dire celle qui domine depuis la seconde
moitié du XXe siècle. Il est certain que la signification de l’art contemporain n’est pas
claire et il n’est pas facile de déterminer la spécificité de l’art contemporain. Cependant,
nous pensons qu’on peut remarquer une tendance évidente dans le monde de l’art
d’aujourd’hui. Si on ose le dire, cette tendance est celle d’un idéalisme qui s’attache à
l’humanisme. L’idéalisme signifie la perspective du monde d’après le concept ou l’idée.
En fait, l’idéologie de l’art contemporain contraint les artistes à exprimer des concepts à
travers leurs œuvres. Dans ce cas, une œuvre d’art n’est qu’un signe indiquant un
concept. Et les artistes sont distingués et estimés d’après leurs concepts personnels. Un
concept personnel se réduit au point de vue propre à un artiste, autrement dit, à la
perspective individuelle d’un homme. Chaque artiste doit réaliser un concept personnel
à travers ses œuvres d’art, mais dans ce processus, les œuvres d’art deviennent des
productions contenant des significations humaines trop humaines… Il est sûr que ce
que nous avons remarqué n’est qu’une tendance évidente. En effet, élucider l’essence de
l’art contemporain n’est pas notre but. Nous n’avons pas l’intention d’étudier le sens de
l’art contemporain dans cette thèse. Pourtant, il est évident que l’idéologie de l’art
contemporain montre une pensée pareille à la philosophie moderne, bien que les
artistes de l’art contemporain considèrent qu’ils dépassent l’esthétique classique et
moderne. Autrement dit, à travers la tendance de l’art contemporain, nous comprenons
que nous ne nous détachons pas complètement de la pensée occidentale de l’époque
moderne, c’est-à-dire celle de l’époque de la Raison (Ratio). Nous pensons que l’art
contemporain existe selon une nécessité idéologique de l’histoire de l’art occidentale, et
dans ce sens, ce genre d’art montre ce qu’est la pensée occidentale.
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Merleau-Ponty et Heidegger sont justement les philosophes qui ont essayé de
dépasser radicalement les problèmes provenant de la philosophie moderne en tant que
métaphysique. À ce propos, Merleau-Ponty s’est intéressé fortement à Cézanne, et
Heidegger, à Van Gogh, pour exposer leurs pensées. Cézanne et Van Gogh sont tous les
deux des artistes peintres qui ont succédé aux peintres du mouvement impressionniste
lequel a découvert ou re-découvert le paysage et la nature à la fin du XIXe siècle. Mais le
fait que Merleau-Ponty et Heidegger se sont intéressés à Cézanne et à Van Gogh ne
signifie pas une simple coïncidence de leurs goûts. Dans les tableaux de Cézanne ou
ceux de Van Gogh, ces philosophes ont deviné une perspective sur le monde qui est
différente de celle de l’esthétique moderne issue de la philosophie occidentale. Ce qui est
intéressant, c’est que l’époque de Cézanne et Van Gogh est en même temps l’époque du
Japonisme en Europe. Des artistes tels que Cézanne et Van Gogh ont cherché leurs
visions en se référant aux œuvres de l’art japonais, et dans ces recherches, les artistes
ont trouvé l’importance de la nature, ou bien une nouvelle perspective sur les rapports
de l’homme et de la nature. En fait, les recherches philosophiques de Merleau-Ponty et
de Heidegger ont atteint aussi aux problématiques sur la nature. Le thème de la nature
lie des artistes comme Cézanne et Van Gogh et des philosophes comme Merleau-Ponty
et Heidegger. Cependant la problématique de la nature n’est pas interrogée
fondamentalement dans l’esthétique ni dans la philosophie du XXe siècle en général.
Merleau-Ponty et Heidegger sont des philosophes exceptionnels. Nous pensons que
certains artistes tels que Picasso et Matisse ont succédé à Cézanne et Van Gogh,
pourtant il semble que la plupart des artistes du XXe siècle n’ont pas attaché
d’importance à la problématique de la nature. Les visions de ces artistes peintres du
XXe siècle consistent encore dans la perspective d’un humanisme. Le problème réside
dans le concept de nature au sens contemporain. Pour comprendre la problématique
essentielle de la nature, il faut modifier le sens du concept actuel de nature qui existe
toujours sous l’influence de la philosophie moderne. Pour accomplir ce but, nous
pensons qu’il faut examiner la pensée orientale qui a fourni la base de la perspective de
l’art traditionnel japonais. Toutefois, la pensée orientale est très variée, et ainsi nous
serons contraints à une sélection parmi les maîtres du taoïsme et du bouddhisme,
notamment en privilégiant la pensée de Dôgen, le bouddhiste zen japonais du XIIIe
siècle, dans la deuxième partie de notre thèse. En effet, les études de cette deuxième
partie constitueront le noyau de notre pensée sur l’ontologie de la nature.
À ce propos, nous sommes forcés de constater que la culture japonaise
contemporaine est déjà très occidentalisée dans l’histoire récente, seulement depuis la
fin du XIXe siècle où les Japonais ont commencé à accepter l’occidentalisation au titre de
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la modernisation. À présent, beaucoup d’artistes japonais travaillent en suivant la
perspective conceptuelle de l’art contemporain et certains philosophes japonais ne
tiennent aucun compte de la pensée orientale ni de la tradition japonaise. Et cette
occidentalisation culturelle est toujours en train de se répandre dans le monde entier.
En un sens, la culture occidentale est devenue la norme mondiale pour mesurer les
autres cultures, comme la langue anglaise est presque devenue la langue universelle.
Les hommes dans le monde entier vivent actuellement dans l’histoire de la
mondialisation de la culture occidentale. Nous n’avons pas l’intention de nier la culture
occidentale comme les nationalistes et les fondamentalistes fanatiques qui veulent
résister. Cependant, nous pensons qu’il faut penser en dépassant la mondialisation en
tant qu’évolution de l’idéologie moderne occidentale, pour aussi donner une vivacité à la
culture occidentale elle-même.
Notre but fondamental dans cette thèse n’est pas seulement de contribuer aux
recherches philosophiques, mais plutôt d’essayer de montrer un chemin pour changer la
perspective actuelle sur la nature ou sur les rapports de l’homme et de la nature. En
réalité, ce but se rapporte également à un autre problème d’ordre écologique. À notre
époque, l’humanité se trouve dans une crise mondiale de destruction du système du
milieu naturel, qui est produite par le développement extrême de la technologie et de
l’industrie d’après la perspective de l’humanisme moderne, ou bien au sens fort celle de
l’anthropocentrisme. Pour éviter la catastrophe qui pourra être causée par la
destruction de la nature, il faut re-saisir le sens de la nature elle-même. Nous
n’exposerons pas directement une pensée écologique ou politique dans cette thèse, mais
nous croyons que la pensée peut donner une prise pour résoudre des problèmes actuels
du monde et de la vie réels.
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